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Une pierre mystérieuse fait l'objet de toutes les convoitises... Lors de son premier entraînement de Taekwondo, Onélia trouve une pierre qui augmente ses capacités de combattante et permet de développer un contact télépathique entre elle et Dae-Ho son entraîneur qui détenait avant l'artefact en question. Mais Riwal, un ami d'enfance de Dae-Ho, fera tout pour récupérer cette pierre, au dépend des proches du professeur et de sa nouvelle élève qui tenteront, accompagnés de leurs amis, de l'arrêter dans sa folie.
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Seitenzahl: 336
Veröffentlichungsjahr: 2024
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1. Premier Entraînement
2. La pierre
3. Le Royaume de Riwal
4. Sur la voie
5. 1, 2, 3, Jouez !
6. Les Retrouvailles
7. Effets secondaires
8. Une rencontre exceptionnelle
9. Entraînement ultime
10. Le combat final
11. La Relève
— Allez ! Dépêche-toi, tu vas arriver en retard à ton premier entraînement !
— Oui maman, j’arrive.
Je ferme la porte de ma chambre et me déplace lentement vers les escaliers, pas vraiment motivée à découvrir ce qui m’attend là-bas, attrape mon sac rempli d’une simple bouteille d’eau et d’une tenue de rechange. En sortant, je vois que ma mère semble plus impatiente que moi d’aller à cet entraînement. Elle m’attend déjà dans la voiture, prête à démarrer. En chemin, je m’interroge sur ce sport que je vais découvrir ce soir. Qu’est-ce que c’est en fait le taekwondo ? Sûrement encore un truc à Bruce Lee. J’aurai bientôt la réponse à ma question, après dix petites minutes, nous voilà devant le gymnase. C’est un vieux bâtiment immense en béton gris, on peut apercevoir un peu l’intérieur grâce à la porte vitrée qui donne une vue directe sur un couloir avec un escalier menant au premier étage.
— Je reviendrai à vingt-deux heures, pour la fin de ton entraînement, à tout à l’heure ma puce, amuse-toi bien.
— Quoi ! Parce qu’en plus ça dure deux heures et demie ?
Mais je n’avais même pas eu le temps de finir ma phrase qu’elle était déjà repartie. Bon, il semblerait que je n’ai plus d’autre choix, donc allons-y. Je pousse la porte en verre d’une petite salle qui se trouve tout de suite à ma gauche. Surgit un homme de taille moyenne, mal rasé, aux cheveux grisonnants, portant un jogging et des tennis de course, mais qui peine à transporter son corps jusqu’à moi, il s’approche et me salue.
— Bonjour, je peux vous renseigner jeune fille ? Vous cherchez quoi ?
— Je viens pour l’entraînement de tae…kwondo, je réponds d’un air hésitant.
— Je vois. Prenez l’escalier, c’est au deuxième étage, vous verrez, c’est indiqué Dojo Arago, n’oubliez pas d’enlever vos chaussures en entrant sur le tatami.
— Ah ok merci, bonne soirée.
Je continue ma route, monte les escaliers sombres, plus lentement qu’un paresseux endormi. J’observe les différentes affiches collées sur les murs « Championnat régional de football », « l’équipe de rugby de la ville gagne le tournoi académique », « Le judo, un art martial et plus encore », mais rien sur le taekwo … Taekwondo. Quelle idée de choisir un nom aussi compliqué !
Arrivée au premier étage, j’entends à travers les murs des bruits de ballons qui rebondissent, un sifflet à répétition et la voix d’un entraîneur qui crie à perdre haleine, sûrement du basket ou bien du handball. Je me lance en direction du deuxième étage où l’entraînement ne devrait pas tarder à commencer, je presse donc un peu le pas et arrive finalement au dernier étage du bâtiment, un long couloir s’offre à moi, un petit écriteau accroché sur le mur, « Dojo Arago », indique de prendre à droite.
Je passe à côté d’une fenêtre d’où je peux apercevoir un magnifique coucher de soleil, n’étant pas à dix petites secondes, je choisis de m’arrêter et de le prendre en photo avec mon portable, rien n’est plus beau qu’un coucher de soleil.
Après ça, je continue de longer ce couloir jusqu’au bout, où une double porte en bois m’attend sur la gauche, je prends une grande inspiration et la pousse pour entrer. La salle est couverte de tapis bleus sur les côtés et, au centre de la pièce, un immense carré rouge occupe en grande partie la salle d’entraînement.
À gauche de la porte, un homme assis donne des consignes aux enfants installés sur le tatami qui l’écoutent tous très attentivement, le regard empli d’admiration. Quand il tourne la tête et m’aperçoit, il se lève et avance vers moi. L’homme est grand, il doit probablement mesurer plus d’un mètre quatre-vingts, son corps est si fin qu’on a l’impression qu’il pourrait se casser au moindre choc. Son visage est marqué par la fatigue comme s’il n’avait pas dormi depuis plusieurs semaines, ses cheveux raides et ses yeux bridés lui donnent l’air d’un vieux maître plein de sagesse qui aurait traversé de nombreuses épreuves.
Mais paradoxalement, son énergie et son visage qui semble malgré tout être si jeune, on pourrait lui donner une vingtaine d’années tout au plus. Quel âge a-t-il donc ?
— Bonjour, me dit-il en me proposant une poignée de main, tu dois sûrement être Onélia. Moi, c’est Dae-Ho. Ta maman m’a dit que tu viendrais à tous les entraînements pendant un mois pour voir si ce sport te convient, voilà donc ta tenue. C’est un dobok, le tee-shirt en dessous devra toujours être blanc, et voilà ta ceinture. Tu dois les avoir à chaque entraînement au risque d’être punie si tu les oublies. Les vestiaires sont à l’autre bout du couloir, dépêche-toi et ne sois pas en retard, ça serait dommage de commencer ton premier cours avec des pompes.
Je prends la tenue et le remercie avant de me diriger vers les vestiaires en me dépêchant, je n’ai vraiment pas envie de faire des pompes. J’ouvre la porte et pose mon sac sur le premier banc que je vois et commence à me changer, quand je remarque un objet couvert de poussière s’illuminer sur le sol. Une ficelle fermée en collier avec une petite pierre polie bleu foncé qui y est accrochée. Je la ramasse, la nettoie, et la regarde. C’est alors qu’elle émet un énorme flash avant de s’éteindre, c’est un morceau de roche magnifique, mais bien étrange, elle doit sûrement être ici depuis très longtemps.
Je décide de la mettre autour de mon cou et continue à me changer. Ne sachant pas du tout comment faire le nœud de la ceinture, je la prends à la main et me dirige vers la salle d’entraînement.
— Euh, s’il vous plaît, juste, euh, comment ça se met ? je demande d’une voix timide et hésitante.
— Viens, je vais te montrer et mardi tu devras l’avoir mise correctement pour l’entraînement. Regarde, tu fais d’abord un tour, puis un deuxième et là ce bout tu le passes en dessous comme çà et là, tu fais le nœud. Attention, les deux extrémités doivent obligatoirement être de la même longueur ! Allé, va t’aligner avec les autres maintenant.
Je les regarde, ils forment une ligne rangée par couleur de ceinture, je vais donc me mettre avec les autres ceintures blanches.
— Joumbi, Tchalieut, Kyungye !
En même temps que Dae-Ho prononce ces mots, il monte ses mains au niveau de la gorge avant de les refermer en poings et les redescendre à la hauteur de sa ceinture, puis se met en position de garde-à-vous et s’incline, le tout suivi de près par tous les élèves qui se tiennent face à lui. Je me contente de les imiter sans vraiment chercher à comprendre les mots prononcés que j’entends pour la première fois.
— Donc aujourd’hui nous avons une petite nouvelle, c’est Onélia, elle sera avec nous à tous les entraînements pendant un mois pour découvrir notre art martial, je compte sur vous pour l’aider dans ses débuts. Allez-y, vous pouvez commencer à courir.
Tout le monde se met à trottiner en cercle, dans le même sens, autour du carré rouge représenté par les tapis, je commence à courir et les suis. Chaque fois que Dae-Ho ordonne un exercice, tous s’exécutent aussitôt et je les imite sans vraiment savoir ce que je fais et si c’est correct.
Après vingt minutes à enchaîner les talons-fesses, montées de genoux, pas chassés et autres, il nous dit enfin de ralentir et de marcher en faisant des mouvements de la nuque. Ensuite, il nous demande de nous asseoir, les étirements commencent. Après chaque consigne, il commence à compter, apparemment, c’est du coréen.
— Hana, Doul, Set, Net, Dassot, Yeoseot, Il-gop, Yeodeol, Ahop, Yeol!
On prépare chacun des muscles, chacune des articulations qui serviront pendant l’entraînement.
— Allez boire et ensuite mettez-vous deux par deux et prenez une raquette par binôme, on va commencer avec les techniques de base. Faites vite, vous avez une minute, les retardataires feront des pompes, beaucoup de pompes.
Tout le monde se lève, certains ont leur bouteille dans un coin de la salle, d’autres dans les vestiaires, et quelques-uns vont boire au robinet. Je vais chercher ma bouteille sans perdre de temps, bois quelques gorgées, la repose et retourne vite sur le tatami. Il ne me reste que vingt-cinq secondes pour trouver un ou une partenaire avec qui m’entraîner, je cherche partout quelqu’un du regard qui n’aurait pas de partenaire non plus. Quand une femme qui a peu de choses près la même taille que moi arrive par-derrière une raquette à la main.
— Viens, tu veux qu’on travaille ensemble ? me demande-t-elle.
— Oui bien sûr, pourquoi pas.
Elle a les cheveux mi-longs noirs et porte des lunettes bleu nuit assorties à la couleur de sa ceinture. Me voilà donc avec une partenaire, en possession d’une raquette dans le temps donné par Dae-Ho. Ouf, pas de pompes pour cette fois.
— Mettez-vous vers le mur avec votre partenaire, commencez par quatre traversées en Bandal Tchagui, jambe droite jambe gauche jambe droite et ainsi de suite, aller, saluez-vous, c’est parti, commencez, Sijak !
Tout en donnant l’exercice, Dae-Ho donnait des coups de pied sans cible réelle. Une fois le mot Sijak prononcé, la moitié des élèves commence à frapper dans les cibles tenues par l’autre moitié en poussant des cris qui très vite raisonnent dans toute la salle.
Après avoir observé leur départ, je me lance, un coup de pied, puis encore un et encore un autre, une jambe après l’autre. Très vite, on arrive au mur de l’autre côté de la salle. Ma partenaire me donne la raquette et me montre comment la tenir correctement, et on est aussitôt reparties, elle enchaîne les coups de pied sans plus attendre. Après avoir fait nos quatre traversées chacune, on reste près du mur là où l’on était avant de commencer la séance.
— Au fait, je m’appelle Atéa, comment as-tu connu le taekwondo ?
— Moi c’est Onélia, je découvre, seulement, ma mère veut absolument que je pratique un sport, donc je vais venir à tous les entraînements pendant un mois, ensuite si ça me plait je reste sinon, elle me fera essayer autre chose. Mais avant d’arriver, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre.
— Bienvenue alors, j’espère que ça te plaira et que tu resteras parmi nous.
— Merci.
Dae-Ho nous donne un nouvel exercice. Cette fois, le coup de pied monte au niveau de la tête, toujours en mimant la technique et en prenant bien le temps de détailler chacune des étapes du coup de pied au ralenti, il explique l’importance de chaque moment, tout en conservant une précision et le contrôle de sa jambe inébranlable.
— Dolyo Tchagui, go, à vous !
Comme pour l’exercice précédent, tous s’exécutent aussitôt. Je commence, essayant de faire quelque chose qui ressemble au mieux à ce qu’a montré Dae-Ho, plus j’avance plus j’essaie de faire une technique qui correspond à chaque passage détaillé par Dae-Ho et je commence à accélérer un peu après chacun des coups de pied. C’est au tour d’Atéa, sa jambe monte à la hauteur de sa tête à une vitesse fulgurante, j’ai rarement vu ça, mais cela semble encore trop lent pour Dae-Ho qui en passant à côté de nous lui dit d’accélérer.
— Atéa plus vite, plus d’énergie, on dirait ma grand-mère !
Si c’est vrai, je me demande bien à quoi elle ressemble sa grand-mère ! Mais aussitôt Atéa accélère le pas, frappe plus vite et plus fort, en quelques secondes nous voilà au bout de la salle.
— Voilà, c’est déjà mieux. Continue comme ça.
À mon tour, encore trois traversées à faire chacune, si Atéa était lente, je n’ose même pas imaginer ce qu’il va penser de ma vitesse d’escargot fainéant. Je lance ma première jambe essayant de mettre plus de vitesse, mais au moment de toucher la raquette, c’est comme si le sol se dérobait sous mes pieds, je glisse et tombe sans pouvoir me rattraper ou contrôler ma chute. Atéa m’aide à me relever en me disant que ça arrive souvent, qu’au début c’est normal. Aussitôt, je reprends ma traversée. Après que chaque groupe a terminé Dae-Ho enchaîne avec un autre coup de pied, beaucoup plus compliqué qu’il détaille à nouveau.
— 360, c’est parti, quatre traversées et vous pourrez aller boire.
Quand lui le fait avec ses explications cela a l’air d’une simplicité infantile, mais dès lors que je me retrouve face à la raquette, c’est comme si la difficulté augmentait puissance mille. Je suis incapable de faire le premier mouvement, de quel côté, je dois tourner déjà ? C’est vraiment possible de faire ça ? Me voyant perdue, Atéa me montre le coup de pied de façon que je puisse le faire en même temps qu’elle pour comprendre le mouvement.
Après quelques essais, me voilà prête à le faire dans la raquette, je fais le demi-tour par l’arrière et lance mon autre jambe qui vient percuter la raquette dans un fort claquement. Cette technique est incroyable, on croirait pouvoir s’envoler. Après avoir enchaîné deux ou trois fois le coup de pied, on arrive au bout de la ligne, je prends la raquette et la tiens pour qu’Atéa puisse travailler. Elle va si vite que j’ai à peine eu le temps de souffler, nous sommes déjà près du mur, c’est de nouveau à mon tour de frapper.
Une fois nos quatre traversées faites, nous nous dépêchons d’aller boire, je n’ai jamais autant apprécié boire de l’eau tiède.
Après avoir bu, nous retournons tous sur le tatami, fins prêts pour enchaîner avec le nouvel exercice. Dae-Ho nous donne encore plusieurs instructions en prenant toujours le temps d’expliquer lentement. Très vite, je rentre dans le jeu et apprécie cet entraînement, je me concentre à chaque fois afin que chacune de mes techniques soit mieux exécutée que la précédente.
— Maintenant qu’on a revu plein les techniques de base, allez boire, et enfilez votre équipement complet : plastron, casque et protection. Ne traînez pas, faut vous préparer pour la prochaine compétition !
Mettre quoi ? C’est quoi un plastron ? Ça ressemble à quoi ? Je verrai ça après pour le moment, je vais déjà aller boire. Je cours aux vestiaires pour chercher ma bouteille et me désaltérer. Ensuite, je reviens sur le tatami, tous ont déjà enfilé une armure bizarre, soit bleue soit rouge. Atéa arrive près de moi, avec une de ces armures à la main.
— C’est un plastron taille deux, il devrait sûrement t’aller. Attends, je te le mets. Tu préfères être rouge ou bleu ?
— Rouge, c’est ma couleur préférée.
Elle me donne le plastron coté rouge et passe derrière moi pour le serrer. Après ça, elle m’indique du doigt le sac de protections, me dit de prendre deux paires, une pour les bras et une pour les tibias, pendant qu’elle va me chercher un casque dans la remise.
Je m’approche doucement du sac, une forte odeur de transpiration s’en dégage, je prends les deux premières paires que je vois et pars m’asseoir dans un coin pour les mettre. Dae-Ho a lui aussi enfilé l’équipement complet et s’approche de moi avec une paire de protections. Il prend la plus petite des paires que j’avais prise et me donne celle qu’il a dans la main, me signalant qu’elle était trop petite pour moi. C’est une protection taille enfant, elle ne me protégera pas comme le ferait une protection à ma taille, ce qui est pour finir, assez logique.
Atéa arrive avec un casque rouge qu’elle me pose aussitôt sur la tête.
— Maintenant, tu ressembles à une vraie combattante de taekwondo, ou à un robot, ça dépend ton point de vue, me dit-elle en rigolant.
— Un robot combattant qui fait du taekwondo ! je réponds en riant aussi.
— Exactement.
— Les filles quand vous aurez fini de rire, vous ferez dix pompes en écoutant les consignes, nous reprend Dae-Ho d’un ton sec.
Aussitôt, Atéa reprend son sérieux et commence à faire les dix pompes.
— Allé Onélia en pompe, ne nous fait pas perdre plus de temps. Des compétiteurs vous attendent là ! renchérit Dae-Ho voyant que je ne bouge pas.
Je descends doucement en position de pompes et les fais. Elles ne sont pas super bien exécutées, mais au moins, je les ai faites. Je me relève et écoute les consignes de Dae-Ho.
— On attaquera les rounds après. Pour le moment, ce sera de simples situations de combat, Thaïs !
Un homme assez jeune, de taille moyenne, portant une ceinture rouge s’approche, se poste en face de Dae-Ho, salue et se place en position de combat.
— Les attaquants, vous mettrez la pression aux défenseurs, de la manière que vous le souhaitez, dès que vous voyez une faille vous attaquez avec une des techniques que l’on vient de voir. Les défenseurs, vous, quand vous voyez que l’autre va attaquer, vous lancez une technique de défense en essayant d’éviter le coup de l’attaquant.
Après avoir donné les consignes, Dae-Ho et Thaïs les mettent en pratique, afin de montrer ce qu’ils attendent vraiment de nous. Thaïs est l’attaquant. Il avance, feinte, essayant tant bien que mal de mettre un minimum la pression à Dae-Ho, qui au moment de l’attaque, démarre d’un seul coup avec l’agilité et la rapidité d’un chat, lançant un Tuyeu Dwitt Tchagui. Cette technique est spectaculaire, Dae-Ho se retrouve en un millième de seconde en l’air dos à son partenaire, son pied qui se stoppe net à quelques centimètres du visage de Thaïs qui ne bouge plus. Admirative et surprise devant une telle vitesse et une telle puissance, je ne me rends pas compte qu’Atéa attend après moi pour commencer à s’entraîner.
— Tu penses que c’est possible qu’un jour on puisse avoir une technique aussi parfaite ?
— Pour ça, tu devras t’entraîner très dur. Mais un mois ne te suffira pas, car tu as déjà toutes les bases à travailler.
— Un mois ? Mais je veux continuer, ce sport est génial !
— Alors, allé, au travail, ce n’est pas en bavardant que tu auras une telle technique. Il faut des années de répétition et de sérieux pour y parvenir.
Atéa se met aussitôt en garde, et lance un simple Bandal au ralenti que je n’arrive pas à éviter ou à bloquer.
— Concentre-toi maintenant, je ferai doucement au début, mais j’accélèrerai petit à petit.
— D’accord.
Dès que je vois Atéa partir au ralenti, tout de suite, je lance au hasard l’une des techniques que l’on a travaillées avec la raquette. On répète encore plusieurs fois l’action avant de changer de rôle. À peine ai-je démarré que je suis stoppée par le pied de ma partenaire qui me percute de plein fouet, un Yop Tchagui, coup de pied de profil enchaîné par un Dolyo, coup de pied simple qui passe au ralenti juste devant mes yeux. Surprise, je sens mon cœur s’accélérer sous l’effet de la panique.
Après quelques variantes de l’exercice, Dae-Ho nous demande de nous saluer.
— On commence les rounds maintenant, c’est parti, deux personnes au centre pendant que je lance la musique. Les compétiteurs, n’oubliez pas que vous avez une compétition dans deux semaines, c’est le moment de vous donner à fond.
Thaïs s’avance sur l’air de combat attendant patiemment qu’une personne se lève et accepte de l’affronter. Au bout de quelques secondes, Dae-Ho revient avec son portable à la main.
— Hey les compétiteurs où vous êtes ? Vous n’êtes pas motivés, ne vous inquiétez pas ça va changer ! Hoang au centre contre Thaïs vite ! Le perdant reste au centre jusqu’à ce qu’il gagne un combat. Atéa, tu comptes les points avec Enzo.
Une grande femme, à l’allure fine et pleine de grâce, typé asiatique portant une ceinture noire s’avance en face de Thaïs. Ils se saluent, enfilent leurs casques, et se mettent en position, prêts à combattre.
— Round de deux minutes, vous avez vos protège-dents ? Ok, Sijak !
Dae-Ho fait démarrer le combat et lance une musique qui retentit dans toute la salle puis s’assoit, observant attentivement ses deux combattants. Sur une musique entraînante, le combat débute, Hoang semble rayonner sur l’aire de combat. Bien que Thaïs soit plus imposant physiquement, Hoang bloque et esquive chacune de ses attaques, ses contres sont d’une incroyable efficacité, mais également très gracieux.
C’est comme si elle dansait sur l’air de combat, jouant avec Thaïs comme un enfant avec une poupée. À la fin du round, le score est sans appel pour Thaïs qui doit continuer à combattre.
— Thaïs va boire et tu reviens, trente secondes de récup si tu es en retard, tu feras une minute de chaise pour cinq secondes de retard et ça doublera à chaque fois, go, Enzo à toi ! Hoang, tu peux aller t’asseoir.
Thaïs se dépêche d’aller boire, pendant qu’Enzo, un homme d’une vingtaine d’années au teint clair, ceinture bleue avec deux bouts de tissu rouge cousus dessus, se lève et marche lentement jusqu’au centre de l’aire.
— Atéa ? Pourquoi il a deux trucs rouges sur sa ceinture ? Je demande en chuchotant.
— Ça, ce sont des barrettes, c’est des grades que l’on passe entre les ceintures, y en a pour chaque couleur.
— Ah, d’accord.
Thaïs revient avec un peu d’avance, prêt à poursuivre avec Enzo. Les deux se saluent, le combat commence, aussitôt l’un comme l’autre enchaîne des techniques impressionnantes, Thaïs devient méconnaissable, comme si la pause de trente secondes l’avait transformé.
Malgré les actions qui s’enchaînent, le score reste très serré, ce qui ne les décourage pas, chacun voulant la victoire, guettant le moindre moment d’inattention de l’autre. Les deux minutes passées, Thaïs remporte le round, les deux combattants se serrent l’un contre l’autre et vont boire tandis que Dae-Ho m’appelle pour que je combatte.
— Onélia, à toi, bien sûr tu ne feras qu’un round, et Enzo tu ne frappes pas trop fort et tu y vas doucement, elle doit venir pendant un mois pour essayer, j’aimerais qu’elle rentre entière de son premier entraînement.
— Oui évidemment.
On se salue et se positionne pour combattre, aussitôt, Dae-Ho fait débuter le round. Enzo est d’un coup plus calme que lors de son précédent combat et lance des techniques plus simples. Repensant aux exercices que l’on a faits et aux combats que je viens de voir, j’essaie de faire un mélange des deux afin d’essayer de réagir au mieux à chacune des techniques lancées par Enzo. Mais dans la pratique, c’est autre chose, je me contente de prendre presque tous les coups qu’il me donne.
Jusqu’à ce que Dae-Ho me dise de faire quelque chose. J’essaie donc de faire un simple Bandal Tchagui, je lève ma jambe commençant ma technique, mais je sens mon pied partir à une vitesse folle, tout droit sur le plastron de mon adversaire qui l’évite de justesse. J’enchaîne alors avec un deuxième, ma technique prend de plus en plus de vitesse. Je ne contrôle plus mes jambes, c’est comme si des turbos y étaient attachés et qu’ils s’enclenchaient dès que je commence une technique. Mettant ça sur le compte de l’adrénaline, je continue sans me poser plus de questions et essaie d’esquiver, contrer ou bloquer chacune des attaques d’Enzo et par moment, je me lance dans un enchaînement. Chaque nouvelle technique étant plus rapide que la précédente, je deviens sûre de moi et incroyablement rapide sans m’en rendre compte.
Puis vient la fin du round, tous semblent impressionnés par la vitesse de mes dernières techniques. Étrangement, le score final est assez serré.
— Ta vitesse de frappe était stupéfiante pour un premier cours. Tu peux enlever ton plastron et tes protections, on verra ça mardi. Aller, il me faut deux nouveaux combattants !
Je sors de l’aire de combat, Atéa arrive vers moi et commence à enlever mon plastron.
— Tu caches bien ton jeu, petite cachottière, tu ne m’avais pas dit que tu pouvais donner des coups aussi rapides ! Hey tu as quoi là ? C’est quoi ? me demande-t-elle en montrant un point lumineux à l’intérieur de mon dobok.
— J’étais si rapide que ça ? Je ne sais pas, c’est un collier que j’ai trouvé tout à l’heure.
— Bien sûr, une personne qui s’entraîne régulièrement met plusieurs mois pour acquérir une vitesse de frappe si élevée.
Épuisée par ce combat, je retourne dans les vestiaires pour prendre ma bouteille et étancher la soif qui me tiraille, tout en essayant de reprendre mon souffle. La pierre qui brillait tant il y a encore quelques secondes est revenue à sa couleur normale, comme si rien ne s’était passé. Je retourne sur le tatami pour retirer mes protections et les essuies une par une sur mon dobok avant de les ranger par paires dans le sac. Dae-Ho a déjà relancé un nouveau combat où le score du combattant bleu, qui enchaîne les techniques à la tête, s’envole.
— Onélia ! Viens voir par ici qu’on discute un peu, m’interpelle Dae-Ho, assis, le dos appuyé contre le mur en face de moi.
Je le rejoins et prends place à côté de lui, curieuse de savoir ce qu’il a à me dire. En chuchotant, il se lance.
— Ton combat pour un premier cours, était vraiment incroyable, sans parler de la vitesse de tes actions. Tu as pratiqué un sport de combat avant ? De la boxe ou autre chose ?
— Euh, bah, non … Je n’ai jamais fait de sport de combat avant, juste un peu de tir à l’arc quand j’avais six ans, donc y a pas mal de temps.
— Ah oui, au fait, tu as quel âge ?
— Je vais avoir dix-huit ans dans une semaine.
— Ok, merci, tu peux aller voir Atéa pour qu’elle t’aide à t’étirer. Tu as fini pour ce soir, n’hésite pas à regarder les gradés combattre et à essayer de comprendre ce qu’ils font et pourquoi.
Je me lève et vais voir Atéa pour m’étirer avec elle. On s’assoit ensemble dans un coin de la salle, tout en s’étirant comme me l’a demandé Dae-Ho, j’observe les combats en essayant de comprendre la stratégie des combattants.
La pierre recommence à s’allumer, le combat qui se déroule sous mes yeux devient tout de suite plus clair. Je perçois chaque coup que lance chaque combattant, leur utilité et surtout toutes les autres possibilités. Comme si je vivais le combat, je vois, comprends et interprète la stratégie des combattants. C’est fascinant.
— Geuman ! Enlevez tous vos protections, étirement. Ensuite, on fait le salut et vous irez vous changer rapidement, on est en retard.
Tous ceux qui étaient assis contre le mur opposé à Dae-Ho se lèvent et s’exécutent. Je baisse les yeux pour observer la pierre dont la lumière commence à diminuer d’intensité. Pourquoi brille-telle ? Qu’est-ce qui fait que d’un coup, elle rayonnera comme un soleil et une minute plus tard, elle redeviendra le simple bout de caillou banal que j’ai trouvé. Je la prends dans ma main, la retire de mon cou et l’observe attentivement sous tous ses angles, elle semble vraiment très banale.
— Je peux la voir ? me demande Atéa.
— Oui, tiens, prends-la.
— Merci, me répond-elle avec un sourire.
Je la lui donne, mais elle lâche aussitôt la pierre. Je l’interroge du regard.
— Elle est brûlante, comment tu peux avoir ça autour du cou sans te brûler ?
Je la ramasse, et constate qu’elle est froide.
— Brûlante ? Mais regarde, touche-la, elle est normale.
— Mais elle m’a brûlée.
Atéa me montre sa main, qui en effet est gravement brûlée. Je remets la pierre autour de mon cou et l’accompagne au robinet pour passer un peu d’eau froide sur sa main.
— C’est bon, je mettrai un bandage à la maison, ça va passer. Maintenant, on doit retourner sur le tatami pour le salut sinon Dae-Ho ne sera pas content, et je ne tiens pas à faire des pompes avec ça.
Nous regagnons donc la salle d’entraînement, juste à temps pour le salut.
— Félicitations tout le monde, vous avez bien travaillé, profitez bien de votre week-end et reposez-vous, revenez en pleine forme mardi pour le prochain entraînement. Tchalieut ! Kyungye !
Tous les élèves saluent l’entraîneur et applaudissent, se félicitant les uns les autres des efforts fournis durant l’entraînement, avant de ranger les raquettes et retourner aux vestiaires se changer.
Me revoilà en tenue civile devant le gymnase à attendre que ma mère arrive tout en discutant du cours et de mes impressions avec les quelques personnes présentes.
— Alors, motivée pour mardi ? Le cours t’a plu ? Tu verras le mardi, c’est physique, on travaille principalement le cardio et en général, on finit par trente petites minutes de renforcement musculaire donc pompes, abdos, gainage, et j’en passe.
— C’est génial en fait, je suis impatiente de revenir.
Je n’ai pas eu le temps d’en dire plus que ma mère était déjà là, je m’apprête à faire la bise à Atéa qui me stoppe aussitôt me précisant qu’à l’entraînement, on se serre la main, jamais de bise ou autre. Je continue donc en serrant la main à toutes les personnes présentes, finissant par Dae-Ho qui me conseille de bien me reposer avant le cours de mardi, car il sera intensif.
Je grimpe dans la voiture, et suis tout de suite assiégée de questions par ma mère qui semble, d’un coup, très bavarde et curieuse. Bien que venant d’elle, ça soit normal, jamais je ne m’y habituerai, comment fait-elle pour parler, poser autant de questions à la seconde ? Je réponds calmement à chacune de ses questions en espérant à chaque fois que ça sera la dernière.
Une fois à la maison, exténuée par l’entraînement, je prends une douche et me couche sans plus attendre. Dans mon lit, je repense à tout ce que j’ai appris aujourd’hui, chaque coup que j’ai répété, répété et encore répété, chaque combat que j’ai regardé en essayant de comprendre pourquoi à ce moment le combattant a choisi cette technique plutôt qu’une autre.
Très vite, la pierre recommence à briller comme si dès que je pensais, regardais ou faisais un combat, elle le sentait et se mettait à étinceler. Fatiguée, je m’endors la tête pleine de questions au sujet de cette pierre.
Samedi matin, lendemain de mon premier entraînement, j’ouvre péniblement les yeux, mon réveil indique déjà neuf heures et mon estomac crie famine, je choisis donc de me lever pour prendre mon petit-déjeuner.
Je commence à bouger pour m’asseoir et sens mon corps courbaturé me reprocher les deux heures et demie d’entraînement de la veille. Je pousse sur mes jambes qui, une fois debout, ne semblent plus enclines à me porter, mais le pire reste à venir : les escaliers !
Arrivée devant la première marche, je m’arrête et imagine la douloureuse descente qui m’attend. Mon estomac me rappelle que je n’ai pas vraiment le choix et me lance pour franchir cet obstacle qui se trouve entre mon petit-déjeuner et moi.
Une fois en bas, pas mécontente de l’avancée que je viens de faire, je me traîne jusqu’à la cuisine où mon bol de céréales est déjà prêt, préparé par ma mère qui boit un café en regardant une chaîne d’informations à la télévision.
— Bien dormi ? Pas trop fatiguée de ton entraînement ?
— Je n’ai jamais aussi bien dormi, en revanche, j’ai des courbatures partout.
— Tu devrais boire plus d’eau.
— Je vais essayer.
Après avoir mangé, je vais sur Internet et essaie de me renseigner sur cette pierre si banale et spéciale en même temps. Comme je le pensais, je ne trouve aucune information. Je décide d’aller en ville dans un magasin spécialisé et demander des renseignements. Je me lève de ma chaise, attrape mon manteau, mon skate et sors en prenant la route du centre-ville. Je prends quelques raccourcis pour y être plus rapidement, une fois arrivée, je me lance à la recherche d’une boutique qui pourrait vendre ce genre d’objet.
Boulangeries, boutiques de sport, de vêtements, bars, je trouve de tout, mais forcément pas ce que je voudrais. Mais je ne lâche pas l’affaire et continue mes recherches jusqu’à ce que je tombe devant un magasin vendant des objets du monde. Je m’arrête, prends mon skate en main et entre, une odeur d’encens et de poussière me saisit immédiatement le nez.
— Bonjour, je peux vous aider ? me demande la vendeuse.
C’est une femme de petite taille au visage creusé par le temps. Ses cheveux blanchis tombent sur les épaules et son corps frêle donne l’impression qu’elle a vécu une centaine d’années.
— Bonjour, je viens vous voir, car j’ai trouvé cette pierre hier soir. J’aimerais savoir si vous pourriez m’en dire plus à son sujet.
La vieille dame saisit la pierre, l’observe attentivement, cherche quelque chose dans la poche de sa veste usée et en sort une loupe étrange, sûrement aussi ancienne qu’elle. Tout en continuant à scruter la pierre, elle s’exprime :
— Ça alors ! Vous l’avez trouvée, vous dîtes ?
— Oui, elle était couverte de poussière, sûrement abandonnée depuis des mois, je me suis approchée, elle a commencé à s’illuminer.
— Intéressant, c’est incroyable. Je connais quelqu’un qui pourra vous renseigner, c’est un ami d’enfance. Il vous sera d’une grande aide.
— Oh, d’accord et où puis-je le voir ?
— Revenez dans quelques jours avec la pierre, et vous aurez tous les renseignements que vous souhaiterez à son sujet. Maintenant, je dois partir, au revoir, mademoiselle.
La femme me rend la pierre, me met dehors, et referme la porte à clé derrière moi sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit. Je remonte sur mon skate et continue de me balader dans le centre-ville sans avoir de destination précise.
Après une trentaine de minutes à errer, je choisis d’aller au gymnase rendre visite au gardien, peut-être qu’il sait à qui elle appartenait. Une fois devant le vieux bâtiment, j’entre à l’intérieur, personne dans la loge du gardien, je monte alors les escaliers, au premier étage. J’aperçois dans le couloir un joueur de basket qui retourne sur le terrain, je me rends au second qui est désert. Je m’apprête à redescendre quand j’entends un bruit en provenance du Dojang.
Je vais donc voir l’origine de ce vacarme, peut-être est-ce le gardien qui a fait tomber quelque chose.
J’ouvre la porte de la salle d’entraînement et aperçois Dae-Ho, seul, qui s’exerce sur le sac de frappes dans le coin à droite de la salle. Concentré, il n’a pas l’air d’avoir remarqué ma présence. J’hésite : je repars discrètement ou je lui parle ? Mais finalement, tout en continuant son exercice, il s’adresse à moi.
— Hey Onélia, qu’est-ce que tu fais ici ? C’est mardi normalement le prochain entraînement.
— Oh, je passais juste voir le gardien. Tu sais où il est ?
— Le gardien ? Il revient à midi normalement. Tu veux rester ici et l’attendre ?
— Ok, j’arrive, je vais enlever mes chaussures, mettre mes affaires au vestiaire et je reviens.
Je pars poser mes chaussures et mon skate dans les vestiaires et retourne sur les tatamis. Je m’approche de Dae-Ho, lui serre la main et m’assois, adossée contre le mur le plus proche, l’admirant enchaîner les techniques, sans jamais se reposer ou montrer le moindre signe de fatigue.
— Tu veux faire quelques coups de pied ?
— Non, c’est bon merci, j’ai plein de courbatures d’hier. Les escaliers c’est un supplice alors je vais laisser mes jambes se reposer un peu.
— Alors ? Tu as aimé ce premier cours ?
— C’était génial, je suis impatiente de venir à l’entraînement de mardi.
Dae-Ho arrête le sac de frappes, quitte les tatamis et revient peu de temps après sa bouteille à la main. Il boit quelques gorgées d’eau et m’en propose, j’accepte volontiers, assoiffée par la balade en skate. Il reprend ses enchaînements comme si je n’étais pas là pendant que j’analyse chacun de ses mouvements, prenant note mentalement de ce que je pourrais améliorer sur mes techniques.
Après une petite heure, je cède et me lève, m’approche du sac.
— Je peux ? je demande, en montrant du doigt le sac encore en mouvements.
— Oui, bien sûr, me répond-il avec un sourire de satisfaction, je croyais que tu voulais te reposer, que tu avais plein de courbatures, elles sont parties ?
— J’ai envie de voir ce que j’ai retenu d’hier.
— D’accord, tiens, au fait pourquoi tu veux voir le gardien ? Tu as oublié quelque chose ? dit-il en s’écartant du sac de frappes.
— Pour savoir ce qu’il sait à propos de cette pierre.
Je lui lance la pierre en me mettant face au sac immobilisé. Dae-Ho attrape la pierre et s’assoit, tout de suite, le bout de roche s’illumine à nouveau, mais comme jamais jusqu’à présent. Dae-Ho est tout de suite pris de convulsions, comme s’il s’était électrocuté et perd ensuite connaissance. Je cours vers lui pour voir s’il va bien et tenter de le réveiller.
Après quelques longues secondes, il finit enfin par ouvrir à nouveau les yeux, et commence à parler.
— Autrefois, cette pierre m’appartenait, je l’avais perdue, pendant longtemps, je l’ai cherchée en vain. Le plus étrange, c’est que tu aies pu la trouver et la prendre. Elle est invisible aux yeux des personnes qui ne sont pas destinées à l’avoir jusqu’à ce qu’elle soit portée par un élu et brûle fortement toute personne qui voudrait s’en emparer.
Il se lève, m’attrape le bras et court hors de la salle, sans oublier de s’arrêter et saluer le tatami avant de sortir. Il enfile ses chaussures, je fais de même, aussitôt fini, il me reprend le bras et continue sa course. On passe chercher mon skate au vestiaire avant de descendre les deux étages à une vitesse folle et une fois dehors, on se dirige vers le parking où l’on croise le gardien qui retourne au gymnase avec une bonne heure d’avance.
Nous voilà devant une petite voiture noire dont les sièges arrière sont couverts de matériel d’entraînement, paos, raquettes, protections, plastrons.
Il m’ouvre la porte, court aussitôt côté conducteur et monte dans la voiture tout en m’invitant à faire de même.
— Mais on va où ?
— Voir une très vieille connaissance, tu verras. Monte.
Ne cherchant pas plus d’explications, je prends place sur le siège passager et ferme la portière. Il met le contact et démarre. Ignorant où Dae-Ho m’emmène, je me contente de regarder le paysage qui défile dehors, l’autoradio diffuse de la musique dans une langue qui m’est totalement inconnue.
On continue de rouler pour arriver dans une forêt à l’extérieur de la ville. Je commence à me demander si je peux vraiment faire confiance à Dae-Ho, personne ne sait où je suis ni avec qui et moi, je monte en voiture avec lui alors que je ne le connais que depuis la veille. Nous voilà en plein milieu de la forêt quand enfin, il arrête la voiture. On descend et il part en direction d’un petit chemin. Ne sachant pas où aller, je le suis de près tout en restant attentive au moindre bruit. Après quelques minutes de marche, il s’arrête au milieu de nulle part.
— On est arrivé.
— Je croyais qu’on allait voir une connaissance à toi et tu m’emmènes dans un coin perdu dans une forêt ?
— Nous ne sommes pas n’importe où, lève les yeux et observe.
Au-dessus d’un arbre se trouve une immense maison légèrement camouflée par la végétation abondante. Dae-Ho siffle un petit air rapide et un vieil homme sort de la maison, souriant à la vue de mon entraîneur.
— Hey Dae-Ho, quelle joie de te revoir, ça fait longtemps, au moins quinze ans si je ne me trompe pas ?
— C’est ça, quinze ans, le temps passe vite, ça ne nous rajeunit pas tout cela.
– N’est-ce pas !
Le vieil homme saute de branche en branche pour descendre de son arbre avec l’agilité d’un singe. Bien que ses cheveux blanchis trahissent son âge, il semble avoir la force, l’énergie et la vivacité d’un enfant. Je crois que si l’on faisait une course, il me battrait à plate couture, c’est pour dire.