La Double Inconstance - Marivaux - E-Book

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Marivaux

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Beschreibung

La Double Inconstance est une comédie en trois actes et en prose de Marivaux créée le 6 avril 1723.
L’histoire
|…Une jeune paysanne, Silvia, a été enlevée : elle est retenue dans le palais du prince car celui-ci l’aime, bien qu’elle soit déjà éprise d’un jeune homme de son village : Arlequin. Flaminia, une conseillère du prince, puis Trivelin tentent de rompre l’amour entre les deux jeunes gens. Contrairement à Trivelin, Flaminia réussit à gagner leur sympathie et leur confiance. Ainsi, Silvia lui avoue que, malgré son amour pour Arlequin, elle aime un officier du palais qui lui a rendu visite plusieurs fois. Mais, elle ignore qu’il s’agissait, en fait, du prince incognito. Peu à peu, les deux jeunes paysans se laissent séduire par la vie de château. Arlequin tombe amoureux de Flaminia et néglige un peu trop Silvia. Il ne reste plus au prince qu’à dévoiler sa véritable identité et tout se termine bien par deux mariages consentants…|
|Source Wikipédia|

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SOMMMAIRE

ACTE PREMIER

ACTE DEUXIÈME

ACTE TROISIÈME

MARIVAUX

LA DOUBLE INCONSTANCE

COMÉDIE EN TROIS ACTES

Texte établi par Émile Faguet, Nelson.

Raanan Éditeur

Livre numérique 374 | édition 2

LA DOUBLE INCONSTANCE

COMÉDIE EN TROIS ACTES

Représentée pour la première fois par les comédiens italiens, le 6 avril 1723

PERSONNAGES

LE PRINCE.

UN SEIGNEUR.

FLAMINIA, fille d’un domestique du prince.

LISETTE, sœur de Flaminia.

SILVIA, aimée du prince et d’Arlequin.

ARLEQUIN.

TRIVELIN, officier du palais.

Laquais.

Filles de chambre.

La scène est dans le palais du prince.

ACTE PREMIER

Scène première

SILVIA, TRIVELIN, et quelques femmes à la suite de Silvia.

Trivelin.

Mais, madame, écoutez-moi.

Silvia.

Vous m’ennuyez.

Trivelin.

Ne faut-il pas être raisonnable ?

Silvia.

Non, il ne faut point l’être, et je ne le serai point.

Trivelin.

Cependant…

Silvia.

Cependant, je ne veux point avoir de raison ; et quand vous recommenceriez cinquante fois votre cependant, je n’en veux point avoir : que ferez-vous là ?

Trivelin.

Vous avez soupé hier si légèrement, que vous serez malade si vous ne prenez rien ce matin.

Silvia.

Et moi, je hais la santé, et je suis bien aise d’être malade. Ainsi, vous n’avez qu’à renvoyer tout ce qu’on m’apporte ; car je ne veux aujourd’hui ni déjeuner, ni dîner, ni souper ; demain la même chose. Je ne veux qu’être fâchée, vous haïr tous tant que vous êtes, jusqu’à tant que j’aie vu Arlequin, dont on m’a séparée. Voilà mes petites résolutions, et si vous voulez que je devienne folle, vous n’avez qu’à me prêcher d’être plus raisonnable ; cela sera bientôt fait.

Trivelin.

Ma foi, je ne m’y jouerai pas ; je vois bien que vous me tiendriez parole. Si j’osais cependant…

Silvia.

Eh bien ! ne voilà-t-il pas encore un cependant ?

Trivelin.

En vérité, je vous demande pardon ; celui-là m’est échappé, mais je n’en dirai plus, je me corrigerai. Je vous prierai seulement de considérer…

Silvia.

Oh ! vous ne vous corrigez pas ; voilà des considérations qui ne me conviennent point non plus.

Trivelin.

… que c’est votre souverain qui vous aime.

Silvia.

Je ne l’empêche pas, il est le maître ; mais faut-il que je l’aime, moi ? Non ; il ne le faut pas, parce que je ne le puis pas. Cela va tout seul, un enfant le verrait, et vous ne le voyez pas.

Trivelin.

Songez que c’est sur vous qu’il fait tomber le choix qu’il doit faire d’une épouse entre ses sujettes.

Silvia.

Qui est-ce qui lui a dit de me choisir ? M’a-t-il demandé mon avis ? S’il m’avait dit : « Me voulez-vous, Silvia ? » je lui aurais répondu : « Non, Seigneur ; il faut qu’une honnête femme aime son mari, et je ne pourrais vous aimer. » Voilà la pure raison, cela ; mais point du tout, il m’aime ; crac, il m’enlève, sans me demander si je le trouverai bon.

Trivelin.

Il ne vous enlève que pour vous donner la main.

Silvia.

Eh ! que veut-il que je fasse de cette main, si je n’ai pas envie d’avancer la mienne pour la prendre ? Force-t-on les gens à recevoir des présents malgré eux ?

Trivelin.

Voyez, depuis deux jours que vous êtes ici, comment il vous traite. N’êtes-vous pas déjà servie comme si vous étiez sa femme ? Voyez les honneurs qu’il vous fait rendre, le nombre de femmes qui sont à votre suite, les amusements qu’on tâche de vous procurer par ses ordres. Qu’est-ce qu’Arlequin au prix d’un prince plein d’égards, qui ne veut pas même se montrer qu’on ne vous ait disposée à le voir ; d’un prince jeune, aimable et rempli d’amour ? Car vous le trouverez tel. Eh ! madame, ouvrez les yeux, voyez votre fortune, et profitez de ses faveurs.

Silvia.

Dites-moi : vous et toutes ces femmes qui me parlent, vous a-t-on mis avec moi, vous a-t-on payés pour m’impatienter, pour me tenir des discours qui n’ont pas le sens commun, qui me font pitié ?

Trivelin.

Oh ! parbleu ! je n’en sais pas davantage ; voilà tout l’esprit que j’ai.

Silvia.

Sur ce pied-là, vous seriez tout aussi avancé de n’en point avoir du tout.

Trivelin.

Mais encore, daignez, s’il vous plaît, me dire en quoi je me trompe.

Silvia.

Oui, je vais vous le dire, en quoi ; oui…

Trivelin.

Eh ! doucement, madame : mon dessein n’est pas de vous fâcher.

Silvia.

Vous êtes donc bien maladroit !

Trivelin.

Je suis votre serviteur.

Silvia.

Eh bien ! mon serviteur, qui me vantez tant les honneurs que j’ai ici, qu’ai-je à faire de ces quatre ou cinq fainéantes qui m’espionnent toujours ? On m’ôte mon amant, et on me rend des femmes à la place ; ne voilà-t-il pas un beau dédommagement ? Et on veut que je sois heureuse avec cela ? Que m’importe toute cette musique, ces concerts et cette danse dont on croit me régaler ? Arlequin chantait mieux que tout cela, et j’aime mieux danser moi-même que de voir danser les autres, entendez-vous ? Une bourgeoise contente dans un petit village, vaut mieux qu’une princesse qui pleure dans un bel appartement. Si le Prince est si tendre, ce n’est pas ma faute ; je n’ai pas été le chercher ; pourquoi m’a-t-il vue ? S’il est jeune et aimable, tant mieux pour lui ; j’en suis bien aise. Qu’il garde tout cela pour ses pareils, et qu’il me laisse mon pauvre Arlequin, qui n’est pas plus gros monsieur que je suis grosse dame, pas plus riche que moi, pas plus glorieux que moi, pas mieux logé ; qui m’aime sans façon, que j’aime de même, et que je mourrai de chagrin, de ne pas voir. Hélas ! le pauvre enfant, qu’en aura-t-on fait ? Qu’est-il devenu ? Il se désespère quelque part, j’en suis sûre ; car il a le cœur si bon ! Peut-être aussi qu’on le maltraite… Je suis outrée. Tenez, voulez-vous me faire un plaisir ? Ôtez-vous de là, je ne puis vous souffrir ; laissez-moi m’affliger en repos.

Trivelin.

Le compliment est court, mais il est net. Tranquillisez-vous pourtant, madame.

Silvia.

Sortez sans répondre ; cela vaudra mieux.

Trivelin.

Encore une fois, calmez-vous. Vous voulez Arlequin, il viendra incessamment ; on est allé le chercher.

Silvia, avec un soupir.

Je le verrai donc ?

Trivelin.

Et vous lui parlerez aussi.

Silvia.

Je vais l’attendre ; mais si vous me trompez, je ne veux plus ni voir, ni entendre personne.

(Pendant qu’elle sort, le prince et Flaminia entrent d’un autre côté et la regardent sortir.)

Scène II

LE PRINCE, FLAMINIA, TRIVELIN.

 

Le Prince, à Trivelin. 

Eh bien ! as-tu quelque espérance à me donner ? Que dit-elle ?

 

Trivelin.

Ce qu’elle dit, seigneur ? Ma foi, ce n’est pas la peine de le répéter ; il n’y a rien encore qui mérite votre curiosité.

 

Le Prince.

N’importe ; dis toujours.

 

Trivelin.

Eh ! non, Seigneur ; ce sont de petites bagatelles dont le récit vous ennuierait ; tendresse pour Arlequin, impatience de le rejoindre, nulle envie de vous connaître, désir violent de ne vous point voir, et force haine pour nous : voilà l’abrégé de ses dispositions. Vous voyez bien que cela n’est point réjouissant ; et franchement, si j’osais dire ma pensée, le meilleur serait de la remettre où on l’a prise.

 

Flaminia.

J’ai déjà dit, la même chose au Prince ; mais cela est inutile. Aussi continuons, et ne songeons qu’à détruire l’amour de Silvia pour Arlequin.

 

Trivelin.

Mon sentiment à moi est qu’il y a quelque chose d’extraordinaire dans cette fille-là. Refuser ce qu’elle refuse, cela n’est point naturel ; ce n’est point là une femme, voyez-vous ; c’est quelque créature d’une espèce à nous inconnue. Avec une femme nous irions notre train ; celle-ci nous arrête ; cela nous avertit d’un prodige ; n’allons pas plus loin.

 

Le Prince.

Et c’est ce prodige qui augmente encore l’amour que j’ai conçu pour elle.

 

Flaminia, en riant. 

Eh ! seigneur, ne l’écoutez pas avec son prodige ; cela est bon dans un conte de fée. Je connais mon sexe ; il n’a rien de prodigieux que sa coquetterie. Du côté de l’ambition, Silvia n’est point en prise ; mais elle a un cœur, et par conséquent de la vanité ; avec cela, je saurai bien la ranger à son devoir de femme. Est-on allé chercher Arlequin ?

 

Trivelin.

Oui ; je l’attends.

 

Le Prince.

Je vous avoue, Flaminia, que nous risquons beaucoup à lui montrer son amant ; sa tendresse pour lui n’en deviendra que plus forte.

 

Trivelin.

Oui ; mais, si elle ne le voit, l’esprit lui tournera ; j’en ai sa parole.

 

Flaminia.

Seigneur, je vous ai déjà dit qu’Arlequin nous était nécessaire.

 

Le Prince.

Oui, qu’on l’arrête autant qu’on pourra. Vous pouvez lui promettre que je le comblerai de biens et de faveurs, s’il veut en épouser une autre que sa maîtresse.

 

Trivelin.

Il n’y a qu’à réduire ce drôle-là, s’il ne veut pas.

 

Le Prince.

Non ; la loi, qui veut que j’épouse une de mes sujettes, me défend d’user de violence contre qui que ce soit.

 

Flaminia.

Vous avez raison. Soyez tranquille ; j’espère que tout se fera à l’amiable. Silvia vous connaît déjà, sans savoir que vous êtes le prince ; n’est-il pas vrai ?