Le commencement - Nancy Atger - E-Book

Le commencement E-Book

Nancy Atger

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Beschreibung

La vie de Lilia va radicalement changer le jour où elle entre à l'académie...

À Aurora, cohabitent êtres humains et Naturals, des êtres magiques pouvant commander à la nature. Menacés par une puissance maléfique, seule « la jeune fille aux cheveux rouges, qui naîtra sous une lune rouge » pourra ramener la paix à Aurora. Tout va changer le jour de son entrée à l’académie. Commence alors pour Lillia, une quête de vérité.
Entre amours, trahisons, manipulations et la découverte de ses propres dons, la jeune élue parviendra-t-elle à réaliser la prophétie annoncée ?

Découvrez sans plus attendre le premier tome de cette saga de littérature jeunesse aux côtés de Lilia, une jeune élue en quête de vérité.

EXTRAIT

Lillia se tenait avec ses parents, face à la grande arche d’entrée de marbre aux décors d’argent de l’académie. Plusieurs élèves affluaient, certains seuls, d’autres également accompagnés de leurs parents. Lillia n’aurait jamais fait sa rentrée sans son père et sa mère, depuis toutes ces années qu’ils en parlaient. Elle regardait la hauteur de l’arche et des tours derrière elle, et Jessen et Ondra avait chacun une main posée sur l’épaule de leur grande fille. Ayant voulu faire preuve de courage et d’audace, Lillia avait lâchée ses cheveux. Elle portait un pantalon crème en lin avec des bottines, et en haut un chemisier blanc et une tunique longue avec un col montant. Elle avait choisi ses vêtements la veille avec sa mère car l’académie n’imposait pas de code vestimentaire obligatoire. Elle tenait de ses deux mains un sac contenant ses manuels et autres fournitures, dont ils avaient fait l’achat quelques jours auparavant. Beaucoup d’élèves en passant remarquèrent la jeune femme mais aucun d’eux ne vint la saluer, trop occuper à chuchoter de sa présence. Ondra enlaça fortement sa fille dans ses bras et lui dit :
— Tu as attendu ce jour toute ta vie. Sois forte Lillia. Tu sais que tu peux l’être plus qu’eux.
Elle se tourna vers son père qui en réponse lui dit :
— Ta mère a raison Lillia. Et puis on se voit ce soir, tu nous raconteras tout.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Nancy Atger, auteur de Saint Chély d'Apcher en Lozère. Passionnée de littérature depuis sa rencontre avec un grand professeur tellement passionné qu'il en devenait passionnant. Ce livre est la réalisation d'un rêve d'écriture et de liberté, commencement d'un nouveau projet.

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LES CHRONIQUES D’AURORA

Prologue

Dans le monde d’Aurora, un monde fait de créatures incroyables et de végétations abondantes plus stupéfiantes les unes que les autres, où tout est vivant, certains individus naissent avec la capacité exceptionnelle d’interagir et de commander à la nature.

Ces individus particuliers sont appelés Naturals, et chacun d’entre eux a droit à un profond respect de la part du peuple d’Aurora. Ils sont formés à Marmor, la cité de marbre et d’argent par les six érudits de leur temps qui depuis des siècles transmettent les connaissances des Naturals originaux.

Mais un jour un puissant Naturals du nom de Varmar pensa que seuls les Naturals étaient digne de diriger le monde d’Aurora. Dans sa quête de pouvoir il modifia la nature même de ses dons pour devenir un être noir avec le pouvoir de destruction, afin d’imposer sa volonté et de prendre la place du chancelier Philéus.

Et alors que le monde d’Aurora était menacé d’une guerre imminente, une prophétie fit part d’une naissance future, une fille née sous une lune rouge aux cheveux rouges qui serait plus puissante qu’aucun autre Naturals jamais né, et qui aurait le pouvoir de la création, ramenant ainsi la paix à Aurora.

Dans une tentative désespérée d’éliminer Varmar, les six érudits l’affrontèrent. Et au cours de ce long combat cinq d’entre eux furent tués, et Varmar prit la fuite suite à ses graves blessures.

Orlion, l’érudit restant toujours en vie, persuadé que Varmar finirait un jour par revenir pour obtenir le pouvoir suprême, entreprit de fonder l’académie de Marmor, où chaque nouveau Naturals né sera formé et préparé à l’éventuelle guerre à venir.

Puis vint un soir de lune rouge…

CHAPITRE 1 : Lillia

La nuit était tombée depuis deux heures déjà, une brise légère faisait danser les arbres chanteurs. Ils portaient ce nom car au bout de leur fine branches vertes et bleus, ils portaient des fruits creux en bois qui lorsqu’ils étaient secoués et qu’ils se cognaient entre eux, produisaient une jolie mélodie apaisante. Et c’est perdu dans le son de ses notes que l’érudit Orlion fixait dans le ciel les nuages qui masquait une lune rouge. Au milieu de ce ciel étoilé, la couleur des nuages rougis donnait un aspect sanglant à ce décor. Orlion était un homme âgé d’une soixantaine d’année. Mais les hommes et les femmes peuvent vivre plus de deux cents ans à Aurora, et il était impoli de demander son âge à un érudit.

Il était chauve, une longue barbe tressée descendait jusqu’à sa taille, nouée par un lacet de soie blanche, et plusieurs rides et traces de fatigues marquaient son visage. Il portait une luxueuse tunique blanche brodée de motifs floraux qui représentaient son rang, couverte par des manchettes en argent, un pantalon blanc et des bottines. Il se tenait droit, les mains croisées dans son dos, le regard dans le vide, songeur, lorsqu’une voix de femme le tira de sa torpeur.

— C’est elle Maître Orlion… dit la jeune femme.

L’érudit se tourna vers elle et acquiesça de la tête en signe de reconnaissance. S’il se sentit quelque part soulagé, un sentiment d’inquiétude apparut en lui à ce moment précis. Il suivit la jeune femme à l’intérieur de la petite maison située juste derrière eux.

La petite maison était isolée sur une colline à proximité de Marmor. Eclairée par le feu de la cheminée, elle brillait comme un petit phare perché sur sa montagne, éclairant et guidant de sa petite lumière, Orlion, l’érudit à présent plein d’espoir. La maison était douillette et relativement simple, mais il s’en dégageait une harmonie et de la convivialité. En rentrant dans la chambre, une femme aux cheveux bruns tenait dans ses bras un bébé. En s’approchant, Orlion vit qu’il s’agissait d’une petite fille. Et bien qu’elle n’avait pas beaucoup de cheveux, il ne faisait aucun doute qu’ils étaient rouges. Le père se tenait debout, en face d’Orlion, de l’autre coté du lit. C’est avec un regard grave que l’érudit s’adressa aux parents :

— Vous savez ce que cela signifie, n’est-ce pas ?

— Oui… répondit doucement la mère, les yeux plongés sur son enfant.

L’enfant de la prophétie était donc née. Tout ceux présent dans cette pièce savaient que le destin d’Aurora pourrait être changé grâce à elle. En la regardant plus attentivement, Orlion sentit une grande force en elle, et il y vit quelque chose d’autre. Il vit à ce moment là, la tendresse de sa mère et le désarroi de son père. La sérénité avec laquelle elle dormait, contre celle qui l’aimait. Orlion remarqua finalement, qu’au-delà son pouvoir, ce n’était simplement qu’une enfant. Alors après un long soupir, il avoua :

— Aucun enfant ne devrait pleurer l’affection de ses parents. Je ne peux me résoudre à l’emmener avec moi. Nous nous chargerons donc de sa protection ici et la cacheront aux yeux du monde. Du moins jusqu’à ses vingt ans. En attendant, elle restera ici avec vous où nous, érudits, lui enseigneront ce qu’elle doit savoir. Après quoi elle rejoindra l’académie, où nous accueillerons…

— Lillia, répondit la mère en souriant à son bébé tout en lui caressant sa toute petite main.

Orlion s’approcha d’elle et tout en lui caressant le front il lui dit :

— Nous t’avons cherché pendant tant de temps… Tu n’a pas encore conscience du destin qui t’attend. Mais tu es ici avec nous comme la preuve qu’il y a toujours de l’espoir chère Lillia… Pour l’heure reste à tes songes si paisibles.

Sur ce, Orlion accompagné de la jeune femme s’apprêtant à partir, se retourna une dernière fois et s’adressa aux parents :

— Je passerai demain régler les derniers détails.

A l’extérieur de la petite maison, la jeune femme sentant le trouble de l’érudit lui demanda :

— Vous pensez vraiment qu’elle peut changer le monde d’Aurora?

— Pas qu’elle peut le changer Aurane, mais qu’elle peut ramener la paix, comme il était il y a longtemps. Faisons confiance au destin. Jusqu’ici la prophétie n’a pas menti…

Aurane était une Naturals aguerrie et à la fin de ses études elle était devenue l’assistante personnelle d’Orlion. C’était une belle femme de vingt neuf ans, à l’air sérieux, presque sévère. Elle était grande et brune aux yeux marrons. Ses cheveux longs étaient tressés comme à la manière de son maître et elle portait beaucoup de noir. Aurane était une femme très engagée dans sa cause et ses fonctions, et ne s’accordait que peu de temps pour le reste, qu’elle ne jugeait pas indispensable. Elle était dotée d’une très grande intelligence et bien que son apparence froide pouvait parfois effrayer ou intimider, beaucoup savaient qu’elle aspirait un jour à devenir érudite comme Orlion avant elle.

— Et si elle échouait ? Et si Varmar ou quelqu’un d’autre la trouvait avant qu’elle puisse faire son entrée à l’académie ? Est-ce vraiment raisonnable de la laisser ici ? demanda t-elle.

— Nous n’avons pas revu Varmar depuis cinq ans maintenant. Je redoute moi aussi le jour où il reviendra, mais la naissance de l’enfant devra rester secrète. Nous nous occuperons à assurer sa protection afin qu’elle puisse grandir loin de la future tâche qui l’incombe. Les années à venir vont être primordiales pour notre avenir à tous Aurane, lui répondit alors l’érudit d’un air grave.

La jeune femme lui dit alors avec beaucoup d’assurance comme une mise en garde :

— J’espère que votre geste ne nous conduira pas vers une fin certaine Orlion.

L’érudit la fusilla du regard comme pour lui faire comprendre son insolence, avant de lui tourner le dos et de partir rejoindre son limon. Les limons sont de grandes créatures avec quatre pattes imposantes aux griffes acérées et un corps musclé couleur crème. Ils possèdent de larges ailes qu’ils peuvent replier en deux, fournies d’une multitude de plumes à l’aspect cotonneux qui leur permettent de se mouvoir avec rapidité, légèreté et en silence. Leurs têtes ont une mâchoire musclée et des yeux en amande couleur orange. Leurs oreilles pointues et leur ouïe très fine leur permettent d’entendre à six kilomètres autour d’eux. Bien que leur taille et leur apparence soient impressionnantes, les limons restent des créatures très amicales, et fidèles. Le plus couramment, ils appartiennent aux Naturals, qui les accompagnent dans leurs déplacements, utilisés en tant que montures. Orlion monta donc sur son limon équipé d’une selle en cuir blanche et d’étrier en argent. Le blanc et l’argent étaient la couleur favorite des érudits à Marmor qui symbolisait leur haut rang et leur richesse dans la société. D’un coup maîtrisé des pattes arrière, le limon bondi en l’air avec une puissance incroyable, déploya ses ailes et parti dans les airs à grande vitesse suivi de près par Aurane et son limon.

Le lendemain Orlion suivi des cinq autres érudits retourna chez la famille de Lillia où tous purent enfin voir l’enfant de la prophétie. L’érudite Grietta était une femme âgée d’une centaine d’année. Elle était connue pour sa douceur et sa tolérance et bien qu’elle avait parfois le dos courbé, personne n’avait jamais douté de sa puissance. Elle avait de longs cheveux blancs relevés en un chignon négligé, agrémenté d’un petit peigne en ivoire serti d’une émeraude, et portait toujours de très grandes et longues robes qui souvent lui masquaient les mains.

L’érudit Tram était un homme âgé lui aussi, à l’air très froid et indifférent, une cicatrice sur le visage, les cheveux court, et peu bavard. Il ne souriait jamais et il était le plus strict des érudits. Il portait beaucoup de noir et ne portait que peu d’importance à son apparence physique. La rumeur disait qu’il avait été attaqué par Varmar lui-même, et que c’était l’origine de sa cicatrice. Bien sur il n’avait jamais affirmé ou démenti cette rumeur.

L’érudite Amélia était une érudite, reconnue pour sa grande élégance. Elle avait des cheveux mi- longs, d’un blanc pur, presque brillant, ondulés qui tombaient sur ses épaules. Elle était toujours vêtue de blanc et d’argent comme Orlion, et elle portait de belles robes, un jour en soie brodée, un autre jour en dentelle. Son visage était toujours calme et souriant, inspirant confiance et sérénité. C’était la plus jeune érudite jamais nominée mais du haut de ses quarante ans, elle était dotée d’une grande sagesse et trouvait souvent la réponse à quelques conflits.

L’érudit Graam était le plus vieux des érudits.Plus vieux qu’Orlion lui-même puisqu’il avait cent vingt six ans. Il avait été appelé suite aux décès de ses prédécesseurs. Il possédait beaucoup de connaissance, se ventant régulièrement d’avoir lu tous les livres de la grande bibliothèque de Marmor. L’érudit Graam n’avait plus que quelques cheveux, dispersés ici et là sur son crâne dégarni par l’âge et les soucis. Des rides couvraient son visage. Il avait souvent tendance à somnoler voir à s’endormir, parfois même sur son limon.

Et puis il y avait l’érudit Chip… Il était toujours très agité, et portait des vêtements colorés parfois même des pantalons bouffants et un chapeau en feuille. Il ne se peignait jamais et il avait des grosses lunettes qui lui couvraient la moitié du visage, qui avaient elles mêmes des verres superposables. Il sentait parfois mauvais et était la source des moqueries des apprentis Naturals. Mais c’était lui qui avait le plus de connaissances sur les créatures d’Aurora. Il lui arrivait même de dormir dans un nid ou un terrier. 

La mère de Lillia qui se prénommait Ondra, était assise dans un fauteuil près du feu, tenant son bébé dans les bras, comme pour la protéger du monde extérieur. Elle la regardait avec une tendresse extrême, comme le plus précieux des trésors et elle savait que personne à part son époux ne la regarderait jamais comme elle. Car elle le savait au fond d’elle… Elle savait que sa fille était différente et qu’elle le serait chaque jour d’avantage. Elle craignait que les autres en ai peur. Car quoi de plus dangereux qu’une Naturals née de nature avec de si grands pouvoir et avec des cheveux rouges si peu naturels. Parce que personne à Aurora n’a eu ou n’avait les cheveux rouges. C’était bien la première fois qu’un tel évènement se produisait.

Se fut Amélia qui s’avança la première vers Lillia. Elle souri à Ondra qui la trouva réconfortante et chaleureuse, puis se pencha vers l’enfant si peu commune.

— Ainsi c’est donc toi, Lillia, notre nouvel espoir.

Comme en guise de réponse, Lillia bougea et remua un peu ses lèvres avant d’ouvrir ses petits yeux et de fixer l’érudite qui lui fit un large sourire charmé par ce petit être.

Amélia fut aussitôt rejointe par Orlion, Grietta, et Graam. Chip qui était plus à l’aise avec les animaux qu’avec les nouveaux nés, garda d’abord ses distances en l’observant comme une bête curieuse puis s’avança finalement de quelques pas tout en actionnant les verres superposés de ses grosses lunettes.

— Quel drôle d’enfant, dit-il avant de se faire foudroyer du regard par Orlion.

Sentant qu’il avait peut-être offusqué les parents de Lillia ainsi que leur courtoisie, Chip se racla la gorge avant de faire quelques pas en arrière le dos courbé, la tête baissée à la manière d’un animal puni.

Quand à Tram, il se tenait dans le fond de la pièce, droit et fier, les mains dans le dos, s’extasiant que peu de l’apparence de l’enfant. Il restait comme à son habitude froid et rigide. Et personne ne pouvait deviner en cet instant ses pensées.

— Mes amis, dit alors Orlion en se tournant vers eux, la naissance de Lillia devra rester secrète. Nous veillerons chaque jour à tour de rôle à sa protection comme je vous l’ai expliqué la veille. Le mieux pour elle, reste encore de grandir avec ses parents où elle sera loin des responsabilités qui l’incomberont. Nous sommes les sept et seules personnes avec Aurane à connaître son existence, et il ne doit pas en être autrement.

Tram fronça alors les sourcils, et Orlion voyant sa réaction lui demanda :

——  Un problème Tram ?

— Est-ce vraiment prudent de faire confiance à une jeune diplômée Orlion ?

— Aurane est une excellente Naturals et elle a toute ma confiance comme chacun d’entre vous ici, lui répondit alors l’érudit.

Tram n’ajouta rien de plus. Pour autant, il semblait toujours contrarié et les muscles de sa mâchoire se crispaient. 

Il fut ensuite décidé que chaque jour un érudit viendrait au domicile de la famille veiller à la protection de Lillia, et ce, jusqu’à son entrée à l’académie.

Et les années passèrent…

Lorsque Lillia eu trois ans elle s’asseyait devant la maison et entretenait d’étranges discussions avec les arbres chanteurs situés dans le jardin. En réponse, un vent léger faisait bouger les fruits qui claquaient entre eux et la mélodie au son de bois la faisait rire. Alors, le vent se faisait plus fort. Chaque érudit chacun son tour avait remarqué cet étrange phénomène. Étrange, car aucun Naturals ne pouvait commander au vent, ce qui semblait être le cas pour cet enfant de seulement trois ans. Les Naturals pouvaient commander aux plantes et aux arbres, parler aux différentes créatures terrestres ou aquatiques et même les faire obéir, ils pouvaient également soigner des maladies et des plaies à l’aide de potions et d’élixirs qu’ils savaient concocter. Un Naturals était conscient de ses dons dès ses dix ans en moyenne et rentrait à l’académie à ses vingt ans, lorsqu’il sortait de l’école, où il lui était enseigné la maîtrise totale de ses talents par les érudits.

Il semblait en être autrement pour Lillia… Malgré son jeune âge, elle semblait pleinement consciente des capacités qui lui avaient été offertes. Et chaque érudit avait sa propre réaction face à cette démonstration de pouvoir. Tram semblait inquiet voir effrayé, mais il ne disait toujours rien. Chip l’observait curieux et excité tout en prenant des notes à l’aide de son calepin et de son crayon. Graam a qui le jour de garde succédait à Chip, comparait les notes de celui-ci à ce qu’il voyait et se permettait même, quelques fois, de faire quelques modifications. Grietta  essayait d’analyser l’étendue de ses dons. Amelia s’asseyait à coté d’elle et s’amusait parfois de la situation. Quand à Orlion il prenait souvent le temps de discuter avec les parents voir s’ils n’avaient rien remarqué d’autre.

Puis Lillia eu dix ans… Ses cheveux rouges avaient beaucoup poussés. Alors sa mère lui mettait toujours un foulard sur la tête lorsqu’elle allait dans le jardin. Ne pouvant pas aller à l’école comme les autres enfants, les érudits se chargèrent donc d’enseigner à la petite fille la lecture, les mathématiques, l’histoire d’Aurora ainsi que toutes les autres matières obligatoires à l’apprentissage d’un enfant. Un jour, alors qu’Orlion lui parlait d’Aurora, il remarqua que Lillia regardant par la fenêtre, ne l’écoutait pas. 

— Lillia tu n’es pas concentré aujourd’hui…

En réponse elle soupira. L’érudit referma donc son livre et attendu. Quelques secondes plus tard elle prit finalement la parole :

— Maître Orlion, demanda t-elle, pourquoi je ne peux pas aller à l’école comme les autres enfants ? Pourquoi lorsque je sors, maman me met toujours un foulard sur la tête ? Pourquoi est-ce que je n’ai jamais le droit d’aller plus loin que la rivière derrière la maison ?

Les questions s’enchaînaient et la petite fille regardait Orlion d’un air désespéré presque suppliant afin qu’il lui apporte la vérité.

— As-tu déjà posé ces mêmes questions à tes parents ?lui demanda t-il

Lillia soupira une nouvelle fois puis répondit :

— Maman me dit que c’est pour me protéger des dangers de l’extérieur. Mais elle me dit rien d’autre.

Orlion attrapa la tasse de thé posée devant lui pour en boire une gorgée et demanda à la jeune fille :

— Y at-il autre chose qui te tracasse ?

— Non maître Orlion, mais…

— Mais quoi, lui demanda t-il tout en rebuvant une autre gorgée de thé.

— Maître Chip sent pas très bon des fois, lui répondit-elle avec sa franchise directe d’enfant.

Orlion s’étouffa et toussa un long moment ne sachant quoi dire gêné par la remarque de Lillia. Celle-ci le regarda interloquée, un sourcil levé, la tête penchée sur le coté. Orlion repris son souffle et après un long moment, il pris une grande inspiration, se leva, gagna la même fenêtre vers laquelle Lillia regardait l’instant d’avant. Il resta là quelques secondes, les mains croisées dans le dos à regarder le paysage. Il se retourna finalement vers elle, et la fixant dans les yeux comme il l’aurait fait avec un adulte il lui dit :

— Je pense que tu es en âge de savoir certaines choses Lillia. Tu es une jeune fille intelligente et je pense que tu pourras comprendre ce que je m’apprête à t’expliquer.

Lillia regarda l’érudit très attentivement et elle s’installa confortablement sur sa chaise. Orlion en fit de même et commença :

— Nous t’avons déjà expliqué se que sont les Naturals Lillia. T’en souviens-tu ?

— Oui maître Orlion, lui répondit-elle.

— Bien. Il y a quinze ans de ça, un puissant Naturals du nom de Varmar a voulu prendre le pouvoir car pour lui seul un Naturals pouvait être digne de diriger Aurora. Les érudits de l’époque ont essayé de le raisonner pensant qu’il s’agissait que d’une idée folle. Il est alors devenu très en colère et il a quitté Marmor. Personne n’avait plus entendu parler de lui pendant quelques mois lorsqu’un jour des rumeurs ont commencées à circuler. On retrouvait des forêts mortes, des étangs asséchés, et… et bien d’autres choses encore. Il se trouva que l’origine de toutes ces catastrophes était Varmar lui-même. Vois-tu lorsqu’il est parti, il a voulu devenir plus puissant qu’aucun autre Naturals. On ignore comment exactement mais il a déformé la nature de ses dons pour devenir un être noir avec le pouvoir de destruction.

— Ce n’est plus un Naturals alors ? demanda la jeune fille

— Non Lillia. Aurora est un monde où tout est vivant. Les hommes et les femmes sans pouvoir comme tes parents ou le chancelier ne le ressentent pas. Mais toi et moi oui.

En réponse la jeune fille hocha la tête et l’érudit continua :

— Aurora était là bien avant nous, et le sera après. La terre sur laquelle nous vivons nous permet de nous nourrir, de boire, de grandir et puis nous mourrons, et d’autres naissent après nous. C’est un peu comme ces plantes que tu fais pousser chaque année au printemps et qui meurent après l’hiver. Mais le printemps d’après d’autres repoussent et tu les aides à grandir. Aurora nous permet de vivre, et nous Naturals, nous sommes nés pour permettre à Aurora de mieux vivre. C’est une aide partagée. C’est pour cette raison que Varmar n’est plus un Naturals. Parce qu’en changeant, il a eu le pouvoir de détruire la terre qui l’a fait naître, et il n’aide plus les plantes comme toi ou moi, il les détruits. Tu comprends ?

— Je comprends, mais où est Varmar aujourd’hui ? lui demanda t-elle.

— Un jour Varmar a voulu revenir à Marmor pour essayer de s’emparer du pouvoir. Les six érudits de l’époque ont alors essayé de l’arrêter. Il s’en estsuivi un combat long et difficile où cinq des six érudits furent… où ils furent tués.

Orlion s’arrêta un moment jugeant la réaction de la petite fille devant cette annonce.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé après ? demanda t-elle.

— Varmar a pris la fuite à cause de ses graves blessures. Certains disaient qu’il en était mort d’autres qu’il avait survécu. Nous n’avons jamais eu la preuve de l’une ou l’autre de ces suppositions. Quand à l’érudit restant, toujours en vie, il était persuadé que Varmar était toujours vivant, juste blessé et qu’un jour il reviendrait. Il fonda alors l’académie de Marmor pour former et préparer les Naturals au retour de Varmar.

Lillia regarda Orlion, puis ses yeux se perdirent dans le vide, posés sur un livre. Et puis c’est comme si petit à petit, elle réussissait à assembler dans sa tête, une à une, les pièces d’un puzzle dont il lui manquait encore quelques informations. Orlion poursuivit donc :

— Mais ce n’est pas tout…

Aussitôt Lillia, releva la tête et fixa Orlion comme pour lui montrer qu’il avait toute son attention.

— Avant que Varmar ne revienne à Marmor, une prophétie a fait…

— C’est quoi une prophétie, maître Orlion ? demanda Lillia tout en coupant la parole à l’érudit.

— Une prophétie, lui répondit-il, est une prédiction, c’est quelque chose qui n’est pas encore arrivé et qui est à venir.

La jeune fille hocha la tête signifiant qu’elle avait compris.

— Donc, poursuivit Orlion, une prophétie fit part d’une future naissance. Une fille qui naîtra sous une lune rouge, avec des cheveux rouges, qui sera plus puissante qu’aucun autre Naturals jamais né et qui aura le pouvoir de la création.

— Et cette fille… demanda t- elle mal à l’aise, c’est moi c’est ça ?

— Oui, lui répondit Orlion. Dès que la prophétie fut annoncée, chaque érudit t’a cherché dans tout Aurora. Et finalement, un soir je t’ai trouvé. Depuis tes parents et nous, les érudits, te cachons et te protégeons. C’est pour ces raisons que nous te donnons des leçons chez toi, et que tu dois cacher tes cheveux, car personne d’autre que toi, à Aurora n’a les cheveux rouges. Tu dois rester prudente Lillia et à tes vingt ans tu intégreras à ton tour l’académie où tu seras formée pour devenir une grande Naturals.

— Alors je suis une Naturals, j’ai des cheveux rouges que personnes d’autres n’a, j’ai des grands pouvoir et …

Lillia disait tout ça à voix haute comme pour intégrer toutes ces informations lourdes de conséquences. La gorge serrée elle demanda alors à Orlion :

— Et pour Varmar ? C’est pour me protéger qu’un érudit reste jour et nuit devant chez moi ?

— En effet, affirma Orlion. A ta naissance je n’ai pas voulu te séparer de tes parents pour t’offrir une enfance normale. Nous avons donc mis en place ce tour de garde pour veiller sur toi. Quand à Varmar il n’a jamais refait son apparition. Mais tu dois bien comprendre que si un jour nous sentons une menace approcher, tu partiras vivre avec nous à l’académie, avec tes parents il en va de soit.

Les pièces du puzzle continuaient de s’assembler dans la tête de Lillia. Et pourtant il lui manquait des réponses. Des questions fusaient dans sa tête.

— Pourquoi moi, maître Orlion ?

— Nul ne le sait. Nous se sommes pas seuls. Des forces supérieures nous guident parfois. Et puis l’univers aussi a ses lois.

— Le ciel ? demanda t-elle.

Orlion laissa échapper un petit rire devant le regard suspect qu’elle lui lançait.

— Non Lillia, lui dit-il. L’univers est une force qui décide de ce qui vit et de ce qui meurt, qui s’occupe de l’équilibre des choses, une force qui fait de chaque petite chose un tout, une union. Et quand Varmar est devenu un être si puissant au pouvoir de destruction, l’univers t’a donc crée toi Lillia, un être tout aussi puissant mais avec le pouvoir de la création. Il ne peut y avoir d’ombre sans lumière et de lumière sans ombre. L’un ne va jamais sans l’autre. Alors pour ramener l’équilibre, l’univers t’a mise sur notre chemin. Et ton rôle sur Aurora sera de ramener la paix.

— Alors je ne peux pas choisir ce que je veux faire de ma vie ? conclue-t-elle

— Chacun a un destin qu’il ne choisit pas. Il n’appartient qu’à toi de découvrir le tien. Mais sois sûre que tu seras emmenée à faire des choix Lillia.

Orlion prit alors la main de la jeune fille, et tout en lui souriant timidement il lui dit :

— Tu n’a pas à y penser maintenant. Pour l’heure tu n’es qu’une enfant. Ta seule préoccupation doit être celle de grandir.

Puis jetant un coup d’œil au livre qu’il avait refermé plus tôt il ajouta :

— Et de t’instruire jeune fille.

Lillia sourit en retour à l’érudit et tout deux reprirent la leçon où ils l’avaient laissé. L’un soulagé d’avoir dit la vérité, l’autre préoccupé par ce même sujet.

Lillia continuait de grandir et depuis la révélation d’Orlion à ses dix ans, elle étudiait sérieusement et ne s’était plus moquée de l’érudit Chip qu’elle remerciait secrètement pour toutes ses années. Elle faisait preuve d’indulgence et de patience envers ses professeurs, et montrait une grande maturité pour son âge. Le soir après ses leçons, comme à son habitude Lillia s’asseyait dans le jardin, et tout en fermant les yeux elle écoutait la terre, elle écoutait Aurora qui semblait vouloir lui parler. Elle ressentait ce quelque chose de vivant dont Orlion lui avait parlé. Et chaque fois elle se sentait mieux, comme si cette connexion cherchait à lui montrer sa véritable nature. Ses parents venaient parfois jeter un œil sur cette étrange activité, mais ils ne la dérangeaient pas. Ondra voyait sa fille grandir et changer chaque jour un peu plus, elle appréhendait le jour de son entrée à l’académie, et les jours qui suivraient. Et bien que Lillia aimait profondément ses parents, elle savait qu’ils ne pouvaient pas la comprendre.

Un jour d’Automne, alors que Lillia s’était assise dans le jardin les yeux fermés, pour ressentir l’énergie d’Aurora, une sensation chaude lui parcouru les mains, qu’elle avait de posés à même le sol. Grietta qui était de garde ce jour là, vit alors sortir de la terre couverte de feuilles jaunes et rouges, de tout petits boutons roses qui s’ouvrirent en de belles fleurs, suivi par une herbe fraîche et verte. Cette végétation soudaine formait un cercle autour de la jeune fille qui, toujours les yeux fermés, ne sembla pas s’apercevoir de suite de l’exploit incroyable qu’elle venait d’accomplir. Lorsque soudain, elle sentit quelque chose la chatouiller. Un brin d’herbe caressait légèrement le dessus de sa main, ce qui lui fit ouvrir les yeux. Elle vit ces belles fleurs roses, fraîches et délicates, et cette herbe verte recouverte de feuilles d’automne. Elle voulu se retourner pour voir Grietta, quand elle croisa le regard de celle-ci. Ses yeux étaient grands ouverts et ronds, ses lèvres tremblaient mais aucun son n’en sortait, elle chiffonnait nerveusement le pan de sa robe encore trop grande et semblait estomaquée.

— Maître Grietta ? demanda timidement Lillia.

L’érudite se ressaisit immédiatement et ayant repris un peu de contenance, s’avança vers la jeune fille. Elle se mit à genoux du mieux qu’elle pouvait, et caressa le sol. Elle ferma les yeux et sentit la fraîcheur de l’herbe et la fragilité des pétales de fleurs. Elle entendit le son des feuilles mortes craquer faiblement sous ses gestes, et le frottement des brins frais entre eux. Elle ouvrit alors les yeux et avec admiration dit à la jeune fille devant elle :