Le diable dans la tête - Sophie Freitas - E-Book

Le diable dans la tête E-Book

Sophie Freitas

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Beschreibung

Trop peu ou mal connue, la dépression peut toucher tout type de population. A travers ces pages, je partage des moments de vie et de chaos, parfois mélancoliques, parfois humoristiques.
J'espère ainsi faire comprendre cette maladie et aider ceux qui en sont atteints à réaliser qu'ils ne sont pas seuls. Des lignes que j'aurais aimé lire afin de comprendre plus tôt…


À PROPOS DE L'AUTRICE


Sophie Freitas Née en 1972 en région parisienne, mon projet était de devenir avocate.
Les tensions familiales m'ont poussée a prendre mon indépendance à 1000 km de mon village et arrêter les études en fin de 1ere année de droit. J'ai donc poursuivi dans le domaine du secrétariat puis de la petite enfance.
Ma famille maternelle m'ayant transmis le goût de la lecture, j ai voyagé à travers les livres jusqu'à ce que la dépression m'en empêche.
Ne pouvant m'exprimer verbalement, l écriture est devenue une habitude, une passion libératrice.











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LEDIABLEDANSLATÊTE

 

(OULE JOURNAL D’UNEDÉPRESSIVE)

Sophie Freitas

 

Récit

Illustration Graphique : Graph’L

Image : Adobe stock

Éditions Art en Mots

 

 

 

Cecin’estpasunromanmaisjusteunrécitdevie,untémoignage.

 

Un peu brouillon, comme les idées qui me traversent l’esprit,avec des chapitres très courts puisque les personnes susceptiblesdemeliren’auront,jelesais,l’attentionnécessaireauxgrandeslectures.

 

Une écriture spontanée, non réfléchie qui,je l’espère, serviraà d’autres pour se reconnaître et surtout voir qu’ils ne sont passeuls.

 

Ces écrits sont le résultat d’une prise de conscience et d’uninvestissementpersonneldontlebutestprincipalementdetenterdemelibérerdenévrosesquinoircissentmonquotidien.Ilnes’agitpaslàd’unroman,seulementd’untémoignageaujourlejour,unesortedesoulagementparl’écriture.Peut-êtrequecesconfidencesaurontuneffetbénéfiquesurmathérapie,aupiredescasellespourrontinformer ceux qui les liront de ce qu’est cette maladie dont jesuisprisonnière,toutcommeunnombrealarmantdepersonnesenFrance etàtraverslemonde.

 

Est-celamaladiedusiècle ?Jenepourraisyrépondre.Toujours est-il que la dépression ne se lit pas surlefrontetpour lapercevoiril fauten être acteur,directouindirect.Carledépressifsouffre,maisfaitégalementsouffrirsesproches,cequileculpabilisedavantagelorsqu’ils’en rendcompte.

 

C’est justement lors d’un instant de lucidité que j’ai décidé demettre sur papier les maux que je ne sais prononcer. Peut-êtrearriverais-je alors à expulser ces sentiments qui m’encombrentl’esprit.Enincrustantdesmotssurdes pages vierges peut-êtrearriverais-jeàdécrirecemal-êtrequisemblevouloirme faireexploserlatêteetlecœur.

 

 

Jeveuxjustemettreen pratiqueuneécritureautomatiqueconsistantàmefaire«vidermonsac»sanssoucidecohérence,tel unjournalintime,unpêle-mêlederessentis.Alors mon récitne semblerasansdoutepas trop structuré,maiscommentpeut-ilenêtreautrement ?Qu’enest-ildel’espritdudépressif ?Teluntorrentdemotsceciaccompagneramathérapiemédicamenteuse.Ainsienmerelisantj’espèreavoirlaforcedem’interrogersurmonimage,defairelepointsurlemoindreprogrès,carmêmeinfimeilpeutêtreungrandpasversl’avant.Trouverdesréponses n’est pas chose aisée,encore faut-il commencerparse poserlesbonnes questions !

 

Alors aujourd’hui je me jette à l’eau pour tenter une sorted’auto-analyselibératrice,peut-êtreuneéchappatoirepourtrouver des armes de façon à conjurermes propres démons.Disons-nous bien que la dépression est une véritable maladiequi doit se prendre à bras le corps et que le seul vrai combattantc’est soi-même. Je pars sans doute pour un long périple, mais jedois parcourir ce chemin afin de me trouver et cesser touteautodestructionpsycho-émotionnelle.

 

Connaissantplusieurspersonnesdépressives,j’aiainsilesentiment de partager avec elles mes petits tracas du quotidien.Peut-êtreenparlerais-jeunjouravecelles,oumieuxleurferais-jelireceslignessortiestoutdroitdenotreenfercommun.

 

L’homme sait partager les bons moments avec ses amis, sansdouteest-ilbonpournousdepartagerégalementnossouffrances face à la maladie. Car ce qui peut sembler anodin,voire banal, peut-être pour nous une épreuve insurmontable quinousplongedanslescrevasses dela dépression.

 

Je voudrais voir se dissiper le brouillard et savoir savourerchaque couleur de l’arc-en-ciel, mais pour cela je dois chercherà comprendre pour que tout ne demeure pas en suspens.Alorsje veux écrire pour me relire, écrire pour me découvrir, écrirepourmesentirvivresansressentirlevertiged’unmanque quelconque.

 

Lesparoless’envolent,lesécritsdemeurent.

 

QUOIDÉPRESSION ?

 

 

Quel est donc ce mal qui me terrasse sans que je ne puisse lecontrôler une seconde ? Pourquoi moi ? Pourquoi ne suis-je pascomme les autres ? Autant de questions auxquelles je ne peuxpas répondre courent mon espriten longeten large sansqueje n’y trouve laforce d’y répondre…

 

Après des années d’errance dans cet état (avec améliorationset rechutes), j’ai enfin acquis le courage de reconnaître qu’ils’agitd’unevéritablemaladie.

 

Ehouijedoismel’avouer,jesuismalade,cequejen’acceptaisabsolumentpasd’entendreauparavantpuisquedans mon esprit le fait de dire que j’étais malade voulait direquej’étaisatteintedefolie.Carlemotdépressionestmalheureusementdevenu«àlamode»etrestebientropsouventsynonymed’idéesreçues.Ilnes’agitnullementd’unefaiblessedecaractèrecommebiendespersonneslecroient,maisbeletbiend’unemaladiequipeutfrappern’importe lequel d’entre nous, même celui qui pense être assezfort.Ils’agitsansdouted’unbiengrandmotpourceluiquine l’a unjour traversée,mais de bien grandsmaux pour celui quila subit.

 

Ladépressions’installesansprévenir,vousapportantsouffrancesetgênesquotidiennes.Ellevousaveugle,vouscomprime l’estomac et vous plonge dans un état second où toutsigne de bonheur semble vous être interdit. Elle vous ronge àpetitfeujusqu’àvous altérerde maladies psychosomatiquesqui vous laissent croire que la fatalité est installée et que ladélivranceestproche.Malade oui,follenon…

 

Si j’accepte aujourd’hui de reconnaître mon état, je refusenéanmoinstoutepsychothérapie.Ilm’estimpossibledeverbaliser oralement mes souffrances à quiconque, même auxpersonnes qui me sont proches. Si par malheur je me réveille lanuit, le petit moteur se met en marche etm’afflige des heuresde questionnements, de remise en cause. Alors au petit matin,les yeux cernés, la fatigue prend le dessus et les mots cognentdans ma tête. Je reste toujours à la recherche de réponses quiseraientsusceptiblesdem’aideràcomprendreetmedébarrasser de ce malaise, en vain. En me levant, je ne saisjamaissilajournéeserabonne,jesaisquejepeuxfacilement êtredéstabiliséeetqu’unrienpeutmefairechangerd’humeur et replonger dans les larmes. Souffrant également dephobie sociale, je me replie sur moi-même, préférant la solitudeàl’hypocrisiedesgens.Quelqu’undetrèsprochem’ad’ailleurs souventreproché de ne pas faire d’effort pour avoirde contacts avec autrui. Peut-il seulement s’imaginer ce quepeutreprésenterpourmoilefaitd’affronterleregarddesautres, de me sentir observée ou jugée ? Lui a au contraire lecontact très aisé, aime faire de nouvelles rencontres et discuterlonguementavecquiconqued’unsujetoud’unautre.Ilad’ailleurs une fonction qui l’oblige à côtoyer de nombreusespersonnalités lors de rendez-vous ou réunions interminables, àprendre la parole ou d’importantes décisions. Bref, tout ce dontje suisincapabledefaire !

 

J’aimerais qu’il en soit autrement, d’autant plus qu’il n’en apas toujours été ainsi. Je me souviens bien d’une « autre moi »qui aimait parler à tout le monde, qui fonçait tête baissée pourobtenir ce qu’elle voulaitquitte à discuter des heures durant,qui se moquaitéperdumentdes préjugés ou de ceux qui nel’appréciaientguère.Aujourd’hui toutcelaalaisséplaceàl’hypersensibilitéàlacritique,auxattaquesdepanique,au refusd’êtreconfrontéeauxautresetpeut-être mêmeàmapropreimage !Moiquiaimaispar-dessustoutpartiràl’aventure, je redoute désormais l’inconnu. Le simple fait dedevoiramenermesenfantsàunefêted’anniversairem’indisposefortement.

 

Aufonddemoijesuisconscienteducaractèreirraisonnéou excessif de ma peur, mais cette panique qui vous serre lescôtes et vous assèche tant la bouche que vous vous mettez àbredouiller, prend toujours le dessus. Je crois que j’en arrivemêmeàmedétacherdesgensquim’aiment,commemapropre famille, ce qui doit certainement les blesser, mais il sepeutlàqued’unecertainefaçonjechercheàlesprotégerdece « moi » quejehaïs.Ou alors est-ce que je souhaite prendreles devants, carayantla craintequ’ilsme trahissentou mequittenteux-mêmesunjour ?Qu’ensais-je…

 

À ce jour, je ne vis pas, je survis dansmabulle. J’y ai peu de place,maisjem’ysenspresqueensécuritéalorsqu’àl’extérieur tout est noir. Remarquez, en mon intérieur tout estnoirégalement !

 

Ungrandchagrinfaitdel’ombreàmonbonheur,meconfirme que la vie s’acharne contre moi : un grand manqued’amour.Lalogique delavie estde tomberamoureux,semarier,fonderunefamilleetvivredesjoursheureux(etd’autres moins heureux évidemment). Qu’en est-il pour moiaujourd’hui ? Le grand amour pendant un certain temps, toutnouveau tout beau comme dirait l’autre. Et puis celui qui faitbattrevotrecœursedésintéressepeuàpeudevous,tropoccupé à vaquer à ce qui est véritablement important pour lui.On rêve, déjà petite fille, d’un mariage en blanc avec le princecharmant et ce rêve semble vouloir se concrétiser lorsqu’onpense avoir rencontré l’amour de sa vie. Eh oui, sauf quel’onne vit pas dans le monde de Disney et que le fameux « ils semarièrent,vécurentheureux eteurentbeaucoupd’enfants»n’arrive pasà toutlemondedanslavraievie.

 

J’aiattenduunedemandeenmariagependantplusieursannées.ChaqueNoël,chaqueanniversaire,chaqueSaint-Valentin j’ai rêvé de ce moment magique et inoubliable. Je saismaintenant que je mourrai avec mon statut de célibataire. Cebonheur n’arrive qu’aux autres, aux « vrais couples ». Voilà, ça c’estdit !

 

J’ai lu un jour dans un magazine que les gens étaient plusvulnérablesàladépressionlorsqueleursbesoinsdebasen’étaientpassatisfaits,lorsqu’ilsavaientlasensationd’impuissance à vivre ce qui est de première importance poureux. Cela doitêtre vrai, car j’ai perdu beaucoupd’estime demoilorsquej’aicomprisqu’ilétaitvaind’attendrecemoment.

 

Lemariagenereprésentepeut-êtreriendeplusqu’unmorceau de papier pour certains alors que je ne conçois pas maviesansêtrepasséeparcetteétape.Cetéchecmefrusteénormémentetjemeposeencoreettoujoursdestasdequestions. Je me dis que je dois vraiment être sans intérêt pourque celui que j’aime, qui dit m’aimer et qui partage ma vierefuse désormais que je devienne sa femme ! C’est comme silui, la personne la plus chère à mon cœur, m’avait abandonnée.Letempspasseetj’aicomprisquecelanechangerapas,même si au fond je ne l’accepte pas. Pourquoi les autres et pasmoi ? Pourquoi ai-je toujours tout faux ? Eh oui, encore ettoujours des pourquoi…

 

Je ne pourrai jamais me sentir épanouie avec tant d’échecs,tantderefus etdedésintérêt.Lebonheurdes autresmefaitmal auventre,lesmariagesmefontpleureretlescouplesamoureux me font vomir… Voilà où tout ça m’a menée ! Cen’est pas de la méchanceté ni de la jalousie, mais un grand videen moi, une peine immense qui me brûle les entrailles. J’ai malet il s’en fout, trop orgueilleux pour changer de position sur lesujet. Et pourtant, qu’est-ce que je l’aime ! Par contre, je nesupporte pas qu’il me présente comme sa femme, c’est normalpuisque je ne le suis pas, non ? Je ne peux d’ailleurs pas nonplus parler de lui comme mon mari, c’est logique : c’est monhomme. Je trouve ça glauque, mais beaucoup plus fort que moncopainoumonchéri !Commequoilemariagechangebeaucoupde choses,mêmele vocabulaire !

 

Son amour est vital pour moi, j’aurais besoin de signes detendresse, de preuves de ses sentiments, mais tout cela n’estqu’unepertedetempsàsonégard.

— Tu n’esplusune gamine ! m’a-t-il envoyé il y a peu detemps. Je me suis alors pris le poids du monde sur la tête.Comme s’il y avait un âge précis où on avait le droit d’aimer etde l’exprimer ! En gros, j’ai traduit par un « c’est bon, j’ai assezdonné».

 

Unsentimentd’inutilités’estajoutéàmondésespoiretj’ai étéenvahieparunetristesseimmensémentdouloureuse.Aujourd’hui quand j’y repense je me dis que c’est comme ça,que tout simplement je ne le mérite pas, que je ne suis vraimentpasquelqu’unavec quionpeutavoirunevie normale…

Qui a dit que les histoires d’amour étaient simples ? Pas moien tout cas. Si je n’avais pas mes enfants, je serais sans doutedéjà passée de l’autre côté, celui où les gens que vous aimiezvous regrettent. Qu’en sera-t-il quand la chair de ma chair vivrasa propre vie et que je ne deviendrai alors qu’un fardeau poureux ???

 

 

Dépression :

Étrangemotpourceluiquinelaconnaît,

Pesantesituationpourceluiquilavit.

Riendanscettemaladien’estanodin

Etcequipeutparaître superfluàcertains

Se peut fatal pour d’autres.

Sentimentd’abandon,

Impuissance à gérer le quotidien,

Onne vitpas,onsurvit,

Non sansmal,je vousl’assure !

JOUR«AVEC»

 

 

Il y a les jours « avec » et les jours « sans ». Aujourd’hui estun jour « avec ». Je ne dirais pas que je suis euphorique,maisque ça peut aller. Mon homme m’a dit qu’il m’aimait,mesenfants ne se sontpas chamaillés (dumoinspasencore), ilfaitbeau,brefçava.

 

Du coup j’ai eu un peu de motivation pour la journée. J’aiplanté desfleurs,faitdela couture, leménagede fondencomble,despetiteschosessansréelleimportancepourbeaucoup, mais que j’ai du mal à accomplir les jours sombres.Car l’envie est quelquefois présente, mais je ne m’en trouve paslaforcemorale.

 

Ouah ! Aujourd’huij’ai étéforte !!! Pff,quelironisme…Tiens,pourquoinepasapprofondirmesconnaissanceseninformatique,celapourraitmeservirlorsque jereprendraiune activité professionnelle (pensée du jour). Quel exploit devouloirbouger pour prendremavieen main ! Oui, maisbon,ça c’estaujourd’hui, en aurai-je encore envie demain ? C’estunautreproblème.Jecroisquelesmomentsdeluciditésesont raréfiés chez moi alors je ne crie pas victoire. Pourtant il mesemble que de me consacrer à quelque chose d’autre une partiedelajournée pourraitmefaireleplusgrandbien.

 

Ça aussi c’est aujourd’hui, mais demain ? Ah là là ! Pourquoimes neurones ne fonctionnent-ils pas tous les jours de la mêmefaçon ?Unjourblanc,unjournoir,commentpourrais-jeaboutir à quelque chose avec cette logiquequi ne l’est pas ?Que cela peut-être agaçant de ne pouvoir trouver une positionsurquelquesujetquecesoit.

 

Envie,pasenvie ?Besoin,pasbesoin ?Rester,partir ?Quede confusion dans cet esprit où se mêlent tant de sentimentscontradictoires d’une minute à l’autre ! Ça m’énerve ! Non, ducalme ! Mon hommeme répète sans cesse quemon problèmene peut s’arranger si je m’énerve, alors qu’est-ce que j’attendspour être zen ? Bah… Tout simplement je n’y arrive pas. Celapeutsemblerirréel,maisilmesemblequejenepuissecontrôlernimoncorpsnimonesprit.Sijesouhaiterestertranquille,dansmatêtegrouillentdesmilliersdequestionnements.Sijetentedemereposer,mesjambess’emballent dans une danse diabolique. J’ai beau essayer de nepasbouger,rienn’yfait,commesiunautreavaitprisle contrôlede moi-même,telleune marionnette.

Cetteagitation agacemon entourage,maismoi aussi nomd’une pipe ! Personne n’arrive à s’imaginer à quel point celapeut être frustrant de ne pas réussir à gérer un geste si banal !Detoutefaçonpersonnenecomprend,pasmêmemoi.Laseule chose à laquelle j’aspire, est celle de reprendre le pouvoirqui théoriquementme revientde droit : redevenirle capitainede mon propre navire ! Bon, tentons de ne pas se saper le moraletdefinirlajournéesanspenséesnégatives !

 

Si des jours paraissent plus clairs que d’autres, c’est peut-êtreparce que je ne suis pas totalement sous l’emprise de ces mauxde l’âme ? Je sais que la dépression est présente, année aprèsannée, mois après mois, j’ai appris à la reconnaître. Mais aprèstout, si la lumière perce un jour c’est peut-être qu’elle pourraitrestertoujours ?! Ouhlà,arrêtonslà…

 

 

Fin de journée et pas une larme versée, c’est impressionnant.Si ça pouvait durer ainsi toutserait réglé. Mais si tout étaitaussi simple, les laboratoires et les psys iraient pointer au PôleEmploi ! Trêve de plaisanterie, un soupçon d’angoisse vient depasser :silefaitd’avoirpasséunetellejournéefaisaitquemes démonsneressurgissentlorsquejetenteraidetrouverlesommeil ? Car j’ai bien des fois pu établir que mes « crises debonne humeur » ne vont jamais au-delà de quelques heures, etbonnejournéeneveutabsolumentpasdirebonne nuit !

 

Bon après tout nous verrons bien, il ne s’agit là que de labanalité de la chose. Mon cerveau tient la barre, nous verronsvers quel cap il nous mène. De toute façon, je vis déjà dans uneincertitude permanente alors un peu plus ou un peu moins n’yfera guère !

 

J’espère de toutemon âmequemesenfantsne traverseront jamais celong couloir. On y rentre, en sort-on réellement ?? Ily faitsombre et froid,rien n’y laisse pénétrer la lumière. Ons’y engage sans vraiment s’en rendre compte et lorsque l’onouvre les yeux il est trop tard, nous sommes déjà sur la longueroute de la dépression. Faire marche arrière est une manœuvreimpossible,ilfautallerdel’avant,nepascontournerlesobstacles,maisleséliminer.Làestlevéritabletravailàeffectuer pour tenter de retrouver la bonne voie, même si l’onresteconscientquedesdéviationssontpossiblesetquelecheminne peutqu’enêtre pluslong.

Ouah !Jeparlebienquelquefois !Enfaitmesécritssont irréfléchis,lesmots sontguidés parmon esprit,c’estenmerelisantquejeprendsconsciencedecequej’aiécrit.Aumoinscelaprouvequemesdiressontsincères.Rienn’estprémédité,toutsortducœur.J’espèreseulementquelefaitdemelivrerainsisurpapierpourram’aideràmelibérerdecequim’oppresse.Maisjecroisquedemel’écriremoi-mêmemefaitdéjàgrandbien.

 

Même si je suis la seule à lire mes mots et mes maux, j’ail’impression de les partager et d’avoir un peu moins de poids àsupporter. Peut-être que mon idée sera bonne au final ! Lorsquel’on garde tout au fond de soi, il semblerait que tout s’engorgejusqu’à nous étouffer. Et lorsque l’on ne se sent pas capabled’extérioriser ses sentiments, cela ne peut qu’empirer notre état.C’estàcelaquesertlapsychothérapie,mêmesil’onesttotalement contre le fait de dévoiler une partdenotreintimitéàunepersonneétrangèrequiencaissesur ledos de votremalheur,qui de plus estsans savoir si celle-ci vous écouteréellement ou faitla sieste ! (Pardon à tous lespsys). Je parleen connaissance de cause pour en avoir vu étant adolescente, cequi m’a laissé un souvenir assez glacial. Mon côté rebelle del’époque n’a fait qu’empirer mon point de vue sur ce genre depersonnes.Aujourd’huijeconsulteànouveau,sansréelle conviction.Disons quej’accepteunebrèveentrevue dansleseul butde repartir avec mon ordonnance. Je dois fairepartiedupetitpourcentage depersonnesqui nesupporte pas qu’onles écoute !Pourtant,ilyatantàdire !

 

Il faut libérer cette colère qui nous détruit et ces rancœurs quinousrongent.Soyonslégers,soyonslibres !Facileàdirem’interpellerez-vous, alors écrivez ! Posez sur du blanc ce quinoircitvotre existence.Crachez toutce qui vous obsède etvousmine,lâchez-vous sans crainte puisquevous seul êtesjuge de votre témoignage. Je crois bien que cela commence àfaire son effet sur moi et que les ruelles me paraissent déjàmoins terrifiantes lorsque je les traverse la peur au ventre. Lacolère qui jaillitde chacun denous estunmoyen denousdéfendre contre ce qui nous révolte ou nous apeure. Il nefautenaucuncaslaretenir,maisaucontrairelalaisseréclaterjusqu’à ce que nous en ressentions du soulagement, voire duplaisir. Les introvertis sont rarement gagnants ; partageons nosténèbres !...

 

Le bonheur se partage, pourquoi ne pas également partager lereste ?Sinousnenousexprimonspas,commentnotre entourage peut-il déceler ce qui nous pourrit la vie ? Sûr, cen’est certes pas des plus agréable à entendre, mais ilfaut savoirpourcomprendre.Nousnesommespasquedesvictimesdestinées àsubirensilence !

 

Mais commentfairepour soignerlemal del’âmequeladépression crie à traversla souffrance qu’elle apporte, et lafaire comprendre au monde qui nous entoure sans le lasser denotre état ? Elle est une marmite à pression dans laquelle nousavonsenfouitoutesnosémotionsetquandcettemarmitecommenceà êtretropchaude,ellecommenceàsiffler.

 

Ellenousavertitalorsparlafatigue,l’irritabilité,lasusceptibilité, la tristesse, qu’il est temps de faire baisser lapression. Pour ne pas lafaire exploser, il estalors temps defaire sauterlecouvercle :enparler.

 

Personnellementj’ensuisincapable.Jenepeuxpasm’exprimer sans faire de détours. Je tente de parler en faisantdes sous-entendus qui ne sont pas assez parlants pour paraîtrevitaux. En fait, je pense que cet état qui m’habite ne peut pasêtrecomprisparunêtre«normal»,qu’ilnepeutquel’ennuyeretluidonnerenviedefuir,demefuir.Pourtant, jerestenéanmoinspersuadée que de se dévoilerauprès denosprochesnepeutêtrequebeaucoupplusbénéfiquequ’auprès d’inconnus. Mais la peur d’être jugés et délaissésnouslaisselaplupartdutempssansvoix…Alorsnousrestons pour une grande majorité, perdus dans un torrent depensées. Plus rien ne nous intéresse, ni la nature, ni les arts, nimêmele charme d’un coucher de soleil.Nous restons mornesetseuls,nous oublionsles petits bonheurs quelavie tented’apporteràchacun,etnous souffrons affreusement.Le pireest qu’il n’y a pas seulement les souffrancesmorales, notrecorpssouffreégalement,cequiestlogiquepuisquenotrecerveau commande le reste ! Pour ma part je souffre d’atrocesnévralgies depuis de nombreuses annéesetcelles-ci ne fontquecroître.Mauxde têteindescriptiblesquivousdonnentl’envie de vous cogner contre les murs, décharges électriquesqui vous étourdissent et donnent l’impression que vous allezdéfinitivement vous écrouler, douleurs dans les bras qui fontpenserquevoussortezd’uneséanced’haltérophilie,mauxd’yeux…Bref,dessymptômesquinefontquevousdécourager et vous handicaper lequotidien.Un peuplusouun peumoins,nous nesommesplusàçaprès ! Eh bienvoilà, ça y est, d’un jour avec je suis passée au côté négatif !Comme toujours !

 

C’est vraimentdécourageant, rien ne dure quandil s’agit desbonneschoses.Ellereprendtoujoursledessus,arrivetoujoursà ses fins en essayant de vous détruire. Foutue dépression ! Elletrouve toujours à vous rappeler qu’elle est présente, qu’elle nevous quittera pas de sitôt. Mais bon sang, qu’avons-nous faitpour mériter un tel calvaire ? Pourquoi est-il si conflictuel de sedébarrasser d’ellealorsquenous n’avons nullement signé depacte avec cette maladie démoniaque ?! Pourrons-nous un jourêtresauvés ?

 

Que penser le jour où l’on arrive à se dire qu’il serait tempsque quelque chose se passe parce que vous vous sentez mourirchaque jour un peu plus ? Est-il alors trop tard ou une lueurd’espoirpeut-elleencoresurvenir ?Jenelesaispasmoi-même,forcément…

 

J’aiaujourd’huil’impressiondeneplusrienressentir,nitristesse ni joie, tout ce qui m’importe est de rester seule et melaisser aller comme le vent veut me porter. Je suis désormaisincapabledepleurercommederire,commentinterprétercette « indifférence »auxévènements ?J’essaieparfoisdemeprojeterdansl’avenir,maisilsembleraitquecelarelèvede l’impossible,jenemesenspascapabledem’imaginer« être ».

 

Même le futur ne me fait plus peur, j’ai seulement peur demoi-même tel un fantôme qui survole un univers sans rien ypouvoirentreprendre.

 

Les larmes ne me coulent plus,mon cœur est vide, j’arrivetout juste à mettre des mots sur ce malaise qui m’enrobe. Jerenie totalement le mot « confiance », car celui-ci n’a vraimentplus aucun sens à mon égard. Confiance en soi est à excluredans mon état. Et la confiance en les autres me direz-vous ?Mais à qui accorder sa confiance lorsque les autresnevouscomprennentpas,sontsusceptiblesdevoustrahir,sicen’estdéjàfait ?

 

Àcellesquisefontpasserpourdesamiesenvoushypnotisant de belles paroles, de « si ça ne va pas, tu peux m’enparler, je suis là » et de suite après vous saoulent avec leursproblèmesincongrus du style« il nem’embrassejamais enpublic » ou bien « il râle parce que j’ai fait la vaisselle alorsqu’ilvoulaitqu’onaille aulit !».

 

Finalement,c’estvousquienarrivezàservirdethérapeute poursoulagerlespetitsriensquileurgâchentlajournée !Comment vous confier à ces personnes dans ce cas-là, ellesvous prendraient alors pour des extra-terrestres, totalement horsnormes ! De toute façon, j’ai assez fait confiance dans ma vie àdes personnes que je croyais sincères et qui m’ont planté lecouteau dans le dos sans que je n’y prenne garde, pour savoirque la méfiance estaujourd’hui la seule arme qui puisse mepréserverun peu.Éviterlestroplargesaffinitéspermetdepasser à côté de beaucoup de désillusions etcelamême aveclespersonnes quivoussemblentlesplusproches.

 

Voilàoù on en arrive,on se protège en refusanttoutbienqui viendrait d’autrui ! On passe sans doute à côté de chosespositives,d’êtressincères…

 

 

 

 

 

 

À la porte de l’éternité

Vincent VAN GOGH1890

 

 

 

 

 

 

 

Le cri

Edvard MUNCH1893

 

 

 

 

 

QUANDLAPEURTIRAILLE

 

 

Qu’est-ce que la peur ? Si vous ouvrez le dictionnaire à lalettre P vous trouverez la définition de base : « état émotionnelstressant».Lapeurestdéclenchéeparlaperceptiond’undanger,mêmesicelui-cin’estpasforcémentréaliste.L’anticipation,donclefaitd’imaginercequipourraitseproduire,déclenchealorsennouscetteémotionquipeutjusqu’à nous nuire. Tout le monde sait que l’évènement préditneseproduitpasforcément.Toutlemonde,saufledépressif… Car lorsque la production d’adrénaline augmente,quelesbattementsducœurs’accélèrent,quel’attentionserelâchejusqu’àoubliercequi nousentoure,seul ledangerprésuménousimporte.Alorstelleunebêtesauvage,notreinstinct de survie tente de contrer cette nuisance. Nos réactionsnesontpasfatalementlesbonnes,lapeurdominantnotreesprit. Nous fonçons tête baissée, tentant de nous préserver detoute menace extérieure. Le plan d’attaque est rarement le bon,car l’inquiétude et la colère nous plongent alors dans un étatsecond. L’enfant a peur du noir, peur d’être abandonné par samère. L’adulte a peur de la mort, peur de l’échec social. Maisqu’enest-ilréellementdudépressifquicohabiteavecuneterreurcontinuelle ?Peurd’êtreabandonné,peurd’êtretrahi, peur de mourir, peur tout court… Pour mon propre chef la peurm’habite continuellement, chaque jour elle prend uneformedifférente, mais reste présente. J’ai peur lorsque je tente d’êtresévère avec mes enfants : je crains alors d’être une mauvaisemère, qu’ils me trouvent « tyrannique » et ne m’aiment plus.J’aipeurpourl’hommequej’aime :peurqu’illuiarrivequelque chose, peur qu’il trouve son bonheur ailleurs. J’ai peurtout le temps, constamment et pour n’importe quelle raison,peur le jour, peur la nuit… J’ai d’ailleurs du mal à trouver lesommeil.J’aimêmel’impressionqueje«m’empêchedem’endormir », comme si le fait que de rester éveillée alors quema famille se repose pouvait servir à les protéger. Car bien sûr,commebeaucoupdepersonnesdansmoncas,jesuisuntantinetparanoïaque !Ilestbiendifficiledepasseroutrel’actualitéetévidemmentdenombreux sujets m’angoissent.Agressions,home-jacking,accidents,autantdesujetsdu