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Si la campagne est avant tout pour vous une terre de repos, si vous considérez le silence comme le cadeau le plus précieux, si vous pensez qu’au cœur d’un paisible décor champêtre rien ne pourrait perturber les plus doux chants d’oiseaux ; laissez-nous donc vous parler un peu de notre monsieur Jacques, un gros râleur certes, mais avec un grand cœur…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Inventant ces histoires pour se divertir et s’évader,
Alexandre Flenghi invite les lecteurs à découvrir ses personnages amusants auxquels il s’est attaché au fil des pages.
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Seitenzahl: 60
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Alexandre Flenghi
La ferme
de monsieur Jacques
Tome II
© Lys Bleu Éditions – Alexandre Flenghi
ISBN : 979-10-377-6989-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Caroline Soete, Stéphane Libermann,
mon frère Lucas, ainsi que toute l’équipe
du centre hospitalier vétérinaire de Meaux,
pour avoir pris soin de mon chat Dairon
avec tant de dévouement.
Quand sieur le printemps se décide enfin à faire son retour annuel tant attendu, il ne manque pas d’emmener dans ses bagages une résolution qui tient particulièrement à cœur à notre monsieur Jacques ; le grand ménage ! Ce n’est pas que l’ancien vive comme une souillon, oh ça non ! Sa maisonnée est toujours bien ordonnée, balayée au moins deux fois par semaine. L’étable est régulièrement dépoussiérée, la paille du poulailler est changée tous les mercredis et même l’enclos du cochon – qui n’est pas réputé dans la ferme pour être un modèle de propreté – est soumis à l’entretien hebdomadaire du maître de ces lieux.
Mais alors, me direz-vous, que reste-t-il donc à ranger dans ces lieux bien arrangés ? Vous allez comprendre…
Chaque château, chaque demeure, chaque maison et même chaque appartement, vous dis-je, possède un endroit bien particulier qui ferait rougir de honte son propriétaire au simple fait d’y penser. En général, c’est une petite pièce, au mieux un placard, soigneusement fermé, à clef le plus souvent, que nous n’osons ouvrir par crainte d’y affronter ce qui se cache à l’intérieur… Un monstre, pensez-vous ? Ne soyez pas si sot, saucisse ! Nous ne sommes pas dans un recueil de contes fantastiques, ou votre libraire vous a bien mal conseillé ! Non, le mystère emmuré là-dedans est beaucoup plus terre à terre…
C’est un fourbi ! Un bazar ! Une décharge ! Une colossale pile d’objets inutiles que vous accumulez, jour après jour, en vous persuadant qu’ils serviront tout de même à quelque chose à un moment ou un autre ! Eh oui, vous voilà découvert…
Notre monsieur Jacques ne fait pas exception à cette inavouable règle car, accolée à son foyer, une espèce de remise bricolée par ses soins fait office de fourre-tout. Et il y en a des choses à ranger ou à trier, quand on habite dans une ferme ! Las de remettre cette pénible tâche à demain, il prend son courage à deux mains et, assisté par Stéphane le coq et Steven le chat, il entrouvre doucement et craintivement la porte…
« Non mais quel fouillis, nom d’un sac en papier ! s’écrie-t-il en découvrant la montagne de travail qui l’attend.
— Eh bien, taquine le coq, je savais que vous n’étiez plus tout jeune, sapristi, mais il faut au moins un siècle pour accumuler un pareil tas de vieilleries !
— Oh, mais dis donc, l’emplumé ! s’emporte monsieur Jacques. Continue ainsi tes petits commentaires et je t’y enferme pour les dix prochaines années, nom d’un cagibi !
— Voilà qui nous ferait quelques vacances… commente le chat.
— Taisez-vous tous les deux, sacrebleu ! Vous voyez bien que j’ai du pain sur la planche, alors cessez de m’importuner ! Ouste ! »
Et s’engouffrant tant bien que mal à l’intérieur de ce bric-à-brac, monsieur Jacques se met à l’ouvrage, rouspétant, sortant bricoles et autres trucs qu’il jette, çà et là, par-dessus son épaule.
***
En une petite demi-heure à peine, tout autour de la cabane, c’est une véritable brocante à ciel ouvert qui jonche le sol :
Une tondeuse, deux abat-jour
Trois cagettes en bois, un chapeau
Vingt-deux bouteilles en verre, un four
Un raton laveur en bronze, une valise percée
Un porte-manteau, un tableau
Un ventilateur cassé
Une écuelle sans fond, un pantalon
Une porte avec son paillasson
Un veston décoré de la Légion d’honneur
Le raton laveur
Un réveil qui ne tourne pas rond
…
Dresser la liste exacte de ce vide-grenier improvisé serait aussi fastidieux qu’ennuyant… Cependant, je peux vous affirmer que de mémoire d’homme, à la campagne, nul n’avait pu contempler un pareil inventaire en ces prés verts.
Puis tout à coup – cela faisait longtemps –, on entend le vieux marmonner. Un carton est pris au piège entre les planches d’une étagère de fortune. Monsieur Jacques le tire de toutes des forces, sans succès. Il redouble d’efforts pour une nouvelle tentative… c’est un nouvel échec. L’air décidé il se redresse, se frotte les mains, fléchit une jambe en avant puis met l’autre en arrière pour se stabiliser. Il compte jusqu’à trois : « un, deux… », mais ce qui devait arriver arriva. Patatras ! Emporté par l’élan, l’ancêtre valdingue en arrière, tombe sur le dos les quatre fers en l’air et laisse échapper le carton de ses mains. Ce dernier réalise derrière lui un joli vol plané avant de filer droit sur Steven qui bondit pour l’éviter de justesse, ouf ! Mais en s’écrasant sur le sol, la boîte libère trois boules en métal qui roulent avec vitesse en direction du coq. Celui-ci agite alors ses ailes du mieux qu’il peut pour décoller péniblement de quelques centimètres afin d’éviter ces projectiles, il était moins une !
Monsieur Jacques, encore sur le sol, se retourne pour s’assurer que personne n’est blessé. Il regarde le carton, éventré par l’impact, puis ouvre grand les yeux en découvrant plus loin ce qui s’en est échappé.
« Ça alors ! s’enthousiasme-t-il. Mes bonnes vieilles boules de pétanque !
— Boules de pétanque ? s’interroge Stéphane, stupéfait de ne pas entendre le barbon enrager après une chute pareille. Mais qu’est-ce donc que cela ?
— Ha, mais c’est un jeu d’adresse épatant que celui de la pétanque ! J’étais d’ailleurs, dans ma lointaine jeunesse, un fort habile adversaire que beaucoup craignaient d’affronter…
— Vraiment ? demande à son tour Steven.
— Vraiment ! Mais pourquoi diable les ai-je donc planquées dans ce placard, nom d’une palissade ?
— Ne nous présenteriez-vous pas les règles de ce jeu en nous faisant une petite démonstration ? reprend le coq, intrigué de voir l’habileté en question.
— Ma foi… réfléchit l’ancien, passant la main dans sa barbe. Et pourquoi pas, après tout ? Nous avons bien travaillé et une petite pause serait la bienvenue… faisons ainsi ! Allons près du portail d’entrée de la ferme, le sol est recouvert de petits gravillons qui seront parfaits pour y jouer. »
Aussitôt dit, monsieur Jacques rassemble les trois boules éparpillées et se met à chercher, aux alentours de ce qu’il reste du carton, un petit accessoire qu’il dit « indispensable pour le jeu ». Ayant à son grand bonheur mis la main dessus, ils se dirigent tous trois en direction du portillon, laissant un beau désordre derrière eux qui n’est une fois de plus, pas prêt d’être rangé.
***
Une fois sur place, monsieur Jacques fait quelques grandes enjambées pour constater de la taille du terrain et, satisfait des distances, il entame sa leçon sous l’oreille attentive de ses deux élèves.