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Logan, un jeune data analyst en ONG est pris pour cible dans la toile de contrôle de l'État Profond - fait prisonnier en Chine, ses mésaventures l'amèneront à la découverte de son histoire et de ses connexions aux vieilles familles royales d'Europe, chassées depuis 1666 par de puissantes forces occultes. Nous découvrirons alors que tout ceci était en fait un piège tendu au Léviathan... Au croisement de Valis de Philip K. Dick, du Da Vinci Code et de L'Archipel du Goulag, ce roman psychologique teinté d'humour et de science-fiction raconte une histoire vraie, celle d'un individu ciblé. Super-héro malgré lui comme Wolverine ou Roi de la lose comme Uladislas ? Aux lecteurs de juger de cette tentative désepérée de sauver l'Europe, à la jonction entre fiction et réalité, où personne n'est parfait. Ce roman servira de support d'exploration des grandes forces qui régissent le monde, déjà établies dans le tome I, Kubrick et l'État Profond : hôpitaux, services sociaux, prisons, industries pharmaceutique et agroalimentaire, et nouvelles technologies -notamment l'intelligence artificielle et les nouvelles armes d'un perpétuel conflit à basse intensité comme le contrôle du fond cosmologique diffus ou la transcription de pensées sont explorés ici, dans une UAT en Biotechs. Ou peut-être qu'il s'agissait simplement de Dieu...
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Seitenzahl: 279
Veröffentlichungsjahr: 2025
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« La descente à l’Averne est facile : nuit et jour est ouverte la porte du sombre Dis. Mais revenir sur ses pas et sortir vers les brises d’en haut, c’est là la difficulté et l’épreuve. »
Virgile, Enéide, livre VI
« Il faut du courage pour affronter ses ennemis mais il en faut encore plus pour affronter ses amis. »
J.K Rowling, Harry Potter
« Une biographie, ça s'invente ! »
Louis-Ferdinand Céline
« Un homme qui observe les règles ne produira jamais rien d’absurde ou d’absolument mauvais ; de même que celui qui se laissera guider par les lois et les bienséances ne deviendra jamais un voisin insupportable ni un insigne malfaiteur. Mais, en revanche, toute règle, quoi qu’on dise, étouffera le vrai sentiment de la nature et sa véritable expression. »
Goethe, Les Souffrances du jeune Werther
Préambule
Partie I - Mauvais Karma
Partie II – Léviathan et Golgotha
Partie III – Apocalypse
Corps et Ame sont très intimes,
Ils couchent toujours ensemble.
En harmonie et sans sapins,
S’ouvre grand la pomme de pin.
J’ai beaucoup hésité avant d’exposer publiquement cette histoire très personnelle – et je le fais sous forme de roman, afin de laisser planer l’ombre d’un doute sur mon honnêteté et ma santé mentale. Car toute cette histoire n’était peut-être qu’une charade entre rêve et réalité, et après tout peut-être la vie était-elle ainsi faite, une sorte de demi-sommeil, et qu’il eut mieux valu se rendormir. Pour ma part, j’ai assez dormi et je détiens une quantité considérable de preuves de ce que j’avance dans ce roman, que je disséminerai par-ci par-là, par instinct de survie et parce que je n’ai pas une vocation de martyr.
Je vous livre un récit aussi honnête que possible – cela expliquera d’ailleurs certains passages que vous trouverez comme moi ennuyeux où je conte la vie banale et quotidienne d’un data analyste en ONG financées par le gouvernement Australien, mais qui ne manque pas d’importance pour comprendre le système qui est de tous côtés verrouillé – et si vous avez lu attentivement mon précèdent livre Kubrick et l’Etat Profond, vous saurez établir les connexions afin d’identifier les méthodes et les interstices dans lesquels se cache le diable et dont je conte une expérience subjective ici. Car ceci n’est pas un cas isolé, c’est un mode de fonctionnement, et la multiplication des « burnouts » en est sans doute le symptôme visible. En effet, par la surveillance généralisée, le contrôle des sommets hiérarchiques et du hardware électromagnétique nous sommes au bout du plan de mise en place d’une dictature invisible, dont nous sommes tous et toutes des sentinelles, opérateurs et bourreaux, et vos meilleurs amis pourront soudainement se trouver être vos pires ennemis, pour peu que vous sortiez des voies qui étaient tracées pour vous, par ingénierie sociale et mesmérisme. Ce vieil ordre mondial trouve ses sources en 1666 dans le grand incendie de Londres, et sa reconstruction par Christopher Wren. Les forces du bien livrent aujourd’hui leur dernière bataille, jusqu’à la prochaine. L’important n’est pas de gagner, mais de se battre.
Si les mésaventures que je conte ici furent en partie méritées, il n’en demeure pas moins qu’elles furent pilotées et qu’il existe une force agissante qui tire les ficelles et élimine TOUTES les menaces existentielles, petites ou grandes. On comprendra alors pourquoi tant de lanceurs d’alertes ou d’acteurs clés d’organisations telles que BOIENG, Big Pharma et autres organisations clés sont retrouvés mortes suicidées de deux balles derrière la tête.
Quelle est cette force agissante ? A-t-elle une finalité vertueuse ou cherche-t-elle à soumettre le monde ?
Il existe en sciences une forme d’illusionnisme, ce n’est pas moi qui le dis c’est Goethe, et nous prêtons aux sciences pour comprendre le monde beaucoup trop d’importance. Dans son traité des couleurs, Goethe établi une conception de la réalité toute différente de celle énoncée par Newton et la physique moderne – tout se métamorphose, et ce n’est pas Ovide ou Woody Allen (cf. Zelig) qui diraient le contraire, surtout depuis la vaccination de masse aux ARN-M. Vous-même expérimentez ces métamorphoses tous les jours, en fonction de votre environnement, de la région ou du lieu où vous vous trouvez, vous adaptez votre langage autant que votre gestuelle, expressions profondes et sensibles de votre système nerveux. On peut dire que dans votre quotidien vous êtes toujours plus ou moins préparés et adaptés aux changements qui se présentent à vous – au pire, vous rendrez visite à un ami au Guatemala, et vous serez de très loin exposé aux Mayas et aux subtilités des cultures locales, vous n’y serez pas entièrement immergé, ou bien encore vous vous rendrez de Paris à Marseille, et si la langue et l’accent diffèrent quelque peu, les comportements y restent similaires, et par ailleurs vous aurez le temps de vous y préparer. Il arrivera peut-être une fois dans votre vie que vous subissiez des immersions beaucoup plus soudaines et imprévue. L’adaptation à l’environnement sera beaucoup plus effrayante et si on considère les effets physiologiques que peuvent avoir la peur, avec le manque de connaissances scientifiques et d’expérience vécue d’une telle situation – comment envisager les effets véritables ? Se pourrait-il que dans la détresse s’active des mécanismes dont nous n’avons pas connaissance, une onde de choc qui en émane se répercutant dans le nouvel environnement, une réalité altérée au gré de vos pensées ? Ou bien encore, ce monde n’est-il qu’une grande simulation similaire à celle qu’on peut voir dépeinte dans Matrix, une réalité virtuelle extrêmement poussée contrôlée par un magicien d’Oz, et où la véritable liberté de création n’est possible qu’en abandonnant ses peurs et en se dominant soi-même pour engendrer son monde ? N’est-ce pas là l’histoire de Buddha ?
Vous serez peut-être en mesure d’identifier le magicien d’Oz à la lecture de ce récit – et il sait parfois se montrer bon diable, bien qu’il vous soumette sans arrêt à la tentation. Il semblerait que j’aie été initié à quelques petits secrets de l’univers, initiation qui si on en croit Rudolf Steiner, se produit par l’expérience d’une mort symbolique, où l’initié mourant vivait la divinité, passant d’un stade de connexion divine inconsciente à un stade de connexion divine consciente. Cette mort symbolique je suppose est celle qu’on tenta dans le Christianisme de transmettre à grande échelle à l’humanité dans la crucifixion du Christ et les rites de sacrifice de soi tels que le Carême, symboles qu’on tentait de ressusciter à intervalles régulier avec les apparitions de la Vierge Marie, qui content des récits d’individus en grande souffrance comme ce fut le cas de Bernadette Soubirous, par exemple. Vivre la Pacques et admirer Jésus sur sa croix n’ont malheureusement plus l’impact psychologique que peuvent avoir une expérience vécue, et c’est là tout le problème. Je me souviens de ma confusion en ma jeunesse lorsque sur les bancs d’Eglise j’observais ces symboles morbides, qui ne prenaient aucun sens pour moi, ni pour mes camarades d’ailleurs. Je ne dis pas bien sûr que nous devrions tous expérimenter la mort – mais peut-être que les récits du Christ et du Golgotha n’ont plus la fraicheur d’antan, récits situés en des contrées qui ont bien changé dans un contexte technologique tout différent, et qu’il fallait une nouvelle fois le ressusciter.
Je suis toujours en vie, je peux employer mon temps à l’écriture, et je sais maintenant qui je suis, c’est déjà pas mal. C’était peut-être là le but de cette initiation, descendre dans l’Averne du sombre Dis pour en sortir par les brises d’en haut, dérailler le vieil ordre mondial pour en établir un plus grandiose, en servant d’appât au Léviathan.
Et peut-être mon récit n’aura-t-il aucun impact, ce qui m’offrirait une certaine tranquillité. Toutefois, j’ai porté un petit fardeau et j’ai compris quelques petites choses qui pourraient vous être utiles, faites-en ce que vous voudrez, et bonne lecture.
Notez bien que toute ressemblance avec des personnages réels ne serait que pur hasard.
Voyez ces êtres alcoolisés, abrutis, stupéfiés par la boisson, dont ils ont droit de faire une consommation illimitée, droit conférée aux goyim en même temps que la liberté.
Nous ne pouvons permettre que les nôtres tombent à ce degré. Les peuples goyim sont abrutis par l'alcool ; leur jeunesse est détraquée par les études classiques et par la débauche précoce où l'ont poussée nos agents, précepteurs, domestiques, gouvernantes dans les maisons de riches, nos commis ailleurs, ainsi que nos femmes.
Au nombre de celles-ci, je compte leurs imitatrices volontaires en matière de débauche et de luxure, celles qu'on appelle les « femmes du monde ».
1ere Séance
« Je sais que je suis paranoïaque, mais ce n'est pas pour ça qu'ils ne sont pas tous après moi. »
Pierre Desproges
Hong Kong, Juillet 2023
Sur un banc du Kau U Fong Park dans Central Hong Kong, vers midi et sous le soleil cuisant, je tentais tant bien que mal de décortiquer le pamplemousse que je venais d’acheter à un marchand pauvre du quartier après avoir dévoré deux œufs crus, l’un frais que j’avais englouti et l’autre pourri que j’avais recraché avec dégoût. C’est alors que j’aperçus un premier Indien, arrivé en scooteur, probablement livreur Uber vue la grande malle attachée à l’arrière de sa bécane, déposer une mallette de déjeuner au pied du banc en face de moi avant de se rendre aux toilettes, me proposant tacitement un marché en me signalant, après avoir bu une gorgée de sa gourde, la qualité de son eau à laquelle j’aurais accès en échange de l’ordinateur, que je ne transportais cependant pas avec moi et qui était resté bien caché en lieu sûr. Sans réaction ou intervention de ma part autre que de l’étonnement exprimé dans un froncement de sourcils, celuici rangea rapidement sa boite à déjeuner et se remit en route sans manger.
S’en suivit immédiatement un deuxième personnage similaire, me faisant un très léger signe de tête en entrant dans le parc, surmonté d’un turban qui rappelait les sikh chauffeurs de taxi New Yorkais, bien qu’il eût à y regarder de plus près des traits moyen-orientaux. Ce faux Indien eut l’exacte même comportement, laissant sa besace en évidence après avoir bu une gorgée d’eau et s’être rendu aux toilettes, il se remit en route sur son scooteur Honda, mais en démontrant cette fois-ci un air menaçant à son départ. Je constatais que les notes que j’avais prises dans le bloc-notes de mon Huawei avaient eu un certain impact : j’y avais noté mon appréciation des Brahmanes et des Sikhs, et voilà qu’on m’envoyait des Brahmanes et des Sikhs, ou qu’on voulait me le faire gober... Faux-semblants.
Je présentais alors un clair manque d’hydratation, d’alimentation et de sommeil du fait des deux journées qui avaient précédées, mais mon niveau de panique s’était toutefois stabilisé et je pouvais appréhender la réalité assez sereinement et contrôler mes peurs, comme si l’effet des drogues qui m’avaient été administrées à mon insu commençaient à s’estomper, et tout du moins, je n’entendais plus les voix.
Peu après, c’est un troisième personnage qui présentait cette fois-ci clairement les traits moyens orientaux, sans turban, et que j’identifiais alors comme un Israélien, vêtu comme racaille de banlieue parisienne, survêt blanc et requins Nike aux pieds, il se posa non loin de moi, sur le siège en pierre de la table d’échecs du parc. Ce personnage démontrait immédiatement une attitude menaçante et provocante, crachant du haut de son air grave et agité, aura de bagarre et d’assassin, il sortit de son sac un grinder pour effriter une tête de beuh avant d’allumer un joint. Il saisit ensuite sa sacoche, et alla aux toilettes, d’où il sortit quelques minutes plus tard, sans son sac, pour revenir s’asseoir et finir son joint, tout en me fixant de manière agressive.
Il y a des attitudes et des auras qui ne trompaient pas ; les regards et les expressions faciales, les corps et leurs gestuelles traduisaient des somas et des états d’âme qui exprimaient la rage, la colère, le danger et la menace, autant d’individus inconnus à la présence physique animale et sauvage, tout comme peuvent en faire la démonstration des chiens percevant au loin la présence d’un autre mâle dominant empiétant sur leurs territoires. Ces trois personnages suivaient une gradation dans la menace. Rends l’ordinateur, une fois, deux fois, trois fois et à la quatrième…
Je songeais que celui-ci avait peut-être laissé pour moi quelque chose dans les toilettes, un message ou tout autre indice permettant d’expliquer la situation incompréhensible et incroyable que je vivais. Je me dirigeai donc vers les toilettes ou j’entrai, évitant subtilement les bouches d’aération qui avaient jusqu’à présent, j’avais eu l’occasion de m’en rendre compte, émis des gaz métalliques et odorants qui créaient chez moi des crises de panique. Lorsque j’atteins les WC je découvrais soudainement les murs entièrement enduits de merde, à la main, et mon entrée était accompagnée d’un soudain son strident d’orgue ou de cor du diable qui rappelait aux mauvais films d’horreur des années 90. Je sentis immédiatement mon rythme cardiaque s’amplifier et j’avais soudainement l’intime conviction que le cauchemar n’était pas terminé, et qu’ils voulaient bel et bien mettre la main sur l’ordinateur que j’avais caché par ailleurs, et que l’attitude des différents personnages que je venais de croiser n’avait rien d’une coïncidence, qu’ils étaient d’une manière ou d’une autre pilotés à distance dans un objectif précis.
Lorsque je revins m’asseoir à ma place sur mon banc avec ma besace et un air préoccupé, l’Israélien quittait sa chaise pour sortir du parc, en soutenant un regard d’une rare violence exprimant quelque chose comme « tu es mort, sale merde ». Quelques secondes plus tard, je sentis ma peur s’intensifier soudainement et de nouveau l’intense besoin de fuir cet endroit pourtant calme et isolé mais où l’environnement, composé d’une grande façade de climatiseurs allumés soufflant dans ma direction, la population des chauffeurs Uber et autres fumeurs de joints terroristes, les toilettes, la nourriture ingérée et la fatigue avaient dû générer chez moi cette réaction de fuite, largement théorisée par Henri Laborit et parfaitement dépeinte dans le film Mon Oncle d’Amérique.
C’est alors ce que mon système nerveux me « décidait » à faire, je me saisis de ma besace et me mis de bon pas en direction d’un lieu plus peuplé, en vérifiant régulièrement d’un regard par-dessus mon épaule que je n’étais pas encore suivi… J’arrivais éventuellement sur la place de la Cosco Tower, où je m’assis au bord d’une fontaine à l’heure affluente du déjeuner. Immédiatement se présenta un petit gros occidental habillé en business, qui me saluait sarcastiquement d’un « How are you mate ? » en souriant, expression australienne prononcée d’un accent Américain, et que j’identifiais, bien entendu, comme un agent de la CIA… Je réalisais alors la présence d’une odeur forte chimique et vaguement familière et qui semblait causer chez moi, ou tout du moins amplifier, les crises de panique dont j’étais soudainement victime depuis mon départ de Sydney… Ne me sentant alors une nouvelle fois plus en sécurité dans ce lieu trop peuplé, je me rendis dans la Cosco Tower, ou je m’enfournais dans un ascenseur qui menait au parking – dans ce parking, pourtant calme il me semblait bien encore être suivi, les caméras partout braquées sur moi leur permettaient de m’identifier et les quelques voitures qui arrivaient et repartaient étaient autant d’agents qui travaillaient au système… Je redescendais, prenant cette fois les escaliers de secours, par précaution, avant de me retrouver une nouvelle fois dans le hall, où j’identifiais sur mon épaule une petite trace de poudre, source de l’odeur chimique que je m’empressais de brosser de ma main en en rependant les particules dans l’air. Sur ma besace, une grosse tache de cette substance blanche - grise que je voyais pour la première fois et de laquelle émanait le gros du rayonnement odorant, mélange d’acétone et de métal, et dont j’identifiais l’origine comme étant le parc, quand à son départ l’« Israélien » qui était passé derrière moi en avait très probablement profité pour me jeter cet agent dont je ne connaissais pas les effets, mais qui avait fortement amplifié mon état de panique auquel j’étais alors déjà quelque peu habitué, car ce n’était là pas la première depuis mon arrivée à Hong Kong que j’avais subi des attaques chimiques ciblées…
Était-ce donc une arme de nouvelle génération, composé de microparticules et de nanorobots, une de ces armes non létales qui permettent de neutraliser les ennemis par une alchimie neurobiologique ? Une sorte d’arme olfactive ? Ou était-ce mon imagination ? J’abandonnais mon sac recouvert de cette substance dans le hall de la Cosco Tower, sentant désormais mes jambes se raidir, petit à petit, mes pieds se recroquevillant vers l’intérieur, à la manière d’une victime de paralysie cérébrale qui aurait perdu trop longtemps l’usage de membres qui se seraient raidis indéfiniment, comme ces personnes handicapées de naissance ou ayant subi une attaque cérébrale avec des dégâts irrémédiables tels que j’avais pu en côtoyer beaucoup lorsque je travaillais comme soignant aux personnes handicapées chez Saruma, ou encore dans mes vies antérieures avec l’église catholique, et il me revenait en tête Belinda tout particulièrement, car ses membres, comme les miens, s’étaient recroquevillés vers l’intérieur, ses deux pieds et ses deux mains, et parce qu’avant mon départ pour Hong Kong, mon collègue François l’arménien, comptable financier, avait prononcé les incantations suivantes : « Tu vas courir pour ta vie », « Tu finiras comme John », « Tu finiras comme Belinda ».
Ayant donc abandonné un deuxième sac, sans ordinateur cette fois, et marchant d’un pas rapide sur le bord extérieur de mes pieds raides, j’atteignais la baie où ma panique était désormais mêlée d’un certain désespoir du fait d’une incapacité à faire face à cette force majeure, presque surnaturelle, et à devoir me soumettre, accentué par l’imagination d’un futur en fauteuil roulant, sans l’usage de mes membres. Et tout ça pour quoi ? Pour avoir tenté de dénoncer une fraude ? D’avoir tenu tête au mauvais manager ? D’avoir refusé de jouer le jeu ? Ou peut-être était-ce une punition divine pour les négligences dont j’avais pu faire preuve ? Et encore une fois, des personnages menaçants s’approchaient pour m’observer, encore un Indien qui cette fois me filmait de son téléphone.
Là où je me trouvais la jetée dessinait un coude, et à l’angle descendait un escalier qui entrait dans l’eau de la baie et permettait aux bateaux d’amarrer pour déposer des passagers, et sur la rambarde perpendiculaire en face de moi s’étaient appuyé trois chinois qui observaient la scène, silencieusement. Mes membres devenaient de plus en plus raides, mon niveau de panique au plus haut, mais loin de moi se trouvait l’envie de me rendre ou de me résigner… J’eus alors une pensée pour Felicia Nelson, la descendante de l’amiral Nelson qui était ma collègue, et qui m’avait dit de « ne pas changer », elle qui avait semblé vouloir me signifier qu’elle était de mon côté dans ce combat spirituel contre des forces invisibles, malgré de précédents différents que nous avions pu avoir dans le cadre professionnel, et qui avait démontré ses qualités en gagnant à plusieurs reprises la régate du Sydney to Hobart, ce qui impressionnait pour une femme de plus 50 ans, digne descendante de son aïeul dont la sépulture est exposée tel un pharaon dans un sarcophage de la crypte de la cathédrale St Paul de Londres.
La situation prenait une allure de charade, un type d’histoire dont vous êtes le héros, un héros malgré lui ou plutôt un anti-héros volontaire. Et le pire dans tout ça, si ce n’est pour l’ordinateur dont on voulait évidemment que je me débarrasse, c’est que je n’avais plus aucune preuve de ce qui m’arrivait… Et en existait-il vraiment ? Car rien n’avait été direct et tout avait été tordu, ces évènements n’avaient été qu’une suite de suggestions ayant pris en ma propre perception un certain sens, des personnages qui n’avaient eux même peut-être pas conscience d’en être, dirigés par une matrice supérieure omnisciente et engendrant, par un pilotage centré contre ma personne, des synchronicités négatives qui agissaient en ma conscience pour me faire prendre une chaine de mauvaises décisions et m’orienter irrémédiablement vers une voie sans issus, un hôpital, une prison ou la mort. Aurais-je été dupé ? Était-ce mon imagination ? Tandis que ces préoccupations s’affairaient à mon esprit, il me revenait le souci plus immédiat de régler mon problème de paralysie. Je revoyais alors ces journées ou j’avais emmené Belinda et Phil, un jeune homme paraplégique, à la piscine ou encore lorsqu’étant jeune je baignais des malades paralysés à l’eau bénite à Lourdes et comment l’eau, ce liquide amiotique, permettait d’apaiser des tensions nerveuses, de relâcher des spasmes et de panser provisoirement une douleur toujours présente chez un être souffrant.
Ces souvenirs me décidèrent donc à quitter mes habits pour plonger dans la baie de Hong Kong en slip, sous le regard de Chinois, indifférents observateur, et de l’Indien cameraman. Je sentais alors s’apaiser mes membres légèrement, et je pataugeais quelques instants, jusqu’à ce qu’un petit bateau de pêche vide et avec pour seul matelot son conducteur, accostât rapidement à l’escalier, et déversa un trop plein d’eau contenant encore ces produits chimiques qui causaient la panique, avant de repartir…
Plein de mon désespoir, refusant toujours de me rendre, et car la brasse me revigorait quelque peu, je décidais de nager pour atteindre l’autre rive située probablement a quelques 400m, précisément prenant le cap vers les montagnes recouvertes de forêts, juxtaposant ce que j’identifiais comme des manèges et qui se trouvait être le Hong Kong Disneyland, mais qu’alors dans mon manque de connaissance de la ville je croyais être China Mainland… Passé une certaine limite, à mi-chemin environs, dans cette eau tiède, c’est alors que des gros bateaux, de ceux généralement utilisés comme transports de passagers, vides, s’approchaient de moi, klaxonnant ils s’interposaient dans ma trajectoire, déversant dans l’eau de nouveau ce produit chimique et odorant que je traversais à la nage…
Et je comprenais petit à petit que dans une mégalopole supermarché comme Hong Kong au fonctionnement similaire à celui d’une ruche, il n’y avait pas d’échappatoires, que cet ensemble de systèmes IoT interconnectés fonctionnait très bien, les ordres coordonnés par une centrale dont je ne pouvais identifier le lieu, centrale qui eut peutêtre déjà été piratée d’un autre lieu, ou intelligence artificielle avancée stipulant automatiquement ses ordres à des quidams dépendants salariés ou travailleurs pauvres : chauffeurs Uber, taxis, bateaux mouches, policiers et autres dealers de rue prêts à rendre de sales petits services contre une commission.
Si mes membres étaient moins raides et que je sentais les effets de l’étirement dû à la nage, j’avais conscience de l’effet du produit qui continuait à générer chez moi ce handicap, et que celui déversé dans l’eau n’allait pas améliorer mon sort… après 3 allers-retours de ces navires, le dernier m’imposa de sortir de l’eau en me jetant une bouée et en me sommant de remonter – je leur expliquais tant bien que mal la situation, le fait qu’on m’avait empoisonné et que j’étais en état de paralysie, ce qui était évident aux vues de mes mains et de mes pieds, et que je nageais afin d’améliorer mon état… ce discours tenu par un blanc qui traversait la baie de Hong Kong à la nage était invraisemblable, et ne présentait pas beaucoup de sens pour ces Cantonais qui se cantonnèrent à me livrer à la police à mon arrivée sur la terre ferme, sous un hangar d’un des lieux de stockage de ces grands bateaux, dont on aurait l’exemple approchant dans quelque uns de ces polars Hong Kongais de John Woo…
D’une manière efficace authentiquement Chinoise, ils avaient déjà mis la main sur mes vêtements restés sur la jetée et ils avaient fait mes poches : un portefeuille, avec un permis australien et une carte RFID d’un love hôtel, qui avaient rapidement esquissé l’histoire auprès de la police : j’étais un touriste Australien qui avait pris trop de drogues dans une soirée avec une pute.
Ils me proposèrent de me laisser repartir après signature d’une déposition. Toutefois, mon désespoir grandissant et l’optique d’un handicap de longue durée me poussèrent à finalement demander l’aide d’un médecin et je réclamais d’être amené aux urgences, faisant quelque peu grimacer les policiers qui exprimaient, de manière bienveillante, un « c’est une mauvaise idée ».
L’ambulance garée à proximité s’était empressée de s’exécuter, et a posteriori il m’avait semblé qu’à chaque instant ces 3 derniers jours il y avait eu une ambulance non loin de moi, prête à me tendre une main dans ma « détresse paranoïaque », si j’avais daigné demander de l’aide.
Telle fut la finalité du système auquel je faisais face, réglé pour que ma destination finale soit celle d’un hôpital d’où l’on pourrait plus aisément me reprogrammer, à besoin. Et c’est le Queens Mary Hospital qui serait finalement le lieu de mon initiation, et cette dernière décision fut une grande erreur de ma part, nous le verrons.
Mais prenons d’abord le temps de comprendre comment votre humble, naïf et vilain serviteur en était arrivé à la découverte du règne de la terreur digitale et comment ces évènements, et ceux qui suivront avaient été un test grandeur nature, ou comme on dit en gestion de projets informatique, un User Acceptance Testing avant mise en production générale. UAT passé avec succès, belle architecture et formidable orchestration.
Si ce n’était pas ça, alors, en ma 33ème année, je venais de prendre conscience de l’existence de Dieu.
« Le Sage laisse parler son cœur et garde le silence avec sa bouche. Toi homme, écoute la voie de la sagesse, écoute la voie de la Lumière. Les mystères qui émergent du Cosmos illuminent le monde de leur lumière. »
Hermès Trismégiste, Table d’Emeraude
Madrid, Mai 2010
Commençons l’histoire ici, après tout il fallait bien choisir un endroit d’où la commencer, cette drôle d’histoire. J’étais un jour d’été à Madrid, une journée bien chaude et étouffante comme les madrilènes les connaissent bien, qui poussent la jeunesse au botellón dans les parcs et les vieux à la sieste. On était justement dans un parc fameux pour le botellón, ce parc ou est installé ce monument qui fut offert par Nasser à Franco pour le remercier de son aide dans sa conservation, le temple de Debod, non loin de la place Royale. C’était un temple dédié à Isis et Amon, et je ne m’en rendais pas compte alors mais c’était l’un des très rares endroits dans le monde ou l’on pouvait se trouver dans un temple Égyptien, en dehors d’Egypte. J’étais accompagné d’un camarade d’école de commerce qui m’avait rendu visite, j’étais là en Erasmus, nous étions en 2010 et j’avais trouvé un stage en banque chez Natixis. Nous étions au lendemain de la grande crise des subprimes, et la ville bouillonnait entre manifestations et matchs de foot. Mon camarade venait de fumer un joint et j’avais dû descendre une canette de bière, et feuilletais les Fleurs du Mal de Baudelaire que je gardais alors toujours dans ma poche arrière. J’avais atterri dans une bonne école de commerce qui m’avait endetté, et sans grand engouement après une prépa bien réussie et dont l’enseignement m’avait été utile en comparaison à une école aux enseignements techniques et « comportementaux », et où j’avais avant tout appris à tenir mon rang et à servir mes maitres en échange d’un bon salaire. Ça m’avait au moins donné l’occasion de voir du pays.
Un drôle de bonhomme s’était joint à nous : vêtu d’une simple tunique blanche, d’une longue barbe blanche également, il portait en bandoulière une petite sacoche en cuir contenant des framboises : il avait des allures de yogi, traits fins et tirés, regard perçant et aiguisé. Il avait fait vœu de silence et utilisait tous les autres moyens d’expression à sa disposition pour se faire comprendre. Je me rappelais avoir déjà croisé sa route quelques fois, assis sur un banc du jardin du Retiro, je l’avais aperçu tentant de convaincre des passants de sujets et d’autres, en écrivant au sol dans la poussière à l’aide d’un bâton, et son allure m’avait paru pour le moins original. Il portait sous son bras le Financial Times (ou le New York Times, je n’étais plus très sûr, mais peu importe car c’étaient finalement les mêmes journaux), et il en découpait des morceaux pour s’exprimer par écrit, ou choisissait simplement des morceaux d’articles utiles pour alimenter nos conversations. Il ouvrait dans ce cas précis le journal sur un article qui traitait des MBS, Mortgage Backed Securities, qui étaient selon lui (et moi aussi) la cause de la collectivisation des pertes dans la crise financière et le vecteur de l’effondrement futur de la société. Too big to fail étaient les banques, elles en profitaient. Il semblait dire qu’il avait accompli des « happenings », où il se présentait vêtu de la sorte devant des représentants politiques en tentant de leur donner le « regard tétanisant » comme il le nommait. Il l’avait fait à la sortie de la banque d’Espagne avec le ministre de l’Économie, et si ça n’avait probablement pas eu d’effets immédiats, il avait peut-être su culpabiliser, à un niveau subliminal, ce personnage aux mains liées par un système inextricable. Il nous demandait d’inscrire, à chacun d’entre nous, nos trois valeurs fondamentales et moteurs d’action, et je ne sais plus bien comment il nous l’avait communiqué sans la parole, cependant entre ses gestes démonstratifs et ses mimiques expressives, il avait su se faire comprendre. J’avais pour ma part noté les 3 mots suivants : Comprendre, Changer, Aimer. Il en prit note, et me donna le papier afin que je le conserve et je l’avais d’ailleurs bien vite égaré. J’avais noté qu’à la lecture de ces mots, il avait eu un sursaut d’enthousiasme, qui l’avait poussé à nous inviter chez lui pour diner. Avec mon camarade, ouverts à l’inconnu comme le besoin d’expériences de la jeunesse nous y poussait, nous nous décidâmes à le suivre.
Il s’était vu prêter un petit appartement au rez-de-chaussée d’une cour intérieure emplie de plantes, non loin de Plaza del Sol, qu’il nous présentait avec beaucoup de fierté, en remuant les feuillages pour inspirer et partager les émanations fruitées de celles-ci à leur passage, et je songeais que quelqu’un avait dû trouver le combat quotidien de ce personnage utile à la collectivité pour lui avoir prêté cet espace lui octroyant la stabilité nécessaire, comme il nous le fit comprendre, et démontrant par la même que l’argent ne faisait pas nécessairement ni le bonheur ni le confort matériel. On avait déposé devant sa porte un panier de fruits et légumes, il devait décidemment avoir un fan club, et passé la porte il s’attela avec joie à la préparation d’un curry végétarien avec ce qu’il trouvait sous la main, notamment des mangues.
Le curry fini, il nous invita à la dégustation dans le salon autour d’une table basse, assis au sol. Autour de nous se trouvaient des bibliothèques pleines de carnets noirs tous identiques. Il nous ausculta une seconde et se leva pour se saisir d’un carnet que je constatais plein de son écriture, où en des couleurs diverses il prenait note de ses rencontres quotidiennes, des noms de ses interlocuteurs, des impressions perçues et des valeurs citées. Il avait choisi ce carnet car il se rappelait une rencontre qui pourrait nous être utile, et il nous demandait d’en lire le contenu à haute voix. C’est ainsi que ce personnage nous racontait des histoires très vives, le contenu de son cerveau étant tous les jours fraichement apposé dans ses carnets qu’il conservait précieusement. La mémoire du bonhomme était là, posée fraichement sur ces étagères.
Il me confessa qu’il avait passé de nombreuses années en Inde, qu’il y eut été fait prisonnier, qu’on l’y avait torturé comme en démontraient ses nombreuses cicatrices. Il n’avait pas renoncé, et peut-être était-ce là sa manière de racheter son âme. Il fit la démonstration de sa connaissance des langues : il connaissait le français et citait des vers de Baudelaire de mémoire, sur commande, de ceux les moins connus. Il connaissait l’allemand, le latin, et de nombreuses langues.
Il tentait de me convaincre de devenir son disciple : un jeune allemand avait passé un an avec lui dans l’apprentissage. Par ailleurs, il me disait que les femmes l’avaient toujours écartées de son soi, de sa véritable fonction et qu’il fallait s’en méfier. J’étais en couple. Il me recommanda de ne jamais verser mon sperme, et que lorsqu’il se masturbait il ravalait systématiquement sa semence, si par malheur il venait à la répandre. Je n’étais pas trop sûr, mais influençable et ouvert comme un cancer, j’hésitais. Troublé et stupéfait, j’y réfléchissais sérieusement, mais engagé et endetté par ailleurs, je déclinais professionnellement son offre. Après tout, à chacun sa manière de racheter son âme, et je n’avais pas encore grand-chose à racheter.
Je recherchais par la suite maintes fois ce personnage à Madrid, et jamais je ne le retrouvais. J’avais perdu ce petit bout de papier : comprendre, changer, aimer. Plus tard, je prierai Zeus-Ammon.
« L’âme est un œil sans paupière »
Victor Hugo
Sydney, Aout 2018
Cela faisait quelques mois que je travaillais chez Saruma, une grosse ONG Australienne fournissant des services aux personnes handicapées ; elle avait récemment bénéficié du démembrement du service public et s’était vu assigner beaucoup de propriétés précédemment gérées par le gouvernement, ainsi que ses ex employés publics toujours sous contrat et protégés par des syndicats encore relativement efficaces, elle venait de lancer une campagne pour changer de nom. Pour procéder à l’externalisation de ce service public, le gouvernement australien avait créé une agence très indépendante du nom de NDIS, sorte de système d’assurance public allouant les fonds et déterminant les niveaux d’aide financières aux personnes handicapées, les fournisseurs de service officiels et « garante » de la qualité et de la bonne tenue des services.