Le Tour du monde en quatre-vingts recettes - A. de Villiers - E-Book

Le Tour du monde en quatre-vingts recettes E-Book

A. de Villiers

0,0

  • Herausgeber: Ligaran
  • Kategorie: Bildung
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Extrait : "SCHTSCHl - Prendre un morceau de poitrine de bœuf, le faire bouillir avec les légumes et les herbes nécessaires pour le pot-au-feu. Dans le même temps, faire revenir de la choucroute dans du beurre avec des oignons ; ajouter du poivre et des feuilles de laurier."

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 63

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



EAN : 9782335016727

©Ligaran 2015

Toast-préface

Mesdames, Messieurs,

 

Permettez-moi de lever mon verre (je parle au figuré, car je devrais dire : de tremper ma plume), de lever mon verre en l’honneur d’une de nos gloires nationales, la moins incontestée, – la Cuisine française.

Elle est la seule, en effet, cette cuisine, qui, parmi ses congénères, n’ait jamais rencontré d’adversaire ni même d’ennemie. Tous les peuples du monde civilisé, américain, anglais, russe, turc, etc., s’accordent à reconnaître qu’elle seule mérite la considération et l’admiration unanimes de ceux qui savent manger, c’est-à-dire qui savent apprécier ce qui est bon.

Cette faculté, on le sait, n’est pas donnée à tout le monde. Il faut au palais des dons spéciaux de goût, une éducation raffinée, un jugement, pour ainsi dire, qui permettent d’apprécier et de comprendre la bonne chère, – de même qu’à un expert ou connaisseur de tableaux et d’objets d’art, l’exercice des yeux et un toucher particulier des doigts sont nécessaires.

La Cuisine française, par son histoire, par sa longue culture, par sa fantaisie et par sa méthode, a élevé le métier de faire bouillir la marmite à la dignité d’un art. Aussi n’est-ce pas simple hasard qu’elle ait intéressé et passionné les gens d’esprit de tous les temps. Pour eux, te local plus ou moins somptueux d’une cuisine, avec ses fourneaux rougis, ses marmites qui chantent et ses casseroles qui luisent, était et continue d’être le laboratoire ou mieux encore l’atelier d’art où se préparent, dans le mystère des roux et dans l’éclat des coups de feu, ces joies du palais qui ont leur prolongement dans celles de l’esprit.

Ces Rois, ces Princes et Princesses de France, ces hommes de haute culture, politiciens, gens de lettres ou de sciences, artistes ou moralistes, – de Louis XIV, par exemple, et de Mme de Maintenon à M. de Talleyrand, de Montaigne à Dumas père, à Rossini, à Monselet, la liste est innombrable, – tous ont été, permettez-moi le mot qu’employait le franc parler du XVIe siècle et qui est demeuré classique, des gueulards.

« Science du bien vivre, a dit te bon Dumas de la cuisine, science mignonne de tous les hommes fins et distingués de l’univers. Son augmentatif est gloutonnerie, son diminutif friandise, du verbe ancien friander.  »

Mot charmant dont la grâce suggestive associe naturellement la délicatesse féminine à la composition ingénieuse et variée de la table.

Les femmes vraiment supérieures, ambitieuses de pouvoir ou de tendresse, ne délaissèrent jamais ce soin ; elles surent que c’est par les dîners qu’on gouverne les hommes et que parfois, on les retient.

Qui sait le rôle que jouèrent les côtelettes de mouton à la Maintenon dans l’influence que sut garder cette femme célèbre sur le Grand Roi ! Mme de Sablé s’occupa sérieusement de pâtisserie, elle nous a laissé des gâteaux qui portent son nom. La princesse de Soubise s’est immortalisée par une purée d’oignons. Mme de Conti, pour séduire le Roi, a inventé le carré de mouton. George Sand ne dédaigna pas de mettre le tablier pour confectionner une omelette, dont elle avait trouvé le secret.

Ici encore, la liste serait trop longue des femmes connues qui, jusqu’à nos jours, ont ambitionné la gloire des fourneaux et la fierté de leur table. Ce fut une coquetterie comme une autre. On s’appliquait à trouver du nouveau, de l’inédit, à surprendre et à ravir. On osait des combinaisons hasardeuses, téméraires, hétérodoxes et frisant le sacrilège, mais, en cas de succès, on était aussi fier d’une sauce bien travaillée et réussie qu’on le sera aujourd’hui d’une coupe de manche originale ou d’une dentelle drapée avec audace.

Je viens de toucher, Mesdames et Messieurs, un point délicat, « le point noir » qui menace notre cuisine, sinon de décadence, d’un ralentissement au moins.

Oh ! je sais bien qu’elle peut encore supporter les comparaisons, que les légumes sans assaisonnement de l’Angleterre font modeste figure auprès des petits pois à ta française et que le plantureux gigot de l’Allemagne, malgré ses accompagnements, n’égalera jamais notre pré-salé national et rituel. Je ne parlerai même pas des salades et des fruits que le monde entier nous envie, – ornements savoureux des potagers et vergers qu’ont chantés nos trouvères et qui sont toujours dignes d’inspirer quelque poète moderne.

Mais ces supériorités acquises et reconnues ont précisément l’inconvénient d’engourdir notre esprit d’initiative, de nous immobiliser dans le stationnement, alors que toujours nous avons été de l’avant.

Le danger, le voici : les maîtresses de maison se déshabituent peu à peu du soin de leur table !

Il est vrai qu’avec les mœurs actuelles de la mode qui tendent à transformer la silhouette de la femme par des moyens compliqués d’hygiène artificielle – corsets, massage, électricité, sports, teinture, ondulation, etc., plus, les essayages méticuleux et répétés, le tout promettant à la femme d’être, jusqu’à l’âge le plus avancé, éternellement jeune et belle, – le temps des femmes est tellement rempli qu’il leur est matériellement impossible de songer à la cuisine.

Elles la confient à un cordon bleu ou à un chef, qui – n’ayant pas, si habiles soient-ils dans leur profession, le même intérêt d’émulation – pataugent dans l’éternel ordinaire des salmis, des sauces vertes, financières, béarnaises, etc., etc.

On va même plus loin. Pour simplifier, pour éviter les responsabilités, on déserte la table familiale. On invite au restaurant, où ta longueur des menus dissimule mal la stérilité d’invention.

D’une façon ou d’une autre, c’est à la monotonie qu’on aboutit.

C’est pour essayer de la combattre, Mesdames et Messieurs, pour enrichir la gamme culinaire actuelle de quelques notes nouvelles ou inattendues, pour ranimer les curiosités de notre goût, que j’ai pensé à réunir ces quelques Recettes, cueillies un peu partout sur le monde civilisé et mangeant, que je me permets de me présenter ici.

Ces Recettes, subtilement introduites dans le texte de nos menus journaliers, perfectionnées et même modifiées par le tour de main national (le génie de la race et sa gourmandise reprenant leur initiative), ne peuvent que contribuer – sans abandon aucun, ni ingratitude de notre part – à réveiller l’émulation séculaire de cette glorieuse Cuisine de France, à la prospérité, à ta prépondérance de laquelle je vide mon verre.

A. de VILLIERS.

Potages
SCHTSCHI

Russie

Prendre un morceau de poitrine de bœuf, le faire bouillir avec les légumes et les herbes nécessaires pour le pot-au-feu.

Dans le même temps, faire revenir de la choucroute dans du beurre avec des oignons ; ajouter du poivre et des feuilles de laurier.

Verser alors le bouillon sur la choucroute. D’autre part couper la viande en morceaux et les mettre dans la soupe.

Servir ensemble.

LAPSCHA

Russie

Prendre un poulet cru ; le couper en morceaux et les mettre dans l’eau, avec les légumes et les herbes nécessaires pour le pot-au-feu.

Faire bouillir ; ajouter alors des nouilles fraîches et continuer de faire bouillir jusqu’à ce que les nouilles soient molles.

Avant de servir, couper en long des concombres salés et les mettre dans la soupière.

SOUPE RUSSE

Russie

Faire cuire ensemble, dans deux litres d’eau : une livre de bœuf, une demi-poule, une tête de salade et une demi-tête de chou.

Couper l’autre moitié du chou en copeaux, les faire bien dorer dans du beurre, les saupoudrer d’une cuillerée de farine, et les ajouter à la soupe.