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Des statues en plâtre de Napoléon sont retrouvées brisées dans différents endroits à Londres. Lestrade, inspecteur à Scotland Yard, développe une théorie selon laquelle ils ont affaire à un forcené détestant Napoléon. Sherlock Holmes ne croit pas à cette théorie, car toutes les statues qui ont été retrouvées détruites sortent du même moule. Pourquoi un antinapoléonien s'en prendrait-il seulement à ces statues là? Et bientôt, on retrouve dans une maison non seulement une statue brisée, mais aussi un corps sans vie. Sherlock prend alors l'affaire en main.
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Seitenzahl: 41
Veröffentlichungsjahr: 2020
Il arrivait assez souvent à M. Lestrade de Scotland Yard de venir causer avec nous dans la soirée, et ces visites faisaient grand plaisir à Sherlock Holmes, car elles lui permettaient de se tenir au courant de toutes les nouvelles apprises par la police. En retour des récits que faisait Lestrade, Sherlock Holmes prêtait une grande attention aux détails des affaires dont le détective pouvait être chargé ; de temps en temps, il lui donnait des avis que justifiait sa longue expérience des affaires, des hommes et des choses.
Ce soir-là, Lestrade avait parlé du temps, des journaux, puis la conversation était tombée tandis qu’il continuait à fumer son cigare. Holmes le regarda avec attention.
— Rien d’intéressant ? dit-il.
— Non, monsieur Holmes, rien de particulier.
— Alors… dites-le-moi.
Lestrade se mit à rire.
— Eh bien, monsieur Holmes, je n’ai pas besoin de nier. Oui, il y a bien quelque chose qui me préoccupe, et pourtant, c’est si stupide que j’hésite à vous ennuyer en vous le racontant ; d’un autre côté, l’événement, tout en ne sortant pas de la banalité, paraît cependant assez bizarre. Je sais, il est vrai, que vous avez un goût marqué pour ce qui sort de l’ordinaire, mais, à mon avis, cette affaire paraît plutôt ressortir du domaine du Dr Watson que du vôtre.
— Une maladie ? demandai-je.
— En tout cas, de la folie, et une folie extraordinaire. Croiriez-vous qu’il existe, de nos jours, un homme qui nourrit une telle haine contre Napoléon Ier, qu’il brise impitoyablement toutes les statues qui le représentent.
Holmes s’enfonça dans sa chaise.
— Cela ne me regarde pas, dit-il.
— C’est précisément ce que je viens de dire. Mais, comme l’homme en question se met à cambrioler des maisons dans le but de briser ces statues, il cesse d’appartenir au domaine du docteur pour passer dans celui de la police.
Holmes se redressa.
— Ah ! du moment où il y a des cambriolages, cela devient plus intéressant. Donnez-moi donc des détails.
Lestrade prit son carnet de rapports qu’il parcourut pour se rafraîchir la mémoire.
— La première affaire a eu lieu, il y a quatre jours, dit-il. Elle se passa chez M. Moïse Hudson, qui a un magasin de vente d’objets d’art dans Kennington Road. Le commis s’était un moment absenté du magasin, quand, tout à coup, il entendit du bruit à l’intérieur. Il revint en toute hâte et trouva, brisé en mille morceaux, un buste en plâtre de Napoléon qui était placé sur le comptoir, au milieu d’autres œuvres d’art. Il se précipita dans la rue, mais, malgré l’affirmation de plusieurs personnes, qui avaient vu un individu s’enfuir du magasin, il ne put le découvrir. Il crut donc voir dans ce fait un acte de vandalisme comme il s’en produit de temps en temps, et c’est dans ce sens que fut faite la déclaration à la police. Le buste ne coûtait que quelques shillings et l’affaire semblait trop anodine pour qu’on se livrât à une enquête.
Un second fait semblable se produisit, plus sérieux et plus étrange, la nuit dernière. Dans Kennington Road, à quelques centaines de mètres du magasin de Moïse Hudson, habite un médecin bien connu, le Dr Barnicot, qui a une clientèle très importante sur la rive gauche de la Tamise. Sa résidence, avec son cabinet de consultation, est dans Kennington Road, mais il a une clinique à Lower Brixton Road, distante d’environ deux milles. Le docteur est un admirateur enthousiaste de Napoléon ; sa maison est remplie de livres, de tableaux et de reliques se rapportant à l’histoire de l’empereur des Français. Il a acheté, précisément chez Moïse Hudson, des plâtres absolument pareils du buste de Napoléon, par le sculpteur français Devine. Il a placé l’un d’eux dans le vestibule de sa maison de Kennington Road, et l’autre sur la cheminée de son cabinet de Lower Brixton. Quand le docteur est descendu ce matin, il a constaté que sa maison avait été cambriolée pendant la nuit et que rien n’avait été volé, sinon le buste en plâtre du vestibule, qui avait été emporté et lancé avec violence contre le mur du jardin, près duquel en ont été découverts les débris.
Holmes se frotta les mains.
— Voilà qui n’est pas banal !
— Je pensais bien que cela vous intéresserait, mais ce n’est pas tout : le Dr Barnicot s’est rendu, à midi, à sa clinique, et jugez de son étonnement, en découvrant que la fenêtre avait été ouverte pendant la nuit et que les morceaux de son second buste jonchaient le sol. Il avait été réduit en miettes sur le lieu même. Nous n’avons pu découvrir aucun indice qui pût nous mettre sur la piste du criminel ou du fou qui avait causé l’accident. Maintenant, monsieur Holmes, vous connaissez les faits.
— Ils sont, en effet, assez bizarres pour ne pas dire grotesques, dit Holmes. Je dois pourtant vous demander si les deux bustes brisés chez le Dr