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Dans Les élucubrations d’un septuagénaire désenchanté, l’auteur propose une analyse approfondie de notre monde moderne, qu’il explore à travers le prisme de son éducation, de ses multiples cultures et de ses expériences de vie. Il aborde avec finesse et rigueur ses préoccupations majeures : l’écologie, l’économie, la politique, la société, la culture et la religion. Chaque chapitre, méticuleusement documenté, est accompagné de références diverses – études, documentaires, ouvrages, films – offrant ainsi au lecteur une réflexion enrichie et nuancée sur les enjeux qui façonnent le contexte social actuel.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Impliqué depuis sa jeunesse dans le monde associatif et caritatif,
Taoufik Lahkim a exercé pendant de nombreuses années des responsabilités de dirigeant d’entreprises. Il a conclu sa carrière professionnelle dans le domaine de la formation pour adultes en difficulté de réinsertion, en région bordelaise. Après sa retraite, il continue de consacrer une partie de son temps à l’accompagnement bénévole de jeunes et de moins jeunes dans leurs projets, toujours au sein d’associations locales.
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Seitenzahl: 206
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Taoufik Lahkim
Les élucubrations
d’un septuagénaire désenchanté
Témoignage
© Lys Bleu Éditions – Taoufik Lahkim
ISBN : 979-10-422-5369-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Il était si con que, lorsqu’il disait quelque chose d’intelligent, il se retournait pour voir si ce n’était pas quelqu’un d’autre qui avait parlé.
Wolinski
Au crépuscule de ma vie, bientôt soixante-dix ans, je souhaite faire une rétrospective, qui sera forcément subjective. Parfois, face à certaines de mes réactions ou situations, je me dis : « Tu es devenu un vieux con ! » Et puis je me reprends : « au moins, tu le reconnais ! » J’espère ne pas l’être trop souvent.
Récemment, j’ai rejoint une association de mon village, « les aînés ruraux ». Lors du premier repas pris ensemble, en présence d’une centaine de personnes, je me suis senti bizarre. Je me suis fait la réflexion, in petto, qu’il n’y avait que des vieux. Je devais être parmi les plus jeunes, voire les moins âgés, et j’ai ressenti un fossé entre eux et moi. J’espère ne pas devenir comme la plupart d’entre eux.
Après quatre années sans écrire, je décide de reprendre la plume. Une belle expression qui perd de son sens à l’ère du numérique. Qui se souvient encore des plumes Sergent Major, des encriers, et de la belle écriture sur nos cahiers d’écoliers ?
Je ressens le besoin de faire le point, de réfléchir à ces années passées pour comprendre ce que je suis devenu aujourd’hui, comment je vois le monde, et donc, comment m’y positionner. Durant la plus grande partie de ma vie, mon fil rouge a été cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Être homme, c’est être responsable ». Elle a fait de moi une personne engagée, militante, empathique, solidaire.
J’ai vécu des moments de bonheur intense et d’autres de profonde tristesse. J’ai connu la fierté mais aussi la honte. J’ai rencontré des personnes merveilleuses, mais aussi des individus malveillants.
J’ai résidé dans de nombreuses villes (22), 5 pays et j’ai ainsi côtoyé des cultures très diverses. J’ai travaillé dans des entreprises de secteurs variés, de production, de commercialisation et de services.
Curieux de nature, avide d’apprendre et de comprendre, j’ai eu la chance d’apprécier la lecture dès mon plus jeune âge. Il m’est arrivé de passer des week-ends entiers à lire, de rester tard dans la nuit pour finir un roman, de passer des après-midis entiers dans une bibliothèque. J’ai exploré quasiment tous les domaines de la connaissance, parfois en profondeur, parfois en surface. Dès le lycée, je faisais des fiches de lecture. Depuis, j’ai continué, notant pour chaque livre, hormis les romans, son titre, son auteur, un résumé, et les quelques passages qui m’avaient marqué. Je n’avais pas pensé à rajouter la date de ma lecture.
J’ai vécu en harmonie avec les juifs comme avec les chrétiens. J’ai d’ailleurs découvert les bandes dessinées à la bibliothèque du centre de loisir de l’église Jeanne d’Arc à Rabat, alors que j’avais huit ans. J’ai eu l’occasion d’être invité à plusieurs Bar-Mitsvah, mariages juifs, et Mimounas.
Pour comprendre la religion, qui occupe une place importante dans la vie humaine, j’ai lu de nombreux ouvrages sur la plupart d’entre elles : l’islam, le christianisme, le judaïsme, le bouddhisme, l’hindouisme, l’animisme, et même le vaudou, les philosophies telles que le soufisme, le confucianisme, le taoïsme, le zen. Pour la plupart, je n’ai lu qu’un ou deux livres, en général de vulgarisation. En ce qui concerne le christianisme et le judaïsme, outre la Bible, les évangiles, et autres ouvrages explicatifs, j’ai dévoré de nombreux romans historiques d’auteurs tels que Romain Sardou, Ken Follet, Didier Decoin, Gérard Messadié, Maarek Halter, Umberto Eco, Jean-Michel Thibaut, Amine Maalouf…
J’ai lu des ouvrages sur les diverses civilisations, comme les Sumériens, les Égyptiens, les Grecs, les Romains, les Gaulois, les Aztèques, les Incas, les Aborigènes, les Pygmées, et bien d’autres. Là encore, il n’y a que pour la civilisation égyptienne que j’ai été bien plus loin. J’ai particulièrement apprécié les ouvrages de Christian Jacq, Viviane Koening, Guy Rachet, Violaine Vanoyeke…
J’ai cherché à comprendre les différentes philosophies et j’ai exploré des domaines tels que l’occultisme, la magie, les phénomènes paranormaux, les grandes énigmes de l’Histoire et de la Vie. J’ai approfondi mes connaissances et pratiqué certains aspects de la spiritualité, notamment le Ho’oponopono, le Bouddhisme et le Reiki, pour lequel j’ai été initié et suis devenu Maître.
Chaque lecture me portait vers une autre. Je voulais tout comprendre sur l’humain, son évolution, ses croyances et coutumes.
Je me suis plongé dans les sciences, de l’astronomie à la physique quantique en passant par la biologie, l’ethnologie et la médecine, en lisant des auteurs tels qu’Albert Jacquart, Stephen Hawkins, Michel Serres, et même les frères Bogdanov. Même si je ne pourrais pas expliquer en détail ces sujets, j’ai acquis une certaine compréhension qui me permet de participer aux discussions et de suivre des documentaires sur ces thèmes, sans me sentir trop bête devant le mur de Planck, le chat de Schrödinger, les trous noirs, etc.
Grâce à mes études, j’ai approfondi des sujets économiques et la vie des entreprises. Je me reconnais quelques compétences en marketing, en gestion et en organisation. J’ai enseigné le marketing et l’économie d’entreprise dans une École de Commerce. J’avais même oublié que j’avais été l’un des précurseurs du contrôle budgétaire en France et au Maroc, ayant publié un article dans une revue financière en 1977 pour expliquer ce concept aux chefs d’entreprises.
Touche à tout (sur un CV, j’aurais mis : polyvalent), passionné sans être expert, voilà comment je me définirais le mieux. Parmi mes diverses compétences, je peux mentionner que j’ai déménagé 34 fois, je réussis une excellente mousse au chocolat, et je maîtrise la recette des Congolais, ces délicieux petits gâteaux à la noix de coco. De plus, je sais comment économiser l’eau et l’électricité (il suffit de jeter un œil sur ses factures !).
J’ai observé que de nombreuses personnes ont une vision limitée des choses, comme si elles avaient un bandeau sur les yeux ou regardaient à travers une lorgnette, par son petit bout. Cette vision étroite s’accompagne souvent d’une mémoire volatile.
Mon père m’a inculqué le sens critique, basé sur l’analyse, la vérification et l’objectivité. Chaque jour, je le voyais passer du temps à lire plusieurs journaux pour se faire une idée plus équilibrée des événements. Ses enseignements, ainsi que ceux de certains professeurs rencontrés au cours de ma scolarité, ont renforcé mon esprit critique. Lorsque je veux m’informer sur les actualités, je consulte plusieurs médias, je regarde des chaînes de télévision différentes, et écoute quelques émissions de radio. Comme je comprends plusieurs langues, je vérifie ce que disent les médias étrangers, essentiellement anglais, américains, espagnols et arabes. J’ai ainsi différentes visions de ce que racontent les gens de cultures différentes.
À l’école, j’ai appris l’histoire telle que vue par les Français, avant de réaliser que l’Histoire est souvent, pour ne pas dire toujours, écrite par les vainqueurs. On m’a enseigné que mes ancêtres étaient les Gaulois. Lorsqu’on nous parlait des croisades, je vibrais en faveur des preux chevaliers qui combattaient les barbares. Plus tard, je finirais par réaliser qu’en fait, je faisais partie de ces impies, de ces maures sauvages et ignares.
J’ai eu une éducation formelle française, suivant les programmes de l’académie de Bordeaux, depuis les classes maternelles, jusqu’au lycée, et au Bac français. À la maison, mon éducation était plutôt marocaine, arabe, musulmane. J’ai néanmoins grandi comme un petit Français, ayant ma propre chambre, un petit déjeuner français, et après l’école et les devoirs, le dîner, puis, pyjama, pipi, au lit. À la télévision, je regardais à la fois les programmes français comme les marocains. Ayant grandi dans un environnement biculturel et ayant fréquenté différentes cultures, j’ai acquis une capacité à adopter des perspectives variées. J’analyse donc les événements en me mettant à la place des uns et des autres.
Saint-Exupéry m’a profondément marqué : je lui dois mon engagement citoyen, depuis mon adolescence. Il avait écrit, dans « Terre des hommes » : « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est sentir la honte devant une misère qui ne semblait pas dépendre de soi… C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde ». Alors oui, tout petit, j’étais déjà gêné devant un mendiant, et satisfait quand mon père lui donnait une grosse pièce, ou ma mère, une assiette de bon couscous. J’ai fait aussi ce que j’ai pu à mon niveau puis je me suis engagé dans des associations, pour venir en aide aux plus démunis, et pour lutter contre toute forme d’injustice. N’ayant pas le pouvoir d’un dirigeant ni celui d’une vedette, j’agis comme le colibri, et j’interviens, avec mes prises de position, en manifestant pour les bonnes causes, et surtout par mes écrits, ma seule arme.
Il y a longtemps, j’ai lu avec passion La prophétie des Andes de James Redfield. Parmi les nombreuses leçons de ce livre, j’ai retenu la nécessité d’avoir une vision globale du présent, comme le souligne l’auteur.
« L’histoire doit nous offrir une connaissance du contexte qui entoure la période où nous vivions. En comprenant la réalité des gens qui nous ont précédés, nous comprenons notre vision actuelle du monde et nous pouvons contribuer au progrès futur. » Sans cette perspective historique, comment comprendre ce qui se passe dans le monde ?
J’ai vécu de très nombreux progrès techniques, assisté à de grandes avancées scientifiques, qui ont bien facilité nos vies, mais également un grand déclin de l’humanité et de la société en général. Pour étayer mon analyse, je communique souvent des informations, toutes vérifiables aisément, et reconnues exactes. Mon ressenti est tout à fait personnel, et mes conclusions sont issues de longues discussions avec moi-même.
Pour en conclure avec cette petite introduction, j’ai envie de te donner, cher lecteur, quelques idées, à la fin de certains chapitres, de lectures, ou d’émissions à regarder, afin d’aller plus loin, si tu le veux. Cela te permettra de te faire ta propre idée, et aussi, de vérifier mes dires.
Pour aller plus loin :
Le petit Français
, chez Edilivre, 2016, de ton serviteur ;
La prophétie des Andes
, de James Redfield, 1993 (plus 4 suites) ;
Tous les livres de Saint-Exupéry, notamment
Terre des hommes
et
Le Petit Prince
, ceux de Paulo Coelho, de Laurent Gounelle ;
Le Prophète
, de Khalil Gibran.
Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas.
Un Indien Cree
Pluies dévastatrices, grêles, tornades, sécheresse, éboulements, incendies… Nous ne manquons pas de catastrophes naturelles, partout dans le monde. Nous sommes désemparés, démunis, impuissants devant ces ravages.
René Dumont avait lancé son cri d’alarme en 1974 ! Les humains ont attendu dix-huit ans, 1992, pour enfin se réunir à Rio. Nous en sommes depuis à la COP 29 en 2024 !
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait dit Jacques Chirac en septembre 2002. Depuis, en France, qu’ont fait nos présidents, Chirac, Sarkozy et Hollande ? Qu’a fait Jupiter, qui ne cesse de se dire écolo, qui n’a tenu aucune des promesses qu’il avait faites dans ce domaine en 2017, qui les a reprises en 2022, parlant toujours plus fort, plus sûr de lui, plus donneur de leçons, et toujours sans aucune mesure concrète.
Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouano, Ségolène Royal, Barbara Pompili, Nicolas Hulot, François de Rugy, Amélie de Montchalin, Christophe Béchu, plus tous les secrétaires d’État : qui a laissé son empreinte ? Qui a mis en place une décision concrète, positive ? Au mieux, il y a eu quelques mesurettes, un peu de sparadrap.
Petit, je jouais avec mes copains sur le parking de la cité dans laquelle nous habitions, ou dans les rues avoisinantes. Je partais à vélo, offert pour mes 6 ans, et sillonnais quelques quartiers proches de Casablanca, une grande ville de près de 3 millions d’habitants alors, sans que mes parents ne s’inquiètent. Ado, nous nous retrouvions avec les copains et les copines, sur un terrain de sport, à la plage, à la campagne, chez l’un ou chez l’autre. Nous étions dehors le plus souvent, nous discutions, nous jouions, et nous travaillions aussi.
J’ai été éduqué à ne pas gaspiller, ni l’eau, ni l’électricité, ni la nourriture. Je n’ai pas eu besoin de publicité comme « Ce n’est pas Versailles ici » ni de soi-disant conseils du Gouvernement pour faire attention. C’était normal de manger les restes pour dîner, et de partager avec les plus démunis. Ça coulait de source d’éteindre la lumière en quittant le dernier une pièce, d’ouvrir doucement un robinet, pour éviter l’éclaboussement, puis de le fermer, pour ne pas laisser couler l’eau inutilement. C’était naturel de ramasser ses déchets et de les mettre à la poubelle. C’était tous les jours que nous utilisions des paniers, des contenants solides pour faire les courses.
Par contre, le tri des déchets n’existait pas, c’est vrai, nous étions encore à la baignoire le dimanche (je vous rassure, avec des douches quotidiennes) et nous n’avions pas pensé à faire pipi sous la douche. Nous n’étions pas dérangés par des sacs plastiques virevoltant partout, l’air que nous respirions n’était pas vicié, les légumes et fruits que nous mangions étaient naturels, sains et bons. Même le climat était régulier : il pleuvait et faisait froid en hiver, il faisait beau et chaud en été, et on n’en faisait pas des caisses à la télé !
Il n’y avait pas de machines à laver ni le linge ni la vaisselle, mais notre réfrigérateur a tenu de nombreuses années. D’ailleurs, chez mes parents, je n’en ai jamais connu qu’un seul. Le même poste de télévision, la même radio, le même fer à repasser.
Nos draps et serviettes duraient longtemps, comme nos vêtements. Ceux des aînés passaient aux plus jeunes. Personnellement, je n’ai pas été impacté, étant le seul garçon. Mais j’ai deux sœurs qui se sont pliées à ces transferts.
Un accroc, un bouton perdu, une fermeture éclair en panade, ma mère intervenait de ses mains et réparait l’outrage. Elle cousait et tricotait également les vêtements de tous les jours. Les belles tenues, caftan, djellabas, et costumes étaient confectionnés par des tailleurs. Du sur-mesure, de grande qualité, sans logo et finalement à un prix plus que raisonnable ; mais bien sûr, avec des jours ou des semaines d’attente.
Bien entendu, il y avait beaucoup moins de choix qu’aujourd’hui, mais nous en vivions très bien. Nous consommions local, chez les fermiers du coin, les artisans du souk, et l’épicier en bas de chez nous.
Puis, vers la fin des années soixante-dix, apparurent de nouveaux produits, donc de nouveaux besoins. Mon père, qui allait chaque année faire une cure thermale en France, revenait chaque fois avec une découverte. Il avait acheté un magnétophone. J’en ai enregistré des bandes, avec notamment les chansons de Brassens, Brel, Barbara. Puis il a acquis une chaîne Hi-Fi… Il y a eu la folie des radiocassettes, et j’en ai accumulé des centaines. Le nombre de fois où je passais de longues minutes, avec un crayon, à enrouler la bande qui s’était fait la malle ! Cassettes que je pouvais écouter plus tard sur mon walkman. Puis il a eu le magnétoscope et les cassettes VHS, et là encore, j’ai enregistré de nombreux films, pièces de théâtre, documentaires, concerts.
Il fallait s’habiller « mode et marque ». Le Maroc devenu l’atelier textile des grandes marques, on pouvait, quand on avait une ouverture, acheter directement au sein de ces usines. C’étaient surtout les chemises à l’époque, Cartier, Balmain, Lapidus ou les polos Lacoste.
La prise de conscience écologique, au moins dans les gestes du quotidien, est réelle. La plupart d’entre nous ne jetons plus rien dans la rue, et nous trions nos déchets. Ceux-ci sont en partie recyclés. Nombreux sont ceux qui sont revenus au panier pour leurs courses, et aux contenants durables. Les sacs, les pailles et les couverts en plastique sont dorénavant interdits. Il y a de plus en plus de gens qui fabriquent leurs propres produits ménagers ou de toilette, avec des ingrédients naturels.
Grâce aux dernières hausses de prix, nous faisons tous des efforts pour réduire notre consommation d’électricité, et la sécheresse nous a appris à être plus attentifs à l’eau. Les LED remplacent les ampoules énergivores un peu partout, l’éclairage public et les vitrines sont de plus en plus souvent éteints la nuit.
Beaucoup se sont mis au vélo, réduisant ainsi l’utilisation de leur voiture. Certaines villes ont mis en place la gratuité des transports publics. Les trains sont nettement plus rapides, et nous parcourons en deux heures des distances qui se faisaient en six. Les avions vont partout, et grâce aux compagnies low cost, nous pouvons voyager loin pour pas trop cher.
Les progrès techniques nous permettent d’avoir de très nombreux appareils, outils plus sophistiqués, plus pratiques que ceux de ma jeunesse. La vie quotidienne est bien facilitée par le lave-linge, lave-vaisselle, le micro-ondes, la bouilloire électrique, la télécommande. C’est super de pouvoir mettre une barquette au micro-ondes quelques minutes, et s’installer sur son canapé pour dîner après une longue journée de travail. On enfourne le linge sale dans la machine, et hop, elle effectue le travail toute seule. Bon, il faut quand même pendre le linge après, sauf si la machine fait aussi sèche-linge.
On peut gérer toute son habitation grâce à la domotique : monter ou baisser les rideaux électriques, régler la température dans les pièces, mettre en route la surveillance vidéo, et autres amusettes. Et même à distance. Nous pouvons regarder des centaines de chaînes de télévision différentes, contre l’unique ORTF d’il y a quelques décades.
Les CDs et clés USB sont bien plus pratiques que les cassettes et disquettes d’antan. Nos ordinateurs sont extrêmement plus performants, et le téléphone portable a révolutionné notre vie. Comment ferions-nous sans GPS, pour nous déplacer, sans appareil photo, pour figer des instants de bonheur, sans pouvoir lire nos mails et nos messages dans la rue, au restaurant ou chez les amis ?
Nous avons un très large choix de vêtements, dans toutes les gammes de qualité et de prix, et les nouveautés sont disponibles très rapidement.
L’un des progrès les plus importants dans notre vie quotidienne est la carte bancaire. Elle est utilisable partout, dans le monde entier, et même plus besoin de la rentrer dans un terminal et de taper son code, le sans-contact est vraiment génial. Si on veut des espèces, les guichets automatiques sont partout, ou presque.
Au niveau mondial, certains pays font de gros efforts pour assurer leur transition vers les énergies propres. Ainsi, le Maroc est bien en avance sur la France avec le développement de l’énergie photovoltaïque, grâce notamment à la station Noor de Ouarzazate s’étalant sur 480 hectares. La plus grande au monde, semblerait-il, mais pas la plus puissante.
L’Union européenne se veut écolo, depuis peu, avec son pacte vert, et ses deux objectifs principaux : baisser les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, et atteindre la neutralité carbone en 2050. Elle y consacre mille milliards d’euros. Elle a donc tenu compte du fait que 82 % des Européens étaient largement préoccupés par le réchauffement climatique.
Je me souviens des publicités pour la marque Frigidaire, lorsque j’étais enfant : un équipement pour la vie. Tous ces appareils sont aujourd’hui produits pour durer un ou deux ans, et ne sont que très peu réparables. Ce n’est même plus un secret, tout le monde sait aujourd’hui ce qu’est l’obsolescence programmée. Ce qui pousse à une surenchère de consommation, et de déchets.
La télécommande, comme les rideaux électriques, et autres commandes domotiques poussent à la fainéantise, et ne servent plus à rien lors des coupures de courant. Le téléphone a envahi l’espace, et coupé, contre toute attente, la communication entre les gens. Nous sommes dérangés dans les lieux publics par des sonneries et des conversations bruyantes, au restaurant comme à la maison, les gens ont les yeux rivés sur leur portable. Certains, plutôt que de se parler, s’envoient des messages alors qu’ils sont assis côte à côte. Pour fabriquer ces appareils, les métaux rares nécessaires sont exploités dans des conditions abominables, grâce à un quasi-esclavage d’enfants et de vols des pays où se trouvent ces gisements.
La numérisation, si elle a eu quelques effets positifs à ses débuts, en facilitant certaines démarches, en raccourcissant les délais, a conduit à de nombreuses suppressions de postes, notamment dans les services publics qui tendent à disparaître dans les petites villes et les campagnes. Météo France a supprimé des milliers d’emplois, pour les remplacer par un algorithme qui fait de nombreuses erreurs, ce qui a de graves conséquences, notamment sur les risques qu’on ne peut prévenir. Beaucoup de systèmes saturent vite et connaissent de nombreux bugs. Il n’y a aucune discussion possible avec les machines, incapables de guider ou de conseiller les usagers. Elle a ouvert les portes aux nombreux pirates qui sévissent dans le monde entier. Elle a ruiné de nombreux artistes et producteurs, à cause des téléchargements qui ont remplacé les achats de disques, de livres.
La carte bancaire si pratique a atteint son niveau maximum de praticité. Aujourd’hui, les fraudes sont légion, les systèmes de contrôles lourds, et on peut se faire pirater sa carte même quand elle est dans son portefeuille ; quant aux distributeurs, ils sont de moins en moins nombreux et en état de fonctionnement.
Cette boulimie de consommation a poussé à la globalisation de l’économie, et nécessite de plus en plus d’énergie, ce qui pousse certains gouvernements à continuer à exploiter et même développer les forages nuisibles. La demande étant toujours plus importante, les prix augmentent. Beaucoup de produits parcourent des distances invraisemblables pour arriver jusqu’à nous, polluant ainsi sérieusement notre planète. Il y a plus de cent mille navires de fret, et le transport maritime a augmenté de 250 % sur ces quarante dernières années. Un navire émet plus de particules fines que trois mille cinq cents véhicules diesel. Un seul porte-container est plus nocif que des millions de véhicules. Un bateau de croisière émet autant d’oxyde de soufre qu’un million de voitures.
Les avions ne sont pas en reste, avec les millions de vols quotidiens. Les voyages sont devenus désagréables, sièges étroits, repas innommables, facturation du moindre service, sans compter les énormes délais, pour atteindre les aéroports, pour passer les différents contrôles. Dans les années 80, j’avais besoin d’une demi-heure pour arriver sur le parking de l’aéroport de Casablanca, et de quarante-cinq minutes pour l’enregistrement et l’embarquement. En quittant mon domicile à sept heures, j’étais à Montparnasse autour de midi. Aujourd’hui, en partant à la même heure, je ne serais pas arrivé avant les dix-huit heures, au mieux.
Nos routes sont encombrées de flottes de camions de plus en plus gros, de plus en plus nuisibles aux routes, à l’air que nous respirons, à notre sécurité physique même. On nous en prépare des encore plus gros !
Depuis des lustres, on parle de développer le fret fluvial ou ferroviaire pour avoir moins de camions sur les routes. Dans le temps, c’était plus pour éviter l’engorgement du trafic routier, les accidents mortels, ou pour des raisons économiques. Et depuis qu’on y pense pour des raisons écologiques, des lignes ferroviaires ont été supprimées, et aucune mesure sérieuse n’a été prise pour développer le fret fluvial.
Prendre un train SNCF est devenu depuis quelques années une véritable loterie. Neuf fois sur dix, le voyage se passe mal, quand il a lieu : s’il n’y a pas de grève, si le train n’est pas annulé à la dernière minute pour une raison ou une autre, il est en retard, il tombe en panne, ou c’est la clim qui lâche, etc. Quand je pense qu’au Japon, les dirigeants s’excusent publiquement à la télévision pour un retard de quelques secondes, et les conducteurs sanctionnés. En France, on donne la Légion d’honneur au Président de la SNCF, en plus de son gros salaire.
Le prix des billets est exagéré. Malgré toutes les pertes dues aux grèves, aux réparations, à la Covid, la SNCF présente toujours des bénéfices bien confortables ! Quant à la restauration à bord, n’en parlons pas !
L’ex-ministre des Transports, Clément Beaune, se gargarise de « gros » investissements : oui, métro et tram dans les métropoles, mais rien dans les régions, là où ça manque vraiment.