Le bestiaire - Guillaume Apollinaire - E-Book

Le bestiaire E-Book

Guillaume Apollinaire

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Beschreibung

Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée est un art poétique en miniature pour Apollinaire, alliant épigramme érudite et lyrisme moderne. Le recueil s'ouvre sous l'égide d’Orphée et de l'éloge de la « ligne » (gravures de Raoul Dufy), perçue comme la « voix que la lumière fit entendre ». Ce geste prescrit une lecture conjointe du trait et du vers, où l'image chante avec le texte. Le cortège est rythmé par quatre stations orphiques (Orphée I–IV). Le poète y invoque le multiple, réconfigurant l'échelle du merveilleux : l'infime (rotifères, microbes) y renverse la grandeur du monde, découvrant une mythologie du microscopique. Chaque animal est un « rébus érudit » et un miroir moral : Le Serpent aligne les victimes archétypales (Ève, Eurydice, Cléopâtre). Orphée III culmine dans la métaphore christique du poisson (JÉSUS). Le Poulpe s'autoportraiture en écrivain moderne jetant son encre, signe de création et de mélancolie. La Souris confesse l'usure du temps sur la vie du poète, tandis que La Chenille érige une éthique du labeur. Les bois de Dufy, par leur « noblesse de la ligne », ne sont pas de simples ornements, mais le contre-chant plastique de l'œuvre. Le Bestiaire réinvente les recueils médiévaux en une cosmogonie à deux portées (verbale et graphique), où la fable devient philosophie.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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OPERAMONDOlibri

POESIA

17

GUILLAUME APOLLINAIRE

LE BESTIAIRE

OU

CORTÈGE D'ORPHÉE

ILLUSTRÉ PAR

RAOUL DUFY

LATORRE PRESS

LE BESTIAIRE ou Le cortège d’Orphée

Illustrée par Raoul Dufy

GUILLAUME APOLLINAIRE

intro Nazzareno Luigi Todarello

POESIA 17

9791281024045

LATORRE PRESS 2022

LATORRE PRESS

CASA EDITRICE INTERNAZIONALE

VLE DELLA RIMEMBRANZA 23

15067 NOVI LIGURE AL ITALY

+39 339 22 50 40 7

www.latorrepress.com

www.latorre-editore.it

[email protected]

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Dans l’histoire poétique du XXᵉ siècle, Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée tient lieu d’art poétique en miniature : un chapelet d’emblèmes où la brièveté épigrammatique se marie à l’érudition allusive, et où la parole lyrique s’articule à la ligne—celle des gravures de Raoul Dufy, sœur jumelle du vers. Rien d’étonnant si le livre s’ouvre sous l’égide d’Orphée et de la louange de la « ligne » : « Admirez le pouvoir insigne / Et la noblesse de la ligne » ; « Elle est la voix que la lumière fit entendre », rappelle le poète, convoquant l’hermétisme du Pimandre d’Hermès Trismégiste pour dire que le dessin est, au fond, une phonation de la lumière elle-même . Par ce geste inaugural, Apollinaire prescrit la lecture conjointe du trait et du vers : l’image ne commente pas, elle chante avec le texte, telle une portée parallèle où la musique visuelle répond à la musique verbale.

Le cortège est ponctué par quatre stations orphiques (Orphée I–IV) qui en disent la poétique : un art de l’invocation, de l’adresse et du passage. Orphée y nomme les puissances du multiple—de l’animalcule aux grands fauves, du rotifère aux « sept merveilles du monde »—pour mieux reconfigurer l’échelle du merveilleux : « Rotifères, cirons, insectes / Et microbes plus merveilleux / Que les sept merveilles du monde / Et le palais de Rosemonde » . Le monde est un cabinet d’antiques et un laboratoire : l’infime y renverse la hiérarchie des grandeurs, comme si la modernité, loupe à la main, découvrait une mythologie du microscopique.

Chaque bête est un miroir moral et un rébus érudit. Le Serpent aligne, en un raccourci saisissant, une généalogie de victimes exemplaires—Ève, Eurydice, Cléopâtre—où l’histoire sainte, l’orphisme et la légende antique se superposent en palimpseste vivant . Plus loin, au cœur d’Orphée III, la métaphore christique culmine dans l’allégorie piscatoire : « Que ton cœur soit l’appât et le ciel, la piscine ! (…) Ce beau poisson divin qu’est JÉSUS, Mon Sauveur » ; l’ancienne catéchèse du poisson (ΙΧΘΥΣ) est ici revisitée dans une langue de prière mise à la portée de l’épigramme moderne . Apollinaire y excelle dans l’art du signe multiple : l’animal regarde vers le mythe, le mythe vers la foi, la foi vers une poétique de la condensation lumineuse.

Ce bestiaire n’est pas que parade d’animaux ; il est aussi un autoportrait en éclats. Ainsi du Poulpe, qui « jetant son encre vers les cieux » confesse une vampirique parenté avec la création—l’encre comme sang et comme ciel, image magistrale de l’écrivain moderne, monstre et thaumaturge tout ensemble . Dans La Souris, le poète s’aperçoit que « Belles journées, souris du temps, / Vous rongez peu à peu ma vie » : l’allégorie grignote l’existence, et l’aveu biographique (« je vais avoir vingt-huit ans ») humanise le dispositif emblematique par une pointe de mélancolie lucide . À l’inverse, La Chenille érige une éthique du labeur : « Le travail mène à la richesse. / Pauvres poètes, travaillons ! »—métamorphose exemplaire d’une pauvreté industrieuse en papillon de gloire, qui revivifie la vieille sagesse en maxime de métier .

On n’oubliera pas que l’architecture du livre épouse cette pensée du double : texte et image ; bref poème et vaste tradition ; sourire et gravité. Les bois de Raoul Dufy—dont la sécheresse élégante, toute de nervures et de clarté, répond à la « noblesse de la ligne »—ne sont pas simples ornements : ils constituent la contre-chant plastique de l’œuvre, confirmant, dès la couverture, l’alliance du poète et du peintre . Dans « Le Chat », où le vœu d’une maison s’énonce comme petit traité de la vie bonne (« Une femme ayant sa raison, / Un chat passant parmi les livres… »), l’enseigne domestique devient devise d’humanisme intime—bibliothèque, amitié, mesure—au cœur d’un livre pourtant hanté par l’archaïque et le fabuleux .

Ainsi Le Bestiaire n’imite pas les recueils médiévaux ; il les réinvente dans la langue nerveuse d’un moderne. Orphée y conduit un cortège où chaque animal, fût-il modeste, est porteur d’un logos. L’érudition y est vive, jamais pesante ; la métaphore, vive-argent ; et la ligne de Dufy, véritable « voix que la lumière fit entendre », fait du livre une petite cosmogonie à deux portées—l’une verbale, l’autre graphique—où la fable se fait philosophie, et la philosophie, grâce.

N. L. T.

LE BESTIAIRE

ou

Le cortège d’Orphée