Ciconia - Manuel Mereb - E-Book

Ciconia E-Book

Manuel Mereb

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Beschreibung

Une nouvelle urbaine, noire et sanglante. Issue d'un rêve, à la lisière du fantastique, c'est la vision hallucinée d'une chasse au monstre en mode hard-boiled. La première partie des aventures de Vicky Van Halen et du commissaire Janvier.

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Seitenzahl: 35

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Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

1

Le téléphone sonnait depuis deux bonnes minutes avant qu'il ne se décide à décrocher. Le réveil affichait quatre heures du matin, et Alexandre Janvier savait d'expérience que son téléphone ne sonnait que pour lui apporter des mauvaises nouvelles, mais qu'au milieu de la nuit c'en était forcément une très très mauvaise. Il était donc resté allongé quelques instants dans le noir, partagé entre le pressentiment de futures emmerdes et la saveur tiède des derniers instants de calme.

‒ Allo. Janvier à l'appareil.

‒ Commissaire ? Navré de vous déranger. On a un problème.

Silence. Janvier baillait.

‒ Qui n'en a pas ? À part les morts je veux dire...

‒ Justement commissaire, le client dont je vous parle a été délesté de tous ses problèmes, et plutôt brutalement je dois dire... Et aussi du bras gauche. C'est un véritable carnage ici...

Janvier souleva un sourcil. Un bras manquant ça sortait de l'ordinaire, même dans son service.

‒ C'est pas tout commissaire, vous feriez mieux d'enfiler vos bottes fissa : la victime est un gosse.

Là on y était pour de bon. Un mineur assassiné avec un bras en moins, ça sentait les ennuis à plein nez. Les médias allaient s'en donner à cœur joie, le préfet allait péter un câble, et lui, avec sa carrière en dents de scie, risquait fort d'en faire les frais au moindre faux pas. Et les faux pas, Alexandre Janvier connaissait bien.

Proche de la retraite, il avait conscience d'avoir souvent trébuché dans sa vie. Souvent la faute à un destin contraire, mais souvent la sienne aussi fallait reconnaître. En s'habillant, il gratta la petite cicatrice qu'il portait sur la poitrine : souvenir d'un soir où, ayant négligé de prévenir son équipe qu 'il était déjà sur le lieu d'intervention, il s'était fait tirer dessus par ses propres gars... Le voleur s'était enfui et lui avait failli y passer. L'avenir, pour le commissaire Janvier, c'était du rab. Et pas du meilleur. Les jeunes flics, envieux de sa place de commissaire et pressés de sacrifier leurs vies sur l'autel de l'ordre public, critiquaient sa soi-disant inertie et ses méthodes d'un autre âge, mais Janvier faisait comme s'il ne voyait rien tant que ça n'allait pas trop loin. Il s'en fichait d’arrêter les criminels, « Vous voulez vous entretuer, vous voler, vous trahir, bousiller vos vies ? Mais allez-y ! Faites-vous plaisir ! Mais venez surtout pas faire chier ». Alexandre Janvier était peut-être usé jusqu'à la corde, certes, mais fallait pas l'emmerder.

L'un des rares trucs qui éveillait un semblant d'émotion chez lui était sa vieille BMW de 1968, un modèle 1600 GT, ancien certes mais parfaitement entretenu. Il la bichonnait sur ses week-ends, changeait lui-même les pièces quand c'était nécessaire, et en gros on pourrait dire qu'elle était sa plus proche famille. Il aimait la ligne de sa carrosserie, l'odeur de ses sièges en cuir, le bruit de sa mécanique... Aussi fut-il particulièrement contrarié, en tournant la clé dans le contact, de voir que le moteur restait parfaitement silencieux. Il donnait un coup de poing sur le tableau de bord en jurant lorsqu'il découvrit, en levant des yeux incrédules, une imposante chiure de volatile sur son pare-brise.

2