Le Play-Boy - Amanda Adams - E-Book

Le Play-Boy E-Book

Amanda Adams

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Beschreibung

Il comprend immédiatement qu’elle est dangereuse

Tout chez elle l’interpelle.

Il est riche
Il a du succès
Il a travaillé dur pour en arriver là...
Seul.

Être seul, c’est plus sûr.
Le cœur est insensé.
Il l’a appris à ses dépens.

Mais elle est curieuse.
Tenace.
Elle est journaliste ‒ et elle a des secrets.
Elle rit lorsqu’il est sérieux,
pleure lorsqu’il tente d’être drôle.

Il devrait l’éviter à tout prix.
Devrait.
C’est un mot dangereux.
Un mot qui peut vous briser le cœur.

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Veröffentlichungsjahr: 2018

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Le Play-Boy

Les Frères Walker, Tome 3

Amanda Adams

Table des matières

À Propos de: Le Play-Boy

Prologue

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Dix-Sept

Chapitre Dix-Huit

Chapitre Dix-Neuf

Chapitre Vingt

Épilogue

Le Bad-Boy

À propos de l’auteur

Livres d’Amanda Adams

Livres por Amanda Adams (English)

À Propos de: Le Play-Boy

Il comprend immédiatement qu’elle est dangereuse

Tout chez elle l’interpelle.

Il est riche

Il a du succès

Il a travaillé dur pour en arriver là...

Seul.

Être seul, c’est plus sûr.

Le cœur est insensé.

Il l’a appris à ses dépens.

Mais elle est curieuse.

Tenace.

Elle est journaliste — et elle a des secrets.

Elle rit lorsqu’il est sérieux,

pleure lorsqu’il tente d’être drôle.

Il devrait l’éviter à tout prix.

Devrait.

C’est un mot dangereux.

Un mot qui peut vous briser le cœur.

Plus qu’un CLIC !

Copyright 2018 Tydbyts Media

Illustration de couverture Copyright 2016 eBook Indie Covers

Publié Par Tydbyts Media

Tous droits réservés

Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont le pur produit de l’imagination de l’auteur, ou sont utilisés dans un but artistique. Toute ressemblance avec des personnes mortes ou vivantes est une coïncidence.

Prologue

Mitchell Walker se rangea dans l’allée, derrière le 4x4 de son frère Derek, et gara sa voiture de sport rouge cerise. Jake, son petit frère, avait laissé son pick-up blanc dans la rue, le pneu côté passager posé sur les restes d’une congère comme si conduire faisait partie d’une course d’obstacles. Voir cela le fit sourire. Au mois de décembre, dans les hauteurs du Colorado, si vous ne savez pas rouler dans la neige, il vaut mieux vous tirer de là.

À quelques mètres de là, Derek ouvrit la portière de son SUV, sortit du véhicule et la claqua derrière lui. Comme d’habitude, il était habillé en noir, tout le contraire du pantalon de costume et du blazer de Mitchell. Les cheveux et les yeux bruns de Derek, ainsi que son attitude de bad-boy avaient brisé le cœur de dizaines de femmes, mais c’était une façade, selon Mitchell. Derek avait toujours été redoutable, mais il mourrait pour n’importe lequel de ses frères, sans hésiter. Fin de l’histoire. Avant que Derek ne devienne son frère, la vie de Mitchell avait été assez tordue. Ils avaient tous les deux vécu l’enfer avant que leur mère ne les adopte. Le fait qu’ils soient devenus des mentors pour leurs deux petits frères le dépassait.

Mitchell adressa un signe de tête à Derek, et, comme à l’accoutumée, son frère lui emboîta le pas pendant qu’ils remontaient l’allée jusqu’à la porte d’entrée. Ils ne dirent pas un mot. Ce n’était pas nécessaire. Ils connaissaient tous les deux la raison de leur présence, et ça craignait.

Mme Klasky leur ouvrit la porte, vêtue d’un pantalon bleu marine et d’un grand sweat-shirt couleur crème. Elle allait sur ses quatre-vingts ans, mais ses yeux brillaient d’une lueur ardente, et elle avait une attitude terre-à-terre qui avait toujours plu à Mitchell. Il aimait savoir à quoi s’en tenir avec les gens. Il détestait jouer avec qui que ce soit, vieux ou jeune, dans son lit ou en dehors.

— Entrez, entrez. Jake est déjà là.

Elle leur fit signe de passer et Mitchell suivit Derek dans le couloir. Lorsque son frère aîné jeta un regard à Mme Klasky par-dessus son épaule, elle sourit.

— Toujours très beau, à ce que je vois. Allez dans la cuisine, les garçons. J’ai préparé de la citronnade. Et prends des biscuits, Derek. Ce sont tes préférés.

Derek rougit, et Mitchell intervint pour épargner trop de gêne à son frère. Mme Klasky avait toujours chouchouté Derek plus que les autres, elle avait un gros faible pour lui. Mitchell aurait le temps de se moquer de lui plus tard.

— Merci, Mme Klasky. On a hâte de goûter à vos biscuits.

Derek toussa dans sa main et en profita pour lui donner un coup à l’arrière du crâne, avec force, alors qu’ils suivaient leur hôtesse et passaient devant un mur plein de photos de famille et de portraits couleur sépia des ancêtres de la famille Klasky. La moquette était verte à poils longs, et les murs étaient bordés de lambris en chêne qui dataient sans doute des années soixante-dix. Jake se trouvait à sa place habituelle à la table de cuisine des Klasky, assis sur la chaise en bois la plus proche du canapé vieux de vingt ans, couvert d’affreux motifs cachemire.

Mitchell n’était pas venu dans cette maison depuis des années. Elle n’avait pas changé. L’atmosphère était la même. L’odeur aussi. Il donna une tape dans le dos de Jake pour le saluer. Son petit frère était le plus jeune, mais ce petit enfoiré les dépassait d’au moins dix centimètres et faisait bien vingt kilos de plus qu’eux. Avec des santiags et un chapeau, il ressemblerait à un joueur des Dallas Cowboys. Sauf qu’il était trop beau pour ça. Et il avait le cœur beaucoup trop tendre. Jake vivait toujours au ranch familial, à prendre soin des chevaux et à faire ses trucs de cow-boys. Il soulevait des bottes de foin de cinquante kilos comme s’il s’agissait de tas de plumes. Et quand il était tout petit, Jake ne manquait pas de leur rappeler qu’il aurait pu leur botter le cul à tous.

Penser au crottin de cheval et à la poussière fit frémir Mitchell, et il s’assit à table. Il avait adoré son enfance au ranch, mais il avait besoin du bruit et de l’agitation de la grande ville. Être perdu dans la nature était trop calme. Il y avait top d’espace et trop de temps pour cogiter.

Par contre, si on lui donnait une paroi rocheuse escarpée à escalader, il était partant pour respirer le bon air de la montagne toute la journée. Il adorait le défi que représentait le fait de se balancer dans les airs sur la façade d’un rocher, presque autant qu’il aimait la poussée d’adrénaline qu’il ressentait en travaillant aux urgences.

Mais cette journée n’allait pas être amusante. Leur petite réunion avait à voir avec la mort de sa mère et la dévastation qui avait suivi.

Il se gorgea de l’odeur des biscuits, de la citronnade et du désodorisant aux pins qui l’entourait.

— Tenez, les garçons, dit Mme Klasky en posant un verre de citronnade devant lui et Derek.

Mitchell en prit une gorgée. Fraîche. Acide. Parfaite.

— Merci.

Du jus de citron pressé et du vrai sucre, comme celle de sa mère.

La sonnette retentit et leur hôtesse s’excusa.

— Ça doit être Chance.

Elle disparut et revint avec son frère Chance, fraîchement devenu avocat, un an après la fin de ses études de Droit. Chance portait un costume-cravate, ce qui aida Mitchell à ne pas avoir l’impression d’être le docteur coincé de la table. Chance aimait la ville presque autant que Mitchell, mais pour des raisons différentes. Chance avait l’esprit pratique. Il aimait être à proximité des restaurants et de son bureau. Mitchell se fichait de tous ces trucs, il avait simplement besoin du bruit environnant pour réussir à dormir.

— Chance.

Derek se leva de sa chaise en bout de table et prit le nouvel arrivant dans ses bras.

— Salut, loser.

Après une étreinte rapide, Chance donna une tape sur l’épaule de Derek. Jake et Mitchell attendirent leur tour.

— Tu es le retardataire, comme d’habitude, dit Jake.

Il souleva Chance du sol comme s’il s’agissait d’une petite fille. Les deux plus jeunes, Jake et Chance, étaient très proches, et Mitchell eut un sourire en coin en regardant les pitreries de Jake. C’était bon d’être tous ensemble. Toujours.

— Et tu sens toujours la bouse de vache et le foin, dit Chance en riant.

Jake ne se laissa pas faire :

— T’es dur, mon frère. Mais toi, tu sens comme quelqu’un qui se ferait essuyer les fesses par un employé de salle de bains avec une lingette parfumée. Tu te transformes en l’un de ces métrosexuels de la ville ?

Jake reposa Chance et Mitchell répondit à sa place :

— Nan, mon pote. Ça, c’est moi.

Il sourit et attrapa Chance par les épaules.

Chance se tenait là en costume, et comme d’habitude, il était le seul à porter une cravate. Même M. Klasky, l’avocat octogénaire de leur mère, portait un pantalon beige et un polo.

— Maintenant que vous êtes tous là, nous allons pouvoir commencer.

M. Klasky fit rouler une petite télévision avec un vieux magnétoscope. Jake sortit une chaise et Chance s’assit à la table de la cuisine et tira sur sa cravate. Il venait de commencer à travailler pour un cabinet d’avocats renommés. Le pauvre travaillait presque autant que Mitchell à son poste de résident en deuxième année.

Ils remercièrent tous Mme Klasky avec respect lorsqu’elle leur servit de la citronnade et un plateau de biscuits aux pépites de chocolat, comme elle le faisait depuis qu’ils étaient à l’école primaire. Elle donna une petite tape sur la joue de Derek quand elle passa devant lui, et Mitchell cacha son sourire derrière sa main. Derek lui donna un coup de pied sous la table.

Mme Klasky reposa le plateau de biscuits sur le plan de travail, et alla prendre place contre le mur. Jake lui proposa sa chaise, mais elle agita les mains.

— Vous voudrez être assis pour ce qui va suivre.

— Sauf votre respect, Monsieur Klasky, le patrimoine de notre mère a déjà été réparti il y a des mois, lorsqu’elle est tombée malade, dit Chance.

Mitchell se contenta de s’enfoncer dans son siège et d’attendre, le pouls battant à cent l’heure. Que mijotait M. Klasky ?

— Oui. Oui. Je sais.

Le vieillard se pencha en avant et chercha une prise sur le mur pour pouvoir y brancher sa télévision qui datait de Mathusalem. Dans le salon au-dessus de la grange, ils avaient eu une vieille télé à deux antennes et un magnétoscope similaire. Il avait regardé Jurassic Park et des films de super héros pendant des heures en sirotant son coca et en mangeant des chocolats volés dans le garde-manger de sa mère. C’était un miracle qu’il n’ait pas perdu toutes ses dents avant l’âge de douze ans.

— Alors que faisons-nous là ? demanda Chance en alternant les regards entre M. Klasky, qui avait enfin trouvé une prise, et sa femme, qui lui jeta un regard noir et haussa un sourcil jusqu’à ce qu’il ajoute : Monsieur.

M. Klasky se redressa et se frotta les mains, comme s’il était impatient de leur faire une surprise ahurissante. Derek se tortilla dans sa chaise et pianota sur la table. Derek détestait les surprises.

— Bon, les garçons. J’ai promis à votre mère de tous vous réunir ici aujourd’hui, six semaines après sa disparition, que Dieu ait son âme.

— Mais pourquoi ? Tout est réglé, dit Chance en mode avocat, penché en avant.

— Pas tout, dit Mme Klasky en sortant quatre enveloppes de la poche de son tablier.

Toutes avaient l’air de pouvoir contenir une grande carte d’anniversaire. Elle marcha jusqu’à la table et en donna une à Mitchell et une à chacun de ses frères.

— Ne les ouvrez pas encore, dit-elle. Vous devez d’abord regarder la vidéo.

Celle de Chance était verte, sans doute à cause de son obsession pour l’Incroyable Hulk. Celle de Jake était blanche et unie. Et celle de Derek ? M. cuir noir et tatouages tenait une enveloppe jaune vif.

Mitchell baissa les yeux sur la sienne. L’enveloppe était d’un rouge délavé, mais l’écriture caractéristique de sa mère figurait à l’extérieur. Il ignorait ce qui se trouvait à l’intérieur, mais quoi que ce soit, cela lui faisait mal à la poitrine et lui piquait les yeux. Il cligna des paupières pour chasser cette sensation et se concentra plutôt sur l’arrière de la tête de Derek. Merde. C’était bien le genre de leur mère de leur faire un coup pareil depuis la tombe. Elle avait toujours eu un coup d’avance sur eux. Toujours. Elle savait toujours ce que vivaient ses fils, parfois même avant eux.

— Nom de Dieu, dit Jake en s’enfonçant dans son siège avant de se mettre à se tapoter le genou avec son chapeau de cow-boy, ce qui indiquait qu’il était sur le point d’exploser.

M. Klasky fourra une vieille cassette VHS dans le magnétoscope et l’écran enneigé devint noir durant quelques secondes. La vieille cassette se mit à ronronner quand elle commença à tourner.

Mitchell se pencha en avant avec un sourire, les coudes sur la table. Ça devenait intéressant, et sa curiosité avait été attisée. Il était étrangement fier que sa mère ait eu le courage et l’amour nécessaires pour tous les réunir ici, quelle qu’en soit la raison...

Son sourire s’effaça lorsque la voix de sa mère se mit à résonner dans les vieilles enceintes de la télé. La vidéo fit un drôle de bruit de frappement alors que l’image de sa mère se penchait en avant pour vérifier que la caméra tournait. Satisfaite, elle hocha la tête d’un mouvement bref, puis s’assit dans une chaise placée de manière à ce que son visage emplisse le petit écran.

Ça alors. Elle était jeune. Et en bonne santé, la pâleur grisâtre et maladive de ses joues envolée. C’était ainsi qu’il se souvenait d’elle, et cela lui faisait aussi mal que cela le rendait heureux.

— Bonjour, mes garçons adorés. Je vais enregistrer cette vidéo et la donner à M. Klasky au cas où il m’arriverait quelque chose. Je n’ai pas l’intention de disparaître, mais si ça arrive, je veux que vous sachiez que je vous aimais plus que tout et que j’ai toujours été fière, chaque jour, d’être votre mère.

Jake renifla et se détourna. Derek était assis comme une statue et Chance retenait son souffle. Mitchell tendait l’oreille. Il ne voulait pas rater le moindre mot, sourire, ou soupir. Elle lui manquait tellement, et la voir comme ça, c’était comme s’il pouvait la récupérer, même si cela ne durait qu’une minute.

— Vous savez que je vous ai toujours encouragés à suivre vos cœurs. Suivez vos rêves, je vous dis. Eh bien, j’ai beaucoup pensé à ça cette année. Derek a quatorze ans, à présent, et je vois que ça arrive déjà.

« La vie va vous rattraper, et vous voler vos rêves. Je le sais. Le monde réel est dur et sans pitié. Les petits garçons ne peuvent plus rêver. Ils doivent être des hommes. Le monde attendra de vous que vous soyez durs. Et je sais que vous pouvez être coriaces. Vous tous. Je sais ce que vous avez vécu. Vous êtes nés dans un monde difficile. J’ai essayé de vous montrer une vie différente, mais j’ai peur. J’ai peur que vous grandissiez et oubliiez qui vous êtes vraiment. Je ne veux pas que vous oubliiez vos rêves.

« Alors, j’ai fait quelque chose d’un peu fou. Vous vous en souviendrez peut-être, ou peut-être pas, mais le jour de mon anniversaire il y a quelques années, je vous ai tous demandé d’écrire une lettre particulière...

Le rire de sa mère emplit la cuisine silencieuse, et Mitchell lui rendit son sourire. Bon sang, elle lui manquait. Ce rire. Même quand il était envahi par les idées noires, ce rire lui avait toujours donné l’impression que tout s’arrangerait.

— Je vais demander à M. Klasky de garder ces enveloppes un moment. Un jour, je mourrai. J’aurai peut-être quatre-vingt-dix ans, peut-être pas, mais si je meurs et que vous avez besoin qu’on vous le rappelle, il vous dira qui vous êtes vraiment.

Son expression malicieuse et sûre d’elle disparut, remplacée par un air sérieux. Elle se pencha en avant jusqu’à ce que son visage emplisse tout l’écran.

— Je vous aime. Tous autant que vous êtes. Et vous m’avez tous fait une promesse, il y a toutes ces années. Et morte ou vivante, je souhaite que vous la teniez.

Elle renversa la tête en arrière et s’esclaffa, les yeux de nouveau étincelants. Oh, elle savait qu’elle avait gagné. Elle était morte, et ses fils ne pouvaient plus la contredire. Impossible de trouver une parade, de geindre, de nier. Elle les tenait, et elle le savait. Toutes ces années plus tôt, lorsqu’elle avait enregistré cette vidéo, elle avait su que ses fils garderaient leurs promesses, parce que c’était ainsi qu’elle les avait élevés.

— Morte ou vivante. Elle est bien bonne, non ? Je vous aime ? N’oubliez pas qui vous étiez destinés à être. Ouvrez vos enveloppes, maintenant. Lisez-les. Et par-dessus tout, souvenez-vous de la raison pour laquelle vous les avez écrites. Tenez vos promesses. Je vous aime, et vous savez que je vous regarde.

Ils restèrent assis dans un silence hébété, et Mitchell passa le bout de ses doigts tremblants sur l’encre dont sa mère s’était servie pour écrire son nom.

Qu’allait-il faire ? Il n’avait jamais rompu une promesse faite à sa mère ou à ses frères. Jamais. Et il n’avait pas l’intention de commencer maintenant. Le fait qu’elle soit morte rendait son déni dix fois pire. Ça n’aurait pas dû lui importer, et pourtant si. Quelque chose vint lui peser sur le cœur, comme si on lui avait versé un seau d’eau glacée dans la poitrine.

Il n’avait pas besoin d’une liste de vœux, plus maintenant. Les dés avaient été jetés. Il avait déjà accompli tout ce qui était écrit sur la carte. Il était chirurgien. Il avait une vie, des responsabilités, et un prêt étudiant astronomique à rembourser. Il avait la voiture, ou presque. Et le chien ? Eh bien, ce n’était pas compatible avec la vie qu’il menait. Le désir naïf du jeune adolescent qui voulait un animal de compagnie ne se mariait pas avec la vie de l’adulte. Il n’était jamais chez lui. Il travaillait cinquante ou soixante heures par semaine.

Mais il entendait la voix de sa mère lui dire de changer les choses, de mener une vie différente, de trouver un moyen. De s’arrêter pour renifler les roses. Mais il ne voyait pas comment ce serait possible. Pas pour le moment. Peut-être même jamais.

Chapitre Un

Six mois plus tard

Jessica Finley se donna de petits coups sur le front avec le rebord de son portable et tenta de ne pas se noyer dans l’inquiétude qui lui serrait la poitrine et lui faisait mal à la tête. Quelque chose clochait, elle le sentait. Elle le sentait toujours, lorsque son frère jumeau avait des ennuis. Elle était incapable d’expliquer le pourquoi du comment, mais elle le savait.

Et le fait qu’elle soit en train de se promener en boxer rose, un débardeur vieux de cinq ans et sans chaussure n’arrangeait pas les choses. Bon sang, une heure plus tôt, elle dormait. Une heure plus tôt, elle n’était pas non plus en train de lutter pour ne pas vomir les nems et le poulet kung pao qu’elle avait commandés.

Elle retourna son portable et lui envoya un nouveau message. Il lui avait dit qu’il rentrait à minuit. Il avait une interview avec une radio du coin à six heures du matin. Et si son frère avait une qualité, c’était son professionnalisme. Il s’était démené pour que son groupe connaisse le succès, et il jurait qu’il ne ferait jamais rien pour mettre cela en péril. Trois ans de tournées, de fêtes et de folies en tout genre, et il avait toujours tenu parole. Sauf aujourd’hui.

Il est 2 h 03. C’est pas drôle. Appelle-moi.

Pas de réponse. Son cœur lui tambourinait dans la poitrine, et à côté d’elle, Eddie gémit. Le chien mi-grand danois, mi-pitbull de soixante kilos était tacheté de noir et de blanc, comme un dalmatien dont les taches auraient été estompées ou un peu comme de la craie sur un tableau. La sœur d’Eddie, Bella, courait en haletant derrière eux. Elle était mi-pékinois, mi-caniche et pesait cinq kilos, avec une fourrure blanche bouclée, un visage innocent, et le caractère d’un doberman. C’était elle qui faisait la loi à la maison, et Eddie, le gros nounours, la laissait faire.

— Je sais, mon grand, moi aussi, je suis inquiète, dit Jessica en caressant le crâne d’Eddie, ce qui ne lui demanda pas beaucoup d’efforts, étant donné qu’elle mesurait un mètre soixante-cinq et que la tête du chien lui arrivait presque à la taille.

Encore un essai, puis elle commencerait à appeler tout le monde. Tyler était sorti avec Gabriel et les membres du groupe. Quelqu’un devait bien avoir allumé son portable. Et quelqu’un avait intérêt à lui répondre.

2 h 06. T’es saoul ? Défoncé ? Mort dans un fossé ? Arrête de te foutre de moi, petit frère. Tu commences à me faire peur —  et tu sais que ça me rend dingue.

Tyler n’était pas du genre à faire des farces. Il ne lui ferait pas peur sans raison. Il était plus jeune qu’elle de sept minutes, et elle avait passé toute leur vie à le lui rappeler. Il était le seul membre sain d’esprit de sa famille, et encore, ça dépendait des jours.

Son téléphone sonna, le son tellement fort qu’elle faillit laisser tomber l’appareil. Elle se débattit pour l’empêcher de s’écraser par terre, plus inquiète que jamais, car il ne s’agissait pas de la sonnerie de son frère. Non, le son qui résonnait dans sa cuisine était la sonnerie par défaut, à plein volume.

Toutes les personnes qu’elle connaissait personnellement, tous ses amis, ses proches, ses collègues avaient une sonnerie personnalisée.

Tremblante, elle retourna son téléphone pour voir le numéro qui s’affichait.

Un hôpital.

Merde. Merde. Merde.

Elle passa le doigt sur l’écran et porta le téléphone à son oreille.

— Allô ?

— Bonjour. Je voudrais parler à Jessica Finley.

— Oui, c’est moi.

Jessica se pencha et se servit du vieux plan de travail brun moucheté pour garder l’équilibre. Ça devait être grave. Très grave.

— Mademoiselle Finley, veuillez m’excuser d’appeler si tard. Je suis l’infirmière Sandoval, et je travaille ici, au service des urgences du Rocky Mountain Memorial Hospital. Je vous appelle, parce que vous figurez sur la liste des personnes à prévenir en cas d’urgence sur le téléphone de Tyler Travis.

— Oh mon Dieu.

Elle abandonna l’idée de rester debout et se retourna. Son dos glissa le long des placards et elle atterrit avec un bruit sourd sur le carrelage froid. Eddie et Bella firent immédiatement la queue pour lui grimper sur les genoux. Bella se plaça entre ses jambes, et Jessica s’accrocha à l’énorme tête d’Eddie comme à une bouée de sauvetage.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Que lui est-il arrivé ?

— Je vous en prie, ne paniquez pas, Mademoiselle Finley. Il est examiné en traumatologie en ce moment même. Il a eu un accident de voiture. Il est vivant et parle avec notre équipe. C’est tout ce que je peux vous dire pour l’instant. Le Dr Walker est avec lui. Il pourra vous en dire plus sur l’état de M. Travis à votre arrivée.

— Attendez ! L’infirmière était sur le point de raccrocher, et Jessica sentit le silence s’éterniser alors que Mme Sandoval attendait qu’elle dise ce qu’elle avait à dire et qu’elle la laisse retourner à sa paperasse, à ses patients, ou à la prochaine famille paniquée qu’elle allait devoir appeler.

— Tyler était avec son demi-frère, Gabriel Castillo ? Est-ce qu’il est là, lui aussi ? Il était dans la voiture ?

L’infirmière s’éclaircit la gorge.

— Un instant. Je vais me renseigner.

Elle eut le toupet de mettre Jessica en attente pendant une éternité, et une voix joyeuse à la con retentit dans le combiné pour lui parler du centre de mammographie, de leur super maternité et de leur service de cardiologie imbattable. Jess avait envie de balancer le téléphone à travers la pièce, mais elle s’abstint. Elle resta plutôt assise et écouta tout l’enregistrement — deux fois —avant que l’infirmière ne revienne à l’autre bout du fil. Jess entendit quelqu’un prendre le combiné, et son cœur sembla s’arrêter.

— Mademoiselle Finley ?

— Oui.

— Je n’ai pas l’autorisation de vous donner des informations sur M. Castillo, sauf si vous êtes de sa famille ?

— Oui. C’est mon frère.

Son demi-frère, et un sacré emmerdeur, mais l’infirmière zélée n’avait pas besoin de le savoir.

— Il était également dans l’accident, et il arrivera ici dans dix minutes.

— Quoi ?

Comment était-ce possible ?

— Mais, je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que Tyler est là sans Gabriel, s’ils étaient tous les deux dans l’accident ?

— M. Travis a été emmené par hélicoptère, Mademoiselle Finley. L’ambulance qui conduit M. Castillo devrait arriver dans dix minutes.

— Merci.

Elle raccrocha et serra Eddie dans ses bras pendant cinq secondes. Ils avaient fait venir Tyler par hélicoptère dans l’un des meilleurs hôpitaux du pays ? C’était mauvais signe. Très mauvais signe.

Allait-il mourir ? Avait-il toujours tous ses membres ? Pouvait-il marcher ? Avait-il des os cassés ? Le crâne fracturé ? Sa tête avait-elle heurté le volant tellement fort qu’il était devenu amnésique et ne la reconnaîtrait pas quand elle irait le voir ?

— La ferme, Jess.

Elle ne parlait pas toute seule, pas vraiment. En tant que journaliste indépendante, spécialiste de la rubrique culture, elle écrivait beaucoup d’articles sans substance sur un nombre incalculable de célébrités dont elle n’avait que faire, et beaucoup d’articles recherchés sur les artistes qu’elle aimait.

Elle courut dans sa chambre et enfila les vêtements qu’elle avait laissés tomber sur le sol moins de trois heures plus tôt, un vieux jogging noir et or des Buffaloes du Colorado, un tee-shirt acheté dans sa boutique d’encens préférée sur Pearl Street à Boulder, et une paire de sandales qui dévoilaient son nouveau vernis à ongles vert fluo.

Elle courut jusqu’au plan de travail pour attraper son sac à main et ses clés. Les chiens iraient bien. Ils avaient à manger, à boire, et une trappe assez grande pour qu’un joueur de foot américain puisse s’y glisser. Eddie avait l’air redoutable, mais si un cambrioleur s’introduisait un jour dans la maison, c’était Bella qui lui mordrait les chevilles pendant qu’Eddie irait sans doute lui grimper sur les genoux ou se rouler par terre pour que l’inconnu lui frotte le ventre. Gros bébé.

— Soyez sages, tous les deux. Je reviens.

Elle se rua vers sa voiture électrique vert écume et claqua la portière assez fort pour réveiller les voisins, surtout son amie, Béatrice Brown, la veuve qui vivait juste à côté. À quatre-vingts ans, la vieille dame pétait le feu, elle vivait seule, et ne ratait pas une miette de ce qui se passait dans la rue. C’était comme une équipe de surveillance à elle seule. Et elle faisait les meilleurs muffins maison du monde selon Jessica.

Et pas manqué ! Elle sursauta lorsque la lumière dans la cuisine de la maison voisine s’alluma.

— Désolée, Béa, murmura-t-elle dans le siège conducteur en tremblant comme une feuille.

Elle mit la voiture en marche. Elle n’aurait sans doute pas dû conduire, mais il était hors de question qu’elle reste chez elle, et elle ne voulait pas perdre une demi-heure et appeler un taxi. Les roues avancèrent, et elle appuya sur le frein pour souffler un instant, les mains sur le volant, pour essayer de se calmer suffisamment et pour ne pas se tuer au cours du trajet de dix minutes jusqu’à l’hôpital. Ce n’était pas loin. Il était tard. Les routes seraient dégagées. Pas vrai ?

Elle quitta l’allée, la gorge serrée. Elle ignorait complètement qui était ce Dr Walker, mais il avait intérêt à être doué. Il avait intérêt à être un génie de la médecine.

Il avait intérêt à être exactement comme son père, le Dr Richard Travis, un neurochirurgien qui avait également un doctorat en chimie. Le Dr Walker avait intérêt à être un putain de virtuose, et il avait intérêt à ne pas commettre la moindre erreur. Si quelque chose arrivait à son frère, le précieux fils sacré du Dr Richard Travis, son seul fils biologique, son père prendrait le premier avion en provenance de New York pour botter les fesses du Dr Walker.

Le fait d’imaginer que ce fameux Dr Walker s’occupait de son frère l’aida à se détendre pendant qu’elle conduisait. Elle l’imaginait âgé et raffiné, avec des yeux gris sérieux et des cheveux argentés. Il serait calme et sûr de lui, discret, mais en pleine maîtrise. Il le fallait, car c’était la seule pensée qui permettrait à Jessica d’arriver à l’hôpital en un seul morceau.

Quelques minutes plus tard, elle entra dans le parking, suivit les panneaux qui menaient aux urgences, et attendit patiemment que le vigile la laisse passer par les portes vitrées verrouillées. Depuis l’endroit où elle se trouvait, elle arrivait à voir la salle d’attente et le bureau des infirmières. Elle se demanda laquelle d’entre elles était la femme efficace qui l’avait appelée.

D’un pas lourd, elle alla présenter sa carte d’identité au vigile, qui semblait s’ennuyer ferme.

— Mon frère est aux urgences. L’infirmière Sandoval m’a appelée.

Il la dévisagea par-dessus sa carte d’identité, la lui rendit, et appuya sur un bouton. Les portes s’ouvrirent dans un souffle, et il lui fit signe d’entrer.

— Le bureau des infirmières est en face à droite.

— Merci.

La tête baissée, elle entra dans le hall presque vide. Un homme âgé parlait à ses enfants adultes. Jessica les entendit évoquer une crise cardiaque, et Jessica en déduisit que leur mère devait se trouver quelque part ici. Un jeune homme était assis, la main enveloppée dans un torchon ensanglanté. Il semblait avoir une entaille, pas trop grave, ce qui signifiait qu’il n’était pas prioritaire, par rapport à une victime d’accident déjà sur les lieux et une deuxième en chemin. Tout compte fait, l’endroit n’était pas trop déplaisant, pour un samedi à deux heures du matin.

Seule une infirmière était assise à l’accueil, et trois autres s’agitaient comme des abeilles dans leur ruche. Elle entendait des voix étouffées, mais empressées dans le couloir, mais elle ne comprenait pas ce qu’elles se disaient. Tyler se trouvait-il dans cette pièce, derrière un rideau ?

— Je peux vous aider ? demanda l’infirmière, et Jessica était tellement accaparée par la conversation qu’elle tentait de déchiffrer qu’elle sursauta.

Elle prit une grande inspiration et s’avança jusqu’à l’accueil.

— Je suis Jessica Finley. L’infirmière Sandoval m’a appelée à propos de mon frère, Tyler Travis.

— Humm. Un instant.

L’infirmière était d’origine hispanique, avec de sublimes cheveux noirs tressés et une peau épargnée par les rides. Elle avait la quarantaine ; et elle semblait savoir ce qu’elle faisait. Jessica savait que les infirmières accomplies étaient bien meilleures que les nouveaux médecins.

— Vous êtes l’infirmière Sandoval ? demanda-t-elle en se penchant pour essayer de lire le nom de la femme sur son badge, mais l’écran de l’ordinateur lui cachait la vue.

— Oui. Attendez, dit l’infirmière en consultant quelques tableaux et notes manuscrites. Votre frère Gabriel va arriver d’une minute à l’autre. Je n’ai pas d’informations le concernant, à part que les ambulanciers ont appelé pour dire qu’il était dans un état stable.

Jessica sentit une partie de la tension qui l’habitait la quitter. Un frère de sauvé, il n’en restait qu’un autre.

— Et Tyler ?

— Tyler Travis dit l’infirmière en sortant un tableau médical d’un fichier situé à côté d’elle.

Jessica acquiesça. Les yeux marron foncé de l’infirmière se firent plus doux, et elle leva le regard, la tête penchée sur le côté. Jessica connaissait cette expression. Avec les parents qu’elle avait eus, elle avait passé assez de temps en présence de personnel médical pour écrire un manuel sur le sujet. Elle connaissait ce regard.

— Quel est le problème avec mon frère ?

— Je n’ai pas de détails. Il a été conduit au bloc opératoire. La salle d’attente est au premier étage. Je vais les appeler pour les prévenir de votre arrivée.

Chapitre Deux

Mitchell trouva la source du saignement sur la rate de son patient et pinça la zone entre le pouce et l’index.

— La pince.

L’infirmière à sa droite était nouvelle, et il ne connaissait pas son nom. Il s’en fichait, pour le moment en tout cas. Un homme de vingt-cinq ans était en train de se vider de son sang sur la table d’opération. Il était temps de se mettre au travail. De se prendre pour Dieu et de tromper la mort. De faire ce qu’il adorait par-dessus tout.

— Aspirez. Plus. Je ne vois rien du tout.

L’infirmière en face de lui, Brenda, travaillait déjà là avant qu’il ne soit né ; elle mit de l’ordre dans les organes du patient, avec aisance, afin de permettre à Mitchell d’avoir une meilleure visibilité. Lorsque la cavité abdominale cessa de se remplir de sang rouge vif, il poussa un soupir et se mit au travail. Ce type n’avait pas besoin de rate. Plus maintenant. Pas s’il voulait passer la nuit.

Ses reins en avaient pris un coup, et il avait sans doute un traumatisme crânien. La ceinture qui lui avait probablement sauvé la vie lui avait également comprimé l’abdomen. Mitchell espérait que le patient ne finirait pas avec une nécrose de l’intestin, mais seul le temps le dirait. Il allait falloir le garder en observation quelques jours.

— Sa tension se stabilise. Je crois que l’hémorragie est contenue, dit l’infirmière anesthésiste, elle lui sourit lorsqu’il leva les yeux vers elle et il hocha la tête.

Elle s’appelait Sylvia, était divorcée, avait huit ans de plus que lui, et elle lui avait très clairement fait comprendre à de nombreuses reprises qu’elle serait ravie de l’accueillir dans son lit.

— Tant mieux, répondit-il. Et je ne vois rien d’autre. Brenda ?

Il attendit alors que l’infirmière expérimentée, penchée sur les entrailles du patient, passe sa pompe aspirante, à la recherche d’autres saignements. Elle était douée. Très douée. Elle avait plus de deux décennies d’expérience en chirurgie traumatique et le médecin qui avait formé Mitchell lui avait appris très tôt à respecter cela. Quand il fallait sauver des vies, il n’y avait pas de place pour la compétition ou pour les prises de bec. Les bonnes infirmières étaient précieuses. Extrêmement précieuses.

— Je pense que c’est bon, déclara Brenda en levant la tête vers une infirmière, qui se trouvait à l’autre bout de la pièce, occupée à prendre du matériel et à noter tout ce qu’ils avaient utilisé. Commence le décompte, Deb, sinon on va rester là toute la nuit.

— Ça marche.

Deb avait l’air jeune, mais Mitchell ignorait complètement qui elle était. Elle devait être nouvelle. Comme on venait de lui demander, elle se mit à compter chaque morceau de gaze, chaque pince, chaque aiguille, chaque instrument et chaque serviette qu’ils avaient utilisés. Les seaux étaient pleins de gaze ensanglantée. Au cours des heures précédentes, le patient avait nécessité deux unités de sang et trois doses de chlorure de sodium. Tout devait être compté pour qu’il ne retrouve pas une surprise dans le ventre du patient et qu’il ne soit pas obligé de l’ouvrir à nouveau. Ce genre de chose n’avait pas tendance à se dissoudre dans le corps humain.

Mitchell prit une grande inspiration et se détendit pour la première fois depuis que le jeune homme aux cheveux blonds avait été amené à l’hôpital par hélicoptère. Les effets secondaires de sa poussée d’adrénaline commencèrent à l’affecter, et il savait que s’il ne se dépêchait pas de finir, il passerait les prochaines heures à avoir mal aux pieds, à avoir la bouche pâteuse et la nuque bloquée pendant une semaine.

Il passa une demi-heure supplémentaire à s’assurer que tout était en ordre et se mit à recoudre quelques entailles au foie, ce qui était sans doute inutile, mais Mitchell n’aimait pas prendre de risques. Jamais. Lorsqu’il demanda l’agrafeuse, Brenda l’aida à maintenir en place les bords du ventre de l’homme, puis il trouait la peau du patient avec assez d’acier pour le faire ressembler à une fermeture éclair sur pattes. Il aurait une énorme cicatrice du sternum au pubis, mais il survivrait.

— Beau travail, Docteur, dit Brenda.