Judith Winchester et les pierres de puissance - Julie Michaud - E-Book

Judith Winchester et les pierres de puissance E-Book

Julie Michaud

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Beschreibung

Judith devra abandonner bien plus qu'elle-même pour sauver le monde du destin tragique qui l'attend.

En fuite face aux militaires qui cherchent toujours à leur mettre la main dessus et en proie à des attaques incessantes des descendants Sombres qui cumulent de plus en plus d’énergie, les élus de Wanouk se retrouvent meurtris et perdus. Sans compter la sournoiserie mesquine de Hugo qui va coûter très cher à l’élue du feu. Divisés, isolés, attaqués, enlevés, torturés, le temps semble se jouer des élus. Un temps court et précieux qui pourrait bien manquer à tous et profiter au Dieu noir. Seront-ils prêts à affronter leur destin ? Prêts à surmonter les pertes et les échecs ? Prêts à comprendre les choix de chacun ? Pour sauver le monde et espérer avoir un avenir Judith va abandonner bien plus que ce qu’elle-même a à offrir. Au risque de tout perdre et de disparaître.

Plongez-vous dans le sixième tome des aventures de Judith, avec cette saga fantastique aux personnages attachants, emplie d'action et de suspense !

À PROPOS DE L'AUTEURE

Née en 1991 dans une famille de pépiniéristes, Julie Michaud est bercée depuis sa plus tendre enfance dans la nature et les plantes. Passionnée par la magie et la littérature de l’imaginaire, elle-même fleuriste, elle a su combiner ses intérêts pour donner naissance à la saga de Judith Winchester, dont le premier tome a connu un véritable succès.

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Julie Michaud

Judith Winchester

et les pierres de puissance

Sous son charme le flutistetomba

Amoureux il s’envola,

Avec lui il emporta l’espoir

Mais vola également le pouvoir

Brisé et perdu elle s’isola

Le fauve fou de rage de vengeance iljura

Retrouvant ses marques il en ignora lesbases

Elle se sacrifia pour sonâme

Le père et le maître combattront

Mais les deux mettront fin audébat

Détruisant et emportant l’anonymat

Les becs acérés désarmeront l’armée

Mais les plumages séparés devront s’échapper

En nageant les cascades s’éclairciront

Dévoilant l’unique obsession.

Le froid désœuvrant et la peur alléchante

Seul le cœur trouvera l’échéance

La mort en cadeau il obtiendra

Détruisant les liens obscurs

L’oisillon quittant lenid

Emportera avec lui innocence et désir fragile

Doux et précieux furent ses rêves d’enfant

Puissant et intelligent il initiera les puissances des temps.

Chapitre1Amour, joie, bonheur

Le soleil est doux, chaud et lumineux. Rien d’alarmant sur Natoum et curieusement j’en suis triste. La pluie, la grisaille, le vent et le froid me manquent. Ce n’est pas que j’aime les intempéries. Mais je dois bien avouer qu’avoir toujours un temps magnifique comme ici m’empêche d’en profiter. C’est devenu une lassitude. Le temps ne suit aucune émotion ici et contrairement à ce paysage magique mes sentiments sont loin de l’être.

Assise sur la colline de Natoum face à la mer, le dos contre les pattes énormes du dragoune en bois, je fixe l’horizon en laissant aller mes pensées.

Ses deux dernières semaines ont été une vraie torture et à la fois un vrai calme plat. Nous sommes tous coincés sur Natoum et les tensions sont palpables. Tous les élus ne sont pas d’accord avec mon projet et s’il y a une chose que je sais c’est que jamais on a été aussi divisé. Jimi et Adrien trouvent mon idée intéressante et comme le clame Jimi c’est l’une des seules que nous avons et ça peut bouleverser notre avenir. Et c’est justement sur ces bouleversements dont Margaux et Clarisse s’indignent. D’après elles, c’est trop dangereux et elles insinuent que je veux changer les passages de notre histoire et ce n’est secrètement pasfaux.

–Et alors ? Avait craché Jimi à l’adresse de sa petite amie. On ne serait pas mécontent de pouvoir empêcher la mort deTom.

–Tu sais que c’est impossible ! Lui réplique sèchement Margaux. Le passé reste intouchable !

–Et selon qui ? Selon quelles règles ? Retorque Adrien.

–Oh tu vas pas t’y mettre toi aussi, avait craché Clarisse contre son homme. Margaux a raison, Perfide et Djoud nous ont déjà expliqué qu'on ne pouvait pas changer les principaux points sinon tout le monde l’auraitfait.

–Nous ne sommes pas tout le monde et puis changer ces derniers jours ne serait pas un mal. RépliqueJimi

–On pourrait modifier bien plus que des détails en retournant dans le passé et tu le sais jim’ ! Alors imagine un peu ! Si on arrivait à empêcher Tom de mourir alors la mort ricocherait sur une autre personne et pourquoi pas sur l’un de nous ?

C’est là que j’ai enfin répliqué :

–Si elle ricoche sur moi, je lui offre ma vie sans hésiter !

Mes paroles on mit un terme aux disputes des couples mais les tensions sont restées très palpables depuis 15 jours. Seul Cédric est resté silencieux sur le sujet. Je n’ai aucune idée de ce qu’il pense et on a mis un point d’intérêt à s’ignorer scrupuleusement. Je n’ai fait que le croiser et ignore ses regards incessants.

Malgré la sensation de bien-être de l’île de Perfide, j’ai le droit toutes les nuits à une intrusion dans la vie des descendants purs des ténébreux. Ça se rythme principalement entre Mathias et Hugo. Ils pratiquent des entraînements réguliers eux aussi, ils cherchent des ténébreux à tuer pour acquérir des pouvoirs et la nouveauté c’est que les trois dernières fois, les élus sont arrivés trop tard et n’ont pu empêcher les meurtres. J’ai à chaque fois dû prendre ma forme animale et même sous ma fourrure ma nuque explose dès que je retrouve la terre ferme.

Le picotement perpétuel me tiraille jour et nuit et la douleur augmente de puissance chaque nuit durant mes cauchemars. Méditer me sers à rien et c’est pourquoi je préfère regarder l’horizon et laisser mon esprit vagabonder.

L’idée de rester sur Natoum me paraissait une bonne suggestion au début. Nous sommes en sécurité ici et après Wanouk c’est l’ile la plus sure. On peut s’entraîner et faire usage de nos dons sans risquer d’être découvert. Nous sommes à l’abri des ténébreux et des militaires mais tout n’est pas que rose ici. Les inconvénients se font également sentir.

Malgré les désaccords qui nous séparent tous, je reste convaincu que je peux repartir et réparer les erreurs du passé mais ici je ne peux agir car mon côté noir, même si je le sens toujours, est en dormance. Et la grande question qui se pose également c’est ; suis-je prête à trahir Margaux et Clarisse et à mettre en danger ma vie et les leurs ?

Je me sens responsable de la mort de mon oncle mais rester ici deux semaines m’a aussi rappelé qu’être loin de Wanouk est une torture. L’hôtel me manque, ces salariés, ces visages habituels, ces odeurs, sa cuisine et Shannon et Vincent. Que deviennent-ils ? Comment vont-ils ?

Perfide m’a donné des nouvelles. D’après lui, Shannon prend sa peine et sa tristesse comme force. L’hôtel malgré le décès tragique de son dirigeant continue de tourner à plein régime dirigés désormais par sa veuve, Shannon Rolker. Je ne doute pas que mon amie est forte mais perdre l’homme qu’on aime et le père de son enfant est l’une des choses les plus affreuses. J’aimerais être auprès d’elle mais Shannon ne voulait pas me voir. Elle m’a banni et pour de bonnes raisons. Il faut donc faire confiance à Perfide.

Natoum est comme dit le dicton « une prison dorée », Perfide ne m’autorise pas à partir. Je ne suis pas libre de mes allées et venu. Le peu de fois où on a échoué dans notre quête contre Mathias, la nature nous a ramené illico presto sur l’îlot magique sans me laisser le temps de trouver une quelconque aide qui pourrait m’aider à retourner dans le passé.

Pourtant, Perfide n’a pas été pour, ni contre cette idée mais il doit espérer que nous serons tous unies contre notre ennemie avant de partir l’affronter. C’est pourquoi il n’a pas accepté ma demande quand je lui ai demandé de partir retrouver William.

Je ferme les yeux et j’inspire l’air doux de Natoum. Qu’il aurait été agréable de ressentir la pluie sur mon visage !

La brise marine vient se loger sous mes cheveux faisant voleter les quelques mèches qui se sont détachées de mon chignon. Mes cheveux ont bien poussé depuis quelques mois, en même temps quand aurais-je pu prendre le temps de trouver un coiffeur ?

« J’aime bien les cheveux longs ça fait femme fatale ! »

Je ricane, le réconfort de Chanax est bien la seule distraction que j’ai dernièrement.

« Dit moi chanax comment peux-tu sortir des choses pareilles alors que d’après la légende vous étiez la seule famille présente sur Wanouk à ton époque ? Tu n’as pas dû rencontrer trop de femmes parmi les arbres ! »

« Oh il ne faut pas croire tout ce que l’on entend ! Wanouk nous était effectivement designer mais les iles environnantes n’étaient pas forcement dépourvu de vie ! »

« Vraiment ? »

Je n’ai jamais vraiment posé de question de ce qui pouvait exister ou non à cette époque et je me rends compte avec égoïsme que je n’ai jamais pris le temps de m’intéresser à la vie de Chanax. Oh je connais les détails de sa vie et de ses frères, on en a longuement discuté et il m’a indiqué comment se servirent de ses pouvoirs. Mais je ne me suis jamais intéressé à son cœur. Je pensais dur comme fer qu’il n’y avait pas de gent féminine dans la vie de monami.

« Oui c’est vrai ! mais cela n’a pas vraiment d’importance, c’était il y a trop longtemps pour se rappeler de ces gens ! »

Sa voix est lointaine, comme s’il se plongeait dans des souvenirs et son ton me fait bien comprendre que ce n’est pas si simple queça.

« Sans importance ? Tu plaisantes je veux tous les détails. Pourquoi donc serais-tu le seul à connaître ma vie sentimentale, nous ne sommes qu’un désormais ! »

« Judith… nous ne sommes qu'un mais c'est du passé, aujourd’hui nous devons nous consacré… »

« À bouleverser le passé ! Si toi non plus tu n’as pas confiance en moi alors à quoi bon s’acharner… »

« J'ai confiance en toi c'est juste que… »

Il s’interrompt brusquement, une silhouette vient de s’assoir près de moi coupant court à notre conversation silencieuse.

La silhouette svelte et à la fois musclée de Perfide a toujours imposé une certaine forme de curiosité et de respect. Mon prof’ d’histoire est un homme très apprécié mais la vraie nature de l’homme l’est encore plus pour nous. Ses yeux bleu vert, de la teinte de l’océan fixe l’horizon. Je n’en suis pas surprise, ça rajoute à son côté énigmatique.

–Des nouvelles des ténèbres ?

Je détourne les yeux et fixe de nouveau les vagues qui se fracassent sur les rochers avec élégance.

–Non pas aujourd’hui mais la douleur est toujours présente. C’est comme si la naissance de Sombro laissait des marques sur moi et que les symptômes refusaient de se dissiper.

–Ce qui est tout à fait logique. Le dieu noir est forcément celui qui te fera le plus de tort. Rappel toi, il t’a fallu du temps pour maîtriser la douleur devant Mathias il te faudra sans doute du temps pour la contrôler devant Sombro !

–Sauf que justement nous manquons de temps !

Perfide ne répond pas. Même si le maître est une valeur sûre et qu’il a toujours eu des conseils et des réponses, les événements des derniers temps l’ont perturbé. Malheureusement tout comme nous, Perfide est sans réponse et dernièrement, il nous aide seulement à nous acclimater à Natoum. Je sais pertinemment que l’homme est partagé entre l’idée de me laisser mettre mon plan à exécution et les conséquences que ça risquerait d’avoir. Je suis aussi persuadée que Perfide a sans doute été demandé conseil à ses frères, Dany et Clayton et peut être même à Pet’ mais celui-ci est bien jeune pour donner quoique se soit comme conseil, n’est-ce pas ? Mais quoiqu’ils aient pu lui dire, mon maitre n’a pas fait plus de chose.

Je finis par rompre le silence :

–Êtes-vous venu me dire que vous me laissez partir de Natoum !

L’homme me répond aussitôt d’une voix neutre mais qui laisse transparaître une certaine amertume :

–Non ! Ce n’est pas encore le moment.

–Maitre je dois voir William ! Il est peut-être le seul à pouvoir m'aider à contrôler ses douleurs et ses rêves…

–Je sais pourquoi tu veux vraiment le voir Judith, me coupe Perfide. Et pour l’instant la situation n’est pas assez stable.

–Mais…

Perfide ne me laisse pas finir et continue comme s’il ne m’avait pas entendu.

–Je voudrais plutôt qu’on trouve une idée pour empêcher les ténébreux de tuer et de gagner plus de puissance. Il est vrai qu’entre tes rêves et le transfert de la nature on perd trop de temps et c’est là votre problème.

–Et bien justement, laissez-moi partir, vous savez que c’est la seule solution vous-même n’avez pas d’autre idée ou hypothèse pour les mener en déroute.

–Et bien plus maintenant !

Je me retourne vers lui, il affiche un visage neutre mais une lueur de malice est présente dans ses yeux. J’attends patiemment la suite. Bordel c’est quoi son idée ?

–C’est toi qui m’en as donné l’idée.

–Vraiment ?

–Quand tu te transformes en ténébreuse, tu te transfères facilement d’un point A à un point B en quelques secondes. Ce moyen est presque aussi rapide que la nature. Et ce serait plus utile si on pouvait utiliser un teldon !

–Je croyais que vous ne vouliez pas que j’utilise mes pouvoirs sombres ?

–Et ce n’est pas ce que je te demande, je t’ai parlé d’un exercice et je ne suis pas un maître sombre. Si tes pouvoirs noirs te permettent de te transférer pourquoi pas les pouvoirs de Chanax ?

« Je me demanderais toujours où il va chercher ses idées là ! » lance mon ami dans matête.

« Je ne suis pas sûr que ce soit réalisable ! C’est la première fois que Perfide émet des hypothèses ! « On ne sait surtout pas comment procéder! »

–Et bien peut être que tu peux essayer de te canaliser ou te remémorer ce qui active se transfert ! Marmonne Perfide.

Comme à chaque fois, je ne devrais pas m’inquiéter de la manière impressionnante dont Perfide à de deviner mes pensées. Je me pose même la question de savoir si je ne réfléchis pas à voix haute. Perfide me sourit et me lance un clin d’œil en se levant.

Je le suis du regard et reste quelques minutes à réfléchir à ce que je dois faire. Rester assise ici à re pensées aux souvenirs douloureux sans pouvoir échapper à Natoum ? Ou tenter de faire un acte impossible ?

Il me faut peu de temps pour choisir l’acte impossible. Je me lève et marche vers la colline. Je jette un œil en contrebas pour apercevoir Clarisse et Adrien qui s’exercent sur les flots.

Je sais que Margaux et Jimi sont tous deux en trin de se jeter du haut de la cascade pour tenter d’amortir leur chute grâce au vent ascendant et pourquoi pas tenter de voler. Quant à Cédric, il doit être en trin de rechercher des solutions dans ses bouquins ou de marcher à tête perdue dans la forêt.

Loupo se lève et trottine derrière moi. Je me stoppe au milieu de la colline et lève la tête vers le ciel. Le soleil me brûle la peau amicalement et fait chauffer mes pupilles rouges.

–Bon on commence par quoi ?

Loupo qui s’est assis en face de moi penche sa tête enflammée. Sa frimousse me fait sourire. C’est bien la seule partie de mon pouvoir qui est si expressif.

« Quand tu te téléportes de façon ténébreuse, il se passe quoi ? »

« J'y ai jamais vraiment réfléchi, cela vient d'instinct… »

« Alors réfléchis reprend Chanax, qu'est ce que tu ressens ? Quel mouvement fais-tu ? »

Je tente de me remémorer les instants où j’ai utilisé cette technique mais ce n’est pas le plus simple car en plus d’être fait sans même y penser, ce sont souvent des moments sombres ou ma mémoire n’est pas toujours coopérative. La douleur de ma nuque est toujours à son apogée et je sais aussi que je sens mes poumons se congeler et se vider d’air quand ça arrive.

« Je crois que… je me laisse submerger ! »

« Comment ça ? »

« Je laisse le noir m’envahir entièrement ! Je laisse la peur, la mort, la détresse, la haine et la douleur me percuter et envahir chacune de mes cellules ! Je le laisse me contrôler ! »

C’est le cas, je le sais. La sensation n’est pas franchement un bon souvenir.

« Je doute que ce soit vraiment l’idée du siècle de se laisser submerger par la peur mais par la confiance, l’espoir, la joie, le bonheur, l’amour… »

« Oui tout ce qu’il y a de plus facile en ce moment ! »

Chanax ricane. Je me concentre, je n’ai pas le choix et me jette dans un nouvel exploit. Enfin si on veut car c’est quand même un gros foutoir dans mes émotions alors tenter de faire resurgir que les côtés positifs est presque suicidaire émotionnellement.

« Utilise le morphing ! »

Oui ce n’est pas idiot ça ! Après tous, les sensations des ténèbres ne me percutent pas sous cette forme-là.

Il me faut peu de temps pour me retrouver à quatre pattes et trottiner sur la colline au côté de mon anomorf. Je me concentre sur lui. Loupo dégage une chaleur douce et il est le seul à me comprendre et à me soutenir. Logique ! puisqu’il concentre mes émotions. Ce n’est pas comme Cédric qui lui ne comprend rien à mes actes.

J’ai coupé notre lien. Même s’il reste mon double, il ne peut plus sentir mes sentiments. Et l’inverse est aussi le cas. Et j’y ai pas mal réfléchi, certes je m’en sens plus légère, je suis à nouveau maître de moi-même mais par contre je n’ai aucune indication surlui.

C’est vrai qu’au début j’en étais ravi mais au fur et à mesure des jours je me suis rendu compte que sans ce lien, j’ignore comment il se sent vis-à-vis de sa garce de mère. Je n’avais pas imaginé que ses impressions auraient pu me donner une indication sur Laura. OK ! Je sais bien que j’ai dit que je ferais des efforts pour qu’on puisse travailler tous les deux ensemble mais le dire est différent que de le faire.

« Djoud ! Joie, bonheur, amour ! Tu te rappelles ? »

Putain de merde oui ! Là aussi c’est plus facile à dire qu’à faire.

Je me stop brusquement et j’inspire une longue bouffé d’air frais. Loupo continue de gambader vers la forêt, je l’entends mais je tente de nouveau de me concentrer.

Oh et puis merde ! J’ai le cœur et la tête trop prise, c’est impossible ! J’ai besoin que ça s’arrête, j’ai besoin de m’évader dans une autre dimension, dans un royaume ou la souffrance n’existe pas ou alors ou on peut la brûler ! La détruire par les flammes. Un royaume où je serais une déesse capable de protéger mais aussi de détruire tout ce mal. Ou je m’enflammerais pour purifier mon monde !

« Judith regarde ! »

Je rouvre les yeux sous la demande de Chanax. Mais je ne vois plus à travers mes yeux mais de ceux de Loupo. Mon anomorf me fixe, ou du moins la louve blanche qui a littéralement pris feu sur la colline de Natoum. Merde ! Les flammes ont complètement enveloppé mon corps mais elles ne me brûlent pas, non elles me prodiguent une chaleur douce, réconfortante, presque purifiante. La louve que je suis a toujours les yeux fermés.

Je reprends possession de moi et instinctivement en gardant le contact avec Loupo je bondis en avant et je sens les flammes s’intensifier autour de moi. La chaleur est plus intense. Je sens la fumée rentrer dans mes poumons, mes vêtements prient d’une violente chaleur et mes bijoux me brûler comme s’ils fondaient mais quand mes pattes touchent le sol, la douleur s’arrête subitement. Putain de merde !

Je rouvre les yeux et je me trouve encore dans la peau de loupo. À l’endroit exact où il se trouvait en m’observant sur la colline sauf que cette fois si la louve blanche à disparut de son champ de vision. Merde ! Je ne suis plus sur la colline, je suis passé ou ? Je tente de reprendre le contact avec moi-même mais il n’y a rien à faire et il me faut plusieurs minutes de panique pour me rendre compte quand faite je me suis tous simplement transporter et téléporter dans le corps de mon anomorf. Loupo a disparu mais mes pattes blanches sont désormais à l’endroit exact où il se trouvait quelques minutes plustôt.

« T’as réussi ! » Me crie chanax.

Putain de merde et j’ai fait ça comment ?

Je continue de regarder les alentours à la recherche de Loupo mais je le sens au fond de moi. Je le sais mon anomorf est là je me suis juste aidé de lui pour me transporter.

Je reprends ma forme humaine en entendant Chanax me lancer :

« C’est génial ! Tu t’es littéralement enflammé ! »

Je ricane et murmure :

–Ce monde parallèle n’était peut-être pas si loin finalement.

–Un monde parallèle ?

Je me retourne brusquement. Merde dans mon euphorie je ne l’ai pas entendu approcher. Le garçon qui me fixe de ses beaux yeux verts se trouve à quelques mètres de moi, les bras chargés de fruit.

–Salut ! Me murmure-t-il.

Je hoche la tête poliment et il continue :

–Alors ? De quel monde parallèle tu parlais ?

–Je… ce n’est rien, juste une envie folle de disparaître de ce monde pourri et j’ai réussià…

–T’enflammer ? Oui j’ai vu. J’ai rien compris d’ailleurs, tu te trouvais là quand tu as pris feu et en un bond, les flammes ont disparu.

Il me montre du doigt un emplacement sur la colline et me marmonne :

–J’ai pas vraiment eu le temps de m’inquiéter car Loupo a soudain fait gonfler son pelage qui s’est embrasé et puis quand les flammes se sont éteintes, ton pelage blanc se trouvait ici. Tu m’expliques comment t’as faitça ?

Même si sa voix est douce, que nous avons tous deux décidé de nous concentrer sur notre tâche c’est encore compliqué pour moi de le voir devant moi. Je n’y vois que sa trahison, ma colère m’aveugle et je serre les dents pour ne pas dire de saloperie.

–Je tente une nouvelle approche pour me rapprocher de ma proie plus facilement et plus silencieusement…

Cédric me lance un regard profond et puissant et je vois ses poings se serrer.

–OK ! Tu comptes essayer un jour de me parler ou tu crois que l’amitié que nous nous portions avant de partager plus a totalement disparu pourtoi ?

–Cédric on a déjà parlé deça !

–Non, je n’appelle pas ça parler ! Tu as coupé le lien qui nous unissait ! Tu as rompu notre connexion…

–Putain tu veux vraiment qu’on reparle du pourquoi ?

–Et après ! Merde Djoud ! Tu me dis que tu as besoin qu’on reste unie pour combattre la mort mais qu’il n’y a plus d’espoir pour nous ! Que c’est terminé !

–Oui ! C’est le cas ! Tu as fait ton choix quand tuas…

–NON ! hurle-t-il. Je n’ai fait aucun choix. Tu as rompu avec moi pour tes propres raisons. Mais on n’a jamais parlé de ce que moi je souhaitais et je me suis dit qu’après le drame que tu avais subi une fois de plus il te fallait du temps pour reprendre tes esprits. Mais j’en ai marre d’attendre là ! Je combattrais avec toi mais il est hors de question pour moi de faire une croix sur toi et sur mes espoirs. Si tu ne veux plus de moi très bien mais pour ma part ce n’est pas le cas et ce ne le sera jamais. Donc à toi maintenant de décider quelles sont tes priorités !

Je reste un moment silencieuse en le dévisageant. Il est toujours aussi craquant mais putain toujours aussicon.

–C’est bon t’as fini ?

Il perd son regard déterminé pour laisser place à une réelle surprise.

–Tu croyais quoi Céd’ ? Que tas déclaration d’amour me ferait changer d’avis ? J’ai effectivement des proies à chasser et à tuer mais je doute que tu participeras à toutes les chasses ! Tu veux quoi que la femme que tu prétends aimer se cache derrière une fausse personnalité et que le jour où tu la présenteras à ta famille, elle saute au cou de ta garce de maman ? Ou tu préfères qu’elle rompe avec toi avant de l’égorger ? Notre histoire s’est terminée et il n’y a plus d’espoir pour la sauver. C’est impossible tous les grands spécialistes te le diraient si tu faisais fonctionner ta cervelle de temps en temps !

–Et toi tu l’as fait fonctionner ? Tes pouvoirs te viennent du cœur je te rappelle ! Depuis quand la logique surpasse la magie ?

–Depuis qu’elle a ruiné mavie!

Je n’attends pas sa réponse et me jette en avant. Mes pattes foule la colline et je ne lui jette aucun regard et me concentre de nouveau sur ma nouvelle découverte.

« Génial ! C’est super, je me sens encore mieux qu’au début ! »

« Amour, douceur, bonheur… » ricane Chanax.

« La ferme Chanax ! »

Chapitre2La maréenoire

L’opération s’avère compliquée. Ça fait deux jours que je m’entraîne sur ma dernière trouvaille mais je ne parviens toujours pas à en contrôler complètement les faits. Certaines fois, je reste là, à brûler des heures sur la colline. Heureusement que les flammes ne me détruisent pas la peau car je serais un tas de cendre depuis un petit moment.

Loupo me regarde de ses pupilles rouges et je lui caresse délicatement le museau. J’aimerais bien qu’on m’explique comment enlever toutes ses pensées négatives de ma tête. Je sais que c’est ça qui me pose problème. J’ai besoin de me plonger dans mes sentiments mais j’ai bien compris que ce n’est pas que mes sentiments négatif ou positif qui me permettent de me téléporter. Je n’arrive pas encore à différencier ou comprendre quelle part de moi y parvient et c’est bien ça le souci.

Cédric ne m’a pas reparlé mais je sais très bien qu’il me fixe de longs moments très régulièrement. Même si nous ne sommes plus reliés, je sens son regard poser sur moi à plusieurs reprises.

Tom me manque c’est affreux ! Chaque jour, chaque heure, chaque minute je revois ses yeux s’éteindre. Sa voix raisonne pour me dire adieux. J’en ai marre ! Je supporte plus cette douleur. Il devrait être là avec nous ! Sur Natoum bien à l’abri de cette mort tragique.

« J’ai besoin de voir William ! »

« Je sais Djoud tu me l’as répété des centaines de fois mais Perfide ne voudra pas te laisser partir. »

Je serre les poings. On est inefficace ici, on laisse Mathias, Hugo et Tobias remplir leur plan et je n’aime pasça.

Je m’assieds le dos contre la cage dans laquelle j’ai été renfermé des mois plus tôt. Le soleil me brûle la peau. Loupo s’allonge à ma droite et regarde à son tour le paysage tous commemoi.

« Il me manque tellement ! »

« Je sais ! »

Je ferme les yeux et inspire brusquement. Si seulement je pouvais trouver William ! Il est le seul à pouvoir m’aider. Il peut me former, il le doit et je ne lui laisserai pas le choix de toute manière !

–Putain William mais oui ! Dis-je en rouvrant les yeux brutalement.

« Quoi ? »

Je me retourne vers Loupo et je réponds à monami.

« Je dois voir William et je sais comment faire ! »

« Je t’écoute ! »

« Moi je ne peux pas bouger mais je connais quelqu’un qui le peut, lui ! »

Loupo se redresse brusquement et je souris en lui murmurant :

–Tu es ma seule et unique chance ! Trouve-le !

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Mon anomorf s’enflamme brusquement et disparaît.

Je ferme les yeux et je me concentre. Je cherche mon point de miroir et mon lien fort avec Loupo. Je ressens l’attraction du transfert en l’espace de 10 secondes. Mon anomorf a posé ses pattes sur une terre beaucoup plus chaude que ce à quoi je m’attendais. J’ai très souvent retrouvé William sur les terres couvertes de glace de l’arctique ou même dans les forêts de l’Amazonie mais jamais dans un désert. Mais il est vrai que la dernière fois que je l’ai vu je l’aidais à sauver sasœur.

Le sol ici est couvert d’une poussière jaune. Des tas et des tas de dunes de sable s’étendent devant moi et un vent violent souffle à travers celle-ci, soulevant des milliers de grains de poussière et brouillant la visibilité. Le soleil est très puissant ici et il n’y a pas beaucoup de traces d’ombre. Mais mon anomorf plisse les yeux pour pousser sa vision au maximum. Devant lui, je finis par apercevoir des ruines dissimulées. C’est assez curieux, il n’y a rien à des dizaines de kilomètres aux alentours et là une porte de pierre rougeâtre presque à moitié effondré sous le poids du sable.

Loupo se rapproche doucement des poutres et il a à peine fait trois pas que je sens une fraicheur anormale sortir de l’intérieur. Un froid glacial qui me picote la nuque sur Natoum.

Loupo l’a trouvé ! Et il a fait vite !

Il faut que j’y aille, il faut que je lui parle. C’est ma seule chance ! Sans rouvrir les yeux je me mets debout et me métamorphose aussitôt. Je sens mes propres pattes fouler l’herbe fraîche de l’île de Perfide. Je sens le vent s’engouffrer dans mon pelage blanc et je trottine en me concentrant sur mon anormorf.

J’ai besoin de reconstruire ma vie ! J’ai besoin de retrouver mes repères et sans Tom c’est infaisable. Peter m’a dit de prendre les choses une par une. Et c’est ce que je vais faire. Je sens mon pelage brûler et mes poumons suffoquer. Mais cette fois la pression est plus forte et plus longue. Je sais que le processus est en route et je ne peux plus rien arrêter.

Je bondis en avant, mon corps hurle sous la chaleur et mes pattes finissent par toucher un sable bouillant et très désagréable. La vache mes coussinets n’aiment pas ça bordel !

Ce foutu vent ne me facilite pas la tâche. J’y vois rien à deux mètres même en forçant ma vision.

J’avance en développant mon ouïe mais ma nuque est glaciale et se tend douloureusement.

Je me rapproche de la porte le plus vite possible pour éviter d’être enseveli sous le sable. Je suis forcée de reprendre ma forme humaine. Je le sais il n’y a pas qu’un seul ténébreux là-dedans. Ma nuque est à un point culminant. Mais d’un côté un peu d’action et d’adrénaline ne me feront pas demal.

La porte cède sous la pression de mon poids après de longues minutes d’effort. Elle grince bruyamment et j’atterris dans une plate-forme circulaire en fer forgé. Le même genre de plate-forme que celle du bateau de Alpa, il soutient un escalier en colimaçon qui descend dans les profondeurs d’une cave couverte de roche. La différence est qu’il est beaucoup plus ancien et mal entretenu. La pièce est recouverte d’une pierre rouge presque marron et est éclairée faiblement par des néons qui clignotent tous les deux mètres. Purée c’est le grand luxe !

Le froid est présent dans toute la grotte et je sens Chanax s’agiter sur ma colonne vertébrale et mes yeux prennent aussitôt leurs couleurs rouge flamme.

Je m’apprête à descendre les premières marches quand je sens un léger vent glacial dans mon dos. Je fais un bon sur ma droite et me jette sur le sol. J’effectue un roulé boulet au même moment et mon dos touche le sol. Je tends mes mains en avant, j’envoie une déflagration de flamme vers l’individu posté au-dessus de la porte à califourchon sur la poutre. Il doit avoir la vingtaine, blanc, la peau crasseuse et bien sûr des yeux d’un noir impressionnant. Il n’a pas le temps de prévenir qui que ce soit et ni le temps de défendre sa place. Il finit par se retrouver à mes pieds complètement carbonisés et son arme tombe dans un vacarme métallique sur le fer forgé avant de disparaître tout comme son propriétaire, dans une fumée noire.

« Et de un ! »

Je ricane et me relève avant de descendre les marches. Inutile d’attendre d’autre renfort. Il a peut-être déjà donné l’alerte ou le bruit a pu prévenir les autres individus.

L’escalier descend sur environ trois étages et plus je m’enfonce plus le froid me parcourt la peau comme des piquants.

Mes sens sont aux aguets et les escaliers finissent par déboucher sur un sol rocheux et poreux, couvert de sable. La petite pièce circulaire fait la même taille que celle que j’ai quitté trois étages plus haut. Sauf que celle-ci à une ouverture creusée dans la roche. Je me rapproche à pas feutrés, je finis par entendre plusieurs voix. La pièce déboule sur une pièce beaucoup plus grande dont je ne vois pas le fond et… merde !

Je me fige. Mon dieu cette cave est pleine de ténébreux.

Il doit y avoir plusieurs centaines de ces abrutis là-dedans et ma nuque est à son apogée de douleur. Mince ! Je veux me défouler mais je suis seule contre une armée et ça va être compliqué. Je ne sais même pas si Volmart est là. Loupo a peut être juste trouvé la concentration des ténébreux la plus impressionnante.

Cependant aucun d’eux ne m’a encore repéré et ils sont tous occupés à différentes tâches. J’en vois certains dormir sur des couchettes de fortune, d’autres rire à certaines conversations, où d’autres penchés sur des gamelles ou s’échappent de la vapeur et des odeurs qui n’ont rien d’appétissant. D’autres encore sont attablés autour de cartes ou de papiers sur des tables de bois en piteuxétat.

Il n’y a aucune odeur dans l’air à part celle de la nourriture. Ça je le savais, aucun ténébreux ne possède une odeur propre mais d’autres sensations flottent dans l’air. Et ça se sont mes dons de ténébreux qui me le confirme. Il y a de la haine, de la colère, de ressentiments, de la peur, de l’effroi et de la vengeance. Je sens ses envies désagréables sortir de cette grotte.

Je cherche des yeux Will, c’est le seul que je veuxvoir.

« Et une fois que tu l’auras trouvé, tu vas faire quoi ? » me marmonne Chanax.

« On avisera ! »

Je l’entends ricaner mais je sais pertinemment que lui aussi est sur les nerfs. Je me suis souvent mise en danger ou dans des situations compliquées et pour l’instant je suis toujours en vie mais se battre contre une armada de ténébreux est suicidaire.

Je tends les oreilles et mon ouïe se développe aussitôt. J’entends des discussions puériles et d’autres plus intéressantes mais sans aucun intérêt pour moi. Des voix d’hommes et de femmes fortes de conviction s’échappent de la table ou les innombrables papiers sont étalés. Ah voilà qui est attirant ! Ils font tous de grands gestes et je sais rien qu’en entendant leurs voix colériques que chacun défend ses opinions.

–Comment voulez-vous savoir ce que nous combattons si nous ne savons pas ce que c’est ! Ce sont peut-être les nôtres concentrés à un point culminant ! Crache une voix féminine appartenant à une femme à la peau jaune, les cheveux tirés en arrière et portant des habilles asiatique.

–C’est stupide Yonk ! Tu sais très bien qu’un concentré de ténébreux ne nous donnerait pas cette impression de puissance. Reprend un homme blanc la soixantaine à sa droite.

–Et surtout, reprend un homme noir, pourquoi se planquer aux alentours de Wanouk ? C’est plus que suicidaire avec les Sinach à leur trousse et les élus qui ne laisseront personne s’approcher de leurîle !

–Les élus de Wanouk ! Ricane un adolescent que je reconnais aussitôt.

Bordel qu’est ce qu’il fout là ? La dernière fois que je l’ai vu c’était en Espagne et depuis beaucoup de choses se sont passées.

–À se demander de quoi ils sont les élus ? continue-t-il. Ils sont censés empêcher le noir d’arriver dans nos vies, ou plutôt celle des humains et de toute évidence ils n’ont pas réussi.

–On n’en sait rien ! Reprend l’hommenoir.

Antonio se met à rire de son ton glacial. La dernière fois que je l’ai vu et la seule fois, je l’empêchais de tuer une jeune fille dans les ruelles d’une boite de nuit de Santilla del mare et voilà que maintenant il nous dénigre. Putain j’aurais mieux fait de le tuer ! Ou de laisser Mat’ le tuer ! Non ce n’est pas une bonne idée ça ! Mais bon vu le résultat au final ça n’aurait peut-être rien changé !

–On n’en sait peut-être rien mais la dernière fois qu’on a tous ressenti un changement dans l’air, on a découvert que l’un des élus s’était retourné contre les siens. Ils ne sont pas stables !

–Ils t’ont sauvé la vie ! Continu l’homme noir, tous comme la mienne !

À bon ? Je ne me rappelle pas de ça. À mon avis je devais être absente cette fois-ci. Sans doute amnésique ou enfermé !

–Et à quoi bon Homard ? Regarde ou nous sommes, traqués, en fuite, cachés pour échapper à plusieurs ennemis…

–Tu es jeune Antonio tu ne sais pas ce que nous risquons à sortir ! Reprend l’homme blanc.

–Et pourquoi ? Nous avons déjà fui l’Alaska et perdu plus des nôtres en restant ensemble qu’en nous séparant !

–Il nous faut nous serrer les coudes ! Reprend le dénommé Homard.

–A oui ? Continu Antonio dont la voix est de plus en plus froide et forte.

Je ressens sa colère et son dégoût d’ici et pourtant je suis à une bonne cinquantaine de mètres.

–Tout ça pour quoi ? Parce que c’est ce qu’ont demandé les élus ? Ils ne sont pas nos maîtres, nos dieux et encore moins nos amis ou alliés là-dedans.

–Ils ne veulent pas que le dieu noir revienne ! On partage le même avis là-dessus ! Reprend l’homme blanc.

–C’est ce qu’on croyait tous mais si cette force noire est bien Sombro, cela signifie qu’il est déjà revenu ! Se battre contre un fait déjà réel est devenu inutile.

–On ignore si c’est lui ! Crache Homard. Et même si c’est le cas nous devons…

–Il a raison ! reprend la Chinoise. On est presque sûr qu’il s’agit de Sombro et nous sommes peut-être pas dans le bon camp !

Homard serre les poings et tape sur la table.

–Je préfère encore me terrer et chercher à survivre plutôt que de me jeter en pâture à un être qui ne fera que nous tuer pour acquérir plus de force !

De toute évidence ce petit groupe sont les leaders de tout cet attroupement mais ils se déchirent.

–Ce sont aux élus de faire ce qu’il faut, crache Antonio, pas à nous !

C’est bon j’en ai marre de me faire démonter sans réagir. C’est assez facile de dire que c’est à nous de faire tout le boulot alors que c’est leur arrière arrière-grand-père. C’est pas légalement à eux de le prendre en charge.

« Heu en toute logique non, je suis son frère donc ce serait plutôt à moi et à mes frères de le prendre en charge donc c’est à nous six de nous en occuper ! »

« Putain Chanax t’abuse ! »

Mais l’adrénaline m’a fait sortir de mon trou. Je n’ai rien à perdre de très important de toute manière, ma vie n’a plus vraiment de bute actuellement.

Je rentre sous le hall sans que personne ne remarque immédiatement ma présence. Je marche dans l’allée centrale et me dirige vers la table devant moi ou ils sont toujours en train de se hurler dessus.

–Les élus ne sont pas assez puissants pour le détruire !

« Et tu tiens ça d’où Antonio ? »

–Nous ne sommes pas dans le bon camp ! continue-t-il en criant presque sur Homard. Ils ont pour la plupart laissé ceux qui se trouvent ici s’échapper. N’importe qui pourrait les détruire et tu veux qu’on se range de leur côté ?

« N’importe qui ? Ha oui ! » Reprend Chanax que je sens gonfler de rancœur.

–Tu veux essayer Antonio ?

J’ai parlé d’une voix forte de conviction et tout le monde s’est tu autour de la table mais aussi dans toute la grotte. La plupart des visages se retournent enfin vers moi, apercevant ainsi qu’il y a un intrus dans leurs rangs.

« Coucou c’est nous ! » ricane Chanax.

Il pèse un silence de mort dans l’assemblé et le froid s’intensifie.

Antonio a perdu toute trace de conviction et ses yeux noirs d’encre me dévisagent comme si j’étais irréelle. Tout le groupe de chefs m’observe de la même manière mais je ne quitte pas Antonio desyeux.

–Alors Antonio ? Tu disais que n’importe qui pouvait nous détruire ! Pourquoi tu n’essayeraispas ?

–Qu’est-ce que tu fouslà ?

–Oh c’est vilain ça de se défiler face à un duel en répondant à une autre question !

–Vilain ? ricane-t-il.

–Oui ou stupide ! Je vois que tu es devenu quelqu’un d’influant dans cette communauté ténébreuse et pourtant tu n’as toujours pas de cervelle. J’aurais dû te laisser te faire empaler par Mathias à Santilla del mare !

Je le vois serrer les dents et je continue en m’adressant à Homard :

–Et toi ! Je ne te connais pas, je n’étais sans doute pas là quand mes amis t’ont aidé mais je me rappellerais de ta position !

Homard n’a pas bronché mais j’ai vu une pointe de gratitude dans ses yeux. J’élève la voix même si c’est inutile car toutes les attentions sont tournées vers moi. Ouhou c’est moi la star !

–Quant à vous tous, ici présent ! Il va falloir choisir un camp effectivement. Car je peux répondre à votre question sans que vous détachiez de troupe sur les alentours de Wanouk pour aller le vérifier. Ce qui est stupide et suicidaire cela dit en passant ! C’est bien Sombro qui est de retour et qui vous donne cette sensation glaciale de mort !

Il y a un mouvement et des murmures à l’annonce du dieunoir.

–Mais il n’a pas encore acquis assez de puissance pour garder un corps définitif. Son âme se balade entre les trois descendants purs. Il est bien revenu mais il est en convalescence dirons-nous !

–Donc nous n’avons pas encore tous perdu ! Reprends la Chinoise.

–Ça dépend de quel point de vue tu vois les choses. Sombro est revenu mais il est pas encore assez en forme pour détruire tout ce qui se trouve sur cette terre. Et je ferais tout pour qu’il n’y parvienne pas ! Et d’un autre côté, il a besoin de trouver des pouvoirs noirs pour se rassasier ce qui fait de vous des proies encore plus appétissantes.

–Super ! Je vous disais quoi ? Hurle Antonio.

–Des conneries et de grosses conneries si je peux me permettre ! Car vois-tu Antonio, si nous vous avons laissé tous en vie c’est parce que nous avions un ennemi commun et que votre aide peut-être utile, on vous laisse une chance de vivre. Mais si elle doit nous handicaper en laissant plus de soldat ou de garde mangé à Sombro autant tous vous détruire nous-même. Au moins Sombro ne risquera plus de vous sous tirer quoique ce soit. Et puis, si tu veux mourir en allant dans son camp, autant commencer maintenant !

Antonio est furieux. Se laisser démonter comme ça devant tout le monde ne lui plaît absolument pas mais moi ça m’amuse et ça me défoule.

–Alors ? Toujours prêt à me mettre une raclée où tu t’abstiendras ?

Dans les deux cas je m’en contre fou. Je sais pertinemment que j’aurais le dessus et s’il abandonne j’en viendrais au même point plus rapidement.

Tout le monde se tourne vers Antonio, attendant sa réaction mais il serre les poings. Je sens son dilemme. Soit il accepte et se prend une raclée ou soit il refuse et passe pour un lâche. Finalement je claque des doigts et sur la table derrière lui, se trouve les dents menaçantes de Loupo et son pelage flamboyant.

Antonio se retourne vers lui et mon ami le pousse à s’avancer vers moi. Je claque des doigts et mon épée de flamme se matérialise dans ma main droite. Sa pointe recourbée et enflammée dégage une chaleur impressionnante.

Antonio claque à son tour des doigts pour faire apparaître une épée de filament noir et se jette aussitôt surmoi.

« Enfin ! »

Je fais un bond sur ma droite et il bascule en avant en trébuchant. Je lui donne un coup de pied dans le dos et il tombe en avant droit sur le sol. Je m’amuse comme une folle. Antonio se retourne rapidement en brandissant son épée au-dessus de sa tête en hurlant de rage. Je pars son coup et lui assène mon pommeau de l’épée droit dans le nez. Il bascule en arrière en gémissant et tombe sur les fesses. Je lui mets l’épée sous le menton et je le fixe ardemment en lui demandant :

–Alors n’importe qui peut me détruire mais de toute évidence ce n’est pastoi !

Antonio ne répond pas. Il se tient le nez ou le sang coule aux travers ses doigts. J’attends une réponse mais il ne bouge pas d’un pouce me lançant un regard glacial.

–Bien ! C’est ce qu’il me semblait. Quelqu’un veut-il me détruire ?

Loupo grogne un peu plus fort sur la table. Je regarde tour à tour les chefs et certains des ténébreux autour de moi mais il n’y a personne pour accepter monduel.

–Merde moi qui voulais jouer !

Seul Chanax ricane. Homard s’avance vers moi et demande :

–Que veux-tu élue de Wanouk ?

Je sens la totalité des regards sombre se plonger sur moi. Bordel mon cou est au bord de la crise. C’est tendu et douloureux ! Je plonge mon regard de braise dans celui de l’homme noir. C’est vrai ça ! Qu’est-ce que je fous là déjà ? Haoui !

–Je cherche l’un d’entre vous en particulier !

–Quiça ?

J’ai pas le temps de répondre qu’une voix féminine derrière moi m’interpelle en lançant :

–Je pense que je peux t’aider !

Je me retourne amusé de l’intervention de cette ténébreuse. Mais quand je croise le regard glacial de cette femme à la peau plus blanche que le marbre, aux cheveux noirs d’encre et à l’ossature squelettique, je perds mon sourire. Elle a meilleure allure que la dernière fois que je l’ai vu mais elle est toujours aussi maigre que la mort. Sur sa peau marbrée, il y a plusieurs traces de blessure et surtout des cicatrises. Trace de piqûre, de scalpel, et autre plaie dont j’en connais la provenance.

–Je te connaistoi !

La jeune femme qui doit être légèrement plus âgée que moi ricane et me lance :

–C’est exact ! Je te dois un service et je compte bien m’acquitter de ma dette.

« Sans blague ! » Marmonne Chanax.

–C’est plutôt rare que les ténébreux aient un code d’honneur !

–Disons que c’est de famille alors ! Nous ne sommes pas tous des lâches !

Je sens la tension au-dessus de toutes ces personnes. Elle plane comme une épée prêt à bondir. Je sais très bien que si l’envie leur prend de tous se jeter sur moi, je ne serai pas de taille. J’ai fait ma maline suffisamment longtemps. Il ne faut mieux pas qu’il se rende compte de ce qu’ils ratent.

–Très bien ! Je te suis !

Elle me tourne le dos et repart vers l’entrée de la grotte.

J’ai l’impression que devant moi les flots d’une mer noire s’ouvrent sauf que je ne suis pas Moïse mais pourtant je passe sans problème et grimpe rapidement les marches à la suite de la petite sœur Volmard.

Chapitre3Les tunnelsnoirs

Quand j’arrive en haut de l’escalier, je l’arrête.

–Il est où ton frère ?

Elle ne me répond pas et je lance une boule de feu droit dans la porte de ferraille. Aussitôt un mur de flamme s’élève devant elle, lui bloquant le passage.

–Laïla ! Je t’ai demandé ou est Will ?

Elle se retourne vers moi et son regard d’encre me lance :

–Il n’est de toute évidence pas là ! Et ce n’est pas parce que j’ai une dette envers toi que je ne peux pas me battre à mon tour avectoi.

–Je doute que ton frère apprécie !

–Je connais mon frère depuis peu ! Je n’ai rien à lui devoir.

–Il t’a sauvé lavie !

–Mes histoires de famille ne te regardent pas ! Maintenant, si tu veux voir mon frère, laisse-nous sortir ou démerde-toi pour trouver Will !

Elle me gonfle royalement ! C’est sûr, elle est de la même famille que William mais je n’ai pas le choix. Les flammes disparaissent aussitôt et j’entends cette greluche ricaner avant qu’elle sorte dans la tempête de sable.

Je me force à la suivre en retenant autant que possible ma respiration pour éviter d’avaler du sable et en plissant les yeux. Bordel c’est vraiment l’enfer ici. Le paysage désertique est vraiment époustouflant mais invivable.

La silhouette de Laïla devant moi est difficile à cerner. Je la vois à peine avec tout ce vent mais je m’efforce temps bien que mal à faire ce que je peux. On marche ainsi les bras levés pour se protéger du sable pendant presque 15 minutes. La sœur de William finit par se baisser rapidement et je la perds de vue. Merde ! Cette garce m’a fait un plan tordu en me laissant en proie, seule face aux éléments. Pourquoi Jimi ou Margaux ne sont jamais dans les parages quand j’ai besoin de dompter le vent ? Ça aurait été bien utile.

Je fais quelques pas de plus mais soudain on m’agrippe la cheville et je tombe en avant sous un croche-patte déloyal. Mes yeux couleur de flamme se tournent vers celui qui m’a fait ce coup tordu et je découvre la main de Laila. Elle est descendue par une trappe placée sur une plate-forme légèrement surélevée et protégée par quatre murets de pierre qui empêche le vent de poser le sable sur la plaque de bois. Elle me fait signe de la suivre. Je rampe jusqu’à la trappe ou le visage de la ténébreuse vient de disparaître et je jette un coup d’œil à l’intérieur. Laila descend à une échelle. Le tunnel est éclairé par des néons mais ils grésillent comme dans l’autre caverne.

Remarque, ça doit pas être évident de faire venir un électricien dans le coin !

Je descends à sa suite et dès que ma tête disparaît sous terre, mes oreilles arrêtent aussitôt de siffler. Bordel ce vent me rendait sourde en plus !

–Ferme la trappe l’élue, sinon on va devoir balayer !

Je grogne.

« Tu vas voir ce qu’elle va te balayer l’élue si tu continues à me gonfler. »

Je m’exécute cependant et j’entame ma descente. J’ai horreur de cette situation. Je me sens en danger. Laila sous moi, à juste à lever la main pour m’abattre. Pourvu que ce ne soit pas un piège. Mais plus je descends plus je réfléchis à l’éventualité que l’armée noire de tout à l’heure se soit déplacée pour m’achever.

« Arrête de flipper ! »

« C’est bien à toi de me dire ça, tu es déjà mort je te rappelle ! »

« C’est pas faux ! Mais je doute que Volmard veuille ta tête au bout d’une pique. Je te rappelle qu’il a des sentiments pour toi ! »

« On n’en sait rien ! »

« Arrête ! C’est gros comme une maison. Et un de plus ! »

« Un de plus ? »

Ça veut dire quoi ce message codé ?

« Bah oui, reprend Chanax. T’as quand même remarqué à quel point tu les attrapes tous dans tes filets ? Cédric, Mat’, Dan’, Will, Camille… »

« Camille ? Non mais ça va pas, c’est un ami et rien d’autre ! »

Il rit aux éclats en se moquant demoi.

« Oui bien sûr ! c’est ce que tu veux te faire croire ! »

« Pas du tout ! Et puis même si j’ai quelques garçons qui m’aiment bien je te rappelle que j’ai 19 ans et qu’à mon âge beaucoup de mes copines ont un tableau de chasse bien plus fourni ! »

« Oui enfin à mon époque on disait de ces femmes-là qu’elles étaient magnifiques ou désirables et on ne posait pas d’autres questions car une femme restait une femme. Alors qu’à ton époque il me semble qu’on appelle ça des allumeuses ! Pour rester poli bien sûr ! »

« Non mais ça va pas ! Tu sors ça d’où ? Je ne suis pas une allumeuse ! »

« Non c’est vrai pas encore ! Qui sait peut-être que la petite sœur de Will a craqué elle aussi ! »

Chanax explose de rire dans matête.

« C’est bien à toi de me faire des commentaires sur ma vie amoureuse tiens ! Je te rappelle que tu me dois toujours des explications sur cette fille qui te faisait craquer ! »

Chanax perd son rire mais pas sa bonne humeur et il me lance :

« Et bien, ce sera pour une autre fois car grâce à ma superbe discussion tu as arrêté de flipper et regarde, on arrive en bas ! Oh miracle il n’y a eu aucune traînée de sang sur les murs et ta tête est toujours sur tes épaules. C’est cool tu vas pouvoir l’utiliser pour faire tomber des hommes à la renverse ! »

Il rit à nouveau, content de sa connerie.

Je saute sur un bitume froid et me retrouve dans une petite salle circulaire. On dirait un carrefour ou trois tunnels de pierre de plus ou moins grosses tailles coupent la roche devantmoi.

–Pourquoi tu souris ? Me demande Laila qui me dévisage.

« Parce qu’elle est rassurée que tu lui aies pas sauté dessus ! Et dans tous les sens du terme ! »

Bordel ! J’arrive pas à retenir mon sourire qui va avec le rire de Chanax qui raisonne à mes oreilles. Mais je lui réponds :

–Qu’est-ce que ça peut te foutre au juste ?

–Et bah on m’avait dit que les élus étaient bizarre mais pas qu’ils étaient d’une telle amabilité. Ça donne envie de vous charcuter!

–C’est sans aucun doute la définition la plus simple du mot ennemi.

Laila hausse les épaules et se tourne pour rentrer dans un des tunnels à ma droite. Je dois me courber légèrement pour la suivre. Je claque des doigts et derrière moi Loupo couvre mes arrières en silence.

Le trajet que je parcours n’est pas très long mais j’ai bifurqué à deux ou trois endroits ce qui me laisse croire que ces lieux sombres sont un vrai labyrinthe. Ma nuque picote depuis déjà quelques minutes quand Laila se stop et me fait signe d’entrer dans une salle sur ma droite. L’ouverture ne comprend aucune porte mais elle fend la roche.

–Qui a construit ces tunnels ?

–Qu’est-ce que ça peut te foutre ?

Je la vois ricaner devant moi avec son sourire narquois et de l’autre côté du mur de roche c’est une autre voix qui me répond :

–C’est une longue histoire princesse mais tu ne me croirais sans doutepas !

Je ne peux pas dire que je sois heureuse de voir Volmard se tenir sur une barrique en bois au milieu de cette salle mais je ne peux pas dire non plus que je sois en rage, ou flippé ou énervé. Bizarrement je ressens une gratitude et un soulagement ce qui ne met jamais arrivé avec lui. Loupo derrière moi rentre le premier dans la salle et trottine joyeusement vers l’individu qui le dévisage avec curiosité. C’est vrai que mon anomorf ne s’est jamais conduit comme ça vers lui et surtout dans les rares occasions ou il l’a aperçu. La situation me met mal à l’aise mais je ne laisse rien montrer.

Je rentre dans la pièce qui n’est pas très grande. Les murs de roche ne sont pas uniformes, taillés grossièrement, ils donnent au lieu un aspect atypique, presque brutal. J’ai l’impression de vivre à une autre époque où les hommes se cachaient dans des cavernes comme celles-ci.

–J’ai connu plus accueillant !

Will ricane et me lance :

–Peut-être mais ici nous sommes protégés !

–Protégé dequi ?

Will saute de son tonneau et me passe devant pour attraper une canette de bière et m’en lancer une au passage.

–Et bien en toute logique de nos ennemis ! Vous les premiers !

–Et bien c’est loupé !

–Pas vraiment ! Reprends Will, car tu n’es pas vraiment élu à 100 %.

–Je vois pas ce que ça change Volmard !

–Au contraire ça change beaucoup de chose princesse. Ici ce lieu est exclu de la nature. Aucun élu ne pourrait le trouver en se connectant à votre « nature ». Elle ne nous captepas !

Je reste silencieuse en le dévisageant. Je ne connais qu’un seul lieu capable de ce qu’il décrit et je ne sais même pas où il est vraiment. J’ai juste été enfermé à deux reprises et j’ai failli y passer. Ces labyrinthes peuvent-ils avoir ces capacités ?

–Pour preuve Winchester, depuis combien de temps es-tu ici sans qu’aucun de tes amis ne t’ait encore retrouvé ?

Mince ! C’est vrai ça ! À mon avis ils ont dû remarquer ma disparition de Natoum depuis longtemps.

–Qui te dit qu’ils me cherchent ?

William explose de rire et me lance :

–Arrête Winchester, j’ai assez travaillé avec toi pour savoir qu’aucun de tes amis ne peut me blairer donc jamais ils ne t’auraient laissé me chercher sans te procurer une garde rapprochée.

« Et c’est qu’en plus il te connait pas trop mal ! »

Les yeux noirs de Will me foutent la chair de poule mais son sourire et son air inoffensif me font sourire à mon tour. Je bois une gorgée de ma bière sans répondre à sa question et il continue :

–C’est ce qu’il me semblait ! Bon qu’est ce qui t’amène Winchester ? Encore des ennuis ?

J’avale une autre gorgée de bière et Laïla dans mon dos lance à son frère :

–Elle dit que le dieu noir est revenu !

Will observe sa sœur, puis de nouveau moi. Je me contente de le regarder droit dans ses yeux pétrole et il se tourne de nouveau vers sa petitesœur.

–Laïla ! Tu veux bien allez nous chercher d’autres bières ou voir ce que tu peux nous trouver ?

–Tu me fout dehorslà ?

Elle est de toute évidence en rogne et n’apprécie pas du tout de se faire éjecter. Mais la savoir là me met mal à l’aise. Je n’ai pas d’amis ténébreux mais Will et moi avons une relation différente.

–S’il te plait, ce qui se passe entre nous deux est plus complexe que ce que tu crois !

Elle serre les poings et me lance un regard glacial comme à son frère avant de disparaître dans les couloirs de pierre.

William attend plusieurs minutes pour être sûr que les oreilles indiscrètes de sa sœur soient bien loin de nous avant de me demander :

–C’est vrai ?

–Je suis sûr que tu le sais déjà Will. Tu m’as prévenu à chaque fois qu’il y avait un changement ! Pour moi, pour Hugo et j’en passe ! Tu ressens les changements alors pourquoi tu me poses la question ?

Je le vois boire la moitié de sa canette. Je sais qu’il cherche dans mon attitude une quelconque trace de mensonge mais il finit par laisser tomber.

–Peut-être parce que c’est une théorie trop terrifiante…

–Trouve-toi un nouveau refuge Will !

–Effectivement…

Je le laisse digérer l’information mais il finit par me dire :

–Mais je suppose que ce n’est pas pour ça que tu es venu me voir !

–Effectivementnon !

Je m’assieds à mon tour sur la barrique et lui marmonne :

–Mon oncle est mort dans la bataille contre Sombro.

–C’estcon !

Je lui lance un regard noir. Pourquoi est-ce que je suis toujours aussi surprise de la nonchalance de Will ! Le mot « con » est loin de résumer la situation non ? Ou peut-être que si finalement !

–J’ai besoin d’aide !

–Pourquoi ? marmonne-t-il sincèrement surpris. Tu veux un éloge funèbre ?

–Non un cours bien particulier! Je veux que tu m’emmènes dans le passé !

Will recrache une partie de sa bière et s’essuie maladroitement avant de réussir à marmonner :

–Quoi ?

–Tu m’as très bien comprise !

–Je pige pas là ! Tu veux sauver ton oncle dans le passé ? Je croyais que tu avais compris que c’était impossible. Tu as déjà essayé pour tes parentsnon ?

–Ce que je veux y faire ne te regardepas !

–Tu ne peux pas me demander une telle chose sans explication ?

–Et pourquoipas ?

–Parce que le passé est le passé et il ne doit pas être touché si on ne veut pas bouleverser l’avenir.

–Regarde l’avenir ! Tu crois qu’on ne peut pas le modifier ?

Will reste la bouche ouverte à me fixer avant de dire :

–Bon ok c’est pas faux mais je suis sûr d’une chose c’est que remonter le passé est risqué !

–Et vivre dans le sous-sol est moins risqué ?

Will serre les poings en se détournant de moi et en s’arrachant une poignée de cheveux.

–Tu n’as pas besoin de moi, tu l’as déjà fait !

–Par accident ! Je me suis retrouvée dans une posture dangereuse et toi tu m’as trouvé d’un claquement de doigts.

–Et je te rappelle Winchester qu’on a failli en crever ! C’est dangereux !

C’est vrai je m’en rappelle mais c’est justement pour ça que je veux les bases.

–C’est différent cette fois Will, je ne te demande pas de m’accompagner. Je veux juste être sûr de ce que je fais. Je ne peux pas me permettre de perdre mon énergie comme la dernière fois, je dois me concentrer sur le reste.

–Sur quel reste ? Voyager dans le passé n’est pas comme se téléporter ou prendre une simple voiture. Tu te transportes dans des lieux qui n’existent plus. La ligne que tu empruntes ne doit pas se briser et ne peut pas se briser. Les choses se dérouleront toujours comme elles le doivent ! Tu ne peux pas changer ce qui s’est passé…