La promesse du bonhomme de neige - Eugène Trivizas - E-Book

La promesse du bonhomme de neige E-Book

Eugène Trivizas

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Beschreibung

L'histoire d'une petite fille, d'un bonhomme de neige et d'un voyage vers le Pôle Nord.

« Si, par un soir d’hiver, à travers la vitre embuée de ta chambre, tu aperçois un bonhomme de neige qui tourne au coin de la rue, cela signifie peut-être que tu te trompes, que tu as mal vu, mais cela signifie peut-être aussi – qui sait ? – que tu as bel et bien vu un bonhomme de neige en route pour le pôle Nord…»
C'est l'histoire d'un bonhomme de neige et d'une petite fille. D'une petite fille qui a fait un bonhomme de neige; d'un bonhomme de neige qui lui fait la promesse de ne jamais fondre et part pour un long voyage, direction : le Pôle Nord.

Embarquez sans plus attendre dans ce roman jeunesse drôle et poétique !

EXTRAIT

– Qu’il est beau, notre bonhomme de neige !
– Un vrai monsieur !
– Comment allons-nous l’appeler ?
– Grelotti ! proposa Marianne.
Elle avait les lèvres écarlates et de la buée sortait de sa bouche.
– « Grelotti » ? bougonna entre ses dents le général de marbre, quelle pitié ! C’est un nom, ça ? Pour devenir un personnage célèbre il faut s’appeler Alexandre le Grand ou Ben Hur, Gengis Khan ou, à tout le moins, Richard Cœur de Lion ! Mais Grelotti, c’est peine perdue. Ce bonhomme de neige-là, je vous parie mon bicorne que jamais l’histoire ne retiendra son nom. Quel savant qui se respecte aurait l’idée de mentionner un « Grelotti » dans un ouvrage relié en cuir ou, à plus forte raison, dans une édition de luxe en or ? Tandis que moi, vous pouvez ouvrir la première encyclopédie qui vous tombera sous la main, vous me trouverez dedans.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Magnifique histoire aussi bien pour les enfants que pour les adultes. - Agnesdds, Babelio

On se situe en terre drôle, avec un art particulier du décalage et un brin de folie. - Ricochet

A PROPOS DE L'AUTEUR

Eugène Trivizas a publié en Grèce plus d’une centaine de livres pour la jeunesse. Ses ouvrages, adaptés souvent pour le théâtre ou le cinéma, ont été traduits en dix-sept langues. Lauréat de plus de vingt prix nationaux ou internationaux, l’auteur a été finaliste du prix Hans Christian Andersen en 2006, avec le roman Ο χιονάνθρωπος και το κορίτσι, traduit en français en 2003 aux Éditions du Jasmin, sous le titre La Promesse du bonhomme de neige, lequel sera prochainement adapté au cinéma à Hollywood.

Il a aussi été nominé pour le prix Astrid Lindgren 2014.

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Couverture

Titre

Copyright

COLLECTION
ROMAN JEUNESSE
1.
Un loup dans la vitre
Philippe de Boissy
2.
Cloche
Clotilde Bernos
3.
Le cri
François David
4.
La promesse du bonhomme de neige
Eugène Trivizas
5.
Chat qui vole
François David
Illustration de la couverture : Nelly Charbonneaux
Titre original : 
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© Eugène Trivizas, 1983 pour l’édition originale
© 2003 Éditions duJasmin pour l’adaptation française
4, rue Valiton 92110 Clichy
ISBN 978-2-35284-573-7 Avec le soutien du

Remerciements

Le traducteur remercie chaleureusement Marie-Hélène Rey et Marie Freland pour leur aimable et précieuse relecture, ainsi que Martha Vassiliadi pour ses suggestions.
Si, par un soir d’hiver, à travers la vitre embuée de ta chambre, tu aperçois un bonhomme de neige qui tourne au coin de la rue, cela signifie peut-être que tu te trompes, que tu as mal vu, mais cela signifie peut-être aussi – qui sait ? – que tu as bel et bien vu un bonhomme de neige en route pour le pôle Nord…
L’histoire que tu vas lire, c’est l’histoire d’un bonhomme de neige et d’une petite fille. D’une petite fille qui a fait un bonhomme de neige et qui lui a demandé de ne jamais fondre. D’un bonhomme de neige qui a décidé de partir pour le pôle Nord.
C’est l’histoire de toutes les petites filles qui font un bonhomme de neige, de tous les bonshommes de neige qui décident un beau jour de faire un long voyage, et de partir pour le pôle Nord…

1Les enfants de monsieur le maire font un bonhomme de neige

Ce soir-là, il neigea toute la nuit, mais si doucement, si doucement, que nul ne l’entendit. Et, au matin, la ville était couverte de blanc.
Sur la grand-place, le cheval de marbre du fier général faillit éternuer de froid. Or, l’officier considérait que cette place était la sienne, voyez-vous, et il n’aimait guère voir des gens la piétiner. Ce qui l’agaçait par-dessus tout, c’étaient ces bandes de galopins qui venaient y faire du chahut sans montrer le respect que l’on doit aux fiers généraux.
C’est pourquoi, par ce matin d’hiver où commence notre histoire, le général était furieux contre les trois enfants de monsieur le maire : Marianne et ses frères jumeaux, Thanoulis et Phanoulis.
Marianne avait les cheveux tout blonds et elle portait un manteau violet, une écharpe violette et des bottes à boutons dorés. Les jumeaux avaient mis leur manteau gris et – floc ! floc ! – ils bombardaient de boules de neige la statue du général. La plupart du temps, ils manquaient leur cible, mais parfois une boule allait s’écraser contre le général, qui se regrettait amèrement de ne pas pouvoir descendre de son cheval pour aller tirer l’oreille à ces garnements et leur montrer de quel bois il se chauffait. Enfin, de guerre lasse, les enfants rompirent la bataille pour faire un bonhomme de neige. Mais cela ne suffit pas à calmer la colère du fier général.
– Je n’arrive pas à comprendre cette passion pour les bonshommes de neige, grommelait-il. À croire que ma seule présence ne saurait suffire à décorer la grand-place. Sans compter que ce bonhomme-là – forcément – va finir par fondre un jour et que ça ne rime à rien de faire quelque chose qui s’évaporera tôt ou tard ! Tssst… tssst… tssst… Quelle stupide occupation !
Bientôt, le bonhomme de neige fut prêt. Marianne lui mit affectueusement deux pois chiches pour les yeux, Phanoulis plaça cinq noisettes à la place des boutons, tandis que Thanoulis tira de sa poche la pipe de son papa – une belle pipe sculptée en précieux bois de merisier – et la planta dans la bouche du bonhomme de neige.
– Qu’il est beau, notre bonhomme de neige !
– Un vrai monsieur !
– Comment allons-nous l’appeler ?
– Grelotti ! proposa Marianne.
Elle avait les lèvres écarlates et de la buée sortait de sa bouche.
– « Grelotti » ? bougonna entre ses dents le général de marbre, quelle pitié ! C’est un nom, ça ? Pour devenir un personnage célèbre il faut s’appeler Alexandre le Grand ou Ben Hur, Gengis Khan ou, à tout le moins, Richard Cœur de Lion ! Mais Grelotti, c’est peine perdue. Ce bonhomme de neige-là, je vous parie mon bicorne que jamais l’histoire ne retiendra son nom. Quel savant qui se respecte aurait l’idée de mentionner un « Grelotti » dans un ouvrage relié en cuir ou, à plus forte raison, dans une édition de luxe en or ? Tandis que moi, vous pouvez ouvrir la première encyclopédie qui vous tombera sous la main, vous me trouverez dedans.
Là-dessus, les jumeaux engagèrent une bataille de boules de neige contre les enfants du boulanger ; Marianne, elle, ne se lassait pas d’admirer Grelotti. Or, le bonhomme de neige lui parut pensif, et elle crut lire dans ses yeux un air de tristesse.
– Tu es content qu’on t’ait fait ?
– Oui, oui, répondit le bonhomme de neige tout intimidé.
Marianne demeura un instant silencieuse. Puis :
– J’aimerais que tu vives toujours ! s’exclama-t-elle.
– Est-ce que c’est long, ça, « toujours » ? lui demanda le bonhomme de neige.
– Aussi long que « jamais ». J’aimerais que tu ne fondes jamais. Tu me le promets ?
– Puisque c’est toi qui me le demandes, je vivrai toujours. Je ne fondrai jamais ! promit le bonhomme de neige.
– Tu veux que je te donne quelque chose ? demanda Marianne.
– Oh, oui ! s’exclama le bonhomme de neige, puis il se reprit : « Ton cadeau, je ne le perdrai jamais. Je le garderai toujours. »
Marianne retira la bague qu’elle avait au doigt. Elle était en argent presque véritable, avec trois fausses pierres précieuses, bleues comme ses yeux. Elle en fit cadeau au bonhomme de neige.
– Merci. Merci. Merci beaucoup, dit Grelotti.
Alors, Marianne l’embrassa. Oui. Elle déposa ses lèvres écarlates sur la joue fraîche de son ami et l’embrassa. Et Grelotti sentit pour la première fois de sa vie son cœur de neige battre, battre la chamade.
Maintenant, la neige tombait fort. Très fort. Le vent se mit de la partie aussi. Les flocons tourbillonnaient autour du général comme s’ils cherchaient à l’étourdir, à lui faire oublier qu’il était une statue. Les enfants, épuisés, les joues en feu, commencèrent à se séparer, à retourner lentement chez eux pour aller jouer près de la cheminée et manger des crêpes ou des marrons chauds.
Marianne dit au revoir au bonhomme de neige.
– Je reviendrai demain ! Compte sur moi ! promit-elle avant de partir en bondissant. Ses bottes s’enfonçaient profondément dans la neige. Son écharpe voleta, voleta, jusqu’à devenir un point violet, qui disparut parmi les flocons.
« Vais-je vraiment la revoir un jour ? » se demanda Grelotti.

2Le bonhomme de neige s’en va faire un long voyage

La grand-place était maintenant vide. Surpris, le bonhomme de neige regarda autour de lui.
– Où suis-je ? se demanda-t-il. C’est la première fois que je vois cet endroit et pourtant… ça me dit quelque chose.
– Tu es au pays des Mille Girouettes, l’informa le général, mais plus pour longtemps. Bientôt, la ville ôtera son capuchon féerique. Et les arbres auront l’air dénudés, les branchages seront noirs, tout noirs, et les rues deviendront boueuses. Les cheminées, qu’on dirait aujourd’hui en sucre, changeront en un clin d’œil. Elles dégoulineront de crasse, suinteront la fumée et la grisaille. Et toi, toi, bonhomme de neige sans cervelle, tu fondras !
– Ça, c’est hors de question ! Je viens de promettre à Marianne que je ne fondrai jamais. Que je vivrai toujours.
– Ha ! Laisse-moi rire tout mon soûl, jusqu’à faire choir mon bicorne ! Ha, ha, ha, ha !
– Pourquoi riez-vous ? C’est elle qui me l’a demandé. Elle m’a même embrassé.
– Et alors ? La belle affaire ! Un baiser, ça ne vaut rien. Mais ce n’est pas de ta faute. C’est la faute de Marianne, qui t’oblige à lui faire des promesses impossibles et qui, sitôt les beaux jours revenus, n’aura rien de plus pressé que de courir à la plage pour se bronzer au soleil !
– Je vous défends de parler comme ça de Marianne !
– Ciel ! Aurais-je offensé la demoiselle ? Écoute un peu, bécasson, et retiens bien ta leçon. Tous les bonshommes de neige du monde sont obligés de fondre un jour à cause d’un ennemi implacable, plus fort que l’espoir et plus fort que le rêve. Tu comprends ?
– J’essaie… Mais il y a une chose qui m’échappe…
– Je t’écoute.
– Et vous, quand est-ce que vous allez fondre ?
– Fondre, moi ? Tu plaisantes ? Pour qui me prends-tu ? Un sorbet ? Je suis une statue, moi, que diable ! Achète-toi des lunettes, mon bonhomme !
– Mais puisque vous êtes blanc… comme moi.
– Cela n’a rien à voir…
– Pourquoi ?
– Ma parole, c’est qu’il est bouché, en plus. Allons, je vais t’enseigner un peu le monde, moi. Écoute, sur cette terre, il y a des statues, il y a des hommes et il y a des bonshommes de neige. Eh bien, si tu veux mon avis, il vaut mille fois mieux être une statue. On évite bien des désenchantements comme cela, même si les oiseaux vous fientent parfois sur le nez. Tu comprends ? Dis-moi : « Je comprends. »
– Je comprends… Je vais fondre…
– Sauf si tu vas au pôle Nord ! dit une petite voix charmante et mélodieuse.
C’était un flocon de neige qui se mit à voltiger légèrement autour de Grelotti.
– Où ça ? demanda-t-il étonné.
– Au pôle Nord.
– C’est près d’ici ?
– Loin. Très loin, au-delà des forêts profondes et des montagnes porte-bonheur, au-delà des cités à la dérive et des vallées du silence…
– Est-ce que c’est difficile d’y aller ?
– Ce n’est pas difficile, éclata le général de marbre à bout de nerfs. C’est im-po-ssible ! À ce jour, aucun bonhomme de neige n’est jamais arrivé au pôle Nord ! La plupart n’ont pas osé tenter l’aventure, mais les rares qui s’y sont risqués ne sont jamais arrivés là-bas. Il y a des milliers et des milliers de dangers tout au long du chemin qui mène au pôle Nord. Sans compter que, pour ma part, je doute fort qu’il existe, ce prétendu pôle Nord, et je soupçonne qu’il s’agit encore d’une élucubration d’auteurs de manuels de géographie… Pétard et sapristi ! Vous commencez à m’énerver, bon sang !
– Seulement si tu crois que le pôle Nord existe, alors seulement, tu y arriveras, chuchota le flocon avant de s’enfuir légèrement, poussé par un souffle de vent.
– Attends ! s’écria Grelotti. Mais le flocon avait disparu.
Grelotti demeura longtemps plongé dans ses pensées. Plus il retournait la question dans sa tête et plus il croyait à l’existence du pôle Nord. Il avait l’impression de le voir déjà, même s’il ne savait pas encore à quoi il ressemblait.
– J’irai là-bas, cria-t-il tout joyeux. J’irai !
– Eh bien, bonne route ! Ha, ha, ha ! Tu nous enverras des cartes postales, ricana le général.
Hop ! Hop !… Le bonhomme de neige se mit en route en bondissant. Hop ! Hop !… Cette fois, le général fut pris au dépourvu.
– Oh là, oh là, mon garçon ! Où vas-tu comme ça ? s’écria-t-il, stupéfait et dépité. Tu as perdu la tête ? Diable ! Tu crois peut-être que les bonshommes de neige savent marcher ?
– Ils font même la pirouette si ça leur chante ! répliqua Grelotti.
– Quelle époque ! Le monde est devenu fou, soupira le général. Écoutez-moi ça. À ce train-là, bientôt les girouettes aux clochers des églises pondront des œufs pochés…
Et c’est ainsi, les amis, que commença le long, l’incroyable, l’immense et périlleux voyage de Grelotti, le bonhomme de neige qui partit pour le pôle Nord.

3Les pompiers qui lançaient des flammes