Judith Winchester et le passage des temps - Julie Michaud - E-Book

Judith Winchester et le passage des temps E-Book

Julie Michaud

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Beschreibung

Alors qu'elle tente de contrôler ses pouvoirs ténébreux et qu'elle se prépare à une nouvelle bataille, Judith découvre des nouvelles informations sur la mort de ses parents... ​​Judith est encore souffrante, ses maux de tête lui ôtent toute énergie et les ténèbres s'immiscent petit à petit dans son esprit. William Volmard a une dette envers Judith, elle essaie de le convaincre de l'aider à maîtriser son côté noir, qui lui fait peur. Elle a peu de temps, Mathias a volé le corps d'Hugo, qui espère avoir assez d'énergie pour ramener Sombro.
Sur Natoum, Judtih découvre une nouvelle prophétie du livre de Glamtorux, qu'elle doit garder secrète. Elle se prépare à cette nouvelle bataille, mais Perfide a pris la décision de sortir Judith de sa souffrance et la renvoie dans le passé. Que va-t-elle découvrir ? Que savent réellement ses parents ?
La prophétie se précise, et Judith est convoquée au procès du meurtrier de ses parents. Leur mort reste une souffrance insurmontable pour elle, Judith décide sans en avertir personne de tenter de les sauver. Y réussira-t-elle et à quel prix ?

Plongez-vous dans le cinquième tome des aventures de Judith, avec cette saga fantastique aux personnages attachants, emplie d'action et de suspense !

EXTRAIT

Le jour s’est finalement levé et la matinée s’est déroulée ainsi que l’après-midi sans que mon esprit retrouve une stabilité.
« Pourquoi Mathias a-t-il volé le corps de Hugo ? » demandais-je à Chanax.
« Rappelle-toi de ce que Perfide a dit, il pensait qu’une fois que les trois descendants purs seraient réunis alors Mathias aurait assez d’énergie pour ramener Sombro ! »
« Oui, mais on en a déduit qu’il ne pourrait pas faire cela puisque Hugo est mort! Son corps n’a plus de pouvoir noir, il ne peut pas être utile! »
« Mais il a forcément besoin de son corps pour quelque chose et on sait que son premier plan est de ramener son maître alors ce serait l’une des premières idées logiques. »
Je suis frustrée, je n’aime pas rester dans l’ignorance.
« Qu’est-ce qu’il peut bien tramer?»

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À propos du tome 1

Judith est une héroïne à laquelle on s'attache beaucoup et son évolution au cours du livre est exaltante. J'ai hâte de lire la suite ! - Alakta,  Booknode
Dès les premières pages, j'ai accroché au personnage de Judith. Je considère ce livre comme une pépite. Le livre est vraiment addictif, plus je lisais plus j'avais envie de le lire - Toutisse,  Booknode

Pour les fans de fantastique ce livre est un vrai bijou. Une vraie petite pépite. - Bookdream_litteraireBooknode

Le suspense est là et j’avoue que la fin me donne une envie folle de retourner sur Wanouk ! - emmaelys,   Booknode

À propos du tome 2

Cette saga est un coup de cœur magnifique, je pense que vous l'avez compris. CE livre est juste waouh. Accrochez-vous à ce que vous pouvez car vous allez faire un voyage sans aucune chance de retour. - Blog Bookdream

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née en 1991 dans une famille de pépiniéristes, Julie Michaud est bercée depuis sa plus tendre enfance dans la nature et les plantes. Passionnée par la magie et la littérature de l’imaginaire, elle-même fleuriste, elle a su combiner ses intérêts pour donner naissance à la saga de Judith Winchester, dont le premier tome a connu un véritable succès.

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JudithWinchester

et le passage destemps

Publishroom

www.publishroom.com

ISBN : 979-10-236-1420-6

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Julie Michaud

JudithWinchester

et le passage destemps

En grandissant, tu devras faire face à de nombreux obstacles. Fais de ton mieux pour les surmonter. Vivre ce n’est pas attendre que l’orage passe, c’est apprendre à danser sous la pluie. Tu connaîtras de mauvais jours, mais cherche toujours à voir le bon côté des choses. Ris, aime, vis, suis tes rêves, crois en toi et vise grand. Je serai toujours à tes côtés.Parce qu’après l’orage arrivent toujours de magnifiques éclaircies et toi, tu es la plus belle d’entre elles.

– Avec tout mon amour, ta maman.

Prologue

L’amour est un sentiment que l’on recherche tous. Ce n’est pas nouveau ! Ça date de la nuit des temps. On recherche tous cette impression de bien-être qui vous rend léger. On a tous envie de trouver une personne avec qui partager les mêmes envies, les mêmes désirs, la même frénésie.

L’homme cherche depuis sa création sa moitié à croire qu’à la création de l’univers on nous a privés injustement d’une partie de notreâme.

Malheureusement l’amour est un sentiment qui parfois n’est pas réciproque ou qui peut se multiplier et se donner à différentes personnes.

Beaucoup de drames sont liés à des passions non partagées. Un homme amoureux déplacerait les montagnes pour celle qu’ilaime.

Mais l’homme est également capable des pires bassesses pour protéger ce sentiment enivrant. Beaucoup de noirceur naît de ce profond désir qu’est l’amour.

Je n’ai pas échappé à cette règle.

– Sombro !

J’interpelle mon frère alors qu’il parvient à l’embarcation qui nous amène à l’île principale où sont placés les camps des indigènes.

Je sais très bien où il se rend, mais lui ignore que je suis au courant.

Je l’ai suivi depuis des mois et à chaque fois je l’ai observé passer des moments avec Mirana.

Je me suis méfié de cette fille dès le début, mais en les espionnant tous les deux, je me suis rendu compte que j’étais tout aussi captivé et attiré par cette silhouette gracile aux yeux limpides.

Mon frère se retourne vers moi. Du haut de ses 19 printemps, il a une silhouette élégante, mais frêle. Mon aîné n’a pas ma carrure musclée, mais il a tout autant de charme. Ses cheveux noirs sont épais et aussi attirants que ses pupilles sombres qui attirent tout regard. Ses traits fins sont identiques à ceux de mère, mais ses expressions fières et sûres sont celles depère.

– Qui y a-t-il petit frère ?

J’aime quand il est possessif envers moi. J’ai beau avoir 16 ans, je sais qu’il souhaite juste me protéger et montrer à quiconque qu’il est là s’il y a le moindre problème.

Je me rapproche de l’embarcation et lui lance :

– Père a besoin de ton aide pour la chasse !

– Je dois allez sur les terres, il y a du forage à faire. Tu peux te charger de la chassenon ?

– Bien sûr, mais père se plaint de ne plus te voir. Il est vrai que dernièrement on ne te voit plus beaucoup. Que vas-tu faire avec les indigènes ? Tu comptes t’installer là-bas ?

Sombro se ferme aussitôt et réplique :

– Je viens de te le dire ! J’aide au forage !

– Je peux m’en charger à ta place si tu le souhaites, mais tu sais que père n’apprécie pas que l’on ne respecte pas ses désirs.

Sombro passe sa main dans ses cheveux et marmonne :

– 0k j’yvais.

Je le regarde disparaître dans la végétation, de toute évidence frustré. Je saute dans l’embarcation et décide de me lancer avant qu’il ne découvre mon mensonge.

Père va partir à la chasse, mais il n’a pas spécialement demandé mon frère pour l’aider. Cependant j’avais besoin d’une diversion pour m’approcher au plus près de Mirana. Et malgré tout l’amour que je porte à mon aîné, je sais pertinemment qu’il ne m’aurait pas laissé faire.

L’amour est facilement reconnaissable. Il vous fait retourner en enfance quand votre mère vous faisait sentir que vous étiez le centre de son univers. On ne réfléchit plus quand il vous envahit. Les choix que l’on fait par amour sont très souvent dictés par l’instinct et les impulsions. Voilà pourquoi il est très dangereux, car il met en danger des bases solides. Certains hommes l’utiliseront pour manipuler, escroquer et là, la douleur ressentie par celui qui s’est fait duper peut être énorme. Les drames qui en ressortent peuvent être catastrophiques. Mais quand on ne se rend pas compte de la supercherie que l’on joue nous même les choses se compliquent.

Elle attend sur la même plage qu’habituellement.

C’est devenu leur lieu de rencontre.

Elle est assise sur le sable et observe les vagues se fracasser sur les bas-fonds avec brutalités. Le vent s’engouffre dans les légères mèches de ses cheveux qui ne sont pas tressés et sa peau dorée par le soleil semble briller avec les rayons de l’après-midi.

Je la détaille pendant de longues minutes avant de prendre mon courage à deux mains et de sauter sur le sable dans sondos.

Bien que ça fasse plusieurs mois qu’ils se rencontrent avec Sombro, je ne les ai jamais vus se rapprocher plus que deux amis peuvent le faire. Je me suis surpris à aimer le son de son rire quand mon frère l’amuse et à observer le moindre détail de son visage quand elle sourit.

Je me rapproche avec souplesse d’elle. Elle met quelques minutes de plus à sentir ma présence. Elle se retourne le regard brillant et le sourire aux lèvres en s’attendant à voir son ami, mais elle perd toute sa contenance quand elle aperçoit ma forte stature à deux mètres d’elle.

Un pincement au cœur me survient alors et je me plonge que plus dans ses pupilles aussi transparentes qu’un cours d’eau. Le bleu pâle qui se profile en profondeur est sublime et attirant. Malgré la forte stupeur et panique qui règnent sur ses beaux yeux et qui se propagent sur son visage, elle parvient à balbutier d’une voix douce et mélodieuse :

–Mr Chanax ! Bonjour, je… je ne m’attendais pas à vous voir ici…je…

Je ne me suis jamais trouvé aussi près d’elle. Elle dégage un parfum doux et sucré comme les fleurs de tiaré qui se trouve en hauteur des montagnes de l’île. Je reste impassible et ne laisse transparaître aucune émotion quand je lui réponds :

– Oui je le sais Mirana !

– Oh vous connaissez mon nom Monsieur ?

Sa surprise est aussi grande que sa frayeur et je n’aime pas avoir l’impression d’être l’origine de sa panique alors que Sombro arrive à la faire rire aux éclats.

– Je sais que tu devais retrouver mon frère, mais il a été retenu !

– Oh je… euh… entendu monsieur… jeeuh…

Son malaise s’accroît. Que croit-elle ? Que je vais la tuer ?

– Appelle-moi Chanax ! Juste Chanax !

– Mais Monsieur vous êtes l’une de nos divinitésje…

– Non Mirana ! C’est ce que ton peuple veut que je sois, mais je ne suis qu’un humain comme les autres !

Elle lève les yeux vers moi et plonge ses iris dans les miens, comme pour savoir si je dis bien la vérité et cette fois sans me quitter des yeux elle marmonne :

– Sauf votre respect Monsieur, un simple humain ne possède pas autant de capacité que les vôtre.

Je souris et luidis :

– Je sais contrôler le feu Mirana, mais je suis bien plus médiocre quand il s’agit de pêche et je sais que toi tu es réputée pour tes qualités à pourchasser et à ramener du poisson des hauts fonds. Et pourtant ma douce je t’assure que je ne te considère pas comme l’une de mes divinités!

Elle me dévisage que plus et je me permets de lui donner un tendre sourire ce qui a pour réaction de la détendre et de voir son visage s’éclairer d’amusement. Un nouveau pincement semble se faire sentir au fond de mon estomac.

– Tu veux bien me montrer comment tu fais pour ne pas te noyer ?

Elle me sourit de nouveau et d’une petite voix me demande :

– À la condition que vous m’appreniez comment faire unfeu !

Je ris aux éclats et lui fais signe de me suivre vers lamer.

L’amour peut être enivrant, mais il peut également être destructeur. Destructeur sous pas mal de formes. Il peut vous conduire à être cachotier, trompeur et également peut mettre en péril d’autre genre d’amour. Il peut mettre en doute l’amour fraternel, l’amour des liens dusang.

Alors méfiez-vous de ce sentiment enivrant. Méfiez-vous de ce que les gens peuvent faire par amour. De ce que vos proches sont prêts à endurer et à effectuer pour protéger ceux qu’ils aiment.

J’en ai fait l’amère expérience et vu ce que l’avenir réserve j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à subir ce genre de trahison, ce genre de douleur qui amène bien plus loin dans les bas-fonds de l’être humain.

L’amour est-il vraiment un lien magique ? Beaucoup y croient, car il emmène des étoiles dans les yeux et peut également être si sublime que la plus douce des magies ne l’imitera même pas. Mais pourtant ma magie n’a pas suffi à rectifier les erreurs du passé et je doute que la magie de Judith puisse l’aider dans ce qui va arriver.

Chapitre 1

La tombe de marbreblanc

La lumière du jour donne aux lieux un aspect si fascinant et fantastique que ça en est très troublant. Le ciel est encore bleu, mais pourtant derrière les îlots les énormes nuages gris et menaçants qui s’avancent vers moi n’ont rien de rassurant. Le soleil matinal n’arrivera pas à les faire fuir avant de longues heures.

Assise sur le sable doux et tiède de la Trinite, j’observe les eaux turquoise de Wanouk qui déposent ses vaguelettes sur la plage.

Les oiseaux sifflent et le vent doux et léger semble vouloir me donner un semblant de réconfort. Pourtant il n’y a rien à y faire. Même, Loupo qui gambade derrière moi pour vérifier que personne ne nous dérange, semble aussi déconcerté par mon manque d’optimiste quemoi.

Je n’ai même pas envie de méditer, j’ai besoin de remettre de l’ordre dans mes esprits. Depuis plusieurs jours, il y a beaucoup trop de choses qui se mettent en place. C’est frustrant et c’est l’une des premières fois où je me sens si en retard sur mon ennemi. Qu’est-ce que Mathias peut bien chercher ?

Je ressens un frisson sur ma nuque glaciale à cette simple idée. Pourquoi moi-même ai-je tant changé de route. Je garde toujours ce même objectif, détruire et combattre le mal, les ténèbres, Sombro et Mathias. C’est l’étoile à décrocher, mais pourtant je sais mieux que personne que je pars dans une direction où il vaut vraiment mieux marcher sur desœufs.

Mais je sais que je n’ai pas le choix. Depuis que Peter a décidé de prendre son envol, je me sens plus menacé par ma partie noire. Tout peut me faire basculer et je le sais. Alors il faut que j’apprenne à contrôler mes dons et pour ça j’ai besoin d’un maître et seul un ténébreux peut le faire. Un ténébreux qui a une dette envers moi ! Car ce qui est certain c’est que Tom, mon oncle, qui nous entraîne ne m’aidera pas à manipuler ce côté-là et encore moins mes amis. Le plus pessimiste à cette idée sera sans doute Cédric, car jamais il n’acceptera l’idée que je tente de contrôler ce côté « incontrôlable ».

Il faut pourtant que je tente la chose !

« Cédric t’avait pourtant demandé de lui promettre de ne jamais retenter le coup! » marmonne Chanax.

«  Il me l’a demandé c’est vrai, mais je n’ai pas eu le temps de lui promettre, car Tom a débarqué avant pour me ramener à l’hôtel, tu te souviens? »

«  Ouais, mais je ne pense pas que lui voit les choses de la même manière »

«  Mais tu sais très bien que je dois apprendre à me contrô-ler sinon je serais toujours à la traîne et je pourrais basculer d’un moment à l’autre. Comment faire si je ne réussis pas à me contrôler? Je risque plus gros à rester sans rien faire quand tentant de m’entraîner. »

« Oui tu as sens doute raison, mais la simple idée que tu puisses contrôler les pouvoirs de mon frère aussi bien que les miens me rend mal à l’aise et franchement en colère. Mais je dois bien admettre que je sais très bien que nous sommes faibles face aux ténèbres. »

Il a raison et c’est pour ça que j’ai décidé de retrouver William Volmard, il est certes répugnant, mais je lui ai sauvé la vie. Il me doit une dette alors autant s’en servir. Après tout, même si je ne lui fais pas confiance, j’espère qu’il aura au moins le bon sens de payer sondû.

Mais j’ai peut-être cru un peu trop aux bonnes grâces de cet abruti.

Je l’ai retrouvé en Alaska et j’ai pas pu y rester bien longtemps, car Cédric m’a glacé le sang un peu plus en m’informant que Mathias avait réussi à voler bien plus qu’une simple babiole pour arriver à ses fins. Jamais j’aurais pu imaginer qu’il prenne ça et pourtant…

Mes amis n’ont rien pu éviter, malgré le rêve que j’ai fait, ils sont arrivés troptard.

Mathias a envoyé un tout nouveau sbire sur Wanouk, quelqu’un que la nature connaissait et j’ignore encore qui c’est. Et puis est-ce que je le connais ? Après tout, Wanouk a quand même pas mal d’habitués et je ne les côtoie pastous.

Je ne me suis pas joint à eux pour bloquer les tentatives de ce monstre. Je devais canaliser ma rage encore assez haute pour ne pas basculer et risquer de se confronter à Mathias était trop suicidaire pourmoi.

Volmard était donc le seul à pouvoir m’aider. C’était peut-être stupide, mais je n’avais pas le choix. C’est le seul que je voyais capable de le faire sans poser de questions ou du moins sans me faire aucun reproche sur mon côté noir. Car un ténébreux comme William n’ira pas répéter à mes amis, à mon oncle ou même à mon double ce que j’entreprends dans leur dos. Et le fait qu’ils le croient tous mort est pour une fois un mensonge utile pour mes projets.

Pourtant la nouvelle que Cédric m’a annoncée m’a donnée mal à la tête et la peur est montée d’uncran.

Je me suis retournée vers Will qui continuait de rire des propos que je lui ai annoncés.

– Tu veux que je te forme ? Eh bien Winchester tu as de l’humour !

Mais je ne lui ai pas répondu et je n’ai pas suivi son rire non plus. Ses yeux noirs sont glaciaux et ses cheveux pétrole qui lui tombent dans son dos en une cascade grasse lui donne un air plus jeune. Pourtant j’imagine qu’il doit approcher de la trentaine, mais je ne le crains pas pour autant. Il est certes peut-être agile, assez rapide, mais il est également assez con pour se faire tuer par Mathias. Car si je n’avais pas été là, c’est ce qui se serait passé. Mathias a tué son frère et heureusement pour Will, j’ai réussi à le sortir de ses griffes justes à temps. Sa reconnaissance n’a pas été celle dont j’espérais, mais quoi qu’il en soit aujourd’hui c’est le seul que je crois assez doué dans ses caractères sombres pour m’aider à faire ce que je souhaite. Car ce qui est certain c’est que William Volmard a été imposant dans ce qu’il entreprenait pour avoir réussi à mettre sous sa coupe pas mal de monde sous la menace d’une mort certaine.

– Tu te fous de moi n’est-ce pas ? reprend-il d’une voix glaciale avec un sourire narquois.

Je lui réponds d’une voix certaine et forte de conviction :

– Non ! Absolumentpas.

William perd son sourire et me fixant il me lance sans me lâcher du regard :

– Winchester, je n’ai rien à t’apprendre sur ton côté noir, d’après ce qu’on m’a dit tes prouesses sont assez… comment dire… meurtrières !

J’avale de travers, mais réponds :

– Je veux contrôler cette partie afin qu’elle reste enfouie au fond de moi à ma demande. Au jour d’aujourd’hui je ne contrôle pas cela. Ma colère peut la faire ressurgir et cela me porte défaut. Je veux apprendre à me servir de mes capacités noires mais à ma demande. Je veux tout comprendre et contrôler. Et seul un ténébreux peut m’expliquer les bases et ses savoirs.

– Et pourquoi j’accepterais ?

Le blizzard me saisit de nouveau comme une pluie de poignard sur ma peau, mais je réplique :

– Parce que même si tu es un ténébreux, je me disais que tu aurais un certain code d’honneur. Je t’ai sauvé la vie ! Tu me dois cette faveur !

Will me regarde et lance :

– Les ténébreux sont plus complexes que ça et tu le sais n’est-cepas ?

Je ne réponds pas, il commence déjà à m’agacer et on m’attend.

– Je n’ai pas le temps, je dois partir alors il me faut ta réponse !

– Je ne te la donnerais pas maintenant Winchester ! Car je n’ai pas encore choisi ce que j’allais faire, car quoiqu’il en soit ça en est pas moins intéressant dans les deux cas. Soit, je t’aide à contrôler tes pouvoirs noirs soit je te laisse dans le pétrin et qu’importe mon choix, le final reviendra au même point. Tu auras les ténèbres en toi, reste à savoir si tu seras capable ou non de te contrôler !

De toute évidence je l’amuse. Je sais pertinemment que je n’aurais pas de réponse alors je claque des doigts et place les paumes de mes mains vers le sol. Les lianes finissent par percer la glace et me saisissent les chevilles. La neige me brûle la peau, mais je continue de fixer l’homme que j’ai devant moi. Mais je n’avais pas prévu que William Volmard réagirait de la même manière. Je comprends ses intentions bien trop tard, mais jamais je ne me serais doutée qu’il aurait eu l’idée saugrenue de réagir de la même manière.

La dernière fois que j’ai quitté Will, c’était exactement dans le même contexte.

La nature m’a pratiquement fait disparaître. J’ai le torse et les mains sous la glace. Il s’agenouille devant moi avec toujours ce regard perçant et ce sourire ironique. Il claque des doigts et devant mon regard horrifié apparaît soudain un petit canif noir. Ça, c’est pas bon signe !

– Jolie Winchester, ta présence me ravit. Laisse-moi penser à cette possibilité de toi et moi dans de folle étreinte sombre et quand j’aurais décidé que faire, je viendrais te trouver !

Le canif est très rapide, mais l’entaille que sent, brûler mon cou exactement au même endroit que celle qu’il m’a faite quelques mois plus tôt, fait grimper ma colère un peu plus. Et avant de disparaître sous la glace mes yeux rouges me permettent de lui brûler la main qui tient l’arme. Les flammes lui brûlent la peau et je vois Will grimacer de douleur en lâchant son arme sur la glace qui disparaît aussitôt.

« Espèce de sale c... »

«  J’aurais dû me méfier! marmonné-je. »

«  Tout cela pour rien! »

Je serre les poings et je réplique:

«  Je trouverais une solution! »

Je suis déposée sur un sol que je reconnais facilement. Ou du moins c’est plutôt la température que je reconnais. Le froid glacial de l’Alaska a disparu pour laisser place à une température bien plus chaude et lourde. L’humidité est beaucoup plus conséquente. Ma peau reprend une chaleur douce, mais pourtant ma nuque continue de me brûler. Je sais pourquoi, toutes mes rancœurs et cette douleur d’avoir perdu Peter n’ont pas encore eu le temps de s’apaiser et curieusement, je suis persuadée qu’elles ne disparaîtront pas comme ça. Garder une telle pression sur ma nuque indéfiniment ne m’enchantepas.

La lune est pleine et sa lumière éclaire le ciel et ses étoiles ainsi que les alentours. J’ai atterri dans un bosquet d’arbre. Je suis en bordure de la forêt, près du cimetière de Wanouk. La nature m’a déposé exactement là où on a besoin de moi. Le petit cimetière est légèrement en retrait de la ville sur une colline un peu plus haut. Il est entouré par un muret de vieille pierre. On y entre par un portail de fer forgé blanc. Les hautes herbes m’arrivent jusqu’aux genoux.

Je mets mes sens en éveil en me massant le cou et en sentant le sang couler sur mes doigts. L’odeur âcre du liquide chaud et poisseux attise mes sens sombres, mais je passe au-dessus.

– Quel con ! craché-je plus pour moi-même qu’autre chose.

Je n’ai pas le temps de m’attarder plus, car mes sens m’apprennent plusieurs choses. Mes oreilles me confirment que mes amis sont présents, du moins deux d’entre eux. Clarisse et Adrien sont tous deux près de l’entrée du cimetière au côté de Tom. Les autres restent introuvables pour mes sens. Mais mon odorat repère plusieurs autres points fâcheux. L’odeur du sang est beaucoup trop importante pour que ça vienne que de ma blessure. Mes oreilles elles, captent les paroles de Clarisse qui ne sont pas du tout rassurante.

– Respire ! Ça va aller !

Je me mets aussitôt à courir. Les battements de cœur d’Adrien sont de plus en plus faibles et ceux de mon amie s’accélèrent me confirmant sa panique. J’agrippe le haut du mur et m’y hisse avant de sauter de l’autre côté. J’atterris au côté d’une tombe blanche et je zigzague avec agilité aux travers les autres jusqu’à ce que j’aperçoive les deux silhouettes de mes amis. Ils ne sont pas loin de la sépulture de Hugo, mais Adrien est assis au sol, le dos contre une stèle voisine. Il est de toute évidence blessé et Clarisse est accroupie devant lui les mains posées sur sa cuisse droite.

Ma vision d’élue capte les détails qui se passent à plusieurs mètres devant moi. Les mains de mon amie sont couvertes de sang, tous comme celle de Tom à ses côtés.

J’accélère la cadence et me concentre sur les trois silhouettes devant moi en faisant abstraction du paysage morbide. Ma priorité c’est eux. Je saute au dessus d’une stèle et atterris à droite de Clarisse.

– Judith ? marmonne-t-elle surprise de mevoir.

La panique transparaît dans sa voix et de toute évidence elle a du mal à fournir l’énergie à son double et ne sait pas vraiment comment si prendre pour stopper l’hémorragie d’Adrien.

– Tu vas bien ? lance mon oncle dont je sens le regard insistant.

Sa voix à lui montre un net soulagement, de toute évidence il est autant inquiet par ma situation que par celle de l’élu masculin de l’eau.

Je ne lui réponds pas posant ma main gauche sur le torse de mon ami et ma main droite sur sa plaie au travers celle de Clarisse. Tom retire les siennes me laissant libre court.

Je sens le sang de mon ami se répandre très rapidement sur mes doigts et curieusement l’envie de faire souffrir que plus me submerge. Il me faut quelques secondes pour reprendre un certain contrôle sur mes envies. Je ferme les yeux et me concentre sur les battements de son cœur. L’énergie de la nature passe dans tout mon corps. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas utilisé mes dons pour soigner. La dernière fois c’était pour Cédric et ce n’était pas le même genre de blessure. Ce n’est pas non plus la même gravité de blessure. L’artère est touchée et la cuisse d’Adrien saigne abondamment. Je chauffe la blessure de mon ami grâce à ma chaleur et me rappelle les conseils de Perfide : « Imagine la plaie et ce que tu veux voir ! »

J’entends des bruits d’ails se rapprocher de moi et vu l’envergure des battements, je comprends qu’il s’agit de gros oiseaux. Les élus du vent sont de retour et je sens le mouvement qui m’indique qu’ils reprennent tous deux leur forme humaine. Derrière eux des pattes puissantes font leur entrée et je ressens l’odeur douce de Cédric se rapprocher dans mon dos. Il se rapproche à son tour de mon ami, mais je n’ai pas besoin de son aide, j’ai terminé, la plaie est refermée.

Je relève les yeux vers Adrien, il est faible et sa peau est blafarde, mais il ne souffre plus. Je murmure à Clarisse qui m’observe toujours autant paniquée.

– Il a perdu beaucoup de sang et il a besoin de repos. Tu devrais l’emmener sur l’îlot de Claronx.

Elle me sourit en me donnant un doux regard bleu turquoise. Et ses paumes appellent la nature. Je regarde les deux âmes de l’eau disparaître sous terre et c’est à ce moment-là que je vois la pire scène d’horreur de la journée.

J’ai l’habitude de voir cette pierre tombale. J’y suis venue plus d’une fois pour y déposer des fleurs. La stèle est faite d’une pierre blanche et le prénom et le nom « Hugo Vaillant » sont gravés en lettre d’or. Mais là où la sépulture devrait être, il n’y a plus qu’un amas de gravats. La tombe a été ouverte et fêlée en plein milieu. Les deux morceaux de marbres se sont affalés au centre en plein dans le caveau.

Je reste quelques minutes comme ceci à fixer l’endroit alors que je sens la main de mon oncle se poser sur mon épaule et j’entends les voix surprise et méfiante de tous m’interpeller. C’est vrai qu’à part Cédric aucun d’eux n’a eu de nouvelles et su où j’étais passée pendant plus d’une semaine. Mais je ne peux leur fournir d’explication, mon cœur bat bien trop fort. Je ne suis même pas sûr de bien comprendre ce que chacun me demande. Non ce que je sais en revanche c’est que la tombe de mon ami a été pillée.

Je me lève en essuyant mes mains pleine de sang sur mon tee-shirt et me rapproche à pas méfiant vers la tombe.

«  C’est pas possible ! » marmonne Chanax.

J’inspire une bonne bouffée d’air frais priant je ne sais quel Dieu pour qu’au fond du caveau j’aperçoive un cercueil de bois. Mais ce ne fut pas le cas. Les gravats ont chuté dans le fond, mais il n’y a rien d’autre. Aucune trace de bois et encore moins de corps. Il y a juste un trou où le marbre donne l’impression de s’y glisser.

Je serre les poings sentant mon cœur se déchirer. Comment ai-je pu laisser Mathias voler le corps de mon ami ? J’aurais dû revenir sur Wanouk dès que j’ai eu cette vision.

« Non ! Tu sais très bien que tu n’aurais pas pu combattre sans risquer de sombrer. L’attraction aurait été trop forte! »

« Mais j’ai inutilement perdu du temps en voulant retrouver Will ! Et tout ça pour rien finalement! »

« C’est un ténébreux Judith même s’il est de notre côté il reste noir! »

Ma nuque se crispe encore plus et j’aperçois Cédric se placer à ma droite. Il me dévisage avec douceur et medit :

– Nous ne savions pas où chercher et puis Aïco a repéré un ténébreux se dirigeant vers le cimetière, mais nous sommes arrivés trop tard. Ils étaient deux et le premier nous a aussitôt attaqué et blessé Adrien. L’autre en a profité pour détruire la tombe et emmener le corps de Hugo. Nous n’avons pas pu empêcher qu’il s’évapore et nous avons poursuivi le second, mais il nous a échappé. Il était très rapide !

Voilà qui résume bien ce qui s’est passé. Deux ténébreux tout justes initiés ont échappé à cinq élus qui ont réussi à combattre Mathias ou Lucas. Je comprends à ce moment-là que Cédric est inquiet à mon sujet, car sinon il aurait sans doute été plus concentré et ce jeune ténébreux ne lui aurait pas échappé.

Tom se place sur ma gauche et à son tour il repose cette question :

– Djoud’, tu vas bien ?

Je ne peux pas répondre à cette question parce que quand j’aurais donné ma réponse, mon oncle risque de poser des dizaines d’autres questions auxquels les autres réponses ne lui conviendrontpas.

Je tends les mains devant moi sous la surprise de tous. Ma bague se met à luire et à vibrer. La lumière qu’elle dégage est éclatante au clair de lune. Je ferme les yeux de nouveau et me concentre. Je sens immédiatement la pression s’écouler dans tous mes muscles. Puis mes doigts se crispent et se mettent en mouvement. J’entends les craquements du marbre et les souffles impressionner de mesamis.

Quand je rouvre les yeux, je suis assez satisfaite de ce que j’ai fait. Les racines ont percé le béton du caveau et elles ont poussé vers le sommet le marbre permettant ainsi à la tombe de retrouver un aspect lisse et d’une tombe normale. Seule une énorme fissure au centre de la tombe paraît suspecte, mais cela permettra, je l’espère, à ce que personne se pose des questions.

« Simon va se poser des questions il va falloir le lui expliquer. »

« Et qu’est-ce que tu veux que je lui dise? Surtout la veille de Noël! »

– Judith ? répèteTom.

Je me retourne enfin vers mon oncle et il fronce les sourcils en marmonnant :

– Tu as une mine affreuse ! Qu’est-ce qui se passe ?

Je lui redonne son sourire et lui marmonne :

–  C’est compliqué…

– Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je suis épuisée et je lui marmonne :

– J’ai besoin de me reposer et puis je crois que ce soir il va y avoir du boulot pour la mise en place du réveillonnon ?

– Euh oui c’est exact, mais il faut aussi qu’on retrouve…

– Non ! coupé-je. Il est inutile d’espérer retrouver Hugo et tu vas devoir parler à Simon. Il va falloir tout lui dire, mais c’est à toi de décider quand tu souhaites lui parler.

Je me sens mal ici et je sais que je dois remettre de l’ordre dans mes idées. Ici avec l’adrénaline qui me brûle encore le corps je ne parviens pas à comprendre ce qui m’a échappé. Je me retourne donc et dépasse mes amis et mon oncle même si je sens leur frustration et avant qu’un seul n’ouvre la bouche je m’immobilise et croise leurs regards incompréhensibles, je marmonne :

– Je suis désolée ! Je sais que j’aurais dû donner des explications, mais je ne pouvais pas et je ne peux même pas dire si je pourrais un jour. C’est si simple et compliqué à la fois que je ne sais même pas si vous comprendriez, mais je n’ai pas la force de tout expliquer maintenant. J’ai besoin de reprendre des forces et comprendre ce que j’ai loupé, mais pour ça j’ai besoin que vous soyez patient et compréhensif. J’en demande beaucoup je sais, mais je vous demande juste de me donner encore… un peuplus…

Margaux fait un pas en avant et me fixant droit dans les yeux elle me demande :

– Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

Je fronce les sourcils et elle continue :

– Cédric nous a un peu expliqué la situation et j’ai du mal à croire que tu sois dans un tel état à cause d’un garçon.

Je reste silencieuse. Je perçois le mal être de Cédric et j’entends Margaux continuer :

– Je sais que tu en étais amoureuse, mais qu’est-ce qu’il a pu te faire Djoud’ ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je la fixe quelques longues minutes puis je marmonne :

– J’ai juste besoin de réfléchir… c’est tout ce que jesais.

Je me détourne d’eux en entendant la voix de Tom m’appeler, mais je ne peux plus rester dans ce cimetière. Cependant avant de partir je me concentre mentalement sur Cédric et lance :

« Je ne quitte pas l’île ! Je te remercie… »

Cédric est resté silencieux et j’ai trouvé refuge sur la Trinite.

Le jour s’est finalement levé et la matinée s’est déroulée ainsi que l’après-midi sans que mon esprit retrouve une stabilité.

« Pourquoi Mathias a-t-il volé le corps de Hugo ? » demandé-je à Chanax.

« Rappelle-toi de ce que Perfide a dit, il pensait qu’une fois que les trois descendants purs seraient réunis alors Mathias aurait assez d’énergie pour ramener Sombro! »

« Oui, mais on en a déduit qu’il ne pourrait pas faire cela puisque Hugo est mort! Son corps n’a plus de pouvoir noir, il ne peut pas être utile! »

« Mais il a forcément besoin de son corps pour quelque chose et on sait que son premier plan est de ramener son maître alors ce serait l’une des premières idées logiques. »

Je suis frustrée, je n’aime pas rester dans l’ignorance.

« Qu’est-ce qu’il peut bien tramer? »

Chapitre 2

« Confiance »

La pluie commence à faire son apparition quelques minutes après que ces gros nuages gris aient dissimulé les rayons lumineux du dieu du ciel. Mais je ne bouge toujours pas, restant sur ce sable en réfléchissant au plan que Mathias est de toute évidence en train de mettre au point. Je dois bien me l’avouer, j’ai du mal à garder ma concentration sur mon ennemi, car mes pensées sont toujours amenées vers Peter.

Que peut-il bien faire en ce moment ? Où est-il ? regrette-t-il son geste ? Combien de temps s’est-il écoulé de son côté ? lui manqué-je autant qu’il me manque ? A-t-il besoin de moi ? De ma présence ? D’un simple câlin ?

Derrière mon dos un craquement sonore me fait reprendre un semblant de mes esprits. Je mets peu de temps pour comprendre que la troupe entière fait irruption sur la plage. Du moins, Margaux, Jimi et Cédric, car les élus de l’eau doivent toujours être sur l’îlot de Claronx. Tom aussi est parmi mes amis et Loupo qui a suivi ma tragique descente et la lacération brutale de mon cœur se dirige à pas feutrés, les oreilles couchées et la mine peinée verslui.

Je ne me retourne pas, préférant rester immobile. Je ne suis pas sûre d’être prête à voir qui que cesoit.

– Salut Loupo ! marmonne mon oncle en lui caressant le museau.

Le loup de flamme se laisse câliner et je sens les regards pesants de mes amis sur ma nuque. Il plane quelques minutes d’un lourd silence avant que Tom lance :

– Jimi et Cédric en place ! Margaux tuvas…

Mais il ne termine pas et je sens pourquoi. Ma meilleure amie se dirige vers moi. Elle s’assied sur le sable, mais reste silencieuse tout comme moi qui fixe avec ardeur la mer. Margaux se met en méditation sans me regarder une seule fois et j’apprécie le geste. Ça signifie qu’elle est là pour moi quand j’en aurais besoin et quand je serais prête.

Le soleil ne tardera pas à décliner et pour ma part je n’ai aucune envie de me plonger dans une méditation. Ma nuque est trop douloureuse pour supporter de nouvelle pression magique.

Mais au fur et à mesure que le temps passe je me rends bien compte que ma rage ne disparaîtra pas. J’ai besoin d’un exutoire.

Sans prévenir quiconque, je prends ma forme animale. Margaux sursaute sous la surprise de ma brusquerie après être resté immobile plusieurs heures. Les regards se tournent de nouveau dans ma direction, mais je me contente de trottiner sur le sable et d’appeler mentalement mon anomorf.

« Loupo, j’ai besoin d’entraînement et toi aussi! »

Le loup qui s’est assis au côté de Tom pour regarder les deux garçons se battre se retourne vers moi et se redresse attendant la suite. Je croise son regard rouge et lance :

« À partir de la prochaine minute, je suis ton ennemi, imagine que je sois ténébreuse! »

Loupo fait gonfler son pelage de flamme et grogne en me fixant droit dans les yeux. Je me mets en place et aux aguets. Je le vois disparaître dans un immense brasier. Je mets tous mes sens en éveil et je sens l’air changer derrière moi. Je me retourne en un bond et alors que Loupo se matérialise dans les airs en me fonçant dessus, je l’agrippe à la gorge. L’anomorf fait de même, mais son pelage bouillant me brûle la peau. Je lâche rapidement prise sentant ma peau me brûler durement. Je reprends mes appuie et Loupo ré attaque aussitôt. J’esquive et lui envoie mes pattes, droit dans le visage. J’inspire et je frappe le sol de mes pattes avant qui forment deux lassos de flammes et agrippent l’anomorf. La surprise prend au dépourvu Loupo, qui se débat comme il le peu contre les cordes de flammes qui l’étrangle. Je plante mes griffes dans le sable et tire de toute mes forces sur les liens pour essouffler mon anomorf. Loupo perd l’équilibre et tombe au sol. Les cordes prennent alors l’aspect d’un fouet et le frappent violemment au visage. L’anomorf couine avant de disparaître dans une flamme gigantesque. Ma colère se ressent dans le moindre de mes gestes. Bien que la douleur que j’inflige à Loupo se ressente sur mon énergie, j’ai besoin de me défouler.

Loupo réapparaît à une vitesse vertigineuse dans mon dos, me mordant brutalement le cou. Je m’effondre au sol en hurlant de douleur sentant mon cou saigné que plus. Loupo ne compte pas me lâcher et ça n’aurait sans doute pas été le cas si une énième personne ne s’était pas mêlée à la plage.

On s’immobilise tous les deux. Je repère tous les visages me fixer. Cédric est crispé et Tom semble aussi dépourvu qu’en colère, mais aucun d’eux ne réagit.

Loupo me lâche et l’odeur fruitière d’un mandarinier s’élève dans les airs. Mes amis mettent quelques minutes à comprendre et quelques secondes plus tard une silhouette se métamorphose devant moi. À la place des ailes, deux bras prennent forme et la cape noire habituelle de mon maître remplace son plumage.

La silhouette se matérialise et prend place sur le sable. Svelte et élégant, il ne porte pas son capuchon. Il n’a rien à craindre vu que nous sommes sur la Trinite. Mes amis se tournent vers lui, mais je reste immobile sentant ma rage devenir plus intense. Pourtant j’inspire pour me contrôler et regarde le quadragénaire nous fixer un àun.

– Bonjour maître ! lanceJimi.

La tignasse grisonnante de Perfide et ses yeux bleus au reflet vert se tournent vers lui et le salut d’un hochement detête.

– Est-ce vrai ?

– Quoi donc ? demande Margaux qui se rapproche delui.

– Mathias Sinach a-t-il repris le corps de Hugo ?

Je les vois se tortiller mal à l’aise et Perfide n’a pas besoin d’entendre quoique ce soit pour comprendre ce qui se passe. Il inspire et marmonne :

– Ça, ce n’est pas bon du tout !

– Vous avez une idée de ce qu’il veut faire de son corps ? demande Cédric.

Perfide se retourne vers ma silhouette de louve blanche et il se plonge dans mes yeux rouge feu qui lui transmettent une colère aveugle. Il fronce les sourcils et puis se retournant vers Cédric, il répond :

– Rappelle-toi Balinka ! J’ai dit que pour faire renaître Sombro il fallait énormément d’énergie…

– Oui et vous pensiez que pour faire renaître une telle puissance noire, il allait falloir une puissance identique et que pour cela seuls les trois descendants purs pourraient y arriver, mais seulement s’ils emmagasinent assez d’énergie, et même avec cela ce n’est pas certain.

– Oui c’est vrai, mais de toute évidence Mathias a cette idée-là en tête, car s’il a récupéré le corps de son cousin c’est pour une bonne raison et je ne vois que celle-ci.

– Mais Hugo est mort ! marmonneJimi.

– Oui c’est vrai, mais soit il y a un détail qui nous échappe, soit Mathias a trouvé une solution pour se servir du cadavre de Hugo, reprend Perfide. Il faut que vous le retrouviez !

J’inspire me concentrant sur ma nuque afin que la douleur se calme. Puis, je reprends ma taille humaine sentant mes courbatures et les brûlures de loupo sur une bonne partie de mon corps. Mes vêtements sont noircis et brûler à quelques endroits et la coupure que j’ai sur mon cou à cause de la lame de Will saigne toujours. Mais j’accueille cette douleur avec gratitude.

Je me stoppe à deux mètres de mon maître et d’une voix plus froide que je ne l’aurais voulu je crache :

– C’est inutile on ne le retrouverapas.

L’homme se retourne vers moi et d’une voix neutre il demande :

– Pourquoi penses-tu cela ?

– Parce que j’en ai déduis la même chose. Si le corps de Hugo est si important pour qu’il vienne le chercher sur Wanouk alors il ne le laissera pas à notre porte. Je lui ai déjà repris le grimoire de Glamtorux, il ne se laissera pas avoir une deuxième fois. Je le sais… je le sens ! On ne retrouvera pas son corps.

Perfide s’avance vers moi et continu sur ce même ton calme et posé avec des yeux brillants de regret :

– Tu as perdu plus que ce que tu ne crois !

Je baisse les yeux ce qui a pour effet de convaincre mes amis que je leur cache bien quelque chose et tous attendent avec impatience la suite. Cédric lui se met à me fixer avec ardeur. C’est stupide, moi qui ai suivi les cours de Tom afin de dissimuler mes sentiments, le simple fait d’avoir baissé les yeux, confirme mon mal être et donne raison à Perfide. Mon maître, lui, continue toujours de la même voix :

– Il a emmené avec lui ton envie ! Tu ne crois plus en ce que tu peux faire… tu n’as plus d’espoir !

La rage revient en force en une seule boule.

« L’espoir? marmonné-je à Chanax. Comment avoir de l’espoir et de l’envie alors que Pet’ est parti? »

« Djoud’, supplie Chanax, tu dois te calmer, car j’ai du mal à garder le contrôle sur ton côté noir. »

Mais je suis trop en colère. Perfide n’a pas perdu la mémoire. Ses souvenirs n’ont pas été modifiés et je le sais puisqu’il est un fils de la nature et désormais le frère aîné de Peter. Ce qui paraît plus troublant qu’autre chose. Il avait deviné l’identité de mon frère et il ne m’a rien dit. S’il m’avait prévenu, j’aurais pu stopper les actes de Daniel avant qu’il ne soit troptard.

Perfide comprend ma rancœur, car il lance :

– Il faut que je te parle !

J’ai un ricanement de moquerie, mais Perfide ne relève pas préférant continuer en se retournant vers Margaux. Il sort de sa poche une petite feuille roulée et retenue par un brin d’herbe qu’il lui tend. Je l’ai déjà vu faire ça, la dernière fois, il l’a tendu à Cédric et il a obtenu sa bague en argent serti d’une pierre rouge.

Mon amie l’attrape avec surprise et délicatesse. Cette fois l’écrin naturel retient en son cœur non pas une bague, mais un collier avec une magnifique pierre jaune. Elle a une armature d’argent qui cette fois ci à la forme d’une plume et elle se perd autour d’une chaînette d’argent.

Margaux le place autour de son cou et aussitôt la pierre en contact avec sa peau, elle se mets à luire renvoyant des reflets or sur sa peau bronzée. Les pupilles de mon amie prennent alors la couleur de l’âme de Ventil en une fraction de seconde avant de reprendre leur teinte marron.

– Tu as réussi tes épreuves et ton morphing alors ceci t’appartient. Je crois que tu as déjà deviné de quoi il s’agissait ! marmonne Perfide avec un petit sourire.

– Oui, Cédric a une pierre rouge de feu qui lui permet d’augmenter ses capacités de feu et je ressens déjà la différence avec cette pierre. Je suppose qu’elle a les capacités du vent et qu’elle fonctionne comme toute pierre, elle est disponible que pour moi n’est-cepas ?

– C’est exact seul toi en es la détentrice à toi de découvrir jusqu’où elle peut aller. Mais ne te repose pas sur elle !

Puis Perfide se retourne vers Jimi et lance :

– Tu vas allez au lac, Jim’ ! Tu as réussi ton morphing alors à toi de te lancer.

Ils claquent des doigts et les racines saisirent les chevilles du jeune homme et l’entraînent aussitôt. Il lui lance :

– J’arrive tout de suite.

Il se retourne vers moi qui ne le lâche pas des yeux. Je n’ai pas envie de discuter, ce n’est pas le moment je ne suis pas assez calmé. Comment peut-il faire comme si de rien n’était ? Lui qui dit qu’il me comprend ? Que j’aie besoin d’une attache au monde réel, il me l’a prise. Du moins il y a participé !

– Tu es blessé ? demande-t-il subitement.

Tous se retournent une nouvelle fois vers moi, Cédric se rapproche inquiet et mon froncement de sourcil suffit à Perfide pour savoir que je ne comprends pas sa demande. Il me désigne alors mon cou et j’y passe instinctivement mes doigts ou le sang continue toujours de couler.

– Un incident ! marmonnéje.

– Qu’est-ce qui s’est passé ? demande Tom qui se rapproche à son tour, mais reste à hauteur de Perfide.

J’hésite, mais fini par lancer :

– J’ai croisé une vieille connaissance.

– Qui ça ? reprends mon oncle de plus en plus méfiant.

Je me retourne vers lui et d’une voix douce qui se veut rassurante je lui réponds :

– Ce n’est rien Tom ! J’ai réglé ce problème et ça n’a pas d’importance.

– Ça ne nous dit toujours pas qui était cette vieille connaissance. Continue Cédric.

Je croise son regard, mais n’ouvre pas la bouche, je refuse de dévoiler l’existence de William Volmard et ça pour plusieurs raisons. Ils ignorent tous sa survie et je sais qu’ils m’en voudront. Et puis il faut garder mes intentions secrètes, ils ne comprendrontpas.

Perfide me marmonne :

– Tu sais pourtant que les secrets ne font pas bon usage avec ta nature ?

Je ne me retourne pas vers lui, mais je ne puis empêcher mon ricanement de percer le silence pesant qui flotte sur la plage. Tous sont surpris et sans doute Cédric est-il le seul à comprendre mon mal être et le fait que je rie de moquerie. Et c’est sans doute à ce moment-là que Perfide comprend à quel point je me sens mal, car jamais je n’aurais osé me moquer de l’homme qui m’a sorti du noir et qui m’a tout appris. Je réussis parmi deux gloussements à lui lancer :

– Les secrets… les élus eux-mêmes sont des secrets. Personne ne connaît leur existence et nos actes doivent rester inconnus, mais actifs. C’est ma nature qui m’oblige à être secrète !

– Tous ne sont pas forcément bons ! Vous pouvez discuter ensemble. Les amis sont faits pour ça. La confiance est ta seule échappatoire.

Je sens ma rage revenir d’un cran. Perfide ne parle pas de ma blessure et je l’ai compris depuis bien longtemps. Comment ose-t-il me dire que je dois avoir confiance ?

Mes yeux prennent une couleur rouge que je ne puis retenir et c’est inutile, je sais que tous m’ont vu. Sans lâcher Perfide du regard je lui lance :

– C’est un mot que vous devriez éviter d’aborder, surtout avec moi, maître !

Tous se tortillent mal à l’aise à cause du ton que j’ai abordé et mes yeux de fureur sont là pour accentuer ce principe. Cédric devance mon maître et passe devant moi en me murmurant :

– Judith, respire, tu dois te calmer !

Mais je ne lâche pas mon maître des yeux et le jeune homme toujours en se rapprochant continue :

– Judith ! Regarde-moi s’il te plaît ?

Je me retourne vers le regard de mon double et je perds toute trace de réalité. Je sens ma colère et ma peine refoulées et le regard de Cédric à un effet anesthésiant.

– Écoute ma voix ! Calme-toi ! Qu’est-ce qui se passe ?

Je reste silencieuse quelques minutes et puis j’inspire et lance :

– J’ai besoin de souffler, je suis désolée !

Cédric se rapproche et me caresse le visage. Je me détourne, il faut que je quitte les lieux.

– Ignorer ? Tu crois que c’est vraiment la solution ? Opter pour le plus facile ? reprend Perfide d’une voix plus forte et ironique.

Je m’immobilise sur place immédiatement le dos tourné à mon maître, je sens tout revenir en une boule. Cédric n’a pas le temps de réagir et s’est inutile. Perfide va trop loin ! Il n’a aucun droit ! Surtout après ce qu’il a fait ou plutôt ce qu’il n’a pasfait.

Je me retourne brusquement en claquant des doigts. Mon épée de flamme se matérialise dans ma main et elle dégage une forte chaleur. La lame veut frapper autant que j’en ai besoin. Je n’attends pas une seconde de plus et abats mon arme vers lui. Mais sous ma surprise je remarque que Perfide s’y attendait. On dirait qu’il a tout planifié.

« Judith! Calme-toi! » crie Chanax.

Mais curieusement je sais qu’il a autant envie que moi de frapper mon adversaire.

Perfide lève ses mains et pare mon attaque grâce à des racines qui jaillissent de terre et qui bloquent mon épée. Je ne souhaite pas blesser la nature alors aucune brûlure n’apparaît sur les racines. Perfide tourne sur place et se volatilise. Cédric veut me stopper, mais je le repousse avec fureur. La boule d’énergie que j’envoie dans sa direction ne le blesse pas, mais l’envoie valser sur le sable au pied de Margaux qui semble aussi surprise que Tom. Je l’entends crier :

– Judith qu’est ce qui te prends ?

Mais je suis tellement furieuse que je ne fais pas attention. Je me retourne et envoie deux boules d’énergie vers un endroit bien précis. Le colibri les esquive et quand il reprend sa taille humaine il m’agrippe le bras brutalement et me fait pivoter verslui.

Je me retrouve le dos contre le torse de mon maître. Mon épée de flamme est totalement immobilisée et je ne peux pas bouger. L’Aura que Perfide dégage me donne une impression de légèreté. Mais ce n’est pas suffisant. Je vois devant moi Cédric se rapprocher avec tristesse ainsi que mon oncle. Margaux, elle, reste totalement immobile.

« Ta colère est injustifiée contre moi! » marmonne Perfide mentalement

Ma rage explose que plus sous ses paroles trompeuses et ma nuque me brûle avec force. Une sensation d’eau glaciale se glisse sur mes pupilles pour prendre la couleur noire. Je sens ce voile qui me sépare de mon côté noir se rompre. Moi qui avais préféré éviter toute attaque mentale depuis une semaine en restant chez Camille voilà que Perfide a tous fait revenir à la surface.

Je sens l’odeur âcre du sang s’accentuer et l’envie de faire payer à ceux qui m’ont enlevé Pet’ se décupler. C’est à ce moment-là que je comprends que mon côté noir a autant besoin de Peter que mon bon côté. Ça reste moi enfin de compte même si ma nature bonne ou mauvaise est accentuée d’une manière ou d’une autre. Mon épée de flamme disparaît, mais Cédric réagit aussitôt m’attrapant le bras avant que je claque des doigts pour faire apparaître la dague d’Hugo. Il attrape ma nuque de son autre main et me regarde droit dans les yeux. Mon visage n’est plus qu’à quelques centimètres du sien. Son odeur à un effet répulsif sur moi, je sens mon côté noir désapprouver, mais je ne parviens pas à le quitter desyeux.

– Ne laisse personne te dicter quoique ce soit ! marmonne-t-il d’une voix douce, tu n’es pas cette fille-là. Perfide veut te faire craquer, il veut te pousser à extérioriser ta colère. Tu es Judith Winchester, élue de Wanouk, tu n’es pas cette fille-là… tu es mon double… mon amie ! Regarde-moi… suis moi Djoud’.

Sa voix raisonne dans ma tête en écho. J’arrête de me débattre et je retrouve le contrôle de moi-même.

Je sens les bras de Perfide se desserrer et je tombe dans les bras de mon double. J’en ai oublié les autres et je m’en moque royalement. J’ai besoin de pleurer de lui faire comprendre que j’ai besoin de son soutien même si je ne peux pas lui expliquer les raisons de mon désarroi. La tête enfouit sous le cou de Cédric je me laisse aller contre sa peau chaleureuse et ses mains me caressent les cheveux et le dos en me serrant contrelui.

Le silence qui se prolonge sur la Trinite est seulement rompu par mes sanglots. Impossible de savoir combien de temps ça dure, mais ce silence me fait durement réaliser que j’ai perdu bien trop en si peu de temps. Ma famille il y a un peu plus d’un an et maintenant mon petit frère. Je suis peut-être une élue, mais je suis avant tout une orpheline. Le seul membre de ma famille restant est l’oncle que j’ai appris à connaître ici sur Wanouk, nos relations ont été longuement tendues. Il ne reste aucune trace de la lycéenne française souriante, insouciante et croquant la vie à pleine dent. Je suis la Wanoukien de 18 ans, aux responsabilités qui m’ont été imposées par une âme magique qui vit en moi et qui me force à sauver ce monde qui m’a tout volé. J’ai l’affreuse impression que l’on m’a tous pris dans le seul et unique but que je ne craigne pas le danger ou plutôt le risque de mourir. Après tout, mes actions mettent très souvent ma vie en danger et ma situation actuelle est telle que si je disparais alors je ne perdrais rien. La seule chose qu’il me reste c’est ma vie, le reste on me l’a arraché.

La seule chose qui vient rompre cette douloureuse constatation c’est mon maître qui me lance un nouveau sort auquel je n’ai jamais eu affaire. Je l’entends claquer des mains et poser une paume chaude prise d’électricité statique sur mon cou. Une sensation brutale et lourde me submerge comme si on éteignait un interrupteur sur toutes mes terminaisons nerveuses. Je sens mes jambes flancher et les bras de Cédric me rattraper avant de sentir le noir m’envahir. Ma douleur est engloutie dans les profondeurs de l’inconscience.

Chapitre 3

Question de sentiments

Le garçon observe les lieux avec la douceur et l’émerveillement lié à son jeune âge. Les conifères, les fougères, mousses et lichens donnent au lieu un aspect européen. La température pourtant est douce, pas aussi humide que sur Wanouk ou Natoum, mais il y faitbon.

Derrière lui, au travers la végétation il y a une petite chaumière de bois et de paille. La rivière qui dévale la colline passe devant lui en chantonnant une douce mélodie qui rassure son cœur. Se retrouver ici est perturbant, mais à la fois galvanisant. C’est comme si ce choix avait fait partie de lui. Comme s’il avait été instinctif. Il ne pouvait pas faire autrement.

Pourtant son cœur semble déchiré. Il aurait aimé qu’elle l’accompagne, qu’elle lui prenne la main, lui caresse les cheveux en l’embrassant sur le front et le rassure sur sa décision. Comment faire pour ne pas se sentir seul et sans repère ? Il venait de la retrouver et cette fois c’est lui qui l’avait abandonné.

Elle l’avait supplié de rester, mais il était parti quand même. Il ne pouvait pas faire autrement. Il l’avait toujours su. Il est quelqu’un d’à part. Il comprend les choses plus vite que les autres enfants de son âge, il connaît les constellations par cœur et il a toujours cru entendre des voix dans sa tête. Ses parents sont morts et sa grande sœur à des pouvoirs magiques. Oui Peter Winchester l’a toujours su, il est destiné à être un être puissant lui aussi.

Un sifflement derrière lui, lui fait tourner la tête. L’adolescent qui prend forme sous un tourbillon de feuille le fait sourire légèrement. Les yeux lagon du jeune homme aux cheveux miel se posent immédiatement sur le collier en forme de cœur que Peter fait tourner entre ses doigts depuis le matinmême.

– Elle va bien ! lui marmonne Dan. Je l’ai vu aujourd’hui. Elle est chamboulée, mais il semble que mon frère s’occupe d’elle.

– Perfide ?

– Oui c’est ça ! D’ailleurs il veut te rencontrer !

– Je l’ai déjà rencontré. J’ai déjà été sur Natoum.

– Oui, mais tu n’étais pas encore celui d’aujourd’hui !

Peter reste silencieux et il marmonne :

– Elle me manque !

Daniel le prend dans ses bras et le hisse sur ses genoux en s’asseyant sur l’un des rochers. Il le regarde droit dans les yeux et il lui dit d’une voix douce et passionnée :

– Je sais et c’est normal Pet’ et tu lui manques beaucoup aussi, mais laisse-toi du temps et tu verras que tous les deux vous vous rendrez compte que vous avez fait le bon choix. Ta sœur vit en toi comme tu vis en elle. Un jour tu seras capable de lui faire comprendre qui tu es ! En attendant, il faut te concentrer sur ce que toi tu souhaites. Ta sœur ira bien Pet’ je te le promets.

– Tu essûr ?

– S’il y a une chose que tu dois savoir, c’est qu’un fils de la nature dit toujours la vérité.

Peter finit par hocher la tête et Dan’ continu :

– Alors as-tu réussi ce que je t’ai demandé ?

– Oui, enfin je crois !

Danny ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. Il se contente de fixer le vide avec un petit sourire avant d’élever la voix en lançant :

– Bonjour mon frère ! Tu tombes à piques, je viens de prévenir mon jeune élève de ta visite.

Peter se retourne fixant dans le dos de Daniel la silhouette qui s’avance. L’homme aux cheveux vermicelle et aux yeux d’un bleu vert identique à ceux de Danny, lui sourit et s’assied face à Daniel en lui lançant :

– J’ai besoin de ton aide !

Peter sent que quelque chose le tracasse bien avant d’entendre Perfide de nouveau. S’il y a une chose que le garçon a comprit depuis longtemps, c’est que la préoccupation chez les fils de la nature n’est pas bon signe.

Quand je rouvre les yeux, je me sens aussi mal que la veille. Je reste allongée comprenant très bien où je suis. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour savoir que Perfide m’y a emmené de force. Je ne connais pas ce sort et ce n’est pas le style de mon maître de forcer les gens à faire ce qu’ils ne veulent pas. Sa politique est « fais tes propres choix ». Pourtant je suis allongée sur ma paillasse sur Natoum. Je ressens la bienfaisance de l’île, mais ce n’est pas mon corps qui a le plus besoin de soin et de réconfort, mais c’est moncœur.

Je fixe le plafond remettant de l’ordre dans mon esprit. J’ai rêvé, je suis rentrée en transe, mais pas avec Mathias. J’ai été attirée par sa peine. Il va bien, mais lui aussi est triste.

« Perfide a dû ressentir que tu avais autant de reproches contre lui !» marmonne Chanax.

« C’est fort possible. Mais il n’a pas à me forcer à parler. Perfide ne tient jamais compte de ce que j’aimerais vraiment. »

« Tu sais que c’est faux, il t’a toujours dit de faire tes propres choix. »

« Peut-être, mais là je n’ai pas eu mon libre arbitre. »