L'union dans la prière, pour la propagation de l'Évangile, et pour le début du millénium en Amérique - Jonathan Edwards - E-Book

L'union dans la prière, pour la propagation de l'Évangile, et pour le début du millénium en Amérique E-Book

Jonathan Edwards

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Beschreibung

En 1823 paraissait une traduction française d'un livret de Jonathan Edwards publié en 1748, appelant tous les chrétiens à une prière hebdomadaire universelle, pour la propagation de l'Évangile. En réalité la traduction ne reproduisait que moins de la moitié de l'original, et passait sous silence le vrai objet d'une telle entreprise d'union dans la prière : l'inauguration du Millénium, l'âge d'or de l'humanité prévu par les prophètes de l'Ancien Testament et par l'Apocalypse. Jonathan Edwards, qui vivait à l'époque du Grand Réveil, pensait que ce Millénium débuterait en Amérique, d'où son enthousiasme pour la proposition d'un groupe de pasteurs écossais de prier jusqu'à l'accomplissement des prophéties annonçant la venue du Royaume de Dieu. Complétée dans ses parties importantes, notre réédition ThéoTeX sera l'occasion de se pencher sur l'eschatologie du célèbre puritain, et de réfléchir au rôle éventuel que pourraient jouer les États-Unis dans les évènements de la fin.

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Seitenzahl: 81

Veröffentlichungsjahr: 2022

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THÉOTEX

Site internet : theotex.org

Courriel : [email protected]

Table des matières

Contexte

1.

L’eschatologie de Jonathan Edwards.

2.

La traduction de 1823.

3.

Traduction de la troisième partie : Réponses aux objections.

3.1 Qu’il y a de la superstition dans cet accord sur la prière.

3.2 Qu’un tel accord est fantaisiste, ou bien pharisaïque.

3.3 Qu’un tel accord est prématuré.

3.4 Que la chute de l’Antéchrist est encore bien loin.

3.5 L’accusation de nouveauté.

4.

La place de l’Amérique dans la fin des temps.

CONTEXTE

Au début du dix-neuvième siècle, un certain Phocion-Henri SERVIER, libraire protestant à Paris, traduisait une partie d’un ouvrage de Jonathan EDWARDS originellement publié en 1748, avec un titre à rallonges comme on les aimait à cette époque :

AnHUMBLE ATTEMPTto promote an explicit agreement and visible union of God’s people through the world, in extraordinaryPRAYER, for theREVIVALof religion, and the advancement of Christ’s kingdom on earth, pursuant to Scripture promises and prophecies concerning the last time.

Ce qui donnait en français :

L’UNION DANS LA PRIÈRE

POUR LA

PROPAGATION DE L’ÉVANGILE,

OU

ABRÉGÉ D’UN HUMBLE ESSAI,

DONT LE BUT EST DE PROVOQUER UN ACCORD VISIBLE

DU PEUPLE DE DIEU

DANS L’OFFRE DES PRIÈRES EXTRAORDINAIRES

POUR AVANCER LE RÈGNE DE CHRIST SUR LA TERRE.

1823

Qu’entendait Servier par abrégé d’un humble essai ? Le livret original anglais d’Edwards comporte environ 120 pages, en trois parties : dans la première il relate les circonstances qui l’ont amené à écrire ce document, à savoir la réception d’un Mémorial de pasteurs écossais exhortant le peuple de Dieu à prier en tous lieux pour obtenir une effusion de l’Esprit et un grand réveil ; dans la seconde l’auteur partait d’une citation du prophète Zacharie pour démontrer qu’un âge d’or, un millénium, où tous les peuples seraient convertis au christianisme était encore à venir, et que cette glorieuse période devait être précédée d’une union extraordinaire des Églises dans la prière ; dans la troisième partie il répondait aux objections.

Après une courte préface, Servier ne traduisit que la seconde partie, et encore très librement, tant le style d’Edwards est redondant, tortueux, et rapidement insupportable à rendre dans notre langue. Ainsi l’opuscule français de 1823 ne compte qu’une trentaine de pages.

Jonathan Edwards s’est beaucoup intéressé à l’Apoca-lypse, et on ne peut vraiment comprendre l’intention de son humble attempt sans lire sa troisième partie, celle où il répond aux objections. Pasteur puritain qui a vécu les premiers grands réveils américains, le First Great Awa-kening des années 1730, il espérait voir débuter le Millénium, dont parle les prophètes de l’Ancien Testament et le dernier livre de la Bible, si possible dans sa génération, et même dans son propre pays. On peut d’ailleurs penser que c’est la raison pour laquelle le traducteur français, effrayé par tant d’audace eschatologique, a supprimé le mot Réveil du titre original, et omis toute mention des vues d’Edwards sur l’Apocalypse.

Pour une meilleure compréhension de son essai, nous donnerons donc premièrement, un court résumé de l’es-chatologie de Jonathan Edwards, deuxièmement, la traduction de 1823, troisièmement, une traduction libre et résumée des réponses d’Edwards aux objections contre son essai, enfin quatrièmement, nous terminerons par quelques réflexions relatives aux vues actuelles sur la place des États-Unis dans l’eschatologie.

1. L’eschatologie de Jonathan Edwards.

Dans ses convictions sur la fin des temps, Jonathan Edwards est ce que nous appellerions aujourd’hui un post-millénariste ; le mot n’existait pas à son époque. Cela signifie qu’il croit que Jésus-Christ reviendra physiquement sur terre, selon sa promesse, après le Millénium, cet âge d’or annoncé en particulier par le prophète Esaïe ; l’humanité vivra alors sous la bénédiction de Dieu, loin du péché, pendant une période qui durera peut-être littéralement mille ans, très longue en tous cas. Quand débutera ce millénium ? c’est toute la question.

Edwards distingue quatre venues de Christ, deux physiques, deux spirituelles :

La première, en chair et en os, lors de son incarnation.

La seconde, en esprit, lorsqu’il détruit l’empire romain païen, par l’intermédiaire de Constantin.

La troisième, en esprit de nouveau, lorsqu’il vient détruire le royaume de Satan, et inaugurer le Millénium. Cette venue est donc encore à venir (sans l’affirmer totalement Edwards pense qu’elle aura lieu vers l’an 2000).

La quatrième enfin, Christ revient dans son corps de gloire, à la fin du Millénium, pour exercer le jugement dernier, et instaurer son règne éternel.

Edwards croit que le début du Millénium est proche de son siècle pour deux raisons :

1o) Parce qu’il trouve vraisemblable la théorie de la semaine millénaire, à savoir que l’histoire du monde devrait durer 7000 ans, pour correspondre à la semaine de sept jours de la Création : 4000 ans entre le début du monde et la première venue de Christ, 1000 ans de millénium tout à la fin (le septième millénaire), il reste par conséquent 2000 ans pour l’histoire de l’Église, entre l’ascension et le début du millénium.

2o) Parce qu’il croit que les grands réveils religieux qui surviennent à son époque, dans son pays, sont des signes précurseurs d’une prise de conscience des chrétiens de supplier dans la prière pour que Christ écrase définitivement l’Antéchrist (la papauté) et inaugure le Millénium. Traduisons un passage de ses Pensées sur le Réveil religieux actuel, en Nouvelle-Angleterre, part.2, section.2 :

« Il n’est pas improbable que cette œuvre de l’Esprit de Dieu, si extraordinaire et si merveilleuse, soit en quelque sorte l’aurore, ou peut-être le prélude du glorieux travail de Dieu, si souvent annoncé dans l’Écriture, qui au terme de son progrès renouvellera le monde. Si nous considérons quel grand laps de temps s’est écoulé depuis que cette période a été prédite, ainsi que les choses ce qui doivent la précéder, combien longue a été l’attente de l’Église, et combien d’hommes de Dieu éminents ont cru qu’elle était proche, nous ne pouvons pas raisonnablement penser autre chose sinon que le début de ce grand ouvrage de Dieu doit être imminent. »

Mieux, Edwards explique pourquoi il pense que le Millénium débutera en Amérique (dire aux États-Unis serait un anachronisme : le grand réveil a lieu une génération avant la déclaration d’indépendance ; Edwards ne la connaîtra pas, il meurt en 1758) :

« Plusieurs choses rendent probable que cette action de Dieu commencera en Amérique. Esaïe.60.9 nous apprend qu’elle sera initiée dans une partie du monde fort lointaine sans communication avec les autres parties du monde, sinon par la navigation : Car les îles s’attendront à moi, et les navires de Tarsis viendront les premiers pour ramener tes fils de loin, avec leur argent et leur or, au nom de l’Éternel, ton Dieu, et vers le Saint d’Israël, parce qu’il t’a glorifié ! Il est complètement évident que tout ce chapitre est une prophétie de la période de prospérité la plus glorieuse sur terre de l’Église, dans les derniers jours. Je ne peux pas imaginer que par les îles lointaines dont parle ce verset, il puisse être question d’un autre pays que l’Amérique. Il est vrai que dans d’autres passages prophétiques, ceux qui annoncent le temps de l’Évangile, les îles désignent souvent l’Europe. Il en est ainsi pour les prophéties qui prévoient la diffusion de l’Évangile après la résurrection de Christ, car cette partie du monde était éloignée de celle où l’Église se situait, et parce qu’on y allait par mer. Mais la prophétie d’Esaïe que j’ai citée, ne peut pas s’appliquer à la conversion de l’Europe dans les premiers siècles, il s’agit d’un temps beaucoup plus glorieux, et par conséquent une autre partie du monde doit être désignée sous les mots d’Îles de Tarsis. D’ailleurs la diffusion de l’Évangile n’a pas commencé en Europe, mais à Jérusalem, pour se poursuivre en Asie mineure, avant d’atteindre l’Europe. Il est donc question dans la prophétie d’Esaïe, non des temps primitifs, mais d’un travail de Dieu à la fin des temps, et elle désigne l’Amérique comme le lieu qui produira les prémices de cette glorieuse période. » (Ibidem)

L’eschatologie d’Edwards pourrait en un mot être qualifiée d’optimiste, par opposition à l’eschatologie pessimiste des pré-millénaristes, qui s’attendent à l’apparition soudaine d’un antéchrist personnel, puis d’une grande tribulation mondiale devant durer sept ans. De manière générale les puritains de l’époque d’Edwards assimilaient la grande Babylone et l’Antéchrist, à l’Église catholique romaine avec son système papal, dont le règne devait durer 1260 années (un temps, des temps et la moitié d’un temps). Mais comme on ne savait pas bien de quelle année il fallait dater le premier pape-antéchrist, ils n’étaient pas tous d’accord sur l’année où surviendrait la fin de ces 1260 ans, la chute du dernier pape, et le début du Millénium. Ainsi on le verra plus dans la traduction de la troisième partie de l’humble essai, Edwards s’oppose à un certain LOWMAN, exégète qui prétendait faire se terminer le règne de l’antéchrist vers 2010, ce qui n’arrangeait pas l’auteur pour motiver ses contemporains à s’unir dans une prière universelle visant à réclamer l’instauration imminente du royaume de Dieu.

Est-ce à dire que le post-millénarisme de Jonathan Edwards soit le même que celui dont se réclame volontiers la mouvance néo-calviniste, qui à la fin du XXe siècle aux États-unis a pris le pas sur le dispensationalisme Scofield dans la faveur pastorale ? Non, ils diffèrent grandement : le post-millénarisme actuel est en somme un a-milléranisme qui n’ose pas dire son nom. Christ reviendra après le millénium soit, mais comme on ne sait jamais si ce millénium a déjà débuté, ou quand il débutera, et qu’il ne dure d’ailleurs pas littéralement mille ans, toute spéculation sur un calendrier eschatologique est exclue. Quant à l’identité de l’antéchrist, c’est un système plutôt qu’une personne, mais l’on ne s’aventurera plus à dire qu’il s’agit de celui de Rome. Edwards, au contraire, se mouille