Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Parce que la période des fêtes de fin d'année n'est pas toujours synonyme de réunions de famille heureuses ou de câlins devant la cheminée... Parce que Noël est aussi un moment propice à la réflexion, sur soi-même ou ceux qui nous entourent... Parce que c'est la fin d'un cycle, mais aussi le début d'un autre : voici cinq nouvelles qui se déroulent toutes au mois de décembre et ont en commun de mettre en lumière des personnes aussi uniques que les flocons qui nous enchantent en se transformant en neige.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 62
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Chaque flocon est unique…
Faire de noël une fête.
Quand le soleil vient de l’intérieur.
Trouver une raison de s’émerveiller.
Tu n’es pas un cadeau.
Quand un ange passe…
— Est-ce que tu pourrais aller voir Théo ?
La mère de Joséphine, Louise, venait de faire irruption dans la chambre de sa fille et d’interrompre les révisions de l’étudiante en première année de droit pour lui demander de l’aide malgré les derniers jours de tension entre les deux femmes.
— Parce que j’ai le droit de me trouver à moins de deux mètres de lui maintenant ?
— S’il te plaît. Il refuse de sortir de la tente…
— Quelle tente ? demanda la cadette en se tournant enfin vers la plus âgée.
Elle était surprise et déjà inquiète.
Ils étaient en plein hiver. Il devait neiger d’un jour à l’autre et elle avait, elle-même, les pieds gelés, à l’intérieur, avec le chauffage et une grosse paire de chaussettes molletonnées.
Et ils étaient en appartement.
— Celle qu’il a montée dans le jardin de la résidence.
— Il fait à peine deux degrés dehors !
— Pourquoi est-ce que je suis venue te chercher d’après toi ?
Visiblement, la friction entre elles était inévitable ces temps-ci, si elles ne parvenaient même pas à arrondir les angles pour une conversation aussi banale, pensa la jeune femme en se levant tout de même de son bureau pour se presser d’enfiler des chaussures et de descendre les étages de l’immeuble parisien où elle habitait avec sa mère, son nouveau compagnon et le fils de celui-ci.
Elle trouva d’ailleurs l’un d’eux, Gontrand, bien démuni face à l’installation de son fils, et surtout incapable de l’en faire sortir. L’homme était en pull, les bras croisés pour essayer de lutter contre le froid et elle pouvait voir un peu de buée se former à chaque expiration.
— Théo ? Théo ? Sors de là. Ça devient ridicule.
— Marco ? lança-t-elle à la volée sans un regard pour son presque beau-père.
— Polo.
Elle entendit le bruit distinct d’une fermeture éclair qu’on ouvre avant même qu’elle ne soit devant la tente et s’y engouffra rapidement. Le jeune homme referma derrière elle avec au moins autant de hâte alors qu’elle prenait place sur le sol à côté de lui. Il avait installé une couverture sous ses fesses au moins, pensa-t-elle avec soulagement quand elle vit qu’il portait son manteau d’hiver, son bonnet et ses gants.
Elle aurait dû prendre une veste aussi.
— Tu sais que tu vas perdre tes orteils ?
— Il faut descendre à moins dix degrés, avec exposition prolongée, sans équipement spécifique, pour risquer des engelures.
— Donc tu n’as pas du tout froid et le bout de ton nez est rouge parce qu’on est à deux semaines de Noël ? Je dois t’appeler Rudolph ? dit-elle en le touchant du doigt.
Il n’aimait pas vraiment les contacts qu’il n’initiait pas lui-même mais il pouvait faire des exceptions parfois – surtout avec elle – si elle ne s’attardait pas.
— Tu n’es pas fâchée ? demanda-t-il.
Il la savait en colère de la situation mais elle souriait : il était un peu perdu. Il devait demander quand il n’était pas sûr de bien déchiffrer les émotions des autres.
— Si, mais pas contre toi. Tu as fugué dans le jardin parce que tu es contrarié ?
— Mon père se dispute avec ta mère et ta mère se dispute avec toi. On a pas le droit de se parler. Je n’aime pas ça.
— Je n’aime pas ça non plus. Mais tu ne peux pas rester ici.
— Je fais ce que je veux.
— Oh, mais c’est qu’il se rebelle.
L’humour était une des tactiques préférées de Joséphine pour désamorcer les moments difficiles. Il ne la comprenait que rarement au début mais avec beaucoup de patience de sa part et de grands progrès du côté de Théo, ils étaient arrivés à une espèce de compromis.
— Tu commences ta crise d’adolescence en retard ou j’ai mauvaise influence sur toi ?
— Les deux.
C’était sensé être rhétorique mais ça lui arrivait aussi de répondre, parfois.
— Touché.
— Coulé, asséna-t-il.
Bon, il avait une façon de plaisanter un peu spéciale pour un adolescent de seize ans mais pourquoi pas, se dit-elle une fois de plus en riant.
— Rentre avec moi. Tu vas être malade et je n’aime pas ça, finit-elle par se calmer.
Elle entrevit immédiatement son conflit dans la façon dont ses yeux dansèrent d’un coin à l’autre du petit espace : il considérait de rentrer, comme elle lui avait demandé, mais ne voulait pas vraiment obéir.
— Ils vont encore se mettre en colère si on se parle.
— Pas forcément. Il suffit qu’on…
— Je ne suis pas ton frère.
D’accord.
Donc il avait entendu toute la dispute qu’elle avait eu avec leurs deux parents, quelques heures plus tôt, et pour la troisième fois depuis le début de la semaine.
— Tu n’es pas ma sœur. Je ne veux pas que tu sois ma sœur.
— Je vais discuter avec eux mais tu ne peux pas t’exiler ici juste parce que tu n’apprécies pas ce que tu as entendu, tenta-telle de le raisonner malgré tout.
Elle était frigorifiée maintenant.
— Tu veux être ma sœur ?
Sa question la prit un peu au dépourvu mais elle se devait d’être honnête avec lui.
— … Non.
— Alors je reste là.
— Non. Tu rentres avec moi et tu dis aux parents ce que tu en penses. On a travaillé là dessus tous les deux.
Deux ans. Deux ans qu’ils habitaient tous ensemble et qu’elle était chargée de l’accompagner à ses rendez-vous avec les spécialistes qui l’aidaient, plusieurs fois par semaine, à travailler sur sa compréhension des autres mais aussi sur sa gestion de ses propres émotions et leur expression.
— Non.
— Si.
— Non.
Pas la peine de s’entêter, ça ne fonctionnait jamais avec lui, il pouvait passer des heures à vous contredire sans sourciller.
— J’ai froid, préféra-t-elle changer de tactique.
— Tu devrais retourner dans la maison.
— Je reste si tu restes.
Elle était prête à laisser tomber et rentrer seule quand elle le vit hésiter avec force. Elle ne voulait pas le braquer et le petit mouvement de sa main droite, son index frottant sur l’ongle de son pouce, démontrait qu’il était très mal à l’aise avec la décision qu’il devait prendre à cet instant : tiraillé entre sa résolution et sa volonté de faire plaisir à la jeune femme.
Elle ne le poussait jamais dans ces situations et allait renoncer mais fut surprise de le voir ouvrir la fermeture de la tente pour rentrer avec elle finalement.
Dehors, Gontrand et Louise étaient là. Ils ne voulaient pas les laisser seuls de toute évidence.
— Quoi ? Vous aviez peur que je lui fasse quoi au juste ?
Qu’ils se débrouillent seuls pour ranger, tiens.
***
— C’est malsain.
— Ça ne l’est pas.
— Il est différent.
Une heure à peine à l’intérieur de l’appartement et voilà que ça recommençait.
— De qui ? De toi ? De moi ? On a tous des points forts et des points faibles…
— Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire et tu sais très bien que…
— Je sais qu’il a du mal à exprimer ses sentiments et à appréhender ceux des autres mais il ressent exactement la même chose que nous. Le fait qu’il a du mal à interagir en société ne