Ion - Platon - E-Book

Ion E-Book

Platón

0,0
0,99 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Extrait : "SOCRATE : Salut à Ion. D'où nous reviens-tu cette fois ? d'Ephèse, ton pays ? Ion : Pas du tout, Socrate, d'Epidaure, des fêtes d'Asclépios. SOCRATE : Est-ce que les Epidauriens font aussi un concours de rhapsodes en l'honneur du dieu ? Ion : Mais oui, et de toutes les parties de la musique aussi."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : • Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. • Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 37

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Notice sur Ion

Socrate rencontre le rhapsode Ion d’Éphèse, qui revient des jeux d’Épidaure, où il a remporté le prix de la récitation. « Je vous envie, lui dit-il, vous autres rhapsodes, qui passez votre temps à étudier les poètes, et surtout le divin Homère, qui les comprenez et les interprétez à la foule. – Tu as raison, Socrate, répond Ion, et je suis fier d’être le plus habile interprète d’Homère qui soit au monde. – Es-tu aussi habile dans l’intelligence d’Hésiode et d’Archiloque ? – Non. – Pourtant Hésiode et Archiloque traitent à peu près les mêmes choses qu’Homère ; et, si le mathématicien peut distinguer ceux qui parlent exactement ou inexactement des nombres ; le médecin, ceux qui ont des opinions justes ou fausses sur les aliments ; en un mot, si le même homme est juge compétent de tous ceux qui parlent des mêmes objets, tu dois pouvoir juger d’Hésiode et d’Archiloque aussi bien que d’Homère, quand ils traitent les mêmes sujets que lui. – Il n’en est rien pourtant, dit Ion. – C’est que tu es incapable de parler d’Homère par art et par science. Quiconque en effet s’est rendu maître d’un art en son entier, peinture, sculpture, musique, peut juger toutes les parties de cet art et détailler les défauts et les qualités de n’importe quel artiste. »

Ton impuissance, Ion, vient de ce que ton talent n’est point un effet de l’art, mais de l’inspiration. Comme la pierre d’aimant attire les anneaux de fer, en faisant passer sa vertu de l’un à l’autre, de même la Muse inspire les poètes qui communiquent leur enthousiasme aux rhapsodes qui le transmettent à la foule : il se forme ainsi une chaîne d’inspirés. Les poètes en effet sont hors d’eux-mêmes, quand ils composent, et ressemblent aux bacchantes qui puisent le lait et le miel dans les fleuves, quand le transport divin les agite, et cessent de le faire, lorsqu’elles sont de sang-froid. Et voilà pourquoi chacun d’eux ne réussit que dans un genre, celui où la Muse l’a poussé. Les rhapsodes sont les interprètes des poètes, ils en éprouvent les sentiments et les font passer dans l’âme des spectateurs ; ils sont les anneaux intermédiaires entre le poète et les spectateurs, et comme les poètes tiennent à telle ou telle muse, chaque rhapsode aussi tient à tel ou tel poète. Toi, Ion, tu dépends d’Homère, et voilà pourquoi parlant d’Homère par inspiration et non par art, tu ne peux parler que de lui.

Ion répond : Ton explication peut s’admettre pour la récitation ; mais en ce qui regarde l’interprétation, tu ne me feras pas croire que je sois possédé et hors de moi. – Eh bien ! dis-moi sur quoi tu parles bien dans Homère. – Sur tout. – Même sur les choses que tu ignores ? – Il n’y en a pas que j’ignore. – Connais-tu les arts dont il est question dans Homère ? Tu avoueras bien, je pense, que celui qui possède un art est seul en état de bien juger ce qui se dit ou se fait en vertu de cet art ? Le cocher, le médecin, le pêcheur, le devin jugeront donc mieux que le rhapsode les passages d’Homère où il est question de course, de médecine, de pêche, de divination. Que reste-t-il donc au rhapsode ? – Il jugera, dit Ion, ce qu’il convient que dise un homme ou une femme, un esclave ou un homme libre, un subalterne ou un chef. – Que dis-tu là ? Est-ce qu’un rhapsode sait mieux qu’un commandant de vaisseau comment il faut parler à un équipage, mieux qu’un bouvier ce qu’il faut dire à des bœufs excités ; s’entend-il mieux que la fileuse au travail de la laine ? – Non. – Saura-t-il parler à des soldats aussi bien qu’un général ? Oui, dit Ion, voilà ce qu’il sait faire. – Est-ce en tant que général ou que rhapsode ? – Il n’importe. – Alors, pour toi, l’art de la guerre et de la récitation sont un seul et même art ? – Oui. – À ce compte, puisque tu es le meilleur rhapsode de la Grèce, tu es donc aussi le meilleur général ? – Oui. – Ainsi, nouveau Protée, tu te métamorphoses d’interprète d’Homère en général d’armée ? Avoue plutôt. Ion, que tu m’as trompé en me disant que tu pouvais parler savamment d’Homère, puisque tu ne sais même pas dire à quoi s’applique ton art dans Homère, et reconnais que si tu parles bien de ce poète, ce n’est point par art ni par science, mais par une inspiration divine.