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Quelques mots tracés sur une page vierge. Un vide. Et ainsi naît une préoccupation. Celle d’un homme en proie au doute, envers lui-même et le monde qui l’entoure, cherchant à comprendre à travers une introspection, un survol de ses souvenirs, une réponse à cette mystérieuse disparition. Page blanche est le récit d’une journée qui dévoile toute la gamme des émotions, sous forme de journal intime, mêlant passé et présent.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné des mots depuis toujours,
David Sauvage explore divers supports tels que la nouvelle, le sketch et la chanson. Auteur de trois pièces de théâtre, il apprécie la diversité des genres. Pour son troisième roman, il s’écarte du thriller et du polar classique et explore avec "Page blanche" le monde de l’intime dans un récit en forme de polaroid(e) sentimental.
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Seitenzahl: 90
Veröffentlichungsjahr: 2023
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David Sauvage
Page blanche
Polaroïd(e) sentimental
© Lys Bleu Éditions – David Sauvage
ISBN :979-10-422-0836-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Chapitre 1
La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. On dit ça. Peut-être…
La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. On dit ça. Peut-être…
C’était la première phrase du manuscrit dont IL me parlait tant et que de toute évidence, enfin, IL avait entrepris d’écrire. Jetée sur une feuille de papier posée sur la table. ILdéteste les claviers. La pensée est plus pure quand elle sort de la main d’après LUI. Elle engage davantage. Pour moi, elle est simplement moins facile à lire. La calligraphie, disons-le, n’est pas SON point fort. Même s’IL S’est appliqué à bien la border en la couchant sur son support immaculé, les mots semblent avoir eu du mal à s’endormir et ont passablement froissé les draps. Voilà pour l’apparence !
Maladroite en diable, tissus de lieux communs, elle portait tant de sous-entendus et d’imaginaires, tout en ne signifiant rien. Voilà pour la forme. Quant au fond, comment dire ? Je ne sais même pas si cette phrase reflétait SON désir, s’IL en était fier, s’IL souhaiterait même simplement la conserver. Sans doute voulait-IL vaniteusement démarrer comme Proust, mais en prenant comme point de départ le lever plutôt que le coucher pour SE lancer dans SON audacieuse aventure littéraire dont les prémices sonnaient comme l’œuvre pataude d’un post-adolescent au romantisme formaté.
La première phrase… à vrai dire, la seule !
« La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt ». La vie ! Pourquoi la vie ? Pourquoi déformer cet adage populaire ? Était-ce parfaitement volontaire, ou cela ne manifestait-il que SON approximation de la langue française et les poncifs dans lesquels IL SE plaisait à barboter ?
LUI S’était toujours levé de bonne heure, pour autant, IL ne donnait pas l’impression de posséder la vie. IL semblait même la plupart du temps dépossédé de la sienne. Levé tôt, couché tard. Tel était SON rythme, celui d’une lassante routine. Aimait-IL à ce point la vie qu’IL voulut qu’elle LUI semble si longue de jour en jour ? Pourtant, Dieu sait qu’IL donnait plutôt l’impression de S’ennuyer du matin au soir. Sans doute est-ce pour cette raison qu’IL commençait à douter de cette sentence de peu de sens qu’IL avait posée en introduction à SON« œuvre ». En guise d’œuvre tout court, devrais-je dire, puisqu’IL ne laissait derrière lui rien d’autre que cet énigmatique « La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. On dit ça. Peut-être… ».
Que voulait-IL dire ? Vers quoi voulait-IL nous emmener ? Et si SON seul souhait n’était finalement que de nous entraîner sur les chemins de la réflexion ? « Réflexion »… ne soyons pas trop ambitieux. « Questionnement » me semble le terme idoine. Le défi ne semblait pas inintéressant. Mais de bon matin, comme ça, à peine levé, il n’est guère motivant. IL m’expliquera bien à SON retour…
« La vie appartient à ceux… » Non ! c’est trop maladroit pour démarrer une histoire ! Pour la conclure aussi du reste… Mais dans ce cas, la maladresse a moins de portée, puisqu’elle clôt le chapitre.
Aucun brouillon dans la poubelle ! La sentence semble assumée. Et si c’était autre chose ! Un message ? À mon adresse ? Mais pour dire quoi ?
Il est 10 heures. S’IL n’est parti que pour chercher des croissants, pourquoi ne sont-ils pas déjà sur la table, et LUI en train de leur offrir une ultime trempette avant de les engloutir, assis dans la cuisine en attendant que je descende pour m’offrir ma bise de salutation matinale ?
Je veux comprendre. Je dois comprendre…
Il est 13 heures et toujours rien. Depuis ce matin, je tourne en rond, ce fichu bout de papier dans les mains, à tenter d’en percer le mystère. Plusieurs fois j’ai appelé sur SON portable, en vain. Toujours le même laconique message sur SON répondeur.
Je n’ai pas le cœur à cuisiner, d’ailleurs je n’ai pas faim. Comment le pourrais-je ?
Ce matin, IL s’est levé de bonne heure avant de partir. Partir pour où ? Partir pour quoi ? Pour posséder le monde ? Pour S’approprier la vie ?
IL est parti en silence, en prenant soin de ne pas me réveiller. Sans rien emporter avec LUI. Pas de bagage. Pas d’argent. Rien. Juste les clés de la voiture. Sans explication.
En me levant, je n’ai pas remarqué tout de suite SON absence. Tout juste ai-je pu noter que SES chaussures n’étaient plus là où IL les avait laissées hier. Mais rien qui puisse me faire soupçonner SON départ. Et s’IL était réellement descendu acheter des croissants,à l’heure qu’il est, ils étaient déjà rassis. L’option « croissants »ne tenait pas la route.
Qu’est-ce qui avait bien pu LUI passer par la tête ?
Certes, hier soir, IL était resté mutique. Pas un mot n’était sorti de SA bouche. Pas même SES remarques aux accents de reproches taquins qui, quoique parfois lassants ou désagréables, habillaient notre routine comme une caisse claire rythme un adagio. Pour autant, à mes yeux, ILS’était couché serein. Nous ne nous étions pas disputés. Au contraire, IL avait été avec moi d’une tendresse presque oubliée la nuit dernière, SE blottissant inlassablement contre moi au point de m’ébouillanter de SA chaleur corporelle. Mais j’avais laissé faire. C’était tellement agréable. IL n’avait cessé de me répéter qu’IL m’aimait dans le creux de l’oreille, du moins, c’est la traduction que j’avais faite de SES soupirs alanguis. Alors, quoi ? Avais-je donc pu dire ou faire quelque chose qui motive ce départ ? Mais quoi ?
Nouvel essai sur son portable. Une fois encore la sonnerie me renvoie aussitôt sur SA messagerie, quand d’un coup je m’aperçois que SON téléphone, en mode silencieux, n’a pas quitté sa base de rechargement. IL ne voulait visiblement pas que je puisse essayer de LE rattraper. Pour tenter de dénicher une réponse, pourquoi ne pas aller inspecter SES archives de SMS. Non ! Ça n’a rien d’intrusif. Nous ne nous cachons rien, et LUI aussi est autorisé à faire de même avec le mien. 1204 ! IL avait choisi ma date de naissance comme code PIN. Ainsi était-IL sûr de ne jamais pouvoir en oublier la date. Rien ! Aucun envoi. Juste la trace de mes messages, du plus anodin où j’écris que « Vé Rentré 1 peu tard ! » à celui où je prends le temps de LUI écrire combien IL me manque et combien je L’aime. À part ça, rien ! Le néant ! Le vide ! L’abîme !
Peut-être alors SES e-mails pourraient me renseigner. On ne part pas comme ça, presque nu, sans avoir nulle part où aller, sans avoir prévenu personne. S’IL était parti sur un coup de tête, la réponse se trouvait forcément dans SES derniers messages. Mais j’ai beau faire défiler les dizaines de mails, en m’acharnant à trier les innombrables spams qui polluent SA boîte de réception, je ne vois rien. Rien qui puisse me donner la moindre indication. Guère plus de chance en consultant SA boîte d’envoi. À croire qu’IL avait choisi de couper les ponts avec l’ensemble du monde qui L’entourait. Il faudrait pourtant bien qu’IL mange, qu’IL paie l’essence… pour autant que je me souvienne, lorsque j’avais rentré la voiture au garage hier, le réservoir était presque vide. Comment ferait-IL ? Et si finalement je m’inquiétais pour rien. Après tout, ça ne faisait jamais que depuis ce matin qu’IL était parti et 14 h viennent à peine de sonner.
IL reviendrait sans doute bientôt, une fois que SA crise introspective serait passée.
En fouillant dans SES affaires, j’ai retrouvé quelques photos mal rangées. Des photos de moi, essentiellement. De nous, très peu. IL n’aimait pas SE faire capturer sur pellicule. IL n’aimait pas laisser la trace de ce qu’IL était. Ce qui L’intéressait, c’était SON devenir, et ce qu’IL était au moment présent. Je crois surtout qu’IL n’aimait pas vieillir, et ne voulait pas qu’on gardât trace de SA physionomie passée. Ainsi, se mettait-IL à l’abri de toute comparaison désavantageuse. Et puis, IL refusait de SE dévoiler au travers d’une émotion que serait parvenue, à SON corps défendant, à immortaliser la pellicule.
IL ne savait pas qu’on pouvait en apprendre tout autant, sinon davantage, sur LUI en s’attardant sur les clichés qu’IL avait pris plutôt que sur ceux où IL figurait, souvent flou, souvent terne. Au milieu de tous ces souvenirs en puzzle, il y avait malgré tout une image de LUI, une seule, où IL semblait vrai, où IL semblait S’offrir, où IL semblait heureux. C’était une photo volée… Je me souviens encore de l’engueulade qui s’ensuivit. Deux jours sans m’adresser la parole… ou presque. Pourtant, IL l’avait gardée.
Les photos qu’IL avait prises de moi étaient toutes parfaitement classées. Chronologiquement. Méthodiquement. Si j’avais pu douter un seul moment des sentiments qu’IL me témoignait, cette découverte aurait suffi à faire s’envoler mes doutes. Les plus belles étaient les plus récentes. Elles étaient plus précises, plus affûtées, moins brouillonnes que celles des tout débuts, lorsque l’on se connaissait encore à peine. Mais déjà on pouvait y déceler un trouble qui mettrait quelques années à s’éclaircir et à s’affirmer. Tant d’années – presque 10 – tant d’années de silence, de résignation, tant d’années d’effacement. Tout ça pour moi. Quel cadeau ! Quelle bêtise ! Que de temps perdu ! « La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt ». Pourquoi LUI aura-t-il fallu autant de temps pour s’éveiller ? Peut-être finalement qu’IL voulait coucher SES regrets sur le papier, tout simplement. Ou me jeter en pleine face la responsabilité de mon si long aveuglement. Non, sûrement pas ! Cela ne LUI ressemblait pas. Et si cette phrase ne voulait tout simplement rien dire. Comment savoir ?