Panique au Manoir - Yves Beauséjour - E-Book

Panique au Manoir E-Book

Yves Beauséjour

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Beschreibung

Age : 8-9 ans  Niveau de lecture : CE2Lorsque Béa, Angélique et Marie-Annette apprennent par leur papa l’arrivée imminente dans leur maison de Sophie –son amie – et ses trois garçons, elles ne sont guère enthousiastes !Il va falloir partager le manoir de Belle-Rive, son parc, son marais, sa rivière, son bois, le chien Bonaparte… Et maman qui est partie on ne sait où… Victor, Zachary et Benjamin redoutent eux aussi cet emménagement, après la disparition en mer de leur papa. La rencontre entre les deux familles risque de provoquer des étincelles ! Mais, quand s’ajoute à tous ces bouleversements une disparition inquiétante, il faudra bien s’entraider…Ce premier épisode des enfants de Belle-Rive renoue avec la grande tradition des romans d’aventure, cocktail d’humour et d’enquête avec un brin de psychologie. Mais ce qui rend particulièrement attachante – et originale – cette nouvelle série est le parti pris des auteurs de laisser successivement chacun des six enfants narrer leurs propres aventures et décrire eux-mêmes les sentiments qui les inspirent…Un roman à six voix dont les enfants se régaleront !EXTRAITJe m’appelle Béatrice. Je suis l’aînée de la famille Lafontaine. J’ai huit ans et demi. Je vais déjà à l’école depuis longtemps. Je sais maintenant lire, écrire et compter. Ce que jen’aime pas, de l’école, c’est que personne ne veut jouer à mes jeux. Heureusement qu’on y apprend beaucoup de choses. C’est très utile quand on doit s’occuper de ses deux petites soeurs.Je n’ai plus de mère. Elle est partie. Mon père dit qu’elle doit voyager à cause de sa maladie. Moi, je sais que c’est un mensonge. Pauvre papa, il se doute bien que maman nous déteste et que c’est pour ça qu’elle nous a tous abandonnés. Si papa ne dit pas la vérité, c’est pour protéger mes soeurs.CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - "J'ai passé un bon moment en compagnie de ces enfants dont j'attends la suite des aventures avec impatience. Un sympathique roman à recommander à partir de 9 ans."  - Libbylit- "Un récit charmant et original dans lequel les six enfants narrent, de façon successive, leurs aventures et leurs sentiments. Quelques jolis croquis en noir et blanc accompagnent le texte." - Réseau des bibliothèques de MontréalÀ PROPOS DES AUTEURSNée de parents franco-québécois, au cœur de l’été des indiens de 1969, Nadine Michel a grandi entourée de ses sœurs qui lui ont permis de faire les quatre cents coups sans jamais se faire pincer. Devenue grande, elle joue un rôle important en tant qu’éducatrice auprès des enfants, et cela depuis quatorze ans. Ce n’est qu’au retour d’un voyage en Polynésie française où elle côtoie des enfants de différentes cultures qu’elle se rend compte que tous se ressemblent infiniment. Elle décide alors de leur imaginer cette histoire, celle des « Enfants de Belle-Rive », peut-être un peu pour leur rappeler de ne pas grandir trop vite, mais surtout pour leur dire merci d’être là.Né de bonnes feuilles à Montréal en 1968, Yves Beauséjour a consacré son enfance à l'observation des comportements du genre humain. Après avoir étudié trop longtemps et travaillé trop peu dans un domaine de veston cravate, il a troqué ses habits d’homme sérieux pour entrer au sein de l'ordre secret des pères au foyer. Durant ces années de réclusion, il s’est occupé de l’éducation de ses trois rejetons tout en écrivant plus de dix mille trions d'histoires (toutes à paraître... ou à faire disparaître).

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À ceux qui ont cru en moi et qui continuent à le faire. Ils se reconnaîtront.

N.M.

À ma mère.

Y.B.

PREMIÈRE PARTIE

LA RENCONTRE.

CHAPITRE 1

BÉATRICE LAFONTAINE, VUE PAR BÉA.

Je m’appelle Béatrice. Je suis l’aînée de la famille Lafontaine. J’ai huit ans et demi. Je vais déjà à l’école depuis longtemps. Je sais maintenant lire, écrire et compter. Ce que je n’aime pas, de l’école, c’est que personne ne veut jouer à mes jeux. Heureusement qu’on y apprend beaucoup de choses. C’est très utile quand on doit s’occuper de ses deux petites sœurs.

Je n’ai plus de mère. Elle est partie. Mon père dit qu’elle doit voyager à cause de sa maladie. Moi, je sais que c’est un mensonge. Pauvre papa, il se doute bien que maman nous déteste et que c’est pour ça qu’elle nous a tous abandonnés. Si papa ne dit pas la vérité, c’est pour protéger mes sœurs. Il ne veut pas qu’elles souffrent. D’habitude, je dis comme mon père pour éviter de l’embêter. Mais quand ma sœur Angélique dit qu’elle va ramener maman à la maison, ça me met en rogne. J’ai le goût de lui dire toute la vérité.

Je ne sais pas pourquoi notre maman vit loin de nous. Elle est folle, c’est tout !

La dernière fois que notre mère est venue nous voir, elle avait les bras chargés de cadeaux. Elle arrivait du Mexique. Elle dansait sur la table du salon et riait fort en hurlant « Olé ! » tout le temps. Papa et maman se sont disputés très fort lors de cette fameuse visite.

— Prends tes médicaments ! lui disait-il.

— Je n’en ai pas besoin ! lui répondait-elle.

— J’appelle le docteur, lui lançait-il.

— Arrête de me traiter comme une folle à lier ! lui criait-elle.

Ma mère est partie en hurlant qu’elle nous détestait tous et que c’est nous qui la rendions dingue. J’ai tout entendu. Je les espionnais du haut de l’escalier. Mes sœurs ne se sont aperçues de rien. Alors, je garde le secret.

Ce sont les vacances d’été. Mon père va accueillir une famille au Manoir. J’ai préparé mes sœurs pour les recevoir. Ce n’était pas facile. Angélique ne voulait pas se laisser faire. Je crois qu’elle n’aime pas l’idée de partager la maison avec des visiteurs. Pour Marie-Annette, c’est différent. Elle se laisse faire et ne pose jamais de question. Elle est docile. Moi, ça ne me dérange pas que la maison soit occupée par une autre famille. Le Manoir est grand.

La femme qui va vivre chez nous est une ancienne amie de papa. Et c’est la vraie propriétaire du Manoir. Je souhaite qu’elle soit gentille avec mon père et mes sœurs et que ses trois garçons se tiennent convenablement. Je n’ai pas envie de faire la discipline à la place de leur mère. J’en ai déjà assez avec mes sœurs.

CHAPITRE 2

ANGÉLIQUE LAFONTAINE, VUE PAR ELLE SEULE.

Mon nom, c’est Angélique. Je vais avoir bientôt six ans. Je vis dans le Château du Seigneur de Belle-Rive et je suis la chevalière des lieux. Ici, c’est le paradis. Il y a des vers de terre dans le jardin, des couleuvres sous les saules, des cloportes sous les pierres, des criquets près de la rivière, des libellules, des grenouilles, des carpes idiotes, des anguilles qui gigotent, des araignées qui tricotent, des pissenlits, des quenouilles, de l’herbe à poux et des chardons qui collent à Monsieur Bonaparte.

En ce moment, j’ai les mains pleines de vase. Je creuse une rivière autour de mon domaine. Plus tard, je construirai un pont-levis. Je dois protéger les miens contre la grande invasion. Il paraît qu’on va vivre avec une autre famille. Nous ne serons plus seuls dans le Manoir.

Ma mère s’est fait jeter un sort. Elle est retenue dans un donjon, loin de nous. C’est pour cette raison que mon père a adopté une autre mère avec ses trois garçons. Quand je délivrerai ma mère, ils pourront retourner chez eux. Mais, en attendant, il faudra vivre avec ces envahisseurs.

J’ai enterré des maracas magiques, un poncho maléfique et d’autres bidules que ma mère m’a apportés du Mexique. Je les ai cachés dans le marais des Sœurs Grises. Je ne veux pas que les autres jouent avec. Ce sont des armes qui serviront plus tard, lorsque j’irai délivrer ma mère.

Béatrice ne me croit pas quand je lui dis que je vais partir pour le Mexique. Béa, c’est ma grande sœur. Elle a huit ans et des poussières. Elle se croit meilleure que moi parce qu’elle va à l’école. Elle sait peut-être lire des histoires avant de nous endormir ; elle sait peut-être compter jusqu’à dix millions de trions; moi, je sais que Béa n’est pas une adulte. Je n’ai pas à lui obéir.

De toute façon, lorsqu’elle part pour l’école, c’est moi qui prends les commandes ici. Avec ma petite sœur, Marionnette, je fais ce que je veux. Je l’entraîne dans mes aventures… Avec elle, les choses sont moins compliquées. Même si elle zézette, même si elle est toujours au mauvais endroit au mauvais moment et même si elle est toujours crottée, je l’aime beaucoup.

Marionnette devait m’aider à creuser la rivière avec sa pelle rose, mais comme j’ai brisé la mienne, je lui ai pris la sienne. Elle n’a rien dit. Je lui ai demandé d’aller jeter des vers de terre aux poissons pour qu’ils viennent mordre les étrangers. Elle l’a fait. Jouer avec les vers de terre, ça ne lui donne pas mal au cœur comme à Béa.

Je crois que Marionnette n’aime pas les envahisseurs. Quand je lui ai défait les lulus1 que lui avait faites Béa, elle a ri. Béa voulait qu’on soit toutes belles pour les étrangers. Moi, je crois qu’on n’est pas obligé de faire tout un plat pour des gens qu’on ne connaît pas.

Papa nous a amenées à la boutique hier. Il a mis des commodes dans le camion. C’est pour les ennemis. Mon père est un acheteur de meubles tout vieux, tout croches. Il les répare et les revend. C’est un antiéquerre. Depuis qu’il a invité les étrangers à vivre avec nous, il sourit. Il n’écoute plus sa musique triste. Je trouve ça dommage. J’aimais lorsqu’il faisait jouer ses musiques pleines de violons.

Bon, en attendant l’invasion, je vais cacher mes autres trésors dans le marais des Sœurs Grises.

1 Note des auteurs : lulu signifie « couette » au Québec.

CHAPITRE 3

MARIE-ANNETTE LAFONTAINE, VUE PAR MARIONNETTE.

Je m’appelle Marie-Annette Lafontaine. J’ai quatre ans et demi. J’aime les papillons. Ma mère est morte. Ce n’est pas clair. Je ne me souviens pas vraiment d’elle. J’ai Angélique, Béa et papa. Je les aime beaucoup.

Je me réveille souvent la nuit. Je vais rejoindre Monsieur Bonaparte qui dort sur le tapis de l’entrée. Lui, il est tout doux, tout gentil. Quand on se baigne dans la rivière, il vient avec nous. Il aime l’eau autant que nous.

On va avoir de la visite. Angélique dit que ce sont des ennemis. Ils viennent prendre mon lit, mes jouets et ma rivière… Ah ! oui, et aussi ma maison. Je ne les laisserai pas faire. Béa dit que ce sont des amis. C’est pour ça qu’elle m’a habillée avec une robe blanche et m’a fait des lulus. Je dois porter mes souliers roses aussi. C’est très joli. Béa sait ce qu’il faut faire pour être gentille. Elle sait plein de choses. Moi, je sais seulement quand je vais me faire gronder… comme maintenant. Ma robe est couverte de boue et Angélique a défait mes lulus. C’est Béa qui ne sera pas contente.

Un jour, je vais aller à l’école. Je connais les lettres de l’alphabet. Je peux même écrire mon nom. Si mon professeur ressemble à Béa quand on joue à l’école, eh bien, l’école, ça ne sera pas drôle du tout. Si je réussis à lire et à compter aussi bien qu’elle, je n’aurai peut-être pas besoin d’aller à l’école.

CHAPITRE 4

VICTOR PERRAULT, VU PAR VICTOR.

Je trouve cet exercice ridicule. Je tiens à le dire.

Je m’appelle Victor, j’ai dix ans et je suis l’aîné de la famille Perrault. Je suis né en plein mois de juillet. Le plus beau mois de l’année. Le mois où il ne fait jamais chaud parce que j’ai la chance de toujours me trouver sur l’eau. C’est le mois où les grandes voiles se gonflent sous les vents de Bretagne.

Depuis que je suis tout petit, papa n’arrête pas de répéter que son oxygène, c’est la mer. Mon oxygène à moi, c’est l’air salin. Salin ! J’aime beaucoup ce mot. Et si j’aime tant cet air, c’est à cause de la mer, à cause du voilier, mais surtout, vous l’aurez deviné, à cause de mon père… Mon papa est un navigateur. Et c’est navigateur que je deviendrai.

En juillet, j’ai l’impression que papa est toujours là, avec moi, avec nous. Il était là à ma naissance, il est là à tous les étés, et il sera là pour l’éternité. Vous vous demandez peut-être pour quelles raisons je parle de lui ainsi. Bien sûr, je sais très bien que mon père a disparu en mer. Lorsque maman nous a annoncé qu’il était mort, elle est restée droite comme un piquet de clôture et aucune larme n’a coulé sur ses joues. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de devenir raisonnable. Pour faire honneur à ma mère, et surtout pour qu’on me laisse tranquille. Pour être tout à fait honnête, ça a marché. Pendant un temps.

Justement, maman trouve que je suis devenu trop raisonnable. Et comme elle s’inquiète un peu, elle en a parlé avec un spécialiste de la tête. Ensuite, elle m’a expliqué certaines choses. Si je comprends bien, elle veut que j’oublie papa. Pendant un temps. Alors, elle a décidé de retourner vivre chez elle. Dans la campagne d’un autre pays. Près d’un marais. Avec plein d’insectes. Dans un Manoir. Notre Manoir. Avec un drôle de père. Je dis drôle parce que j’ai vu une photo où Édouard posait fièrement, entouré de ses trois filles : Béatrice, Angélique et Marie-Annette. Je déteste déjà cet endroit.

Je suis très fâché contre maman. Elle a vendu notre maison pour nous acheter un nouveau père. Je suis vraiment en colère contre elle, mais j’ai décidé de ne rien laisser paraître. Je reste raisonnable, juste pour lui prouver qu’elle a tort. Et dès qu’on aura franchi les grilles du domaine, je l’appellerai Sophie. Parce que ma mère à moi n’aurait jamais vendu une si belle maison au bord de la mer pour venir habiter au beau milieu d’un marécage.

Quoi d’autre ? Ah oui ! J’ai deux frères. Zachary et Benjamin. Dans leur esprit, aucun doute qu’ils n’ont plus de père. Ils sont si petits qu’il a bien fallu leur enlever tout espoir.

Zachary a beau jouer avec les mots avec l’habileté d’un jongleur, je ne suis pas dupe. Il ne saisit pas le quart de ce qu’il dit. Pour lui, papa est mort. Quant à Benjamin, je n’ai pas grand-chose de spécial à dire sur lui. Comme il a la faveur de maman, il peut faire ou dire ce qu’il veut. Ben ne réfléchit jamais, il ne fait que des bêtises et maman l’excuse toujours.