Meurtre dans le Tyneside - Eileen Thornton - kostenlos E-Book

Meurtre dans le Tyneside E-Book

Eileen Thornton

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Beschreibung

Agnès Lockwood, veuve depuis peu, passe quelques jours à Tyneside, dans le Nord-Est de l'Angleterre, pour rattraper son passé. Lorsque des bijoux de grande valeur sont volés à l'hôtel, l'inspecteur en chef Alan Johnson se saisit de l'affaire.

Après qu'Alan ait reconnu en Agnès une amie d'école, ils ravivent leur amitié et Agnès le bombarde de questions sur l'affaire. Mais un soir, après le dîner, ils trouvent un corps gisant sur le bord de la route.

Craignant pour sa sécurité, Alan avertit Agnès de ne pas s'occuper de l'affaire. Mais en tant que femme curieuse, Agnès ne peut s'empêcher de s'impliquer... peut-être peu trop.

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MEURTRE DANS LE TYNESIDE

LES ÉNIGMES D'AGNÈS LOCKWOOD LIVRE 1

EILEEN THORNTON

Traduction parHANÈNE GATTOUSSI

© Eileen Thornton, 2022

Conception de la mise en page © Next Chapter, 2022

Publié en 2022 par Next Chapter

Édité par Pape-Momar Camara

Couverture illustrée par CoverMint

Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et situations décrits dans ce livre sont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages ou des événements existant ou ayant existé n’est que pure coïncidence.

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement, ou par tout système de stockage et de récupération d’informations, sans la permission de l’auteur.

TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Cher lecteur

1

Agnès Lockwood remonta son col. Elle se rendit compte qu'elle aurait dû porter son écharpe. Mais avec le soleil qui brillait à travers la fenêtre de sa chambre d'hôtel, elle avait pensé que ce ne serait pas nécessaire.

C'était bon d'être enfin de retour dans le Tyneside. Plusieurs années s'étaient écoulées depuis son dernier passage dans le coin. Revenir visiter le lieu de sa naissance était ce qu'elle voulait faire depuis longtemps. Pourtant, pour une raison ou une autre, elle n'en avait jamais eu le temps. Depuis l'âge de douze ans, au moment où sa famille avait quitté la région, sa vie s'était enchaînée à toute allure. Jusqu'à aujourd'hui, près de quarante ans plus tard, elle n’avait jamais réellement pris le temps de ralentir et de réfléchir au passé.

Tout avait commencé lorsque son père avait décroché un poste diplomatique important en France, ce qui avait obligé sa famille à quitter le Tyneside. À leur retour, son père avait accepté un poste basé à Londres. Ce n'était donc pas pratique pour eux de vivre trop loin de son lieu de travail. En prenant du recul, Agnès trouvait étrange de ne pas avoir pu consacrer du temps pour visiter le Tyneside.

Désormais, après avoir enfin pris la décision de se rendre dans le Nord-Est, elle avait choisi de séjourner dans un hôtel près des quais, autrefois le cœur même du Tyneside.

Agnès marcha sur le trottoir jusqu'au bord du quai et contempla le Tyne. Le fleuve était nettement plus propre que dans ses souvenirs. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il ressemblait plus à un bain de boue qu'à un imposant cours d'eau traversant la ville et se jetant dans la mer du Nord. À l'époque, on disait que le simple fait de plonger dans le Tyne suffisait pour causer la mort, due à une forte contamination de l'eau.

Fixant toujours le fleuve, elle pensa qu'il avait dû y avoir des accidents à l'époque, une époque où des hommes mouraient parce qu'ils glissaient et tombaient dans l'eau trouble. Certains avaient peut-être même mis fin à leurs jours en se jetant dans l’eau, parce qu'ils avaient trouvé la vie trop dure à supporter. Mais pire encore, combien avaient pu être brutalement assassinés, leurs corps jetés à l'eau, tombés dans l’oubli. Elle frissonna à cette idée. Heureusement, cette époque était révolue. En jetant un coup d'œil sur les quais, elle réalisa que ce n'était pas seulement le fleuve qui était propre; tout l'endroit avait changé. L'industrie lourde du Tyneside avait disparu depuis longtemps, pour faire place à des cafés, des restaurants et d'autres loisirs bien plus agréables.

Même si Agnès ne résidait pas dans cette ville au moment des changements, elle avait lu la nouvelle dans les journaux. Pourtant, elle ne s'attendait pas à ce que ce fût aussi tendance. Elle soupira en se détournant de la rive et s'adossa à la rambarde. Le passé était révolu, il était inutile de s'y attarder. Comme les gens qui vivaient encore ici, elle devait évoluer avec le temps. Aller de l'avant. Mais aller de l'avant où ? Que réservait l'avenir à une veuve d'un certain âge ?

Elle se reprocha d'avoir des pensées aussi négatives. Tout d'abord, elle devait se ressaisir et arrêter de rêver du passé. La vie lui avait été plutôt bénéfique.

Jim Lockwood avait été un mari merveilleux et un père dévoué. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle pensa à ses garçons. Ils étaient des hommes maintenant. Mariés et vivant à l'autre bout du monde. Pourtant, pour elle, ils resteraient toujours « ses petits garçons ».

Bien qu’il restait un certain nombre d'années avant que Jim puisse prendre sa retraite, ils avaient prévu de rendre visite à leurs fils plus souvent lorsque ce jour viendrait. Qu'est-ce qui aurait pu les en empêcher ? Ils auraient eu à la fois le temps et l'argent. Jim avait occupé un bon poste au ministère des Affaires étrangères et avait économisé beaucoup d'argent au fil des années pour s'assurer une retraite confortable. Mais ensuite, trop tôt, une forme agressive de cancer lui avait arraché Jim et son monde s'était écroulé. Elle renifla et chassa les larmes qui se formaient dans ses yeux. Ce n'était pas juste.

Ses fils avaient voulu qu'elle vendît la maison et qu'elle allât vivre avec eux à la mort de leur père et, pendant un court moment, elle avait été fortement tentée. Mais elle en avait décidé autrement, leur disant fermement qu'ils avaient leur propre vie à mener. Reprenant ses esprits, elle jeta un coup d'œil à sa montre. Très bientôt, elle devrait retourner à l'hôtel et se changer pour le dîner. Elle se retourna vers l'endroit où se trouvait le bâtiment et elle constata avec surprise qu'elle n'avait pas beaucoup marché. Elle avait peut-être le temps de continuer jusqu'au pied du Tyne Bridge avant de faire demi-tour. Demain, il pourrait pleuvoir et l'idée de marcher sous la pluie ne lui plaisait pas. Si c'était le cas, elle irait faire un tour dans le centre-ville pour faire quelques achats.

De retour à l'hôtel, Agnès prit une douche avant de décider de ce qu'elle allait porter pour la soirée ; elle avait apporté beaucoup trop de tenues. Finalement, elle choisit une robe bleu foncé avec des chaussures et un sac assorti. Étant grande et mince, trouver des vêtements n'avait jamais été un problème pour elle. Jim lui disait toujours qu'elle était belle dans tout ce qu'elle choisissait et il était fier de l'avoir à ses côtés.

Elle enfila sa robe et la lissa en se regardant dans le miroir. Mais elle fronça les sourcils ; quelques cheveux gris commençaient-ils à apparaître ? S'approchant du miroir, elle le vérifia de plus près en espérant se tromper. Mais ce n'était pas une erreur. Ses cheveux auburn commençaient à changer de couleur – et ce n'était pas une couleur qu'elle appréciait. Elle soupira en se détournant du miroir. Étaient-ils apparus pendant la nuit ? Ils n'étaient pas là hier. Elle allait devoir passer chez le coiffeur en rentrant chez elle.

Elle était sur le point de descendre pour dîner, lorsqu'elle entendit des voix élevées devant sa porte. Elle s'assit sur le lit, décidant d'attendre quelques minutes que les gens fussent partis avant de s'aventurer dans le couloir. Ils pourraient être gênés si elle apparaissait soudainement au milieu de ce qui semblait être une dispute. Cependant, les voix se faisaient plus fortes et, bien qu'elle ne voulût pas être indiscrète, elle ne pouvait pas s'empêcher d'entendre ce qui se disait.

Il semblait que la dame avait perdu un collier ou, plus précisément, elle croyait qu'il avait été volé dans sa chambre alors qu'elle était sortie faire des courses cet après-midi-là. Le gentleman qui l'accompagnait n'était pas d'accord. Il tentait de la calmer en disant que c’était impossible. Elle avait dû le poser quelque part et oublier son emplacement.

« Tu réagis toujours de cette façon, ma chérie », lui dit l'homme. Il parlait lentement, essayant visiblement d'apaiser la femme. « Tu vas y réfléchir pendant le dîner, tu te souviendras vite où tu l’as rangé. »

Cependant, la dame n'était pas d'humeur à se calmer. « Je me souviens parfaitement l'avoir posée dans le tiroir du haut de la coiffeuse avant de sortir, insista-t-elle. Pourtant, quand j'allais la mettre ce soir, elle avait disparu. Tu ne réalises pas que ce collier est celui que tu m'as offert pour notre anniversaire de mariage. Il a dû te coûter une fortune. »

Il y eut une pause et pendant un bref instant, Agnès pensa qu'ils étaient partis. Elle était sur le point d'ouvrir la porte quand elle fut soudainement surprise par un cri strident provenant de la femme dehors.

« Oh, Seigneur ! George, tu ne te rends pas compte ? Quelqu'un a dû entrer dans notre chambre pendant notre absence. » Sa voix devint hystérique. « J'aurais pu entrer et trouver un intrus fouillant dans nos affaires ; j'aurais pu être assassinée. Appelle la police tout de suite ! »

« Calme-toi, Angela. C’est inutile d'appeler la police. Personne n'est entré dans notre chambre… », dit George.

Mais à l'idée qu'un intrus eût pu fouiller dans ses affaires personnelles, Angela ne voulait pas être réduite au silence. « Qu'est-ce que tu en sais ? cria-t-elle. Tu n'étais même pas là. Tu es resté en bas dans le bar avec tes soi-disant partenaires d'affaires. » Il y eut une légère pause. « Je veux voir le gérant – maintenant ! Tu viens avec moi ou tu vas te tourner les pouces et me laisser me débrouiller toute seule, comme d'habitude ? »

Les voix faiblirent lorsque l'homme et la femme se précipitèrent dans le hall d'entrée.

Agnès sortit la clé de la chambre de son sac et la regarda fixement. Ce n'était pas une clé conventionnelle à l'ancienne. Elle ressemblait plutôt à une carte de crédit, que l'on plaçait dans une fente sur la porte. Lorsqu'on la retirait, une lumière verte clignotait pour indiquer que la porte était déverrouillée. Elle se souvint de la première fois qu'elle eut à utiliser ce type de clé. Jim et elle avaient séjourné dans un hôtel de Las Vegas. Il avait été amusé par ses nombreuses tentatives de déverrouillage de la porte de leur chambre. « C'est simple, avait-il dit. Fais glisser la carte dans la fente, retire-la et ouvre la porte. » Pourtant, lorsqu'elle avait essayé, une lumière rouge était apparue et la porte avait refusé de s'ouvrir. Ce ne fut que lorsque Jim expliqua qu'elle avait retiré la carte trop rapidement et qu'elle devait ralentir, qu'elle put accéder à la chambre.

À présent, elle était satisfaite de cette nouvelle invention et pensait qu'elle était probablement beaucoup plus sûre qu'une serrure standard. Ces dernières pouvaient être forcées par un visiteur peu scrupuleux séjournant dans un hôtel.

Elle regarda vers la porte et plissa les yeux tout en rassemblant ses pensées. Donc, si la serrure n'avait pas été forcée, comment l'intrus aurait-il pu entrer dans la chambre de la femme sans l'une de ces clés magnétiques magiques ? Ce n'était pas possible. À moins que l'un des membres du personnel, ayant vu la dame porter le collier dans la journée, eût l’idée de le voler.

Certains membres du personnel avaient accès à ce qu'on appelait un passe-partout, qui ouvrait toutes les portes des chambres d'hôtels. Ces clés ne devaient être utilisées que par le personnel domestique pour l'entretien des chambres. Elles étaient probablement conservées dans un endroit où d'autres travailleurs pouvaient y avoir accès. Était-ce possible ?

Agnès secoua la tête. Pour l'amour de Dieu, elle devait se ressaisir. Jim avait souvent dit qu'elle avait lu beaucoup trop de romans d'Agatha Christie et qu'elle essayait toujours de résoudre un crime alors qu'il n'y en avait pas.

Peut-être que George avait raison. Cette Angela, qui qu'elle soit, pouvait être le genre de femme qui déposait des choses et les oubliait ensuite. Son compagnon, probablement son mari, devait le savoir. Sinon, il devait au moins la connaître assez bien pour qu’ils partagent une chambre. Agnès remit sa clé dans son sac et se dépêcha de descendre dîner.

2

L'odeur de nourriture qui s'échappait de la cuisine au moment où Agnès entra dans la salle à manger lui fit réaliser à quel point elle avait faim. Elle savourait tellement son repas qu'elle ne remarqua réellement les autres personnes présentes dans la salle qu’une fois avoir commandé un café et une liqueur.

Tout le monde était élégamment habillé. Personne ne portait de jeans. Mais l'hôtel étant relativement récent, il est plutôt huppé. Quelques-uns des convives portaient des tenues plus élégantes. Agnès supposa qu'ils allaient sortir après le dîner. Il y avait un certain nombre de théâtres et de salles de concert dans la ville.

Bien qu'elle ne fût pas la seule à occuper une table pour une personne, elle constata que la plupart des tables avaient au moins deux convives. Certaines tables comptaient même au moins six personnes qui dînaient ensemble. Elle se sentit soudainement gênée d'être seule.

Elle poussa un soupir. Jim était parti depuis presque un an. Elle devait s'y habituer, maintenant. Elle s'y était habituée – en principe. Mais parfois, elle sentait le besoin de voir une personne avec qui partager un dîner de temps en temps ou même prendre un verre occasionnellement.

Pendant qu'elle sirotait son café, elle entendit des cris provenant des couloirs à l'extérieur de la salle à manger. Certains invités assis près de la porte se penchèrent en avant puis en arrière, essayant de voir ce qui se passait au niveau de la réception. Mais à en juger par les hochements de tête, Agnès pensait qu'ils ne voyaient pas la personne qui causait tous ces bruits.

Alors que les voix devenaient plus intenses, Agnès réalisa qu'il s'agissait des mêmes personnes qu'elle avait entendues dans le couloir devant sa chambre. Elle avait complètement oublié l'incident.

« Je vous dis que vous avez un voleur parmi votre personnel ! Je vous suggère de vous dépêcher de fouiller leurs affaires avant que quelqu’un ne quitte le bâtiment avec mon collier. » La voix aiguë d'Angela était reconnaissable entre toutes.

« Madame, je vous assure que nous allons parler à tous les membres de notre personnel. Mais je suis certain que personne travaillant dans cet hôtel n'a volé votre collier. »

Agnès ne reconnut pas la voix de l'homme, mais elle supposa qu'il était le gérant. Il essayait vraisemblablement de rester calme, mais son ton lui indiquait qu'il commençait à être exaspéré par cette cliente particulière.

« Ne me sortez pas toutes ces conneries. Je veux que la police soit informée tout de suite. » Angela était en pleine action. Rien n'allait l'empêcher d'avoir son mot à dire. « Je refuse de me laisser berner plus longtemps ! Le collier était un cadeau surprise de mon mari. Dis-lui, George. »

« Ma chérie, c'est… » George ne put terminer sa phrase puisque sa femme continuait de fulminer. « Si vous ne prenez pas le téléphone tout de suite, je vais contacter le siège social. »

« Très bien, je vais appeler la police, répondit le gérant. Pouvons-nous, s'il vous plaît, aller dans mon bureau le temps de résoudre ce problème ? Je n'ai aucune envie de poursuivre cette discussion à la réception de l'hôtel. »

« Oui, bonne idée, M. Jenkins. Merci. Viens, chérie, le bureau du gérant est juste de l'autre côté du couloir. Nous serons plus tranquilles. Nous pourrons en parler là-bas. Je suis sûr que nous n'avons pas besoin d'impliquer la police. » George donnait l'impression qu'il aimerait être à mille lieues d'ici.

« Très bien. Allons dans votre bureau, M. Jenkins, rétorqua Angela. Mais, sachez que je suis loin d'avoir terminé cette conversation. Et, George, de quoi parles-tu ? Bien sûr qu'il faut appeler la police. »

Quelques mots de plus furent prononcés, puis le silence retomba dans la réception.

Agnès jeta un coup d'œil dans la salle à manger tandis que chacun reprenait sa conversation. Tout était devenu très calme pendant la dispute à la réception. Elle n'était pas la seule à écouter aux portes.

Après le dîner, Agnès se retira dans le salon. Elle n'avait pas envie de retourner directement dans sa chambre où elle serait seule. Au moins, ici, elle se trouvait entourée de personnes pleines de vie et, même si elle ne faisait pas partie de leur groupe, leur enthousiasme ajoutait une étincelle de vie à son monde si tranquille.

Agnès contempla la salle, s'imprégnant de son environnement. L'hôtel avait été construit récemment lors de la rénovation des quais. Dans un premier temps, elle pensa qu'il aurait peut-être été préférable de conserver la façade originale et juste réaménager l'intérieur. Certains cafés et restaurants l'auraient fait. Mais peut-être que cette approche n'aurait pas fonctionné pour cet hôtel. Elle se souvint du palais de justice, situé à proximité, qui était lui-même un bâtiment très récent.

Tout dans l'hôtel était moderne, y compris cette salle. Les canapés étaient confortables, les murs étaient décorés de draperies coûteuses et pour couronner le tout, il y avait de grands miroirs ornés reflétant différents aspects de la pièce. Puis elle remarqua que certains de ces miroirs étaient placés dans un angle tel qu'elle pouvait voir la réception et l'entrée de l'hôtel de là où elle était assise.

Comme c'est effrayant ! pensa-t-elle. Si nous, assis ici, pouvons voir qui entre dans l'hôtel, cela signifie-t-il que quiconque se trouve à l'entrée peut apercevoir les personnes assises ici ?

Agnès se demanda si elle devait changer de place, mais décida de rester où elle était. Les autres convives du salon pourraient la prendre pour une folle si elle se mettait soudainement à se déplacer d'un canapé à l'autre. Elle se détourna donc du miroir et commença à réfléchir à ce qu'elle pourrait faire le lendemain.

Un petit tour au centre commercial semblait être une bonne idée. Elle adorait tout simplement faire du shopping. Mais elle voulait aussi visiter les lieux de son enfance dans l'espoir de rencontrer des gens de son passé, même si elle se demandait si elle allait reconnaître quelqu'un. De nombreuses années avaient passé depuis qu'elle avait vécu ici. Les gens changeaient en vieillissant. Pour l'amour de Dieu, même elle avait changé au fil des années. Elle ne ressemblait en rien à ce qu'elle était sur ses anciennes photos d'école.

Elle jeta un coup d'œil aux personnes présentes dans la pièce. Il pouvait y avoir ici des personnes qu'elle avait rencontrées il y a des années, mais qu'elle ne pouvait plus reconnaître aujourd'hui. Que faisait-elle ici ? Pourquoi essayait-elle de fouiller dans son passé ? Il n'y avait plus rien, dans cette pièce, avec lequel elle pouvait s'identifier. Cette idée lui avait semblé si bonne au départ, mais elle se rendait compte maintenant que c'était une grosse erreur – pour plus d'une raison…

Elle était sur le point de retourner dans sa chambre, quand elle entendit des haussements de voix à la réception. Il semblait que la police était arrivée. Angela allait être rassurée, à présent. En revanche, pour tous les autres, cela signifierait que l'hôtel serait en effervescence pendant que les hôtes et leur chambre seraient fouillés.

Au lieu d'être contrariée par un tel désordre, Agnès cacha un sourire. Ce serait différent de l'habituel rituel banal auquel elle s'était habituée. Ce serait excitant d'être considérée comme un suspect dans une enquête de police.

De toutes les choses merveilleuses et folles qu'elle et son mari avaient faites dans le passé, ils n'avaient jamais été soupçonnés de vol et leur chambre n'avait jamais été fouillée. Elle applaudit à pleines mains. C'était une première. Comme Jim aurait aimé ça. Peut-être que les choses commençaient à s'améliorer.

3

Agnès avait désormais rejoint la foule qui se rassemblait à la réception. On leur avait dit qu'une fois que la police aurait interrogé tout le personnel encore en service, elle devrait parler aux hôtes. En attendant, personne ne pouvait quitter l'hôtel.

Le gérant était horrifié à cette idée. Il ne pouvait pas permettre une telle chose, insistant sur le fait que personne ne pouvait entrer dans une des chambres de l'hôtel sans une carte magnétique. « C'est absolument impossible », insista-t-il.

Agnès se sentit quelque peu désolée pour lui. Ce n'était certainement pas une bonne nouvelle pour l'hôtel. Elle considéra les personnes qui se tenaient près du gérant, se demandant si Angela en faisait partie. Ses yeux se posèrent sur une femme qui semblait pressée de dire quelque chose. Sûrement, ça devait être Angela.

Elle avait environ quarante-cinq ans. C'était difficile à dire, car elle avait le visage maquillé. Elle portait une robe rouge foncé très ajustée. Mais, à ce moment-là, les yeux d'Agnès étaient fixés sur son collier. Il coûtait très cher. Si celui qu'on lui avait volé était similaire, il n'était pas étonnant qu'elle fasse tant d'histoires.

Il s’est avéré qu’Agnès avait raison lorsque la femme eut enfin l'occasion d'intervenir.

« Ce sont des âneries ! », dit Angela, en le menaçant du doigt. « On lit tout le temps des articles sur des gens qui piratent des ordinateurs. Je suis sûre que ce vaurien pourrait concevoir un passe-partout pour chacune des chambres d'hôtel, aussi facilement que ça. » Elle claqua des doigts. « J'insiste absolument pour que chaque chambre soit fouillée de fond en comble sur le champ. » Elle était tellement enragée que son visage semblait presque aussi rouge que sa robe, et ses longues boucles d'oreilles pendantes tremblaient violemment pendant qu'elle parlait. « Quelqu'un ici a volé le précieux collier que m'a offert mon charmant mari. Je veux qu'on le retrouve et que le voleur soit poursuivi en justice. »

Agnès regarda les hommes qui se tenaient à proximité, se demandant lequel était le « charmant George ». Il n'avait pas dit un mot pendant tout l'épisode de la réception. Cependant, pour une raison quelconque, après la dernière remarque d'Angela, l'un des hommes ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Mais il n'en eut pas l'occasion, car Angela leva la main pour l'interrompre.

« George, je m'occupe de ça. Laisse-moi faire. »

Sans un mot de plus, George se fraya un chemin à travers la foule et se dirigea vers le bar.

Agnès le suivit du regard alors qu'il se dirigeait vers le bar. Elle pensait qu'il semblait soulagé de ne plus être sous les projecteurs. Selon elle, il était légèrement plus âgé que sa femme, assez grand et plutôt mince. Probablement un homme très séduisant dans sa jeunesse, mais à ce moment précis, il semblait porter le monde sur ses épaules.

Agnès pouvait comprendre à quel point Angela devait être bouleversée de se faire voler un cadeau de son mari alors qu'ils étaient en train de prendre du bon temps, mais la femme avait un peu l'air d'un dragon envers lui. Devait-elle vraiment agir de façon si dominante ?

Elle plaça sa main sur sa bouche pour réprimer un gloussement. Dominant ! D'où venait ce mot ? Mais en quelque sorte, il correspondait bien à la personnalité d'Angela. George appréciait sans doute que sa femme soit dominante dans le boudoir. Il avait effectivement l'air du genre grand et silencieux. Peut-être qu'Angela allait simplement un peu trop loin quand ils étaient en société.

« Je suis terriblement désolé pour le dérangement. » La voix de M. Jenkins interrompit les pensées d'Agnès. Il avait disparu dans son bureau pendant quelques minutes, mais était maintenant de retour, essayant de calmer la foule d'invités qui s'était rassemblée pour voir ce qui se passait. Il sortit son mouchoir et s'épongea le front. « J'ai parlé avec un commissaire de police et il semble que je n'ai guère d'autre choix que d'autoriser une fouille complète de toutes les chambres de l'hôtel. Cependant », dit-il en levant la main lorsque les personnes debout devant lui commencèrent à protester. « Cependant, répéta-t-il, j'ai insisté pour qu'un officier de police de haut rang soit chargé de l'enquête – quelqu'un qui respectera la vie privée de nos clients. Je suis heureux de dire que le superintendant a accepté. » Il fit une pause. « En attendant, on m'a demandé de vous informer que personne ne sera autorisé à quitter l'hôtel tant que la recherche n'aura pas été effectuée. Mais on m'assure qu'elle sera lancée dès que possible. »

À présent, la réception bourdonnait d'activité. Agnès regarda les autres invités. Certains étaient agités, en particulier ceux dont elle avait pensé auparavant qu'ils allaient passer la soirée à un concert. D'autres appelaient leurs amis et leurs proches sur leur téléphone portable pour leur annoncer qu'ils étaient retenus dans l'hôtel.

« Non June, nous ne sommes pas menacés par une arme », cria une femme au téléphone. Mais, vu la façon dont la femme décrivait la scène, cela aurait pu être le cas. Cependant, la plupart se dirigeaient vers le bar. Pour eux, il semblait qu'une boisson forte était nécessaire.

« Autrement dit, nous ne pourrons pas partir ce soir ? », dit un homme à l'un des officiers de police.

« Oui, c'est exact, répondit le policier. Cela vous pose-t-il un problème ? », ajouta-t-il en plissant les yeux. Cet homme pourrait-il être le coupable impatient de quitter l'hôtel ?

« Absolument pas », dit l'homme, en révélant son accent américain. « Nous sommes en lune de miel et nous adorerions passer une nuit supplémentaire ici. C'est génial, mec – euh, je veux dire, officier. »

Agnès quitta la réception et retourna dans le salon. Malgré ses précédentes réflexions sur les miroirs stratégiquement placés, elle opta pour un canapé d'où elle pouvait voir la plupart des choses qui se passaient à l'extérieur, dans la réception. Pendant un moment, c'était assez calme. Quelques personnes se présentaient à la réception, la plupart des nouveaux invités étaient déjà arrivés plus tôt dans la journée. Mais elle remarqua qu'après avoir reçu la carte de leur chambre, ils étaient conduits au salon, où des boissons gratuites leur étaient offertes pour le dérangement.

Cependant, le calme fut rompu lorsque M. Jenkins, accompagné d'un autre homme, sortit de son bureau. Ils se rendirent tous les deux à la réception, où M. Jenkins s'adressa à l'une des employées de service. Celle-ci acquiesça et fit sonner la petite cloche sur le bureau.

Certaines des personnes assises au bar et au salon sortirent pour voir ce qui se passait.

« L'inspecteur en chef Johnson souhaiterait s'adresser à vous tous », dit le gérant, une fois qu'il eut l'attention des hôtes. « Je suis sûr qu'il ne vous retiendra pas plus longtemps que nécessaire ». Il fit un signe de tête à l'inspecteur, lui indiquant qu'il pouvait commencer son enquête.

« Je comprends combien cela doit être gênant pour toutes les personnes séjournant à l'hôtel. Cependant, il semble qu'une cliente ait été victime du vol d'un collier assez précieux et… », l'inspecteur en chef fut interrompu.

« Elle l'a simplement égaré. » La voix venait de l'arrière de la réception. « Elle fait ça tout le temps. »

Agnès reconnut la voix de George, même si ses mots étaient très brouillés. De toute évidence, il avait trop bu.

« Tu vas arrêter de dire ça ? Je n'ai pas égaré mon collier, siffla Angela. Il a été volé ! » Elle marqua une pause quand elle réalisa que tous les yeux étaient maintenant rivés sur elle. « Je suis désolée, inspecteur, continuez s'il vous plaît. »

« Inspecteur en chef », rectifia-t-il avant de poursuivre. « Comme je le disais, nous devons fouiller chaque client, ainsi que leur chambre, avant que quiconque ne soit autorisé à quitter l'hôtel. Nous allons commencer par les clients qui doivent quitter l'hôtel ce soir. » Il fit une pause lorsqu'un des officiers lui murmura quelques mots à l'oreille. « On vient de me rappeler que certaines personnes vont assister au concert qui se tient à The Sage, ce soir. Nous allons donc essayer de vérifier vos chambres en premier. » Il hocha la tête vers le sergent, avant de poursuivre. « Je suis sûr que nous pouvons procéder de manière ordonnée et en finir le plus rapidement possible. Le sergent va prendre les noms de tous ceux qui doivent quitter l'hôtel ce soir, pour quelque raison que ce soit. »

Dès que l'inspecteur cessa de parler, tout le monde se mit à parler, Agnès demeura immobile, se demandant ce qu'elle devait faire ensuite. Devait-elle aller dans le salon et attendre qu'on l'appelle ? Elle avait réservé l'hôtel pour cinq jours de plus et n'avait rien de prévu pour la soirée, ce qui signifiait qu'il n'y avait aucune urgence à ce qu'elle ou sa chambre soient fouillées immédiatement.

Elle jeta un coup d'œil à l'inspecteur. Il semblait plutôt fatigué. Peut-être était-il sur le point de quitter son poste lorsque cet appel était parvenu à son bureau. Ou bien était-ce simplement parce qu'il voyait là une autre affaire où une femme fortunée avait dissimulé son collier dans un endroit sûr de sa chambre, mais avait ensuite oublié son emplacement.

Agnès ne pouvait s'empêcher de penser que l'inspecteur en chef Johnson était un homme plutôt séduisant, malgré les traits de fatigue gravés sur son visage. En penchant la tête, elle le regarda avec curiosité et devina qu'il avait à peu près son âge. Il était plutôt grand, rasé de près et ses cheveux bruns montraient un soupçon de gris sur les côtés. Ce qui, selon elle, lui donnait un air plutôt distingué. Il portait un costume gris foncé, une chemise blanche et une cravate gris foncé. Elle remarqua que ses chaussures étaient si bien cirées qu'il serait capable de voir son visage dedans si jamais il se retrouvait sans miroir. Mais elle se rendit compte que tous les inspecteurs de police portaient des costumes de nos jours ; c'était pour ainsi dire leur emblème. Elle supposa que le personnage de la série télévisée, Morse, y était pour beaucoup. Mais le costume de ce détective en particulier dépassait de loin les costumes ordinaires. Pouvait-il être fait à la main ? Elle se demanda si les salaires des forces de police leur permettaient de se payer des costumes sur mesure.

Agnès rougit légèrement et détourna rapidement le regard lorsque l'inspecteur jeta un coup d'œil dans sa direction. Elle se dirigea avec désinvolture vers la fenêtre, mais, du coin de l'œil, elle put voir qu'il l'observait toujours. Pensait-il qu'elle avait l'air coupable ? Elle devait vraiment arrêter d'essayer d'analyser les gens. Jim disait toujours que ça lui attirerait des ennuis un jour. Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. C'était simplement une habitude dont elle ne pouvait pas se défaire.

Agnès regardait par la fenêtre les lumières colorées du quai, lorsque l'inspecteur lui adressa la parole.

« Excusez-moi », dit l'inspecteur.

Agnès retint son souffle ; elle ne l'avait pas entendu approcher. Plutôt surprenant, pensa-t-elle, les policiers étaient connus pour leurs grands pieds. Chassant cette pensée de son esprit, elle se retourna pour lui faire face.« Oui », dit-elle en affichant un large sourire.

« Je suis désolée de vous déranger, mais seriez-vous par hasard Agnès Harrison ? »

Agnès dévisagea le détective. Cela faisait quelques années que personne ne l'avait appelée par son nom de jeune fille.

« Non – oui – non », soupira-t-elle en secouant la tête. Elle avait l'air d'une idiote. « Je peux recommencer ? » Le détective sourit. Ses yeux bruns pétillaient et il lui fit signe de continuer.

« J'étais Agnès Harrison avant de me marier. Je suis Agnès Lockwood, maintenant. » Elle le regarda fixement. « Devrais-je vous connaître ? »

« Je m'appelle Alan Johnson. Je crois que nous étions dans la même classe à l'école. »

« Alan Johnson », Agnès répéta le nom deux fois avant de faire le rapprochement. « Oui ! Je crois me souvenir de vous. Vous parliez toujours de vous engager dans l'armée. Ou était-ce l'armée de l'air ? »

« L'armée », confirma-t-il. « Oui, c'était moi. »

« Et vous vous êtes engagé ? Dans l'armée, je veux dire. »

« Oui. »

Agnès eut un léger sourire. Cela expliquait son costume élégant et ses chaussures cirées, pensa-t-elle. « Mais maintenant, vous êtes dans la police ? »

« Oui – longue histoire. » Il hésita. « Vous aurez compris que je suis plutôt occupé, en ce moment », dit-il en jetant un coup d'œil à l'agitation qui régnait derrière lui. L'atmosphère calme de tout à l'heure s'était rapidement transformée en chaos lorsque les gens avaient réalisé que la recherche allait vraiment avoir lieu. « Mais voudriez-vous me rejoindre plus tard pour prendre un verre au bar ? Nous pourrions discuter de ce qui nous est arrivé au fil des années. Demandez à votre mari de se joindre à nous », ajouta-t-il, remarquant soudain l'alliance à son doigt.

« Merci, répondit Agnès. Avec plaisir. Cependant, dans ce cas, il n'y aura que moi. Mon mari est décédé depuis un an. »

« Je suis désolé de l'apprendre. Je ferais mieux de retourner à l'enquête », ajouta-t-il, changeant de sujet. « Je vous retrouverai au bar dans une heure environ. »

Agnès le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la foule près de la réception. Le sergent parut soulagé de le voir revenir ; les hôtes devenaient plus nerveux. Le sergent jeta ensuite un œil dans sa direction et fronça les sourcils. Il se demandait probablement qui elle était. Ou, peut-être pensait-il qu'elle était suspectée ?

Elle se retourna vers la fenêtre. On dirait qu’elle avait un rendez-vous. Avoir quelqu'un avec qui s'asseoir au bar ou au salon serait un changement agréable. Elle s'était sentie comme une intruse depuis qu'elle était arrivée à l'hôtel. Ce serait amusant de parler de vieux camarades de classe, et comme Alan vivait toujours dans cette région, il était probablement encore en contact avec certains d'entre eux. Dans ce cas, elle lui demanderait d’organiser une réunion d’anciens élèves. Après tout, c'était la raison de sa visite dans le Tyneside en premier lieu.

Elle consulta sa montre. Elle avait le temps de monter dans sa chambre pour se rafraîchir. Elle gravit les escaliers en bondissant et faillit heurter Angela sur le palier. Angela affichait une mine sombre et ne tenta même pas de sourire lorsque Agnès s'excusa.

Mais, à ce moment précis, Agnès s'en moquait éperdument. Ce soir, à cinquante-cinq ans, elle avait un rendez-vous !

4

Alan était déjà au bar au moment où Agnès se présenta. Elle lui avait donné un peu plus d'une heure, et pourtant, il avait trouvé le temps de se changer et de porter une tenue un peu moins formelle, remarqua-t-elle avec surprise. Toutefois, elle devait admettre qu'il était toujours très élégant dans sa veste et son pantalon décontracté.

« J'ai expliqué au sergent ce que je voulais qu'il fasse et je l'ai laissé faire », dit-il, alors qu'Agnès s'asseyait.

« Vous avez le droit de faire ça ? demanda Agnès. Je veux dire, est-ce qu'il est d'accord pour que vous partiez à un rendez-vous au début d'une enquête. Selon Angela, son collier volé vaut beaucoup d'argent. »

« Prétendument volé, il y a une différence. »

« Vous ne la croyez pas ? Angela semble persuadée de son vol. » Elle repensa aux voix furieuses du début de soirée. « Pourtant, vous pensez qu'elle pourrait simplement l'avoir égaré après tout. » Agnès se pencha en avant, posa son menton sur la paume de sa main et plissa les yeux. C'est ce qu'elle faisait toujours lorsqu'elle réfléchissait sérieusement à un problème.

Alan haussa les épaules. « C'est ce que nous devons découvrir. »

Les yeux d'Agnès s'élargirent. « Vous pensez donc qu'il y a une autre possibilité ? »

Il haussa à nouveau les épaules, puis sourit. « Mais nous ne nous sommes pas retrouvés après toutes ces années simplement pour parler du collier de Mme Hargreaves. »

« Oui, vous avez raison. Désolée. » Agnès se redressa dans son fauteuil. Elle était quelque peu déçue de ne pas poursuivre la discussion sur l'affaire. C'était la première enquête réelle dans laquelle elle était impliquée. C'était captivant. Et différent. Pour l'amour de Dieu, c'était tellement différent de la vie quotidienne ennuyeuse à laquelle elle devait maintenant s'habituer. « Ok, est-ce que vous vous souvenez de quelqu'un d'autre de cette époque – et, est-ce que vous êtes toujours en contact avec l'un d'entre eux ? »

« Oui, et oui, plusieurs d'entre eux en fait. Il y a eu une réunion organisée par un couple d'anciens camarades de classe il y a un peu plus d'un an, répondit Alan, lentement. Mais j'en déduis de votre ton que vous êtes plus intéressé par l'affaire sur laquelle je travaille que par le passé. » Il leva la main pour attirer l'attention du serveur qui passait.

« Oui, je le suis, simplement parce que j'aime les mystères – Miss Marple et Hercule Poirot, ce genre de choses. Je… » Elle se tut. Alan la regarda fixement. Pensait-il qu'elle avait quelque chose à voir avec le collier disparu ? « Oh mon Dieu, vous ne pensez pas que j'ai quelque chose à voir avec le collier, j'espère ? »

« Mon Dieu, non. Bien sûr que non. »

Ils rirent tous les deux et Agnès remarqua, pendant un instant, que les lignes fatiguées de son visage avaient disparu.

« J'étais juste un peu surpris de votre intérêt, ajouta-t-il. Mais je ne peux pas discuter d'une affaire en cours avec qui que ce soit, vous devriez le savoir ».

« Oui, vous avez raison bien sûr. Alors, comment s’est passée la réunion ? », demanda Agnès, changeant de sujet.

Le serveur prit leur commande et retourna au bar.

« Elle s'est très bien passée », dit Alan, reprenant leur conversation. « Il y avait beaucoup plus de gens que je ne le pensais. Plusieurs avaient fait le voyage depuis différentes régions du pays. Heureusement qu'ils avaient réservé une salle assez grande. »

« J'aurais aimé être là, dit Agnès. Mais j'ai bien peur d'avoir perdu le contact avec tout le monde après notre déménagement. » Elle marqua une pause, laissant ses pensées vagabonder dans le passé. « Certains d'entre nous nous sommes promis de nous écrire, et nous l'avons fait pendant un certain temps, poursuivit-elle. Mais vous savez comment c'est… »

Le serveur apporta les boissons et Alan le paya, lui disant de garder la monnaie.

Agnès appréciait tellement la soirée qu'elle ne se rendit compte de l'heure tardive que lorsque le barman annonça les dernières commandes. Elle se sentait plutôt désolée à l’idée de tout allait prendre fin très bientôt.

« Combien de temps restez-vous à l'hôtel ? demanda Alan. C'est juste que je pensais que nous pourrions nous revoir avant que vous ne deviez retourner à – où avez-vous dit que vous viviez maintenant ? »

« Je ne crois pas vous l'avoir dit, dit Agnès en riant. C'est incroyable ! Nous avons parlé de tout et de toutes nos connaissances du passé, mais je ne pense pas que nous nous sommes dit grand-chose de nous-mêmes, sur ce que nous avons fait après avoir quitté l'école. »

Alan but une gorgée de sa boisson et posa son verre. Il inclina la tête.

« J'en déduis que vous souhaitez que je commence. » Agnès sourit. « Bon, je vais être brève. Je vois que le type derrière le bar commence à être nerveux. J'étais secrétaire personnelle dans une grande entreprise à Londres, jusqu'à ce que nous ayons les garçons. Après cela, je suis devenue maman à plein temps. J'ai trouvé un emploi à temps partiel quand ils ont commencé à aller à l'école et j'ai continué à travailler jusqu'à il y a quelques années. Aujourd'hui, je suis une dilettante, qui vit actuellement dans l'Essex. Mes deux fils vivent à l'autre bout du monde, en Australie pour être exact ! »

« Vous dites que vous vivez dans l'Essex en ce moment, voulez-vous dire que vous avez l'intention de déménager ailleurs ? Peut-être même en Australie, pour rejoindre vos fils ? »

« Non, pas en Australie, dit Agnès pensivement, bien que mes fils m'aient demandé de les rejoindre là-bas après la mort de Jim. Ils s'inquiétaient car ils se demandaient comment j'allais me débrouiller seule. Mais j'ai décidé de ne pas le faire. Je leur ai dit que je ne voulais pas qu'ils se sentent obligés de veiller sur moi tout le temps. Je voulais qu'ils continuent à vivre leur vie, comme Jim et moi. »

« Mais ils n'auraient pas toujours veillé sur vous, osa Alan. Je veux dire qu'avec vous là-bas, non loin de l'endroit où ils vivent, ils pourraient passer vous voir et inversement. »

« Oui, vous avez raison, dit Agnès, mais pas tout le temps. Comme je l'ai dit, ils ont leur propre vie à mener. » Il y eut une longue pause avant qu'elle ne poursuive. « Ils ont besoin de faire leur vie sans avoir à veiller sur leur mère en permanence. Jim et moi avions fait notre chemin. » Pendant un moment, ses yeux scintillèrent lorsqu'elle parla de Jim. « Nous avions tous les deux travaillé dur et avions aussi bien profité de la vie. Ensemble, nous avions vu le monde. » À présent, son visage rougissait d'excitation. « Nous avions fait les choses les plus incroyablement stupides et en avions appréciés chaque minute parce que, avouons-le, on n'a qu'une seule chance dans la vie. Nous n'aurions pas écouté nos parents. Ils le savaient, alors ils ne se sont jamais mêlés de nos affaires. »

Elle baissa les yeux et poussa un gros soupir.

« Mais ce n'est pas la raison pour laquelle vous n'y êtes pas allée, n'est-ce pas ? Alan parlait doucement. Vous n'auriez pas interféré dans leur vie. Vous leur auriez donné votre bénédiction pour tout ce qu'ils voulaient faire. »

Agnès leva les yeux vers lui et refoula les larmes qui perlaient dans ses yeux.

« Non, dit-elle. La vérité, c'est que j'avais peur. J'avais peur de déménager dans un nouveau pays et j'avais peur de devoir me faire de nouveaux amis. »

Elle admettait enfin, même à elle-même, pourquoi elle ne voulait pas les rejoindre. Pendant tout ce temps, elle avait dit à tout le monde qu'elle craignait d'empêcher les garçons de vivre leur vie.

« C'est la raison pour laquelle je n'ai pas accepté leur offre. J'étais terrifiée à l'idée de faire un si grand pas toute seule. Si Jim avait émis l'idée de partir vivre là-bas, je l'aurais suivi sans hésiter. Il était mon pilier. Mais y aller toute seule, c'est différent. » Elle regarda Alan dans les yeux. « Pouvez-vous seulement commencer à comprendre ce dont je parle ? »

Se sentant soudainement mal à l'aise, elle se détourna. Comment avait-elle pu déverser ses émotions à un parfait inconnu ? Elle jeta un coup d'œil vers le bar et leva son verre. Elle avait besoin d'un autre verre.

« Ils ont annoncé les dernières commandes il y a dix minutes », dit Alan, calmement.

« Je ne suis pas concerné. Je reste ici à l'hôtel. Le bar est toujours ouvert pour les résidents. Voulez-vous un autre verre ou votre femme vous attend pour rentrer ? »

5

Le lendemain matin, Agnès se réveilla avec un terrible mal de tête. Elle avait beaucoup trop bu la veille au soir. Mais son emportement l'avait mise dans l'embarras et l'alcool avait contribué à masquer son malaise. Alan avait été très aimable. En changeant de sujet, il lui avait raconté quelques banalités sur sa personne.

Il avait été marié, mais sa femme et lui avaient divorcé. Pour une raison étrange, une fois qu’ils s’étaient unis, tout avait mal tourné. « Tout était parfait avant la cérémonie. Nous étions si heureux ensemble que nous pensions tous les deux être fait l’un pour l’autre. Pourtant, au moment où nous nous sommes mariés, tout a changé. » Il avait fait une pause à ce moment-là en repensant au divorce. « C'était si étrange, avait-il dit en reprenant l'histoire. Une fois de retour de notre lune de miel, nous ne pouvions nous mettre d'accord sur rien. » Il haussa les épaules. « Je suppose que certains diraient que la magie avait disparu. »

Alan avait poursuivi en lui disant qu'il n'avait jamais pensé à se remarier. « Libre comme l'air

- c'est tout moi. » Pourtant, il y avait quelque chose dans sa voix qui lui disait qu'il se remarierait si la bonne femme se présentait.

Agnès prit une douche et s'habilla avant d'aller prendre son petit-déjeuner. Alan avait dit qu'il passerait à nouveau à l'hôtel pour reprendre ses investigations. Peut-être allait-elle le croiser et en apprendre un peu plus sur l'affaire. Elle fronça les sourcils ; il n'était pas vraiment autorisé à parler des enquêtes en cours. Mais elle pourrait bien se trouver dans les parages lorsqu'il ferait une découverte surprenante.

La salle à manger était presque vide quand elle entra. Certains des invités avaient déjà quitté la salle, d'autres voulaient probablement commencer tôt une journée de visites.

Agnès se dirigeait vers sa table, lorsqu'elle remarqua une jeune femme assise seule à une table dans un coin de la pièce. Elle était concentrée sur son journal. Mais tout à coup, elle plia le journal et se leva pour partir.

Agnès, un peu intriguée, regardait la femme traverser la salle.