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Alors que Victor Hugo est en exil à Guernesey, où il continue d’affirmer son opposition à Napoléon III, paraissent à Paris en 1862 les dix volumes des
Misérables, énorme roman commencé en 1845.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Les Misérables de Victor Hugo
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 73
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782341001175
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Les Misérables, Victor Hugo (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Alors que Victor Hugo est en exil à Guernesey, où il continue d’affirmer son opposition à Napoléon III, paraissent à Paris en 1862 les dix volumes des Misérables, énorme roman commencé en 1845. Épopée du peuple et de la misère, Les Misérables, en dépit de quelques invraisemblances, constituent un des romans les plus ambitieux et les plus réussis du XIXe siècle. Ils composent aussi une fresque historique désenchantée, de la défaite de Napoléon Ier à Waterloo (1815) à la répression des émeutes républicaines de 1832 par la monarchie de Juillet.
Les Misérables. Dans Les Misérables (1862), Victor Hugo (1802-1885) mêle les destins individuels de personnages issus du peuple (Jean Valjean, Cosette, Gavroche.) aux événements de l'histoire (Waterloo, les émeutes de juin 1832). Les humbles y sont élevés au rang de figures mythiques, tandis que l'histoire du XIXe siècle revêt la dimension de l'épopée. Affiche de promotion pour une parution du livre chez l'éditeur Ollendorff, vers 1905. Musée Victor Hugo, Paris. (AKG)
L’évêque de Digne, Mgr Myriel, accueille le forçat évadé Jean Valjean, et guide sa rédemption en l’innocentant d’un vol qu’il a pourtant commis : « Jean Valjean, mon frère, vous n’appartenez plus au mal, mais au bien. C’est votre âme que je vous achète ; je la retire aux pensées noires et à l’esprit de perdition, et je la donne à Dieu. » Devenu M. Madeleine, Jean Valjean s’installe dans une petite ville, Montreuil-sur-Mer, dont il devient le maire respecté. Pour éviter qu’un innocent soit condamné à sa place, il avoue sa véritable identité. On le renvoie aux galères.
Évadé du bagne, il vit à Paris, adopte une enfant, Cosette qu’il arrache aux griffes des Thénardier, aubergistes louches et cruels. Il échappe pendant de nombreuses années à la traque du policier Javert, et goûte les joies de l’amour paternel. Cosette s’éprend d’un jeune homme, Marius. Lié à des étudiants républicains, celui-ci participe à l’insurrection de 1832, se bat sur la barricade de la rue de la Chanvrerie, où Jean Valjean lui sauve la vie. Il en fait autant avec le policier Javert qui avait repris sa traque. Décontenancé, Javert se suicide. Jean Valjean n’a plus à redouter la police. Toutefois, son honnêteté le conduit à révéler à Marius ce qu’il fut. Ignorant qu’il lui doit la vie, Marius éloigne Cosette de son père adoptif. Mais lorsqu’il apprend toute la vérité sur Jean Valgean, il retourne chez lui en compagnie de Cosette. L’ancien bagnard meurt dans leurs bras, après avoir enfin trouvé la paix.
Les Misérables se composent de cinq parties, chacune portant le nom d’un personnage central du roman, à l’exclusion de la quatrième : « Fantine » (mère de Cosette), « Cosette », « Marius », « L’Idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint-Denis », « Jean Valjean ». L’histoire de Jean Valjean, véritable héros des Misérables, est celle d’une régénération morale accomplie dans le repentir et le sacrifice. Le drame individuel se hausse aux dimensions du siècle et de la société tout entière. Hugo y développe de véritables analyses sociologiques (« Les Égouts de Paris ») ou historiques (« Waterloo »). Sa critique des bas salaires, de la misère, du chômage poussant au crime participe, de ce fait, à un courant humanitaire désireux de réformer la société. Mgr Myriel définit la voie étroite, mais humaine, dévolue à chacun : « être un saint, c’est l’exception ; être un juste, c’est la règle. Errez, défaillez, péchez, mais soyez des justes. Le moins de péché possible, c’est la loi de l’homme. Pas de péché du tout est le rêve de l’ange. » La dénonciation de l’appareil judiciaire, du Code pénal impitoyable aux pauvres fondent la philosophie sociale des Misérables.
Hugo avait projeté une œuvre-message, à la fois sociale et religieuse, le roman devenant « une espèce d’essai sur l’infini » (lettre à Frédéric Morin, 21 juin 1862). L’univers du livre est fondé en effet sur l’intime conviction d’un pardon universel ne laissant aucun crime sans rachat. Chez Jean Valjean, la purification s’effectue par la souffrance, guidée par le sentiment de la liberté morale. Ainsi, l’aveu de M. Madeleine lave Jean Valjean de toute souillure : « Messieurs les jurés, faites relâcher l’accusé. Monsieur le président, faites-moi arrêter. L’homme que vous cherchez, ce n’est pas lui, c’est moi. Je suis Jean Valjean. » L’écriture des Misérables va transposer sur le plan politique et social les grands thèmes de cette philosophie morale. La foi dans le progrès rejoint le fidéisme : améliorer la condition humaine n’est pas contradictoire avec le progrès de l’âme en chemin vers Dieu.
Pourtant, Les Misérables, comme Les Contemplations, manifestent aussi la profondeur du sentiment tragique de la vie. Proche du mélodrame, la trame romanesque est fertile en coups de théâtre séparant les personnages et la société en deux parties. Vision parfois simpliste, opposant radicalement bien et mal, lumière et ténèbres. La narration reprend les thèmes des Contemplations (1856) – bonheur simple de la famille, action politique, enfants opprimés, inéluctabilité de la mort. L’élan lyrique est porté par les personnages de Fantine, Gavroche, Cosette. Aucune recherche d’objectivité, ici, nul souci de réalisme. Hugo vit à travers ses figures, solidaire de ces dernières comme Jean Valjean l’est des destinées du peuple. L’écrivain n’hésite pas cependant à rompre l’unité du récit par des dissertations historiques, où figure en bonne place l’évocation de la bataille de Waterloo. Enfin, la puissance émotionnelle du roman vient de la compassion de Hugo pour ses personnages, notamment Gavroche dont il écrit, peu avant qu’une balle ne l’atteigne : « Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme ; c’était un étrange gamin fée. » De même, Jean Valjean, prodiguant à Cosette et Marius son ultime conseil, formule la philosophie d’une vie entière : « Aimez-vous bien toujours. Il n’y a guère autre chose que cela dans le monde : s’aimer. » Les Misérables présentent, de ce fait, une grande variété de thèmes, que l’utopie sociale vient relier les uns aux autres. Il est possible ici d’évoquer un messianisme hugolien, proche de celui que Michelet avait formulé dans Le Peuple (1846).
Véritable mythe littéraire, Les Misérables ont donné lieu à une multitude d’adaptations théâtrales et cinématographiques, dont la plus réussie est sans doute celle de Raymond Bernard en 1933, avec Harry Baur, Charles Vanel et Charles Dullin.
Jean-François PÉPIN
Roman, critique, voyages, histoire dialoguent dans l’œuvre de Victor Hugo avec le lyrisme, l’épopée, le théâtre en un ensemble dont le « poète » a souvent proposé des articulations historiques, géographiques ou idéologiques plutôt qu’une périodisation. En règle générale, l’œuvre en prose a pour fonction de recueillir les éléments les plus secrets de l’œuvre poétique, de les composer en architectures prospectives ; plus neuve et plus audacieuse ainsi, elle peut servir de préface à toute la création hugolienne. Elle se distribue pourtant en trois masses : la mort de Léopoldine, en 1843, entre l’Académie (1841) et la Chambre des pairs (1845), marque une première rupture ; vers 1866-1868, c’est le tournant proprement historique et politique. Chacune de ces masses est caractérisée par la présence de romans ou quasi-romans (Han d’Islande, Bug-Jargal, Le Dernier Jour d’un condamné, Notre-Dame de Paris, Claude Gueux, pour la première ; Les Misérables, Les Travailleurs de la mer, pour la deuxième ; L’Homme qui rit et Quatrevingt-Treize, pour la troisième), de textes mêlés d’histoire, de politique et de voyages (pour l’essentiel, respectivement :