Hell Mode: Un joueur hardcore réincarné dans un autre monde devient invincible: Tome 1 - Hamuo - E-Book

Hell Mode: Un joueur hardcore réincarné dans un autre monde devient invincible: Tome 1 E-Book

Hamuo

0,0
8,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Le jeu en ligne auquel Yamada Kenichi jouait religieusement ferme ses serveurs, laissant un vide dans son cœur. Il cherche un nouveau jeu pour le combler, mais tout ce qu'il trouve est bien trop facile. Le type de jeu qu'il aime, celui qui punit suffisamment les joueurs pour qu'ils y consacrent des milliers d'heures, n'existe tout simplement plus.


Kenichi tombe sur un jeu sans titre, qui promet un défi incomparable et un potentiel sans précédent. Sans hésiter, il sélectionne la difficulté "Hell Mode". Et voilà qu'il se retrouve réincarné dans un autre monde, sous les traits d'un serf !


Désormais appelé Allen, il entreprend de percer les secrets de sa classe d'invocateur pleine de mystères. Sans l'aide d'explications, de guides de jeu ou de forums en ligne, il doit se frayer un chemin jusqu'au sommet de son nouveau monde !

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Table des matières

Cover

Pages couleur

Prologue

Chapitre 1 – J’ai été réincarné en paysan !

Chapitre 2 – Ma première invocation

Chapitre 3 – Krena et le jeu des chevaliers

Chapitre 4 – La cérémonie du don

Chapitre 5 – Krena contre le vice-capitaine des chevaliers

Chapitre 6 – L’incident

Chapitre 7 – La détermination d’Allen

Chapitre 8 – La chasse aux albahérons

Chapitre 9 – Dogora, le fils du marchand d’armes

Chapitre 10 – La chasse aux sangliers

Chapitre 11 – Les invocations de rang E

Chapitre 12 – La visite du seigneur

Chapitre 13 – Les adieux

Bonus – Au bord du lac

Postface

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Prologue

Kenichi Yamada, un célibataire âgé de 35 ans, était cadre dans une entreprise.

« Voilà, une page se tourne. Le jeu a fermé ses portes. »

Il habitait seul dans un studio de douze mètres carrés. En ce samedi midi, Kenichi préféra rester devant son ordinateur plutôt que de sortir. Sur l’écran, une jolie notification « fin » était affichée aux côtés de paysages fantastiques. Chaque personnage faisait son au revoir dans ce MMORPG.

« Ah… Ce jeu était nul, vraiment archinul. Je suis même un peu soulagé qu’il ait fermé. Ça m’a évité de dépenser trop d’argent et de temps. »

Bien qu’il eût utilisé ses bonus et paies dans la boutique en ligne et les tirages aléatoires, il n’était pas si triste de cette conclusion. Trois ans auparavant, quand il avait commencé ce RPG, l’excessive simplicité des paramètres et des combats l’avait dépité. Il avait pourtant persévéré en se persuadant que les développeurs ajouteraient au bout du compte des éléments au programme par une mise à jour.

Mais, sans doute à cause du manque de joueurs, le studio n’avait pas hésité à fermer ses interfaces.

« Oh ? Ils ouvrent un nouveau serveur ? »

Kenichi fixait le site Internet du studio en question.

Un lien conduisait à la présentation d’un autre MMORPG ; il cliqua dessus.

« Voyons voir. Oh… »

Kenichi fut abasourdi par des règles qui lui parurent sans valeur.

— Montez des niveaux sans être connecté !

— Réinitialisation de classe possible !

— Une intelligence artificielle se bat pour vous !

— Un équipement légendaire assuré tous les trois tirages !

« C’est le pire concept envisageable. À ce stade, “nul” n’est pas assez fort. On joue carrément à votre place. Autrefois, c’était bien plus… »

Les mains sur le visage, il se remémora le bon vieux temps, vingt ans auparavant ; il commençait pour la première fois les jeux en ligne.

C’était l’enfer pour monter des niveaux. Il fallait souvent du temps pour en prendre un seul.

Il se souvenait encore de son changement vers la classe supérieure après y avoir passé six mois.

Quand vous mouriez, vous receviez une pénalité, vos équipements sombraient et vous perdiez 20 % d’expérience. Les P.V. des boss étaient anormalement élevés. Même un raid de cinquante joueurs n’en venait pas forcément à bout en une heure ; trois heures étaient parfois nécessaires. Un clavier de rechange s’imposait de façon quasi obligatoire, car les assauts répétés sur les touches les brisaient fréquemment. Pire, lorsque vous réussissiez enfin à vaincre votre adversaire, il ne laissait tomber qu’un seul équipement. Tous les participants devaient tuer pour récupérer du butin.

C’est bien à cause de cette difficulté extrême qu’on chérissait nos équipements et nos niveaux. Des MMORPGs de ce type, où j’ai passé des centaines, non, des milliers d’heures, ont fermé leurs portes depuis dix ans.

Des jours entiers n’ont pas suffi à restituer pour moi cette sensation lointaine. Mais les temps ont changé. Plus aucun équipier ne souhaite se donner à fond. En conséquence, les grands studios préfèrent développer des jeux pourris. Le taux d’expérience est anormalement élevé. Les armes, les armures et les compétences sont faciles à obtenir.

« Bon, il est temps de découvrir un autre jeu. »

Kenichi abandonna ce studio et s’enquit sur Internet d’un MMORPG aux règles d’une exigence exceptionnelle. Il tapa « MMORPG, difficulté extrême » dans la barre de recherche.

Un site sans studio ni titre apparut alors en premier dans les résultats.

« Oh ? Quoi… “Souhaitez-vous rejoindre cette action interminable ?” »

Cette annonce piqua sa curiosité.

« Je vois. Un monde fantastique, style Moyen Âge, mélangeant magie et escrime. Et si j’essayais ça ? On peut tout paramétrer directement sur cette page ? »

Intrigué, il jeta un œil.

Ce n’était pas un jeu à télécharger. On pouvait choisir différents réglages et créer son personnage sur le site Web.

« Voyons voir la difficulté. On a le mode facile, puis normal, extra, et enfer. Le premier doit être bien trop simple. »

Apparemment, le joueur pouvait sélectionner la complexité désirée. Les explications différaient selon le choix.

— Mode facile

Acquisition des compétences dix fois plus rapide qu’en mode normal. Possibilité de les faire évoluer.

Trois compétences spéciales tirées au sort.

C’est le meilleur mode pour les débutants et ceux qui détestent monter des niveaux.

— Mode normal

C’est la difficulté habituelle.

Vous ne pourrez piocher qu’une seule compétence spéciale.

C’est ce que préfèrent les joueurs. La progression est facile.

Si vous hésitez, choisissez ce mode.

— Mode extra

Il vous faudra une durée dix fois plus grande pour obtenir et améliorer vos compétences.

Mais vous pourrez cheminer vers un niveau inatteignable en difficulté normale.

Tirage au sort d’une compétence spéciale.

C’est la voie par excellence pour tous les gamers et ceux qui trouvent le mode normal ennuyeux.

— Mode enfer

L’acquisition et l’amélioration des compétences prendront mille fois plus de temps.

Aucune limitation de progression. Impossible de tirer des compétences de façon aléatoire. Vous n’obtiendrez que celles disponibles avec votre classe. Vous voilà prévenus. C’est le mode de ceux qui rêvent de sombrer dans le désespoir.

Mais si jamais vous réussissez à le surmonter, vous découvrirez une vérité. Les développeurs se sont amusés à vous concocter de nombreux obstacles.

À chaque difficulté, les compétences et les niveaux sont de moins en moins accessibles facilement. Mais à l’inverse, les limitations de progression baissent.

« Je prends le mode enfer. Passons maintenant… au choix de classe. »

Une fenêtre apparut. On retrouvait les classes les plus connues : épéiste, maître d’art martial, voleur, marchand, magicien, sage, prêtre, archimage.

Il y avait également un système de complexité associé. Lorsqu’on cliquait sur chaque série, des explications détaillées surgissaient.

« Il y en a pas mal. À mesure qu’on descend en bas de la liste, la difficulté augmente. Il y a même héros et roi démon. »

En bas de la fenêtre se trouvaient les classes censées concentrer en elles le plus de rareté et de puissance. Des étoiles indiquaient des variations dans le degré de maniabilité.

Épéiste et maître d’arts martiaux : une étoile.

Seigneur épéiste et archimage : trois étoiles.

Héros et roi démon : cinq étoiles.

« Oh ? J’ai l’impression que la classe de seigneur épéiste est meilleure qu’épéiste. Pourquoi on ne peut la sélectionner ? »

En général, seigneur épéiste était la classe supérieure que tout le monde préférait.

Je vais prendre « épéiste » pour découvrir ça. Si la fenêtre change, on passera au choix de rang social.

« Roturier, baron, comte. Je vois. Il se décide au hasard. Il y a même “roi”. C’est comme pour seigneur épéiste. »

Apparemment, les classes étaient similaires à celles des romans de réincarnation.

Comme Kenichi en avait lu plusieurs, il était familier avec tous ces termes.

Après avoir appuyé sur le bouton « retour », il cliqua sur « seigneur épéiste ».

« On peut juste sélectionner paysan, roturier, baron. Je vois. Quand on choisit une classe puissante, on débute avec une place inférieure dans la société. On aura donc plus de mal à progresser. »

Quand il fit un essai avec « héros », il y avait presque 100 % de probabilités de tomber sur paysan ou roturier. Les probabilités de tirages étaient inscrites sur la fenêtre. Une forte classe baissait la chance de piocher un rang social élevé.

Kenichi comprit qu’il commencerait en bas de l’échelle s’il adoptait une classe au potentiel élevé.

« Qu’est-ce que je vais prendre ? J’ai déjà joué un épéiste et un magicien. Et si j’optais pour seigneur ? Oh, mais je n’ai jamais fait roi démon. Ce serait drôle, un roi démon paysan. Oh ? Il y en a encore une ? »

Alors qu’il hésitait, il aperçut un ultime choix possible en dessous de « roi démon ».

« Invocateur ? C’est plus compliqué qu’être roi démon ? »

C’était la dernière classe. Elle avait huit étoiles.

On ne pouvait que sélectionner « paysan » comme caste.

« Invocateur ? Je n’ai jamais testé. Ce serait cool de pouvoir faire apparaître un dragon. »

Kenichi avait énormément joué à des MMORPGs, mais également à des jeux familiaux. Parmi les plus populaires du pays, il se souvint d’un scénario où un invocateur pouvait appeler des monstres de la mythologie grecque.

« C’est décidé ! Je prends invocateur. Je serai donc paysan. Je n’ai rien de plus à choisir ? »

Mode : enfer ; classe : invocateur ; rang social : paysan. Il ne restait plus aucun autre paramètre. Il chercha une case dans les coins de la fenêtre pour sélectionner le sexe du personnage, mais ne trouva qu’un seul gros bouton : « Commencer ? ».

Lorsqu’il cliqua dessus, un message apparut :

« La classe d’invocateur se situe toujours en phase de test pour le moment. Vous êtes le premier à jeter votre dévolu sur elle. Souhaitez-vous quand même débuter votre aventure ? Oui ? Non ? »

« Oh ? Elle n’est pas encore prête ? Alors pourquoi on peut la choisir ? M’enfin bon, c’est intéressant. Ça veut dire que je vais pouvoir l’expérimenter ! »

Sans hésiter, il pressa « Oui ». Son écran s’illumina. Il s’évapora de son studio.

Kenichi Yamada avait disparu de ce monde.

Chapitre 1

J’ai été réincarné en paysan !

Quelle fournaise !

Kenichi se rendit compte qu’il avait perdu connaissance. Il fut également étonné de se trouver au milieu d’un liquide tiède. Était-il dans une piscine ?

Hein ? Je respire ?

La peur de se noyer le fit paniquer. Malheureusement, dépourvu de force, il fut incapable de bouger.

Merde ! Je vais mourir… Hein ? Je n’ai pas besoin de respirer ? Que se passe-t-il ?

Au milieu de ce fluide, il ne voyait rien. Même s’il n’inhalait pas, il ne ressentait aucune douleur. Il reprit progressivement son calme. Même son cœur, épuisé par sa dure vie d’employé, semblait apaisé.

Baigné dans cette béatitude, il resta à attendre.

Dix jours plus tard…

L’inquiétude gagna son corps. C’était un sentiment troublant qu’il n’avait encore jamais éprouvé.

Oh, mais ? Aïe… J’ai mal.

Une soudaine tension l’envahit. Il était toujours faible ; il ne pouvait ni voir ni entendre. Seule sa conscience demeurait. Lorsqu’il crut enfin être libéré de cette drôle de sensation, il fut submergé par l’eau tiède.

Je… J’arrive pas à res… respi…

Il n’avait pas encore eu besoin d’essayer. Sa souffrance, provoquée par le manque d’air, fut aussitôt suivie par une douleur dans le derrière. Elle se renouvela plusieurs fois.

Quelqu’un lui tapotait les fesses.

Ugh ! Aïe ! Arrêtez !

« Ouin ! Ouin !

— Oh, il respire ! Tiens bon, Thérésia !

— Oui, chéri… »

Ces voix lui étaient inconnues. Malgré la faiblesse de sa vue et de son ouïe, il reconnut sa langue maternelle : le français. Ses voies respiratoires libérées, il put enfin inhaler ce fameux oxygène qu’il désirait tant.

Après être sorti de ce fluide, il fut enveloppé dans quelque chose de raide. Il retrouva rapidement son calme.

Maintenant, c’est sûr : j’ai été réincarné. Merci beaucoup… Mais pourquoi ai-je dû assister à ma naissance ? On aurait pu me ramener à mes 5 ans !

***

Six mois plus tard.

Kenichi passait ses journées à contempler le monde qui l’entourait. Ses sens s’étaient grandement développés depuis sa naissance. Il arrivait désormais à dire oui et pouvait attraper ce qu’il trouvait à portée de main.

« Allen, tu as sommeil ?

— Oui. »

Durant ce laps de temps, j’ai compris certains points. Mon nom n’est plus Kenichi Yamada, mais Allen. Je n’ai pas pu choisir mon sexe, mais, fort heureusement, je suis né en tant que garçon. La femme qui m’enlace s’appelle Thérésia. C’est ma mère. Elle a presque la vingtaine. C’est une belle jeune femme aux yeux verts et aux cheveux bruns, qu’elle coiffe toujours en queue de cheval.

Elle le posa dans un petit lit en bois, puis le recouvrit d’une couverture de lin de piètre qualité, très rude au toucher.

« Thérésia, je suis rentré. »

Un individu musclé entra dans la maison. Il était couvert de sueur et taché de terre de la tête aux pieds.

Il s’appelle Rodin. C’est mon père. Ses cheveux sont de la même couleur que ceux de sa femme. Il a un visage assez sauvage. C’est un homme robuste et vigoureux. Il doit avoir 20 ans.

Comme Thérésia l’appelait « chéri » la plupart du temps, ce fut assez difficile pour lui de connaître son prénom. Elle lui tendit deux pommes de terre vapeur.

« Dis ? Tu as mangé, Thérésia ?

— Comment ? »

Devant son étonnement, Rodin lui en redonna une. Ce genre d’échange avait été récurrent durant ces six derniers mois.

« Fais attention. Si tu ne te nourris pas assez bien, tu n’auras pas de lait. Nos taxes d’habitation sont caduques jusqu’à l’année prochaine, tu peux ainsi profiter de ce temps pour bien t’occuper de notre enfant.

— Merci, chéri. »

Comment s’appelle ce village, déjà ?

Il avait été récemment créé par le seigneur de la région.

Je ne sais pas si ce village est peuplé uniquement de jeunes gens, mais mes parents parlent souvent de nouvelles naissances. Je crois que je suis leur premier enfant. Nous ne sommes que trois : Rodin, mon père ; Thérésia, ma mère ; et moi.

Les lotissements fraîchement défrichés étaient exemptés de taxes, ses géniteurs avaient pris leur indépendance en s’installant ici.

La patate en bouche, Rodin remplit son verre en bois d’eau, puis l’avala. Il était sur le point de repartir. À chaque fois, il embrassait Thérésia sur la joue. L’amour flottait toujours dans l’air. Allen allait sans doute avoir un frère ou une sœur.

La vie d’un paysan n’est pas de tout repos, mais c’est comme ça.

Allen avait lui-même choisi cette classe sociale dans son ancien monde, il n’était donc pas déçu par sa situation. Il avait une jolie maman et un papa dévoué à sa famille. Un problème subsistait cependant.

« Interface ! »s’écria-t-il dans son esprit en tendant les mains dans les airs.

Mais rien ne se produisit. Il baissa les mains.

Je suis invocateur, mais je dois être encore trop jeune. Ça expliquerait pourquoi je n’arrive pas encore à jeter de sorts. Je ne parviens même pas à accéder à mon interface. C’est vraiment la difficulté maximale : le mode enfer. C’est la vie.

Allen n’avait que 6 mois. Bien qu’il eût été réincarné avec des capacités propres, il ne pouvait rien faire qui s’approchait de sa fonction.

Si ma mémoire est bonne, en général, le protagoniste revenu sous forme de bébé découvre qu’il peut pratiquer la magie, puis il devient un mage hors du commun dès son enfance. Mais je ne ressens aucune once de mana en moi.

Alors qu’il ne trouvait pas de réponse, il eut subitement envie de dormir. Coincé dans le corps d’un nourrisson, il passait son temps à avoir faim, pleurer et mouiller sa couche… Puis, à peine au lit, il plongeait dans un profond sommeil.

***

Cela faisait un an qu’il avait été réincarné. C’était l’automne, par conséquent Allen avait dû naître en cette saison.

De meilleurs mets que d’ordinaire étaient disposés sur la table. Les repas d’Allen consistaient désormais en des plats complets au lieu du lait. En général, son alimentation était composée de haricots ou de pommes de terre à la vapeur qui une fois cuites étaient broyées au moyen d’un pilon en bois, pour qu’il puisse les avaler.

« Tu as terrassé un grand sanglier, chéri, et grâce à toi, ce soir c’est festin !

— Oui, j’ai tout donné pour Allen !

— Merci, papa, maman. »

L’activité principale de leur famille de paysans était l’agriculture. Apparemment, il y avait des champs à côté de la maison, où poussaient des tubercules et du blé, entre autres. Thérésia devait encore porter Allen, il ne pouvait dès lors pas sortir et les voir par lui-même. Il se basait donc sur les conversations de ses parents.

Quand les moissons étaient terminées en automne, des groupes d’hommes partaient en expédition dans les alentours du village. Son robuste père semblait adorer ça. Il répétait que s’il n’était pas né dans une famille de paysans, il aurait été chasseur. Tous les participants étaient remontés à bloc, car ils récupéraient une partie de la viande des proies.

Ce qui compte vraiment, c’est le goût des ingrédients.

Allen mangeait d’un air heureux le menu sans assaisonnement ni sel préparé par ses parents.

Oh, j’ai aussi le droit à des fruits ?

À sa grande surprise, les pommes écrasées grossièrement furent succulentes. Une fois le repas fini, Allen fut bordé dans son lit.

C’est pas si mal. J’ai le temps de devenir invocateur.

Tendant un bras vers le plafond, il murmura une dizaine de fois.

Interface.

« Pouf ! »

Soudainement, un livre noir flottant apparut devant lui.

« Oh… Ouah !

— Allen ? » s’écria sa mère.

Mince ! J’ai crié sans faire exprès. Ah… Allez, calme-toi. Comptons les nombres premiers.

Sans doute à cause de son âge, il ne réussit pas à garder son sang-froid et pleura très fort.

Oh non ! Ils vont le voir ! Vite, disparais !

« Allen ? Tout va bien ? »

Fort heureusement pour lui, le grimoire s’évapora.

« Oui. »

Pfiou, ce n’est pas facile de parler quand on est bébé. Enfin bon, je n’y peux rien. Je ne suis pas assez mûr.

Il fit un grand sourire à sa mère pour lui montrer que tout allait bien.

« Tu m’as fait une de ces peurs, petit chenapan. »

Thérésia le coucha, puis repartit au salon.

Elle n’a rien vu ? Non, je pense plutôt qu’il a disparu juste à temps. Mais attendez, se pourrait-il que les autres personnes ne puissent pas le voir ?

Il avait eu l’impression que le livre flottait encore en plein dans le champ de vision de sa mère quand elle était arrivée. Mais à aucun moment son regard ne s’était posé dessus.

Ce problème réglé, il l’appela une deuxième fois.

« Pouf ! »

Le voici encore. Il est vraiment épais. Est-ce dû à ma classe d’invocateur ?

Il l’examina attentivement pour savoir de quoi il s’agissait réellement. Il était doté d’une couverture noire et de nombreuses pages. On aurait dit un de ces dictionnaires d’une grande bibliothèque nationale. Rien n’était écrit sur la première de couverture ni sur la quatrième.

Hum. Tourne-toi.

Une fois l’ordre donné, il pivota sur lui-même. Lorsqu’il s’en approcha pour le toucher, il ne ressemblait qu’à un ouvrage ordinaire.

Ce n’est qu’un livre banal. Et si j’essayais de l’ouvrir ?

Alors que le grimoire flottait dans les airs, Allen lui ordonna de s’ouvrir à la page une.

« Oh ! Ce sont mes statistiques ! »

Cette fois, il ne s’était pas écrié aussi fort que plus tôt. Sur la première page, on pouvait apercevoir toutes les informations le concernant.

Prénom : Allen

Âge : 1 an

Classe : Invocateur

Niveau : 1

Points de vie : 4 (40)

Mana : 2 (20)

Attaque : 1 (10)

Endurance : 1 (10)

Agilité : 2 (25)

Intelligence : 3 (30)

Chance : 2 (25)

Compétences : Invocation <1>, Création <1>, Élimination

Points d’expérience : 0/1 000

Oh ! C’est plutôt pas mal.

Sa phrase fétiche était : « Celui qui prend le contrôle de ses statistiques devient le maître du jeu. »

Autrement dit, il était capital de conquérir son interface avant tout.

Il y a des parenthèses après les valeurs des « points de vie » et des chevrons pour les compétences. Si ce sont deux signes différents, c’est que ça ne signifie pas la même chose, non ? Oh ? Il y a quelque chose sur la deuxième page.

— Niveaux de compétences

Invocation : 1

Création : 1

— Points d’expérience de compétences

Création : 0/1 000

Invocation disponible :

Insecte : H

Bête : H

— En possession

Insecte : 0 H

Bête : 0 H

D’après son analyse, des informations décrivaient ses compétences d’invocateur. Il se mit à les comparer.

Étant donné que les chiffres des niveaux de compétences sont les mêmes que ceux entre chevrons sur la page une, ils doivent indiquer le niveau. Pour « points de vie », j’ai quatre points sur quarante. Est-ce que ça signifie que ça va évoluer ?

Il en déduisit que les statistiques de ses P.V. et de ses P.M. représentaient environ un dixième de ce qui se trouvait entre parenthèses. Il était logique qu’un adulte ait des caractéristiques différentes d’un bébé. Pour lui, elles variaient en fonction de l’âge.

C’est tout ce que je peux retenir pour l’instant.

Au lieu d’examiner les éléments inconnus, il valait mieux se concentrer sur ce qu’il comprenait. Il se pencha une seconde fois sur la page deux.

[Invocation] et [Création] sont deux sorts différents. Il n’y a pas de points d’expérience pour le premier, mais il y en a pour le second. Peut-être qu’ils sont à zéro, car je ne les ai jamais utilisés ? Vu qu’il y a un dénominateur, une fois que ça arrivera à mille, est-ce que je monterai de niveau ?

Il n’avait pas la réponse, car il n’y avait pas de condition inscrite pour majorer ses statistiques. Mais pour un joueur vétéran comme lui, il était logique que les expériences augmentent à force d’être employées.

Au vu de ce qui est écrit, je dois être capable d’invoquer des insectes et des bêtes ? Que veut dire le « H » ? Je suis dans un autre monde, donc il doit y avoir une hiérarchie chez les aventuriers, comme dans les guildes ? S, A, B, C, D, E, F, G, H… Ça en ferait neuf au total ? C’est bizarre de commencer si bas, en général, c’est plutôt vers E, non ? Je n’ai jamais vu de monstres de rang H.

Dans son ancienne vie, il avait lu énormément de romans sur les univers parallèles sur le chemin du bureau, afin de soulager sa lassitude pour les jeux. Ainsi, il possédait plein de connaissances qui s’appliquaient à cet autre monde.

Voilà à peu près tout ce que je sais actuellement. Maintenant, il ne me reste qu’à essayer d’invoquer quelque chose.

Avant de s’atteler à ce défi, il jeta un œil à la suite de l’ouvrage afin de chercher de nouvelles informations.

Il n’y a pas beaucoup de pages, alors que le livre est si épais…

Lorsqu’il le parcourut, il arriva en un rien de temps vers la fin. Il y en avait moins qu’il paraissait. Puis, il tomba sur une feuille vierge, avec des renfoncements vacants en forme de rectangle.

Oh ? Il faut insérer quelque chose dedans ? Il y a dix trous au total. Eh bien…

Aucune explication n’était marquée. Il fallait sans doute y introduire des cartes ou autres.

C’est tout ? Oh ? La dernière page s’illumine.

Il remarqua qu’une seule émettait une faible lueur.

Mais… Mais c’est une lettre… Ou plutôt, une annonce ?

Cher Allen,

Merci pour votre fidélité.

Est-ce que ce monde vous plaît ?

Toutes mes excuses de vous avoir envoyé ce « grimoire » avec autant de retard.

Permettez-moi cependant de vous expliquer une chose.

Comme vous avez désigné une caste dont la phase test n’est pas terminée, toutes les formalités administratives ne sont pas encore remplies.

Tout le personnel s’est hâté pour les préparer.

En définitive, comme nous n’avons pas reçu de questions sur ce livre ni de demande d’annulation, nous ne pouvons plus revenir sur votre choix de classe.

Merci pour votre bienveillance.

Au revoir.

Elmea, le dieu créateur.

Les raisons du retard de l’envoi de ce grimoire étaient expliquées dans la missive.

Je comprends. C’est ma faute d’avoir sélectionné cette classe, malgré leur avertissement. Vu que ça leur a pris un an pour la confectionner, je vais finalement pouvoir m’amuser avec.

Grâce au message de ce Dieu, il eut enfin la confirmation qu’il se trouvait dans un autre monde. Le courrier disparut aussitôt qu’il en termina la lecture.

Là, je suis arrivé au terme du livre. Si je n’ai rien oublié, je vais pouvoir invoquer quelque chose. Alors, j’ai le choix entre insectes ou bêtes ?

Il était inscrit à la deuxième page de son grimoire qu’il pouvait convoquer ces deux espèces.

Bon, je suis à l’intérieur, donc essayons un invertébré.

Il ne savait pas ce qui allait apparaître, mais il s’imaginait un monstre de faible rang. Il aurait été problématique qu’un grand loup ou un ours surgissent, s’il décidait d’invoquer une bête de rang H. Après tout, la classe d’invocateur était censée être supérieure à celle de « roi démon ». C’est pour cela qu’il devait procéder avec beaucoup de précautions.

Cela ne faisait qu’un an qu’il avait été réincarné. Pourtant, ce temps avait défilé en un éclair. Ses souvenirs remontèrent à la surface : lorsqu’il avait tété sa jolie mère de 20 ans, quand elle le lavait, ou qu’elle changeait ses couches.

Ah non, ouste, les pensées impures. Allez, on se concentre ! Invocation d’insecte !

Allen leva les mains et prononça son incantation. Mais rien ne se produisit. Le silence régna dans sa chambre.

Oh ? Il ne s’est rien passé. Il est peut-être sur le sol ?

Pour vérifier, il se mit debout et examina chaque coin de la pièce en fronçant les yeux. Le soleil se couchait. Malheureusement, il ne débusqua aucune bestiole.

Oh ? Mon incantation n’a pas marché ? J’invoque un autre insecte !

Rien. Malgré plusieurs ordres différents, tous se conclurent par des échecs.

« Apparais ! Inzecte ! »

Pensant que le problème provenait de sa manière de procéder, il s’exprima en zozotant à cause de son jeune âge. Mais toujours rien.

Pff ! Je n’y arrive pas. Comment faire ?

Il décida de lire attentivement chaque recoin de son grimoire. Dans son ancien monde, on pouvait trouver des sites de stratégies détaillées pour des jeux. Il existait également des blogs qui donnaient une réponse à chaque souci. S’il ne comprenait pas quelque chose, il savait où chercher l’explication. Mais dans ce monde inconnu, Allen n’avait pas d’autre choix que de compter sur son intellect.

Peut-être que je ne peux les invoquer qu’après les avoir établis ?

[Invocation], [Création] et [Élimination] étaient indiqués dans le grimoire. Il essaya alors de concevoir un arthropode.

Création d’insecte !

« Hein ? »

Le grimoire s’illumina faiblement. Seule la couverture scintilla. Il faisait sombre dans sa chambre et ce phénomène le surprit.

Oh ? Il y a quelque chose d’écrit !

« De quel rang voulez-vous créer cet insecte ? »

Telle était la question qui s’affichait en lettres argentées sur la couverture.

De quel rang ? Je le savais ! Le « H », c’est le rang ! Création de rang H !

Aussitôt, une lame brillante apparut devant lui.

Oh ! Une carte ! Il y a un dessin d’insecte dessus ! C’est une sauterelle.

« Création d’un modèle d’insecte de rang H réussie. »

Elle faisait un quart de la taille du grimoire, et avait un superbe dessin de sauterelle dessus. En haut à gauche était inscrit : « Insecte H ». Le « 2 » de ses statistiques tomba à zéro, car il venait d’utiliser du mana.

Une sauterelle ? Elle n’a pas l’air très forte. Je m’attendais à quelque chose de mieux.

Il avait passé une année à s’imaginer un monstre marin comme dans la mythologie grecque, ou un esprit, voire un dieu de la mort. Mais en réalité, il n’avait réussi à créer qu’une pauvre petite forme de sauterelle. Pire encore, tous ses points avaient été dilapidés pour ça.

Bon, ça ne profite à personne de se lamenter. Apparemment, les trous dans le grimoire servent à y déposer des cartes. Donc, il faut en récolter plusieurs.

Grâce à cette séance, Allen avait compris les bases de l’invocation.

Je continuerai tout ça plus tard. C’est presque la nuit.

Il faisait désormais trop sombre dans sa chambre. Il n’avait aucune lampe ni chandelle et décida de remettre son entraînement au lendemain.

***

« Bonjour, Allen. »

Les rayons du soleil illuminèrent sa chambre, et sa mère ouvrit en grand la fenêtre en bois.

« Bonjour, maman. »

Le soleil était déjà haut dans le ciel.

Ce monde suit également le système des vingt-quatre heures. Là, il doit être 8 heures.

Ses parents étaient nés dans des familles de fermiers, aussi étaient-ils peu instruits. Allen eut beaucoup de mal à connaître les bases. Puisqu’il était trop tôt pour leur poser des questions, il devait attendre que ceux-ci papotent et lui fournissent ainsi des informations, ce qui n’était pas de tout repos. Il avait deviné le système horaire récemment, mais n’avait encore aucune idée de la devise, des unités de mesure ou de distance.

Dans les histoires de réincarnation, il arrive souvent qu’un petit garçon noble triche en acquérant un maximum de connaissances dès son plus jeune âge grâce à des livres issus de la bibliothèque familiale. Mais ce n’était pas possible pour lui.

Les paysans se levaient tôt le matin. À tel point que le père du jeune enfant était déjà parti quand celui-ci se réveillait. Sans doute s’en allait-il vers 6 heures ou avant. D’ailleurs, Thérésia disait à son mari qu’elle pourrait bientôt retourner l’aider dans les champs pendant les heures où Allen se reposerait.

Je le savais. Il m’est impossible d’invoquer quoi que ce soit dans cette si petite maison tant que ma mère est là. Elle vient trop souvent me voir quand je suis debout. Alors, autant m’entraîner pendant ma sieste après le déjeuner.

Il n’avait pas avoué à ses parents sa classe d’invocateur, ni qu’il avait été réincarné. Il faisait semblant d’être un bébé et ne comptait pas leur en parler ultérieurement, craignant qu’on le croie possédé par un renard ou un démon. Lorsqu’il feuilletait son grimoire, il se disait qu’il avait hâte de pouvoir invoquer.

Quand Thérésia finissait les tâches ménagères, elle lui donnait toujours le sein. Au début, cela le gênait, mais il s’y était habitué. Dénué de tout désir, il se sentait comme un moine errant de montagne en montagne.

« Bisous, Allen.

— Bisous, maman. »

Finalement ! C’est l’heure de la sieste !

Sa mère l’avait pris dans ses bras, puis déposé dans son lit en bois. Elle ferma la fenêtre afin d’obscurcir la pièce. Allen était enfin seul.

Allez ! C’est parti. Héhé ! Où en étais-je hier déjà ?

Une fois que le grimoire flotta dans les airs, il attrapa la représentation d’un invertébré de rang H.

Pour commencer, voyons si je peux invoquer par la pensée. Invocation d’insecte de rang H !

Les mains tendues, il éprouva la sensation d’invoquer. Puis, la carte s’illumina, avant de disparaître dans un éclat de lumière, comme si elle s’était désintégrée. L’insecte apparut.

« Oh ! Une sauterelle ! » s’écria-t-il inconsciemment.

Il la contempla attentivement. Elle tomba sur le sol, de l’autre côté des barreaux de son lit.

Hum. Elle est plutôt grosse. Je dirais environ quinze centimètres. Mais, hormis sa taille, elle reste une espèce de grillon basique.

Il l’examina. Elle n’avait rien de particulier. Elle s’agitait au hasard et en tous sens, sans le regarder.

Puisque je l’ai invoquée, elle devrait m’obéir, non ? Approche. Viens par ici.

Elle le toisa soudain.

Oh ! Elle a compris ? Allez, approche.

Il la somma de s’avancer en faisant des signes de la main. Mais elle l’ignora en tournant la tête, et bondit de manière désordonnée.

Ah, mince. Ce n’est qu’une sauterelle ordinaire. Elle n’a aucun intellect et n’obéit pas à mes ordres. Il n’y a rien d’autre dans le grimoire ? Oh, une nouvelle page.

Le succès de sa première invocation lui donna l’idée de vérifier si des renseignements avaient été rajoutés. C’est alors qu’une troisième feuille surgit.

Je comprends. Une page apparaît à chaque fois que des informations inédites sont disponibles. Voyons… Ce sont les statistiques de la sauterelle.

Espèce : Insecte

Rang : H

Nom : Aucun (Veuillez en trouver un.)

Points de vie : 3

Mana : 0

Attaque : 2

Endurance : 5

Agilité : 5

Intelligence : 1

Chance : 2

Bonus : Endurance 1, agilité 1

Capacité : Saut

Oh ! Elle est vraiment faible, mais c’est pas mal pour le bébé que je suis. Elle a plus d’attaques que moi ? Mais, c’est quoi le « bonus » ? Est-ce que c’est lié à moi ? Hein ? Mes statistiques ont augmenté !

« Twop bien ! »

Il avait gagné un point d’endurance et d’agilité. Agréablement surpris, il poussa inconsciemment un cri en prenant une pose de victoire.

« Allen ! Qu’est-ce qui te prend ? Fais dodo ! »

Sa mère l’avait entendu du jardin, et était revenue.

Ugh ! Mince ! Si elle entre maintenant, elle va voir la…

« Désolé, maman.

— Ce n’est pas grave. Hein ? »

Thérésia aperçut l’insecte.

« Aaaah ! Une sautereeelle ! »

Elle tenta de l’écraser.

Eh ! N’écrase pas mon invocation ! Va… Va-t’en !

L’insecte émit une faible lueur avant de disparaître. Pensant qu’elle s’était enfuie, Thérésia la poursuivit. Allen se retint d’être ébahi par cette scène et s’endormit en retrouvant son calme. Ce furent ses premiers pas en tant qu’invocateur.

Chapitre 2

Ma première invocation

Il avait réussi sa première invocation dix jours auparavant.

Nous étions l’après-midi, environ à l’heure de son réveil après la sieste. Il se demandait quoi faire et fixait la couverture de son grimoire. Son statut y était affiché.

Pendant le temps qui s’était écoulé, il avait appris de nombreux éléments en s’entraînant dans le dos de sa mère.

Concernant le livre :

— Il apparaît quand on prononce « Grimoire ».

— Mes caractéristiques s’affichent en lettres argentées sur la couverture noire, quand je dis « Statut ».

— Tout ce qu’on peut concevoir se dévoile aussi sur le volume avec les mêmes caractères argentés quand je prononce « Création ».

Voilà pour son fonctionnement. Allen n’avait reçu aucun autre message de Dieu.

À propos du sort [Création] :

— Il est possible de stocker jusqu’à dix cartes.

— On peut en invoquer plusieurs simultanément.

— Un bonus est accordé pour chaque carte créée.

— Après la génération d’une carte, elle peut être utilisée à volonté.

La capacité du grimoire semblait limitée à dix cartes. Si on essayait d’en produire une onzième, un avertissement apparaissait sur la couverture : « Veuillez détruire cette carte. ». Le même phénomène survenait au sujet de l’invocation.

Par ailleurs, Allen avait également conçu une bête rang H pendant ces dix jours.

Espèce : Bête

Rang : H

Nom : Gus

Points de vie : 5

Mana : 0

Attaque : 5

Endurance : 2

Agilité : 3

Intelligence : 1

Chance : 2

Bonus : Points de vie 1, Attaque 1

Capacité : Course

Résultats de son analyse :

— La bête de rang H est une souris (assez grosse).

— Elle n’obéit pas plus que la sauterelle.

— Quand on prononce sa capacité ou qu’on lui ordonne de l’exécuter, elle obtempère.

Il est également possible de nommer et de surnommer des invocations de classe « bête » ; on peut d’ailleurs apercevoir le prénom « Gus » dans l’interface. Le même fonctionnement s’applique pour [Création] et [Invocation]. Certes, je trouve assez utile de les reconnaître et de les analyser, mais je suis sûr que les créatures désirent un prénom.

De plus, il n’est pas nécessaire de s’exprimer à voix haute pour leur donner un ordre.

À ce titre, la sauterelle de rang H se prénommait Denka.

Pour l’instant, les productions ne lui obéissaient pas, sans doute à cause de son immaturité intellectuelle. Il pensait que l’entraînement permettrait une amélioration, mais aucun signe ne permettait de confirmer cette idée. Il ne pouvait leur intimer qu’une seule consigne.

Les invocations avaient toutes une capacité. Lorsqu’on prononçait « Capacité » ou « Course » avec une bête de rang H, elles utilisaient leur aptitude spécifique. Cette option pouvait être répétée indéfiniment sans entraîner une quelconque dépense de mana.

Aucune créature n’a encore montré le moindre signe de soumission à une autre injonction.

D’autre part, Thérésia avait déjà réduit en poussière la sauterelle trois fois au cours de ces dix jours. Ils habitaient une sorte de hutte en paille dépourvue d’isolation thermique ou sonore. Les insectes pouvaient s’introduire facilement par des interstices. Il n’était donc pas rare d’en trouver dans la maison. Mais, comme cet insecte était bien plus gros qu’une sauterelle ordinaire, il terrorisait Thérésia.

Résistant au sommeil et à la faim, Allen avait passé cette période à expérimenter en veillant à ne pas être surpris par sa mère.

Gus, je sais que tu en es capable. Allez, approche.

Dans un coin de sa chambre, Allen tendit les bras pour que le rongeur s’avance vers lui. Étrangement, leurs regards se croisèrent.

« Oh ! »

Il eut espoir que la souris lui obéît enfin, mais elle détourna le regard et s’en alla.

Ah… Tu parles d’une classe meilleure que roi démon…

Même si elle ne l’écoutait pas, il eut une autre idée.