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Jon et Hardy ne se connaissent pas, mais ils ont un but commun : survivre à des cataclysmes comme l'humanité n'en a pas encore connu. Pour Jon, le défi est de se reconstruire face à une enfance hors norme où le bien est mal et inversement. Pour Hardy, il s'agit de reprendre le dessus sur des envahisseurs cruels, avancés technologiquement pour régénérer une société civilisée. Ils vont progresser pas à pas vers leur sauvegarde et celle de leur monde.
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Seitenzahl: 177
Veröffentlichungsjahr: 2023
Naissance de Jon
Les envahisseurs
Jon et les enfants sauvages
Résistance
Projet de voyage
Rencontre
Incendie
La Loire
Solugne
Hardy et Véga
Jon et Ted sont kidnappés
Installation en Auvergne
Jon et Ted à la mafia
Résistance
Jon et le trésor du parrain
Libération du château de Bayal
Une grande victoire
Ted, le meilleur ami de Jon
Le communicateur Bijizé
Jon écoute Aiguebelle
Hardy Président
Jon et Hardy
Remerciements
À ma grand-mère Alice qui me racontait tant d’histoires.
Carte de l’Europe de Hardy
Amériga, Ville de Livingstone.
En Amériga, dans la petite ville de Livingston, Aiguebelle était une future maman angoissée. Elle allait se mettre au piano lorsqu’elle sentit le premier liquide de son accouchement couler entre ses jambes. Elle sut que le moment était venu de partir vers le lieu qu’elle avait choisi. Sans perdre une seconde, elle rajouta des gâteaux et une bouteille d’eau dans le sac qu’elle avait préparé. Ensuite, elle se sécha, se changea et mit une tenue sombre passe-partout moins voyante que sa tenue habituelle de musicienne douée et célèbre. Elle prit les billets de train et de bus qu’elle avait mis de côté et partit pour la gare.
C’était une course contre la montre car elle n’allait pas à la maternité. Pour sauver son enfant, elle devait arriver près de chez sa tante Lini avant la naissance du bébé, sans alerter quiconque. Pour l’instant, elle avait juste un peu mal au ventre à cause des contractions. Mais après deux heures de trajet, dieu sait dans quel état elle serait.
Elle n’avait prévenu personne de son projet d’accoucher dans la grande forêt. En fait, son violeur l’avait bien prévenue.
— Je saurai quand tu accoucheras et je tuerai ton bébé, lui avait-il dit.
Elle voulait empêcher cela. C’est pour cela qu’elle voulait accoucher en forêt.
À la gare d’arrivée, elle courut pour attraper son bus.
Après une demi-heure de route, elle descendit à la lisière de la forêt. Le bébé était presque là. Elle le sentait qui approchait de la sortie. Elle pouvait sentir la tête du bébé dans son entrejambe. Elle était encore à huit kilomètres de chez sa tante et à dix kilomètres de l’endroit préparé avec la vieille dame pour accoucher. Mais, il semblait que le bébé n’allait pas attendre plus longtemps.
— J’aurais dû choisir un endroit plus près, se dit-elle.
Elle repéra un taillis touffu sous lequel on pouvait ramper. Elle se dit que l’endroit en valait bien un autre et s’y glissa. Le bébé vint tout de suite. Alors qu’elle coupait le cordon avec ses dents, son violeur arriva comme il l’avait dit. Elle essaya de s’enfuir ; mais trop affaiblie par son accouchement, il la rattrapa bien vite. Alors qu’elle se débattait, il réussit à trancher la gorge du bébé. Il jeta le bébé dans un buisson et partit sans un mot. Trop terrifiée pour regarder son petit qui gisait non loin de là, Aiguebelle s’enfuit chez sa tante.
Pendant qu’Aiguebelle était prostrée, une louve la regardait depuis les ombres de la forêt. Pas par faim, ni par vengeance, c’était la curiosité qui la poussait à regarder la femme. Dix jours auparavant, le même homme avait aussi tué son petit. Elle n’avait pas compris pourquoi. Lorsqu’elle avait vu repasser cet homme, elle l’avait suivi. Il avait également tué le petit de la femme sans raison.
— Les hommes sont fous ! songeait la louve.
La femme ne comprenait pas non plus pourquoi l’homme avait fait cela car elle-aussi était très triste.
La louve allait s’en aller lorsque les derniers morceaux de chairs et de sang qui venaient avec les petits des femmes ou des louves descendirent entre les jambes de la femme. Aiguebelle saisit cette délivrance et la lança rageusement le plus loin possible. La louve n’avait pas mangé depuis que son petit était mort. Oubliant sa peur naturelle des humains, elle se précipita sur cette aubaine et se mit à dévorer la délivrance. Prise de peur, Aiguebelle s’enfuit.
La louve s’approcha ensuite du petit dans l’intention de le dévorer lui aussi. Elle s’aperçut alors qu’il était toujours vivant. Dans son esprit, elle l’identifia au petit qu’elle avait perdu si récemment et, sans savoir pourquoi, elle se mit à lécher sa plaie au cou comme elle l’aurait fait avec son louveteau. Elle avait les mamelles gonflées suite à sa récente mise bas. Elles frôlèrent le bébé qui se mit à en téter une. Soulagée de la tension dans cette mamelle, Louve le laissa faire. Avant qu’elle puisse lui donner une autre mamelle, le bébé, repu, s’endormit. Inexplicablement heureuse, la louve partit chasser une autre proie.
Quelques mois auparavant, la meute de cette louve était tombée dans un piège destiné à des humains. Elle était la seule survivante et elle avait des difficultés pour chasser sans sa meute. La solitude n’est pas un état naturel pour un loup, en particulier pour la chasse. Accablée de chagrin, la louve revint souvent vers le bébé humain. Elle lui léchait le cou et lui donnait une de ses mamelles à téter. Peu à peu, elle se prit d’affection pour ce petit un peu bizarre et la plaie au cou du bébé guérit.
L’hiver approchait. Elle décida un jour de se creuser un terrier dans le talus près du petit humain. Ensuite il ne lui resta qu’à le pousser dedans et à se coucher près de lui pour lui tenir chaud dans sa tanière d’hiver.
Et c’est ainsi que le bébé qu’on allait appeler Jon survécut à ses premiers mois parmi les dangers de la grande forêt amérigaine.
Europe, Centre de Germagne puis France,
Quelques années après la naissance de Jon
— A partir de maintenant, je peux me déconnecter, pensa Hardy avec soulagement en supprimant l'accès internet de son téléphone. Ce weekend en France dans la propriété familiale de Mireval, je l'attendais depuis longtemps. Je vais bosser la stratégie pour mes examens à l'école militaire. En bonus, je pourrai galoper sur Bucéphale. Et personne pour me dire que j'ai autre chose à faire.
Il continua ainsi à rêver avec délectation.
— Tiens ! C'est bizarre, il n'y a pas beaucoup de monde dans le train, réalisa-t-il soudain.
Il fut tenté de rallumer son téléphone pour consulter les actualités, puis il se morigéna en se disant d'en profiter au lieu de s'inquiéter.
A la gare de Mireval, son chauffeur l'attendait comme convenu.
— Je n'étais pas sûr que vous viendriez avec ce qui se passe, lui dit-il en s'installant dans la limousine.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Vous n'êtes pas au courant ? Les extraterrestres approchent !
— Les extraterrestres ? Les scientifiques sont vraiment sûrs que ce sont des extraterrestres ?
— Oui, répondit le chauffeur, et ils se dirigent vers la Terre.
Le téléphone de Hardy sonna : c'était le duc, son père, le duc de Kaily en Brittanie.
— Surtout tu restes en France, exigea-t-il. Tenons-nous loin l'un de l'autre pour être sûrs qu'au moins l'un de nous survive à ce qui se prépare. J'ai fait mon temps, alors j'espère que ce sera toi.
— Est-ce bien nécessaire d'être aussi dramatique ? tempéra Hardy.
— Il faut toujours prévoir, s'agaça le duc.
À ce moment, Hardy entendit un énorme grondement sur la ligne qui coupa.
Vingt minutes plus tard, la radio interrompit son programme.
— Nous informons nos auditeurs qu'une bombe atomique a explosé au sud de la Brittanie.
Suivaient une longue liste de recommandations pour se protéger de la radioactivité.
Hardy reçut un grand coup, comme si quelqu’un l'avait boxé dans le ventre de toutes ses forces. Pour ce weekend en France, il s'était volontairement déconnecté et il n'avait pas suivi l'approche du vaisseau suspect depuis le moment où ce n'était qu'un astéroïde bizarre comme les télescopes terriens en détectaient régulièrement.
Pendant ce temps, le vaisseau extraterrestre Bijizé décélérait et entamait sa phase d’approche de la nouvelle planète. Le seigneur et les chevaliers du peuple Bijizé étaient très excités à l’idée de cette future nouvelle conquête. Certes, cette nouvelle planète contenait un peu trop de mers et d’océans pour leur goût, mais elle était idéalement située à la bonne distance de son soleil pour que la température y soit agréable.
Lorsqu’ils auraient fait le gros du travail de conquête, ils deviendraient les nouveaux seigneurs de cette planète. Les meilleurs des esclaves qui voyageaient dans les soutes deviendraient chevaliers à leur tour.
Chez les Bijizés, toutes les tâches techniques, considérées comme moins honorables revenaient aux esclaves. Cela avait été différent dans le passé, mais c’était maintenant comme cela depuis l’avènement du grand dictateur pour combattre ceux que personne parmi eux n’avait le droit de nommer. Par contre, toutes les conquêtes apportaient beaucoup d’honneur. C’était le but principal pour la conquête de la terre par le seigneur et ses chevaliers. Les esclaves adhéraient aussi à cette conquête car cela leur permettrait d’être affranchis ou affectés à des tâches plus intéressantes.
Pour le grand dictateur et les autres dirigeants Bijizés, la conquête avait un autre objectif, inavouable. La nouvelle planète leur servirait de refuge lorsque ceux qu’on ne pouvait nommer seraient sur le point d’envahir Bilonga, la planète d’origine des Bijizés.
Pour le moment, les chevaliers Bijizés, menés par leur seigneur, envahirent la planète avec la même stratégie que d’habitude. En arrivant, leur vaisseau élimina tout ce qui pouvait constituer une gêne dans un rayon assez large autour de la piste d’atterrissage. Ensuite, les guerriers et les esclaves sortirent rapidement du véhicule spatial et se déplacèrent vers un point déterminé avant l’atterrissage. Les défenses automatiques du vaisseau le garderaient en bon état pour les communications futures avec Bilonga.
Sur terre, quelques heures avant l’atterrissage du vaisseau extraterrestre Bijizé, l’organisme Amérigain de détection des astéroïdes avait repéré le vaisseau Bijizé, alors qu’il était au niveau de la planète Jupiter. Tous les télescopes de la planète s’étaient immédiatement braqués sur l’objet. Sa surface polie et régulière ne pouvait avoir été façonnée que par des êtres intelligents. Sa trajectoire était également révélatrice de son origine extraterrestre.
Une demi-heure plus tard, les astronomes se rendirent compte que le vaisseau décélérait pour atterrir. Les agences spatiales calculèrent qu’il toucherait terre en Germagne. Au centre de contrôle militaire européen, ce fut le branle-bas de combat. L’objet spatial inconnu, de grande taille, s’était placé en orbite.
Comme la procédure l’exigeait l’information fut transmise aux autres forces armées terriennes. Les généraux et les politiques européens et de toutes les autres nations de la terre essayèrent de déterminer si le vaisseau spatial était dangereux ou pas. La population civile de Germagne, la plus proche du lieu d’atterrissage supposé évacua la région.
Était-ce bien des extraterrestres ? Etaient-ils hostiles ? Est-ce que notre armement aurait le moindre effet sur eux ?
Ces questions, les politiques et les militaires se les posèrent de mille manières différentes. Finalement, ils décidèrent de ne pas lancer d’action hostile et d’attendre de voir ce que voulait le vaisseau inconnu. La Germagne et ses alliés sécurisèrent la zone d’atterrissage supposée en y envoyant autant de forces militaires que possible en peu de temps.
Alors, qu’il était encore à plus de deux mille kilomètres de la terre, le vaisseau dévia légèrement vers l’ouest, mais sa zone d’atterrissage restait en Germagne. Il se mit aussi à émettre des rayons qui réduisirent en un tas fumant les maisons et tout ce qui ressemblait à un véhicule dans un rayon de cent kilomètre autour de cette zone. En réponse à cette action hostile, une bonne partie des missiles stationnés en Europe et ailleurs lui furent envoyés. Un grand nombre n’arriva pas à destination parce que tous les satellites de télécommunication étaient détruits par le passage du vaisseau ou par ses rayons. Les autres missiles furent détruits par des rayons issus du vaisseau.
Le vaisseau spatial se posa à l’ouest de la Germagne dans une région très boisée à la frontière française. Au sol, c’était la panique. Dans le plus grand désordre, ce qui restait des populations civiles tentèrent de fuir. La forêt brûla. Les forces armées s’approchèrent conformément aux ordres reçus et furent exterminées par l’armement supérieur des Bijizés. Dès lors la population européenne était sans défense ou presque.
Le lendemain, dans sa maison de banlieue parisienne, Margot écoutait à la radio l’avancée des envahisseurs. Elle était chez elle avec Véga sa fille de dix-huit ans et Edmond son garçon dix ans. Elle entendit des coups de feu. Angoissée, elle jeta un coup d’œil par la fenêtre et vit des scènes d’horreur. Ses voisins se faisaient tirer dessus par des extraterrestres.
Les agresseurs étaient les affreux décris par la radio, c’est à dire des silhouettes humanoïdes avec une petite queue et un nez crochu. À présent, ils essayaient d'ouvrir la porte des voisins situés en face de la maison. Deux personnes âgées habitaient là. Ils enfoncèrent la porte et tuèrent rapidement les deux personnes. Margot et Véga pouvaient à peine bouger tellement elles avaient peur, mais dans l’urgence, elles exécutèrent leur plan comme prévu. Margot prit le grand couteau à viande et Véga son arc de compétition. Elles allèrent se cacher derrière la rampe d'escalier à l'étage.
Les extraterrestres entrèrent dans la maison. Ils commencèrent tous les deux à fouiller en cassant tout. Puis ils montèrent. Véga tira sur la première silhouette et atteignit le buste sans encombre. Cet extraterrestre s’effondra. Le deuxième tira avec son fusil sans toucher quiconque. Véga tira à nouveau et réussit à l’atteindre au cou.
Margot et Véga restèrent un moment, hébétées. Puis, entendant des cris de combats et d’agressions plus loin, Margot jeta un coup d’œil dehors. Ne voyant plus d’autre agresseur à proximité, elle tira les corps hors de vue à l’intérieur.
En esquissant le mouvement pour fermer la porte d’entrée, elle réfléchit et se dit que cela attirerait d’autres extraterrestres qui les extermineraient. Elle rabattit donc la porte à moitié comme si les agresseurs avaient tué tout le monde et étaient ressortis. Puis elle enfila des chaussures de son mari à l’un de ses agresseurs. Elle ramena le corps dans l’entrée en tournant les pieds vers l’extérieur pour qu’ils soient visibles par tous les extraterrestres en patrouille.
— Cela signalera aux autres que leur sale boulot a été fait, soupira-t-elle en guise d’explication à ses enfants.
Ceci fait, ils s’assirent tous au premier étage en surveillant les environs.
Hardy n'avait pas pu s'en empêcher. Malgré les recommandations de confinement pour se protéger de la radioactivité, il était allé sur la côte française au plus près de son pays. Même le climat semblait retenir son souffle. Sans une goutte de vent, le champignon atomique s'attardait audessus de son pays.
Il était seul sur la falaise. Il pleura sans pouvoir s'arrêter. Le nuage d'impact était énorme. Son père était mort sans aucun doute. La radio le confirmait en précisant que personne n'avait survécu là où les poussières s'étaient élevées. Cela continuait à s'étendre. Il retourna à Mireval dans un brouillard de larmes.
Ils contemplaient le désastre des destructions occasionnées par les extraterrestres.
— Heureusement que nous sommes allés en courses hier parce que nous n'y retournerons pas, soupira Véga en montrant un incendie qui était visiblement celui du supermarché où ils s'étaient ravitaillés la veille.
— Moi qui ai toujours rêvé de cultiver un vrai potager, je vais devoir le planter parce que nos provisions ne dureront qu'un temps, dit Margot d’un air sombre. J'aurais préféré m'y mettre pour protéger la terre et pas pour me protéger d’une invasion.
—Tu as tellement de connaissances écologiques que les légumes pousseront bien, s'exclama le petit Edmond confiant.
— J'espère surtout que j'ai suffisamment de connaissances agricoles parce que sur un aussi petit terrain nous risquons surtout de mourir de faim, répondit Margot d’un air inquiet en mesurant le jardin du regard.
— Nous pourrions utiliser les jardins des voisins qui sont mort, dit Véga d'une voix morne.
Elle était la plus affectée de la famille par les destructions et les morts causés par l'invasion.
Amériga du Nord, Grande forêt, Alors que les envahisseurs allaient envahir l’Europe
Dans la grande forêt près de Livingstone, la louve avait adopté le bébé d’Aiguebelle. Dans sa tête, la louve appelait ce bébé « Petit Humain » ou « Humain » car il ne s’appelait pas encore Jon. Dans sa tête également, Petit Humain allait bientôt nommer la louve « Louve ».
Ce jour-là, Louve regarda Humain se mettre sur ses pattes. La saison des neiges était passée et elle commençait à désespérer et regretter d’avoir recueilli Petit Humain. Mais ça y était ! Prenant modèle sur Louve, Petit Humain avançait en posant ses bras et jambes tendues sur le sol. Cette position rassurait Louve car son instinct lui dictait que c’était la bonne posture.
Petit Humain prit la viande qu’elle avait régurgitée et la mangea. Cela aussi avait été long. Mais elle était soulagée qu’il ne boive plus de lait. Elle mâcha un peu de l’herbe bonne-pour-loups qu’elle régurgita. Humain la goûta pour lui faire plaisir. Elle voyait bien qu’il n’aimait pas cela. Cependant, elle pensait que l’herbe était bonne pour son développement car les loups en avaient besoin et elle avait remarqué que les humains avaient besoin d’herbe aussi au cours de ses observations.
C’était le printemps. Louve n’attendait pas de petit car elle n’avait toujours pas rencontré d’autres loups. Elle était donc entièrement disponible pour s’occuper de Petit Humain. Elle poussa du nez le bébé pour le taquiner et le faire jouer. Celuici adorait ça : il se remit à quatre pattes et se jeta sur Louve pour jouer. Ils s’amusèrent ainsi un moment avant que Louve ne retourne chasser.
Au milieu de l’été suivant, Petit Humain était devenu si habile à se déplacer que Louve l’emmena en observation à la chasse. Il était encore si maladroit et lent qu’elle avait des doutes sur ses capacités futures dans cette activité, mais cela n’empêchait pas d’observer sans faire de bruit car c’est ainsi que l’on apprenait chez les loups. Parfois, le bébé se redressait sur ses jambes. Louve s’aperçut que cela ouvrait bien des possibilités pour repérer les proies ou les effaroucher. Comme c’était une vieille Louve sage et astucieuse, elle adapta progressivement sa stratégie de chasse pour exploiter pleinement les possibilités de Petit Humain. Ainsi, ils mangèrent mieux tous les deux.
Les saisons passaient. Au début de l’été suivant, Humain participait désormais pleinement à la chasse avec Louve. Il avait beaucoup grandi. Mais, il était toujours trop lent pour un loup. Et aussi beaucoup moins fort. La mini-meute formée par Louve et Humain avait donc perfectionné la stratégie qui permettait d’exploiter la capacité humaine à se tenir sur deux jambes, à voir plus loin et à paraître plus imposant.
Cette stratégie palliait à la lenteur de Petit Humain et permettait à leur mini-meute d’avoir suffisamment à manger.
D’abord, Humain et Louve participaient tous les deux à l’observation de la proie comme il était normal pour des loups. Ensuite, ils se déployaient. Pour Humain cela signifiait se mettre en position pour rabattre la proie vers Louve en lui faisant peur. Il avait acquis un sens instinctif et même inconsciemment paranormal pour savoir quand Louve était en position. Ainsi, dès qu’ils étaient tous les deux prêts, Humain démarrait l’attaque, c’est à dire, il courrait sur ses deux jambes vers sa proie en poussant des cris. C’est là dans l’urgence de l’attaque qu’il devenait le plus humain, car pour aller plus vite, il ne posait plus les mains sur le sol et ses cris passaient du grognement à des sons presque parlés. La proie était généralement tellement déroutée par ces cris qu’elle détalait vers Louve. Celle-ci n’avait plus qu’à bondir vers sa nuque pour la tuer.
Humain et Louve devaient longuement chercher leur proie avant de l’attraper pour la manger. C’était l’occasion pour Humain d’observer ses semblables qui étaient plutôt nombreux à vivre dans la forêt. Ils pouvaient se classer en trois groupes très différents.
Le premier groupe, les néo-écologistes y habitait pour mener un style de vie simple, proche de la nature, loin de l’agitation des villes et de lois « imbéciles ». Ces locataires de la forêt avaient généralement un esprit « pionnier ». Par conséquent, ils se construisaient une habitation en bois, une cabane plus ou moins sophistiquée. Une autre conséquence était qu’ils pourchassaient généralement Louve pour la magnifique fourrure qu’elle avait acquise depuis qu’Humain chassait avec elle. Influencé par la méfiance et la prudence de sa tutrice, Humain se tenait le plus loin possible de gens qui auraient pu facilement le recueillir sans le maltraiter.
Le groupe des trafiquants, des marginaux et des mafieux en tout genre étaient d’autres personnages rencontrés dans la forêt. Les personnages louches y abondaient et cachaient toute la gamme des choses issues de leurs activités illégales : or, bijoux, objet volés ou enfants, adultes enlevés, drogues … Heureusement, l’aura de noirceur paranormale de ces individus tenait le Petit Humain de Louve à distance. Quant à leurs objets précieux, la louve et l’enfant n’étaient pas intéressés car ils n’en avaient que faire.