Manipulation fatale - Duri Rungger - E-Book

Manipulation fatale E-Book

Duri Rungger

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Beschreibung

La jeune entreprise de Fred Sutter développe des aproches de génie génétique pour lutter contre les maladies, mais elle connaît des difficultés financières. Enfin, un nouvel investisseur place l'entreprise sur des bases solides. Soulage, Sutter se rend a Flims pour des vacances au ski où il meurtd'une crise d'asthme causée par une Manipulation fatale de son inhalateur. L'inspectrice zurichoise Laura Crameri mène l'enquête qui s'avère difficile. Un concurrent malhônnete, un collaborateur faussaire, un militant impitoyable des droits des animaux, la partenaire qui reprend désormais l'entreprise, ainsi que l'épouse avide d'argent sont suspects. Finalement, une idée fixe amène Laura à la solution de lénigme. Un regard derrière les coulisses de la recherche biomédicale avec ses chercheurs assidus mais aussi des faussaires et tricheurs. Pour les lecteurs intéressés, quelques aspects scientifiques et procédures de biologie moléculaire sont expliquées dans l'annexe, pourtant pas nécessaire pour comprendre l'action.

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Sommaire

Concurrence déloyale

Rumeurs de congrès

Amies proches

Percée présumée

Faux scientifique

Bonnes relations

Naufrage évité

Veille de Noël solitaire

Froide nuit d'hiver

Médicament mortel

Jeu à domicile

Indices éparses

Amie inconsolable

Veuve en deuil

Activiste fanatique

Questions ouvertes

Conversation du soir

Scientifique douée

Attentat motorisé

Réponses évasives

Questions ouvertes

Idée fixe

Empoisonneur consciencieux

Amie disparue

Accalmie ennuyeuse

Issue désespérée

Malentendu fatal

Annexe scientifique

Navette pour gènes

Transport de gènes dans l'ovocyte

Ciseaux à gènes

Recombinaison génétique

Sauvetage d'une mutation létale

Oeuf de coucou

Donneur Pax6 modifié

Dégénérescence du code génétique

Ciblage de cellules tumorales

1 Concurrence déloyale

Fred Sutter tambourina nerveusement sur le volant en cuir de sa voiture. Le rendez-vous avec le Dr Ward n'était pas de bon augure. Le propriétaire de la ‘BioEnds’ l'avait invité à une réunion sur des aspects financiers sans préciser de quoi il s'agissait. Comme sa start-up avait besoin d'une injection de fonds, Sutter n'avait pas le droit d'être difficile, même si un collègue l'avait prévenu que l'Américain était un sale escroc qui n'avait jamais rien publié de scientifique. Sa société BioEnds ne servirait que de façade pour faire chanter d'autres sociétés avec des accusations de plagiat et d'autres délits imaginaires à chaque occasion possible et impossible. Sutter ne se serait certainement pas rendu à Bâle pour rencontrer ce chercheur douteux, mais comme il devait y aller de toute façon pour un congrès, il pouvait faire cette visite en même temps. À son arrivée, il donna un coup d'œil sur l'établissement de Ward. La grande inscription Bio-Ends était la chose la plus impressionnante de ce modeste hangar peint à neuf. Apparemment, il y avait au moins quelques animaux de laboratoire dans cet établissement, car lorsque Sutter sortit de sa voiture, il eut une légère crise d'asthme, comme toujours lorsqu'il s'approchait de souris. Il ne pouvait pas laisser sa voiture devant le hangar et risquer que des poils de souris s'y introduisent. Il se mit à chercher une place de parking ailleurs.

Il aimait généralement conduire dans sa Toyota GT blanche et basse avec un spoiler spécial, de grands tabliers et des jantes larges. Un lettrage discret, Tuning by Frey.ch, révélait qu'il s'était procuré cette édition spéciale en Argovie. Il l'avait achetée pour remplacer la Ferrari, un cadeau de son père pour son doctorat et qu'il avait vendue afin de faire de l'argent pour sa start-up. N'importe la voiture qu'il conduisait, la recherche d'une place de parking libre à Bâle était aussi désespérée qu'à Zurich et il en avait marre.

„Enfin!“ Une femme ouvrit la porte de sa voiture et se mit à y mettre d'innombrables sacs d'achats. C'était incroyable le temps qu'il lui fallait pour le faire. Sutter dirigea sa GT dans l'espace vide. Sortant de sa voiture, il donna un coup d'œil à l'horloge. Il arriverait chez Ward avec vingt minutes de retard, mais ça ne le dérangeait guère. Ce retard montrerait qu'il n'était pas si facile de l'impressionner.

Le petit homme gros et roux, en costume moulant et pantalon trop court, examina longuement son visiteur grand, vêtu de manière décontractée mais élégante, et le salua avec effusion: „Welcome, dear Fred. Nice to meet you!“ Il tendit la main à Sutter et lui tapota doucement l'épaule avec l'autre.

Ce geste condescendant ennuyait Sutter tellement qu'il répondit plus brusquement que prévu: „J'ai un doute sur le plaisir“, dit-il délibérément en suisse allemand.

L'Américain, qui vivait à Bâle depuis cinq ans, n'avait pas jugé nécessaire d'apprendre l'allemand et ne se laissait pas décourager. „Please, come in!“ Il conduisit son invité dans un bureau meublé de façon féodale et alla droit au but – naturellement dans son large argot américain: „Aujourd'hui, d'excellentes techniques sont disponibles pour réparer des gènes défectueux, mais il est encore difficile d'introduire l'ADN du donneur dans des cellules spécifiques de façon ciblée. Dans ce but, j'ai construit, par manipulation génétique, une protéine navette1 qui transporte sélectivement les gènes dans les ovocytes.“ Avec un haussement d'épaules de dédain, il prétendit avoir inventé cette technique quelque temps avant que Sutter ne dépose une demande de brevet pour sa procédure étonnamment similaire.

Ward expliqua que sa protéine de transport se comportait comme la substance prédominante de stockage de l'œuf, la vitellogénine, qui était produite dans le foie et atteignait l'ovaire par la circulation sanguine. Passant par les capillaires du follicule, elle était captée par des molécules à la surface de l'ovocyte et transportée à l'intérieur de la cellule2. Le court signal protéique avec lequel elle s'arrimait à l'ovocyte avait été incorporé dans la protéine de transport, et celle-ci migrait maintenant dans les cellules germinales tout comme la protéine de réserve. À l'intérieur de la cellule, grâce à un signal de localisation nucléaire incorporé, la navette était transportée dans le noyau, amenant le gène attaché. Ward n'expliqua pas, comment l'ADN était lié à la protéine de transport, peut-être pour donner l'impression qu'il ne voulait pas révéler certaines astuces à son concurrent. Il conclut ses remarques en soulignant que sa technique permettait une manipulation génétique de la lignée germinale par une simple injection dans le sang de la mère, une manipulation peu invasive et beaucoup moins coûteuse que la fécondation in vitro et l'implantation d'embryons génétiquement modifiés.

Si Sutter n'avait pas été aussi ennuyé, il aurait ri au nez à Ward qui avait décrit presque littéralement la procédure figurant dans la demande de brevet que lui-même avait soumise il y avait dix mois. Au moins, l'usurpateur avait bien mémorisé le texte et l'avait présenté clairement. Le prenait-il pour un idiot? Il n'était pas évident non plus, pourquoi Ward tentait de faire chanter sa société maintenant de tous les temps, alors que sa situation financière n'était pas rose.

Peut-être Ward avait appris qu'un laboratoire de biotechnologie de Bâle avait l'intention d'obtenir une licence pour cette technologie développée par le laboratoire de Sutter. Probablement, l'usurpateur espérait tirer quelque chose de cette transaction.

Ward n'avait pas mentionné dans sa présentation que le transport ciblé de gènes ne fonctionnait que chez les amphibiens, et d'autres espèces comme les oiseaux et poissons produisant des œufs riches en réserves nutritives. S'il avait vraiment réussi à appliquer la technique aux mammifères, il l'aurait souligné. Cela aurait constitué un énorme progrès et aurait prouvé que Ward faisait des recherches sérieuses. Dans ce cas, Sutter aurait dû s'entendre avec lui. Son groupe à Zurich avait tenté, jusqu'ici en vain, de modifier la navette de manière à ce qu'elle migre également dans les ovules de mammifères. En outre, son équipe avait récemment réussi à relier des ciseaux à gènes, CRISPR-Cas9, à la navette et à les introduire dans les cellules en même temps que l'ADN. Le découpage du gène cible qui devait être modifié, facilitait l'échange génétique énormément. Il n'en parlerait certainement pas à Ward.

Pendant qu'il réfléchissait à tout cela, Sutter n'avait plus vraiment écouté. Il ne se reprit que lorsque Ward affirma qu'il pouvait prouver à l'aide de protocoles de laboratoire et de documents numériques datés qu'il avait développé cette technique en premier. Néanmoins, en tant que personnes raisonnables, ils pouvaient certainement parvenir à un accord à l'amiable.

Sutter réfléchit fébrilement à la façon dont Ward allait justifier son bluff. Un document mal daté et d'apparence ancienne pouvait facilement être contrefait sur une vieille machine à écrire. Les documents numériques étaient encore plus faciles à manipuler. Mais si Ward voulait s'opposer formellement au brevet, ses documents seraient minutieusement examinés par les spécialistes de l'Office européen des brevets, qui connaissent toutes ces astuces. Son objection ne serait pas traitée plus avant si Ward ne pouvait pas présenter un document notarié et daté. Il était tout à fait certain que ce parasite n'irait pas si loin et tentait simplement d'extorquer une petite somme d'argent.

Sutter doutait que des tentatives de chantage aussi grossières avaient la moindre chance de réussir. Les grandes entreprises pharmaceutiques avaient d'excellents avocats, mais peut-être préféraient-elles parfois payer une somme insignifiante pour ne pas perdre de temps à déposer un brevet. Il n'était pas au courant de telles ruses juridiques, mais tout était possible. En tout cas, Ward avait dû vivre sur quelque chose ces dernières années. Quoi qu'il en soit, il n'obtiendrait pas un seul franc de lui.

„Vous êtes ridicule, Mr. Ward, au revoir.“ Sutter claqua la porte derrière lui, sourit gentiment à la réceptionniste horrifiée et s'apprêtait à quitter la maison lorsque Ward lui cria derrière: „Don't think it's over!“

~

Le congrès de génie génétique GeneMed 2018 se tenait au palais de congrès. Sutter allait y présenter son travail pour rappeler à certains investisseurs ses projets de recherche, qui se trouvaient dans leurs tiroirs depuis des mois. Il déposa sa GT dans le parking et alla s'enregistrer au bureau du congrès. Ensuite, il traversa la place d'exposition pour se rendre à l'hôtel Hyperion. Vu la situation actuelle de sa start-up, il aurait été plus sage de chercher refuge dans l'auberge de jeunesse. Toutefois, quiconque voulait établir des relations avec des hommes d'affaires et des entrepreneurs devait créer une impression solide, indépendamment du fait que les personnes auxquelles il parlait n'auraient pas mieux fait de loger dans un logement modeste eux aussi.

Le congrès était organisé par une agence professionnelle facturant des frais de participation élevés. Pour les représentants des start-ups, la participation était gratuite. L'industrie pharmaceutique, au nom de laquelle le congrès était organisé, voulait probablement laisser vivre les petites structures de recherche au moins jusqu'à ce qu'elles produisent des résultats utiles et puissent être rachetées.

Arrivé dans sa chambre, Sutter accrocha son costume sombre et ses chemises dans l'armoire, rangea le linge dans la commode et prit une douche pour se débarrasser des derniers poils de souris. L'ouverture de la réunion était prévue à cinq heures. Il mit le réveil sur quatre heures et s'allongea sur le lit en espérant faire une sieste. Toutefois, il n'arriva pas à s'endormir.

Ward n'était pas le seul problème qui l'occupait. La situation financière de sa start-up était beaucoup plus préoccupante. Il avait fondé la ‘KOKI’ presque contre son gré. En fait, il avait toujours songé de poursuivre des recherches dans une université sans trop de souci. Au début, ses chances pour une carrière universitaire étaient bonnes. Avec une thèse sur le transport des protéines de la surface cellulaire au noyau de la cellule, il avait obtenu son doctorat à Zurich et entamé ensuite un séjour postdoctoral à Cambridge. Là, il y avait développé la protéine navette qui transportait les gènes dans les œufs de grenouille – et dont Ward lui avait gentiment expliqué le mode de fonctionnement aujourd'hui encore. Cette technique facilitait grandement la modification génétique des embryons, mais elle n'était intéressante pour des applications médicales que si elle pouvait être appliquée aux mammifères. Étonnamment, le chef du laboratoire hôte avait accepté de laisser des souris entrer dans son sanctuaire voué aux amphibiens.

À Cambridge, les plans de haut vol de Sutter s'étaient soudainement écroulés. Dès qu'il commença à travailler avec des souris, il développa une allergie aux poils et souffrait de graves crises d'asthme s'il s'approchait les animaux. Dans ces conditions, il était impossible de poursuivre son projet. En tant qu'assistant postdoctoral, il ne pouvait pas s'asseoir dans un bureau comme certains professeurs et laisser les collaborateurs faire les manipulations pratiques à l'autre bout du bâtiment, la seule façon à laquelle il aurait pu poursuivre ses recherches. Avec son expérience encore limitée, ses chances d'obtenir une chaire de professeur ou même un poste de chercheur permanent étaient minimes. Un laboratoire de recherche médicale ou l'industrie pharmaceutique aurait pu être intéressé par sa technologie mais dans ces établissements il y avait le danger qu'un projet soit abandonné du jour au lendemain parce qu'il progressait trop lentement ou parce que d'autres priorités étaient fixées dans l'entreprise. En outre, il avait toujours voulu planifier et mener ses recherches de manière indépendante. La seule façon d'y parvenir malgré son allergie était de créer une start-up dont il était le seul responsable.

Sutter avait toujours été un homme de décisions rapides. Il abandonna son poste en Angleterre, retourna à Zurich et passa quelques mois à faire part de son idée à des avocats spécialisés et à chercher des sponsors. Les 140 000 francs de financement fédéral suffisaient à peine à payer les intermédiaires, et il était sur le point d'abandonner. Puis son avocat le surprenait en annonçant qu'un investisseur privé était prêt à investir trois millions – sans poser des conditions sur la manière dont la société fonctionnerait, mais en échange d'une part importante des éventuels bénéfices ou du prix de rachat par une grande entreprise.

Alors qu'il mettait sur pied sa start-up, son père tomba malade et mourut quelques semaines plus tard. En tant qu'ancien propriétaire d'une petite usine d'instruments de précision, il avait accumulé une belle fortune, qui revenait à son fils. En plus de la villa sur le Zürichberg, que Sutter habitait désormais, le domaine comprenait également l'ancienne usine qui revenait à son fils. Ce bâtiment était idéalement adapté pour abriter un laboratoire de recherche et des locaux séparés pour les animaux pour les expériences. Rien ne s'opposait donc à la création de sa société ‘KOKI’.

Sutter leva les sourcils. Même après trois ans, ce nom lui semblait encore étrange à l'oreille et il était surpris que personne n'ait essayé de leur commander du Coca-Cola. Aussi fantaisiste qu'il soit, le nom était correct. KO et KI signifiaient knock-out et knock-in, les termes communs pour éteindre ou insérer un gène dans le génome d'une cellule. Le choix n'avait pas été très large de toute façon. Des noms qu'il aurait préférés, tels que ‘Genetec’, ‘Medtech’, ‘Transgene’, ‘Newgene’, ‘Genecorr’ et bien d'autres, étaient déjà pris par d'autres entreprises.

Comme pour toute recherche, les travaux progressaient plus lentement que prévu. Sutter ne s'attendait pas à faire des bénéfices après si peu de temps, mais il n'avait pas non plus prévu que les fonds disponibles disparaîtraient aussi rapidement. Le maigre capital initial de trois millions avait très vite diminué avec la création du laboratoire et l'achat d'équipements, d'enzymes et de produits chimiques. Les salaires de deux scientifiques, d'un technicien qui s'occupait également des animaux et d'une secrétaire dévouée qui était payée à temps partiel, mais travaillait à plein temps, avaient absorbé le reste. Depuis plusieurs mois, il payait les gens et les consommables de sa poche.

Sa demande de brevet pour la protéine de transport était désormais déposée depuis dix mois à l'Office européen des brevets et le rapport de recherche serait terminé bientôt. Si la procédure devait se poursuivre, il devait soumettre une demande définitive et la procédure n'était pas gratuite. De toute façon, il avait besoin de trouver de nouveaux financements pour poursuivre ses travaux. Outre l'intérêt scientifique, c'était une autre raison de participer au congrès, qui réunissait de nombreux investisseurs, des analystes du marché privé, ainsi que des responsables de la planification et des directeurs de grandes entreprises pharmaceutiques.

Sutter consulta l'horloge. Il était seulement deux heures et demie. Il se recoucha, ferma les yeux et essaya de dormir, mais se redressa immédiatement quand les autres problèmes non résolus commençaient à envahir ses pensées. Le plus délicat était son mariage avec Evita. Il avait épousé deux ans auparavant la très recherchée princesse de la vie nocturne. Leur mariage avait même valu une photo dans la colonne des potins du supplément dominical Gesellschaft de la NZZ. Il avait rencontré Evita dans la vie nocturne zurichoise. Elle flirtait avec beaucoup de gens, mais n'entretenait pas de relation durable et s'était honnêtement méritée son surnom de „Princesse d'une Nuit". Soudain, elle ne connaissait que lui et avant qu'il ne le sache, ils se tenaient devant l'officier d'état civil. Au début, ils étaient heureux ensemble. Dès qu'il avait commencé à investir des fonds privés dans l'entreprise, la relation se détériora rapidement. Entre-temps, il avait réalisé avec amertume qu'elle l'avait épousé uniquement en raison de son héritage dont elle avait probablement eu connaissance grâce à une des colonnes de ragots qu'elle préférait.

La semaine dernière, la situation déjà précaire avait explosé. Lorsqu'il lui demanda de freiner un peu sa frénésie d'achats, elle le regarda avec mépris sans dire un mot. Le lendemain, elle jeta triomphalement une demi-douzaine d'emballages provenant des magasins les plus chers de la ville sur son bureau, à la suite de quoi il fit immédiatement bloquer sa carte de crédit. Depuis lors, elle ne parlait que de ce que le divorce allait lui coûter.

Avec un soupir, il descendit du lit. Il ne pouvait pas se torturer pendant des heures avec des pensées aussi sombres, sinon il deviendrait fou. Une petite promenade lui ferait du bien. Suivant la Clarastrasse, il se promenait vers le Rhin. Il ne se passait pas grand-chose ce lundi-là. De nombreux magasins restaient fermés toute la journée et il n'y avait aucun signe de l'agitation d'avant Noël, même si les vitrines étaient déjà décorées de bougies et de boules de Noël – six semaines avant la fête. Par ce temps exceptionnellement chaud, les pères Noël d'inspiration américaine enfermés dans les vitrines auraient certainement transpiré à mort avec leurs épais costumes rouges, s'ils n'avaient pas été en plastique.

Arrivé sur le pont, Sutter s'arrêta, s'appuya à la balustrade et regarda longtemps le Rhin. Lentement il arrivait à mettre ses soucis de côté. Soulagé, il remonta au Münsterplatz, prit un café au ‘Zum Isaak’ et parcourut le journal. Ensuite, il était temps d'aller à l'hôtel et de se préparer pour la réception qui avait lieu dans le noble hôtel Les Trois Rois, juste en dessous du pont sur le Rhin. Au passage, il regretta un peu de ne pas avoir fait sa promenade en ville dans ses vêtements du soir. Cela lui aurait évité de remonter et redescendre la Clarastrasse rien que pour se changer.

1 I Navette pour gènes

2 II Transport de gènes dans l'ovocyte

2 Rumeurs de congrès

Lorsque Sutter sortit de l'ascenseur dans le hall, de nombreux participants au congrès s'y trouvaient, à juger des badges qu'ils portaient. Les femmes s'étaient faites belles et la plupart des hommes portaient des costumes et des cravates. Par rapport à un congrès de médecins, où surtout les compagnes portant des bijoux coûteux essayaient de se surpasser, l'effort était pourtant limité. Les investisseurs participant à l'événement portaient des tenues plutôt décontractées et les scientifiques ne pouvaient de toute façon pas se permettre d'acheter des costumes sur mesure. Certains participants plus âgés avec une chevelure sauvage étaient probablement des biologistes moléculaires grandis à l'ère hippie. Les étudiants qui les accompagnaient portaient des jeans usés et des baskets. Sutter regardait à travers la foule, mais ne détecta personne qu'il connaissait. Il se dirigea résolument vers la sortie. Comme si la foule indécise avait attendu ce signal, elle le suit.

Alors que le cortège traversa la place devant l'hôtel, Sutter était amusé par le mélange bigarré de gens qui le suivait, et pourtant, tous ces congrès se ressemblaient. Des personnes qui se connaissaient déjà ou qui venaient de découvrir qu'elles travaillaient dans le même domaine, se chamaillaient sur les détails techniques de la recombinaison génétique, se disputaient sur la fiabilité des résultats obtenus en culture cellulaire, ou se donnaient des conseils sur la source de CRISPR la moins chère et pourtant fiable. D'autres se limitaient à spéculer sur la durée du discours de bienvenue et sur le menu du repas offert.

Juste derrière Sutter, un Américain cria dans son téléphone portable et demandait aux collègues du labo quoi au diable il pouvait bien en dire dans sa présentation sur la diapositive tout juste reçue par e-mail. Il s'agissait évidemment d'un de ces touristes de congrès qui n'avait pas vu son laboratoire depuis des semaines et qui avait besoin de nouvelles données à présenter, vu qu'il avait fait le même exposé sur trois continents sans aucune modification. L'explication semblait compliquée, car l'homme s'arrêta et chercha un stylo dans sa poche.

Deux hommes plutôt âgés se collaient derrière Sutter qui pouvait entendre une partie de leur conversation: „Je viens d'apprendre qu'une autre des start-ups dans lesquelles j'ai investi a fermé ses portes. C'est déjà la quatrième fois que je peux dire au revoir à jamais à mon argent.“

"On dit que si on peut faire un gros coup sur un investissement sur dix, on a eu de la chance. Il suffit de continuer à investir“, lui conseilla son compagnon.

„Je commence à manquer de capital pour cela. J'ai juste trouvé une petite ruse de me refaire: J'ai appris que la ‘Raremed’ a récemment fait des progrès prometteurs, mais il semble qu'ils n'arrivent pas à mener à bien leurs projets avant de faire faillite. Le propriétaire essaie maintenant de faire en sorte que Jaccard finance sa boîte.

„Et tu veux vraiment t'impliquer dans cette affaire? Nous sommes des nains contre Jaccard.“

Sutter écoutait attentivement ce que l'investisseur sournois préparait. Après tout, le chef de la ‘Raremed’ était un ami et s'intéressait à sa protéine navette.

J'ai proposé aujourd'hui à Jaccard de ne pas financer la boîte. Si l'entreprise ne reçoit pas d'injection d'argent, je pourrais acheter ses résultats à bon marché et les revendre avec un profit énorme. J'ai offert à Jaccard une part du gain.

Sutter était à deux doigts de donner son avis à ce salaud. Il fut empêché de le faire par une jeune étrangère qui s'accrocha à lui. „Tiens-moi bien, ou je vais arracher les yeux de ce vautour.“ Elle le dit si fort que le destinataire devait l'entendre.

Surpris, il saisit la femme enragée par le haut du bras. Au fur et à mesure qu'ils avançaient, il observait subrepticement sa nouvelle accompagnatrice. Elle était petite et gracieuse. Sa frange de cheveux noirs et crépus ne montrait que le petit bout de son nez, légèrement relevé.

Il était sur le point de lui parler lorsque le compagnon du comploteur derrière eux grogna: „Elle a raison pour le vautour. Tu es un spéculateur pourri et une honte pour toute notre guilde. Trouve-toi une autre compagnie.“

La compagne de Sutter lui donna un coup de coude si fort sur le côté qu'il se tortilla. „Il est bon d'entendre qu'il y a encore des gens honnêtes. Maintenant, tu peux me lâcher, mais puis-je rester accroché? Je suis Silvia Grossmann.“

„Fred Sutter“, il se présenta à son tour. „Tu es dans la recherche?“ d'après sa précédente réaction, il prit cela pour acquis.

Elle sourit d'un air penaud. „Au moins pour l'instant. Je ne sais pas combien de temps encore.“

„Recherche postdoctorale sans résultat, poste d'assistante à durée limitée, employée d'une société en faillite ou naissance du premier enfant et aucune place à la crèche?“, demanda Sutter sans détour.

„T'as raison pour la deuxième suggestion. Le crédit de recherche qui couvre aussi mon salaire arrive à échéance.“ Silvia n'hésita pas à expliquer sa situation: Après son doctorat en immunologie, elle s'était mise à développer de nouveaux antibiotiques chez un professeur assistant à Bâle. Elle travaillait sur ce projet pendant deux ans lorsque son patron obtint un poste de professeur en Allemagne. Il voulait l'emmener avec lui, mais son sujet ne s'inscrivait pas dans le programme de l'institut là-bas, et elle ne voulait pas l'abandonner. Au moins, elle était autorisée à continuer à travailler à l'université jusqu'à l'expiration du crédit, dans un peu moins d'un an. Une prolongation était exclue parce qu'une requérante n'était pas autorisée à demander au Fonds national son propre salaire et que l'université ne voulait contracter aucune obligation.

„J'ai des préoccupations similaires. Ma start-up sera bientôt à court d'argent elle aussi. Nous devons porter un toast à cela plus tard! Parle-moi de ta recherche de nouveaux antibiotiques. C'est une priorité aujourd'hui et personne ne veut s'en occuper.“

Silvia expliqua qu'elle avait fabriqué des extraits de toutes sortes d'organismes possibles et impossibles: champignons, algues, plantes et même œufs de grenouilles africaines.

Sutter avait lui-même travaillé avec Xenopus et demanda pourquoi elle cherchait des antibiotiques dans les œufs de ces batraciens. Elle lui rappela que ces animaux pouvaient se développer même dans de l'eau extrêmement sale et devaient avoir une bonne défense contre les infections, mais on ne savait pas encore si cette résistance était due à un antibiotique.

Silvia avait déjà obtenu des extraits à partir de différents organismes qui inhibaient la croissance bactérienne. Elle devait maintenant prouver qu'il ne s'agissait pas seulement de poisons proscrits pour une utilisation médicale. Ces recherches étaient coûteuses et pouvaient difficilement être menées avec les moyens dont elle disposait. Elle espérait trouver lors de cette réunion un laboratoire avec lequel elle pourrait poursuivre son travail.

La jeune chercheuse était furieuse: „Depuis quatre-vingt-dix ans, la médecine utilise des antibiotiques pour toutes les petites choses, les rhumes, les maux d'oreilles et autres broutilles. Pire encore, les agriculteurs nourrissent systématiquement leur bétail avec ces produits. En conséquence, des germes résistants se sont développés et des personnes meurent d'infections banales. Bien sûr, les quelques antibiotiques encore efficaces sont de plus en plus utilisés dans l'élevage de porcs et l'industrie pharmaceutique fait rien pour développer de nouveaux produits. Ils ne sont pas intéressés par des médicaments faciles à produire et qui devraient être vendus à un prix raisonnable. Les pilules qu'ils peuvent vendre à cinq mille francs la pièce sont beaucoup plus attrayantes.

Ils étaient arrivés devant l'entrée de l'hôtel Les Trois Rois. Dans le hall, Sutter suggéra: „Allons-nous rester ensemble ce soir? Je vais rencontrer ici un ami qui devrait t'intéresser. Il partage ton point de vue et fait des recherches sur des maladies rares qui sont apparemment financièrement peu attrayantes pour la recherche industrielle. Peut-être pourriez-vous réunir vos efforts.

~

Heureusement, le discours d'ouverture du congrès fut bref mais l'apéritif était riche et le champagne était généreusement versé. Sutter se sentait à l'aise en compagnie de sa connaissance fortuite avec son sourire d'enfant malicieux. Une seule chose l'inquiétait. Peter Frei était introuvable. Ce n'était que lorsqu'il emmena Silvia faire un tour dans le vestibule qu'il vit son ami en compagnie d'un puissant colosse assis à une fenêtre donnant sur le Rhin. C'était Jaccard. Sutter ne connaissait le géant que de vue. Il était connu dans l'industrie comme un investisseur solvable et prévoyant. La conversation semblait terminée. Les deux hommes se dirent au revoir par une poignée de main. Sutter se fit connaître, et Peter se dirigea droit vers lui.

„Fred, tu ne vas pas le croire. Jaccard vient de promettre d'investir cinq millions dans mes projets – avec la perspective de nouveaux prêts. Nous en avions parlé a plusieurs reprises, mais il ne voulait prendre une décision que plus tard. Aujourd'hui, dès que je suis arrivé ici à l'hôtel, il m'a approché et m'a dit qu'il voulait conclure le contrat rapidement. Aujourd'hui, un fin-connaisseur de l'industrie lui aurait dit à quel point la recherche dans ‘Raremed’ avait progressé, et il a donc décidé de rejoindre la société immédiatement.

Sutter pensait savoir i était cet expert de l'industrie et admirait Jaccard pour son attitude. Silvia semblait penser la même chose et lui fit un clin d'œil conspirateur. Ce n'était que maintenant que Frei la remarqua et regarda son ami d'un air interrogateur.

„Désolé de ne pas vous avoir présenté. Peter Frei, Sil-via Grossmann. Je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire, mais portons d'abord un toast à ton succès, Peter. Silvia et moi t'expliquerons le contexte du changement rapide d'avis de Jaccard et de l'habile connaisseur de l'industrie qui l'a conduit à sa décision.“

Les participants furent invités dans la salle à manger et, aussitôt qu'ils s'étaient assis, Peter aborda la question qui lui tenait à cœur: „Nous en avons déjà parlé plusieurs fois, mais maintenant je peux enfin me le permettre: combien coûterait l'utilisation de ton brevet de navette? Nous avons isolé certains gènes dont nous soupçonnons qu'ils pourraient avoir un effet positif sur une maladie. Afin de tester leur efficacité, nous devons produire de petites quantités des protéines qu'ils produisent. Pour ce faire, nous voudrions injecter ta navette avec les gènes attachés dans le sang de cailles, et ensuite nous pourrions isoler les protéines correspondantes des œufs.

„J'aimerais te laisser utiliser notre technique gratuitement, au moins jusqu'à ce que tu fasses de juteux profits, mais je ne peux pas me le permettre. Moi aussi, j'ai un besoin urgent d'argent pour ma start-up. Nous pouvons en parler demain. Laisse-moi faire le calcul d'abord.“ Sutter avait des idées très précises sur le prix, mais ne voulait pas gâcher le dîner en marchandant.

Au cours du repas, Silvia et Peter discutaient d'une éventuelle collaboration et se mirent d'accord qu'elle devrait épuiser son crédit à l'université et ensuite continuer à travailler sur son projet dans le laboratoire de Peter. Après cela, les deux parlaient boutique et, en tant qu'étranger dans ce domaine, Sutter pensa qu'ils auraient tout aussi bien pu discuter les finances ou raconter des blagues. Après le dessert, il partit à la recherche de Jaccard, à qui il avait déjà soumis les projets de la ‘KOKI’, mais une conversation personnelle pouvait faire avancer les choses. L'investisseur était déjà parti.

Il était tard quand ils se dirent au revoir devant „Les Trois Rois“. Fidèle à ses principes, Pierre avait pris une chambre dans un logement bon marché près du Spalentor et partait dans cette direction. Bras dessus bras dessous, Silvia et Sutter retournèrent au „Hypérion.“ Après un dernier verre au bar de l'hôtel, il était temps d'aller dormir. Devant l'ascenseur, Silvia prit Fred par la main. „Je suis tellement excitée et heureuse d'avoir trouvé une solution à mes problèmes que je ne pourrai certainement pas dormir cette nuit. Tu me tiendras compagnie?“

3 Amies proches

Gina Berri était assise dans le café Sprüngli au Paradeplatz et sirotait un Prosecco. Elle n'était pas venue dans cet établissement depuis longtemps, mais aujourd'hui, elle y avait un rendez-vous. Son amie Evita avait réservé la table. Apparemment, elle était une bonne cliente ici, sinon on ne lui aurait guère donné une place près de la fenêtre à l'heure du déjeuner. Gina regarda autour du café. L'endroit était bondé et semblait être la destination préférée de femmes seules ou de petits groupes de femmes. Après tout, il y avait aussi quelques couples, et même trois hommes sans escorte féminine avaient osé s'arrêter ici. À la table à côté d'elle était une jeune femme élégante qui aurait été plus belle si elle n'avait pas peint ses lèvres d'un rouge aussi vif. Elle avait l'air d'avoir oublié de sortir sa tétine. À son arrivée, elle avait posé son manteau de vison beige sur la chaise encore vide de la table de Gina, la regardant avec défi. Elle semblait certaine que personne n'oserait la réprimander. Cela aurait été assez audacieux, car elle était accompagnée de deux hommes massifs au crâne rasé qui étaient probablement ses gardes du corps et qui surveillaient les autres clients du restaurant de façon suspicieuse, prêts à sortir une kalachnikov de sous la table pour la protéger. Gina supposa qu'elle était la fille d'un potentat d'un pays de l'Est, mais elle ne connaissait pas la langue dans laquelle ses voisins parlaient.

Où était Evita? Elle avait déjà plus de dix minutes de retard. C'était tout elle. Evita n'avait jamais été à l'heure, mais cette fois-ci, elle avait convoqué une réunion ‘de toute urgence’. Gina espérait que son amie n'aurait qu'une demi-heure de retard pour un rendez-vous qu'elle avait elle-même arrangé et non, comme d'habitude, une heure entière. Peu importe, dans cinq minutes, elle se commanderait quelque chose à manger et partirait. Elle devait être au travail à deux heures. Néanmoins, elle espérait revoir Evita. Dans leurs ans de folie, elles avaient fréquenté les pubs et les boîtes de nuit en vu et fait tourner la tête de jeunes hommes inoffensifs – et souvent plus âgés – qui les invitaient à des boissons coûteuses. Parfois, elles avaient choisi deux types similaires comme cibles et firent un pari sur laquelle d'elles pourrait mener la victime choisie au lit le plus rapidement. Evita avait presque toujours gagné. Avec ce souvenir, Gina sourit d'un air amusé.

Fred Sutter avait été un pôle important de leur clique. Lorsqu'il partit en Angleterre après avoir obtenu son diplôme, les choses étaient devenues un peu plus calmes. Après son retour, elle était sortie avec lui pendant une longue période – dans la mesure de leurs habitudes. Cette fois-ci, il n'y avait pas de rivalité avec Evita, qui venait de se lier d'amitié avec un industriel italien prétentieux, mais dont elle se débarrassa rapidement lorsqu'elle apprit qu'il était fauché.

Son amitié avec Fred avait également connu une fin abrupte. Un soir, au bar à côté d'eux, une charmante étudiante blonde et son compagnon fêtaient la réussite d'un examen. Fred tomba immédiatement amoureux de cette beauté et invita tous les deux à boire du champagne. Après cela, Fred et la petite n'étaient plus là que pour eux-mêmes et ne se souciaient plus de rien d'autre. Fred devait avoir entretenu une relation étroite avec l'étudiante par la suite, car il ne se présentait plus aux endroits habituels. Gina avait appris ensuite que son père était mort et lui avait laissé une énorme fortune. Peu après, Evita lui demanda d'être demoiselle d'honneur à son mariage avec Fred. Lorsqu'il s'agissait d'une bonne affaire, Evita était vraiment rapide. Gina devait le reconnaître.

„Ciao Gina, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues.“ Gina reconnut son amie à peine. Ses cheveux, auparavant rouges rouille et ondulés, étaient maintenant longs, raides et blonds platine. Le visage avait peu changé, seules les lèvres fraîchement gonflées étaient peintes en brun argenté, ce qui lui donnait une apparence moins enfantine que la moue rose qu'elle préférait auparavant. Après l'échange de bisous, Evita voulut s'asseoir, mais sur sa chaise se trouvait encore le manteau de fourrure de la voisine, qui ne fit aucun geste pour l'enlever. Sans hésiter, Evita ramassa la pièce coûteuse et la jeta négligemment sur le sol à côté de sa propriétaire. „C'est très généreux de votre part, mais j'en ai déjà un semblable.“ La demoiselle était sans voix, et ses deux gardes du corps ne savaient pas comment agir. Evita ne se soucia pas des regards malveillants et fit signe à la serveuse de s'approcher. „Un cocktail de crevettes et une coupe de champagne, s'il vous plaît – et qu'est-ce que tu prends, Gina?

Pendant le repas, ils parlaient du bon vieux temps et s'amusaient délicieusement. Quand la chronique érotique arriva au mariage d'Evita avec Fred, l'expression d'Evita devint lugubre. „Je ne sais pas comment j'ai pu penser à l'épouser.“