Massassauga - Manuel Mereb - E-Book

Massassauga E-Book

Manuel Mereb

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Beschreibung

Vicky Van Halen et le commissaire Janvier pourchassent la Déesse aux Mille Avec l'aide de la mystérieuse Madame M et d'un indien appelé le Spectre, les deux compères devront affronter bien des dangers pour mener à bien leur mission.

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Ähnliche


Une aventure de Vicky Van Halen et du commissaire Janvier

Sommaire

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Prologue

Elle jouait avec, la faisant voleter autour d'elle, rentrer puis sortir, et ce n'est que bien plus tard, lorsque son ventre commença à s'arrondir, qu'elle comprit de quoi il s'agissait exactement. Encore fallut-il que M'chawi lui fournisse certaines explications, certes confuses, et dont la teneur aurait terrorisé n'importe quelle autre fille de son âge. Mais pas Ishia.

Ishia caressait l'âme de son fils en ronronnant pour la consoler de l'avoir maltraitée tantôt. Elle n'avait peur de rien, en tout cas rien de ce qui rampait sur la terre ou volait dans les airs. Elle craignait les dieux qui apportaient les tempêtes et les maladies, ou encore ceux qui régnaient sur les contrées mystérieuses de la mort. Mais pas les autres.

Concernant son « talent », la vieille sorcière lui avait appris les rudiments avant de laisser la jeune apprentie expérimenter par elle-même. Ishia s'était révélée une élève extrêmement douée. En quelques mois, les techniques de base, comme sortir de son corps ou investir celui d'un animal, étaient devenues un jeu d'enfant pour elle. Après sa douloureuse « initiation », Ishia, fuyant sa chair meurtrie, se réfugia dans celle de toutes sortes d'animaux : petits rongeurs, féroces prédateurs, serpents, singes, et surtout oiseaux. Leur esprit simple se révéla particulièrement facile à manipuler et la sensation de planer dans les airs était des plus grisantes. Elle fit des expériences, intervertissant les âmes d'espèces différentes, mais la plupart étaient trop rigides pour s'adapter et devenaient folles ou restaient tétanisées.

Quand le fruit du viol commença à pousser dans son ventre, l'esprit naissant devint son jouet favori.

Souvent, à l'approche d'une bête sauvage, elle projetait l'âme hurlante de son fils pour faire fuir l'animal terrorisé, simplement par jeu. Elle aimait aussi se réfugier dans son ventre, à l'intérieur du fœtus, baignant ainsi dans son propre liquide amniotique. Plus tard, elle découvrit qu'elle pouvait l'utiliser comme moyen de transport, en lui faisant intégrer le corps de gros mammifères.

Korongo fut donc longtemps un éléphant. Tour à tour tigre, buffle ou pachyderme, il servait de monture pour sa génitrice qui put alors se déplacer à sa guise, accédant du statut de vague légende à celui de déesse vivante. Accompagnée d'une vaste cour d'animaux, elle visitait les villages alentour, troquant protection et bienveillance contre un tribut humain. Les habitants lui offraient leurs premier-nés, permettant ainsi à la jeune magicienne, tout en instaurant un règne de fer, de se bâtir son premier réservoir d'êtres humains, pratique qu'elle généralisa par la suite. Mettant en application les enseignements de sa tutrice, Ishia plaça les corps en stase et se servit des âmes pour exécuter ses ordres et servir à ses expérimentations.

Car, au fur et à mesure qu'Ishia étendait son influence, elle continuait à repousser les limites de son pouvoir. Après avoir manipulé les mammifères, les oiseaux et poissons avec succès, elle butait sur les insectes et les plantes. La flamme qui les animait était trop ténue pour être appréhendée facilement, et leur conscience de groupe bien trop diffuse. À force de travail, elle réussit cependant à piéger l'imperceptible âme d'un scarabée dans un rat.

M'chawi l'avait mise en garde : l'esprit du sorcier, en investissant un cerveau de taille réduite, voyait ses capacités diminuer. Il devenait plus difficile de réfléchir, et de retenir les choses aussi. Certains oubliaient leur personnalité d'origine et restaient piégés dans le corps d'emprunt jusqu'à la fin de leurs jours. Mais Ishia n'avait peur de rien ; aussi, par une belle après-midi ensoleillée, son esprit fondit sur le coléoptère et, avec un inaudible hurlement, fut instantanément disloqué.

Ishia devint légion. Elle se répandit dans les entrailles de la terre, dispersée en une myriade d'éléments séparés, et expérimenta la multitude. Elle mit des mois pour rassembler sa personnalité et ressurgir dans son corps, égarant au passage un autre fragment de son humanité. Entre-temps, les insectes avaient pris soin de son enveloppe physique, lui apportant oxygène et nourriture, et l'avaient enfouie sous terre pour la protéger. Après cet épisode, nul ne vit plus jamais Ishia rire ou s'amuser…

Un matin donc, celle qu'on appellera plus tard la Déesse aux Mille Visages, le corps recouvert d'une épaisse couche d'insectes qui la nourrissaient et la nettoyaient, sortit de sa gangue de terre, naissant ainsi pour la seconde fois, et entreprit d'arpenter le monde. Son fils, voletant autour d'elle, l'accompagnait.

1

Vicky Van Halen et le commissaire Janvier entrèrent dans le hall de l'aéroport Trudeau au pas de course, accompagnés d'une équipe des forces spéciales canadiennes. Triple M, la singulière responsable des services secrets, les avait pourvus d'un automatique Sig Sauer d'excellente facture, d'un gilet pare-balles en kevlar et d'une oreillette pour les briefer.

‒ Messieurs, l'aéroport est entièrement bouclé, leur apprit-elle. Nous avons deux snipers sur les toits et une équipe du Groupe Tactique d'Intervention est déjà sur place. L'avion se pose en ce moment même ; alors, s'il vous plaît, messieurs, butez-moi cette salope !

Ça avait le mérite d'être clair au moins.

Ishia avait été signalée à bord d'un vol en provenance de Norvège et Madame M, après une longue conversation avec le président, s'était laissé convaincre de ne pas faire exploser l'avion en plein vol. Au risque d'un dérapage sur le sol canadien, il fut préféré une option plus conventionnelle. Triple M fulminait de rage, mais s'exécuta.

Au moment où les premiers coups de feu éclatèrent, il fut évident que ses craintes étaient justifiées.

‒ Il semblerait que nous ayons un petit problème, fit Madame M : les passagers du vol NVR33 ont pénétré dans les bâtiments au niveau de la porte 82. L'équipe du GTI ne répond plus.

Alex et Vicky échangèrent un regard en accélérant le pas. Tout ça ne leur disait rien qui vaille.

‒ Calice ! Mettez-vous à couvert !

À peine l'avertissement eut-il retenti dans leur oreillette qu'une puissante explosion dévasta le hall où ils se trouvaient. La force du souffle fut telle que les vitres de l'aéroport volèrent en éclats. Passagers, valises et mobilier furent brutalement redistribués suivant une géométrie différente, particulièrement dévastatrice, et l'air s'emplit d'un coup d'une fumée à l'odeur de silice et de plastique brûlé.

L'équipier placé directement devant Vicky absorba la plus grande partie de la déflagration, mais le souffle le projeta si violemment sur elle et leurs têtes s'entrechoquèrent de si belle façon que la légiste fut complètement sonnée durant quelques secondes. Lorsqu'elle reprit ses esprits, la jeune femme eut du mal à se situer exactement. Un nuage de poussière emplissait l'atmosphère, l'empêchant de distinguer clairement la situation, et ses oreilles émettaient un sifflement continu si bien qu'à l'exception des détonations d'armes automatiques, elle n'entendait strictement rien. Manifestement, une bataille rangée avait lieu non loin, vu le boucan que ça faisait…

Le type qui lui avait servi de bouclier était mort. Elle le repoussa et se faufila derrière un comptoir pour se mettre à l'abri d'une balle perdue. Suivant une impulsion soudaine, Vicky se glissa par l'ouverture d'une porte qui menait à un bureau. Elle se laissa guider par les panneaux lumineux marqués Exit et se retrouva rapidement dehors sur le tarmac. Pas âme qui vive ici ; seul le bruit des armes à feu troublait le silence. Observant les alentours, Vicky se décida à éviter dans l'immédiat le cœur de la bataille, avec l'espoir de peut-être prendre les assaillants à revers, ou au moins d'avoir un poste d'observation plus intéressant. Contournant les caisses et les pylônes de béton, elle longea donc le bâtiment sur le côté, à demi courbée et tenant son revolver devant elle.

Tout à coup, elle aperçut non loin un groupe de trois personnes qui pénétraient dans l'édifice en poussant un fauteuil roulant.

‒ Hé, cria-t-elle. Attendez !

Vicky se précipita dans leur direction et s'engouffra par la porte qu'ils avaient franchie quelques secondes auparavant. Un long couloir s'ouvrait en face, mais personne en vue. Elle courut tout droit, passa la porte suivante et arriva dans un vaste hall de réception des bagages. L'endroit était désert, à l'exception du petit groupe qui poussait le fauteuil.

‒ Arrêtez-vous, bon sang, ou je fais feu !

Pour toute réponse, l'un d'eux se retourna et lâcha une rafale d'arme automatique dans sa direction. Vicky bondit derrière un tapis roulant pour se mettre à l'abri. Les balles ricochèrent sur la surface métallique sans l'atteindre. Roulant sur elle-même, elle se redressa et tira trois balles coup sur coup par-dessus le rebord. Elle n'espérait pas toucher qui que ce soit, mais ce fut suffisant pour jeter un œil et voir quelle issue ils empruntaient. Quand la porte se fut refermée derrière eux, Vicky s'élança à leur poursuite. Elle franchit un sas à vive allure et stoppa soudainement devant un bloc sanitaire. Il lui semblait avoir entendu un bruit. Passant la tête par l'ouverture, Vicky aperçut la personne en fauteuil devant la rangée de lavabos. C'était une gamine, manifestement très handicapée vu sa maigreur, qui geignait en dodelinant de la tête, sanglée sur sa chaise. Elle mise à part, l'endroit semblait désert. Les salauds l'ont abandonnée, se dit Vicky. Elle vérifia soigneusement que personne ne se cachait dans un coin, s'approcha et secoua la main de la jeune fille.

‒ Bonjour, tu m'ent…

Soudain, Vicky se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Ses jambes ne la portaient plus, elle n'avait plus de sensations. La pièce se mit à tourner de plus en plus vite et elle tomba, ou plutôt se vit tomber, lourdement au sol.

2

Janvier remercia sa bonne étoile : un lourd pilier l'avait protégé de l'essentiel de l'explosion qui avait décimé son groupe. Comme les particules en suspension dans l'air bloquaient toute visibilité, l'univers du commissaire s'était brusquement réduit à un rempart de béton et à un infortuné compagnon qui se terrait avec lui en se tenant les oreilles. Voulant lui parler, le commissaire se rendit compte qu'il n'entendait pas sa propre voix. Seul un fort sifflement lui vrillait les tympans. Ma parole, on se fait attaquer à l'arme lourde ! pensa-t-il avant de se recroqueviller de plus belle : autour de lui, le béton crépitait sous les impacts de balles. Mais merde enfin !