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Atlanta, avant la Guerre de Sécession. Depuis sa plus tendre enfance, Laurie, fille de riches planteurs, ne peut comprendre la haine et la violence auxquelles sont soumis les esclaves noirs de sa plantation. Devenue une ravissante jeune fille, elle s'éprend de l'un des anciens esclaves de ses parents, Tony, et, alors que la menace de la guerre entre les Sudistes et les Nordistes se fait de plus en plus présente, les deux jeunes gens décident de fuir Atlanta et de se réfugier à New York afin de s'y marier. Après la victoire des Nordistes, la naissance du Ku Klux Klan et ses exactions poussent Laurie à tout mettre en oeuvre pour aider les anciens esclaves noirs à résister, découvrant à leurs côtés la présence d'un mystérieux cavalier masqué se faisant appeler Le Libérateur. Qui est donc cet homme qui semble vouloir la protéger et qui la trouble ? Dans un Sud où le sang continue de couler et où la violence répond à la violence, y a t-il encore une place pour les sentiments ? Pour atteindre le bonheur, il faut parfois faire de nombreux détours, et l'on dit que l'adversité rend plus fort...
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Seitenzahl: 132
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Pour ma famille
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
Monsieur et Madame Coleman, riches planteurs de la région d'Atlanta, revenaient d'une visite qu'ils avaient faite à leurs voisins, les Dods. Ils évoquaient la conversation amicale qu'ils avaient eue avec leurs amis lorsque Madame Coleman poussa soudain un cri d'horreur. Son mari s'étonna :
—Eh bien, Virginia, que vous arrive-t-il donc ?
Suffoquant d'indignation, son épouse désigna du doigt un groupe d'enfants qui jouaient dans le magnifique parc entourant leur demeure, qu'ils venaient d'atteindre, en s'exclamant :
—Là, là, regardez donc, mon ami ! C'est horrible !
John Coleman regarda dans la direction indiquée et, à son tour, il laissa échapper une exclamation étouffée et fit arrêter la voiture sur-le-champ.
Descendant rapidement sans même attendre l'aide de leur cocher, il s'avança vers les enfants en criant d'une voix tonitruante :
—Laurie ! Viens ici tout de suite !
Une ravissante fillette paraissant une dizaine d'années, aux longs cheveux noirs dénoués retombant sur ses épaules et aux profonds yeux verts, se détacha du groupe d'enfants et s'approcha à pas lents en demandant :
—Que se passe-t-il, Père ?
—Ne t'ai-je pas déjà dit au moins une centaine de fois de ne pas jouer avec les enfants des esclaves ?!
—Mais, Père...
—Ne discute pas, Laurie, et ne recommence plus, veux-tu ! Tu fais le désespoir de ta mère, tout comme le mien ! Rentre à la maison, il est temps de prendre ton bain !
La tête basse, la fillette se dirigea vers la vaste maison tandis que les autres enfants, effrayés par l'arrivée du Maître, se dispersaient dans la nature en direction de leurs cases respectives.
Beaucoup plus tard, alors que tous dormaient dans la demeure des planteurs, la petite Laurie Coleman descendit silencieusement de sa chambre, quitta la maison et, se dirigeant grâce à la lune, courut jusqu'à l'endroit le plus reculé du parc, où, derrière un petit bouquet d'arbres, ses compagnons et elle-même, tout comme tous les enfants de leur âge, avaient bâti une cabane qui était leur refuge. Elle y retrouva son petit compagnon préféré, un jeune noir âgé de douze ans nommé Tony Elder, du patronyme attribué à son père, qui avait appartenu à un planteur dénommé Elder. Lorsque ses parents étaient décédés, le jeune Tony, alors âgé de dix ans, avait été racheté à Elder par le contremaître des Coleman, qui avait besoin d'un jeune aide pour le cuisinier de la propriété. L'enfant demanda à la fillette :
—Alors, Miss Laurie ?
D'un air boudeur, celle-ci répondit :
—Papa ne veut plus que je joue avec vous tous ! Seulement moi, je m'ennuie, toute seule ! Alors, je viendrai quand même !
—Oh, non, Miss Laurie ! C'est très mal de désobéir à ses parents ! Mon papa me le disait souvent !
—Personne ne le saura, Tony, je viendrai en cachette et nous jouerons ici, dans notre cabane !...Bon, à présent, je dois rentrer, si jamais on s'aperçoit de mon absence, on va m'enfermer !
D'un geste spontané, la fillette embrassa le garçonnet sur les deux joues et, en tendant les mains en avant comme pour se protéger, celui-ci s'écria :
—Miss Laurie ! Vous ne devez pas faire ça !
—Et pourquoi donc ?! Tu es mon ami, Tony !
Le petit esclave murmura :
—Mais...parce que je suis noir !
Laurie le regarda attentivement, puis déclara d'un ton péremptoire :
—Pour moi, cela ne fait aucune différence !
Et, le plantant là, elle s'enfuit dans la nuit...
Le lendemain, des cris attirèrent l'attention de Laurie, qui faisait une promenade avec ses parents dans la plantation. Elle les entraîna vers l'endroit d'où provenaient les hurlements et s'arrêta net en voyant le contremaître de la plantation, Bill Portell, un jeune homme blond de vingt-cinq ans, qui faisait fouetter par ses aides tous les enfants qui avaient joué avec elle la veille, deux fillettes et trois garçonnets, dont Tony Elder. Laurie échappa à ses parents, courut jusqu'à l'homme qui était en train de fouetter son ami et s'accrocha à son bras en criant :
—Arrêtez ! Mais arrêtez donc !
John Coleman la rejoignit à grandes enjambées et la tira brutalement en arrière en s'écriant :
—Laurie ! Cesse immédiatement !
Tout en se débattant, la fillette hurla :
—Pourquoi les faites-vous fouetter, Père ?!
D'une même voix, John Coleman et Bill Portell répliquèrent :
—Parce qu'ils doivent comprendre qu'ils doivent rester chez eux et n'ont pas le droit de jouer avec la fille du Maître !
—Alors, il faut me fouetter aussi, puisque je n'ai pas non plus le droit de jouer avec eux !
Virginia Coleman poussa un cri horrifié, tandis que son époux s'exclamait :
—Mais eux, ce sont des noirs, Laurie, comprends-tu ?!
Laurie répliqua avec violence :
—Non, je ne comprends pas ! Ce sont des enfants, comme moi, et ils ont le droit de jouer, comme moi, et peu m'importe la couleur de leur peau !
Furieux, le planteur entraîna sa fille en maugréant. Laurie se retourna et son regard rencontra celui de Tony. Son cœur d'enfant s'émut de la détresse qu'elle y lisait et elle se jura intérieurement de toujours aimer, aider et protéger les noirs de sa plantation...
Laurie était âgée de quatorze ans lorsque Tony Elder, qui s'était plusieurs fois révolté contre la cruauté de Bill Portell, fut vendu par John Coleman à un planteur qui habitait de l'autre côté d'Atlanta, qui, plus tard, le revendrait à un médecin possédant lui-même une plantation. Elle avait beaucoup pleuré lorsqu'il était parti avec le contremaître de son nouveau propriétaire, cachée derrière sa fenêtre. Comme s'il avait deviné sa présence, le jeune garçon avait levé la tête et agité la main dans sa direction en signe d'adieu, puis s'était brusquement détourné et avait suivi son compagnon.
Depuis, la rancune qu'éprouvait Laurie pour Bill Portell s'était accentuée, et elle avait décidé de contrecarrer tous ses projets. Lorsqu'il avait trop battu les esclaves de la plantation, elle les soignait en cachette et ils étaient toujours prêts à reprendre leur travail le lendemain, ce qui faisait enrager le contremaître, qui avait espéré les faire fouetter davantage parce qu'ils ne pouvaient travailler à cause de leurs blessures. De plus, et bien que cela fût strictement interdit, Laurie apprenait à lire et à écrire à la communauté noire de la plantation, car elle estimait qu'il était injuste que des êtres humains comme elle fussent contraints de rester dans l'ignorance afin que l'orgueil démesuré de ceux qui les asservissaient fût satisfait...
Quatre ans plus tard...
Ce matin-là, Laurie se leva en chantonnant : le soir même, il y aurait un grand repas suivi d'un bal pour célébrer ses dix-huit ans, auquel presque tous les voisins et amis des Coleman avaient été conviés et seraient présents. Après le déjeuner, elle décida de faire une promenade à cheval, et elle annonça qu'elle irait peut-être jusque chez leurs plus proches voisins. Elle se rendit à l'écurie et sella elle-même la superbe jument noire que son père lui avait offerte pour ses seize ans. Elle vérifia ensuite que les revolvers qu'elle avait un jour dérobés à Bill Portell étaient toujours bien dissimulés dans ses sacoches : elle avait appris à tirer seule, après avoir plusieurs fois observé son père, excellent tireur, et, lors de ses fréquentes promenades, elle s'était souvent entraînée dans un endroit discret, suffisamment éloigné de la plantation pour que l'on ne la surprît pas, et enfin, elle se mit en route.
Stella, sa jument, avançait au petit trot dans la forêt vers laquelle l'avait dirigée Laurie. Elle chevauchait depuis environ une heure et elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'elle entendit des cris étouffés un peu plus loin. Elle stoppa sa jument et sauta légèrement à terre. Prenant l'une de ses armes à feu, elle s'assura que le barillet était plein, puis elle se dirigea silencieusement vers l'endroit d'où lui parvenaient à présent des bruits de lutte. Laurie déboucha bientôt dans une petite clairière et elle se dissimula derrière un arbre, sentant la colère l'envahir en découvrant un jeune noir aux prises avec Bill Portell et deux de ses hommes qui voulaient lui arracher la sacoche qu'il serrait farouchement contre sa poitrine sans vouloir la lâcher. L'un des hommes s'exclama :
—Allons, sale noir ! Ouvre donc cette sacoche et montre-nous ce que tu as volé !
—Je n'ai rien volé, laissez-moi tranquille !
Laurie sursauta : en effet, il lui semblait vaguement reconnaître des intonations familières dans la voix du jeune homme. Soudain, des couteaux apparurent dans les mains de ses deux aides, tandis que Bill Portell déroulait son fouet avec un sourire cynique en déclarant :
—On va bien voir qui est le plus fort, mon gars !
Le sang de la jeune fille ne fit qu'un tour et, sans réfléchir, elle tira à trois reprises à une cadence si rapide que les trois hommes se retrouvèrent désarmés avant d'avoir compris ce qu'il leur arrivait. Bill Portell laissa échapper un juron sonore et saisit l'esclave par le revers de sa veste en grondant :
—Et en plus, tu as des complices qui sont prêts à nous tuer en traître, sale morveux !
Il sursauta en entendant la voix coupante de Laurie qui retentissait :
—Cela suffit, Portell, lâchez-le, voulez-vous !
Les trois blancs firent volte-face et une triple exclamation de surprise s'échappa de toutes les poitrines :
—Miss Laurie !
Se ressaisissant le premier, le contremaître des Coleman demanda :
—Est-ce vous qui avez tiré ?!
La jeune fille soutint son regard en répondant calmement :
—En effet, c'est bien moi.
—Mais enfin, Miss Laurie, ce nègre...
Laurie le coupa d'un ton sans réplique :
—Je vous prie de faire preuve de davantage de politesse lorsque vous êtes en ma présence, Portell, et je vous renouvelle mon ordre : laissez cet homme tranquille et regagnez donc le domaine, où l'on a certainement bien plus besoin de vous qu'ici !
Bill Portell fulminait intérieurement : non seulement la jeune fille lui tenait tête, mais de plus, elle lui faisait bien sentir qu'il n'était qu'un employé de ses parents, et le ton ferme mais méprisant dont elle avait usé en s'adressant à lui le rendait fou de rage, et ce, d'autant plus qu'elle osait défendre un esclave ! Au comble de l'exaspération, il fut contraint de ravaler sa colère, alors qu'il aurait voulu pouvoir fouetter Laurie, qui continuait à le fixer d'un regard hautain et impérieux. Il ordonna donc sèchement à ses hommes de le suivre et ils s'éloignèrent au galop, disparaissant bientôt aux yeux de la fille de John Coleman. Alors seulement, Laurie se tourna vers le jeune homme qu'elle venait de sauver, et il murmura :
—Merci, Miss Laurie.
Et soudain, la jeune fille sut qui il était et elle s'exclama joyeusement :
—Tony ! C'est bien toi, n'est-ce pas, Tony Elder ?!
Il leva vers elle un regard brillant en répondant :
—Oh, vous vous souvenez donc de moi, Miss Laurie ?!
—Je ne t'ai jamais oublié, Tony, à aucun moment !...Que fais-tu donc par ici ?
Tout en ouvrant sa précieuse sacoche, il balbutia :
—Je...Je venais...Je venais vous apporter ceci...pour votre anniversaire...
Il en sortit un magnifique bouquet de fleurs qu'il venait de cueillir et qu'il avait dissimulé dans la sacoche en entendant les chevaux de ses trois assaillants, ainsi qu'un petit coffret en bois finement sculpté. La jeune fille respira l'odeur des fleurs avec délices, puis prit le coffret, qu'elle ouvrit, et elle laissa échapper une exclamation de surprise. Le coffret contenait un merveilleux collier de perles fines, et elle s'écria :
—Oh, Tony, c'est magnifique !
Elle l'embrassa avec effusion et, comme huit ans plus tôt, il la repoussa légèrement en murmurant :
—Non, Miss Laurie, il ne faut pas...
Elle ignora la remarque et reprit :
—Merci, Tony ! Je le porterai ce soir, et je ne l'ôterai même pas pour dormir...Comment t'es-tu procuré cette merveille?
—J'ai donné mon argent à mon maître et je lui ai demandé de l'acheter pour moi...Je suis très bien là où je suis, vous savez. Le vieux maître est très bon, et il me donne un peu d'argent quand il est satisfait de mon travail...J'avais vu ce collier lors d'un voyage que j'avais fait avec mon maître et j'ai économisé mon argent afin de pouvoir l'acheter et vous l'offrir...
Très émue, Laurie le remercia de nouveau, puis demanda soudain au jeune homme :
—Est-ce que tu sais tirer, Tony ?
—Non, Miss Laurie.
—Alors, je t'apprendrai...Quand peux-tu revenir ?
—Tous les jours, mon bon maître me laisse trois ou quatre heures de liberté, durant lesquelles je sculpte le bois...
—Nous pourrions nous donner rendez-vous ici, ou dans les parages...Viendras-tu ?
Laurie attendait la réponse, scrutant anxieusement son compagnon, et celui-ci finit par répondre :
—Je ne sais pas si c'est bien, mais...oui, je viendrai...
—Oh, comme je suis contente !...Je dois rentrer, à présent, Tony, je te verrai demain à la même heure.
Serrant le bouquet de fleurs contre son cœur, la jeune fille lui fit un dernier signe de la main, puis elle courut jusqu'à sa monture, qu'elle lança au galop...
Après avoir revêtu une splendide robe vert pâle, Laurie posa un diadème sur ses cheveux noirs relevés en un chignon étudié, et passa à son cou le collier offert par Tony Elder. Les premiers invités étaient introduits dans le magnifique salon dont tous les lustres brillaient de mille feux, lorsque la jeune fille descendit les marches de l'imposant escalier conduisant aux chambres. Aussitôt, des exclamations d'admiration s'échappèrent de toutes les poitrines, tandis que John Coleman murmurait à l'adresse de son épouse :
—Est-ce vous qui lui avez donné ce collier, Virginia ?
—Non, mon ami...
—Alors, d'où lui vient-il ?!
—Je l'ignore...
—Bien, nous réglerons cela après le bal...
Le sourire aux lèvres, le planteur continua à accueillir les invités en compagnie de sa femme et de sa fille, ne laissant rien paraître des interrogations qui agitaient son esprit concernant le bijou que sa fille arborait fièrement. Après un plantureux repas pris dans l'immense salle-à-manger de la maison, tous gagnèrent le salon, dans lequel un orchestre caché derrière des tentures jouait des valses et autres danses. Un jeune homme blond s'approcha de Laurie Coleman en lui demandant une valse ; il s'agissait du jeune Henry Blake, qui, dès qu'elle eut accepté, s'empressa de l'enlever aux autres jeunes gens qu'il avait devancés et qui pâlissaient d'envie en les regardant tournoyer au son de la musique...
Lorsque les derniers invités furent partis, Laurie monta dans sa chambre. Elle venait de ranger son diadème lorsque la porte s'ouvrit brusquement, livrant passage à John Coleman. Le visage rayonnant de joie, la jeune fille s'écria :
—Oh, Père, c'était merveilleux ! Je vous remercie pour cette belle fête et...
La coupant brutalement, son père demanda d'un ton dur :
—Qui t'a donné ce collier ?!
Interdite, elle hésita, puis répondit d'un ton détaché :
—Eh bien, je l'ai trouvé au cours de ma promenade, ce matin...
—Tu mens ! Bill Portell t'a surprise ce matin avec un esclave noir ! Il l'a volé et te l'a donné, n'est-ce pas ?!
Relevant la tête, Laurie répliqua :
—En effet, il me l'a donné, Père, mais il ne l'a pas volé !
—Qui est-ce ?!
—Un de mes amis...
—Tu ne dois accepter aucun cadeau d'un homme, Laurie, et encore moins d'un noir !
—Les noirs sont mes amis, Père, et je ne vois pas pourquoi ils n'auraient pas le droit, eux aussi, de me souhaiter mon anniversaire !
Le regard de John Coleman tomba alors sur le bouquet de fleurs que sa fille avait disposé dans un vase et il lança :
—Et ces fleurs ?! C'est lui aussi, je suppose ?!
—Exactement.
—C'est la dernière fois que je te le dis, Laurie ! Je ne veux plus te voir en compagnie des esclaves ! Et fais-moi le plaisir d'ôter ce collier !
—Non ! Vous n'avez pas le droit de m'empêcher de le porter !