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Parti de rien, Jon s'installe dans sa vie comme il l'avait rêvée. Il vit avec des parents et il apprend à lire, écrire, compter, prier. Il comprend comment utiliser son don et comment se comporter avec les autres. Pendant ce temps, les dirigeants Karols et Hardy poursuivent la reconquête de l'Europe. Jon se retire en Sibria.
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Veröffentlichungsjahr: 2024
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1. Retour de Hardy avec Jon
2. Le vaisseau spatial submergé
3. Jon grandit
4. Explorations
5. Jon chez les Tchouks
6. Voyage éclair
7. Conquêtes de grandes citadelles
8. Dans le bureau du président
9. La prison secrète
10. L’ange messager
11. La prison des enfers
12. Communications
13. Le général Wash
14. Redditions et transferts
15. La prison Saint-Michel
16. Retour à Paris
17. Attaque de Saint-Michel
18. Evolutions et espoirs
Jon est un garçon de neuf ans petit et frêle pour son âge, aux cheveux d’un roux tirant sur le rouge vif. Son passage par la mafia d’Amériga lui a valu une enfance tumultueuse, éprouvante et des pouvoirs mentaux hors du commun. Il a montré une force de résilience étonnante qui lui vaut aujourd’hui d’accompagner Hardy dans son pays.
Hardy, alors héritier du duc de Kaily en Brittanie était célèbre avant l’invasion des extra-terrestres Bijizés pour son exploit militaire lors de la bataille de Moyenne Syrtie. Possesseur d’une immense fortune, son père était un diplomate et négociateur respecté dans pratiquement tous les pays de la planète. En partant de ses compétences passées, Hardy a créé la compagnie des tunnels et il a dirigé la reconquête de la majorité des petites forteresses colonisées par les Bijizés, ces extraterrestres humanoïdes avec une petite queue et un nez crochu qui ont exterminé la plus grande partie de la population européenne. En Francia, il a présidé les régions libérées. Après la jonction avec une autre compagnie dirigée par le général Polonais Karols qui a donné victorieusement l’assaut aux autres petites forteresses Bijizés en Europe, Hardy a quitté à regret sa femme Véga et ses enfants pour demander de l’aide en Amériga et expulser les extraterrestres des endroits où leur seigneur s’est établi en force. Malheureusement, il n’a pas eu autant de succès en diplomatie que dans le domaine militaire et il revient sans avoir obtenu l’aide qu’il souhaitait.
Alors qu’il retourne en Europe, Hardy a rencontré Jon dans la forêt. Etant les deux seuls êtres humains à des kilomètres à la ronde, Hardy a emmené Jon dans la tribu indigène dirigée par Varnam. Il espérait que cette tribu adopterait l’enfant, mais cela se révèla impossible car cela aurait trop entamé les ressources alimentaires de la communauté. En revanche, dans la tribu, Hardy a appris que Jon a des pouvoirs mentaux et qu’il est recherché pour un meurtre dont il est innocent. Hardy est reparti avec l’enfant vers l’Europe.
Sibria
Le voyage en Sibria était épuisant pour l'homme et l’enfant. L'hiver précédent dans la tribu Tcham de Varnam au nord de l’Amériga, Jon et Hardy avaient préparé leurs vêtements en chassant des caribous dont la fourrure est bien épaisse. Maintenant, l’hiver approchait et ils s’étaient mis en route, vêtus de fourrures. Ils marchaient et encore marchaient en direction de la région Sibria du Moskovistan.
Tandis que Hardy le pressait de se dépêcher en râlant, Jon s'émerveillait de marcher en sécurité dans la forêt. Inconsciemment, il s’attendait à d’énorme difficultés avant le départ, peut-être, parce que Hardy pensait qu’emmener un enfant petit et chétif comme lui était quasiment impossible.
Au début du voyage, Jon était tout excité avant d'être transi par le froid. Il faisait de plus en plus froid. Alors qu’au départ, ils ne savaient pas quoi faire de leurs gants, vestes et pantalons de fourrure épaisse, ils étaient maintenant bien contents de les avoir conservés, et ils utilisaient désormais la tente de peau qu'ils avaient emportée au lieu de dormir à la belle étoile pour éviter de la monter. La neige commençait à être bien haute sur le sol. Alors, Hardy confectionna des raquettes en bois qui leur permirent de gagner du temps.
Deux mois plus tard, la neige déroulait ses vagues bleutées à l'infini sur la plaine. Jon avait l'impression qu'ils marchaient depuis des années tellement il avait froid et tellement il était fatigué. Devant lui, Hardy continuait inlassablement à marcher avec ses raquettes sur la grande plaine blanche et plate où rien n'arrêtait le regard.
Pour avoir déjà essayé, Jon savait que s'il s'arrêtait de marcher, Hardy ne l'attendrait pas. Il continuerait sans se retourner. Jon serait obligé de courir pour le rattraper et il se fatiguerait encore plus. Hardy l’emmenait dans son pays à contrecœur et il n’avait pas l’intention de le ménager.
Hardy se retourna et il le regarda progresser péniblement à une dizaine de mètres derrière lui. Il dissimulait soigneusement ce sentiment, mais il avait apprécié de ne pas être seul dans les grandes étendues glacées. Le gamin n’était pas un mauvais compagnon de voyage, il marchait à bonne allure malgré son jeune âge et il savait obéir quand il le fallait.
— Ça te dirait de dormir au chaud ce soir, demanda-t-il à Jon.
— Oui Hardy, répondit-il aussitôt.
— Là, dit Hardy en pointant son doigt vers un point noir à peine visible à l'horizon.
Jon plissa les yeux. Grâce à ses pouvoirs mentaux, il détecta une tente ronde en peaux avec un toit conique.
— Il doit y faire aussi froid que dans un igloo, marmonnat-il d'une voix déçue.
Ils avaient dormi dans des igloos pendant la plus grande partie du voyage.
— Alors tu peux te construire un igloo, lui dit Hardy d'une voix moqueuse.
— S'il te plaît, j’aimerais essayer la tente, si possible. Cela a l'air chauffé.
— Si tes capacités mentales ne posent pas de problèmes, tu pourras dormir dans la tente.
— Bien entendu, poursuivit Hardy, nous ferons comme chez les Tcham. Tu resteras derrière moi à notre arrivée. Je n'ai pas envie qu'ils se méfient de nous à cause de toi.
— Oui Hardy.
— Quelqu'un près de la tente a des capacités mentales de ton niveau, dit Jon étonné.
— Vraiment ? Eh bien ! Dépêchons-nous d’aller voir de qui il s’agit.
Ils repartirent, revigorés par la perspective d’une nouvelle rencontre avec un télépathe de bon niveau. Avant de comprendre que Jon était un télépathe d’un niveau extraordinaire qui devait rester à distance des gens à cause de ses capacités mentales, Hardy avait acquis un bon niveau mental en côtoyant l’enfant à quelques mètres. C’était dangereux. Lorsqu’un télépathe très puissant comme Jon côtoyait quelqu’un comme Hardy dont les capacités étaient nettement inférieures, le cerveau moins télépathe risquait de griller comme un appareil en surtension électrique.
Les deux voyageurs n'arrivèrent qu'en fin de journée près de la tente qui se révéla être la partie la plus exposée d'un village comptant une vingtaine de yourtes. C'était une tribu de Tchouks, l’un des peuples nomades de Sibria qui se déplaçait au rythme des migrations de son troupeau de rennes. Ces familles avaient un mode de vie traditionnel : ses membres dormaient dans des tentes en cuir et ils avaient des vêtements fabriqués quasi-exclusivement sur place en fourrure de rennes. Leur chaman avait des tatouages sur les mains qui allaient avec la fonction.
Les deux voyageurs furent accueillis par le chef, le chaman et quelques autres chefs de famille que Hardy connaissait parce qu’il les avait rencontrés dans une autre vie alors qu'il accompagnait son père diplomate dans la capitale du Moskovistan. Par chance, Akira le chaman parlait parfaitement anglais.
— Je parle anglais par obligation des soviets, dit-il devant la mine étonnée de Hardy. J’étais celui qu’on allait voir lorsque les Européens s’intéressaient aux peuples indigènes de Sibria.
Les Tchouks ne s'intéressèrent pas plus que ça à Jon lorsque Hardy le présenta. Seul Akira parut surpris, et cela pouvait être attribué aux pouvoirs considérables de l'enfant parce que c'était Akira le détenteur des pouvoirs mentaux que Jon avait détecté dans la tribu.
— Les deux étrangers ont des pouvoirs, alors ils dormiront dans ma tente, dit-il avec autorité.
— Ah bon, s’étonna le chef. Je croyais que seuls les chamans avaient des pouvoirs.
— Je le croyait aussi répondit le vieux chaman, mais il faut croire que c'est différent chez les étrangers.
— Jon m'a donné ce pouvoir, dit Hardy en le montrant. Il ne faut l'approcher que progressivement, de plus en plus près chaque semaine. Cela vous provoquera des migraines et des nausées si vous ne le faites pas. Chacun peut supporter quelques pouvoirs, mais avoir beaucoup de pouvoir n'est pas donné à tout le monde. C'est pourquoi je recommande à tous excepté Akira de rester au moins à quatre mètres de Jon.
— Tu as donc raison, dit le chef à Akira lorsque celui-ci lui eut traduit les paroles de Hardy. Les étrangers dormiront dans ta tente.
— Quand tu étais un enfant, tu es venu chez nous, mais tu n'avais pas de pouvoirs, demanda Akira parce qu’il se souvenait de la visite de Hardy avec son père plusieurs dizaines d’années auparavant.
— Non. Comme je l'ai dit, c'est en approchant progressivement de Jon que j'ai acquis ces pouvoirs. Cela aurait pu me rendre fou, mais j'ai simplement acquis un peu de pouvoirs qui n’empêcheront pas de m'approcher. Dès que j’ai connu les précautions à prendre, je les ai appliquées pour obtenir un niveau mental qui me permet d’approcher à la fois Jon et les nontélépathes.
Hardy et Jon restèrent quelques semaines avec la tribu Tchouk pour se reposer. Le lendemain de leur arrivée, les nomades tuèrent un renne. L'un des hommes prit un lasso, captura l'animal et l'égorgea au-dessus d'une grande bassine en bois. Les enfants du camp se précipitèrent pour boire le sang tout chaud. Jon les suivit, ravi de pouvoir manger cru au vu et au su de tous. En sus de ses pouvoirs mentaux, il gardait de son passage chez les criminels de la mafia Amérigaine l’obligation d’être carnivore.
— Vas-y gamin, régale-toi, lui dit Akira en souriant. Le sang frais est plein de vitamines. Pour une fois que nous recevons quelqu'un qui ne s'évanouit pas à la vue du sang !
Le régime carnivore de Jon et des indigènes Tchouks obligeait à manger de la viande crue pour avoir suffisamment de vitamines pour la bonne santé.
— C'est tellement bien chez vous, lui dit Jon après avoir bu. Je voudrais habiter chez vous tout le temps.
Hardy rit.
— Ce n'est pas possible maintenant, mais si ça le devient un jour, tu pourras aller vivre avec les Tchouks.
— Je ne veux pas le laisser. Ses dons mentaux pourraient nous être tellement utiles, pensa Hardy. Maintenant, nous avons passé la partie la plus difficile du voyage.
Jon suivit ces pensées et il se sentit de plus en plus accepté. Cet aperçu mental fut tellement inhabituel et insoupçonné pour lui qu'il eut un sourire béat. Akira avait saisi l'atmosphère de cet échange sans en saisir le sens parce que Hardy et Jon étaient devenus très proches et c'est ce qui permettait ces conversations malgré la faiblesse du don de Hardy.
— Je serais heureux d'accueillir un apprenti aussi bien pourvu en pouvoirs dit Akira. D'ailleurs, j'aimerais l’initier dans le domaine mental, même si vous ne restez que quelques jours... Si tu le permets Hardy.
— Je pense qu'une formation complémentaire à celle qu’il a reçue chez les Tchams ne serait pas superflue, répondit Hardy. Jon est tellement puissant. D'ailleurs si vous aviez quelques informations sur ces pouvoirs mentaux, ce serait bien pour moi aussi.
Les jours suivants furent bien occupés pour Jon. Il s'entraînait avec Akira à toutes sortes de techniques mentales : projections mentales pour regarder ce qui se passait plus loin, lecture de pensées, ... Hardy exerçait aussi ses capacités mentales fraîchement acquises.
Au troisième jour de leur séjour chez les Tchouks, Akira fronça les sourcils.
— Tu as été programmé pourquoi, demanda-t-il à Jon.
— P... Programmé, balbutia l’enfant surpris.
— Oui. Tu as des traces de programmation effacées dans ta tête.
— J... Je ne sais pas.
— Vraiment, demanda le chaman.
— Je ne me souviens… Je ne me souviens plus de ce qui m’est arrivé quand j’étais petit parce que … Euh, on m’a toqué la tête contre un mur, dit avec effort Jon en luttant contre le souvenir atroce.
Une créature démoniaque lui avait pris les pieds et avait cogné sa tête contre tous les murs de la pièce. Elle avait ensuite tiré à bout portant sur la mère de Jon et elle avait laissé là l’enfant en le croyant mort. C’était un drame dont Jon peinait encore à se remettre malgré sa grande résistance.
Á la fin de leur séjour chez lui, le chaman était toujours fasciné par les pouvoirs mentaux de Jon.
— Je n'ai jamais vu un pouvoir aussi concentré, répétait-il sans arrêt.
Il avait fait mieux connaissance avec Hardy. Celui-ci lui avait raconté son histoire et ses espoirs.
— Ce voyage renforce le lien qui s'est formé entre Jon et toi. Ça te permettra de mieux contrôler ton petit gangster, dit Akira à Hardy avant de leur souhaiter un bon voyage.
Quelques semaines plus tard, Hardy et Jon marchaient l'un derrière l'autre sur une grande plaine couverte d'herbe bien verte en ce début de printemps. C’était un paysage désolé que les humains avaient quitté pour aller vers les grandes villes. La plaine était coupée de courte haies qui s'étaient élargies au fur et à mesure que les champs qu'ils bordaient n'étaient plus cultivés. Il y avait aussi des villages inhabités, en ruines, où ils faisaient halte pour la nuit parce qu’ils y trouvaient toujours un bâtiment mieux préservé que les autres qui pouvait les abriter de la pluie.
Ils marchèrent encore un mois en allant vers le sud et la chaleur. La grande plaine couverte d'herbes fit place à une vaste plaine de broussailles où Hardy et Jon se frayaient un chemin avec une machette trouvée dans une maison abandonnée et à moitié inondée en bordure d'un marécage. Soudain la forêt de broussailles qu'ils traversaient s’interrompit et un lac rond immense apparut sous le regard interloqué de Hardy.
— Mais ? La carte n’indique pas de lac à cet endroit.
— C'est très profond, dit Jon. J'ai du mal à en sentir le fond avec mon sens mental.
— La traversée semble hasardeuse, dit Hardy. Le centre est très agité. Nous devons le contourner. Je n'arrive pas à voir l'autre côté tellement c'est grand. Peux-tu le percevoir avec ton don, Jon ?
— Par-là, dit Jon en désignant le sud-ouest, des gens vivent dans des cabanes en carton.
Ensuite il désigna le nord-ouest.
— Par-là, je sens un autre lac rond.
— De mieux en mieux, s’exclama Hardy ironiquement. Un autre lac et une ville qui ressemble à un camp de Migrants. Tout ce que je m’attendais à trouver à cet endroit, termina-t-il en faisant un clin d’œil à Jon.
Quelques jours plus tard, ils atteignirent le camp de migrants. C'étaient tous des Africains apparemment. Comme le camp d’Erevan visité par Hardy au début de son voyage vers l’Amériga, le centre du camp était un petit bourg constitué de maisons plus solides en bois et en pierres tandis que le pourtour était composé de cabanes. Les habitants regardèrent l’homme et l’enfant approcher avec méfiance.
— Dobreya utra, les salua un petit homme rabougri en utilisant la langue Moskov.
— Parlez-vous Français, demanda Hardy.
L'homme le regarda d'un air hésitant puis son regard s'éclaira.
— Je parle Français, dit-il joyeusement en français.
— Ah, s’exclama Hardy. Pouvez-vous me renseigner ? Est-ce qu'on peut aller vers l'ouest ?
— Vous... vous venez de l'est ?
Le ton était redevenu méfiant.
— Du nord-est. Nous avons fait presque tout le tour du lac. Pourquoi ?
— Alors peut-être qu'en partant vers le nord, on pourrait aller vers l'est ?
— Oui assurément. Pourquoi voulez-vous aller vers l'est ?
— Pour trouver de nouvelles terres à cultiver. Nous avons faim et le gouvernement nous promet que si nous nous installons à l'est, il nous donnera des terres.
— Et à l'ouest, on peut passer ? Je rentre chez moi en allant vers la mer noire.
— Si tu vas au sud-ouest, il n'y a pas de lac pour l'instant.
— Pour l'instant ? Comment se forment-ils ?
— C'est lorsque les régions qui sont gelées en permanence dégèlent, il y a des endroits constitués uniquement d'eau et lorsqu’ils dégèlent cela forme un lac.
Cela faisait du bien à Hardy de parler à d’autre personnes que Jon. Hardy passa la soirée avec les migrants. Hormis les nouvelles locales, ils n’avaient pas d’autres informations. Ensuite, nos deux voyageurs s’écartèrent pour camper à cause des pouvoirs mentaux de l’enfant. Ils repartirent au petit matin.
Progressivement, les arbres disparaissaient du paysage. Juste après le camp de migrants les clairières devinrent de plus en plus grandes, couvertes d'herbe courte. Puis, un jour, ils s'aperçurent qu'ils n'étaient plus dans la forêt, mais dans une plaine herbeuse, déserte, coupée de zones boisées. Ils avaient raté la petite ferme isolée qui avait accueilli Hardy à l'aller.
En une quinzaine de jours, les zones boisées disparurent et Hardy retrouva la grande plaine semi-désertique où il avait laissé les nomades. Ils passèrent de campement en campement jusqu'à retrouver celui qui avait accueilli Hardy plus d'un an auparavant.
Avec des gestes et les mots qu’il avait appris, il demanda de leurs nouvelles.
— Quand repartez-vous, demanda-t-il.
Hardy comprit la réponse dans l'esprit de l'homme plus que par ses mots ou ses gestes.
— Dans trois jours. Par contre, il n'y a plus assez d'herbe dans le sud, alors nous irons vers l'ouest cette fois.
— Oh ! Ça tombe bien. Nous allons vers l'ouest, nous aussi.
— Alors venez avec nous. Nous vous trouverons des chevaux si vous n’en avez plus.
La fête qui précéda le départ fascina Jon. Les concours de lutte, les courses de chevaux, le jeu de football à dos de chevaux avec le ballon en peau de chèvre. Tous les concours auxquels ils assistèrent le passionnèrent sans qu'il soit rebuté par la violence de certaines parties. La séance d'abattage de la chèvre avant la partie de foot-horse le passionna autant que les enfants du camp. Il avait du mal à respecter la distance nécessaire pour éviter l'exposition brutale des nomades à ses puissants pouvoirs mentaux.
Quelques semaines plus tard, Ils arrivèrent sur le territoire gouverné par Hardy. Jon le vit au nombre de personnes qui venaient le voir. C'était un homme important, chacun lui demandait son avis.
Jon était saisi d'angoisse lorsqu'il y pensait. Il s'apercevait que Hardy ne serait pas le père quasiment fusionnel dont il rêvait. Il avait envie de quelqu’un de bienveillant qui le guiderait et Hardy n'aurait que très peu de temps à lui consacrer. Il en venait à regretter leur intimité pendant leur longue et froide traversée du grand désert blanc, même si cela avait été épuisant.
Quelques mois plus tard, l’ex-président Hardy et Jon arrivèrent au village de Starkerwald dans le centre de l’Europe. Hardy eut à peine le temps de serrer sa femme Véga dans ses bras parce qu’elle partait examiner le vaisseau Bijizé. Il n'eut pas le temps d'expliquer le résultat de ses demandes en Amériga.
— Nous n'aurons pas d'aide, dit-il seulement.
Puis, il présenta l’enfant.
— Il s'appelle Jon, il peut lire dans les pensées et déplacer des objets, mais il ne faut pas trop l'approcher parce qu’il émet des ondes mentales destructrices pour ceux qui n'ont aucun don.
Europe, Région de Sarre
Le général Karols était Polonais et l’un des artisans de la libération de l’est Européen. Il travaillait à la reconquête des plus gros points de fixation des Bijizés. Il se tenait avec Hardy, Epsilon et plusieurs autres soldats sur les collines surplombant ce grand fleuve qu'on appelait l'Elba. Ils regardaient des collines plus basses en bordure du fleuve.
— Des collines, pensa l’ex-président Hardy. Des îles plutôt ! Des îles au milieu d’une inondation.
Une île en particulier retenait leur attention. Elle avait l’air d’être un bloc unique de roche noire criblée de trous de la taille d’un bol. Elle était de forme oblongue et arrondie comme le dos d’une baleine géante, longue d’une centaine de mètre. Cette fausse baleine était surmontée par des silhouettes réfugiées au-dessus. Ils savaient que c’était le vaisseau inter planétaire des Bijizés, ces extraterrestres humanoïdes avec une petite queue et un nez crochu qui avaient exterminé la plus grande partie de la population européenne.
— Ils restent là ? Ils ne cherchent pas à se sauver, demanda le général Karols à Stanislaw, l’éclaireur issu de sa compagnie.
— Je pense que certains ont essayé, j’ai vu des bateaux et des cadavres un peu plus loin.
— Je pense qu’il faudrait les faire prisonniers. En même temps, nous pourrions inspecter le vaisseau extérieurement, dit le général Karols.
— C’est très audacieux. Ils pourraient sans doute appeler des hélicoptères et nous surprendre. C'est un site important ici, dit l’ex-général Hardy qui avait vu beaucoup de ces appareils en région Parisienne parce que cette métropole était le plus important site colonisé par les Bijizés.
Hardy était l’ancien général de la compagnie des tunnels venue de Francia. Cette compagnie avait fusionné avec la compagnie Polonaise dirigée par Karols au départ de Hardy pour l’Amériga.
— J’aurais pensé que tous les hélicoptères avaient été garé à proximité du vaisseau, intervint Stanislaw un éclaireur Polonais. Lorsque j’ai fait une reconnaissance dans la région, il y a deux ans, c’était le cas, mais aujourd’hui ils n’y sont plus.
— Je pense que les hélicoptères sont un risque à prendre, dit le général Karols péremptoire. Cette inondation est une occasion inespérée d’en savoir plus sur les Bijizés et leur vaisseau, si Dieu est avec nous.
Ils contemplèrent encore le vaisseau en silence.
— Retournons à la base. Il faudra essayer de déterminer ce qu'ils vont faire maintenant que leur vaisseau est fichu, dit le général Karols. C'est même peut-être possible d’y entrer s’il n’est pas inondé et s'ils n'ont pas fermé les portes.
— C'est possible qu’il soit plein d’eau mais je n'y crois pas, répondit Hardy. S'il a traversé l'espace, ce vaisseau doit être complètement étanche avec des systèmes de sécurité qui préservent les passagers du vide et de l’inondation. C'est sûrement les retardataires qui sont sur le vaisseau, ceux qui n’ont pas pu entrer avant que tout soit bouclé. Je pense qu'ils étaient beaucoup plus nombreux sur ce site.
Véga était une superbe brune de vingt-six ans au visage sculptural. Mère de quatre enfants, c’était la femme de Hardy. Elle était également responsable de la gestion des communicateurs Bijizés saisis lors de l’assaut de leurs forteresses. Comme les envahisseurs n’étaient pas au courant de cette prise, des opérateurs pouvaient écouter leurs communications sans qu’ils le sachent. Véga prit la parole.
— De toute façon, nous saurons vite quelle est la situation en écoutant les communicateurs, dit-elle.
L’équipe des communicateurs la plus proche avait informé que les extraterrestres avaient reçu l’ordre d’abandonner le vaisseau.
— J’aimerais profiter de la situation pour l’explorer, ordonna le général Karols. Quelques commandos vont remonter à pied le long de la rivière. Ensuite, ils prendront un bateau pour redescendre dans le courant pour canarder les Bijizés sur le vaisseau et prendre des photos. Enfin, si aucun ennemi n’est détecté, un deuxième canot abordera le vaisseau. Ce seront des missions dangereuses où je n’enverrai que des volontaires.
— Tout est sans doute verrouillé de l'intérieur, alors nous ne verrons peut-être rien d'intéressant, pensa Epsilon lors de la préparation de la deuxième mission.
Les trois éclaireurs de la compagnie unifiée, Epsilon, Erich et Stanislaw voulaient monter dans le second canot par esprit d'aventure. Le général Karols choisit Epsilon qui pourrait aussi diriger l’opération. Ensuite, le général choisit les plus motivés comme commandos pour le premier et le deuxième canot parce que presque tous les soldats s'étaient portés volontaires.
— Votre objectif est de neutraliser les défenses pour trouver un moyen de pénétrer à l'intérieur du vaisseau, dit le général aux commandos du premier canot.