Le fantôme au réveil - Jacques Clauzon - E-Book

Le fantôme au réveil E-Book

Jacques Clauzon

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Beschreibung

Un tueur en série frappe de façon particulièrement singulière. Premier à y être confronté, le commissaire GIRAUDON, même dessaisi, va en faire une affaire personnelle. Il ne sait pas que cette implication va remuer au fond de lui de douloureuses blessures.

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Seitenzahl: 120

Veröffentlichungsjahr: 2022

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“Il est des êtres qui ne peuvent pas supporter la réalité douloureuse et se glissent dans un monde imaginaire, se perdent dans leur rêve intérieur où le tranchant du scalpel de la douleur est émoussé, voire inexistant.”

De Goce Smilevski / La liste de Freud

Sommaire

Prologue

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

Chapitre XVI

Chapitre XVII

Chapitre XVIII

Chapitre XIX

Chapitre XX

Prologue

« Alors, moi, je me dis moi-même : ce qui arrive à l'insensé m'arrivera aussi, pourquoi donc ai-je été si sage ? Je me dis à moi-même que cela aussi est vanité.

Car il n'y a pas de souvenir du sage, pas plus que de l'insensé, pour toujours.

Déjà dans les jours qui viennent tout sera oublié : Eh est quoi ? Le sage meurt comme l'insensé ! Donc je déteste la vie, car je trouve mauvais ce qui se fait sous le soleil : tout est vanité et poursuite de vent »

Penché sur sa feuille, il relit une dernière fois le chapitre deux de l'Ecclésiaste qu'il vient de copier de sa bible comme ultime testament. Bientôt se déroulera le scénario qui l'amènera au point final, apothéose flamboyante d'une vie décevante.

Mort, il est déjà mort depuis qu'elle l'a traîné devant un juge.

Divorce, deuil, acceptation, reconstruction, voilà les mots des psys en tous genres, "ces chacals qui vivent de la décomposition des âmes". Ils n'avaient pu le guérir de ses angoisses. Leur seul objectif étant de transformer ce cadavre en squelette acceptable pour qu'il puisse continuer à fréquenter la société, en lui laissant des cicatrices douloureuses qui se rouvrent à tout moment.

On supporte plus facilement la vue d'ossements, on les expose, on les vénère même. Alors que la putréfaction, même cachée, empeste l'air des vivants.

Il vit donc toujours dans cette décomposition interne depuis plus un an. Et cela continuera jusqu'à la fin ultime qu'il prépare soigneusement, suivant une chronologie minutieuse...

En attendant, il a enrobé sa puanteur intérieure d'une enveloppe sécurisante pour tout un chacun, faisant semblant de vivre, d'aimer même à nouveau, pour mieux préparer sa sortie.

Dans quelques aventures, il n'a trouvé qu'une partie de ce qu'il cherche.

Certaines des femmes tombées sous son charme lui ont apporté la tendresse et une complicité des corps sans tabous mais n’ont pas réussi à "la faire oublier ".

Avec d'autres il a pu vivre des expériences sportives avec de superbes satisfactions, mais sans entente intellectuelle, ni d’accord réel sur le fond des idées.

Et surtout aucune n’a eu envie de partager avec lui ce mal qui le ronge... Rien de comparable à ce qui lui a été ôté.

Comme ces relations insatisfaisantes ne lui ont pas permis d'être mieux, il a conclu qu'il fallait faire disparaître la cause du mal, et du coup, il a reporté tous ses ressentiments sur "l'Unique", celle qui a détruit sa vie…

I

Flers samedi 26 janvier 2008…

C'est au petit matin, que la sonnerie du téléphone tira Jean-Paul GIRAUDON de son lourd sommeil.

Depuis longtemps ses nuits, longues périodes douloureuses, finissaient toujours par un sommeil sans rêves et, le week-end, il s'accordait une grasse matinée, il n'était que 10h30. Sa voix pâteuse émit un allô rocailleux. Au bout du fil son adjoint très réveillé lui, se lança dans un long monologue parsemé d'exclamation !

Pour un événement c’en était un, il fallait que Jean-Paul, son chef, commandant de police au demeurant, le constate au plus vite.

Que pouvait motiver un tel appel, un samedi matin, du commissariat d'Alençon ville d'ordinaire tranquille ? Un suicide, ou peut-être un meurtre, on ne saurait le dire au premier abord expliqua rapidement son lieutenant.

C'est le facteur qui, vers neuf heures venant livrer un colis à trouvé la porte ouverte et découvert la scène.

À moitié groggy, Jean-Paul enfile du mieux qu'il peut ses vêtements défraîchis habituels et prend la route vers le lieu indiqué dans la banlieue d'Alençon.

Il habite à Flers, sa ville natale, dans une petite maison héritée de ses parents dans un quartier tranquille.

Après son divorce en février 1995, il y a 13 ans, il avait accepté sa promotion au grade supérieur sur Alençon en tant que commandant. En en plus de l'éloigner d'un lieu de vie, qui lui rappelait trop un passé révolu, cela lui apportait une rétribution plus conséquente pour financer l'éducation de ses enfants qui restaient à sa charge.

Il avait alors délaissé l'appartement qu'ils occupaient pour revenir à sa maison natale avec sa mère, qui y vivait seule, depuis la mort accidentelle de son mari, plusieurs années auparavant, sur le chantier qu'il dirigeait en tant que chef d'entreprise.

Celle-ci, décédée à son tour il y a 3 ans, l'avait aidé à aténuer le choc affectif du départ sa femme, autant pour ses enfants que pour lui, en assurant le quotidien de ses deux garçons.

Etant donné ses contraintes professionnelles, il ne lui était personnellement pas toujours facile d'être aussi présent qu'il aurait voulu.

Cependant il était satisfait de leur évolution et de leurs études même s'il ressentait en eux la trace d’une "fracture" affective. Cela les avait poussés dans une sorte de fuite en avant pour quitter le contexte traumatisant, qu'il avait malgré lui entretenu, n'ayant toujours pas digéré la rupture douloureuse qu'il avait subie.

Il avait toujours dialogué avec ses enfants, mais, leurs échanges ne s'étaient jamais approfondis. Ils se résumaient aux banalités de la vie courante et s'étaient même relativement distendus avec le plus grand.

Julien, l’aîné, à la fin de ses études de géologie à Nancy, avait rapidement trouvé du travail dans un site minier en Australie et s'y trouvant bien pensait y faire sa vie.

Le dernier, Cédric, toujours étudiant en pétrochimie à Rouen, envisageait déjà un avenir vers les côtes africaines (Nigéria, Gabon, Congo) d'où il était revenu enchanté après un mois de stage.

Pour Jean Paul, entièrement seul pendant la semaine, son bureau au 62 Place du Général Bonet, est devenu sa résidence principale. Rien ne l'incite plus à rentrer chez lui, il n'y revient généralement que les week-ends ou lors des rares séjours de ses fils.

Après avoir parcouru les quelques 60 kilomètres, distance qui sépare les 2 villes, entrant dans les premiers quartiers, il bifurque à gauche vers le lieu de l'événement.

- Comment orienter cette enquête ?

- Quels sont les points à ne pas négliger tant que les indices restent encore à portée de main ?

Ces réflexions l’accompagnent jusqu’au domicile de la victime où l’attend son adjoint.

Un cordon de sécurité est déjà en place, mais largement au dessus de ce que nécessite le peu de passants en cette matinée de début de week-end.

Roger LYBON son jeune lieutenant l'accueille. Ce dernier, après un bonjour rapide, ne lui dit pratiquement rien de la situation, le laissant découvrir par devers lui la scène pour ne pas altérer son impression personnelle.

C’est comme ça qu’ils fonctionnent depuis le début de leur collaboration, et cela leur a toujours été profitable pour la suite de leurs enquêtes.

Ils pénètrent donc côte à côte dans un petit jardin qui donne sur la rue par un portail en bois à la peinture écaillée.

Une allée en gravier puis un perron en ciment lui aussi en assez mauvais état. Une porte vitrée protégée par une grille en fer forgé, donne l’accès à l’intérieur. Après une petite entrée, ils passent dans une grande pièce au plafond élevé aux poutres apparentes sous lequel a pu être installé un niveau intermédiaire.

En fait, ce n'est pas véritablement un étage, mais plutôt une mezzanine. On y accède par un petit escalier tournant qui permet d'atteindre la partie supérieure de la pièce principale, espace organisé en petit bureau sous la charpente.

À l'angle opposé, un ensemble de cordes est accroché à une poutre. Sur l'une de ses extrémités à côté d’un escabeau, pend le corps d'une femme, le cou enserré par un nœud de pendu classique.

Ce qui l’est moins, c'est le système compliqué qui assure la pendaison.

La victime bâillonnée est suspendue dans une position semi assise jambes tendues, les pieds liés ainsi que les mains dans le dos, les fesses à une cinquantaine de centimètres du sol.

La corde suspendant la victime avec un nœud coulant passe dans un genre de mousqueton, attaché à la charpente. L’autre extrémité est attachée au pied d’une lourde commode en bois avec un épais marbre blanc veiné de gris comme plateau.

C’est le meuble en faisant contrepoids qui assure la pendaison de la victime.

Cette installation, déjà particulière, se complique par la présence d’une deuxième corde (détendue celle-là) fixée au même endroit sur le pied du meuble, passant également dans le mousqueton et orientés vers le pied de la rambarde de l’escalier. Elle devait y être attachée, mais une brûlure à une dizaine de centimètres du point d’attache a coupé sa tension.

A côté de ces deux parties - plus fondues que brulées - est placé un système étrange composé d’un réveil avec des clochettes "à l’ancienne" et d’une pile plate de 4,5 volts. Le cadran n’a ni verre ni trotteuse, deux fins fils de ligne de téléphone sont soudés sur les aiguilles.

La petite aiguille est reliée par le premier fil à la borne positive. De la grande aiguille le deuxième brin se dirige vers la corde brûlée où il retrouve, venant du côté négatif de la pile un autre morceau de câble téléphonique.

Au sol au pied de l'escalier non loin du nœud, une masse noirâtre composée de restants de corde fondue et de résidus métalliques.

L’ensemble semble être un processus de mise à feu artisanal. Les aiguilles, agissant comme un interrupteur, en se touchant ont alimenté en électricité un système pour brûler la corde. Le meuble était maintenu soulevé tant que la corde était tendue.

Une fois brûlée elle a libéré le meuble qui par son poids en retombant a assuré la pendaison de la victime la soulevant alors qu'elle était assise sur le sol. Quelle ait été vivante ou pas, attachée comme elle était, elle n'avait aucune chance d'en réchapper.

- Quelle raison d’utiliser un moyen si complexe pour mettre fin à la vie de cette femme ?

- Qui était-elle ?

- Voilà un début d’enquête qui ne s’annonce pas facile s'inquiète notre policier…

Il ne pensait pas si bien dire, un des agents qui inspectait la maison lui apporta une feuille de papier qu'il avait trouvé sous le meuble, elle avait dû glisser quand celui-ci avait bougé. Sur celle-ci, était imprimée en gros caractères la phrase suivante :

"Car ce seront des jours de vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit."

— Vous croyez que cela a un rapport avec le meurtre ?

— Ça en a tout l'air répondit le commissaire, remettez-la aux scientifiques pour voir ce qu'on peut en tirer, empreintes, ADN, et autres.

Pour ma part je vais me renseigner sur le texte cela a tout l'air d'un extrait il faudrait avoir l'original en entier, comprendre ce qu'il veut dire et vérifier si ça s'applique à la victime…

Celle-ci, une femme d’une quarantaine d’années ne semble pas avoir subi de violences particulières seules deux traces brunes sont apparentes au niveau du décolleté, brûlures ?

Jean-Paul demande donc à son adjoint de rapidement se renseigner sur elle, son environnement, par une enquête de voisinage afin de savoir si quelqu’un avait été témoin de quelque chose.

Il rejoint alors son bureau pour réfléchir en attendant les conclusions de l’équipe scientifique et du légiste.

Jean-Paul se doute que la journée risque de ne pas apporter grand-chose, et demain dimanche, il sera difficile de mobiliser toutes les équipes pour optimiser le potentiel d’investigation. De plus, l’autopsie ne sera pas réalisée avant le surlendemain.

Du coup cela lui laisse du temps pour se poser un certain nombre de questions.

- Comment le ou les acteurs sont-ils rentrés dans la maison ?

- Pourquoi cette personne en particulier ?

- Qui a les connaissances pour utiliser un tel matériel ?

- Du fait du montage il y a nécessairement préméditation.

- Le texte fait référence à une vengeance : a-t-il un rapport avec la vie de la victime ?

- Pourquoi tuer de cette façon alors qu’il est plus facile de faire autrement ?

Cela veut certainement indiquer que le tueur ne veut pas être sur place au moment fatal, pourquoi ?

Son adjoint vient assez rapidement apporter quelques réponses.

— Il s’agit de Mme Gisèle Faure-Latouche 48 ans célibataire vivant seule d’après ses voisins, mais qui recevait beaucoup à son domicile.

— Beaucoup s’étonne Jean-Paul !

— Oui, mais ce n’est pas ce que vous pensez, rétorque son lieutenant, c’est professionnel, elle exerçait à domicile comme psychiatre !

— Voilà qui nous ouvre des pistes, un membre de sa clientèle ? Il faudra rechercher dans ses rendez-vous ; peut être le dernier ?

— Un rendez-vous un samedi ? Réfléchit Roger à haute voix ! Ce serait un client qui travaille la semaine, ou une urgence ?

— Tu as certainement raison, mais en tout cas il me parait évident qu’il soit connu de la psy, ou alors il l’a déjà contactée. Si je prends le texte comme une revendication de son acte, ce serait alors une vengeance, mais vengeance de quoi ? C’est un point à contrôler…

— OK patron, je me suis aussi orienté vers ce mode opératoire, « original » en attendant les résultats de la scientifique. Il semble que c'est le dispositif du réveil qui a provoqué la pendaison à retardement, un maximum de cinquante neuf minutes le temps que la grande aiguille ait rejoint la petite qui était, elle, sur 12 h (ou 0 h).

— Ça ne nous donne pas l'heure exacte de la mort, dommage dit-il ironiquement, pour une fois qu'on avait une pendule sous la main ! On ne sait pas a quelle heure il a été programmé.

Mais le calcul du temps a dû être réfléchi, du temps pour quoi faire ?

— Y a-t-il des traces de vol ou de recherches particulières demande Jean-Paul ?

— Aucune à première vue, ni traces d'effraction, mais les investigations sont en cours, il a fallu laisser la place aux scientifiques, je ne tarderai pas à le savoir.

— Une autre chose me pose question dit Jean-Paul, c’est l’utilisation de ce genre de corde. Ce n’est pas un diamètre courant, et il me semble que c’est utilisé dans la marine.