Lou, l'être ou l'avoir - Jean-Baptiste Roussouly - E-Book

Lou, l'être ou l'avoir E-Book

Jean Baptiste Roussouly

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Beschreibung

Lou vient d’entrer en classe de CP. Son père et sa mère l’entourent d’un amour immense et l’accompagnent dans tous ses apprentissages mais lorsqu’on a 6 ans, on vit de nombreuses expériences qui viennent parfois bousculer le quotidien d’une famille. Pour Lou, ces évènements seront aussi variés qu’un insecte horrible, un papi veuf, un tonton fou, le travail de sa maman, une annonce familiale ou la visite du Père Noël… A chaque étape, l’enfant rencontre des questionnements déstabilisants et les partage avec ses parents : qui suis-je ? à quoi je sers ? où étais je avant de naître ? à quoi ça sert d’être ami ?...

Ce livre propose des pistes de réflexion pour enfants et parents curieux. Tout en accompagnant les jeunes lecteurs vers l’intériorité, les histoires de Lou favorisent le développement de la pensée critique. En défendant toujours l’amour de l’apprentissage et de la compréhension du monde, "Lou, l’être ou l’avoir" est un roman pédagogique qui aide les enfants à grandir. A offrir à tous ceux qui aiment se poser des questions

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Seitenzahl: 78

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Copyright

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www.publishroom.com

ISBN : 978-2-38625-688-2

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Titre

Jean-Baptiste Roussouly

Lou, l’être ou l’avoir

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Le solstice d’hiver est un jour où tout bascule. Un point culminant. Dès le lendemain, petit à petit, nos journées ral-longent. Le Soleil renait. Ainsi, il éclaire davantage le début de nos croyances ou la fin de nos tendres illusions.

SEPTEMBREC'est quoi ce truc ?

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SEPTEMBRE C’est quoi ce truc ?

Dring !La sonnerie retentit dans la cour de récréation de l’école primaire Saint Vincent. C’est aujourd’hui que Lou fait son entrée en C.P ; ce sera soit dans la classe de Maîtresse Julie - une maîtresse jeune et souriante - soit dans celle de Maître Simon - un maître bien moins jeune mais très rigolo tout de même. Lou a six ans depuis bientôt trois mois et ne se sent en cette matinée pas du tout mélancolique. Au contraire, Lou est très calme, alerte et attend sagement que son nom soit enfin cité par la directrice, en train de constituer les classes par ordre alphabétique. En ce jour de rentrée, Lou a mis des habits neufs, des souliers neufs et a brossé ses cheveux châ-tains luisants jusqu’à ce que sa frange épaisse repose sur ses grands yeux verts malicieux. Cartable à roulettes à ses pieds, l’élève est immobile et écoute cette directrice qui s’exprime comme on aboie. Lou se tourne vers son père et chuchote en souriant :

Papa, on dirait qu’elle a une patate brûlante dans la bouche la dame quand elle parle.

Son père complice lui fait un sourire discret. Puis Lou tend ses yeux verts comme des kiwis à sa mère qui en revanche ne sourit pas d’un centimètre et fait des gros yeux pour lui indiquer de se taire.

Lou Granier ! appelle la directrice.

Maman et papa poussent fièrement Lou vers l’avant et l’encouragent : « C’est toi, vas-y ». Le noyau familial se sépare.

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Lou s’avance, euphorique d’être dans la classe de Maîtresse Julie. « Chouette, elle est gentille, elle est jolie et parfois elle autorise à manger des bonbons » pense Lou qui retrouve en plus dans son rang, Lucas et Margaux, ses deux amis de maternelle. La rentrée s’est vraiment bien passée pour Lou et ses parents sont tout à fait rassurés.

Le soir venu, Lou rentre à la maison et raconte, décousue, cette première journée. Que d’anecdotes déjà ! Lou ne cache pas son optimisme à ses parents. Seulement, son père et sa mère semblent plutôt préoccupés par un autre sujet qui les amène bientôt à un début de mésentente. Il faut dire que l’un et l’autre ont un sacré caractère.

La maman de Lou s’appelle Marion. Elle a créé son entre-prise dans la communication digitale il y a deux ans et dirige maintenant une équipe de trois salariées, toutes plus motivées les unes que les autres. Marion est une femme audacieuse, décidée, indépendante et qui ne semble être possédée que par ses cigarettes en tabac ou électroniques. C’est une grande stressée. Son visage magnifique taillé dans un moule d’ar-gile lui offre des traits harmonieux et divins. Elle est douce comme une maman même si elle pousse continuellement Lou à se dépasser. David, le papa, est vendeur de voi-tures dans un garage ; ou plutôt, il travaille chez un concessionnaire automobile français de renom ! David est un employé modèle, expérimenté et ses très bons résultats commerciaux n’ont d’égal que les avis

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très positifs des clients qui passent entre ses mains. Il sait convaincre et se montre bienveillant et rassurant à qui sait l’écouter. À la maison, David est le factotum. Il s’occupe de tout, des courses à la cuisine, du range-ment au ménage et cependant il garde toujours un brin d’énergie pour témoigner tout son amour à Marion et à Lou ; non seulement David sait aimer mais il sait surtout le leur montrer.

Ce soir donc, David et Marion sont en désaccord à propos de la venue de Saïd et Sarah demain à midi. Saïd est le mari de Sarah et Sarah est la petite sœur de Marion. Marion les a invités à venir déjeuner tandis que David, défavorable à leur venue, a prévu de se rendre à la corrida de la Feria des vendanges de Nîmes en milieu d’après-midi. Chacun argu-mente pour convaincre l’autre.

Tu manges avec nous et tu partiras à ta corrida vers seize heures, tranche fermement Marion.

La discussion est close.

Le lendemain matin, tout le monde s’affaire. Marion part faire des courses, David range la maison et Lou s’occupe dans sa chambre. Mais Lou pense déjà au repas et aux per-sonnalités étonnantes de son oncle et de sa tante, peut-être à la source des tensions hier soir entre ses parents. Sarah est une tatie gentille, certes, mais elle est remplie d’inquiétudes. Depuis fort longtemps, cette femme s’est mise à avoir peur de

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tout : du gluten, de la viande, des microbes, de la justice, des concerts, de la pollution... Et comme elle a des inquiétudes sur tout et qu’elle les exagère tout le temps, peut-être que cela peut déplaire à certaines personnes comme notamment David. Oncle Saïd lui, n’est ni gentil, ni méchant : il est fou. Toc-toc, zinzin, complètement maboul. Il ne parle jamais, il fait des gestes bizarres et à coté de ça, il peint en silence. Il dessine en silence. Parfois il crie puis, il se remet dans sa peinture, en silence. Son visage est émacié et dur et sa seule présence lors d’un repas est toujours très étrange, surtout du point de vue d’un enfant. A en croire les brèves explications des adultes, Saïd aurait subi des malheurs dans son enfance, un évènement choquant pendant l’adolescence et un acci-dent de voiture avec Sarah lorsqu’ils étaient jeunes mariés. En tout cas, cet oncle inquiète Lou qui se décide à rejoindre son père dans la cuisine.

Papa, c’est quoi unfou ?

Un fou ? répond David étonné. C’est… euh… tu veux parler de tonton Saïd, c’estça ?

Oui. Il est fou ou il est artiste ?

Il y a des gens qui pensent créer le monde ou qui pensent interpréter le monde ou qui pensent voir le monde différemment. Ces gens qui pensent et qui créent, on les appelle des artistes. Et puis, il y a des gens qui ne pensent pas ou qui ne pensent plus ou qui pensent bizarrement… ils croient que ce qu’ils ont dans leur tête est vrai et ceux-là, on les appelle des fous. L’artiste, avec la peinture ou la sculp-ture, il se pose des questions, il exerce une activité sur son esprit… il interprète… c’est une action de son intelligence sur le monde… Alors que le fou lui, il est persuadé que son monde imaginaire est véritable … Tu comprends ?

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Et tonton ?

Tonton, il a perdu la raison… il est un peu fou, oui.

D’accord.

David sait Lou affable et possédant un caractère doux toujours en quête de questions et de réponses comme par exemple : « Papa, pourquoi les chewing-gums au début c’est bon mais après ils n’ont plus de goût ? » ou « Papa à quoi ça sert un nombril ? » ou encore « Papa, pourquoi on a des lobbes d’oreilles ? » … Alors David conclut prudemment :

Lou, je compte sur toi ! Tu ne fais pas de réflexion devant ton oncle et ta tante à midi ?

Oui, papa. Promis.

Vers douze heures environ, la sonnette du portillon reten-tit. Lou accourt immédiatement à la porte d’entrée pour accueillir les invités qui longent déjà la haie d’aubépine en fleur du jardin de la maison. Tout le monde s’embrasse, très heureux de ces retrouvailles, même Oncle Saïd manifeste sa gaité en secouant la tête dans tous les sens comme un cheval tire sur le mors de sa bouche. Une folle fantaisie pense Lou. Marion conduit la joyeuse famille vers la terrasse pour prendre l’apéritif. Sarah et Saïd s’installent face au soleil encore chaud de septembre, tandis que Lou et son père s’assoient à contre jour pour protéger leurs yeux clairs. Tous les deux partagent les mêmes yeux verts et surtout beaucoup de complicité. Les adultes trinquent, dis-cutent avec enthousiasme hormis Saïd resté comme à son habitude totalement muet. D’ordinaire les silencieux sont bavards avec les bonnes personnes mais

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pour Saïd, c’est autre chose ; personne au monde ne doit mériter ses bavardages car il n’offre jamais que ses silences.

Lou, absurde comme le sont les enfants de son âge qui patientent pendant que les grands papotent, joue à se faire loucher en sirotant sa limonade : tantôt son œil gauche roule