L'île au Liens - Yves Beauséjour - E-Book

L'île au Liens E-Book

Yves Beauséjour

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Beschreibung

Retrouvez la charmante fratrie de Belle-Rive à la rencontre du célèbre biologiste Shaun Rivière !

Le jour de ses onze ans, Victor est d'une humeur massacrante ! C'est son premier anniversaire au Manoir de Belle-Rive, sans son père, au milieu d'étrangers… Quant à sa mère, elle ne pense qu'à décrocher un poste de reporter au journal de la région. La vie est vraiment trop injuste ! En guise de représailles, le jeune garçon s'approprie en cachette la barque construite par Édouard, le père des trois filles Lafontaine. En compagnie de son frère Ben, du moussaillon Angélique et d'un quatrième passager indésirable, le capitaine Victor se lance sur les flots à destination de l'île aux Liens, habitée par le mystérieux Shaun Rivière, dont le drapeau à tête de mort flotte sinistrement, comme une menace, pour ceux qui voudraient accoster. Mais il en faudrait plus pour effrayer le courageux équipage.

Ce deuxième opus des enfants de Belle-Rive reconduit les ingrédients qui ont fait le succès du premier (ces deux volets pouvant être lus indépendamment) : aventure, humour, suspense et émotion. Ainsi que le parti pris de laisser successivement chacun des six enfants narrer leurs propres aventures et décrire eux-mêmes les sentiments qu'elles leur inspirent…

Un deuxième tome empli de rebondissement, d’aventures et d’humour !

EXTRAIT

Ça vous arrive de vous demander de quoi est faite une journée ? Prenez, par exemple, aujourd’hui… Ce matin, Édouard lisait son journal. Maman était d’humeur massacrante. Ben se faisait tout petit. Béa avait hâte de prendre son bain. Angélique avait de la confiture dans les cheveux. Marie-Annette partageait sa tartine avec Monsieur Sèche. Monsieur Bonaparte n’arrêtait pas d’éternuer. Victor se plaignait, le ventre plein… Quelle belle expression, vous ne trouvez pas ? Et moi, j’essayais de lire la page qu’Édouard venait tout juste de terminer. Rien de bien extraordinaire comme début de journée, si vous voulez mon avis. 

Mais… parce qu’il y a un mais, tout peut vite changer. Ce qui s’annonçait pour être un jour comme un autre s’est vite transformé en une bien drôle d’histoire… Tout a commencé à cause du journal de Belle-Rive qu’Édouard lisait. L’édition de ce 11 juillet, pour être plus précis : « … Après une longue série de conférences à travers l’Europe, le brillant biologiste Shaun Rivière arrive à Belle-Rive. Monsieur Rivière, qui ne donne jamais d’entrevue pendant ses vacances, compte prendre quelques semaines de repos à sa résidence de l’île aux Liens. Nous sommes fiers de retrouver ce grand défenseur de l’environnement dans notre vénérable communauté. »

À PROPOS DES AUTEURS

Née de parents franco-québécois, au cœur de l’été des indiens de 1969,  Nadine Michel a grandi entourée de ses sœurs qui lui ont permis de faire les quatre cents coups sans jamais se faire pincer. Devenue grande, elle joue un rôle important en tant qu’éducatrice auprès des enfants, et cela depuis quatorze ans. Ce n’est qu’au retour d’un voyage en Polynésie française où elle côtoie des enfants de différentes cultures qu’elle se rend compte que tous se ressemblent infiniment. Elle décide alors de leur imaginer cette histoire, celle des « Enfants de Belle-Rive », peut-être un peu pour leur rappeler de ne pas grandir trop vite, mais surtout pour leur dire merci d’être là.

Né de bonnes feuilles à Montréal en 1968,  Yves Beauséjour a consacré son enfance à l'observation des comportements du genre humain. Après avoir étudié trop longtemps et travaillé trop peu dans un domaine de veston cravate, il a troqué ses habits d’homme sérieux pour entrer au sein de l'ordre secret des pères au foyer. Durant ces années de réclusion, il s’est occupé de l’éducation de ses trois rejetons tout en écrivant plus de dix mille trions d'histoires (toutes à paraître... ou à faire disparaître).

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À mes sœurs, mes complices…

N.M.

À mes trois petits monstres, Étienne, Charlotte et Mathilde…

Y.B.

LE PROLOGUE DE ZACHARY.

Ça vous arrive de vous demander de quoi est faite une journée ? Prenez, par exemple, aujourd’hui…

Ce matin, Édouard lisait son journal. Maman était d’humeur massacrante. Ben se faisait tout petit. Béa avait hâte de prendre son bain. Angélique avait de la confiture dans les cheveux. Marie-Annette partageait sa tartine avec Monsieur Sèche. Monsieur Bonaparte n’arrêtait pas d’éternuer. Victor se plaignait, le ventre plein… Quelle belle expression, vous ne trouvez pas ? Et moi, j’essayais de lire la page qu’Édouard venait tout juste de terminer.

Rien de bien extraordinaire comme début de journée, si vous voulez mon avis.

Mais… parce qu’il y a un mais, tout peut vite changer. Ce qui s’annonçait pour être un jour comme un autre s’est vite transformé en une bien drôle d’histoire… Tout a commencé à cause du journal de Belle-Rive qu’Édouard lisait. L’édition de ce 11 juillet, pour être plus précis :

« … Après une longue série de conférences à travers l’Europe, le brillant biologiste Shaun Rivière arrive à Belle-Rive. Monsieur Rivière, qui ne donne jamais d’entrevue pendant ses vacances, compte prendre quelques semaines de repos à sa résidence de l’île aux Liens. Nous sommes fiers de retrouver ce grand défenseur de l’environnement dans notre vénérable communauté. »

PREMIÈRE PARTIE

LE COMPLOT.

CHAPITRE 1

LA COMPLAINTE DE BÉATRICE.

La vie n’est plus la même depuis l’arrivée de l’autre famille au Manoir. Je ne me sens pas bien dans cette nouvelle vie. Pas bien du tout.

D’abord, je ne vois plus ma sœur Angélique. Elle passe son temps à chasser les crapauds du marais avec Benjamin, l’un des jumeaux Perrault. Ensuite, il y a ma petite sœur Marie-Annette. Depuis sa chute dans la rivière, elle ne parle plus qu’à son ami imaginaire. Quant à Monsieur Bonaparte, il s’amuse tout le temps avec Zachary, le jumeau à lunettes. Ça, c’est moins grave. Je veux bien lui laisser mon chien puisque Marie-Annette a perdu son poisson rouge dans la rivière… Et puis, il y a papa. Il n’est plus le même depuis le drame du pont. Il n’agit plus comme avant. Il a toujours l’air dans la lune, un peu comme Victor, le Monsieur Je-suis-le-plus-fort-en-tout de l’autre famille.

J’ai l’impression de ne plus avoir ma place au Manoir. Personne n’a besoin de moi. C’est étrange, plus il y a de monde ici et plus je me sens seule.

— Béa, tu peux aller prendre ton bain. La voie est libre.

Ah, c’est vrai. Mon bain se prend maintenant le matin. Hé oui, il n’est plus question de le prendre le soir ; c’est obligé le matin. Comme nous sommes huit à nous laver, on manque souvent d’eau chaude. Il faut donc diviser en deux périodes la corvée des bains. C’est Madame Sophie qui a tranché. En plus, ce n’est plus moi qui lave mes petites sœurs. Elles doivent le faire toutes seules. Madame Sophie estime qu’elles sont assez grandes maintenant. Papa est d’accord. Mais il maintient une obligation de surveillance. Moi, je pourrais les surveiller, mais il semblerait qu’une jeune fille de mon âge ait mieux à faire. Ainsi, Angélique se lave sous l’œil distrait de papa et Marie-Annette le fait, vêtue de son flotteur, sous l’œil découragé de Madame Sophie. Je me sens inutile.

La mère des autres m’agace. C’est parce que, depuis quelques semaines, tout devient Sophie. La couleur des murs est la préférence de Sophie, la nourriture qu’on mange est préparée par Sophie et les règles de la maison semblent être dictées par Sophie.

Je m’ennuie de ma mère. Je me demande si elle est toujours au Mexique. Je ne sais pas si ça lui arrive de penser à nous. Ah, et puis je m’en moque ! Elle peut bien penser à qui elle veut. Moi, je ne veux plus penser à elle. Ça me fait trop mal… C’est décidé. Je n’ai plus de mère. Un point c’est tout !

En tout cas, il y a des choses qui ne changent pas ici. Angélique laisse toujours des traces de son passage dans la salle de bain : il y a ses vêtements sales qui pendent partout, il y a des traces de doigts sur les robinets de porcelaine et les jouets flottent encore dans l’eau grise du bain. C’est une vraie porcherie. Papa a dû quitter son poste de surveillance un peu trop vite. Mais moi, je ne ramasserai pas les dégâts. Je vais appeler Madame Sophie à la rescousse. Avec un peu de chance, elle fera un commentaire sur Angélique et puis… Il n’y aura rien. Mon père ne nous engueule plus comme avant. Maintenant, quand on fait des bêtises, il nous envoie réfléchir dans notre chambre. Il y a du Madame Sophie là-dessous.

Aujourd’hui, on organise une fête pour Victor. Il va avoir onze ans dans trois jours. Si on s’y prend un peu d’avance, c’est à cause de Pauline, la vilaine voisine. Comme elle a déjà tout gâché en parlant du cadeau à tout le monde, il n’y a que la fête qui pourra le surprendre.

Justement, je me demande quand papa va mettre la barque-cadeau à l’eau. Hier, je l’ai vu entrer dans son atelier avec un gros chou rouge, une bâche, un long bâton en bois rond, des draps blancs, des poulies et de la corde. Mais après, je ne sais pas ce qu’il a fait.

J’espère que Madame Sophie me laissera cuisiner le gâteau d’anniversaire. Parce qu’ici, c’est moi qui m’en occupe… du moins, les deux ou trois derniers, c’est moi qui les ai préparés. Je fais de beaux gâteaux. Mis à part le dernier (qui est resté plat comme une galette) et un autre (qui a brûlé), j’ai l’habitude de les réussir. Mouais.

Sinon, je pourrais m’occuper de la décoration. Je suis douée. Je sais gonfler les ballons, fabriquer des cotillons et… et Madame Sophie ne me laissera pas faire. Elle s’occupe de tout ici. Elle se prend pour la femme de la maison. Bon, d’accord, elle l’est peut-être, mais une chose est sûre, elle ne sera jamais ma mère. Ah ! ça, non.

La mère des autres est bien différente de la mienne. Le matin, Madame Sophie nous accueille toujours avec un beau « bonjour les enfants » et des « comment ça va » longs comme le bras. En plus, depuis qu’elle est ici, le déjeuner est devenu le petit déjeuner et il est toujours prêt sur la table. Elle en fait trop. Maman ne faisait rien de spécial le matin. À cause de sa maladie, elle dormait jusqu’à midi.

J’ai hâte que Madame Sophie se trouve du travail. D’ailleurs, j’ai entendu dire qu’elle veut écrire pour le journal local. Tant qu’à moi, elle peut bien faire ce qu’elle veut… Je voudrais tellement que les choses redeviennent comme avant.

CHAPITRE 2

MARIE-ANNETTE VEND LA MÈCHE.

Je marche pieds nus sur la pelouse. Ça sent bon. Papa a tondu le gazon ce matin. Les brins d’herbe coupés me collent à la peau. J’ai maintenant des pantoufles vertes. Je vais les montrer à Victor.

— Monzieur Sèsse, où est Victor ?

— Il doit être assis sur la rampe du balcon.

— Ah oui. C’est vrai qu’il est touzours là. Monzieur Sèsse, t’es un vrai zénie.

Heureusement que Monsieur Sèche est là. Depuis qu’il est avec moi, je n’ai plus peur de me perdre. Oh, la jolie libellule. Je vais la suivre dans les bois.

Allons tous dans le bois,

Voir si le loup n’y est pas,

Si le loup nous voyait,

Il nous manzerait…

Finalement, je n’irai pas dans le bois. Je vais laisser Monsieur Sèche y aller. Moi, il faut que je trouve Victor vite vite. Pourquoi, déjà ? Ah oui, mes pieds.

Victor est au balcon du deuxième. C’est un vrai coup de chance. Il regarde dans son drôle de tube. Je ne sais pas si je devrais lui parler. La nuit dernière, il paraît que je lui ai fait peur. C’est que j’ai marché dans mon sommeil jusqu’à la chambre des garçons. Et puis, j’ai hurlé. Ils ont eu peur, les garçons. Victor surtout. Je lui ai crié dans les oreilles. C’est que je fais encore des mauvais rêves à cause de la rivière. Vous savez, même si Victor m’a dit que l’eau est une amie, j’ai encore peur… un petit peu peur.

J’aime beaucoup Victor. Un jour, je vais me marier avec… quand je serai grande comme lui. C’est son anniversaire bientôt. Il va avoir un an de plus en quelques dodos ? J’espère que ça ne veut pas dire qu’il va grandir vite. J’arriverai jamais à le marier.

— Bonzour Victor. Victor ! VICTOR ! REGARDE EN BAS !

— Oui ?

— Regarde mes pieds. Est-ce que tu les vois bien avec ton drôle de tube ?

— C’est du joli.

— Attends une minute. Monzieur Sèsse arrive à toute vitesse pour me dire quelque çose à l’oreille. Oh ! Tu sais ce qu’il vient de me dire ?

— Non, j’écoute.

— Il m’a dit de ne pas te dire qu’il y a une fête surprize pour ton anniverzaire. Heureuzement qu’il me l’a dit.

— Je vois… Et c’est prévu quand, cette fête surprise ?

— Auzourd’hui. Après le midi. Bye. Monzieur Sèsse, laisse la libellule tranquille…

CHAPITRE 3

LA COLÈRE DE VICTOR.

Quoi ? Aujourd’hui ? Ils ne manquent pas d’air !

Encore heureux que Marie-Annette me tienne informée de tout ce qu’il y a à savoir au Manoir. En cette semaine d’anniversaire, ça ne pouvait pas mieux tomber. Ce qu’il y a de bien avec la petite, c’est que je n’ai même pas eu à demander. J’ai désormais une espionne à ma solde.

Dans trois jours, c’est le 14 juillet. Je vais avoir onze ans. Pourquoi on fêterait ça aujourd’hui ? Qui aurait le culot de fêter une autre journée que le 14 ? Le 11 juillet, ça rime à rien. Que fait-on des traditions ? C’est comme si on fêtait la prise de la Bastille un 25 juin ! J’y suis attaché, moi, au 14 juillet.

— Victor ?

Zut, maman vient me trouver en traînant son « fidèle » ami Édouard avec elle.

— Mon chéri, tu es là ?

Pas le temps de descendre de la balustrade.

— Victor ! Combien de fois je t’ai dit de ne pas monter là-dessus ?

— Pas suffisamment de fois, faut croire.

— Ta mère a raison. Ce n’est pas très solide. Le Manoir est vieux.

— J’avais remarqué.

Édouard soupire. On sent bien qu’il veut répliquer, mais comme il est en dette à cause de l’histoire de Marie-Annette, il se retient.

— Je m’absente tout l’après-midi. J’ai un rendez-vous avec le rédacteur en chef du journal Bon Matin Belle-Rive. C’est une rencontre très importante. Bref, comme Édouard a du travail à l’atelier, je me demandais si…

Elle s’absente ? Marie-Annette a dû se tromper. À moins que maman cherche à me mener en bateau ?

— T’as prévu quelque chose pour mon anniversaire aujourd’hui, Sophie ?

Ma question les surprend. Maman et Édouard se regardent, embarrassés. Je ris dans ma barbe.

Marie-Annette disait donc vrai pour mon anniversaire. J’aurais préféré qu’elle se trompe. Là, je suis furax. Mais j’essaie de ne pas le montrer. Je veux conserver l’avantage que j’ai sur maman pour me venger de son affront. Cette histoire de « Sophie », ça l’embête toujours. Bon, allons-y franchement.

— Parce que si c’est le cas, Sophie, je n’en ai pas très envie.

Je lui fais ce petit air de dédain, celui qu’elle déteste tant. Maman ferme les yeux en prenant une profonde respiration pour se calmer. C’est devenu un exercice familial.

— Tu devrais prendre l’air, mon chéri. Ça te ferait du bien.

— C’est ce que je fais, Sophie.

— Tu sais très bien ce que je veux dire. Sors du Manoir, Victor ! Regarde un peu ce qu’il y a aux alentours !

— Mais c’est ce que je fais avec ma lunette de pirate, Sophie. Et tu sais, Sophie, la vue est géniale d’ici.

— Oh, Victor, explore un peu ! Trouve-toi une mission ! Comme tu t’en inventais avant.

— Comment veux-tu que je trouve une mission dans ce bled perdu ?

— Victor ! Je te préviens que si tu ne changes pas d’attitude…

Ça y est ! Maman est sur le point de craquer. Zut, Édouard intervient en toussotant. Maman se calme et change radicalement de ton.

— Euh… J’aimerais que tu jettes un œil sur Angélique et Ben pendant qu’Édouard termine son travail à l’atelier.

— Ah, non !

— Allez, mon chéri. Ne fais pas cette tête. Si tu fais un tout petit effort, qui sait, peut-être que tu pourrais t’amuser.

Ah, la barbe ! J’aurais préféré surveiller Marie-Annette avec son bonhomme imaginaire. Ça, c’est marrant. Ben et Angélique vont encore m’entraîner dans leurs histoires de marécage. Je déteste ça. Là-bas, il y a plein de moustiques et tous mes vêtements vont sentir la vieille moisissure. Déjà qu’au Manoir…