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Peter Teach, alias Pitt, retraité et épicurien, se rend à Chinon pour visiter une exposition sur les Templiers et Jeanne d’Arc. À peine arrivé, un cadavre nu au bord de la Vienne et le vol du parchemin des Templiers absous par le Pape Clément V alertent ses antennes de justicier. Sur fond de balades historiques, Pitt mène sa propre enquête pour essayer de résoudre l’énigme.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une riche carrière qui lui a fait découvrir la France, son histoire et sa culture, Patrick Cuvelier s’est lié à la littérature pour donner vie à ses rêves. Dans Pitt contre le chevalier du temple perdu, il nous révèle une nouvelle aventure de son héros Peter Teach.
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Seitenzahl: 212
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Patrick Cuvelier
Pitt contre le chevalier
du temple perdu
Roman
© Lys Bleu Éditions – Patrick Cuvelier
ISBN : 979-10-377-7115-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma mère
Je veux devoir tout mon bonheur
À la tendresse maternelle.
Alfred de Musset
Les situations et les personnages de cette histoire sont purement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes ou des faits réels ayant existé serait pure coïncidence. Le roman fait référence à des faits historiques et n’a pas pour but d’apporter une quelconque vérité à l’Histoire. Des époques et interprétations peuvent être purement imaginaires, au gré de la créativité de l’auteur, pour les besoins de l’intrigue.
Immersion dans les mythes et les légendes de la forteresse royale de Chinon titre le journal. Comme tous les matins, Pitt lit les informations diffusées en ligne par le journal régional chez qui il a souscrit un abonnement numérique, avec un accès illimité aux articles. En même temps, il prend son petit-déjeuner, en tenant une tasse de café entre le pouce et l’index de la main gauche. Il déguste un succulent café bourbon pointu bien fumant et parfumé à la vanille bourbon de La Réunion. Le café bourbon pointu de La Réunion est un café rare et exceptionnel aux notes d’agrumes, de fruits rouges, ou de noisettes et d’amandes grillées. Reconnu pour sa finesse, il fait aujourd’hui partie des meilleurs crus au monde. Le roi Louis XV et l’écrivain Honoré de Balzac étaient friands de ce café depuis classé grand cru. Attiré par le titre de l’article, il continue sa lecture, tout en avalant des tartines beurrées, recouvertes de confiture de myrtilles des bois avec soixante pour cent de fruits. Il continue la lecture de l’article : une nouvelle exposition vous attend à partir d’aujourd’hui intitulée Mythes et légendes à la forteresse royale de Chinon. Elle sera consacrée à Jeanne d’Arc et aux Plantagenêts, mais aussi aux Templiers. Il se trouve que Pitt éprouve une certaine admiration pour Jeanne d’Arc. Depuis des décennies, l’histoire et les légendes de ces personnages mystiques l’ont toujours fasciné. En effet, un grand mystère plane sur leurs vies et faits d’armes, et cela l’a toujours intrigué. Il ne rate aucun documentaire, aucun film, qui parle de ces guerriers d’un autre temps et qui ont laissé des traces indélébiles de leur passage en France. Certains croient encore que le trésor des Templiers n’a jamais été retrouvé et qu’il se trouve bien caché quelque part dans le monde. Qui n’a jamais rêvé de découvrir un trésor un jour ? Même à La Réunion les autochtones pensent que les pirates La Buse et Surcouf, venus sur l’île il y a des siècles, ont caché des trésors et qu’ils ont emporté leur secret dans leur tombe. Pitt n’a de cesse de se documenter le plus possible sur les Templiers et Jeanne d’Arc à travers les livres écrits par des historiens passionnés. Il a le sentiment que sa propre histoire à un lien mystique avec La Pucelle qui aurait vu le jour le six janvier 1412. Pitt, quant à lui, est né le sept janvier, le lendemain de l’Épiphanie. Chaque année est pour lui l’occasion de fêter ces deux évènements importants à ses yeux. Son arrière-grand-mère et sa mère s’appelaient Jeanne. Les prénoms Jean et Jeanne sont fréquents dans l’arbre généalogique de ses aïeuls. L’église et le club de football de sa ville natale portent le même nom que la jeune sainte. Cela fait quelques années qu’il n’est pas retourné à Chinon qu’il connaît très bien. Il a en effet effectué son service militaire en Touraine. Il repense au séjour agréable et marquant de onze mois qu’il a passés à la Caserne Beaumont de Tours. Assis à sa terrasse, serein et relax comme Max, il écoute et regarde jouer les passereaux dans les photinias red robin. Les jeunes feuilles rouges des arbustes décorent la haie çà et là. Il aime bien cette plante décorative aux feuilles persistantes toute l’année. Souvent parti en voyage, Pitt n’a pas le temps de s’occuper de son jardin. Sa haie lui permet d’avoir un petit espace de biodiversité qui attire les oiseaux, les escargots, les abeilles et les papillons. Quel plaisir de pouvoir admirer du printemps à l’automne cette vie animale et végétale qui grouille en ville ! Mais Pitt n’est pas du genre à bayer aux corneilles ! Excité par l’idée d’une excursion au moyen-âge, il décide de se rendre à Chinon. Très vite, il accède à ses sites de réservation habituels depuis son MacBook Air préféré. Il loue une voiture et un séjour en hôtel dans la ville médiévale, d’art et d’histoire, de Chinon.
Il est midi à sa montre en ce dimanche huit octobre. C’est une belle journée ! remarque Pitt, une journée très ensoleillée, avec ses couleurs chaudes et automnales. Pitt se rend à la Gare de Montparnasse pour récupérer le véhicule qu’il a réservé la veille, sur le site du loueur de voitures. Il entre dans l’agence située dans le Hall B. La jeune hôtesse, assise derrière le comptoir, est brune aux cheveux mi-longs dégradés. Elle l’accueille avec un large sourire. Comme c’est agréable ! pense-t-il. Il apprécie toujours ces petites attentions, car le contact humain compte beaucoup dans la relation clientèle. Les entreprises de service ne se gênent pas pour bombarder leurs clients de mails en leur demandant de répondre aux questionnaires de satisfaction. Il répond toujours avec bienveillance à ces enquêtes, en se disant que cela fera sans doute améliorer le service client, si bien entendu, les avis et suggestions sont pris en compte. Cependant, ces entreprises ont encore bien du chemin à faire pour que leurs clients vivent une expérience incomparable !
Il lui tend son permis de couleur rosé, qui n’est pas plus grand qu’une carte de crédit.
Il lui remet sa carte American Express Platinum. Elle effectue la transaction sous les yeux curieux de son client. Celle-ci prend toujours plusieurs secondes car la connexion avec le centre d’autorisation se fait à travers le réseau de télécommunications bas débit de Transpac, un ancien réseau de France Télécom. Après un temps qui semble infini, le ticket paraît enfin.
Pitt quitte l’agence et s’achemine vers le parking qui se trouve à sa gauche en sortant. Il se dirige vers la voiture et découvre une élégante BMW 118i noire. Il ouvre la portière arrière gauche avec finesse, comme s’il est filmé dans un spot publicitaire pour la marque. Sur le siège en cuir marron, il dépose avec délicatesse sa petite valise Delsey noire flambant neuve. Il monte à l’avant et s’installe dans la petite merveille. Sur le siège passager, à portée de mains, il place son sac à dos noir Azzaro. Il met le contact et avance vers la sortie. Il prend la direction du boulevard Pasteur. Pitt gagne ensuite la Porte de Plaisance, car il a trop hâte d’arriver sur l’autoroute de l’aventure. Sur le périphérique, le trafic est presque fluide. Il s’infiltre dans la voie à droite qui indique la direction de Nantes-Bordeaux. Il se positionne confortablement dans son siège comme un pilote de Formule 1, enfile ses lunettes de soleil bleutées de la marque Lafont Paris. Il effectue une recherche de station de radio, et se connecte à Nostalgie FM pour écouter de la musique pop-rock des années 1980. Il affectionne particulièrement ce genre de musique car cela le rend de bonne humeur et lui donne une pêche d’enfer. Cela étant dit, Pitt ne cache pas que dans sa culture musicale, le disco a une place particulière, mais aussi le rock et la pop, qui ont beaucoup marqué sa jeunesse et celle de toute une génération en quête de libertés. Alors que les intellectuels avaient prédit la mort du disco, cette musique rythmée et dansante, gage de bonne humeur et d’entrain, se perpétue au fil du temps dans les évènements festifs et familiaux. Les chanteurs du groupe Kiss hurlent I was made for loving you, baby. Il accompagne le groupe déchaîné en chantant à tue-tête. Quelle chance ! il fait très beau, se dit-il très satisfait de ce début d’escapade. La météo est toujours décalée, et tant mieux car ils avaient annoncé de la pluie sur les chaînes d’informations ! se rappelle Pitt. Il commence à savourer son voyage qui s’annonce prometteur et peut-être enchanteur, si le hasard veut bien se mettre de la partie. Il a besoin de souffler un peu car sa dernière aventure à La Rochelle n’a pas été de tout repos et sans fracas. Il a eu du fil à retordre avec le cruel vengeur allemand. En plus, c’était un colosse qui cognait très fort comme le tennisman Boris Becker que la presse avait surnommé « boum-boum ». Pitt repense encore à ses douleurs dues aux coups reçus dans son abdomen et son visage. Mais le chevalier Bayard est toujours vaillant et sans peur ! se motive-t-il en souriant. Il n’est point pusillanime et a fini par venir à bout du psychopathe dérangé. Le grand gaillard torturé par ses troubles psychiatriques a tout de même réussi à commettre plusieurs crimes dans la ville. Pitt a pu le mettre hors d’état de nuire après avoir joué au chat et à la souris à travers les rues de La Rochelle. Allez Pitt ! pense à autre chose, s’encourage-t-il. Il bloque le régulateur de vitesse sur cent-dix kilomètres à l’heure. Cela lui permet malgré tout de dépasser les semi-remorques de plus de quarante tonnes qui roulent sur la voie de droite. Ces géants de la route, d’une hauteur de plus de trois mètres et d’une longueur de moins de vingt mètres, impressionnent toujours les automobilistes lorsqu’ils effectuent des dépassements. Pitt revoit l’image de ces énormes engins qui circulent sur les routes de La Réunion pendant la saison de la coupe de la canne à sucre. Dès qu’il les aperçoit, il préfère accélérer et les doubler pour ne pas se retrouver bloqué derrière eux. Il a toujours craint que des tiges de canne à sucre transportées dans leurs énormes caissons fracassent son pare-brise en tombant sur la vitre. Si les autochtones les appellent cachalots, ce n’est pas sans raison, tellement ils sont longs et énormes. Il sourit en repensant à une réplique du film Le corps de mon ennemi avec Jean-Paul Belmondo :
Pitt a découvert récemment que le surnom donné à l’acteur ne viendrait pas de son vrai nom. Ses copains et acteurs de l’époque se moquaient de lui parce qu’il portait toujours le même pull. Ils l’ont donc surnommé « Pépel » en référence au personnage cambrioleur joué par Jean Gabin dans le film Les Bas-fonds de Jean Renoir, sorti en 1936. Au fil du temps, Pépel s’est transformé en Bébel. Pitt désire revoir la région du Val de Loire, où il n’est pas venu depuis quelques années. Il a gardé de très bons souvenirs de cette belle région de Touraine où il a effectué son service militaire. Dès qu’il fait ses premiers pas à l’école primaire, au Cours Préparatoire, il rêve immédiatement de connaître cette France qu’il découvre dans les livres scolaires. Les matières Histoire et Géographie le passionnent et lui permettent d’apprendre le plus possible sur le pays. Ce n’est pas par hasard, si à l’appel de l’Armée, il choisit de passer la période obligatoire d’une année en métropole. C’est donc en janvier 1979 qu’il prend l’avion pour la première fois, pour rejoindre le lieu de son affectation militaire. De mémoire, à l’époque c’est un Douglas C10, un avion militaire de l’Armée Française, qui l’emmène à Orly. À son arrivée à l’aéroport, ses camarades réunionnais et lui sont acheminés vers un centre d’accueil à Rueil-Malmaison, dans le département des Hauts de Seine. Cette nuit-là, Pitt a du mal à fermer l’œil. Il verse quelques flots de larmes, car c’est également la première fois qu’il quitte le cocon familial et se retrouve projeté à dix mille kilomètres de son île paradisiaque.
Au réveil, le lendemain, ils sont tous séparés suivant leur affectation respective dans les différents corps de l’Armée. Pitt est accompagné jusqu’à la gare d’Austerlitz par un sous-officier. Ce dernier le met dans un train en lui disant de descendre à la gare de Tours. Quand le train démarre, Pitt sent grandir en lui une désagréable sensation d’anxiété. Il se sent abandonné comme un chien au bord de la route pendant les vacances, regardant avec une grande tristesse s’éloigner la voiture de son maître pour disparaître dans le lointain. Pendant le voyage, il se demande comment il va savoir qu’il faut descendre à Tours. Le premier arrêt est annoncé par le chef de train. Orléans, une minute d’arrêt ! crie celui-ci, en répétant l’annonce. Des voyageurs descendent, d’autres remontent, et peinent à porter leurs grandes valises. La minute d’arrêt terminée, le train repart. Après avoir laissé passer le train du sommeil cette nuit, Pitt est malheureusement bercé par le bruit du train Corail. Il sent ses paupières s’alourdir mais il lutte contre l’endormissement provoqué par le bruit du train. Il angoisse à l’idée de louper l’arrêt de Tours. Qui n’a jamais craint de se réveiller, et de se retrouver dans la mauvaise gare ? En ce temps-là, c’était chose possible, et donc la lutte contre le sommeil était inévitable sous le poids du stress. Aujourd’hui, les écouteurs dans les oreilles peuvent jouer un mauvais tour à ceux qui les portent. Ne pouvant pas entendre les annonces d’arrêt, ils loupent leur destination. Au bout d’un certain temps, le chef de train annonce l’arrivée à Tours. Son cœur se met à battre très fort. Il imite les autres passagers, se lève pour se préparer à descendre. Les rames crissent sur les rails de la gare et le train s’arrête. Pitt descend, traverse le quai et entre dans le hall d’arrivée. Aucune trace de militaires, personne ne m’attend ! remarque-t-il, inquiet. Pitt sort de la gare et se sent perdu. Il va falloir faire appel à ton bon sens, Pitt, se dit-il. Comment aller à la Caserne Beaumont où je suis affecté ? Il demande alors à un passant la direction pour s’y rendre. Après avoir écouté les informations de la fort aimable personne, il suit la route indiquée. Pour s’assurer qu’il est toujours sur la bonne trajectoire, il demande souvent aux autres piétons qu’il croise où se trouve le bâtiment militaire. C’est ainsi que Pitt atteint la Caserne de la rue Grammont, enfin soulagé. Sa vie de bleu bite commence à ce moment-là. La suite est une succession de très bons souvenirs passés à la caserne. Les classes sont une formation commune que Pitt suit en compagnie de tous les nouveaux contingents arrivés à la caserne. Dès les premiers jours, certains jeunes commencent à se faire passer pour fou, afin d’être réformés. Une fois, comme tous les matins au réveil, les soldats se rendent sur la place d’armes. Ils sont tous estomaqués en découvrant un lit à l’endroit où a lieu la levée des couleurs ou du drapeau. L’officier de peloton découvre facilement le coupable car le lit manquant n’est plus à sa place dans la chambrée. Il expédie le jeune soldat au trou pendant trois jours. Le Tourangeau qui s’est fait aider par ses copains a tout de même effectué son service militaire contre son gré. Quelquefois, Pitt a l’impression d’être dans un film de Claude Zidi avec Les Charlots tellement ses compagnons se conduisent comme les bidasses en folie du film. Pitt aime beaucoup les films avec les quatre compères car ils sont très drôles dans des situations plus que délirantes. Pitt suit les formations comme un vrai soldat, du parcours du combattant au maniement des armes. Il apprend la conduite de véhicules légers grâce à la Méhari version auto-école à deux roues motrices commandée dès 1972 par l’Armée. Dès que son permis est validé, il conduit sa propre Méhari pour ses activités de gradé à la caserne. Cependant, il a beaucoup de mal avec les vaccins et la nourriture. Le choc des cultures est terrible dès les premiers jours de son casernement ! Malgré sa bélénophobie, il doit subir l’injection de trois doses du vaccin TABDT qui protège contre la typhoïde, la paratyphoïde A B, la diphtérie ainsi que le tétanos. Pitt se rappelle que tous les soldats étaient alignés en rang d’oignon, collés, attendant chacun son tour que le médecin lance la seringue dans leur dos. Pitt frissonne encore à l’image un peu surréaliste, et comme il était torse nu il ne pouvait que ressentir le froid. Au total, les soldats se retrouvent bloqués trois semaines pendant les phases vaccinales. Les effets secondaires clouent certains de ses camarades dans leurs chambres aux lits superposés. D’ailleurs, depuis ce temps-là, Pitt croit qu’il est protégé des attaques de virus de toutes sortes. Chaque fois, deux grosses boules apparaissent dans son dos pendant environ quarante-huit heures. Bien qu’il ait mal, tel un brave chevalier, il participe aux footings matinaux autour du lac de Tours. Pitt apprécie ce lieu bucolique où il fait bon se promener. Quelquefois, le dimanche, il ne manque pas de venir prendre l’air avec ses camarades réunionnais. Quant à la nourriture, Pitt n’arrive guère à manger quoi que ce soit à la cantine. La vision de la viande rouge baignant dans du sang, ainsi que les gratins noyés dans du lait ou de la crème blanche, lui procure des nausées. Malgré tout, bien loin de la cuisine réunionnaise, Pitt ne se plaint pas du manque. Fort heureusement, la santé des nouvelles recrues est suivie régulièrement par l’infirmerie. C’est alors que Pitt, à sa grande surprise, est convoqué chez le commandant de la caserne. Très craintif, il arrive dans le bureau imposant du militaire et se met au garde à vous, en s’appliquant du mieux qu’il peut, le cœur battant.
Pitt s’exécute, mais il ne se sent pas très rassuré. Il serre les dents.
À ce moment-là, Pitt se dit qu’il n’est point utile de céder à l’acrimonie car il n’apprécie pas du tout le ton acerbe de la personne en face de lui.
Pitt quitte le bureau du commandant, après l’avoir salué. Depuis cette rencontre marquante, il s’est effectivement mis en condition pour ne plus perdre de poids. Pitt a le respect des lois et des règles de la vie civile. Il se dit que ce n’est guère le moment de se faire virer de l’Armée s’il veut travailler dans la Fonction Publique. L’entraînement devient de plus en plus difficile. La remontée de la fosse, le saut depuis le mur de trois mètres, ainsi que les manœuvres, sont des exercices de plus en plus éprouvants pour beaucoup de soldats. Mais les bleus bites tiennent bon comme dans la le film Où est passée la septième compagnie de Robert Lamoureux. Pitt apprécie ce genre de film à l’humour facile de prime abord. Il accorde que cela reste un modèle de la comédie à la française, avec des dialogues et des situations ridicules à mourir de rire. Après les classes, les recrues sont séparées suivant leur grade. Pitt suit les classes d’élève officier de réserve. Il ne regrette rien car c’est très formateur et riche d’enseignements humains que tous les jeunes doivent acquérir avant de rentrer dans la vie active. Les opérations se déroulent dans la campagne bucolique et féérique tourangelle. Il n’oublie pas cette manœuvre passée dans la forêt de Chinon lors de leur première sortie en extérieur. La journée débute par une course d’orientation, sport qui permet de faire travailler la tête et les jambes. Tous les soldats reçoivent une carte codée ainsi que la définition des postes sous forme d’une feuille avec le numéro des postes et des codes inscrits. Leurs emplacements sont précisés à l’aide de dessins codifiés. Chaque soldat se disperse et doit alors effectuer un circuit composé de plusieurs postes de contrôle appelés balises. Ces dernières doivent être trouvées le plus rapidement possible. Pitt commence à étudier la carte mais très vite se décourage. La patience n’est pas son fort ! Il décide d’ignorer les phases expliquées par le sergent : lecture de la carte, orientation de la carte, positionnement sur la carte, utilisation de la boussole, choix d’itinéraire sur la carte, réalisation de l’itinéraire. Pitt rencontre des difficultés pour se concentrer. Se retrouvant seul il décide de prendre un itinéraire au pif en s’aidant de son mieux de la carte pour rejoindre au plus vite le prochain poste. Même si l’itinéraire ne présente aucune difficulté physique, Pitt se sent perdu dans l’immensité de la forêt où se dressent des chênes comme des gratte-ciel qui ont l’air d’atteindre le ciel. Le choix du deuxième itinéraire n’est guère plus évident. Il faut réfléchir et Pitt n’a pas envie, il n’arrive plus à se repérer avec la carte. Il se sent abandonné tel le petit Poucet en pleine forêt dans le conte de Charles Perrault. Tu vas te perdre, concentre-toi ! se dit-il. Au bout d’un temps qui lui paraît très long, il finit par arriver à la destination finale non sans mal, et rassuré de retrouver ses camarades. Finalement, ce n’était pas si idiot que ça de suivre mon instinct, affirme-t-il, fier de lui. Il n’est pas certain qu’à notre époque Pitt aurait gagné la course d’orientation de l’émission télévisée Koh Lanta