Phédon - Platon - E-Book

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Platón

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Beschreibung

Phédon est un dialogue écrit par Platon qui raconte les derniers moments de la vie de Socrate, avant son exécution par les autorités d'Athènes. Dans le dialogue, Socrate discute avec ses amis sur la nature de l'âme et de la mort, ainsi que sur l'existence des Formes ou des Idées.

Platon (428/427 av. J.-C. - 348/347 av. J.-C.) était un philosophe et mathématicien grec de l'Antiquité, considéré comme l'un des penseurs les plus influents de l'histoire de la philosophie occidentale. Il était un élève de Socrate et le fondateur de l'Académie de Platon, l'une des premières institutions d'enseignement supérieur en Occident.

Platon a écrit de nombreux dialogues philosophiques, dans lesquels il utilise la méthode socratique pour explorer des questions fondamentales de la philosophie, telles que la nature de la réalité, de la connaissance, de la justice et de la moralité. Il a également développé sa propre philosophie, qui a influencé de manière significative la pensée occidentale.

Traduction, notices et notes par Émile Chambry.

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Platon

Phédon

ou De l’âme

The sky is the limit

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table des matières

Notice sur la vie de Platon

Notice sur le Phédon

Phédon

Notice sur la vie de Platon

Platon naquit à Athènes en l’an 428-427 av. J.-C. dans le dème de Collytos. D’après Diogène Laërce, son père Ariston descendait de Codros. Sa mère Périctionè, sœur de Charmide et cousine germaine de Critias, le tyran, descendait de Dropidès, que Diogène Laërce donne comme un frère de Solon. Platon avait deux frères aînés, Adimante et Glaucon, et une sœur, Potonè, qui fut la mère de Speusippe. Son père Ariston dut mourir de bonne heure ; car sa mère se remaria avec son oncle Pyrilampe, dont elle eut un fils, Antiphon. Quand Platon mourut, il ne restait plus de la famille qu’un enfant, Adimante, qui était sans doute le petit-fils de son frère. Platon l’institua son héritier, et nous le retrouvons membre de l’Académie sous Xénocrate ; la famille de Platon s’éteignit probablement avec lui ; car on n’en entend plus parler.

La coutume voulait qu’un enfant portât le nom de son grand-père, et Platon aurait dû s’appeler comme lui Aristoclès. Pourquoi lui donna-t-on le nom de Platon, d’ailleurs commun à cette époque ? Diogène Laërce rapporte qu’il lui fut donné par son maître de gymnastique à cause de sa taille ; mais d’autres l’expliquent par d’autres raisons. La famille possédait un domaine près de Képhisia, sur le Céphise, où l’enfant apprit sans doute à aimer le calme des champs, mais il dut passer la plus grande partie de son enfance à la ville pour les besoins de son éducation. Elle fut très soignée, comme il convenait à un enfant de haute naissance. Il apprit d’abord à honorer les dieux et à observer les rites de la religion, comme on le faisait dans toute bonne maison d’Athènes, mais sans mysticisme, ni superstition d’aucune sorte. Il gardera toute sa vie ce respect de la religion et l’imposera dans ses Lois. Outre la gymnastique et la musique, qui faisaient le fond de l’éducation athénienne, on prétend qu’il étudia aussi le dessin et la peinture. Il fut initié à la philosophie par un disciple d’Héraclite, Cratyle, dont il a donné le nom à un de ses traités. Il avait de grandes dispositions pour la poésie. Témoin des succès d’Euripide et d’Agathon, il composa lui aussi des tragédies, des poèmes lyriques et des dithyrambes.

Vers l’âge de vingt ans, il rencontra Socrate. Il brûla, dit-on, ses tragédies, et s’attacha dès lors à la philosophie. Socrate s’était dévoué à enseigner la vertu à ses concitoyens : c’est par la réforme des individus qu’il voulait procurer le bonheur de la cité. Ce fut aussi le but que s’assigna Platon, car, à l’exemple de son cousin Critias et de son oncle Charmide, il songeait à se lancer dans la carrière politique ; mais les excès des Trente lui firent horreur. Quand Thrasybule eut rétabli la constitution démocratique, il se sentit de nouveau, quoique plus mollement, pressé de se mêler des affaires de l’État. La condamnation de Socrate l’en dégoûta. Il attendit en vain une amélioration des mœurs politiques ; enfin, voyant que le mal était incurable, il renonça à prendre part aux affaires ; mais le perfectionnement de la cité n’en demeura pas moins sa grande préoccupation, et il travailla plus que jamais à préparer par ses ouvrages un état de choses où les philosophes, devenus les précepteurs et les gouverneurs de l’humanité, mettraient fin aux maux dont elle est accablée.

Il était malade lorsque Socrate but la ciguë, et il ne put assister à ses derniers moments. Après la mort de son maître, il se retira à Mégare, près d’Euclide et de Terpsion, comme lui disciples de Socrate. Il dut ensuite revenir à Athènes et servir, comme ses frères, dans la cavalerie. Il prit, dit-on, part aux campagnes de 395 et de 394, dans la guerre dite de Corinthe. Il n’a jamais parlé de ses services militaires, mais il a toujours préconisé les exercices militaires pour développer la vigueur.

Le désir de s’instruire le poussa à voyager. Vers 390, il se rendit en Égypte, emmenant une cargaison d’huile pour payer son voyage. Il y vit des arts et des coutumes qui n’avaient pas varié depuis des milliers d’années. C’est peut-être au spectacle de cette civilisation fidèle aux antiques traditions qu’il en vint à penser que les hommes peuvent être heureux en demeurant attachés à une forme immuable de vie, que la musique et la poésie n’ont pas besoin de créations nouvelles, qu’il suffit de trouver la meilleure constitution et qu’on peut forcer les peuples à s’y tenir.

D’Égypte, il se rendit à Cyrène, où il se mit à l’école du mathématicien Théodore, dont il devait faire un des interlocuteurs du Théétète. De Cyrène, il passa en Italie, où il se lia d’amitié avec les pythagoriciens Philolaos, Archytas et Timée. Il n’est pas sûr que ce soit à eux qu’il ait pris sa croyance à la migration des âmes ; mais il leur doit l’idée de l’éternité de l’âme, qui devait devenir la pierre angulaire de sa philosophie ; car elle lui fournit la solution du problème de la connaissance. Il approfondit aussi parmi eux ses connaissances en arithmétique, en astronomie et en musique.

D’Italie, il se rendit en Sicile. Il vit Catane et l’Etna. À Syracuse, il assista aux farces populaires et acheta le livre de Sophron, auteur de farces en prose. Il fut reçu à la cour de Denys comme un étranger de distinction et il gagna à la philosophie Dion, beau-frère du tyran. Mais il ne s’accorda pas longtemps avec Denys, qui le renvoya sur un vaisseau en partance pour Égine, alors ennemie d’Athènes. Si, comme on le rapporte, il le livra au Lacédémonien Pollis, c’était le livrer à l’ennemi. Heureusement il y avait alors à Égine un Cyrénéen, Annikéris, qui reconnut Platon et le racheta pour vingt mines. Platon revint à Athènes, vraisemblablement en 388. Il avait quarante ans.

La guerre durait encore ; mais elle allait se terminer l’année suivante par la paix d’Antalkidas. À ce moment, Euripide était mort et n’avait pas eu de successeur digne de lui. Aristophane venait de faire jouer son dernier drame, remanié, le Ploutos, et le théâtre comique ne devait retrouver son éclat qu’avec Ménandre. Mais si les grands poètes faisaient défaut, la prose jetait alors un vif éclat avec Lysias, qui écrivait des plaidoyers et en avait même composé un pour Socrate, et Isocrate, qui avait fondé une école de rhétorique. Deux disciples de Socrate, Eschine et Antisthène, qui tous deux avaient défendu le maître, tenaient école et publiaient des écrits goûtés du public. Platon, lui aussi, se mit à enseigner ; mais au lieu de le faire en causant, comme son maître, en tous lieux et avec tout le monde, il fonda une sorte d’école à l’image des sociétés pythagoriciennes. Il acheta un petit terrain dans le voisinage du gymnase d’Académos, près de Colone, le village natal de Sophocle. De là le nom d’Académie qui fut donné à l’école de Platon. Ses disciples formaient une réunion d’amis, dont le président était choisi par les jeunes et dont les membres payaient sans doute une cotisation.

Nous ne savons rien des vingt années de la vie de Platon qui s’écoulèrent entre son retour à Athènes et son rappel en Sicile. On ne rencontre même dans ses œuvres aucune allusion aux événements contemporains, à la reconstitution de l’empire maritime d’Athènes, aux succès de Thèbes avec Épaminondas, à la décadence de Sparte. Denys l’Ancien étant mort en 368, Dion, qui comptait gouverner l’esprit de son successeur, Denys le Jeune, appela Platon à son aide. Il rêvait de transformer la tyrannie en royauté constitutionnelle, où la loi et la liberté régneraient ensemble. Son appel surprit Platon en plein travail ; mais le désir de jouer un rôle politique et d’appliquer son système l’entraîna. Il se mit en route en 366, laissant à Eudoxe la direction de son école. Il gagna en passant l’amitié d’Archytas, mathématicien philosophe qui gouvernait Tarente. Mais quand il arriva à Syracuse, la situation avait changé. Il fut brillamment reçu par Denys, mais mal vu des partisans de la tyrannie et en particulier de Philistos, qui était rentré à Syracuse après la mort de Denys l’Ancien. En outre, Denys s’étant aperçu que Dion voulait le tenir en tutelle, le bannit de Syracuse. Tandis que Dion s’en allait vivre à Athènes, Denys retenait Platon, sous prétexte de recevoir ses leçons, pendant tout l’hiver. Enfin quand la mer redevint navigable, au printemps de l’année 365, il l’autorisa à partir sous promesse de revenir avec Dion. Ils se séparèrent amicalement, d’autant mieux que Platon avait ménagé à Denys l’alliance d’Archytas de Tarente.

De retour à Athènes, Platon y trouva Dion qui menait une vie fastueuse. Il reprit son enseignement. Cependant Denys avait pris goût à la philosophie. Il avait appelé à sa cour deux disciples de Socrate, Eschine et Aristippe de Cyrène, et il désirait revoir Platon. Au printemps de 361, un vaisseau de guerre vint au Pirée. Il était commandé par un envoyé du tyran, porteur de lettres d’Archytas et de Denys, où Archytas lui garantissait sa sûreté personnelle, et Denys lui faisait entrevoir le rappel de Dion pour l’année suivante. Platon se rendit à leurs instantes prières et partit avec son neveu Speusippe. De nouveaux déboires l’attendaient : il ne put convaincre Denys de la nécessité de changer de vie. Denys mit l’embargo sur les biens de Dion. Platon voulut partir ; le tyran le retint, et il fallut l’intervention d’Archytas pour qu’il pût quitter Syracuse, au printemps de 360. Il se rencontra avec Dion à Olympie. On sait comment celui-ci, apprenant que Denys lui avait pris sa femme, pour la donner à un autre, marcha contre lui en 357, s’empara de Syracuse et fut tué en 353. Platon lui survécut cinq ans. Il mourut en 347-346, au milieu d’un repas de noces, dit-on. Son neveu Speusippe lui succéda. Parmi les disciples de Platon, les plus illustres quittèrent l’école. Aristote et Xénocrate se rendirent chez Hermias d’Atarnée, Héraclide resta d’abord à Athènes, puis alla fonder une école dans sa patrie, Héraclée. Après la mort de Speusippe, Xénocrate prit la direction de l’Académie, qui devait subsister jusqu’en 529 de notre ère, année où Justinien la fit fermer.

Notice sur le Phédon

Argument

Nous sommes à Phliunte, ville du Péloponnèse, où il y avait, comme à Thèbes, un petit groupe de Pythagoriciens, très sympathiques au cercle socratique d’Athènes. Phédon d’Élis, qui avait assisté à la mort de Socrate, étant de passage à Phliunte, s’est rendu au synédrion (cercle) pythagoricien, où il a des amis. L’un d’eux, Échécrate, l’interroge sur les derniers moments de Socrate. Tout ce que nous en savons, dit-il, c’est qu’il a été condamné à mort, et qu’il est resté longtemps en prison. Pourquoi ? – C’est que, dit Phédon, la veille du jugement, on avait couronné la poupe du vaisseau que les Athéniens envoient tous les ans à Délos, pour commémorer la victoire de Thésée sur le Minotaure. Or, jusqu’au retour du vaisseau, la loi défend d’exécuter un condamné. – Dis-nous maintenant, reprit Échécrate, quels furent ceux qui assistèrent à son dernier jour. – C’étaient Apollodore, Criton et son fils Critobule, Hermogène, Épigène, Eschine, Antisthène, Ctèsippe et Ménexène, tous Athéniens, et, parmi les étrangers, Simmias de Thèbes, Cébès et Phaidondès, enfin Euclide et Terpsion de Mégare. Platon était malade et Aristippe et Cléombrote se trouvaient à Égine.

Nous nous rassemblions tous les jours dans la prison de Socrate ; mais, ayant appris l’arrivée du vaisseau, nous y vînmes le lendemain de grand matin. Socrate était avec sa femme Xanthippe, qui, à notre vue, se mit à pousser des cris et des plaintes. Socrate la fit reconduire et l’entretien commença. On venait de lui ôter ses fers. Le plaisir qu’il en ressentait lui inspira cette réflexion que le plaisir et son contraire, la douleur, se suivent comme s’ils étaient attachés ensemble. Si Ésope avait remarqué cela, dit-il, il en aurait composé une fable. – Cela me fait souvenir, dit Cébès, qu’Évènos m’a demandé quelle idée tu as eue de mettre en vers des fables d’Ésope. – Réponds-lui, repartit Socrate, que je l’ai fait sur l’ordre d’un songe ; salue-le de ma part, et dis-lui de me suivre le plus vite possible. Il y consentira s’il est philosophe ; cependant il ne se fera pas violence à lui-même. – Comment, demanda Cébès, accordes-tu ces deux assertions qu’il n’est pas permis de se faire violence à soi-même et d’autre part que le philosophe est disposé à suivre celui qui meurt ? – C’est que, dit Socrate, nous sommes ici-bas comme dans un poste d’où il n’est pas permis de s’évader sans le congé des dieux qui nous y ont placés. Mais, quand le moment de mourir est venu, le philosophe n’en est point fâché, parce qu’il espère trouver dans l’autre monde d’autres dieux également bons et des hommes meilleurs que ceux d’ici.

À ce moment, Criton intervint et avertit Socrate de ne point parler, s’il ne voulait pas s’échauffer et contrarier ainsi l’action du poison. Socrate ne tint aucun compte de cet avertissement. Mais cette interruption de l’entretien est un petit intermède destiné à marquer que la vraie discussion va commencer.

Quel est le but du philosophe ? Se détacher du corps autant que possible ; car les distractions que donne le corps gênent l’âme dans sa poursuite de la vérité. Pour voir le bon en soi, le beau en soi et toutes les essences, le corps est un obstacle ; on ne les saisit qu’avec la pensée seule et toute pure, en sorte qu’il faut attendre la mort pour que l’âme, séparée de lui, puisse atteindre pleinement la vérité. Le philosophe aurait donc tort de craindre la mort, après s’être exercé toute sa vie à s’abstraire de son corps, c’est-à-dire en somme après s’être exercé à mourir. – Ce que tu dis, reprit Cébès, est exact. Mais la plupart des gens ne croient pas que l’âme existe encore, une fois séparée du corps. La grande et belle espérance dont tu parles demande à être fondée sur des preuves solides.

– Examinons à fond la question, dit Socrate. Une ancienne tradition veut que les âmes qui ont quitté ce monde existent dans l’Hadès et que de là elles reviennent ici. Si nous étendons notre enquête de l’âme à tout ce qui a vie, nous constatons qu’une chose naît de son contraire, le plus grand du plus petit et le plus petit du plus grand, le beau du laid et le laid du beau, le sommeil de la veille et la veille du sommeil. C’est ainsi que la vie naît de la mort et la mort de la vie. Cette dernière génération est visible tous les jours ; nous ne voyons pas l’autre, celle qui va de la mort à la vie ; mais, à moins que la nature ne soit boiteuse, il faut l’admettre aussi. Si en effet les naissances ne s’équilibraient pas d’un contraire à l’autre et se faisaient uniquement dans un seul sens, d’un contraire à celui qui lui fait face, et jamais inversement, tout finirait par être dans le même état ; la génération s’arrêterait et tout tomberait dans la mort.

Cette preuve par les contraires est confirmée par la théorie de la réminiscence. Apprendre est se souvenir, et la preuve, c’est que, quand on interroge bien les hommes, ils découvrent d’eux-mêmes la vérité sur chaque chose, ce qu’ils seraient incapables de faire s’ils n’avaient la science en eux-mêmes. Pour se souvenir d’une chose, il faut l’avoir apprise auparavant. Or, quand, à propos d’une chose, nous nous souvenons d’une autre, quand, par exemple, la vue d’un manteau évoque celui qui le portait, c’est ce que j’appelle réminiscence. Lorsque nous voyons deux pierres égales, nous les jugeons telles en les comparant à l’égalité absolue vers laquelle elles tendent sans l’atteindre jamais. Il faut donc que nous ayons eu connaissance de l’égalité absolue avant de percevoir les choses sensibles, pour pouvoir dire que, sous le rapport de l’égalité, elles sont inférieures à l’égalité absolue. Et il en est de même de toutes les notions absolues, du bon absolu, du beau absolu. Ces notions, les sens sont incapables de nous les fournir. Il faut donc que nos âmes les aient apportées toutes faites d’une existence antérieure.

Cependant Simmias et Cébès ne sont pas satisfaits. Ils admettent bien que notre âme ait existé avant notre naissance ; mais il reste à démontrer qu’elle existe encore après la mort. – Cette démonstration, vous l’avez, réplique Socrate, si à la preuve de la réminiscence vous joignez celle des contraires. Si en effet l’âme ne peut naître que de ce qui est mort, il faut nécessairement qu’elle existe encore après la mort, puisqu’elle doit revenir à la vie.

Comme les deux Thébains ont encore des doutes, Socrate complète les deux premières preuves par une troisième, tirée de la simplicité de l’âme. La mort n’est autre chose que la dissolution des divers éléments des choses composées ; mais les choses simples, comme les essences, sont indissolubles, et l’âme appartient à l’espèce des essences.

De plus, c’est l’âme qui commande et le corps qui obéit. Par là, l’âme ressemble au divin, qui est fait pour commander, et le corps ressemble à ce qui est mortel et fait pour obéir. Dès lors, n’est-il pas naturel que le corps se dissolve et que l’âme soit indissoluble ou à peu près ? Si elle s’est bien détachée du corps pendant la vie, on peut croire qu’elle s’en ira vers ce qui est divin et passera son existence avec les dieux. Au contraire, l’âme qui est restée attachée au corps est tirée en arrière vers le monde visible ; elle hante les tombeaux sous forme de fantôme, et elle rentre dans des corps de bêtes dont la nature correspond à la sienne. Les âmes de vertu moyenne reviennent dans des races sociables et douces comme elles. Seules, les âmes des vrais philosophes entrent dans la race des dieux. La philosophie leur remontre que le témoignage des sens est plein d’illusions, que chaque plaisir et chaque peine rive l’âme au corps, la rend semblable à lui et lui fait croire que ce que dit le corps est vrai. Elle reste ainsi contaminée par le corps et, quand elle en sort, elle retombe promptement dans un autre corps, et elle est privée du commerce de ce qui est divin, pur et simple. C’est pour ces raisons que les philosophes sont tempérants et courageux, au lieu de l’être à la façon du vulgaire, qui ne l’est que pour éviter un mal. Une âme ainsi nourrie dans le détachement du corps n’a pas à craindre, en le quittant, d’être dispersée par les vents, comme le croit le vulgaire.