La dioptrique - René Descartes - E-Book

La dioptrique E-Book

Rene Descartes

0,0
1,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

La Dioptrique est un traité de René Descartes sur l'optique qui fait partie des essais (avec Les Météores et La Géométrie) complétant le Discours de la méthode de 1637. Descartes y énonce la loi des sinus concernant la réfraction.  

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Veröffentlichungsjahr: 2018

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



La dioptrique

René Descartes

Publication: 1646Catégorie(s): Non-Fiction, Médecine, Ophtalmologie
A Propos Descartes:

René Descartes (March 31, 1596 – February 11, 1650), also known as Renatus Cartesius (latinized form), was a highly influential French philosopher, mathematician, scientist, and writer. Dubbed the "Founder of Modern Philosophy", and the "Father of Modern Mathematics", much of subsequent western philosophy is a reaction to his writings, which have been closely studied from his time down to the present day. His influence in mathematics is also apparent, the Cartesian coordinate system being used in plane geometry and algebra being named after him, and he was one of the key figures in the Scientific Revolution. Descartes frequently contrasted his views with those of his predecessors. In the opening section of the Passions of the Soul, a treatise on the Early Modern version of what are now commonly called emotions, he goes so far as to assert that he will write on his topic "as if no one had written on these matters before". Nevertheless many elements of his philosophy have precedents in late Aristotelianism, the revived Stoicism of the 16th century, or in earlier philosophers like St. Augustine. In his natural philosophy, he differs from the Schools on two major points: first, he rejects the analysis of corporeal substance into matter and form; second, he rejects any appeal to ends—divine or natural—in explaining natural phenomena. In his theology, he insists on the absolute freedom of God’s act of creation. Descartes was a major figure in 17th century continental rationalism, later advocated by Baruch Spinoza and Gottfried Leibniz, and opposed by the empiricist school of thought consisting of Hobbes, Locke, Berkeley, and Hume. Leibniz, Spinoza and Descartes were all versed in mathematics as well as philosophy, and Descartes and Leibniz contributed greatly to science as well. As the inventor of the Cartesian coordinate system, Descartes founded analytic geometry, that bridge between algebra and geometry crucial to the invention of calculus and analysis. Descartes's reflections on mind and mechanism began the strain of western thought that much later, impelled by the invention of the electronic computer and by the possibility of machine intelligence, blossomed into, e.g., the Turing test. His most famous statement is: Cogito ergo sum (French: Je pense, donc je suis; English: I think, therefore I am), found in §7 of part I of Principles of Philosophy (Latin) and in part IV of Discourse on the Method (French). Source: Wikipedia

Disponible sur Feedbooks Descartes:Discours de la méthode (1637)Règles pour la direction de l’esprit (1628)Traité de la mécanique et Abrégé de la musique (1646)
Note: Ce livre vous est offert par Feedbooks.http://www.feedbooks.com Il est destiné à une utilisation strictement personnelle et ne peut en aucun cas être vendu.

LA DIOPTRIQUE.

 

 

DISCOURS PREMIER.

 

DE LA LUMIÈRE.

Toute la conduite de notre vie dépend de nos sens, entre lesquels celui de la vue étant le plus universel et le plus noble, il n’y a point de doute que les inventions qui servent à augmenter sa puissance ne soient des plus utiles qui puissent être. Et il est malaisé d’en trouver aucune qui l’augmente davantage que celle de ces merveilleuses lunettes, qui, n’étant en usage que depuis peu, nous ont déjà découvert de nouveaux astres dans le ciel, et d’autres nouveaux objets dessus la terre en plus grand nombre que ne sont ceux que nous y avions vus auparavant : en sorte que, portant notre vue beaucoup plus loin que n’avait coutume d’aller l’imagination de nos pères, elles semblent nous avoir ouvert le chemin pour parvenir à une connaissance de la nature beaucoup plus grande et plus parfaite qu’ils ne l’ont eue. Mais, à la honte de nos sciences, cette invention, si utile et si admirable, n’a premièrement été trouvée que par l’expérience et la fortune. Il y a environ trente ans qu’un nommé Jacques Métius, de la ville d’Alcmar en Hollande, homme qui n’avait jamais étudié, bien qu’il eût un père et un frère qui ont fait profession des mathématiques, mais qui prenait particulièrement plaisir à faire des miroirs et verres brûlants, eu composant même l’hiver avec de la glace, ainsi que l’expérience a montré qu’on en peut faire ; ayant à cette occasion plusieurs verres de diverses formes, s’avisa par bonheur de regarder au travers de deux, dont l’un était un peu plus épais au milieu qu’aux extrémités, et l’autre, au contraire, beaucoup plus épais aux extrémités qu’au milieu, et il les appliqua si heureusement aux deux bouts d’un tuyau, que la première des lunettes dont nous parlons en fut composée. Et c’est seulement sur ce patron que toutes les autres qu’on a vues depuis ont été faites, sans que personne encore, que je sache, ait suffisamment déterminé les figures que ces verres doivent avoir. Car, bien qu’il y ait eu depuis quantité de bons esprits qui ont fort cultivé cette matière, et ont trouvé à son occasion plusieurs choses en l’optique qui valent mieux que ce que nous en avaient laissé les anciens, toutefois, à cause que les inventions un peu malaisées n’arrivent pas à leur dernier degré de perfection du premier coup, il est encore demeuré assez de difficultés en celle-ci pour me donner sujet d’en écrire. Et, d’autant que l’exécution des choses que je dirai doit dépendre de l’industrie des artisans, qui pour l’ordinaire n’ont point étudié, je tâcherai de me rendre intelligible à tout le monde, et de ne rien omettre ni supposer qu’on doive avoir appris des autres sciences. C’est pourquoi je commencerai par l’explication de la lumière et de ses rayons ; puis, ayant fait une brève description des parties de l’œil, je dirai particulièrement en quelle sorte se fait la vision, et ensuite, ayant remarqué toutes les choses qui sont capables de la rendre plus parfaite, j’enseignerai comment elles y peuvent être ajoutées par les inventions que je décrirai.

Or, n’ayant ici autre occasion de parler de la lumière que pour expliquer comment ses rayons entrent dans l’œil, et comment ils peuvent être détournés par les divers corps qu’ils rencontrent, il n’est pas besoin que j’entreprenne de dire au vrai quelle est sa nature, et je crois qu’il suffira que je me serve de deux ou trois comparaisons qui aident à la concevoir en la façon qui me semble la plus commode pour expliquer toutes celles de ses propriétés que l’expérience nous fait connaître, et pour déduire ensuite toutes les autres qui ne peuvent pas si aisément être remarquées. Imitant en ceci les astronomes, qui, bien que leurs suppositions soient presque toutes fausses ou incertaines, toutefois, à cause qu’elles se rapportent à diverses observations qu’ils ont faites, ne laissent pas d’en tirer plusieurs conséquences très vraies et très assurées.

Il vous est bien sans doute arrivé quelquefois, en marchant de nuit sans flambeau par des lieux un peu difficiles, qu’il fallait vous aider d’un bâton pour vous conduire, et vous avez pour lors pu remarquer que vous sentiez, par l’entremise de ce bâton, les divers objets qui se rencontraient autour de vous, et même que vous pouviez distinguer s’il y avait des arbres, ou des pierres, ou du sable, ou de l’eau, ou de l’herbe, ou de la boue, ou quelque autre chose de semblable. Il est vrai que cette sorte de sentiment est un peu confuse et obscure en ceux qui n’en ont pas un long usage ; mais considérez-la en ceux qui, étant nés aveugles, s’en sont servis toute leur vie, et vous l’y trouverez si parfaite et si exacte qu’on pourrait quasi dire qu’ils voient des mains, ou que leur bâton est l’organe de quelque sixième sens qui leur a été donné au défaut de la vue. Et, pour tirer une comparaison de ceci, je désire que vous pensiez que la lumière n’est autre chose, dans les corps qu’on nomme lumineux, qu’un certain mouvement ou une action fort prompte et fort vive qui passe vers nos yeux par l’entremise de l’air et des autres corps transparents en même façon que le mouvement ou la résistance des corps que rencontre cet aveugle passe vers sa main par l’entremise de son bâton. Ce qui vous empêchera d’abord de trouver étrange que cette lumière puisse étendre ses rayons en un instant depuis le soleil jusqu’à nous ; car vous savez que l’action dont on meut l’un des bouts d’un bâton doit ainsi passer en un instant jusqu’à l’autre, et qu’elle y devrait passer en même sorte, encore qu’il y aurait plus de distance qu’il n’y en a depuis la terre jusqu’aux cieux. Vous ne trouverez pas étrange non plus que, par son moyen nous puissions voir toutes sortes de couleurs ; et même vous croirez peut-être que ces couleurs ne sont autre chose dans les corps qu’on nomme colorés que les diverses façons dont ces corps la reçoivent et la renvoient contre nos yeux : si vous considérez que les différences qu’un aveugle remarque entre des arbres, des pierres, de l’eau, et choses semblables, par l’entremise de son bâton, ne lui semblent pas moindres que nous sont celles qui sont entre le rouge, le jaune, le vert et toutes les autres couleurs ; et toutefois que ces différences ne sont autre chose en tous ces corps que les diverses façons de mouvoir ou de résister aux mouvements de ce bâton ; ensuite de quoi vous aurez occasion de juger qu’il n’est pas besoin de suppo- ser qu’il passe quelque chose de matériel depuis les objets jusqu’à nos yeux pour nous faire voir les couleurs et la lumière, ni même qu’il y ait rien en ces objets qui soit semblable aux idées ou aux sentiments que nous en avons : tout de même qu’il ne sort rien des corps que sent un aveugle qui doive passer le long de son bâton jusqu’à sa main, et que la résistance ou le mouvement de ces corps, qui est la seule cause des sentiments qu’il en a, n’est rien de semblable aux idées qu’il en conçoit ; et, par ce moyen, votre esprit sera délivré de toutes ces petites images voltigeantes par l’air, nommées desespèces intentionnelles, qui travaillent tant l’imagination des philosophes. Même vous pourrez aisément décider la question qui est entre eux touchant le lieu d’où vient l’action qui cause le sentiment de la vue. Car, comme notre aveugle peut sentir les corps qui sont autour de lui, non seulement par l’action de ces corps lorsqu’ils se meuvent contre son bâton, mais aussi par celle de sa main lorsqu’ils ne font que lui résister, ainsi, faut-il avouer que les objets de la vue peuvent être sentis non seulement par le moyen de l’action qui, étant en eux, tend vers les yeux, mais aussi par le moyen de celle qui, étant dans les yeux, tend vers eux. Toutefois, pourceque cette action n’est autre chose que la lumière, il faut remarquer qu’il n’y a que ceux qui peuvent voir pendant les ténèbres de la nuit, comme les chats, dans les yeux desquels elle se trouve : et que, pour l’ordinaire des hommes, ils ne voient que par l’action qui vient des objets, car l’expérience nous montre que ces objets doivent être lumineux ou illuminés pour être vus, et non point nos yeux pour les voir. Mais, pourcequ’il y a grande différence entre le bâton de cet aveugle et l’air ou les autres corps transparents par l’entremise desquels nous voyons, il faut que je me serve encore ici d’une autre comparaison.

Voyez une cuve, au temps de vendange, toute pleine de raisins à demi foulés, et dans le fond de laquelle on ait fait un trou ou deux, comme A et B, par où le vin doux qu’elle contient puisse couler. Puis pensez que, n’y ayant point de vide en la nature, ainsi que presque tous les philosophes avouent, et néanmoins y ayant plusieurs pores en tous les corps que nous apercevons autour de nous, ainsi que l’expérience peut montrer fort clairement, il est nécessaire que ces pores soient remplis de quelque matière fort subtile et fort fluide, qui s’étende sans interruption depuis les astres jusqu’à nous. Or cette matière subtile, étant comparée avec le vin de cette cuve et les parties moins fluides ou plus grossières tant de l’air que des autres corps transparents avec les grappes de raisins qui sont parmi, vous entendrez facilement que, comme les parties de ce vin, qui sont par exemple vers C, tendent à descendre en ligne droite par le trou A au même instant qu’il est ouvert, et ensemble par le trou B ; et que celles qui sont vers D et vers E tendent aussi en même temps à descendre par ces deux trous sans qu’aucune de ces actions soit empêchée par les autres, ni aussi par la résistance des grappes qui sont en cette cuve, nonobstant que ces grappes, étant soutenues l’une par l’autre, ne tendent point du tout à descendre par ces trous A et B, comme le vin, et même qu’elles puissent cependant être mues en plusieurs autres façons par ceux qui les foulent. Ainsi toutes les parties de la matière subtile que touche le côté du soleil qui nous regarde tendent en ligne droite vers nos yeux au même instant qu’ils sont ouverts, sans s’empêcher les unes les autres et même sans être empêchées par les parties grossières des corps transparents qui sont entre deux : soit que ces corps se meuvent en d’autres façons, comme l’air, qui est presque toujours agité par quelque vent, soit qu’ils soient sans mouvement, comme peut être le verre ou le cristal. Et remarquez ici qu’il faut distinguer entre le mouvement et l’action ou inclination à se mouvoir : car on peut fort bien concevoir que les parties du vin qui sont par exemple vers C tendent vers B, et ensemble vers A, nonobstant qu’elles ne puissent actuellement se mouvoir vers ces deux cotés en même temps, et qu’elles tendent exactement en ligne droite vers B et vers A, nonobstant qu’elles ne se puissent mouvoir si exactement vers l’A en ligne droite, à cause des grappes de raisins qui sont entre deux : et ainsi, pensant que ce n’est pas tant le mouvement comme l’action des corps lumineux qu’il faut prendre pour leur lumière, vous devez juger que les rayons de cette lumière ne sont autre chose que les lignes suivant lesquelles tend cette action. En sorte qu’il y a une infinité de tels rayons qui viennent de tous les points des corps lumineux vers tous les points de ceux qu’ils illuminent, ainsi que vous pouvez imaginer une infinité de lignes droites, suivant lesquelles les actions qui viennent de tous les points de la superficie du vin CDE tendent vers A ; et une infinité d’autres, suivant lesquelles les actions qui viennent de ces mêmes points tendent aussi vers B sans que les unes empêchent les autres.