Mi-maman mi-moi - Raphaëlle Bohëm - E-Book

Mi-maman mi-moi E-Book

Raphaëlle Bohëm

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Beschreibung

Être maman et imparfaite.

Vous êtes une maman. C’est le plus beau rôle de votre vie.
Le seul ?
Et si on balançait toutes les vérités sur la vie de maman ? Car nous ne sommes pas que mères ! Nous sommes aussi infirmières, éducatrices, chauffeurs, confidentes, femmes de ménage, trésorières et Mères Noël, photographes, geôlières, supportrices, super Nannies, assistantes sociales, cuisinières… et tellement plus !
Vous n’apprendrez pas ici les dernières méthodes éducatives à la mode ni la meilleure façon de parler à votre enfant. Dans ce livre, au contraire, je vous confesse, avec un brin d’humour, mes faiblesses de mère et la vraie vie quand on a mis au monde des enfants.
Sans tabou, sans honte, aujourd’hui, on déculpabilise ! Vous êtes prête ?
Chroniques drôles et acides d’une mère du 21e siècle

Découvrez une chronique un brin caustique sur la vraie vie de maman.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Raphaëlle Bohëm est une quarantenaire pétillante originaire de Bretagne et bordelaise d’adoption depuis plus de 20 ans. Blogueuse passionnée (Mi-maman, mi-moi), Raphaëlle signe ici son premier ouvrage.

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© La Boîte à Pandore

Paris

http ://www.laboiteapandore.fr

La Boîte à Pandore est sur Facebook. Venez dialoguer avec nos auteurs, visionner leurs vidéos et partager vos impressions de lecture.

ISBN : 978-2-39009-482-1 – EAN : 9782390094821

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur.

Raphaelle Bohëm

Mi-mamanmi-moi

Je dédie ce livre...

à mes enfants, les trésors de ma vie, sources d’inspiration sans fin et que j’aime, évidemment, plus que tout,

à mes parents qui m’ont élevée avec amour et intelligence et qui me soutiennent encore et toujours,

à mon mari, le père de mes enfants, mon ami… qui a été présent et motivant à chaque étape et sans qui je n’aurais même pas osé essayer,

aux lecteurs de mon blog qui m’encouragent et me donnent la force d’y croire.

Prologue

Un jour, c’est arrivé. Peut-être en aviez-vous toujours rêvé, peut-être que cela vous est tombé dessus sans prévenir, comme un vilain bouton d’acné un jour de mariage (pas le vôtre j’espère…), quoi qu’il en soit, un jour vous êtes devenue... maman. Pour votre enfant, pour la société tout entière, pour l’univers ! Je m’emballe, pardonnez-moi… donc vous êtes maintenant Mère. D’abord mère. Surtout mère. Mais uniquement mère ?

Je vais vous donner mon avis…

Je suis la maman d’Elen, Erwan, et Solène, qui ont aujourd’hui 17 ans, 15 ans et 9 ans et demi (ouais, c’est super important, les demis).

Cependant, je suis aussi l’épouse, l’amie, l’amante de Ludovic, l’homme de ma vie ; et une amie, une collègue, une sœur et une belle-sœur, une fille et une belle-fille… je suis encore une joueuse de handball, une employée ambitieuse, une citoyenne ! Je suis une rêveuse, une râleuse, une ménagère, une consommatrice, une écologiste dans l’âme, une révoltée résignée, une tante et une marraine, une voisine, une patiente impatiente… Je suis une pantouflarde et une fêtarde, je compte, je chante, j’écris. Je suis une actrice, une spectatrice, une réalisatrice…

Bref, je suis une femme, une FEMME ! Et à ce titre, je refuse qu’on me réduise à une seule de ces facettes. Allez, les filles ! Relevons la tête et la poitrine, tenons-nous fières et droites ! Montrons au monde que nous sommes complexes et complètes. Nous ne sommes pas que des mamans !

Tout à coup, le doute m’assaille. Tous ces aveux que je m’apprête à vous faire ne signeront-ils pas ma condamnation en tant que mauvaise mère ? Et si, contrairement à ce que je croyais jusque-là, j’étais la seule maman au monde à ne pas être parfaitement satisfaite d’être seulement maman ? Et si vous autres viviez votre rôle sans incertitude aucune et sans une once d’amertume ?

Serais-je l’unique maman à vouloir être plus que l’infirmière de mes rejetons, leur éducatrice, leur nourricière, leur guide, leur repère, leur modèle (non ? Si ? Allez, on est un peu leur modèle quand même !), leur « bonniche » (oui, aussi), une oreille attentive, une conseillère, l’autorité… ? Ça fait déjà beaucoup de casquettes à porter, certes, mais notre monde doit-il tourner exclusivement autour du fruit de nos entrailles ?

Eh bien ! tant pis. Au risque de dévoiler mon côté sombre et d’être rejetée avec dégoût comme peut l’être un galeux au milieu d’un salon d’esthétique, je m’affirme et je vous la raconte, ma vie de maman qui refuse de n’être que maman.

Ah, mais flûte, zut, crotte ! Ça commence à être la mode de dévoiler les mauvais côtés de la maternité. Et Kim Kardashian qui a essayé de me voler la vedette ! Elle n’aimait pas être enceinte et l’a dit sur les réseaux sociaux. Pour elle, ce serait un problème de corps qui change, grossit… Avec le fessier qu’elle exhibe partout, surprenant qu’elle rejette les formes… En tout cas, prendre du poids pendant la grossesse, c’est pas un scoop et, moi, je vais vous en dire bien davantage… Has been, le baby blues ! Je vais vous révéler les mille vies d’une maman, ses contrariétés, ses déceptions, ses humeurs… bref, la vraie vie.

Mère de famille… nombreuse — MIssion… accomplie

En ce qui me concerne (mon sujet favori et celui que je maîtrise à merveille !), je suis devenue maman le 24 mars 2003 à 1 h 50 (oui, les mamans dignes de ce nom connaissent les heures auxquelles elles se sont enfin délivrées de leur alien) à la naissance de ma grande. Un pur moment de bonheur, malgré les souffrances atroces (bon, j’avais quand même bénéficié de la péridurale, cette douce torture libératrice), l’épisiotomie de dix-huit points (six en fait, mais j’aime bien exagérer un peu), la fatigue…

Quand notre petite bouille est arrivée, on l’a même trouvée magnifique ! Il faut vous dire que nous avions vu beaucoup de photos du papa, particulièrement pas beau à sa propre naissance, et que nous étions persuadés que notre enfant serait au moins aussi laid. La folie n’étant que passagère, nous avons très vite réalisé que non, elle n’était pas très belle. Mais elle était en bonne santé et possédait autant de doigts et d’orteils que l’a voulu Dame Nature (je ne comprendrai jamais pourquoi nous comptons le nombre d’appendices de nos extrémités, comme si c’était le gage d’un enfant parfait. Pfff).

Puis nous avons remis le couvert deux ans plus tard avec l’arrivée de notre fils le 21 juin 2005 à 16 h. Une arrivée forcée (pauvre enfant, déjà contraint et contrarié à la naissance. Il en garde d’ailleurs rancune, je pense…), puisque le coquin devait sortir le 16 juin. Ah tiens ! Voilà un sujet intéressant ! La date présumée de l’accouchement. Mon mari est sceptique : chaque fois, le médecin donne une date de procréation correspondant à une de ses absences… Messieurs les docteurs en médecine, savez-vous que vos dates arbitraires sont source de conflits ? Je vous en supplie, consultez-nous, nous les futures mamans, avant de brandir vos petites tablettes de calcul ! Car vous l’aurez remarqué, les dates sont plutôt approximatives…

Cependant, lorsque nous avons, pour la troisième (et dernière) fois, procréé à nouveau, l’enfant s’est présenté le 30 novembre 2010 à 21 h 35, soit deux heures trente à peine avant le terme prévu. Une ponctuelle ! Ou un obstétricien chanceux…

Aujourd’hui, je suis donc à la tête d’une fratrie de trois et je suis donc devenue mère de famille nombreuse. Oui, incroyable, trois, c’est déjà nombreux ! Je n’ai pas six enfants, ou dix, juste trois, et nous sommes une famille nombreuse, reconnue ainsi par toute la société française. J’ai d’ailleurs très souvent entendu ce genre de discours : « Trois !??! Je sais pas comment tu fais, je pourrais pas… » « Bah ! t’as plus vraiment le choix quand ils sont là, hein ! » ou « J’ai déjà du mal avec deux alors… » et c’est pour ça que t’en as pas fait trois d’ailleurs… ou encore « Reprendre du poids ! Arghhhhh ! », « Retourner dans les couches ?! », « Deux, c’est tellement pratique ! »

Oui, deux enfants, c’est pratique. Les chaussures à scratch aussi, c’est pratique. Devons-nous nous laisser dominer par le pratique ? N’est-ce pas, Florence (Foresti) !? Pour ma part, j’ai laissé l’aspect pratique de côté, et j’ai écouté mon cœur et mon corps. Car trois enfants, c’était une évidence, une sorte de non-choix, mon destin peut-être ? Je me pose précisément la question : à partir de quand, exactement, suis-je devenue une mère de famille nombreuse ? À l’évidence, le jour où j’ai accouché de ma benjamine. Lorsque ce petit être tant désiré a cessé de me torturer de l’intérieur pour enfin le faire de l’extérieur et rejoindre son frère et sa sœur dans l’équipe des empêcheurs de tourner en rond. L’impatience, la souffrance, la délivrance (Libérée ! Délivrée !) et me voilà trois fois maman, maman au cube, au culbuto même ! Pourtant, chaque parent le sait, l’amour que nous portons à nos enfants ne nous tombe pas dessus en salle de naissance.

Plutôt, et plus tôt, dès que je me suis sue enceinte. Je n’avais déjà plus dans mon cœur seulement deux enfants à chérir, mais bien trois. J’ai caressé mon ventre, chantonné, parlé, pesté, râlé (si ce n’est pas un signe que je considérais déjà la chose comme mon enfant !), préparé ses affaires (dans une valisette) ainsi que son frère et sa sœur (dans leur tête et leur cœur). Et au fur et à mesure que mon ventre cachait mes pieds, je devenais mère de trois enfants aux yeux de tous. Pourtant, avant sa conception, je savais que le futur me verrait mère de famille nombreuse…

Quand l’homme qui m’avait déjà fait l’honneur de partager deux fois ses gamètes avec moi m’a enfin dit oui. Des années que j’attendais qu’il approuve ce projet. Il m’avait laissée dans l’incertitude : « Je te répondrai après ton concours, laisse-moi encore y réfléchir. » Bien sûr, en m’offrant tant d’espoir, il ne pouvait pas ensuite simplement les détruire d’un NON assassin. Mais rien n’était garanti, deux enfants lui convenaient parfaitement : plus pratique (encore ce concept !), fille et garçon, moins de contraintes (plus de couches… lui aussi !?). Et lorsqu’il s’est présenté à la porte d’entrée, un bouquet de fleurs dans les mains et un sourire sincère sur le visage, et qu’il m’a dit : « D’accord pour le troisième ! », alors je suis devenue mère de famille nombreuse en puissance. Toutefois (vous apprécierez l’effort fourni à trouver des synonymes pour amorcer mes phrases…), avant d’en arriver à cet instant, il a fallu que je sois intrinsèquement cette mère en puissance.

À l’époque où il s’est laissé convaincre. Deux enfants en bonne santé de sexes différents (un de chaque, cela va sans dire… pas d’hermaphrodite chez nous, désolée. Je sais que ç’aurait pu fournir tout un tas d’anecdotes originales, mais on fait dans le classique…). Que demander de plus ? Je ressentais pourtant une grande peine à ne pas avoir un troisième enfant, alors même que je savais que ce sentiment était irrationnel. Ce manque est devenu souffrance. J’en ai tellement pleuré ! Témoin de ma peine et ayant fait sien mon sentiment selon lequel je regretterais ma vie entière de n’avoir pas eu cet enfant tandis qu’il ne pourrait regretter de l’avoir eu, Ludovic a compris qu’il ne s’agissait pas d’un caprice, une « lubie de femme en manque d’amour », et c’est à ce moment précis que notre famille a pris le chemin de la famille hors norme. Mais le désir d’un troisième enfant ne datait pas de la veille…

Lorsque j’ai donné naissance à notre deuxième ange. Encore à la maternité avec mon petit bout de quelques jours, j’avais déjà exprimé le vœu de remettre le couvert. Et je l’aurais fait immédiatement si le coït avait été une option dans ces conditions (mais soyons honnêtes, l’homme n’avait pas plus envie de moi et de mes culottes en filet que j’avais moi-même envie de faire à nouveau rentrer une matière vivante dans mon… intimité) ! Je l’aurais fait sans tarder, peut-être parce que je savais que deux suffisaient à mon homme et que je voulais m’inscrire sans délai dans le rôle de mère d’une grande famille… Ou parce que la fin de cette deuxième grossesse n’avait fait que réveiller en moi le souvenir d’une promesse…

Quand il m’a promis, du bout des lèvres, trois grossesses. Nous avions 18 ans et je suis « tombée » enceinte. Manque de communication dans ma famille, que je ne veux d’ailleurs pas répercuter avec mes enfants et notamment mes filles. Petit aparté : c’est pour ça aussi qu’il est important de poser le postulat selon lequel une femme n’est pas qu’une maman. Elle a d’abord été la fille de sa maman, et cette expérience est fort utile dans son rôle de maman. Elle voudra répéter les mille attentions positives dont elle a été l’objet et agira à l’inverse de ce qu’elle a mal vécu. Bref, cette grossesse non désirée fut un choc, et si dans mes entrailles je souffrais déjà de ne pas pouvoir devenir mère de cet enfant, je ne pouvais envisager de le garder et de lui offrir un avenir plus qu’incertain. Cette décision commune, douloureuse nous a encore rapprochés, Ludovic et moi. Et le malheur et le mal-être m’ont envahie avec tellement de force qu’il n’a pu que promettre ce que je lui demandais dans le futur : trois grossesses. Finalement, cet engagement, soutiré dans la peine, ne faisait que répondre à mon désir de toujours.

Depuis toujours. Voilà la réponse. Je suis mère de famille nombreuse en puissance depuis ma plus tendre enfance. Entourée de mes deux grandes sœurs et de mon petit frère, j’ai adoré faire partie d’une famille dite nombreuse. Le regard parfois surpris quand j’énumérais mes frères et sœurs, et aujourd’hui encore, la sensation de faire partie d’un groupe solide et solidaire, les repas de Noël animés… sont autant de souvenirs heureux dans mon cœur. Et comme beaucoup d’enfants heureux, j’ai toujours voulu reproduire le schéma. Adolescente, j’avais même pour rêve d’avoir un garçon, puis une fille, puis des faux jumeaux (fille et garçon). Je leur avais même donné des prénoms !

Alors voilà, vous savez tout, je suis maman depuis toujours. Je ne suis pas que maman, certes, mais je le suis depuis que je suis petite fille, enfant et sœur. C’est en moi, même si je m’en défends. Ce n’est pas mon seul rôle en ce monde, mais c’est certainement le principal. Il me prend beaucoup de temps et d’énergie et il m’apporte les plus grands bonheurs. Il est celui que je ne peux pas perdre. Si je ne suis plus employée, joueuse de handball, belle-sœur ou épouse, je serai toujours maman. Comme je resterai toujours l’enfant de mes chers parents ou la sœur de mes frères et sœurs (cela même quand les liens sont distendus), je serai toute ma vie et après la mère de mes trois merveilleux enfants (un peu de violon et de sentiments, bon sang !).

Comme il est coutume (berk, les coutumes) de demander à de jeunes mariés quand ils feront un enfant ou à de jeunes parents à quand le second, il est aussi fréquent de demander malicieusement à des parents de deux enfants à quand le petit suivant. Et c’est sans fin ! Évidemment, nous n’y avons pas échappé… C’est pour quand, le quatrième ? « Quand tu en auras fait autant que nous, banane ! » Pardon, je m’agace…

Eh bien non ! Pour mille raisons, non ! Ah ! mais j’ai assez donné de mon corps, de mon temps, de mon énergie ! Non, je ne veux plus d’enfant ! Pourquoi ?

Je suis déjà comblée (et overbookée).

•Les enfants grandissent et nous pouvons profiter de plein de choses avec eux.

•Les enfants grandissent et je retrouve un peu de liberté.

•Nos moyens financiers ne sont pas extensibles à l’infini, ni mon temps et encore moins ma patience.

•J’ai enfin perdu mes kilos en trop, pas question de les reprendre !

•Mon mari n’est archi pas d’accord du tout !

•…

Et je suis (enfin) sereine. J’ai atteint mon rêve. Je regarde maintenant les bébés autour de moi avec tendresse, mais sans une once d’envie. Je suis même méchamment contente de ne pas être à la place de la maman ! Je suis guérie...

Bon, je suis donc maman, et de famille nombreuse en plus. Mais qui a le mode d’emploi ? On dit souvent que c’est le métier le plus difficile. Je rajouterais que c’est le plus mal payé et un des moins reconnus.

Au début, on tâtonne, on hésite, on se trompe, on rectifie, on crie (Aaaaah ! J’en ai marreuh). Mais on se débrouille, pas le choix. Et puis on prend ses marques, on devient cool, swag… Une maman dans le vent, sans peur et sans reproche (à part quelques-uns de la belle-mère ou de la mère, mais ça, c’est inévitable). On prend confiance et on regarde les mamans fébriles avec amusement (ou dédain. Après tout, on en a un peu ch** pour en arriver à cet état d’esprit, alors on peut bien mépriser les débutantes !).

Mais attention, tout n’est pas gagné ! Loin de là. On évolue en même temps que les enfants, donc on continue à se débrouiller. Et un jour, l’enfant devient adolescent et là… là… eh bien ! la donne change. Oui, mesdames, les doutes reviennent face à ce très jeune adulte qui ne redoute plus votre autorité de la même façon, qui est aussi grand que vous et se croit au moins aussi futé.

Être maman, c’est donc se remettre en question sans arrêt. Rien n’est acquis. Et tout un tas de décisions sont à prendre, sans filet, à l’instinct… Et la première grande décision est…

… le prénom ! — NoMInation

Ah ! comme j’ai ri devant le film éponyme d’Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte ! J’étais déjà trois fois maman et si je n’ai pas vécu une telle comédie, je suis quand même d’avis que donner un prénom, c’est toute une histoire. C’est même souvent un sketch. Mais il s’agit là de la première responsabilité de parent, ce n’est pas rien ! Ce n’est donc pas une blague, il faut se décider sérieusement. Le pauvre enfant devra le porter dignement toute sa vie, alors, pression…

Quel que soit le prénom, vous avez remarqué qu’il ne plaira pas à tout le monde. Il y a donc plusieurs façons de faire.

Il y a d’abord les mamans (et les papas aussi, parfois) qui ont toujours su comment elles allaient prénommer leur rejeton. Depuis leur plus tendre enfance, elles savaient qu’elles enfanteraient un Napoléon et une Joséphine, et elles l’ont dit à tout le monde. Et elles le font ! Je suppose que le papa s’est habitué, comme victime d’un lavage de cerveau, n’imaginant plus donner un autre prénom que celui gravé dans le marbre depuis le début de sa relation avec la maman. Et voilà donc Joséphine, puis Napoléon qui débarquent dans la famille. J’admire (mouais, ironique j’avoue) la constance, la persévérance (l’entêtement, l’obstination ?) de ces mamans, mais je m’étonne qu’elles ne changent pas d’avis au cours des années. Un choc affectif ou un trouble de la personnalité serait-il à l’origine de cet immobilisme du cerveau ?

Personnellement, j’ai mille fois changé d’idée de prénom au fur et à mesure que j’évoluais. Bon, c’est peut-être moi qui suis instable… Autre bémol à mon goût : quand le prénom a été dévoilé à J-15 ans avant la naissance, c’est l’absence de découverte. On a presque l’impression de déjà connaître l’enfant, le charme n’est pas le même…

Ensuite, il y a les parents naïfs qui réfléchissent à voix haute et qui acceptent sans contrainte de partager leurs idées. Erreur ! Il n’y a pas un seul prénom au monde qui fera l’unanimité. Chacun a ses propres goûts et ses propres expériences qui font du plus beau prénom un souvenir moche : une Amélie pleine de boutons et aux dents jaunes, un Florian au QI de larve de mouche attaquée par des fourmis, une Gabrielle bête et méchante ou un Jules bicentenaire qui se fait pipi dessus… Difficile de ne pas associer le prénom à la personne, et donc difficile ensuite de faire semblant qu’on trouve ça joli. Enfin, moi, j’ai bien du mal à mentir, alors je m’abstiens de tout commentaire. Et devant un futur parent hésitant et plein d’espoir qui annonce, angoissé, le prénom choisi, attendant la sentence, j’essaie de trouver quelque chose de positif et d’aussi sincère que possible à dire : « Gaston !? Les vieux prénoms reviennent à la mode, c’est sûr », « Amandalia ?! Quelle jolie sonorité ! »

Et les associations d’idées ou du prénom avec le nom ? Certains parents en devenir, dans l’euphorie, ont oublié d’accoler le prénom choisi avec le nom de famille pour en tester le rendu. Heureusement, des amis bien attentionnés savent leur faire observer : « T’as remarqué qu’avec ton patronyme, Emma, ça cloche ! Quand on s’appelle Caréna et qu’en plus, on n’a pas le rythme dans la peau… » LOL. « Robin ? C’est mignon, oui. Mais je te rappelle que ton nom de famille est Dubois ! »

Bref, si vous avez un doute sur le prénom et que vous voulez le soumettre au vote du public, sachez qu’il y a toutes les chances pour que vous obteniez sa condamnation. Vous pouvez donc opter pour le secret…

Car il y a aussi celles et ceux qui cachent le prénom jusqu’au dernier moment. J’ai essayé, j’y suis presque arrivée, j’ai lâché juste avant, sous la pression. C’est un secret entre les futurs papa et maman, et c’est un réel plaisir de laisser l’entourage dans l’ignorance. Ça chuchote, ça insiste, ça râle. Et puis au moins, quand le prénom arrive en même temps que l’enfant, il y a deux avantages. D’abord, les ragots et les avis se feront essentiellement pendant que maman est à la maternité. C’est donc une discussion inutile évitée. Et puis il est plus difficile de critiquer et impossible de faire changer d’avis les parents quand le prénom est d’ores et déjà inscrit dans le registre de l’état civil. Et toc !

Vous avez finalement choisi, envers et contre tous, le prénom qui vous plaisait. Vous avez bien fait… enfin, j’espère ! Car viendra peut-être le jour où le premier concerné vous demandera des comptes. « Pourquoi vous m’avez donné le prénom le plus ringard du moment ? », « Désolé, Gertrude, c’était l’année des G ! », « Je déteste mon prénom, tout le monde se moque de moi ! », « Je ne comprends pas, mon petit Zébulon »… Ah ! les sources d’inspiration ne manquent pas.