Ishia - Manuel Mereb - E-Book

Ishia E-Book

Manuel Mereb

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Beschreibung

De nouveaux meurtres, vraisemblablement liés à l'affaire de l'ornithologue, ont lieu en Norvège. Vicky Van Halen et le commissaire Janvier s'envolent immédiatement pour la Scandinavie prêter main forte à la police locale. Sur place, de nombreuses épreuves les attendent...

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Seitenzahl: 73

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Sommaire

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Prologue

Ishia regardait la lame incandescente s’approcher de son visage. Les yeux écarquillés, elle ne pouvait détacher son regard des mouvements lascifs de l’arme. Le salaud ne se pressait pas : il savait la fillette incapable de se libérer des solides liens de cuir qui maintenaient ses jambes et ses poignets. Elle se tortillait à même le sol en terre battue mais son corps de douze ans n’avait aucune chance, ligoté et bâillonné, écrasé par la puissance de l’homme qui la plaquait au sol d’une main et agitait une machette chauffée à blanc de l’autre. Terrorisée, elle étouffait sous son poids en haletant ; elle savait qu’il allait la tuer en prenant le plus de temps et de plaisir possible.

Autour, assis sur le sol de la caverne, quatre tueurs, chacun rivalisant d’abjection, observaient la scène avec attention. Ces meurtriers de la pire espèce avaient tous leur spécialité et se réjouissaient de pouvoir exercer tour à tour sur elle leur si singulier talent. Le premier, celui qui la maintenait au sol, était Mbakaji, un violeur d’enfants, qui aimait étrangler ses victimes en jouissant. À sa gauche se tenait Nzito, Celui-qui-brûle, dont il brandissait l’arme. Venaient ensuite, assis à droite, M’halifu, le Briseur d’Os, puis légèrement plus loin, Kizu le Trancheur. Enfin, certainement la plus dangereuse d’entre eux, M’chawi la sorcière gardait l’entrée. Sa simple présence était source d’épouvante, car dans la plupart des cas, la croiser signifiait mourir. Les rares villageois qui avaient suffisamment de courage pour recourir à ses services le faisaient face contre terre, de peur de rencontrer son regard. Elle s’occuperait de ses restes quand tout serait fini, lui avait-elle dit.

Mbakaji lui soufflait des obscénités qu’elle ne pouvait pas comprendre, son visage tout près du sien. Son haleine était ignoble, comme s’il avait mangé de la nourriture avariée, ce qui était peut-être le cas, ou comme s’il pourrissait lui-même de l’intérieur. Il suintait, répandant sur elle des gouttes de sueur et des filets de bave en faisant des bruits avec sa langue. Quand il se mit à lécher son visage, de violents haut-le-cœur remontèrent de son estomac : elle aurait vomi si elle n’avait pas eu aussi mal, écrasée au sol qu’elle était. Soudain, il reposa l’arme dans les flammes du brasero et d’un geste, lui arracha sa tunique, exposant son corps nu à la lumière tremblotante des flammes. Sa bouche répugnante revint se coller contre sa peau, enduisant son cou de salive collante, puis descendit progressivement pour embrasser ses seins naissants. Ishia se contorsionnait désespérément sans pouvoir échapper à l’horrible caresse. Il lui mordilla les mamelons, lui arrachant des cris de douleur et descendit encore pour lui lécher bruyamment le ventre. Quand sa bouche se rapprocha de son sexe, elle hurla, le repoussant de toutes ses forces, mais ne put écarter sa langue de ses replis les plus intimes. Le bâillon l’empêchait de crier à pleins poumons, mais elle beuglait à travers le plus fort qu’elle pouvait, tandis que la révoltante sensation lui tirait des larmes.

S’écartant soudain, il la redressa à la verticale d’un geste violent en la soulevant par le cou. Il la fit pivoter sans que ses pieds touchent le sol et se plaça dans son dos, la maintenant fermement par les bras. En voyant Celui-qui-brûle se lever, Ishia se mit d’un coup à regretter les attouchements de Mbakaji. Un tremblement irrépressible la saisit, alors qu’il vérifiait ses instruments : un long frisson parcourut ses membres, et remonta le long de la colonne vertébrale jusqu’à la racine de ses cheveux. Dans l’ombre de son capuchon, elle devinait les yeux noirs de Nzito, fixés sur elle, et dans le silence de la grotte, seul retentissait le rythme terrifié de sa respiration.

Elle tremblait de peur sans pouvoir quitter du regard l’homme qui retournait ses couteaux dans les braises, avec des gestes sûrs et précis. Satisfait, il fit passer son vêtement par-dessus sa tête, dévoilant un corps fin et athlétique, qu’on aurait probablement trouvé beau s’il n’était couvert des pieds à la tête de tatouages, de marques et d’ornements divers, tous plus effrayants les uns que les autres. Son visage disparaissait sous les motifs étranges, les perles, les bouts d’os incrustés sous la peau. Avec ses dents taillées, on aurait dit le masque d’un démon, et pour Ishia, douze ans, c’était le visage de ses pires cauchemars.

Celui-qui-brûle se saisit d’une longue machette rougeoyante et se mit à faire de grands gestes en faisant siffler la lame. Les yeux toujours rivés dans ceux de l’enfant, il heurtait le sol du talon à chaque passage de la lame. Ishia, qui voyait l’arme frôler sa peau, était certaine qu’un seul de ces moulinets aurait pu la couper en deux. Il fendait l’air en cadence, frappant le sol avec son pied, et produisant une sorte de musique macabre qu’il accompagnait de déhanchements et de sons gutturaux. Le rythme s’accéléra, et devint de plus en plus complexe, mêlé de pirouettes et de contorsions. Sans marquer la moindre pause, il se saisit d’une deuxième lame plus effilée et se rapprocha. Ishia était comme hypnotisée, incapable de quitter des yeux les prunelles sombres du danseur. Soudain elle sentit une brûlure sur son bras, puis une autre quasi simultanément sur l’autre bras. La douleur jaillit dans sa tête à la manière d’une explosion. Une douleur intense, rapide et grandissante comme une lame de fond déferlant sur son cerveau. Elle ferma les yeux et cria aussi fort qu’elle le pouvait, mais rien n’existait plus sauf la lame incandescente qui brûlait sa peau. L’univers s’était réduit à ce feu qui courait sur son corps en l’enflammant.

Le type connaissait son affaire. Faisant danser ses lames le long des terminaisons nerveuses, il traçait des lignes d’une main sans s’arrêter, fixant les détails de l’autre. Peu à peu, des motifs complexes apparaissaient, des formes tantôt animales, tantôt végétales, aux lignes entrelacées de symboles étranges. Il travaillait vite, et bientôt les bras de la jeune fille furent entièrement recouverts, puis ses jambes. Quand il s’attaqua au torse, Ishia était complètement coupée du monde. Son esprit, surnageant dans un océan de souffrance, suivait très exactement le mouvement de la lame, conscient que le moindre écart pouvait au mieux l’estropier, au pire la tuer. Après un temps infini, elle sut que c’était terminé. Le feu était passé sur son corps entier, creusant des sillons de douleur tel le soc d’une infernale charrue, et labourant son épiderme comme pour le préparer à un nouveau cycle. Elle ouvrit les yeux, contempla d’un air absent ses bras dévastés. Elle voyait, elle sentait l’odeur de la peau brûlée, mais sans faire le lien : son esprit avait lâché prise, elle n’était plus vraiment partie prenante.

Étrangement, elle avait pourtant une conscience bien plus aiguë des âmes autour d’elle. Elle sentait par exemple la fatigue de Nzito et sa satisfaction devant le travail effectué. Elle était capable de le voir se rasseoir un peu plus loin sur sa gauche sans même tourner la tête dans sa direction. « Je suis morte », pensa-t-elle de prime abord, réalisant a posteriori que son corps bougeait toujours et qu’elle sentait pulser les brûlures sur sa peau. Reportant son attention vers l’entrée de la grotte, elle remarqua que la sorcière faisait figure d’exception : aucune émotion, aucune pensée ne transpirait de sa personne, exactement comme un simple bloc de pierre. Il fallait faire un effort pour la voir, contrairement aux autres qui étaient beaucoup plus visibles. M’halifu attendait, impatient de voir la suite ; Kizu somnolait clairement, tandis que derrière elle, Mbakaji, lui... lui était prêt.

« Oh non ! », eut-elle le temps de penser avant qu’une main lui prenne l’arrière de la tête et la lui plaque au sol. À genoux, le visage frottant contre terre, elle sentit avec horreur une main brutale se refermer sur son sexe et un doigt s’enfoncer violemment en elle. Elle pouvait sentir sa concupiscence répugnante, et sut avec exactitude ce qui se préparait. Elle le vit, tenant son sexe immense à la main, s’approcher en reniflant. Son corps s’arc-bouta de terreur, elle le repoussa de toute son âme, mais rien n’y fit. Retirant son doigt, il plaça son membre monumental à l’entrée de son vagin et d’un coup de reins y fit pénétrer la moitié, puis d’un deuxième, l’entièreté. L’esprit d’Ishia s’embrasa de douleur. La lame de chair labourant son ventre d’avant en arrière, elle parvint, dans un état second,