Légendes et histoires merveilleuses - J. Alh - E-Book

Légendes et histoires merveilleuses E-Book

J. Alh

0,0

Beschreibung

Certaines histoires deviennent des légendes qui traversent le temps et les âges. Leana vampire en quête de son humanité perdue vous embarque dans un voyage intemporel et glacé. Harald "Le Sage" roi du "petit peuple" s'engage dans une bataille contre Gunnar le sorcier maléfique aidé par le royaume endormi et la magicienne Antena. Narangerel va défier les steppes de La Mongolie pour préserver la liberté des siens. Chandra la petite Intouchable défiera les règles de la société de son temps.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 133

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Sommaire

Dans un tourbillon de pivoines

L’ombre d’outre-tombe

L’Oubliée

Harald et le royaume endormi

Dans un tourbillon de pivoines

Le temps des pivoines arriva teintant les vastes étendus d’herbes de douces couleurs. Elles y mêlèrent subtilement le fuchsia, au magenta en accordant une petite place au rose poudré.

Les alentours de la yourte se parèrent de leurs plus beaux atours. Un vent doux et délicat semblait ne pas vouloir les abîmer, prenant soin de n’ôter aucun de leurs pétales. L’on aurait pu croire qu’il ne faisait que de les caresser d’une main invisible et attentionnée. Tel un enfant curieux, prudent mais joueur.

Elles annonçaient la promesse d’une nouvelle vie. Cette dernière à n’en point douter, emplirait les cœurs, les âmes de joie et de bonheur, faisant oublier pour un instant, la dureté que la vie dans les steppes pouvait revêtir.

La terre revivait après le passage de l’hiver qui condamnait souvent les troupeaux, le travail et les espérances des hommes et des femmes.

Le ciel turquoise amena avec lui quelques nuages discrets souhaitant, eux aussi, être les témoins d’un évènement, dont l’importance et la valeur n’étaient pas perçues à leur juste mesure pour le moment.

Mais il y a un instant pour toute chose c’est la loi de l’univers, lui seul décidait. Chacun le savait et l’acceptait.

La nature en ce jour s’éveillait anormalement. Des saïgas, des chevaux et quelques hémiones galopaient insouciants, faisant voler les pétales de fleurs jusqu’aux dieux dans un tourbillon qui ne semblait pas vouloir avoir de fin.

Ces derniers entendaient en cet instant la volonté de La Terre-Mère d’apporter une attention et une protection toute particulière à celle qui allait naître.

Les animaux prenaient de temps à autre du repos afin de s’abreuver dans le petit lit d’une rivière qui coulait non loin de là. Les montagnes enneigées faisaient briller leur poudre nacrée sous les rayons d’un soleil ardent et doré.

Les aigles tournoyaient au-dessus des sommets entamant leur rituel de bienvenue. Leur ballet était d’une précision fascinante, malgré leur vitesse.

Batu, ses fils Dalaï et Amgalan regardaient un spectacle qu’ils n’avaient jamais vu de leur vie. Personne ne pensa plus aux tâches quotidiennes qui restaient en suspens.

La voix de la sagesse se fit entendre par la bouche de Barlas l’ancien.

- Il est temps de préparer son arrivée. Tous se contentèrent d’acquiescer de la tête. Aucun ne posa de questions.

Vêtu de son habit traditionnel et de son tambour, il commença à entasser des branches dans le but de faire un bûcher. Les flammes naissantes se dressèrent avec force vers un ciel dont la quête restait inaccessible.

Sa danse et son chant s’étendirent au-delà de ces lieux, si loin que certains dirent les avoir entendus. L’on raconte encore aujourd’hui cette histoire petite et simple. Celle-ci est désormais devenue légende dont le peuple Mongol sauvegarde encore à ce jour la tradition et la mémoire.

Il entra en transe lorsque les esprits et les dieux protecteurs le conduisirent jusqu’à l’arbre de la connaissance, l’image du dieu des héros s’imposa à lui.

Au bout de quinze minutes, il s’écroula sur le sol vidé par son voyage chamanique et la révélation dont il ne pouvait dire mot.

Transporté dans la yourte, aidé par son beau-fils et Dalaï, il s’assit sur un des lits et posa une main sur la joue de Batu.

Il lui sourit, dans son regard brillait une lueur dont il était le seul à en connaître le sens. Batu le prit pour un signe positif et fut rassuré. Barlas finit par s’assoupir. Le silence se fit dans la yourte.

Delbée la fille aînée, juchée sur un cheval arriva. Cheveux au vent, le visage à l’ovale parfait, les yeux noirs jais, la peau tannée par une nature qui laissait ses marques sur les habitants de ses contrées, afin qu’ils n’en oublient ni la force ni la puissance.

Armée d’un arc et de quelques flèches, elle était partie très tôt afin d’aller chasser. Son père n’aimait pas qu’elle s’en aille seule. Les dangers étaient subtils et sournois au sein de ces steppes qui n’étaient pas que belles. Mais elle n’écoutait guère que les élans de son cœur et la détermination de son esprit.

Gengis son cheval dont la crinière épousait les mouvements du vent et de sa course semblait voler au-dessus de ce champ coloré. Il n’était pas entravé par une selle ni des rênes Delbée le voulait libre comme elle.

Elle avait démontré à 3 ans en partant seule sur le dos d’un cheval qu’elle n’avait nul besoin d’aide ni de conseils. Elle pouvait se mesurer à n’importe lequel des cavaliers lors des rassemblements du Naadam1, sa réputation n’était plus à démontrer.

Elle avait réussi à ramener deux marmottes sauvages. Elle savait que cela mettrait en joie les papilles de Barlas qui raffolait de ces petites créatures. Tous la virent venir de loin, dans son costume traditionnel rouge vif et doré. Son père et sa mère avaient cessé depuis bien longtemps de lui faire entendre raison. Personne ne pouvait brider cet esprit libre.

D’une nature généreuse et d’une empathie sans pareille, elle s’occupait à merveille de la yourte, de ses jeunes frères, de mener le troupeau jusqu’aux dernières étendues d’herbes où ils pouvaient encore se nourrir avant l’arrivée des premiers flocons de neige.

Elle n’hésitait pas à braver la nature elle-même pour le bien de sa famille.

Delbée n’avait que de rares remontrances, tant elle faisait la fierté de ses parents. Il n’était pas de coutume dans la famille de montrer un attachement excessif aux enfants sauf lorsqu’ils étaient encore en bas âge. Une fois indépendants, ils étaient déchus d’un statut dont ils ignoraient la valeur tant qu’ils ne l’avaient pas perdu. Mais, Delbée savait déchiffrer les messages de l’amour même lorsqu’ils demeuraient muets.

Sa mère Altansarnai portait la vie. Cette naissance n’était plus attendue. Bien des lunes et des soleils écoulés avaient mis fin à leurs espoirs. L’âge quelque peu avancé de celle-ci ne permettait plus d’envisager un tel miracle.

Lorsque son ventre commença à s’arrondir au début d’un hiver des plus rigoureux, elle sut que ses prières avaient été entendues.

Bien souvent lorsqu’elle était endormie, elle ressentait une douce chaleur l’envahir et alors, une mélodie dont elle ignorait les origines, se faisait entendre à ses oreilles. Elle finit par la fredonner et s’aperçut que l’enfant réagissait à chaque fois qu’il l’entendait.

Ainsi avait-on pris à tour de rôle la décision de faire entendre sa voix avec celle qui communiquait déjà depuis le côté de l’invisible.

La voix de Delbée était celle qui la fascinait à un point tel, que le ventre de sa mère subissait la joie exacerbée de celle que l’on prenait au prime abord pour un garçon.

- Il sera fort et vigoureux, clamait son père.

- Et si c’était une fille ? disait sa mère. Le regard de son père s’assombrissait quelque peu, il aurait aimé avoir un dernier fils. C’était son vœu ultime avant de quitter ce monde.

- Alors espérons qu’elle sera moins intrépide que Delbée, disait-il en souriant.

Delbée savait que ce ne serait nullement le cas et Barlas aussi. Mais ceux à qui les anciens parlent gardent les secrets des aïeuls et des dieux. Nul ne doit contrecarrer l’avenir de ceux et de celles dont le destin ne doit pas être changé et ceci, sous aucun prétexte.

Barlas servait de mentor à Delbée laquelle, serait un jour amenée à prendre la suite dans sa nouvelle famille. Montrant la voie de l’arbre cosmique, côtoyant dans ses visions les esprits de la chasse et le dieu des héros, prenant garde de ne pas déranger Begtsé2 et déclencher son courroux.

Elle sauta prestement de Gengis qui se dirigea tout naturellement vers le reste du troupeau voulant sans doute raconter des aventures qu’il était le seul à vivre à ses confrères.

Un cri vint mettre fin aux réjouissances des retrouvailles.

Barlas et Delbée se regardèrent en souriant. Elle confia à Dalaï le fruit de sa chasse. Ce n’était plus l’heure des hommes, Delbée était la seule à pouvoir agir. Le temps ne permettait pas d’aller chercher la moindre aide dans une famille voisine.

- Tu te souviens de ce que tu dois faire ? Il la fixa de son regard qui la transperça jusqu’au plus profond de son être.

- Oui, lui dit-elle calmement.

Tous deux entrèrent dans la yourte, Barlas s’occupa de tout ce dont elle avait besoin et sortit. Il s’arrêta, un pan de la toile de la yourte dans une main.

Delbée n’eut pas besoin de lui parler, il entendit sa voix dans sa tête. Elle demeura seule avec sa mère.

Il sortit confiant afin d’aller rassurer le reste de la famille en attente non loin de là.

- Mère, l’enfant arrive et…

- Mais j’ai compté les lunes et cela ne se peut !

- Si, l’enfant doit venir en ce jour précis. Écoute mère le chant des aigles, ils viennent jusqu’à nous depuis les massifs de l’Altaï.

Elle la regarda fixement et projeta dans son esprit les images du festival qui se tenait à des kilomètres de distance. Sa mère bercée par ses visions lâcha prise.

Barlas secoua la tête, à l’écoute des pensées de celle qui deviendrait une chamane bien plus puissante que lui.

La naissance se passa sans encombre. Lorsque les premiers cris se firent entendre, rien ne put calmer les éléments, la rivière sembla couler avec plus de force, les animaux tournoyèrent en cercle autour de la yourte, le vent força et déclencha une envolée de fleurs de pivoines toutes entières vers l’immensité d’un ciel d’azur qui avait chassé les nuages.

Une avalanche se fit entendre détournant le regard de ceux fixant la yourte vers l’immensité des sommets enneigés.

Les aigles volèrent en cercle en silence au-dessus de la yourte. Les hommes reculèrent émerveillés et fascinés par un spectacle qu’ils ne reverraient jamais de leur vivant.

- Mère voici, ta fille.

Altansarnai épuisée, prit dans ses bras cette enfant au teint de porcelaine, ses petites lèvres rosées étaient dessinées avec la perfection et la subtilité d’un artiste. Sa mère ne pouvait cesser de l’admirer. Elle était fine et d’une extrême beauté. Ses cheveux noirs contrastaient avec l’ivoire de sa peau. Mais le miracle se produisit lorsqu’elle ouvrit ses yeux et que deux pupilles couleur aigue-marine la fixèrent avec curiosité et douceur.

Décontenancée Altansarnai regarda Delbée qui lui souriait.

- Ce n’est pas un fils, mais c’est le plus puissant et merveilleux des cadeaux que les dieux accorderont à notre famille. Je n’en dirais pas plus mère. On l’attend, je dois te la prendre pour la mener où son destin commence.

Elle lui tendit l’enfant, à la fois décontenancée par ses paroles, mais pleine de gratitude qu’elle soit venue au monde en bonne santé.

Delbée sortit avec la petite emmaillotée dans une couverture aux couleurs de l’arc en ciel. Barlas arrêta Batu, ses fils Dalaï et Amgalan.

- Nous humains venons après ce que les dieux attendaient depuis longtemps. Aucun ne bougea.

Un aigle descendit en piquet jusqu’à Delbée et sa petite sœur. Elle tendit son bras tout en tenant de l’autre l’enfant blotti contre elle. Il se posa sur le bras de Delbée et baissa la tête.

Le nourrisson ouvrit ses yeux et fixa l’aigle. Leurs regards se confrontèrent. Tant de puissance, tant de respect et tant d’amour se percevaient de part et d’autre. Cela n’était plus du domaine du réel pour ceux qui regardaient la scène.

Elle s’agita dans la couverture tant et si bien qu’elle dégagea l’un de ses bras qu’elle dirigea jusqu’à l’aigle lequel se laissa caresser la tête aussi docilement qu’un animal domestique.

La communion entre les deux êtres s’établit instantanément.

Dans un moment d’une délicatesse sans nom et d’une beauté extrême, Narangerel annonça à tous sa venue au monde. L’on ne vit cette nuit-là ni plus belle lune ni autant d’étoiles dans le ciel. Celles-ci brillaient tels des diamants.

Les constellations du dragon et du tigre s’affichèrent l’une après l’autre tandis que la petite yourte s’endormait sous la protection bienveillante de ceux et celles qui l’observaient par-delà les éclats des astres et du temps.

Narangerel grandit bercée par l’insouciance des premières années, dans l’apprentissage d’un monde, où à ses yeux tout n’était que merveilles et découvertes incessantes.

Barlas s’occupa de l’enfant dès que le moment fut venu. Ses parents savaient que leur fille ne leur appartenait plus le jour même où elle poussa son premier souffle. Ils s’en remettaient avec confiance à la force et au discernement de Barlas.

Elle découvrait les steppes à dos de cheval sous la protection de Delbée. Ses éclats de rire venaient tel du cristal se briser sur les parois des montagnes qui en faisaient résonner les échos aussi loin que le vent pouvait les porter.

Elle accorda ainsi ses premiers mots et pas à cette sœur qui l’avait mise au monde. Entourée de l’amour des siens et de la protection de Barlas et Delbée.

Elle grandit affirmant un caractère généreux, bienveillant et déterminé. Elle apprit les légendes de son peuple, reconnaissant aussi loin que sa vue le permettait, les différentes constellations, le nom des montagnes, des plantes et des animaux.

Tout venait à elle comme si elle détenait déjà avant même sa naissance ce savoir.

D’une intelligence qui ne paraissait pas vouloir se contenter de ce qu’on lui enseignait, tout était matière à discussion avec Barlas. Elle le décontenançait par son approche des notions qu’il lui enseignait.

Mais ce qui les émerveillait tous était ce lien qu’elle entretenait avec l’aigle venu bénir son arrivée en ces lieux. Même s’il restait libre, elle l’avait baptisé Ajirai.

Ces derniers, escorté de Gengis partaient souvent aux premières lueurs du jour en direction des montagnes, où le ciel les accueillait avec ses arabesques dorées et orangées, dessinant des formes dont elle était la seule à comprendre la signification.

Car, dans toute chose il y avait une leçon à en tirer.

À l’ombre des pins, elle méditait ou apprenait l’art du combat à l’épée. Seule, l’arme à la main, elle attendait que les esprits de ceux qui avaient tracé les chemins de la paix et des légendes la rejoignent. Elle les saluait avec toute la déférence possible que leur rang lui imposait.

Lorsque le monde de l’invisible se présentait à elle sous la forme d’une armée de guerriers elle se soumettait à leurs directives. Obéissant à tous leurs enseignements et conseils prodigués.

Attentive, précise, rapide et agile tel un félin, elle écoutait ceux qui n’étaient que des formes, disparaissant à chaque fois que son épée trouvait la faille de l’adversaire.

Elle esquivait les parades que son esprit lui dictait quelques secondes seulement avant que le coup ne lui soit porté, elle bondissait dans les airs avec souplesse, tournoyant telle une tornade. Son bras porté par une force invisible lançait des attaques qui mettait au fur et à mesure à mal la défense de cette armée légendaire.

Mais un jour, l’armée des 15 guerriers ploya dans un seul mouvement genou à terre, déposant leurs armes, s’inclinant et saluant celle qui serait leur voix lors de ce combat qu’il lui faudrait bientôt livrer.

Elle était désormais l’égal de ceux qui avaient écrit l’histoire de son peuple. L’un après l’autre, ils tombèrent au sol en poussière et celle-ci vola jusqu’aux cieux dans une dimension qu’elle ne pouvait percevoir mais qu’elle remercia du plus profond de son cœur.

Elle cacha cette épée venue un matin à elle dans le silence de ses montagnes, illuminée d’un arc en ciel de lumière, plantée à même le sol. Elle la scruta une dernière fois, observant les caractères dorés qui semblaient vouloir en ce dernier jour d’apprentissage lui révéler un message.

Quelques signes s’illuminèrent simultanément, un message s’afficha : Хүндэтгэл, мэргэн ухаан3, cela signifiait honneur et sagesse.

Les larmes embrumèrent son regard et coulèrent sur ses joues. Elle les essuya et se mit à rire aux éclats.