L'Indiscret - Voltaire - E-Book

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Voltaire

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Beschreibung

Extrait : "EUPHEMIE. N'attendez pas, mon fils, qu'avec un ton sévère Je déploie à vos yeux l'autorité de mère : Toujours prête à me rendre à vos justes raisons, Je vous donne un conseil, et non pas des leçons ; C'est mon coeur qui vous parle, et mon expérience Fait que ce coeur pour vous se trouble par avance."À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : • Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. • Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Seitenzahl: 34

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EAN : 9782335097757

©Ligaran 2015

À MADAME LA MARQUISE DE PRIE

Vous, qui possédez la beauté,

Sans être vaine ni coquette,

Et l’extrême vivacité,

Sans être jamais indiscrète ;

Vous, à qui donnèrent les dieux

Tant de lumières naturelles,

Un esprit juste, gracieux,

Solide dans le sérieux,

Et charmant dans les bagatelles,

Souffrez qu’on présente à vos yeux

L’aventure d’un téméraire

Oui, pour s’être vanté de plaire,

Perdit ce qu’il aimait le mieux.

Si l’héroïne de la pièce,

De Prie, eût eu votre beauté,

On excuserait la faiblesse

Qu’il eut de s’être un peu vanté.

Quel amant ne serait tenté

De parler de telle maîtresse,

Par un excès de vanité,

Ou par un excès de tendresse ?

Avertissement pour la présente édition

Ce fut aux eaux de Forges que Voltaire composa ce petit acte dont « l’impitoyable M. de Richelieu » se montrait assez content. Il fut représenté, avec la Mariamne, le 1er août 1725. « Cette petite pièce fut représentée avant-hier avec assez de succès, écrit Voltaire ; mais il me parut que les loges étaient plus contentes que le parterre. Dancourt et Legrand ont accoutumé le parterre au bas comique et aux grossièretés, et insensiblement le public s’est formé le préjugé que les petites pièces en un acte doivent être des farces pleines d’ordures, et non pas des comédies nobles où les mœurs soient respectées. ». Marais, avant de l’avoir vue, rapportait ainsi le sentiment public : « Voltaire vient de donner une petite comédie de l’Indiscret, à la suite de sa Mariamne ; on dit qu’il y a beaucoup d’esprit : cependant elle a déplu à la chambre basse, qui y a trouvé peu de règles du théâtre, et à la chambre haute, qui s’y est trouvée trop bien dépeinte. » La chambre haute, ce sont les loges, la haute société, la cour, un peu mécontentes des libertés que prenait l’auteur.

L’indiscret n’eut que six représentations en 1725, et fut imprimé la même année. Voici l’approbation du censeur : « J’ai lu, par l’ordre de monseigneur le garde des sceaux, l’indiscret, comédie, par M. de Voltaire : cette pièce, où règne un comique noble et épuré, qui instruit en amusant, m’a paru très digne de l’impression. Ce 3 septembre 1725. SECOUSSE. » Ce ne fut qu’en 1752 que l’auteur, ainsi qu’on le verra dans les variantes, fit quelques corrections à sa pièce.

Personnages

EUPHÉMIE.

DAMIS.

HORTENSE.

TRASIMON.

CLITANDRE.

NÉRINE.

PASQUIN.

PLUSIEURS LAQUAIS DE DAMIS.

Scène I

Euphémie, Damis.

EUPHÉMIE
N’attendez pas, mon fils, qu’avec un ton sévère
Je déploie à vos yeux l’autorité de mère :
Toujours prête à me rendre à vos justes raisons,
Je vous donne un conseil, et non pas des leçons ;
C’est mon cœur qui vous parle, et mon expérience
Fait que ce cœur pour vous se trouble par avance.
Depuis deux mois au plus vous êtes à la cour :
Vous ne connaissez pas ce dangereux séjour ;
Sur un nouveau venu le courtisan perfide
Avec malignité jette un regard avide,
Pénètre ses défauts, et, dès le premier jour,
Sans pitié le condamne, et même sans retour.
Craignez de ces messieurs la malice profonde.
Le premier pas, mon fils, que l’on fait dans le monde
Est celui dont dépend le reste de nos jours :
Ridicule une fois, on vous le croit toujours ;
L’impression demeure. En vain, croissant en âge,
On change de conduite, on prend un air plus sage,
On souffre encor longtemps de ce vieux préjugé ;
On est suspect encor lorsqu’on est corrigé ;
Et j’ai vu quelquefois payer dans la vieillesse
Le tribut des défauts qu’on eut dans la jeunesse ;
Connaissez donc le monde, et songez qu’aujourd’hui
Il faut que vous viviez pour vous moins que pour lui.
DAMIS
Je ne sais où peut tendre un si long préambule.
EUPHÉMIE
Je vois qu’il vous paraît injuste et ridicule ;
Vous méprisez des soins pour vous bien importants ;
Vous m’en croirez un jour ; il n’en sera plus temps.
Vous êtes indiscret : ma trop longue indulgence
Pardonna ce défaut au feu de votre enfance ;