Le réveil de Gallja - Tome 2 - L. S. Martins - E-Book

Le réveil de Gallja - Tome 2 E-Book

L. S. Martins

0,0

Beschreibung

Gallja est une planète rongée par l’Obscurité, dévastée par la guerre, hantée par des monstres terrifiants et peuplée de fantômes agonisants. Mais tout espoir n’est pas vain.

Guidée par la magie et des créatures ancestrales, Sarah devra déjouer les pièges de leur terrible ennemi : Aegnor. Ses combats lui permettront de rencontrer des êtres puissants, de forger des alliances et de libérer les peuples démunis.



À PROPOS DE L'AUTRICE


Nichée dans les paisibles montagnes du massif de Belledonne, L. S. Martins est une geek dans l’âme. Enfant des années 90, elle a connu la révolution d’Internet et l’évolution de l’ordinateur. Sa curiosité l’a poussé à mettre les mains dans la machine et la matrice et elle a adoré.

Ce n’est qu’en 2019, qu’elle décide de tout quitter pour assouvir une autre passion : l’écriture. Sa plume vous transporte dans des univers fantastiques, sombres et magiques. Et aux côtés de Sarah, héroïne de la saga "Le réveil de Gallja", L. S. Martins réalise enfin son rêve : devenir un auteur à part entière. 


Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 283

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Le réveil de Gallja

Partie 2 - À la découverte d’un nouveau monde

De : L. S. Martins

© 2023 — L. S. Martins

 

www.lsmartinsunivers.com

 

ISBN (Livre) : 978-2-38625-011-8

ISBN (Ebooks) : 978-2-38625-012-5

 

 

Correction : Alexandra FRAY

Mise en page : L. S. Martins

Couverture : Audrey LUCIDO

Illustration couverture : Audrey LUCIDO

 

Retrouvez toutes mes actualités sur les réseaux :

Facebook.com/LSMartinsAuteur

Instagram.com/l.s.martins_auteur/

 

 

 

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Lorsque trois coups de tonnerre retentiront,

Dans le noir, tous les mondes basculeront.

Mi-d’ailleurs, mi-d’ici,

De ses cendres, elle reprendra vie.

 

Lorsque trois coups de tonnerre retentiront,

Toutes vos peurs se réveilleront.

Mi-d’ici, mi-d’ailleurs,

Elle sera votre sauveur.

I

Gallja… La planète d’origine des Gardiens. Envahie des siècles auparavant par l’obscurité, elle fut dévastée par des guerres sanglantes avant d’être abandonnée par les quelques survivants. À présent, elle était hantée par de terribles fantômes du passé : désespoir, horreur et colère. Trois spectres qui m’assaillirent à l’instant même où je posai le pied sur son sol mort.

J’errais à travers les ruines de ce qui me semblait être l’une des forêts du peuple Faelis. L’une de celles que j’avais tant admirées chez Spinner, dans ce gigantesque couloir décoré de centaines de peintures que je ne reverrai sans doute plus jamais. Des tableaux hauts en couleur, éclatants, vivants.

Le paysage n’était plus qu’un dégradé de noirs, éclairé par une lumière blafarde provenant du seul astre visible : une lune pâle maculée de rouge. Il ne restait rien de ce joyau de verdure enluminé. Rien d’autre que ces immenses squelettes de bois brûlé se dressant vers un ciel sombre dépourvu d’étoiles, telles de grandes griffes menaçantes. L’herbe fraîche parsemée de fleurs avait laissé place à une poussière foncée chargée de débris saillants qui craquaient sous mon poids. Toute vie avait disparu.

À chaque pas, je m’enfonçais un peu plus dans ce décor sinistre. J’avançais lentement le long d’un chemin sinueux et terrifiant, éclairé de quelques lanternes accrochées çà et là. Par qui ? Aucune idée, mais leur lueur lugubre contribuait parfaitement à rendre les lieux horrifiques. Quelqu’un d’un tant soit peu sensé aurait fait demi-tour, et pourtant, je ne pouvais m’y résoudre. Le silence angoissant m’enveloppait et m’hypnotisait, m’incitant à m’enfoncer dans ce désert agonisant.

Il n’y avait personne. Pas âme qui vive. Pas même mes compagnons d’ailleurs. Ils n’étaient nulle part, comme s’ils avaient disparu. Comme s’ils m’avaient abandonnée, encore et toujours. Un vent de panique me submergea : il y avait eu un problème. Il ne pouvait en être autrement. C’était la seule explication, l’unique raison pour que Raphaël oublie sa promesse.

Mes genoux se dérobèrent sous moi. Un vertige effroyable me monta du cœur à la tête, une peur incontrôlable qui me fit chavirer. Le visage sur la terre humide et pourrissante, je laissai couler mes pleurs. Je lâchai mes armes pour mieux me recroqueviller sur moi-même. Tout espoir était vain. Tout espoir était mort. Lutter était inutile. Seule, je n’arriverai à rien. Seule, j’étais perdue.

L’image de ma mère allongée sur le sol me revint brutalement en mémoire : son teint livide, son regard triste et vide, son sang imprégnant lentement son poncho. Elle n’avait probablement pas réchappé à l’attaque de Gallir et je n’avais pas été présente pour elle. Je n’avais pas pu lui dire adieu. Pour la seconde fois…

Ressaisis-toi ! Elle a très bien pu survivre et avoir besoin de soins. Voilà pourquoi personne ne t’a attendue ! Rester à découvert avec un ou plusieurs blessés n’était pas la meilleure chose à faire. Je n’avais pas le droit de m’apitoyer sur mon sort et de me vautrer ici. Pas après tout ce que je venais de vivre. Je devais prendre sur moi et me relever. Me bouger les fesses et les retrouver. Ils ne devaient pas être très loin.

― Bienvenue, Tinúviel…

Cette intrusion dans mes pensées me fit sursauter. Une voix étrangère, et pourtant familière, résonnait en moi. Une voix pareille à des milliers de murmures, empreinte d’une grande sagesse teintée de mélancolie, qui ne pouvait appartenir qu’à un seul être.

― Gallja ?
― Oui, mon enfant… Je t’attendais…

Elle m’attendait ? Comment le pouvait-elle ? J’ignorais encore, quelques heures avant, que je foulerais sa surface. Mes idées s’emballèrent en un tourbillon de confusion. Je savais que je devais me méfier, ne pas accorder ma confiance à cet être, mais ma fameuse et infaillible intuition me dictait le contraire.

― Calme-toi, Tinúviel. Tu dois rejoindre tes amis. Ils ont trouvé refuge dans mes entrailles, sous un vieil arbre, le plus ancien de la cité Furilis.
― Je… que…
― Tu n’as pas de temps à perdre. Suis ma magie, elle te conduira directement à eux.

Soudain, deux feux follets d’un bleu étincelant apparurent. Je les regardais tristement danser, faire des allers-retours en ma direction, comme s’ils attendaient quelque chose de ma part. Devant cette valse hypnotique, mon esprit retrouva peu à peu son calme et ma solitude me parut cruellement douloureuse. Gallja venait de rompre le contact.

Tel un pantin désarticulé, sans volonté, je me laissai guider à travers les ombres inquiétantes, sans opposer la moindre résistance, la moindre objection. Le cœur aussi lourd que l’atmosphère, les méninges aussi embrumées que les environs.

À cet instant précis, alors que je ne fuyais que ma déréliction, je ne pus m’empêcher de me comparer à cette pauvre idiote de Blanche-Neige tentant d’échapper au chasseur. J’avançais péniblement, terrassée par l’impression insoutenable d’être épiée. Mais à la différence de notre princesse, il y avait très peu de risques que je me réveille au petit matin, fraîche et jolie, entourée de merveilleuses petites créatures. J’avais plus de chance de tomber nez à nez avec un monstre à la gueule béante et aux griffes acérées.

Après une marche éreintante sur ce sentier escarpé, j’aperçus une ombre gigantesque qui surplombait la forêt. Celle d’un immense tronc noueux totalement nu. Celle d’un arbre difforme qui semblait s’être contorsionné de douleur avant de rendre son dernier souffle. Était-ce celui que je cherchais ? Celui sous lequel mes amis avaient trouvé refuge ?

En m’approchant, je distinguai entre ses imposantes racines, dissimulé sous un épais tapis de feuilles mortes, un passage obscur et très étroit. Les feux follets s’y étaient déjà engouffrés, laissant derrière eux un faible rayon lumineux qui s’estompa peu à peu. Très rapidement, je me trouvai à nouveau esseulée dans une lugubre pénombre.

Je restai quelques secondes immobile, hésitante, apeurée, rassemblant le peu de courage en moi pour me lancer à la poursuite de mes guides. Quelques secondes salutaires pour prendre du recul sur cette folle situation. Je ne m’étais posé aucune question. J’avais obéi aveuglément à cette voix qui aurait tout aussi bien pu appartenir à notre ennemi. Je ne m’étais pas méfiée et m’étais montrée, une fois de plus, imprudente. À présent, impossible de rebrousser chemin, pas sans aide. Deux options s’offraient à moi : attendre ici ou m’enfoncer dans ce trou. Et contre toute attente, je choisis la seconde.

***

Tel un automate, j’avançais sans faire plus attention à ce qui m’entourait. Le défilé de roches et de racines avait fini par me lasser après la première heure à errer dans ces profondeurs. Depuis, je marchais, les yeux fixés sur les deux lueurs qui virevoltaient au loin, les mains ensanglantées d’avoir tant trébuché. J’étais perdue dans une galerie sans fond et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Je m’étais, une fois de plus, fiée à mon instinct, sans m’en remettre à la logique. J’avais l’intime conviction d’être en parfaite sécurité, mais tout ceci pouvait être une illusion, une tromperie magnifiquement instrumentée par Aegnor.

Les doutes et les questionnements tournaient sans cesse dans ma tête. Je me noyais dans une mer d’incertitudes et de suspicions, si bien que je ne remarquai pas tout de suite que j’étais enfin arrivée. La galerie s’ouvrait sur une vaste pièce lumineuse dans laquelle une scène bien singulière se jouait : des êtres petits et fluets couraient dans tous les sens, sous les ordres d’un chef d’orchestre brun à la peau si blanche que l’on aurait pu la croire transparente. J’observais, curieuse, ce ballet désordonné quand j’aperçus Spinner et Zack un peu à l’écart de ce chaos. Ils discutaient avec ce qui devait être un médecin d’après son apparence : minuscules lunettes posées sur le nez, une grande blouse en guise d’uniforme et un livre poussiéreux à la main.

Non loin, je reconnus mon père. Il était assis aux côtés d’un corps allongé sur un lit de fortune. Ma mère, probablement. Mais je ne voyais pas Raphaël. Où pouvait-il être ?

Zack fut le premier à me rejoindre. Alors qu’il se précipitait vers moi pour me prendre dans ses bras, je fus choquée par son apparence. Son visage était fermé. Son regard, si lumineux, était sombre et triste. Sa posture, habituellement droite et fière, était voutée. Même le vert de ses yeux paraissait fade et terne.

― Je suis si heureux que tu sois saine et sauve, Sarah. Viens, tu dois te reposer. Tu as l’air épuisée.
― Où est Raphaël ?
― Sur le lit, juste à côté de ta mère. Ils sont tous deux en vie, mais ils ont besoin de soins. Les médecins de la cité s’occupent d’eux.
― Que s’est-il passé ?
― Raphaël a été blessé juste avant de traverser la faille…
― Pousse-toi ! Je veux le voir.
― Ce n’est pas une bonne idée…

Sentant venir la tempête, Zack posa ses mains sur mes joues m’incitant à le regarder dans les yeux. Il me demandait de me calmer, de ne pas perdre le contrôle, il y avait trop de vies en jeu. Mais son discours ne fit qu’attiser ma colère. Mes cheveux se mirent à tournoyer, animés par un vent chaud et humide provenant de la galerie. Avec une force que je ne me connaissais pas, je m’écartai de Zack pour me diriger directement vers le deuxième lit occupé : celui de Raphaël.

Ce fut un véritable choc. Je pensais le trouver avec un bandage inutile autour du torse, son sourire charmeur peint sur son doux visage, prêt à me lancer une de ses répliques machistes, mais je me trompais lourdement. Il était allongé, immobile, inconscient, le front perlé de sueur et la bouche crispée de douleur. Une entaille au niveau de l’abdomen saignait abondamment. Pourquoi n’avait-il pas encore cicatrisé ? Cette blessure me semblait assez bénigne pour le vampire qu’il était. Il avait déjà subi bien pire. Alors…

Je m’installai délicatement à ses côtés et, après avoir déposé un baiser sur ses lèvres sèches, j’entrepris d’étudier sa plaie. Du bout des doigts, je soulevai le pansement rouge-rubis. Une vive douleur me surprit : son sang me brûla, comme si je venais de toucher un objet en argent.

Confuse, je me retournai vers Zack afin de lui demander ce qu’il s’était passé. Ce ne fut qu’à cet instant que je pris conscience de la présence de Spinner. Il se tenait sur une chaise non loin du lit de Raphaël, la tête baissée et l’intérieur de ses poignets couverts de traces carmin.

Il leva alors les yeux vers moi. Ses longs cheveux blonds étaient attachés en un chignon désordonné, révélant ses traits tirés. Il avait perdu son aura puissante et lumineuse et ne dégageait plus que douleur et fatigue. C’était comme s’il avait perdu tout espoir.

Zack s’accroupit devant moi avant de me répondre :

― Nous étions à deux pas de la faille lorsqu’il t’a entendue. Concentré sur votre échange, il n’a pas remarqué la goule qui courait vers lui. Moi-même engagé dans un combat avec une sorcière, je n’ai pas eu le temps de réagir pour le défendre. Elle lui a sauté dessus et lui a déchiré le ventre avec une arme bizarre : la lame, sur la pointe, se séparait en deux et un liquide clair en sortait. De l’argent. Il est entré dans son corps empêchant toute cicatrisation.
― Vous avez essayé de le nourrir ?

Ma voix n’était qu’un murmure, ce qui n’empêcha pas Zack d’entendre ma question.

― Bien sûr, c’est ce que nous avons tenté en premier. Mais c’est sans effet, intervint Spinner. Il se remet aussitôt à saigner. Le métal empoisonne son organisme et la seule chose qui pourrait l’aider serait de pouvoir évacuer l’argent de son sang, mais…
― Mais quoi ? Qu’est-ce que vous attendez ? Qu’il meure ?

J’avais de plus en plus de difficultés à contenir ma colère. Les flammes des milliers de bougies qui éclairaient la pièce se mirent à vaciller. L’air se fit plus lourd, plus pesant. J’étais au bord de l’explosion. J’essayai de me calmer tout en écoutant les explications confuses de l’un des guérisseurs. Aspirer tout son sang et le remplacer par du sang sain. Voilà la seule chose qui pouvait le sauver, mais tout ce qu’ils avaient tenté jusque-là avait échoué.

Sans réfléchir, je me jetai au cou de Raphaël et plantai mes crocs dans sa jugulaire. Ce liquide que j’affectionnai tant habituellement avait un goût des plus désagréables. Chaque gorgée était un véritable supplice. Mon corps entier se contractait, convulsait pour expulser le poison qui s’insinuait en moi. Je le sentais se répandre dans chacune de mes cellules, mais je tins bon. Rien ne me faisait plus souffrir que l’idée de perdre Raphaël.

Mes forces me quittaient au fil des secondes, jusqu’au point où il ne m’était plus possible de maintenir les barrières qui protégeaient mon psychisme des assauts volontaires ou non de toutes les personnes ici présentes. Un nombre incalculable de voix s’insinuèrent dans mon esprit. Parmi elles, celle de mon père, de Zack ou encore de Spinner tentant vainement de me dissuader de continuer. Je n’y prêtais pas attention. Je restais concentrée sur Raphaël. Jamais je n’avais fait une telle chose auparavant : vider un être de tout son sang sans le tuer. Je ne savais pas quand arrêter, mais étrangement, lorsque je sentis son corps se raidir dans mes bras, je compris. Je compris que c’était le signe que j’attendais. Celui qui indiquait que la première étape du processus était terminée et, qu’à présent, il devait se nourrir.

Je saisis ma dague pour m’entailler le poignet et le poser sur ses lèvres. Les premières gouttes ne suffirent pas à réveiller sa soif. Et malgré la grande dose de métal que je venais d’ingérer, je cicatrisais rapidement, preuve qu’il n’avait pas encore fait trop de dégâts dans mon organisme. Il fallut plusieurs tentatives avant qu’il ne trouve la force de me mordre et de boire tout seul.

Je m’allongeai à ses côtés, le plus confortablement possible sur ce minuscule lit. L’argent et le manque de sang m’engourdissaient peu à peu, m’étourdissaient doucement. Mon corps était de plus en plus lourd et douloureux. La pièce tournait tout autour de moi. Les lumières scintillaient et m’aveuglaient.

Les voix s’étaient tues, me laissant enfin tranquille. Que le silence était exquis malgré un bourdonnement sourd à mes oreilles : le bruit étouffé d’aspiration. J’avais l’impression d’être sur un nuage. Un sentiment de paix me réchauffait le cœur, apaisait mon esprit. Ma vie m’échappait, je le sentais et j’étais tiraillée entre l’envie de vivre et celle de profiter de cet état de transe si agréable.

― Raphaël…

Aucune réponse. Il était fermement agrippé à mon poignet et buvait goulûment. Il ne s’arrêterait jamais de lui-même. Je devais le faire lâcher, mais pour cela, il me fallait bouger.

J’ouvris les yeux et pris conscience que nous n’étions plus dans cette grande pièce lumineuse. Les murs n’étaient plus faits de roches brunes. Le lit sur lequel nous étions installés avait disparu. Nous étions tous les deux entourés de racines et de feuilles verdoyantes. Un cocon identique à celui dans lequel je m’étais réveillée pour la première fois à ses côtés, chez Spinner. Où avais-je trouvé la force de créer une telle structure ? Et pourquoi nous avoir isolés ?

― Raphaël… tu m’entends ? Il faut que tu arrêtes… je ne me sens pas bien.

Toujours aucune réaction. Il restait sourd à toutes mes supplications. Alors, dans un dernier effort, je le repoussai m’arrachant la chair et le maintins le plus loin possible, aidée par les racines qui s’enroulèrent autour de lui. Libérée, je me laissai rouler sur le sol avant de m’évanouir.

II

― Tu es folle ! Tu aurais pu mourir ! Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?

Je ne pus m’empêcher de sourire en entendant la voix de Raphaël. Il était vivant et très en colère, me reprochant d’avoir risqué ma vie pour sauver la sienne.

― Bonjour à toi aussi, Raphaël. J’ai bien dormi, merci de demander !
― Très amusant !
― Heureuse de te voir, moi aussi.

Je sortais d’un long sommeil sans rêve, l’esprit tranquille, mais le corps encore engourdi et quelque peu douloureux. On m’avait emmaillotée dans des draps soyeux et installée dans une petite chambre très similaire à celle que j’avais dans la cité des Faelis : une lanterne placée au centre de la pièce ; les veines du quartz décorant les murs et reflétant chaque rayon de la lumière tamisée ; un lit taillé à même la roche. Pourtant, elle me paraissait bien différente : froide et triste.

Je me redressai délicatement pour observer Raphaël, allongé à mes côtés. En douceur, je relevai son haut. Il était guéri. Il ne gardait aucune trace de cette terrible blessure. Rien, sauf une chemise déchirée et tachée. Du bout des doigts, je caressai son torse musclé, comme pour m’assurer que tout cela était bien réel. J’avais réussi. Ma folie avait fini par payer.

Il me sourit, mais son regard était rempli d’inquiétude et de lassitude.

― Comment te sens-tu ?
― Engourdie, mais ça va. Je suis restée inconsciente longtemps ?
― Près de huit heures.
― Huit heures ??

Je voulus me lever, mais il m’incita, d’une main ferme, à me recoucher.

― Ton corps a besoin de plus de repos. Tu aurais pu mourir !

Oui, j’avais failli mourir, mais cela m’était égal. Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. Je pris alors des nouvelles de ma mère, priant pour qu’il ne soit pas trop tard. Pas trop tard pour lui parler, lui dire que je l’aime et peut-être même l’aider à guérir.

― Elle est sévèrement blessée, m’annonça Raphaël d’une voix douce. Son état est préoccupant. Les guérisseurs cherchent une solution, mais leur diagnostic n’est pas très encourageant.
― Je dois la voir.
― OK, mais à une seule condition : promets-moi de ne pas agir bêtement, s’il te plaît.
― Impossible, désolée. Mais je te promets de rester en vie.
― Je suppose que c’est mieux que rien…

Raphaël sauta du lit et vint m’aider à me relever. Mes jambes tremblaient, je tenais à peine debout. Mon corps était encore très faible et mes mouvements difficiles. Peu importe, je ne supportais pas d’être allongée ici, sans rien faire, surtout sachant ma mère mourante.

Marcher me demanda beaucoup d’efforts et, sans le soutien de Raphaël, je n’aurais jamais eu la force de sortir de ma chambre. Ni le cœur. La porte s’ouvrit sur un paysage désolé. Nous nous trouvions dans une grotte souterraine, sombre et humide. Une cachette bien sordide pour une cité en ruine. Du plafond descendaient des racines épaisses et noueuses dans lesquelles des lanternes avaient été accrochées. Une lueur fantomatique tombait sur cette ville désenchantée. Rares étaient les maisons encore intactes. Bon nombre avaient été emportées par des éboulis. D’autres croupissaient sous une végétation pourrissante et s’écroulaient sur elles-mêmes. Quant aux jardins, ils étaient couverts de ronces pourpres aux épines gigantesques. Plus rien d’autre n’y poussait. Que s’était-il passé ? Pourquoi la nature était-elle si fatiguée, presque agonisante ?

Raphaël perçut mon malaise et soulagea ma peine en laissant son aura m’envelopper. Mais, malgré la force qu’il m’apportait, cela ne me semblait pas suffisant. J’avais besoin de parler d’autre chose. De me concentrer sur du positif.

― Et toi…, soufflai-je, comment te sens-tu ?
― Plutôt bien, grâce à toi, ma Belle. Ton sang m’a guéri, mais il a aussi déclenché en moi une soif incontrôlable, insatiable. Ça faisait une éternité que je n’avais pas ressenti ça.
― L’essentiel est que tu ailles mieux.
― Je crains que tu ne comprennes pas bien, Sarah ! Tu m’as transformé, je ne suis plus le même…, mais nous aurons tout le temps d’en discuter. Nous sommes arrivés.

Nous nous étions arrêtés devant une cabane construite en bois blanc. Sur la porte était écrit Valedaria, signifiant « infirmerie » dans la langue des anciens de Gallja. Elle s’ouvrait sur une unique pièce stérile et austère, éclairée par des centaines de chandelles. Une dizaine de lits de camp étaient disposés contre le mur du fond. Ma mère se trouvait sur l’un d’eux.

Son visage pâle et crispé exprimait une profonde souffrance. Son front était trempé de sueur. Ses mâchoires étaient serrées et, sous ses paupières closes, ses yeux roulaient comme en plein cauchemar. De toute évidence, elle luttait de toutes ses forces, mais la mort planait au-dessus d’elle, menaçante.

Quelques guérisseurs se querellaient non loin d’elle, en désaccord sur les soins à lui prodiguer. Alors que certains voulaient lui faire avaler toutes sortes de liquides aux couleurs invraisemblables, les autres proposaient d’enduire sa plaie de cataplasmes aux odeurs nauséabondes. Ils gesticulaient dans tous les sens, cherchant à se convaincre mutuellement, mais aucun ne se souciait réellement de l’état de leur patiente. De l’état de ma mère.

Une main se posa sur mon épaule. Al. Je n’avais pas senti sa présence en entrant.

― Sarah. Comment vas-tu, ma chérie ?

Je me retournai vers lui et aperçus mon père, juste derrière. Il avait l’air inquiet. Ses cheveux noirs en bataille, les vêtements froissés, il avait veillé sur elle durant toutes ces heures sans voir le moindre signe d’amélioration. Il l’aimait toujours. Je pouvais le lire dans son regard triste.

― Ça va. Et maman ?

Siseal s’approcha de moi et me serra dans ses bras avant de me répondre :

― Les guérisseurs disent que la lame avec laquelle elle a été blessée était empoisonnée.
― Et on ne peut rien faire ? Il n’existe aucun antidote ?
― C’est ce qu’ils cherchent justement, me confia Al en désignant le groupe de blouses blanches au fond de la salle.

Les yeux pleins de larmes et la voix suppliante, je lançai l’idée désespérée de faire d’elle un vampire. Les épaules de mon père tombèrent et son visage s’assombrit. Al le fit sortir tandis que Raphaël prit le relais dans les explications :

― C’est impossible, ma Belle. Une magicienne ne peut pas devenir vampire. La Scientia provoque une légère mutation génétique qui rend la transformation mortelle.
― Mortelle ?
― Oui, nos morsures sont fatales pour elles. Alors, inutile de tenter quoi que ce soit. Vous pourriez disparaître toutes les deux.
― Je croyais que le sang de vampire permettait de guérir n’importe qui ?
― Une simple légende…
― Non, pas tout à fait, intervint Spinner en entrant dans l’infirmerie. Nos descendants n’ont pas ce pouvoir, mais certains Gardiens, oui. Ils ont la possibilité de soigner avec quelques gouttes de leur sang ou de tuer. Gallir est l’un d’entre eux.
― Était l’un d’entre eux, précisai-je timidement. Se pourrait-il que le poison soit le sang de Gallir ?
― J’en ai peur, me répondit l’un des guérisseurs. Et il existe un seul antidote : son sang. L’effet dépend de l’intention que le Gardien y met. S’il veut faire du mal, quelques gouttes causeront d’atroces souffrances avant de tuer sa victime. S’il veut guérir, quelques gouttes suffiront à soigner n’importe quelle blessure.
― Je me suis nourrie de lui juste avant de traverser la faille. Ça pourrait marcher ?
― Je ne saurais le dire. C’est la première fois que je rencontre ce cas de figure. Laissez-moi en discuter avec les autres.

Alors qu’il retournait vers ses confrères, mon père revint vers nous.

― Papa ?

Les yeux rougis et les poings crispés, il effectua un simple signe de la tête. Nous n’avions plus rien à perdre. C’était notre dernier espoir de la guérir et il le savait.

Je saisis ma dague et m’entaillai la paume. Je resserrai la main au-dessus du corps de ma mère pour faire couler quelques perles écarlates sur sa plaie.

Après plusieurs minutes d’attente, j’interrogeai, inquiète, du regard le guérisseur face à moi. Elle n’avait pas bougé. Il ne s’était rien passé. Ce n’était pas normal, ce qu’il me confirma :

― Ce n’est pas bon signe, en effet. Je vais la veiller pendant que vous vous reposez. Et ce n’est pas négociable !

Mais je ne l’écoutais pas. Il était hors de question de quitter le chevet de ma mère. Tout cela était injuste. Je venais à peine de retrouver mes parents. Après dix-huit ans à pleurer leur absence, ils m’avaient enfin été rendus. Pour mieux me faire souffrir… Avec tout ce chaos, je n’avais pas eu la chance de passer, ne serait-ce qu’une heure seule avec eux. De leur raconter ma vie. D’écouter les leurs. J’avais été si froide, si dure. Et à présent, il était trop tard. Ma mère était allongée, inconsciente, dans un monde rongé par l’obscurité.

Je m’écroulai à genoux sur le sol, la tête sur son ventre. Épuisée, je ne pus retenir mes larmes. Si seulement je pouvais revenir en arrière, même de quelques heures. Je lui dirais combien je l’aime. Que je comprends parfaitement son choix. Que je ne lui en veux pas…

― Il faut la laisser se reposer. Et toi aussi, tu en as besoin…

Une main puissante me saisit le bras pour m’aider à me relever, mais je refusai de bouger. Je m’agrippai tant bien que mal au corps inerte de ma mère et m’ancrai solidement au sol. Qu’ils essaient de nous séparer une nouvelle fois !

***

― Ma chérie…

Quelqu’un me caressait tendrement les cheveux, comme lorsque j’étais enfant. La tête enfouie dans la chemise de ma mère, je m’étais endormie, lovée dans une couverture végétale.

― Ma chérie, réveille-toi.

Cette voix douce…

― Maman ?

Je levai les yeux. Ma vision était trouble, mais j’aperçus son large sourire et son visage radieux. Était-ce une illusion ? Une duperie de mon esprit fatigué ? Elle ne s’était pas réveillée depuis des jours.

― Maman, c’est bien toi ? Tu es bien réelle ?
― Oui, ma chérie.

Une immense joie me submergea. Elle était guérie, rayonnante. Comme dans mes souvenirs de petite fille. Je me redressai avec hâte pour l’embrasser, mais retombai aussitôt, prise d’un violent vertige.

Mon père me rattrapa avant que mon corps fragile ne touche le sol. Quant à moi, je n’arrivais pas à quitter ma mère des yeux, de peur qu’elle ne se rendorme ou qu’elle ne disparaisse.

― Doucement, Sarah. Tiens, assieds-toi ici.

Al nous avait rejoints et apporté une chaise sur laquelle Siseal m’installa délicatement. Tout tournait autour de moi et j’avais la gorge sèche, mais rien ne pouvait m’empêcher de profiter de nos retrouvailles.

― Maman… Comment vas-tu ? Qu’est-ce que c’est que tout ce sang ? Tu es encore blessée ?
― Non, Sarah. Ce sont tes larmes, m’expliqua Al. Ça fait deux jours que tu pleures sans cesse. Nous avons essayé à plusieurs reprises de vous séparer, mais chaque fois que l’un de nous s’approchait, une tempête d’une violence inouïe se déclenchait.

Je pris alors le temps de regarder autour de moi pour comprendre ce qu’il venait de me dire. J’avais l’impression d’être sur un champ de bataille : les meubles étaient renversés, certains brûlés, d’autres brisés ; une multitude de stalactites ornaient le plafond reflétant les faibles rayons de l’unique chandelle encore allumée. Le sol et les murs étaient couverts de suie. Seul le lit de ma mère était intact.

Je me tournai vers Al et Siseal et vis tous les guérisseurs acculés contre la paroi vers la porte. Ils m’observaient avec crainte et mépris. Un regard que je ne connaissais que trop bien.

Je voulus m’excuser, leur demander s’ils allaient bien, mais un son très faible sortit de ma gorge sèche et sensible.

Raphaël entra dans la pièce et s’approcha à grands pas de moi. Il m’enlaça tendrement avant de me souffler :

― Enfin ! Tu es enfin réveillée. Ne t’inquiète pas, ils n’ont rien. Tu n’as blessé personne. J’étais là pour les protéger, puisque tu es incapable de résister à mon charme, même inconsciente.

Son humour me réchauffa le cœur. Dans ses bras, je n’étais plus ce monstre abominable dont tous avaient si peur. Mais il avait aussi le don d’irriter mon père et de le faire sortir de ses gonds :

― Ce n’est pas croyable, ajouta Siseal d’un ton sec. Lui seul pouvait t’approcher sans prendre le risque d’être blessé. Mais, comme à son habitude, il n’a servi à rien. Chaque fois qu’il essayait de te réveiller, tu t’ancrais plus profondément jusqu’à créer un cocon impénétrable dans lequel tu t’es enfermée avec ta mère.
― Et alors ? murmurai-je. Quel était le problème ? Pourquoi vouloir nous séparer ?

Raphaël resserra son étreinte avant de me répondre :

― Au fil des heures, nous avons remarqué que l’aura d’Indris devenait de plus en plus brillante, alors que la tienne faiblissait de seconde en seconde. J’ai eu si peur…

Il avait prononcé cette dernière phrase dans le creux de mon oreille. Un frisson me parcourut le corps : le froid de la pièce et une envie soudaine d’être seule avec l’homme que j’aimais. Mais j’étais incapable du moindre mouvement. Aucun de mes muscles ne voulait répondre à mes ordres. J’étais vidée de toute force vitale et la sensation atroce de brûler de l’intérieur me rongeait. La faim, peut-être.

L’un des guérisseurs osa s’avancer. Il ressemblait singulièrement à Aldaron – un petit grassouillet d’une beauté plutôt banale, aux longs cheveux de jais qui dissimulaient des oreilles pointues –, à la différence qu’il portait de grosses lunettes et semblait beaucoup moins avenant.

― À présent que votre mère va mieux, je vous prierai de retourner dans votre chambre. Vous avez besoin de vous nourrir et de vous reposer. Il ne vous reste que quelques gouttes de sang et je préférerais éviter une nouvelle tempête.

Son air condescendant ne me froissa pas. L’infirmerie était dans un triste état, je ne pouvais pas lui en vouloir. Ce sont ces mots qui me choquèrent. J’étais parfaitement consciente, et même si je me sentais faible, je n’étais pas mourante.

― Il a raison, intervint Al d’une voix douce. Le sang de Gallir coulait encore en toi, mais il était très dilué. Tes larmes en étaient chargées d’une infime quantité. Voilà pourquoi Indris ne s’est pas réveillée tout de suite. Mais ton corps a atteint son point de rupture. C’est un miracle que tu sois lucide.

Il me tendit un miroir pour que je le constate par moi-même. J’étais méconnaissable : ma peau était totalement déshydratée et laissait apparaître des veines sombres et fines. Je ressemblais plus à une momie qu’à un cadavre. Sous le choc, je baissais les yeux au sol.

Ma mère posa ses mains dans mes cheveux et me murmura à l’oreille :

― Merci, ma chérie. Tu m’as ramenée à la vie, mais à présent je veux que tu fasses attention à toi.

Sans attendre, Raphaël me souleva et me raccompagna jusqu’à ma chambre. Je n’avais pas la force de lutter ni même l’envie. Bercée par ses mouvements, je me sentais en sécurité et m’endormis avant d’atteindre mon lit.

III

Je m’étais réveillée en sursaut, seule dans cette chambre lugubre et sombre. Il y faisait très froid et dans l’air flottait une odeur inhabituelle – une odeur métallique mêlée au parfum de sous-bois, un peu fétide. Mais le plus oppressant était le silence pesant qui m’entourait, comme si j’étais l’unique survivante dans cette cité sans vie.

― Raphaël…
― Je suis là, ma Belle. Doucement.

Il passa sa tête par la porte, un mince sourire aux lèvres, et me rejoignis. L’inquiétude et le désespoir n’avaient pas quitté son regard.

Il s’assit précautionneusement sur le lit et posa un tendre baiser sur mon front. Je voulus me blottir contre lui, mais il m’était impossible de bouger. Une épaisse couverture, faite de feuilles et de racines, me maintenait allongée et immobile. J’essayai de me dégager, en vain. Je m’écorchai la main sur une épine et une vive douleur m’arracha un cri.

― Calme-toi, me murmura Raphaël.

Mais c’était plus fort que moi. Je ne pouvais réprimer cette panique soudaine. J’étais prisonnière de cette végétation.

Je cherchai une issue, lorsque mes yeux se posèrent sur mon bras droit : telle une perfusion, une racine disparaissait dans le pli de mon coude.

― Qu’est-ce que c’est ? pleurai-je en tentant de l’enlever.
― Ce qui te maintient en vie… Tu m’avais pourtant promis, mais non ! Tu n’en fais toujours qu’à ta tête.
― De quoi tu parles ?
― De quoi je parle ? Tu ne te souviens pas ? Tu étais presque morte quand tu t’es enfin décidée à lâcher ta mère !

Raphaël n’osait pas me regarder dans les yeux. Je pouvais sentir sa colère et sa peur crépiter dans son aura. Je ne l’avais encore jamais vu dans un tel état.

― Tu étais si faible… Le diagnostic des guérisseurs était sans appel : tu as absorbé beaucoup trop d’argent et lorsque tu t’es vidée de ton sang, pour moi puis pour ta mère, le métal s’est déposé sur la paroi de chacun de tes vaisseaux, créant une couche quasi imperméable qui consumait peu à peu tes tissus. Nous avons essayé de te nourrir et même de te faire des perfusions, mais rien ne fonctionnait. Ça te soulageait quelques heures avant que ton corps ne s’affaiblisse à nouveau.
― Et alors quoi ? Je suis condamnée à vivre avec ce machin ?

Les larmes me montaient aux yeux, pourtant je ne regrettais pas ce que j’avais fait. Je les avais sauvés et c’était tout ce qui comptait pour moi. Peu importaient les conséquences.

―