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Par-delà les étoiles naquit une civilisation extraterrestre dépourvue d'amour et de compassion. Les habitants d'Androgia éradiquèrent tout ce qui se trouvait à sa surface y compris, l'espèce qui la colonisa en premier. Des êtres longilignes dont la sécheresse du coeur n'égalait que celle de leur sol portèrent alors leurs regards vers une planète bleue: La Terre. Aux prémices d'une invasion sans nom et qui s'annonçait sans fin, Jane Backer apprit ce jour-là qu'elle n'était pas totalement humaine mais issue de manipulations génétiques. À travers le monde, d'autres hybrides comme elle vont s'engager dans un combat sans merci contre les envahisseurs. La lignée des 44 dont elle fait partie doit vivre pour que notre monde continue d'exister.
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Seitenzahl: 457
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Prologue
Chapitre 1 : révélations
Chapitre 2 : identification
Chapitre 3 : contact, phase 1
Chapitre 4 : James Newton
Chapitre 5 : le monde déchu
Chapitre 6 : Ethan Dumond
Chapitre 7 : les messagers
Chapitre 8 : Katherine Smith
Chapitre 9 : Alxestram
Chapitre 10 : origines
Chapitre 11 : fusion
Chapitre 12 : récupération
Chapitre 13 : Muan Aventura
Chapitre 14 : Androgia
Chapitre 15 : Sarah Queen
Chapitre 16 : Haryana
Chapitre 17 : au-dessus des étoiles
Chapitre 18 : l’écho des cœurs
Chapitre 19 : renaissance
Chapitre 20 : contact, phase 2
Chapitre 21 : mutations
Chapitre 22 : tic-tac
Chapitre 23 : Tout en haut avec eux
Chapitre 24 : une mémoire dans la peau
Chapitre 25 : désolation
Chapitre 26 : rébellion
Chapitre 27 : près de toi et à jamais
Chapitre 28 : trahison
Elle se dirigea à moto vers les falaises avant d’affronter la première vague. Vêtue de cuir noir elle s’arrêta au bord du précipice, sous ses yeux se dressait une chaîne de montagnes au paysage désertique.
Elle descendit de sa moto, ôta son casque et regarda en direction de cette immensité qui ne semblait avoir ni début ni fin. Elle savait qu’elle vivait le dernier jour de l’aube pour l’humanité tout entière.
Elle était prête pour un combat qu’elle ne devait pas perdre. Le fardeau de la vie de 7 milliards d’individus pesait sur ses épaules…
Observant les jeux de couleurs ocres, dorées et rougeâtres dessiner des formes dans le ciel tels des voiles vaporeux, elle vit s’élever à l’horizon, les premiers vaisseaux teintant maintenant le ciel d’une couleur noire argentée, révélatrice d’une apocalypse inévitable.
Serrant le casque d’une main, elle tourna le dos à la flotte extraterrestre et regagna sa moto. En rabattant sa visière, elle jeta un dernier regard à cette armée flottante, un voile orange passa subrepticement dans ses yeux, elle démarra et s’éloigna prête pour le combat pour lequel on l’avait programmé dès sa naissance.
Levez les yeux et regardez…Ne vous êtes-vous jamais interrogés sur le fait qu’un au-delà était possible, que des vies identiques à la nôtre ou plus évoluées encore pouvaient exister, collaborer ou se détruire ?
Notre galaxie ne nous a pas encore livrée tous ses secrets, telle une essence rare elle se révèle à nous lentement. Que savons-nous d’elle, qu’attendons-nous d’elle ?
Et si finalement c’est d’elle dont nous devrions tout attendre. Nous prenons toujours les choses de notre point de vue, parce que cela semble si simple et si évident.
Les livres depuis notre enfance sont nos bases et nos références, entre lesquels nous avons mis notre foi, notre confiance, notre éducation et nos assises. Ces derniers nous aident à nous faire notre propre opinion.
Ainsi confortés, nous avançons, imperméables et aveugles à ce qui nous entoure. L’on ne contrôle pas tout, le croire n’est qu’illusoire.
Nos destinées ne nous appartiennent pas, nous ne sommes qu’impermanence, poussière microcosmique au sein d’un univers qui en fait détient chacune de nos vies. Lovés dans nos cocons de certitude nous prenons peu de temps pour nous interroger sur ce que nous sommes vraiment. Une espèce humaine ayant évolué en parallèle de notre belle planète bleue, étant passée du stade primitif à celui dit de l’espèce terrestre la plus évoluée, douée de parole et d’intelligence.
Mais finalement sommes-nous vraiment ce que nous croyons être ?
Et si les grandes lignes de nos destinées avaient été tracées par « d’Autres », si nous n’étions que des marionnettes entre leurs mains ?
Si les fils de nos vies pouvaient être sectionnés indépendamment de notre volonté, seriez-vous prêts à écarter le rideau de votre destinée pour voir ce qui se passe derrière ? Certains secrets méritent de rester sous scellés comme de précieux ou dangereux trésors.
Il n’y eu pourtant ce jour-là aucun prémices annonciateurs d’un désastre programmé ou d’un cataclysme naissant. Rien, juste une normalité récurrente qui permettait à chacun de continuer à vivre comme si de rien n’était. C’est parfois dans les plus beaux silences que naissent les plus belles tempêtes.
Dans quelques heures le monde changerait de façon définitive sans que nous l’ayons choisi et surtout voulu… Le premier contact s’établirait entre notre civilisation et celle des « Autres ».
Le compte à rebours avait commencé des milliers d’années auparavant, pour certains avant même notre premier souffle. Depuis longtemps nous étions observés, jugés et catalogués selon nos aptitudes et prédispositions naturelles. Nous représentions une marchandise de choix pour des desseins qui dépassaient notre simple entendement.
En ce 31 décembre 2024, une nouvelle année pleine de promesses s’annonçait, la terre deviendrait dans peu de temps un champ de feux d’artifices aux mille couleurs ; mais déjà des invités silencieux se dirigeaient vers nous en masse. Les manifestations qu’ils nous avaient prévues étaient bien loin de celles auxquelles nous aurions pu nous attendre.
Je m’appelle Jane Backer et je fais partie des traquées…
Depuis bien longtemps je fuyais ces périodes de fête et ses excès ; affronter le brouhaha, les magasins engorgés la foule, et ses déviances irrémédiables : très peu pour moi ! Ce retrait du monde ne faisait pas pour autant de moi un ermite, juste quelqu’un qui voyait les choses différemment et ne trouvait plus de joie à ces manifestations qui perdaient d’année en année leur authenticité et leur véritable signification pour devenir des évènements somme toute essentiellement commerciaux. Ces périodes restaient douloureuses pour moi, une plaie profonde s’était ouverte à mes 12 ans, lors du décès de mes parents dans un accident de voiture, un 31 décembre.
À cette époque nous habitions en Haute Savoie, à Chamonix, l’hiver avait recouvert les Alpes d’un manteau de neige immaculé : c’était ma saison préférée celle des flocons qui tombent en vous frôlant le visage tel un ange qui viendrait vous caresser de ses ailes. D’ailleurs à chacun des flocons qui tombaient, j’imaginais que c’étaient mes parents.
Ce soir-là leur voiture percuta un camion le choc fut frontal. Ils n’eurent aucune chance, un chauffeur peut-être un peu trop pressé de retrouver les siens ou fatigué par les kilomètres engrangés dans sa journée, dévia de sa trajectoire initiale sans raison apparente en empiétant sur le côté opposé de la chaussée, mon père n’eut sans doute pas le temps de réagir ébloui par les phares du camion, la voiture plongea dans le vide.
Le rapport de gendarmerie nota que le camion roulait à 20 kms au-dessus de la vitesse autorisée, 20kms qui firent la différence pour le reste de ma vie. Ce soir-là 3 morts furent envoyés à la morgue de l’hôpital le plus proche. Deux familles endeuillées qui n’oublieraient plus jamais la veille du nouvel an.
À ce carnage une quatrième morte vivante s’ajouta : moi.
Lorsque la sonnette retentit je me précipitai vers l’entrée, ma tante m’avait devancée. Sur le seuil se tenaient deux gendarmes aux mines déconfites, stoïque je me tenais légèrement en retrait tenant dans les mains un bol de pop-corn.
Les hommes parlaient doucement et je ne parvenais à entendre que quelques brides de conversation : camion…accident…décédés. Ce dernier mot arracha un cri à ma tante lequel ne me quitterait plus jamais, strident et déchirant telle une lame qui s’enfonce dans votre cœur.
Cette nuit il cessa de « battre » pas au sens propre bien sûr, une part de moi d’innocence et de certitude s’envola. Je lâchais mon bol de popcorn dont le bruit étrangement ne me parvint pas aux oreilles, un silence m’habitait désormais. Je ne percevais rien, j’étais transportée ailleurs, je ne sus combien de temps s’écoula avant que je ne reprenne mes esprits.
Accroupie sur le sol les gendarment soulevèrent ma tante qui ressemblait à ce moment à une poupée de chiffon désarticulée n’arrêtant pas de murmurer : « ce n’est pas possible, ce n’est pas possible ! » Ma tante Elisabeth était installée sur le canapé, agitée de soubresauts, un gendarme alla lui chercher un verre d’eau à la cuisine. Me dirigeant vers le canapé elle me tendit les bras : je m’y réfugiais.
Le plus âgé des deux nous exposa les faits avec une certaine hésitation, choisissant ses mots, son regard allant de ma tante à moi avec bienveillance. Elisabeth le stoppa net avant qu’il ne puisse dire le mot fatidique.
Ils nous laissèrent leur carte dans le cadre des démarches qui nous incomberaient d’effectuer dans un laps de temps assez court. Avec le plus de délicatesse possible, ils nous quittèrent et s’enfoncèrent dans la nuit glaciale.
Quelques minutes s’écoulèrent, le contact de la main d’Elisabeth sur mes cheveux me sortit de ma torpeur, jamais son regard ne fut plus protecteur et mystérieux qu’à ce moment-là. Elle me parla doucement, je me souviens de chaque détail et de chaque mot.
Elle m’expliqua que certaines choses ne pouvaient être changées et ne dépendaient pas de nous. Je compris le sens des mots « ne pas revenir ».
Des larmes coulèrent sur mon visage, mon cri emplit la maison d’un son qui me surpris moi-même, le miroir du salon se fissura et éclata en mille morceaux.
Elisabeth m’attrapa et me serra dans ses bras en murmurant : « nous devions avoir plus de temps ma chérie, je n’ai plus le choix désormais… ».
Ces paroles résonnèrent en moi comme le bruit d’un gong qui perdure encore quelques instants après la première impulsion.
Ma poitrine se soulevait au rythme des battements de mon cœur qui s’accéléraient au point que je sentis une gêne progressive à chaque inspiration. Je restais les yeux figés en direction du miroir.
M’écartant doucement de l’étreinte de ma tante je lui demandais : « que veux-tu dire ? ».
-Mon dieu par où commencer murmura-telle ?
Ma tante se leva et se dirigea vers son bureau, elle en ramena un petit carnet dont la couverture en cuir révélait deux lettres d’or entrelacées des initiales : J.D. Elle s’assit, me dévisagea et réfléchit longuement avant de me parler.
-Jane, ma chérie, il y a des secrets que tu devras découvrir par toi-même, pour le reste mon devoir est de t’aider à comprendre. Je restais là incrédule la contemplant, ne comprenant pas vraiment le sens de ses paroles, inquiète le regard tourné vers les débris du miroir au sol.
-À présent il est important que tu comprennes parfaitement ce que je vais te dire.
Le tic-tac de l’horloge du couloir semblait s’être arrêté tout comme le temps autour de moi, tout ceci était-il vraiment réel ? Elle soupira, hésita et me tendit le carnet.
- Il est à toi maintenant, mais il est vital pour toi de le déchiffrer au plus vite.
Elle prit mes mains entre les siennes plongea son regard dans le mien en me disant : « Jane, aujourd’hui tu n’es pas consciente de tes pouvoirs ni de tes possibilités » elle fit une pause en regardant le miroir avec un mélange de fascination et de crainte.
-De tes choix un jour dépendront notre survie ou notre extinction. Tu as été « choisie » dès ta naissance, nous avons veillé sur toi et t’avons protégé d’eux.
Je ne comprenais rien à ce charabia : se pouvait-il que ma tante ait perdu la tête à la suite de l’accident de mes parents ? Elle ne me laissa pas le temps de l’interroger et poursuivit.
-Il n’y a pas de façon pour te l’expliquer correctement, ni pour ne pas te brusquer, alors autant le dire clairement : Jane nous ne sommes pas ta vraie famille. Tes parents t’ont élevé comme leur enfant, en t’aimant du plus profond de leur cœur.
Mais depuis petite tu es comment dire, « différente », nous avons réussi à cacher au mieux cette différence.
Qu’entendait-elle par « différente », mon goût pour les voitures au lieu des poupées, et mon côté garçon manqué, voire casse-cou qui m’avait amené quelques années en arrière à couper les câbles de frein de mon vélo avant d’entamer la descente d’une piste rocheuse ? Mais dans ce cas nous sommes tous différents…
Mes parents n’étaient pas mes parents, ma tante ne l’était pas davantage, par déduction, j’ignorais tout de ma vraie famille, et surtout de moi, avais-je même 12 ans ? En un instant mes repères, mes certitudes et mon monde s’écroulèrent tel un château de cartes. Je m’écartais légèrement d’Elisabeth sur le canapé, elle le remarqua et me dit calmement :
-Je donnerai ma vie pour toi mon enfant, je sais qu’en cet instant tout se bouleverse dans ta tête, n’oublie jamais que je t’aime et que même si les liens de sang ne nous réunissent pas, les liens du cœur sont éternels et indéfectibles, c’est-à-dire que rien ne peut les briser ; Je serai toujours là pour toi aussi longtemps que tu auras besoin de moi.
-Mais il est temps que tu saches et que tu connaisses les origines de ton histoire. Se rapprochant de moi elle ouvrit le carnet, l’instinct me dit de lui faire confiance, elle me regarda intensément.
Il m’arrivait souvent de regarder les gens dans les yeux et d’y lire quelque chose qui me servait par la suite, c’est difficile à expliquer nous mettrons cela sous le coup du sixième sens. C’est ce que je fis en cet instant, ce que j’y vis me rassura.
La première page du carnet ne comportait aucune annotation, la suivante était remplie de formules mathématiques, qui ne semblaient pas avoir de cohésion de lien réel entre elles.
À vrai dire comme entrée en matière j’aurais préféré une belle histoire, ou un dessin comme tout enfant je pense.
-Ce carnet était avec toi, il est à la fois une clé et une énigme pour celui qui en ignore les rouages, il n’est destiné qu’à toi, nous en avons été les détenteurs et les protecteurs. À l’aide d’indices laissés nous avons déchiffré et mémorisé les informations permettant de t’aider et de te protéger ; les consignes étaient claires, rien ne devait demeurer, hormis dans nos têtes. De ce fait, la tablette numérique qui accompagnait ce carnet a été détruite. Elle nous a permis de reconstituer les premiers instants de ton existence.
Ainsi, il me fallait dorénavant reconstituer le puzzle de ma vie.
Tel un flash-back, certains faits me revenaient à présent en mémoire.
Jeunesse insouciante qui ne fige que les évènements que l’on juge dignes d’intérêt effaçant ceux qui devraient perdurer mais qui disparaissent telle un vague naissant et s’échouant sur la grève, lentement sans trace.
Je ne m’étais jamais vraiment sentie comme les autres et l’annonce d’Elisabeth revêtait désormais une connotation particulière à mes yeux.
Mes nuits n’étaient pas peuplées de rêves mais de présences, de chuchotements qui m’éveillaient fréquemment, « mes parents » minimisaient leur importance en me disant que cela était normal et que tout le monde en faisait. Ces dernières étaient remplies de voix d’outre-tombe, de fantômes et d’esprits. J’appris à les canaliser, à les repousser par la seule force de la volonté. Heureux ceux qui dorment du sommeil du juste.
Ces phénomènes perdurèrent mais au fur et à mesure par le biais de ma seule volonté ils finirent par diminuer, comme si j’étais finalement arrivée à dresser un mur de protection autour de moi. Un autre fait marquant était ma peur des cimetières, je me surpris un jour à dire à ma mère : « ce sont eux qui viennent le soir ».
Je cohabitais avec ceux qui n’étaient plus mais, je ne pouvais me confier à personne sous peine d’être prise pour folle ou qualifiée d’enfant instable.
Don ou malédiction, le fait était que je devais vivre avec mes démons.
-Jane, mon enfant ça va ? Je fis signe de la tête à Elisabeth qui poursuivit son récit.
Lors d’une promenade en forêt tes parents entendirent des cris de nourrisson ils se dirigèrent vers eux et constatèrent qu’il n’y avait personne hormis un bébé allongé sur l’herbe entre deux rochers recouverts d’une sorte de couverture qui l’enveloppait, lorsque ta mère te pris dans ses bras la couverture s’effrita et tomba en poussière, elle t’enveloppa dans son manteau.
Au sol une tablette s’illumina, un carnet posé à côté afficha deux initiales qui semblaient se dessiner sous les yeux ahuris de tes parents « J.D ». Personne autour d’eux, juste le silence.
Ils décidèrent de te ramener à la maison, ta mère infirmière à l’époque a pu t’examiner et constater que tu étais en bonne santé. Le mystère de ta découverte les laissait perplexes, mais rien de ce qu’ils avaient vu dans cette forêt ne semblait cohérent et t’amener aux autorités s’avérait impossible.
Posés sur la table du salon les initiales du carnet continuaient de briller, ta mère le saisit et l’ouvrit à la première page, une figure géométrique apparue : un décagone d’une couleur bleutée avec des chiffres et des coordonnées se dessinèrent au fur et à mesure. Ce dernier augmenta de taille laissant apparaître des planètes. Lorsque ta mère jeta le carnet au sol la figure s’agrandit et sans aucune explication un tunnel sembla se dessiner, tout s’accéléra. Un système stellaire se dressait devant eux avec deux soleils. Une planète se détacha d’une couleur identique à celle du décagone, tournoyant sur elle-même, semblant posséder un bouclier de protection où venait s’écraser et se pulvériser des météorites.
Un point doré apparu sur cette dernière, une ligne de caractères chiffrées y était associée, ta mère attrapa son téléphone afin de réaliser une photo de l’ensemble, à peine l’eut-elle fait que tout disparu comme par enchantement.
La photo attesta qu’ils n’avaient pas rêvé ni l’un ni l’autre. Leurs regards se portèrent sur toi ils comprirent instinctivement que tu n’étais pas de ce monde, mais, différente, précieuse et unique.
Ta mère à cette époque était enceinte et sur le point d’accoucher. Tes parents décidèrent de partir quelques semaines hors de la ville.
Coïncidence ils avaient pris des vacances afin d’aller voir ta grand-mère maternelle qui, ne pouvant se déplacer, souhaitait assister à la naissance des enfants. Ta mère attendait des jumeaux.
Ils partirent le lendemain dans la nuit, invisibles aux yeux de tous, toi sagement endormie dans ton couffin. Résidant à une centaine de kilomètres dans une maison isolée, quelle ne fut sa surprise de constater ta présence, ils lui expliquèrent en quelques mots ce qui c’était passé.
L’accouchement aurait lieu chez elle il n’y avait aucune autre solution, ils décidèrent d’un commun accord de contacter au dernier moment les pompiers, tu étais petite et d’ici la naissance des jumeaux cela serait plausible. Le tout resterait d’expliquer qu’il y ait des triplés et non des jumeaux.
Deux semaines après, ta mère accoucha prématurément, le risque lié à une grossesse multiple était grand ils en étaient conscients et ta mère prête assumer ces risques.
Ta demi-sœur Anna montra la première le bout de son nez, la suite se compliqua le deuxième bébé avait son cordon ombilical autour du cou, ta grand-mère n’arriva pas à le retourner à temps sur les conseils de ta mère, lorsqu’elle sortit Emma elle était violacée, malgré plusieurs tentatives de massages cardiaques et d’insufflations ils n’arrivèrent pas à la réanimer.
Ta mère eut donc bien des jumelles cette nuit-là : Anna et toi.
Ils appelèrent les pompiers vous fûtes conduites à l’hôpital et quelques jours après de retour à la maison. Les examens médicaux ne révélèrent rien d’anormal. Ils pleurèrent Emma qui fut enterrée dans la propriété familiale.
-Stop, stop répétais-je quasi en hurlant, des larmes ruisselant sur mon visage, je ne veux plus rien entendre, je partis en courant grimpant les escaliers et me jetant sur mon lit : s’en était trop. Je sentais mes forces m’abandonner, je m’endormis épuisée par ces vérités et ces douleurs d’un sommeil que rien ne sut perturber.
Les jours suivants, Elisabeth ne prononça plus un mot au sujet de mes origines, mon regard suffisait à en dire long, après tout je n’étais qu’une enfant, je me renfermais dans un mutisme qui l’inquiétait : je le percevais, le ressentais au plus profond de mon être, mais je n’y pouvais rien, la normalité ne reviendrait plus à moi, le moment voulu nous reprendrions l’histoire où elle s’était arrêtée.
L’enterrement de mes parents eut lieu dans la semaine. Quelques amis assistèrent à la cérémonie.
Je me souviens de ces flocons qui tombaient doucement sur mon manteau et mon visage, tout était si gris. En silence nous rentrâmes à la maison, reprenant le cours d’une existence déchirée et vide de sens. Mes premiers mots furent « merci », Elisabeth à ce moment en train d’essuyer la vaisselle se retourna et me pris dans ses bras en me demandant pardon.
Ce fut à cet instant que je compris que c’était maintenant à moi de prendre soin d’elle et de grandir un peu plus vite que je ne l’aurais dû.
Quelque chose au fond de moi me disait qu’il le fallait pour elle, pour moi et peut-être même certainement pour d’autres.
Je le saurais des années plus tard, cet accident n’était pas anodin. Si le camion s’était écarté de sa trajectoire c’était à cause d’une chute de pierres. Celle-ci n’avait rien de naturelle elle avait été causée volontairement par la force d’un tir sur la paroi rocheuse. Le chauffeur vit une légère lumière qui l’aveugla, il prit son virage et n’aperçut qu’au dernier moment la voiture de mes parents. Cet homme que j’avais haï n’y était pour rien : en réalité la faute ne venait pas de lui.
S’il avait levé les yeux au ciel il aurait entre aperçu un objet bien étrange s’éloigner de la scène à une vitesse foudroyante. C’était la première marque d’estime que les « Autres » me portèrent.
Les années passèrent mais les souvenirs demeurèrent inavouables et douloureux. Plus je grandissais et plus mon « potentiel » se renforçait, mes dons n’étaient pas ceux du commun des mortels. Pour l’instant je les laissais en sommeil pour un moment qui, je le savais, approchait inexorablement.
Je devais être discrète comme tout le monde, ne pas sortir du lot, ne pas éveiller les soupçons. Mon potentiel psychique s’éveillait au fil des années.
Chaque soir je regardais le ciel tout en sachant qu’ils m’observaient, et qu’ils viendraient pour me récupérer : le plus dur était de se dire serais-je prête à ce moment-là ?
Est-on forcément prêt à temps pour tout, pour toute chose même et surtout celle que nous ignorons et qui ne dépend pas de nous ? Dix ans s’écoulèrent sans la moindre anicroche.
Par une belle journée d’hiver, les sacs placés dans le coffre, la glacière bien remplie, je laissais comme chaque année à la même période ma tante avant les fêtes de fin d’année. La maison trop grande pour nous deux avait été convertie en un gîte, elle y accueillait des randonneurs, touristes et vacanciers en tous genres à la recherche d’authenticité, de calme loin du tumulte et du brouhaha des grandes villes. Aidée de sa meilleure amie qui se prénommait Amy, toutes deux s’afféraient à en faire un lieu chaleureux et convivial presque familial leur disait-on souvent.
-Fais bien attention à toi ma chérie me dit Elisabeth. Certes à 22 ans je n’étais plus une enfant, j’avais su tracer ma route sur un chemin chaotique, avec détermination. Pour elle, je restais une enfant parce que le temps s’était arrêté ce fameux soir de mes 12 ans.
-Promis pas de chasse à l’ours, ni d’escalade de cascades de glace !
Elle savait que je plaisantais et me caressa doucement la joue droite.
Elle me savait téméraire, en quête de nouveaux défis et d’adrénaline comme pour repousser toujours plus loin mes limites. Mais quelles étaient vraiment mes limites ?
-Tu as pris ton portable ? Je sais que la liaison est souvent difficile là-haut avec le fixe, cela me rassurerait de pouvoir te joindre à n’importe quel moment.
-Promis je t’appelle dès que j’arrive. Elle me prit dans ses bras sa chaleur me réconforta et m’apaisa.
Nos regards se croisèrent notre amour était sans limites et sans fin. C’est sans doute ce qui m’avait aidé toutes ces années.
Montant dans mon 4X4 je bouclais ma ceinture, un dernier regard dans le rétroviseur, je lui adressais un signe de la main, sa silhouette s’estompa. J’eus le temps de remarquer qu’elle porta rapidement un regard vers le ciel.
Je mis un CD de Queen, sirotant un café, le voyage s’annonçait sous les meilleurs hospices, le temps était au beau fixe, les routes dégagées et par chance un regain de douceur anormal pour la saison n’envisageait pas la formation de plaque de verglas sur la route. Je n’aurai de ce fait aucune difficulté à rejoindre le chalet loué à 10Kms de là.
Perdu en pleine nature je n’y restais qu’une semaine, personne, pas d’habitations, ni de magasins l’endroit idéal pour déconnecter et se ressourcer. Le ciel couleur azur se parait de fils d’or de part et d’autre annonçant la tombée du jour proche.
J’appréciais ces instants qui n’appartenaient qu’à moi. Je ne restais pas très longtemps éloignée de ma tante. J’avais toujours une appréhension avec cette peur que le passé ne ressurgisse d’un coup et ne vienne balayer ce bonheur si difficilement acquis. Je m’approchais du chalet par un sentier, tout aussi paisible que charmant. Il était tout en bois les seules notes de couleur étaient celles des volets où des petits cœurs rouges venaient contraster avec l’uniformité de la bâtisse.
Je descendis de la voiture, récupérai les clefs sous le pot de fleurs sur le seuil de la porte, ici les habitants se faisaient confiance et peu de vols étaient à déclarer. Je montai mes affaires dans la chambre à l’étage, je m’en occuperai plus tard, la priorité était de remplir le frigo avec le contenu de la glacière placée dans le coffre.
Paul, le propriétaire était passé la veille au soir, faisant le plein de bois coupé, aérant le chalet, allumant les radiateurs et me laissant une corbeille de fruits secs : mon péché mignon.
C’était le meilleur ami de mon « père », ils partaient souvent pêcher ensemble dans les ruisseaux de montagne. Veuf, il louait désormais ce chalet, il n’avait pas voulu rester dans ce dernier, témoin d’un amour trop fugace et dont les moindres recoins lui rappelaient les instants heureux passés avec le seul et l’unique amour de sa vie.
J’allumais la télé qui me servait de fond sonore pendant que je vaquais à mes occupations. Le lit était fait, deux gros édredons en plumes de canard y étaient déposés. Je m’y jetais et admirais le travail d’orfèvre des enchevêtrements des poutres. Ce chalet héritage familial avait traversé le temps et les générations et datait de 1895, je restais comme à chaque fois fascinée par un si bel ouvrage.
Je fis couler un bain, je descendis pendant que l’eau coulait afin de me verser un verre de Chardonnay agrémenté de petits biscuits d’apéritifs que je remontais et déposais sur un rebord aménagé de la baignoire.
J’éteignis l’eau qui coulait, la température était bonne, je récupérai un pyjama et des chaussettes que je déposai sur une chaise. Je plongeais avec délectation dans mon bain rempli de mousse, la chaleur fit effet instantanément, écoutant ma play liste j’entendis à ce moment l’hymne à l’amour d’Edith Piaf, cette chanson dont la puissance des mots n’avait d’égal que le courage de son interprète qui au moment de monter sur scène venait d’apprendre la disparition de l’amour de sa vie, livrant à son public une part d’elle-même, le transfuge de sa douleur incommensurable en une démonstration d’une maestria jusque-là inégalée.
Je commençais à me laisser porter par les paroles une douce torpeur m’envahissait, je profitais de ce relâchement pour m’assoupir quelque peu en fermant les yeux. Cette quête du silence fut soudain troublée par les grésillements que restituait désormais mon MP3. Les notes étaient entrecoupées par ces derniers, quand tout d’un coup un son strident se fit entendre m’obligeant à porter les mains à mes oreilles. Une douleur atroce m’envahit. Je réussis à atteindre mon MP3 mais, j’avais beau appuyer frénétiquement sur ce dernier rien n’y faisait. Cet effort me parut démentiel et disproportionné par rapport à l’évènement, comme rien n’y faisait je finis par le jeter dans la baignoire.
-Beau gâchis, me voilà bonne pour un nouvel achat.
Je sortis de la baignoire, péniblement en m’accrochant aux rebords, c’était comme avoir couru un marathon. En regardant le reflet de mon visage dans le miroir je crus en voir un autre à la place, tel un masque qui semblait se décoller du mien et s’y apposer de nouveau dans des mouvements saccadés et frénétiques.
Ce que je voyais était de l’ordre de l’irrationnel, car ce visage et cette forme n’avaient rien d’humains. Ce n’était pas moi. Mince, oblongue et sombre avec deux énormes yeux en amandes, ce masque atroce semblait ne pas vouloir se départir de mon visage, pire il semblait fusionner avec le mien.
La douleur s’intensifia, je ne comprenais rien, terrorisée, je quittais la salle de bain, titubant à chaque pas. Je sentais mon corps bouillir de l’intérieur. J’entrepris de regagner le rez- de- chaussée afin de récupérer mon portable et de passer un appel d’urgence.
Je respirais avec difficultés, je suffoquais, la douleur était maintenant à la limite du supportable. Agrippée à la barre d’escalier, je descendis les marches dans un ultime effort.
La télé qui était éteinte se ralluma soudain et s’éteignit sans aucune explication, mon cœur battait la chamade. Une fraction de seconde me suffit à percevoir sur l’écran noir derrière moi, une forme longiligne, maigre avec ce signe si caractéristique que j’avais vu quelques instants auparavant dans le miroir : ce masque aux yeux en amande et qui n’augurait rien de bon.
Je fis volte-face au prix de mes dernières ressources, je m’écroulai nue sur le sol du salon, tandis que mes paupières se refermaient doucement l’étranger se penchant au-dessus de moi me regardait immobile, un étrange rictus sur le visage. Tout s’assombrit et je m’évanouis.
Combien de temps s'était-il écoulé avant que je ne reprenne connaissance ? Regardant autour de moi je vis la lumière du jour inonder le chalet, à bien y réfléchir je n'avais dû perdre connaissance que quelques heures tout au plus. Je pénétrai avec précaution dans la salle de bain, là non plus rien d'anormal.
En regardant la date et l’heure indiquées à ma montre posée sur le rebord de l'évier que j'étais restée inconsciente un peu moins de 12h.
Comment cela était-il possible ? M’emparant d'un pull en laine, d'une parka, d'une écharpe et de bottes je décidai de sortir et de faire le tour de la propriété. Je devais percer ce mystère et trouver une explication à ce qui m'était arrivé.
Tout autour de moi était si paisible si calme, Le décor semblait être figé comme la veille : le 4X4 dans le garage, aucune trace de pas si ce n’étaient les miens dans cette neige compacte. Mon cerveau bouillonnait de questions, ce dernier fut interrompu par la sonnerie du téléphone.
Elisabeth venait aux nouvelles mais je ne lui dis rien de ce qui s'était passé, je ne souhaitais pas l'inquiéter outre mesure, nous échangeâmes des banalités et je raccrochai.
En complet décalage, la faim commençait à se faire sentir. Je préparai un plateau et allumais la télé. La porte verrouillée, j’en profitais pour vérifier les radiateurs dont la température n'avait pas bougé. Ayant remis quelques bûches sur les cendres encore actives, le feu désormais crépitait dans la cheminée. Installée sur le canapé j'écoutais nonchalamment les nouvelles du journal du soir lorsque, mon attention fut attirée par un fait particulier. Ce dernier déclencha une sensation de malaise en moi dont je ne saurais expliquer l’origine.
Le journaliste en charge du reportage annonçait que les centres de secours, les pompiers et autres avaient reçu un grand nombre d'appels pour signaler qu'un peu partout en France et dans le reste du monde, d’étranges lumières avaient été vues au-dessus de la mer, de montagnes où de certains monuments, lesquelles réalisaient des cercles concentriques s’élevant de plus en plus haut jusqu’à disparaître.
Leur durée restait brève, mais le nombre de témoignages recueillis donnait de la crédibilité aux dires des témoins de ces manifestations.
Ces lumières formaient parfois d'étranges figures concentriques, d'autres revêtaient les formes mêmes des monuments qu'elles surplombaient. Pour certains cela n'avait duré que quelques minutes pour d'autres l'espace de quelques secondes.
J’arrêtai de manger et prêtai attention au reportage qui suivit.
Les journalistes dépêchés à la hâte sur les lieux recueillaient l’ensemble des témoignages.
Ces derniers coïncidaient. Ceux qui les rapportaient les exprimaient avec un mélange d'exaltation, d’interrogations voire d’incrédibilité. Ils décrivaient ces phénomènes comme un spectacle féerique. Ce qui c'était passé ce soir à différents endroits de la planète aurait dû nous rappeler à l'ordre.
Nous étions bien confrontés à une nouvelle technologie dépassant notre entendement. Lorsque des camions de l'armée passèrent à l'arrière-plan le reportage fut immédiatement coupé et la régie reprit le contrôle des émissions Comme si de rien n’était, le journaliste du plateau passa aux autres nouvelles avec une nonchalance qui me laissa perplexe.
Je reliais malgré moi ces évènements à mon expérience de la veille : et si ces phénomènes étaient liés ? Le téléphone sonna, ma tante avait aussi vu les nouvelles. Nous échangeâmes nos impressions aussi dubitatives l'une que l'autre, la différence cette fois-ci était que les événements avaient eu lieu simultanément à différents endroits de la planète.
En raccrochant une sorte de prémonition me traversa l'esprit. Je ne pouvais oublier mon expérience, tout cela avait eu lieu des heures avant ces signalements, mais était-il possible de ne pas y voir une corrélation ? La nuit fut paisible j’entrepris le lendemain de faire une petite randonnée équipée d'un sac à dos et de me promener en pleine nature.
Cette forêt n'avait plus de secrets pour moi, je l'avais si souvent arpenté que j’en connaissais les moindres recoins. Après deux bonnes heures de marche, je m'arrêtai pour déjeuner près d'une rivière. Le temps était au beau fixe le ciel bleu sans aucun nuage une brise légère de quoi tout oublier pour un instant.
Mon regard divagua sans chercher de véritable but mais au bout de quelques minutes, un fait me sortit de ma rêverie le vent était tombé, plus aucun bruit ne se faisait entendre, les oiseaux ne gazouillaient plus, seule la rivière imperturbable continuait son chemin.
Je parcourais du regard ce décor sans vie. Tout d’un coup, une brûlure déchirante au milieu du front me saisit m’arrachant un cri de douleur.
Des images défilèrent en accéléré dans ma tête. Je pris cette dernière entre mes mains, mon cerveau bouillait. Je n'arrivais pas à analyser ce qui se passait tant la douleur était intense.
J'avais l'impression qu’on pénétrait mon esprit, une sorte de jaillissement s’opéra au milieu de mon front et je me mis à voyager, l'espace de quelques instants vers une destination qui m’étais inconnue.
Je me trouvais dans une sorte de laboratoire où plusieurs formes penchées au-dessus de moi s’activaient. Je n'arrivais pas à les distinguer elles étaient floues.
Allongée et ligotée par les pieds et les poignets à une table, j'essayais de me détacher, j'étais terrorisée je ne comprenais pas ce qui se passait.
Des larmes coulaient sur mon visage, je les implorais d’arrêter mais je ne recevais aucune réponse ni même un regard de compassion : je n'étais à cet instant qu'un simple animal de laboratoire.
Ces individus bougeaient la tête de gauche à droite et s'exprimaient dans un langage que je ne comprenais pas.
J’étais reliée à des machines, à des tubes, des seringues qui acheminaient ce qui ressemblait à mon sang vers une sorte de centrifugeuse m’injectant à la place un autre liquide noirâtre. Je recevais des impulsions électriques, des électrodes avaient été placées sur mon front et mes tempes. Ces dernières activaient certaines zones de mon cortex frontal.
Je me vis ainsi enfant avant de rétrograder au stade fœtal. Ce souvenir aurait pu me sembler dans ces circonstances rassurant si ce n'était, que le ventre de ma mère avait été remplacé par des tuyaux et qu’un liquide visqueux m’entourait, je semblais baigner littéralement dedans.
J’étais dans une sorte de matrice transparente qui semblait grandir au rythme de son hôte, et cet hôte : c’était moi. Je vécus ainsi ce qui semblait être les premières étapes de ma vie lorsque soudain tout s'arrêta.
Je me roulais au sol sur le dos j'avais l'impression que la vie quittait doucement mon corps et qu’à la place une force indépendante de toute volonté s'immisçait doucement, malignement, sournoisement.
Clouée de douleur j'essayais de me redresser sans succès, glissant sur mon coude gauche, j’aperçus autour de moi un cercle concentrique de formes qui semblaient identiques les unes aux autres, elles se rapprochaient en un mouvement cadencé et uniforme telle une armée.
Allongée sur le dos ils étaient à présent autour de moi, ils semblaient communiquer en silence, le soleil m’aveuglant m’empêchait de les distinguer clairement. Certains semblaient hocher la tête, d'autres se regardaient comme se transmettant un message ; d'un coup leurs regards se portèrent sur moi. Tout semblait se dérouler comme au ralenti.
À présent allongée sur le dos, effondrée par la douleur, mon corps s’agitait, s’arque boutait, je convulsais littéralement, mes forces semblaient m’abandonner ; je vivais selon moi mes derniers instants et me résignais inconsciemment à affronter l’inexorable fatalité.
La sueur perlait sur mon visage, ma température corporelle paraissait avoir chuté, la vie semblait me quitter peu à peu. Le cercle se rapprocha de moi et je finis par distinguer ces silhouettes sombres qui me regardaient fixement, c'était le même visage que celui qui s'était penché sur moi au chalet.
Ils finirent par s'adresser à moi en me disant : « Jane, le temps est venu tu dois nous rejoindre ». Alors, un cri strident me perça les tympans la douleur devint insupportable et je perdis connaissance.
Le froid eut certainement raison de mon réveil, lorsque je repris conscience la nuit était tombée. Je n'avais désormais plus aucun repère, j'essayais péniblement, douloureusement de me relever à tâtons en cherchant mon sac. Je réussis à l'attraper et en sortit une lampe de poche. L’allumant je balayais frénétiquement ce qui m'entourait. Il n'y avait plus rien autour de moi j'étais seule. Je regardai ma montre grâce à la lampe les aiguilles étaient bloquées sur 16h. Je frappais délicatement son cadran, rien ne bougea.
Mon corps semblait comme mâché d'avoir subi les foudres de dizaines d'assaillants, au prix d'un effort qui me parut surhumain je me relevai.
Je regagnais tant bien que mal le chalet, chaque pas était synonyme de meurtrissure et de douleur, mais il était hors de question que je n'arrive pas à destination après ce que j'avais vécu quelques heures auparavant, il était indéniable que non seulement je n'étais pas seule mais qu’en plus l'on m’observait.
Tout cela avait une explication qui allait certainement changer le cours de ma destinée et cette idée me terrifiait même si j’essayais de ne pas me l’avouer.
Les paroles prononcées des années auparavant par ma tante, résonnèrent désormais à ma mémoire. Je compris à cet instant toute leur portée et sens. Ces « Autres » avaient fini par me retrouver : le compte à rebours était déclenché.
L'arrivée au chalet fut pour moi une délivrance. Je jetai dans l'entrée mes affaires, fermai la porte et me dirigeai vers la salle de bain.
En me regardant dans le miroir j’aperçus des multitudes d’hématomes sur mon corps. Je fis couler un bain et tombais par terre en pleurant, je finis par lâcher prise, et laissais libre cours à mes émotions.
J’avais tant l'habitude dans mon quotidien de tout vouloir contrôler, je n’aimais pas la faiblesse. Je fixais hagarde la baignoire qui se remplissait, trop fatiguée pour assembler le puzzle des événements récents.
Une fois plongée dedans, j’effleurais à peine ma peau avec un gant de toilette mais cela suffisait, à réveiller la moindre parcelle de douleur ressentie par mon corps.
J'avais eu peur quelquefois par le passé, mais là c’était différent j’étais effrayée.
Quand on ne connaît pas les origines de sa peur quand rien ne nous semble contrôlable ou logique, cette dernière ne peut que croître et devenir la pire des compagnes. Mon ennemi ou mes ennemis étaient malins, insaisissables et imprévisibles.
Je sortis de la baignoire et regagnai la chambre. Le matelas me sembla dur comme du béton et réveilla ma douleur à chaque mouvement. Je m’apprêtais à vivre une nuit difficile mais la fatigue et les événements de la journée eurent raison de mon état. Je m'endormis jusqu'au petit matin. Les premiers rayons du jour me réveillèrent en douceur.
L’instinct me dictait de regarder mes bras et mes jambes rien n'avait disparu, les marques étaient là. Sur mes tempes étaient désormais dessinés de petits cercles rouges concentriques identiques en taille.
En posant le doigt dessus une légère chaleur semblait s'en dégager.
Je lâchais mes cheveux et les peignais de façon que l'on ne remarque rien au cas où j'aurais pu croiser un randonneur ou quelqu’un d’autre.
Habillée, le petit-déjeuner prêt, je m'installais devant la télé. Rien de nouveau, les mêmes informations semblaient tourner en boucle.
J’entrepris de refaire le chemin de la veille. Je me dirigeais vers le bureau et saisis une petite boîte dont la clé était cachée dans un pot de farine.
Je pris cette dernière l'ouvrit elle contenait une un 357 Magnum, fierté de Paul qui à une certaine époque avait été un collectionneur féru d'armes. À l’arrivée de ses enfants, sa femme lui avait fait promettre de se débarrasser de ces instruments du diable, comme elle se plaisait à le lui rappeler.
Il ne put cependant se défaire de ce Magnum, cadeau et héritage de son père mais s'assura, que celui-ci ne serait pas à la portée des siens.
Je mis ce dernier dans mon sac et partis à la recherche d'explications, d'indices de ce que j'avais vécu où subi bien malgré moi. Je savais qu’une arme ne suffirait pas mais le désespoir est source de bien des croyances ou d’assurances. Il me semblait maintenant nécessaire de me défendre contre cet adversaire dont les plans me restaient encore inconnus.
Arrivée à l'endroit même des événements de la veille, je m'arrêtai net. Je sentis comme une boule dans ma gorge. Je progressais à pas feutrés. J’avais l'impression d'être une bête traquée. Déterminée à faire toute la lumière sur cette histoire, je regardais autour de moi. L’arme entre mes mains, j’avançais doucement, tout semblait calme et paisible. Rien il n'y avait rien et pourtant je restais persuadée que la clé du mystère se trouvait ici.
Déposant mon sac au sol afin de prendre mon thermos, je vis une empreinte qui me glaça le sang.
C’était celle d'un pied, j'avais mis le mien dans cette dernière. Non seulement elle était disproportionnée en taille, mais tout indiquait que l'homme devait mesurer au moins 2 mètres, il n'avait pas de chaussures. Un pied à trois orteils se dessinait sous mes yeux effarés.
Mon sang se glaça dans mes veines lorsque je m’aperçus que ce n'était pas la seule empreinte. J’en vis d'autres qui formaient un cercle. Au milieu de ce dernier semblait se dessiner la forme d’un corps. Nul besoin pour moi de poser la question, ce corps était le mien.
J'essayais de remonter l'origine de ses empreintes mais elles semblaient comme surgir de nulle part. Je continuais quelques instants mes recherches mais rien. Aucune explication rationnelle ne semblait se profiler je restais donc seule avec mes interrogations. Regagnant le chalet certains flashs de la veille me revinrent en mémoire.
Le carnet qui ne me quittait jamais m’apporterait peut-être une solution. Même si je l’avais consulté à maintes reprises, ce qui m’était arrivée avait peut-être changé la portée de certaines informations qu’il contenait.
Un bruit me stoppa net, l’arme à la main je me cachais derrière un arbre jetant un coup d’œil dans toutes les directions. Une biche apparut devant moi. Je la regardais droit dans les yeux. Je sortis doucement de ma cachette, m’attendant à la voir s’enfuir. Celle-ci ne bougea pas, au contraire elle s’approcha de moi alors que j’en faisais autant. Je ne percevais aucune crainte chez elle, trop obnubilée par cet instant magique, j’en oubliai ce que qui se passait autour de moi.
Je pus la caresser, elle posa sa tête sur mon épaule gauche et tapa du pied ce mouvement attira mon attention.
Elle était blessée, une de ses articulations semblait enflée.
Délicatement je posais mes mains autour de cette dernière. Une chaleur en émanait, cela ne me surpris pas car, par le passé j’avais eu l’occasion de faire de même avec le chien de ma tante.
Celui-ci ne fut pas mon unique cobaye, un jour Elisabeth se foula la cheville, je me dirigeai instinctivement vers elle l’a fit s’asseoir, et pratiquai la même opération. Elle ne parut nullement surprise, quelques instants suffirent pour ressentir cette énergie qui se dégageait de mes mains, il me semblait visualiser sa douleur, l’intérieur même de son corps et mes mains se dirigèrent exactement à l’endroit où elle avait mal.
Je ne pouvais expliquer cela, ni elle d’ailleurs, à un certain moment je recevais comme une information qui me disait qu’il était temps d’arrêter.
Sa douleur avait disparu. La première fois que je réalisai cet acte, je tombai par terre comme vidée de toute énergie. Je consultai des livres en la matière et m’aperçus que j’avais la capacité de soulager et de guérir.
Peu importe le nom que l’on voulait bien nous donner, j’avais cette aptitude et les gens ou animaux qui en avaient besoin m’approchaient très souvent. Je pris cela comme un jeu, même si ma tante me fit comprendre que je possédais un précieux pouvoir. Elle savait que ce ne serait pas le seul.
Elle se leva quelques instants plus tard, et continua ses activités de plus belle, en m’embrassant sur le front dans un silence qui en disait long.
La biche s’éloigna lorsque le moment fut venu et repartit me jetant un dernier regard, j’eus l’impression de lire dans ses pensées. Et même si je me refuse à le croire quel qu’en soient les raisons, j’ai en effet la possibilité de percevoir, de voir ce qui ne peut être vu mais aussi de lire dans les pensées.
Je continuais mon chemin avec la certitude que ces aptitudes étaient peut-être à l’origine des visites des « Autres », mais était-ce réellement la seule et unique raison de leur présence ? Comme par instinct je levais les yeux vers le ciel désormais confortée en mon for intérieur que le danger venait d’en haut.
Il était désormais temps de regagner le chalet. Tout en rebroussant chemin, je me mis à me poser des dizaines de questions, lesquelles ne trouvaient bien sûr aucune réponse sauf une certitude : je n’étais plus en sécurité. Je devais regagner le domicile de ma tante. Je programmais mon départ pour le lendemain.
J’entrepris de démarrer la moto de Paul et de faire une balade. La journée s’y prêtait, peut être après tout que l’ivresse de la vitesse apporterait quelques solutions à mes questionnements. Il y gardait le Fat Boy d’Harley-Davidson de 1990. Pour les connaisseurs c’était la moto utilisée par Arnold Schwarzenegger dans Terminator 2. Elle était en parfait état et j’avais fini par la lui racheter. Entreposée dans la grange, je l’entretenais régulièrement. Si ma tante m’avait vu sur un tel engin elle m’aurait décapité net.
Enlevant la bâche de protection, je la contemplais avec délice, une pure merveille à la ligne parfaite. Chaque tour de clé produisait en moi le même émoi. Elle démarrait au quart de tour, après avoir fait des contrôles et un petit nettoyage, je décidais d’aller au village le plus proche pour remplir le réservoir et faire rouler un peu ce petit bijou de perfection et de technologie.
Avant de rentrer, je poussais vers un endroit que j’affectionnais tout particulièrement et qui me faisait quitter la route, m’amenant droit vers un panorama à couper le souffle.
Devant moi se dressait une chaîne de montagnes. Le paysage l’été semblait tout droit comme sorti d’un film et, son aspect sauvage aurait très bien pu faire penser aux rocheuses des États-Unis. Je restais en admiration devant cette dernière. Aujourd’hui la neige en épousait les moindres contours. En arrière-plan, un soleil rougeâtre annonçait la nuit proche.
C’était un lieu propice à la reconnexion avec soi-même et la nature environnante.
Contemplant ce spectacle, assis à même le sol, j’eus l’impression que ma mémoire me jouait des tours et que la montagne avait bougé. J’avais dû rêver tout simplement, je n’avais sans doute pas encore récupéré des évènements en forêt de la veille : c’était certainement l’explication la plus plausible.
Une fois debout je jetais un dernier regard au paysage. Le casque à la main, je m’apprêtais à partir lorsqu’à nouveau le même phénomène sembla se reproduire. Ce n’était pas un rêve. Devant moi s’élevaient doucement une flotte de vaisseaux extraterrestres dans un silence inquiétant. Leur nombre était incalculable.
Par leur présence, ils semblaient annihiler toute forme de vie.
Désormais, tout semblait sombre et gris, tel un étau géant se refermant, ils s’apprêtaient à fondre sur nous telle une proie sur un gibier. Je restais comme tétanisée par le spectacle, cela ne se pouvait et n’existait d’ailleurs que dans les supers productions hollywoodiennes.
J’avais beau cligner des yeux rien ne changeait. La flotte se stabilisa à une certaine hauteur, s’immobilisa et prit la forme d’un triangle.
Certains vaisseaux changèrent de place, les plus petits étaient devant, n’arrivant cependant pas à masquer les monstres mécaniques qui se profilaient derrière.
Cela semble irréel, debout face à ces « Autres » je paraissais bien petite, la distance à laquelle je me trouvais me conforta dans l’idée qu’ils ne pouvaient me voir. Pourtant je l’ignorais, mais je me trompais.
Lorsque je me retournai j’entendis alors un grondement sourd, je fis volte-face et vis à cet instant des lumières de diverses couleurs parer les vaisseaux.
La flotte se mit en marche. Au loin, l’occupant de la frégate majeure, le capitaine Algoran la fixait derrière une vitre teintée acquiesçant dans une sorte de joie indicible : celle d’avoir localisée la première traquée.
Je filais aussi vite que possible, arrivée au chalet, je fermais tout, chargeais le coffre avec mes affaires, coupais l’électricité et le chauffage, j’attelais la remorque y chargeai la moto. Je balayai du regard le chalet et les environs, serait-ce la dernière fois que je le voyais ?
J’allumais la radio tout en démarrant en trombe. Au travers des grésillements et des changements intempestifs de stations, j’entendis que des vaisseaux spatiaux étaient désormais présents à différents endroits de la planète. Les commentaires allaient bon train.
L’affolement primait et le désordre le plus complet régnait. Je coupais la radio. J’avais les informations qu’il me fallait. J’essayais de contacter ma tante, elle devait être terrorisée et inquiète à mon sujet.
Elisabeth était la seule à connaître ma véritable origine et l’importance que je revêtais pour les « Autres ».
La communication ne passa pas, j’enfonçais l’accélérateur de plus belle.
J’eus à peine le temps de franchir le portail que je la vis se précipiter vers moi.
J’arrêtais la voiture, courus dans sa direction et la pris dans mes bras.
Nous n’eûmes pas besoin de parler, nos regards en disaient long. Nous n’avions jamais pensé réellement à une stratégie, mais s’ils m’avaient localisé elle était en danger.
De part et d’autre les habitants chargeaient les voitures, un branlebas de combat s’était installé, tous couraient regardant de temps à autre l’origine de la menace : ce beau ciel bleu. Je restais figée en regardant ce spectacle incohérent. Tout cela était-il bien réel ?
La main d’Elisabeth me tira de ma torpeur : « Jane nous devons partir » !
Je ne voulais pas croire à ce scénario catastrophe, je soupirais et prononçais les mots les plus difficiles de toute ma vie.
-Tu dois partir avec Amy, je ne dois pas vous accompagner.
Je lui expliquais rapidement ce qui m’étais arrivée dans la forêt et au chalet. Au fur et à mesure de mon exposé celle-ci devint de plus en plus pâle. J’eus à peine le temps de la retenir qu’un malaise la saisit.
-Je ne sais pas comment ils ont fait mais quel que soit l’endroit où j’irais, ils me retrouveront et je ne veux pas voir la dernière personne que j’aime mourir sous mes yeux. Tu ne peux qu’être en danger en me suivant. Je ne sais pas pour le moment que faire si ce n’est prendre la fuite, anticiper leurs plans et me cacher.
Ils me détectent il y a certainement quelque chose en moi qui leur permet de le faire. Il faut que je le découvre au plus vite, pour cela j’ai besoin de toi.
Nous rentrâmes, ma tante commença à préparer ses affaires. Amy était rentrée dans sa famille, cela simplifiait un peu plus les choses.
Nous étions toutes les deux et à même de pouvoir parler librement.
Désormais plus rien ne devait me relier à Elisabeth.
Tandis qu’elle s’affairait à préparer des affaires, je me saisis du carnet et essayais en le feuilletant de trouver un indice. Rien ne m’éclaira sur la situation. Je le jetais dans un geste rageur sur le canapé ; celui-ci en glissa et s’ouvrit à une page en particulier.
Des coordonnées étaient tracées sur deux lignes. Je décidais de les rentrer dans mon ordinateur. La première ligne indiquait une ancienne base militaire aujourd’hui désaffectée, la seconde se trouvait en plein milieu de l’océan. Que devais-je comprendre où devais-je me diriger en premier.
Le casse-tête continuait, mon cerveau bouillait, des dizaines d’informations y passaient en même temps. Je m’assis et pris ma tête entre mes mains. Il était certain que je devais me rendre à ces deux endroits. Mais était-ce pour mon salut ou pour autre chose ?
Je fermais le carnet. Comme par magie, les lettres J.D disparurent et laissèrent place à une série de chiffres : 445226, précédée du mot suivant : Haryana. En tapant dans la barre du moteur de recherche rien ne s’afficha. Je n’étais pas plus avancée. Je rangeais le carnet dans mon blouson.
Le visage grave, Elisabeth continuait ses préparatifs. Je lui pris la main, assises toutes les deux sur le canapé je vis qu’elle avait pleuré.
-Toi et moi savions que ce jour arriverait. Une fois la voiture chargée tu prendras l’itinéraire qui te dégagera des voies principales.
Car, lorsqu’ils agiront, ils le feront où il y a une forte concentration d’humains. Ils ne sont pas venus en amis, nous le savons toi et moi. Je pris le temps de la réflexion avant de prononcer les mots suivants.
-Tu partiras dans un abri que nous avons construit un ami et moi. Sans que tu le saches, nous l’avons aménagé et renforcé, en prévision d’un instant comment dire, particulier. Nous n’aurions ni lui ni moi imaginé que ce serait pour de telles raisons. Mon cœur partait en lambeaux un peu plus à chaque mot prononcé. Je poursuivis.
-Mon ami John est décédé lors d’une intervention au Mali. Tu as deux générateurs électriques, deux téléphones qu’il m’a fournis, ils sont intraçables. Et bien sûr toutes les notices d’utilisation. Mais, nous appliquerons en plus le principe de précaution. Le temps de communication sera limité, et c’est moi qui t’appellerais. Promets-moi de ne jamais déroger à cette règle. Elle acquiesça d’un léger mouvement de tête. je me rapprochai d’elle en la prenant dans mes bras.