Le chemin d'un père - Henri-Pierre Dubos - E-Book

Le chemin d'un père E-Book

Henri-Pierre Dubos

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Beschreibung

Henri-Pierre Dubos est né le 10 mai 1934 à Saint Vincent de Paul en Gironde, juste avant la deuxième guerre mondiale, ce récit vous fera traverser diverses périodes de sa vie, jusqu’à ce jour du 24 février 2022, ou la Russie déclaré la guerre à l’Ukraine, faisant ressurgir dans sa mémoire des images qu’il n’aurait jamais pensé revoir....

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HENRI-PIERRE, MichelDUBOS

LE CHEMIN D’UNPÈRE

Issu d’une famille de huit enfants, je suis le sixième de cette fratrie.

Mon père était ouvrier viticulteur.

Ma mère secondait son mari qui avait la responsabilité de l’entretien du vignoble, appartenant au Domaine de GRAND-MAISON, dont le propriétaire était un notable de la région de Léognan en Gironde.

Dans mes souvenirs d’enfance, nous habitions à la propriété dans une maison modeste, frères et sœurs réunis pour petits travaux non rémunérés en soutien à notre famille, ce qui équivalait à la gratuité du logement.

Cette période de ma vie de 1938 à 1942 me laisse des souvenirs familiaux très difficiles.

Mon père était un bon travailleur, mais soutenu par l’alcool et l’abondance de tabac.

Ma mère nous consacrait tout son amour et sa gentillesse.

La richesse n’abondait pas, mais elle nous donnait l’exemple de l’honnêteté, du travail et du courage.

Puis le temps s’en est allé, remplacé par cette foutue guerre de 39-45.

Gravés dans ma mémoire, je conserve les images, les durs moments, les chagrins dont les traces restent indélébiles.

C’est pourquoi au travers de la dureté de ma propre enfance, je veux vous livrer ce qui me pèse tant sur lecœur.

Sur le chemin de l’école

J’ai cinq ans – Réveil à 7 heures–

Les yeux encore endormis, j’enfile mon short à bretelles, mon vieux pull tricoté par les aiguilles de maman, elle rajoute chaque année quelques nouvelles mailles cela fera un hiver deplus.

Que oui je grandis ! Mes vieilles galoches ne feront pas un an de plus, mes orteils sont recroquevillés et mon talon dépasse ! Seule une semelle de foin donne une sensation de chaleur et de confort.

À travers champs, à travers les vignobles je me dirige vers mon école. Parfois sur un chemin goudronné, je fais claquer mes rustiques semelles de bois, puis vient le sentier plus moelleux, puis à nouveau la caillasse. Moi le petit bonhomme, j’avale mes cinq kilomètres pour rejoindre mon institution académique, apprendre à lire, écrire et compter.

C’était le premier apprentissage de mavie.

Je n’oublierai pas le jeu de billes.

Parfois la poche de ma culotte courte gardait précieusement et jalousement les quelques billes que j’avais gagnées.

Je gardais les calots, les agates, les berlons, billes d’argile, je rendais le prêt fait par un copain afin que je puisse remettre le gain en jeu le lendemain.

Quelle belle sensation d’entendre dans ma poche s’entrechoquer toute cette verroterie.

J’étais fier de ma récolte de billes.

Pierrot « mon frère » avait 13 ans, il était déjà domestique et travaillait au domaine. Il avait l’autorisation et le devoir de m’accompagner et de venir me rechercher à l’école.

À notre retour, un gouter nous attendait, mais pas tous les jours, car souvent ce n’était rien et nous attendions le repas dusoir.

Pour passer le temps, je récupérais un vieux ballon percé et je jouais avec mes 2 petits frères Christian et Jeannot et les enfants du propriétaire. Les plus grands ne voulaient pas denous.

Ils nous disaient…. Allez jouer entre vous. Nous les grands, nous allons voir nos copains qui nous attendent derrière l’église.

Tapant de tout mon pied, extériorisant tout ce que j’enfouissais dans mon cœur, je courais, je tapais, j’évacuais tout ce qu’il y avait de mauvais.

Puis je rentrais à la maison où je retrouvais la chaleur maternelle.

ÉCOLE PUBLIQUE

J’ai le souvenir d’une bâtisse divisée en deux par une classe pour les garçons et une autre pour les filles.

C’était rigolo, car la mixité se faisait par l’intermédiaire d’un grillage qui était le témoin de quelques paroles anodines comme peuvent en avoir des enfants.

Le repas à la cantine me laisse un souvenir très précis.

Nous étions installés autour d’une table de monastère. Chacun a apporté sa gamelle en fer étamé contenant le repas. Le mien était substantiel, parfois des lentilles, des haricots, des pommes de terre ou même le plus souvent une soupe et lorsqu’il y en avait, un morceau depain.

Certains de nos copains avaient plus de nourriture que d’autres, mais il n’y avait pas de jalousie. Quelques-uns d’entre eux partageaient quelquefois leur pitance avecmoi.

La mixité se faisait naturellement, il n’y avait ni riche ni pauvre.

TOILETTE À LAPOMPE

Elle avait lieu deux fois par semaine. Nous étions frères et sœurs à la queue leu leu, chacun attendait son tour. Celui qui officiait était en général l’aîné de la fratrie, son prénom était Marc. Il imposait l’ordre et le silence. Le premier dévoué donnait l’exemple aux autres. Pas de panique, le levier de la pompe était actionné bon train, de haut en bas, l’eau était récupérée dans un broc et d’un geste lent et précis notre frère nous arrosait de la tête aux pieds.

Une de mes sœurs, Fernande, était préposée au savon de Marseille. Elle enduisait notre peau d’une bonne couche de savon, et frottait nos épidermes énergiquement.

Puis j’entendais la pompe grincer, le broc était plein.

Aïe ! Aïe ! Aïe, c’était à mon tour pour le rinçage, je ressens toujours la douleur de l’eau froide sur mon corps.

L’été, j’acceptais volontiers la sensation de l’eau fraîche, sur mon corps encore enduit de chaleur.

L’hiver je grelottais de froid en acceptant la pluie glacée déversée par lebroc.

La fratrie bien lavée rentrait à la maison, la cheminée qui ronflait, plus l’odeur de la soupe fumante réchauffaient mes papilles et mon corps reprenaitvie.

Quelques croutons de pain engloutis dans le potage, feront l’affaire pour apaiser ma faim, des châtaignes de surcroit ou une pomme aideront à me donner de l’énergie.

La nuit venue, nous étions tous aulit.

Le couchage

Ma mère intervenait pour nous adresser un « Bonne nuit » et éteindre la loupiote ou la bougie qui nous éclairait.

Dans nos lits suivant les saisons, chaud ou froid, nos besoins étaient différents, l’hiver nous étions enfouis sous un gros édredon fait de duvet de canard.

–Ah oui je tiens à vous dire que je partageais un lit avec mes deux frères Christian et Jeannot, tête-bêche. Les deux petits étaient vers le haut et moi vers le bas. Mes jambes un peu plus grandes réchauffaient les jambes des petits. Je les sentais en sécurité pour la nuit, et moi prêt pour le lendemain, afin de rejoindre mon école sans avoir oublié les billes qui cliquetaient dans ma poche à chacun de mespas.

Je pensais à la récréation, imaginant une récolte aussi abondante que la vigne du Domaine de GRAND-MAISON.

École

Arrivé à l’école, mon optimisme s’envolait. Mon instituteur ne s’intéressait pas à moi, je me sentais rejeté, un peu exclu de l’enseignement qu’il prodiguait. Oh ! Je m’en foutais en pensant plus à mon jeu de billes ou de ballon qu’à la table de multiplication.

Puis un jour j’en parlai à ma mère. Le cours primaire ne portait pas ses fruits. Moi je suivais les conseils de maman qui ne voyait pas la situation d’un bon œil. Elle en parla au curé de notre paroisse et demanda pour son fils un changement d’école.

Je me retrouvai dans un nouvel établissement, où je devrais me faire de nouveaux copains. Est-ce qu’ils joueraient aux billes ?