Pluies d'or - Mohamed Sari - E-Book

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Mohamed Sari

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Beschreibung

Ce roman nous invite à un voyage dans les méandres inextricables de la nouvelle société algérienne, à travers le personnage d’El Mahdi et les « compagnons de la chamelle », dans des scènes mêlant réalisme et fantasmagorie. El Mahdi est en quête de « son miracle », qui lui donnera les « clés magiques » pour changer le monde, comme autrefois Ibn Tumert qui s’intronisa « Mehdi de la résurrection » en faisant parler les morts. Lui aussi aura son miracle, mais dans des conditions scabreuses. À travers cette quête du miracle, d’autres destins apparaissent, entre autres celui de Cheikh M’barek, un derviche fécondateur de femmes stériles, voulant s’approprier le secret de ressusciter les morts ; Amar Kerrouche, un moudjahid descendu en ville après la guerre de Libération prendre sa part du butin et façonner son propre mythe ; la belle Neila, victime d’un viol colonial et d’un amour perdu tente de refaire sa vie avec sa fille Leila au milieu d’un monde de mâles féroces. Un roman fait de bruit et de fureur, une plongée abyssale dans les profondeurs d’une réalité fantasmagorique, où s’entrechoquent les rêves les plus fous et les destinées les plus tragiques. 


À PROPOS DE L'AUTEUR


Mohamed Sari né en 1958 à Cherchell, Mohamed Sari est professeur à l’université d’Alger. Ecrivain bilingue, romancier, traducteur, il a également publié des livres de critique littéraire.

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Pluiesd’or

MohamedSari

Pluiesd’or

roman

CHIHAB EDITIONS

© Éditions Chihab, 2015.

ISBN : 978-9947-39-150-1

Dépôt légal : 5794/2015

Depuisdesmoisetdesmoispasunegouttedepluien’esttombéesurAinKarma. Alongueurdejournée, lesenfantssedéplacentd’unpointd’eauàunautre, ployantsouslepoidsdesbidonsetdesjerricanes. Leshommess’empêtrentdansdespalabresinterminablesetselancentdansdesprédictionsdignesdesgrandesépopéesprophétiques. Malgrétouteslesinvocations, lecielresteimpassible.

Lasécheresse, impitoyable, continueàsévir.

Touslesmatins, avantleleverdusoleil, lesvieuxscrutentl’horizon, espérantapercevoirunnuage. Maispaslamoindrenuéenevientsoulagerleurdésespoir. Ilsaugurentd’uneimminentecalamité. Deleurvivant, necessent-ilsderépéter, onn’ajamaisconnupareillearidité. Certainscommencentdéjààmurmurer : AllahasansdouteétémisencourrouxparlesdépravationsdeSescréatures, etsonchâtimentseraterrible ! Lesfidèlesredoublentdeprières. Lesimamsressortentlesvieilleslégendes : cataclysmes, peupladeseffacéesdelasurfacedelaterreparlacolèredivine, appelsdesprophètesàl’enduranceetàlasoumission.

Soudain… laterretremble. Leséismeseproduitàlatombéedujouretplongelabourgadedansunenuiteffroyable. Desimmeublesentierss’affaissent. Lessurvivantsinvestissentlesrues, affolés, désemparés. Onpleurelesmortsrestéssouslesdécombres.

Etcommeunmalheurn’arrivejamaisseul, unepluietorrentielleaccompagnéedeventsviolentsenfonceAinKarmaencoreplusdansl’effroietladésolation.

ElMahdiannoncequecesontlàlesprémicesdelafindumonde. Uneeffervescencedévotes’emparedesgensetmétamorphoseleurquotidien. Lesmaisonsd’Allahsontassaillies. Departout, les gensaccourentserepentiravantlejourdujugementdernierquipointeàl’horizon, inéluctablement. Lessallesdeprièrepeinentàcontenircedéferlementdepénitents. Pourlapremièrefoisdansl’histoired’AinKarma, lesfemmesvontenmasseprieràlamosquée.

Letempss’estscindéendeux : letempsd’avantlecataclysme, etceluid’après.

Riennerésisteàlatentationdel’au-delà, surtoutquanddesgourousrépètentinlassablementquelesjardinsd’Edensontderrièrelerideau ; ilsuffitdel’écarterd’unreversdelamainpouryaccéder.

Etlesimagesdedélicesdébordent, auxcouleursetauxfragrancesenvoûtantes.

Al’instardecesjardinsparfuméspeuplésdeséduisanteshourisàportéedebras, ouplutôtàportéedusimpledésir, sansinterdictiond’aucunesorte. Va, pauvrebougre ! Savouretarevanchesurlaviequit’aboudé. Tutrouvesenfinlavéritableetéternellebesogneàlaquelletuesappelé : dépucelerlesvierges ; sanstourment, sanspeine, nifatigue.

Etcesrivièresoùcoulentlesliqueursd’eaudevieetdemiel. Tupeuxypuiserjusqu’àl’ivresse. Larevanchedoitêtreentière, sansunbrinderemords, niuneonced’insatisfaction.

Unenouvelleoccupationapparaît : celledesfunérailleurs. Lesdévotssemettentàaccompagnerlesmortsaucimetière, enlongscortèges.

« Vosprocessionsserontrémunéréesaucentuple, tonneElMahdidanssesprêches. Chaquepasverslecimetièrevousouvreuneporteauparadisavectoussesdélices. Faitesvoscomptes, chersélus, etrêvezdubonheurquevouspourrezentirer. Lecompteàrebourscommence. Heureuxsontlesserviteursd’Allahquienfin, aprèsbiendesprivations, s’inscriventdurablementdanslesfastescélestes ! ».

Lethanatosoccupelesesprits, tracelespistesàsuivre.

Première partie

1

« Ilméritelamort ! Ilagâchémonenfanceetmaintenant, ilveutm’empêcherd’avoirmamosquée. Jeluitrancherailagorge, dût-ilêtremonvéritablepère, commeleprétendFattouma, lavieillemégère. »

Certes, l’idéedesedébarrasserdeAmarKerroucheluitaraudel’espritdepuisdesjours, maisElMahdirecèleensonforintérieurdessédimentsdesympathieàl’égarddeceluiquiabercésonenfancepard’étrangeshistoiresdeguerre. Malgrél’insistancedesesamis, lescompagnonsdelachamellecommeonlesappelledepuiscejourmémorablequiaébranléAinKarma, illeurdemandedetemporiser.

Maiscematin, aprèsunenuitagitée, entrecoupéedelonguesinsomnies, ilseréveilleensursautaveclafermedécisiond’enfiniravecl’hommequinecessedeluiempoisonnerl’existence. Ilagiraseul. Sonhonneurendépend. Lui, ElMahdi, filsduchîkhM’barek. Sonvisageauxpommettessaillantesestcouvertdesueur. Lachambreestexiguëetlachaleurdecedébutd’étéétouffante. Iltourneenronddurantunmoment, ouvrantdestiroirs, scrutantçàetlà, puiss’arrêtepensif, lesbrasballants. Ilsemetàplatventresouslelit, retireunevaliseencarton, fouillefébrilementparmil’amashétéroclited’objetsetdevêtementsavantdesereleveravecunsouriredémentielquicontorsionnelestraitsdesonvisage. Ilétaleungroschiffonsurlesol, l’entrouvre. D’unregardlumineux, ilfixeunpoignardàdemienfouidansunvieilétuidecuir, leprendentrelesmains, lesoupèse, enserrantlesmâchoiresetensecouantlatête. L’hésitationlecorrode. Dansunevolte-face, aurisquedeperdrel’équilibre, ilsoulèvelerideaucrasseuxdelaported’entrée, enjambeleseuil, dévalel’escalieretseretrouveaugrandair.

ElMahditraverselesruessansrienvoir, l’espritobnubilépardesidéesderevanche. D’ailleurs, quandsonélaneststoppéparlecanalquiséparelacollineboiséedeSidiElMekhfidesterresplantureusesdelavallée, ilestétonnéd’êtrearrivéàdestinationdansunlapsdetempsaussicourt. En ­quelquespetitssauts, ildisparaîtdansunevenellebordéedebroussailles. Illongelesentiersanssesoucierdesfeuilleslancéoléesderoseauxquiluifouettentlevisage. Arrivéàunhallierdemûrierssauvages, illecontourneenrasantlefourré. Iltraversel’ouedàsec, grimpeuntalusd’ardoise, bifurqueverslagaucheets’enfonceàl’intérieurdelapinède.

Unpeuplustard, ildébouchesurlaclairièrequisurplombelacolline, etsurlaquelleestbâtilemausoléedeSidiElMekhfi, avecsavoûteornéed’uncroissantenbois. Ilfrémitd’impatience. Desimagestroublesd’unlointainpasséviennentparasitersonchampderéflexion. Verslebas, aupieddelacolline, lamaisonautoitdetuilesrougess’étaledevantsesyeuxéblouisparlesoleildumatin. Ilresteimmobile, leregarderrantàlapoursuitedevisagesetdevoix, qu’ilsouhaitesuspendre, là, dansl’horizongrisclair.

Natifduquartier, ilenconnaîtlesmoindres recoins. Ilpeut, aumomentopportun, sefaufileràtraversdesraccourcis, devanceretattendrelepassagedel’hommequiatoujourssuscitéenluidesémotionscontradictoires. Autantd’admirationquedehaine ! Etce, depuisletempsoù, enfant, ilvenaitpuiserl’eauàlaferme ; ensuite, grandgarçon, ilsefaufilaitaumilieuducercleinformedegenspourécouterleshistoiresdeguerredumaquisard. Pendantlesannéesdel’après-guerre, desdizainesdefamillesavaientquittéleurspitonséloignéspourvenirs’installerauflancdelacollineetauxabordsdel’oued, construisantdanslaprécipitationetledénuement, n’importecomment, desgourbisfaitsderoseaux, deglaiseetdetôlesondulées. Etcommel’uniquefontainesetrouvaitàproximitédelafermeHaouchErroumi, devenuepropriétédumoudjahid, ilallait, àl’instardesautresenfants, chercherl’eau. EtquandAmarKerroucheapparaissaitdanssavestemilitaire, lefusilenbandoulière, latêtecouverted’unchèche, chaussédesespataugas, lesenfantsquisebousculaientenjappantsemétamorphosaientenagneaux. Achaquefoisqu’illevoyait, lemaîtredecéanss’avançaitversluiensouriant :

— Alorspetit, commentvalegarçonduchîkhM’barek ? Ettonpère ? Dis-luiqueSiAmartepasselebonjour.

Silesenfantssepressaientauxabordsdelafon­taine, surtoutlesoiraprèsl’école, illuiprenaitlebidondesmains, l’emplissaitetdisaitdesavoixtonitruante :

— LefilsduchîkhM’barekhabiteplusloinquevousetsonpèreabesoindelui. Allez, monfils, vaettâchedenepasdéversertoutel’eauencoursderoute.

Unefaçonpourluidejustifiersongeste. Enréalité, lejeunegarçonqu’ilétaitn’habitaitpasaussiloinquelesautres.

Duhautdesonperchoir, ElMahdicherchelafontainedesyeux. Dugrenadier, ilnerestequ’untroncsec. Lepointd’eauquijadisétaitentourédeverdureentoutesaisonn’estplusqu’undépotoirdedétritus.

Nonloindelà, unolivierrabougripeineàaccrochersesracinesàlaterresèche. Unsoupird’amertumegonflelapoitrinedujeunehomme. Samémoireseravive, déterrantdufonddel’oublidesscènesqu’ilatantdésiréesvoireffacéesàjamais. Combiendenuits, ensemettantaulit, s’est-ilsurprisàespérerdetoutsonêtreseréveilleraupetitmatinfrappéd’amnésie. Hélas, quandilouvraitlesyeux, lessouvenirsrefaisaientaussitôtsurface, avecdesmorsurespluspiquantesencore.

Là, prèsdel’olivier, ilaconnulepremierdéchirementdesonexistence. Aujourd’hui, malgrélesannéesetlesbouleversementsdesanouvellevie, lesimagesnecessentdeleharceler. Ilvoitsonpetitcorpsfrêletiraillépardesbrasviolents. D’uncôté, ilyasonvieuxpère, avecsonpantalonarabeetsongilet, satêteenturbannée, salonguebarbe, etdel’autresamère, nettementplusjeune, enveloppéedanssonhaïkblancquiluitombesurlesépaules, lescheveuxébouriffésluicachantpartiellementlevisage. Coincéentreeux, ilpoussedescrisstridents. Ilétaitpiedsnus, sesouvient-il. Ilareçudesonpèredesgiflescinglantes, destinéesàsamère. Lajeuneépouses’accrochaitaubrasdesonfils. Ellesedémenait, pleurait, criait, appelaitausecoursd’unevoixchevrotante. Lepèreétaitfoufurieux. Unvraidément. D’unemain, iltenaitl’enfantparlebras. Del’autre, ilassénaitdescoupsàsafemmepourlaforceràlâcherprise. Puis, àuncertainmoment, l’enfantaétésoulevéetprojetéverslesol. Unefortedouleurluimeurtrissaitl’épaule. Ilestrestérecroquevillésurluimême, lesyeuxfermés. Leslamentationsdesamèreboucherontlongtempssesoreilles. Quandilseréveilla, ellen’étaitpluslà. Etpendantdesmois, àsesquestions, sonpère, chîkhM’barek, amarmonnédesréponsesévasives, luilaissantcroirequ’elleallaitrevenirbientôt. Maisunjour, nesupportantpluslespleursdupetitgarçon, illuiasignifiéd’untonpéremptoire  : « Tamère ? C’estfini… Elleestmorte… Efface-ladetamémoire… Etmoitonpère, jenevauxrienàtesyeux ? Apartird’aujourd’hui, jeneveuxplust’entendreparlerd’elle… »

Depuiscejour, ElMahdiavécuseulavecsonpère. Etpendantdesannées, ilacruquesamèreétaitmorte.

Ilnesesouvientpasuneseulefoisavoirentendusonpèreévoquersamèreensaprésence. Toutcequ’ilconnaîtd’elle, enplusdesimagesviolentesgravéesdanssamémoire, ill’aapprisdelabouched’AmarKerrouche. Cedernierl’avaitsurprisàmaintesreprisesàl’intérieurdelamasure. Ilavaitl’habitudedes’yréfugier, depuisuncertainsoiroùsonpèreluiavaitassénéuneracléeplusviolentequed’habitude.

Certainsjours, ChîkhM’barekparcouraitlacampagneetlaforêtduDahraàlarecherchedeplantesmédicinalesetlaissaitlacléàsonfils. Cejour-là, enrevenantdel’école, ElMahdil’avaitperdue. Asonretour, tarddanslanuit, lepèretrouvasonfilsassisdansl’obscurité, devantlaporte, pleurnichantensilence. Dansunecolèresubite, ilcassad’abordlaporte, puisilseretournacontrel’enfant. ElMahdisupportalespremierscoups. Illesavaitacceptéscommeunepunitiontoutàfaitnormaleauregarddesanégligence. Maisapparemment, lechîkhvoulaitdonneruneleçonquesonfilsneseraitpasprêtd’oublier. Alors, cedernierpritsesjambesàsoncouetdétalahorsdugourbi. Maisàpeineavait-ilfaitquelquespasqu’ilsentitlefroidglacialluigelerlespiedsnus. Danssafuite, iln’avaitguèreeuletempsd’enfilersessavates. Oùseréfugier ? D’abord, ilseblottitcontreunmurdepisé, lesoufflecoupé, leregardalerte, l’ouïetendue. Unepluiefines’étaitmiseàtomber. Etl’idéeluivintdesecacheràl’intérieurdumausolée.

Quandilpoussalaportetoujoursentrouverte, unepeurlefigeapendantdelonguessecondes. Ilseremémoratouslesrécitsétranges, fantasmagoriques, quicouraientausujetdesnuitspeupléesd’ogresinsatiables. Lefroidfinitparavoirraisondelui, etilseretrouvarecroquevillésurunenattederaphia, dansuneobscuritéhermétique. Ilrestaainsi, éveilléunebonnepartiedelanuit, sujetàdesvisionscauchemardesques.

Etcefutlàquelemaquisardlesurpritunsoir, justeaprèslecoucherdusoleil. Revenantd’unepartiedechasse, lagibecièreàmoitiépleinedelièvresetdeperdrix, ilvenaitàpeinededébouchersurlaclairièrequandilvitlasilhouettedel’adolescentsurgirdubois. Habituéàlavienocturne, iln’eutaucunedifficultéàlereconnaître. Ill’interpellaetluiparlalonguementavecunegentillesseinaccoutumée. Lemoudjahidétaitconnupoursescolèresexcentriquesetladuretédesespropos. Leshabitantsduquartierfaisaienttoutpourévitersesdiatribesetresterenbonstermesaveclui.

Aprèsavoirenchaînésurplusieurssujetssansgrandeimportance, ilévoqualamèredel’enfant, avecuntrémolodanslavoixetunregard ­lointain. Illuiracontacommentill’avaitconnue. Elleétaitvenueunsoir, enlarmes, frapperàsaporte, lesuppliantdesecourirsonmari, lechîkhM’barek. Deuxmaquisardsvenaientdeleséquestreretjuraientdel’égorger.

Cettenuit-là, quandAmarKerrouche, aumomentdelequitter, luidonnaunlièvreenluidisantdesaluersonpèredesapart, ElMahdieuttantvoululuidemanders’ilconnaissaitl’adressedesamère. L’émotion, ajoutéeàlacraintequeluiinspiraitlapersonnalitédesoninterlocuteur, empêchalesmotsdes’articuler.

QuelquesjoursaprèslamortduchîkhM’barek, AmarKerrouchel’accostadevantl’épicerieetaprèsunlongpréliminaireàlamémoiredudéfunt, illuiditd’untonpaternel :

— Pourquoineviens-tupasvivrechezmoi, monfils ? Tuesseuletmamaisonestgrande. Mesenfantssontcommetesfrères…  

— Merci, SiAmar, jepenseallerrejoindremamère.

— Sais-tuoùellehabitemaintenant ?

— Jelatrouverai…

— C’estlameilleurechosequetupuissesfaire. Tamèreestunebravefemmequiasouffertdanssavie. Cherche-la, elledoitavoirbesoind’unhommecommetoiàsescôtés.

Maisencetemps-là, ElMahdifitunedécouvertequiboulversasavieenluifaisantmiroiterunfabuleuxavenir, etbiensûr, reléguasavieprésenteauxoubliettes.

UnappelirrésistibleattireElMahdiversl’intérieurdumausolée. Dèsqu’ilpousselaporte, lesodeursdecirebrûléeetderemugleluichatouillentlenez. Ils’approchedutombeau, sepencheverslecôtédroitetenlèvelesplanches, d’ungestefébrile. Puis, d’unemainnerveuse, ilsaisitunmanuscritpoussiéreux, retirelespagesparpetitesliassesetlesposesurlesol. Lamains’enfonceunpeuplusdanslafenteàlarecherchedefeuilletsmanquants. Sonbrasdisparaîtdanslevide. Attiséparlacuriosité, ilarrachelesdeuxautresplanchesetengouffresonbrasjusqu’àl’épaule. Letrouparaîtprofond. Aucuneparoi, neluifaitobstacle. Ilallumeunebougie, l’approchedel’ouvertureetpenchesatêtepourmieuxdéterminerlescontoursetpeut-êtrelaprofondeurdutrou.

Maisàl’intérieur, seulslevide, lesilenceetl’obscuritésemblentrégner. Illanceuncrifaiblequiseperdenunéchoétouffé. Unfrissonluiélectriselecorps. Alasecondemêmeoùilreçoitl’échodesavoix, lesparolesduchîkhM’barekrésonnentàsestempes. Ilsesouvientdelanuithivernaleoùledervicheluirévélal’existenced’unsouterrainqui, paraît-t-il, aboutitàLaMecque. Cettenuit-là, leventsoufflaitfortsurlaclairièreetemportaitavecluiunepartiedesmotsprononcésfaiblement, peut-êtresansgrandeconviction. Maisavecl’âge, l’idéeobsédal’espritduvieuxM’barek, desortequ’ilpassalesderniersmoisdesavieàratisserlesanfractuositésdelacolline, avecl’ardentespoirdedénicherl’antremystérieux.

ElMahdiserappellequesonpèreluiavaitracontél’histoired’unevieillefemmequil’avaitinterceptéunsoiretluiavaitrévélél’existenced’unpuitsdontl’eauestbénite, parcequ’ellevientdirectementdeBirZemzem. UnesaintefemmeavaitperduuneécuellelorsdesonpèlerinageàLaMecque, et, àsonretour, ellelatrouvaentraindeflotterdansl’eaudecepuits. Etenplus, cetteeaupossèdedegrandesqualitésmédicinalesetSidiElMekhfil’utilisaitpourguérirsesmalades.

Levieuxdervicheracontaqu’ilavaitdétournélatête, justeletempsdeposerunregardsurlecoindeterreoù, selonlavieillefemme, étaitlamargelle. Justequelquessecondes. Puislafemmeavaitdisparu, commeaspiréeparungouffreinvisible. Lesjourssuivants, ildiscutaavecunevieilleoctogénairequi, selonsesdires, visitaitletombeaudusaintdepuisplusd’undemi-siècle, poursavoirs’ilyavaitunpuits. Dutempsoùellepouvaitsesouvenir, iln’yenavaitpas. Mais, enrevanche, elleluiracontalaviedusaintSidiElMekhfi, undescendantduprophètequiavaitéchouésurcettecollineilyadessiècles. Auparavant, ilvivaitàLaMecquedansl’adorationd’Allah. IlétaitgardiendelaKa’baetserviteurdespèlerins. Unenuit, desdissidentsKarmatesinvestirentlamosquéepourvolerlapierrenoiresacréeetl’emporterversleurlointainrepaire. Iltentadelesempêcher. Maislesbrigandsétaientnombreuxetdécidésaupire. Ilnedutlaviesauvequ’àlavolontédivinequiluiouvritunsouterraindébouchantsurcettecollineoùiltrouvarefugeetpaixpouryterminersesjoursenascète.

ChîkhM’barekcrutàlalégendedusaint. Ils’yagrippacommejadisàlalégendedelarésurrectiondesmortsqueluiavaitracontéechîkhIdriss, aveclequelilavaitpartagéunboutdecheminjusqu’auxconfinsduSahara. EtilpassalesnuitssuivantesàlireleCoranetàprier, attendantl’apparitiond’unevision. Mais, ledervichenesecontentapasd’attendre. Ildécidadechercherlui-mêmelepuitsdontluiavaitparlélafemme, quineseraitqu’unedjénia.

Etilpassalerestantdesavieàratissertouslescoinsetrecoinsdelacolline.

Aujourd’hui, tapidanssatanière, ElMahdisesurprendàcompatiràl’échecduchîkhM’barek. Unsentimentdetristesselesubmergeàl’idéequesonpèresoitmortsansavoirtrouvél’ouverturetantconvoitée. AmarKerroucheconnaissaitluiaussil’existencedumystérieuxtunnel. ElMahdiavait, àmaintesreprises, surprislesdeuxhommes, assiscôteàcôtesurlaclairière, devisantàvoixbasseetlançantdesregardsfureteursauxalentoursdumausolée. DanslesjoursquisuivirentledécèsdechîkhM’barek, ilavaitvumaintesfoislemaquisardroderautourdumarabout.

ElMahdirestepensifpendantdelonguessec­on­des, lesyeuxfermés, l’espritailleurs. « ChîkhM’barekapeut-êtrefaitunrêvequ’ilaprispourréalité ! Ettoutecettehistoiren’estqu’illusionetfantasmed’unvieuxsolitaire ! »

Ilécarquillelesyeuxdanslapénombredumau­solée, ramasselespagesjauniesdumanuscrit, lesremetàleurplace, etselèveenmaudissantIblissquiaoccupésonespritavecdumenufretin.

— Letempspresse, jedoisaccomplirmondestin, murmure-t-ilensefaufilantàtraversunsentieraumilieudespins.

2

ChîkhM’barekétaitlegardienetserviteurdumausoléedeSidiElMekhfi. RécitantdeCoran, ilconfectionnaitdesamulettes, gribouillantdesversetscoraniquessurdesboutsdepapierqu’ilrecommandaitàsesvisiteursmalades. Guérisseurtraditionnel, ilconcoctaitdespotionsmédicinalesavecdesplantescueilliesdanslesboqueteauxauxalentoursd’AinKarma.

Ils’yétaitinstallépendantlaguerre. D’abord, ils’étaitmisauservicedel’ancienderviche. Cedernierdécédé, ilpritsaplaceettravaillaàsoncomptecommeaubonvieuxtempsdesazaouïad’origine, aucœurdesmontsdel’Ouarsenis.

Depuissonjeuneâge, plusexactementaprèslamortdesamère, alorsqu’iln’avaitquedixans, M’bareks’étaitattachéàsagrand-mère, unepythonissequiguérissaitàl’aided’électuaires. Quandellerecevaitsesvisiteuses, lavieillefemmelefaisaitasseoiràcôtéd’elle. Ilrestaitsilencieux, attentifàtoutcequisedisait. Enfant, ilfréquentalazaouïadeSidiLamrithoùilappritlequartduCoran, toutenfaisantpaîtreletroupeaudelafamille. Adolescent, ilpartaitavecsonpèretravaillerdanslesplainesduChélifchezlescolons. Certainsétés, ilss’aventuraientjusqu’auxplateauxdeMascarapourlesvendanges. Maisletravailnel’intéressaitpas. Ilretournaviteauprèsdesagrand-mèreetl’assistadanssesrandonnéesàl’intérieurdesmaquisàlarecherchedesplantes, toutenlaharcelantdequestionssurlessecretsdesguérisseurs.

Ilcommençaparacheterunmuletetunecharrettequ’ilremplissaitd’herbes, deboutsdeboisetd’unemultitudedepetitesbouteilles. Sagrand-mèrerecevaitlesmaladesàdomicile, tandisquelui-mêmeparcouraitleshameauxetlesvillagesvoisinsenproposantsa « médecine ». Ils’attardaitdanslesmarchés, oùilappritàs’adresserauxbadaudssuspendusàseslèvres, formantdescerclesinformesautourdelui. Aufildesjours, ilaiguisasonsavoirésotériqueenacquérantdevieuxetraresgrimoiresauprèsdeconfrèresrencontrésauhasarddesespérégrinations. Undervichemarocain, lechîkhIdriss (« Ahcebravecompagnon ! disaitsouventchîkhM’barek. Quandilsevoyaitentourédecampagnardsvenusflânerausouk, salanguesedélieetfaçonnedemerveilleuseshistoires : ‘Installez-vousàvotreaise, surlaterre, surlespierres, cramponnez-vousauxarbustes. Donnez-moiseulementvosoreilles, c’esttoutcequejedemande, vosoreilles, riendeplus. Etmoijevousdonnemavoix. Allongez-vous, fermezlesyeux, etmavoixvousemporteraaussiloinqueledésirevotreimagination. Vousalleznaviguerdansdesmerslointainesettumultueuses, pénétreràl’intérieurdesforêtsoùlalumièredusoleiloseàpeines’infiltrer, voyagerparmontsetparvaux. Etsivouslevoulez, atteindreleciel, assissurdestapisvolants, ouaccrochésauxserresd’oiseauxgéants. Avotreservice, chersauditeurs ! Faitesvoscommandesetvoguelagalère ! Jevaismettresurrailsvosrêveslesplusinsensés, vouspurgerdespeursquihibernentenvous, enterrervosréticences, voschimères, etbiensûrréchauffervoscœursetapaiservostourments’ »), dontlaréputations’étendaitjusqu’auxcasbahsdeTombouctou, luirévélaunsecretmaléfique, unenuitoùilsétaienttouslesdeuxallongésdansunegrangeetdiscutaientdessecretsdeleurprofession. Etcettenuit-là, lechîkhM’barek – ilavaittrèstôtacquisletitredechîkhenenveloppantsonmaigreetlongcorpsdansunlargeburnous, encouvrantsatêted’unechéchiaentouréed’unchècheetenlaissantsabarbepousser – sepromitàlui-mêmed’obtenircepouvoiroccultequelquesoitleprixàpayer. Leprojetavaitmûridanslagrangeavantleleverdujour.

Sagrand-mèremourutàl’âgedequatre-vingtdix-neufans. Elleavaitcessétouteactivitédepuisexactementseptansetnesortaitpratiquementplusdechezelle. Sespatientsl’oublièrent, laconsidérantdéjàcommemorte. Lejeunechîkhabandonnasontravailetseconsacrapleinementàsoignerlavieillegrabataire. Ilétaitconstammentàsonchevetetluifaisaitavalerpotionaprèspotion. Croyait-ilpouvoiréloignerd’ellelamortquirampaitlelongdesesjambesàdemi-paralysées ? Auxpersonnesassezcurieusesquiluiposerlaquestion, ilrépondaittoujoursqu’elleseportaitàmerveilleetqu’elleallaitbientôtretrouversasantéd’antan. Ildisaitcelaavecunesérénitétroublante, alorsquetouteslespersonnesquiavaientpul’approcheraffirmaientlecontraire, disaientquesonvoyageversl’au-delàavaitcommencédepuisbellelurette. Lagrand-mèremourutunmatindejanvier, unjourpluvieuxetfroid. Lorsdesfunérailles, lechîkhM’barekpleuraàchaudeslarmes, commeunenfant. Dèsquelatombefutrecouverte, ils’agenouillasurlaterrefraîcheetnevoulutpointserelever. Leshommeslelaissèrentlàetvaquèrentàleursaffaires. Ilyrestatoutl’après-midietunepartiedelanuit. Ilyretournalanuitsuivanteetlesautresnuits. Lematinduseptièmejour, onleretrouvaévanouiauborddel’oued, serrantdanssamainunbrassquelettique. Lepaysanquileretrouva, horrifiéàlavuedubrasquisemblaitêtreviolemmentarrachéàuncadavre, netouchaàrien. Ils’empressad’alerterlesvillageois. Lascènelesébranlaavecunerareviolence. Elleéveillaeneuxtouteslespeursincompréhensibles, lesreplongeantdanslegouffredesterreursfantastiquesdeleurenfancelorsqu’onleurracontaitleshistoiresd’ogres, degoules, demétamorphoses, desorcièresaupouvoirmaléfique, decontréeslointainespeupléesdedjinn… Lasépulturedelapythonisseavaitétéprofanéeetàsoncorpsmanquaitunbras. Demémoired’homme, levillagen’avaitjamaisconnupareilsacrilège. SouslalectureduCoran, onremitlemembreàsaplaceenprenantsoindecimenterladallefunéraireavantdelarecouvrirdeterre. Sait-onjamaiscequelesdjinnspourraientencoresusurreràl’oreilleduchîkh ?

D’aprèsunevoisineoctogénairequiconnaissaitassezbienlaguérisseuse, etquiprétendaitdétenirungrandsavoirsurcemonded’outre-tombe, maissafoienDieuetenMohammedsonprophètel’empêchaitd’enuser, laréussitedecegenred’opérationsesttrèsrare. « Ilfautqueleprofanateurpuissetraverserunpointd’eauafind’échapperàlacolèredesdjinns, protecteursdessépultures, racontalavieillefemme. LepauvreM’barek, aprèsavoirarrachélebrasdeladéfunte, n’apaseuletempsderecouvrirlatombequedesvoixetdescrisemplissaientsonespritd’épouvante. Ilaquittélecimetièreencourantafind’atteindrel’oued. Danssafuiteéperdue, iladûentendrelavoixindignéedesagrand-mèrequilemenaçaitdespireschâtiments. Aboutdeforces, glacéparlaterreur, ilasûrementculbutésurunepierreàquelquesmètresdelabergeetaperduconnaissance. S’ilétaitarrivéàmettresonpieddansl’eau, ilauraitpossédéunpouvoirsurnaturelaveclequelilauraitaccomplidesmiracles », conclutl’octogénaireavecunefoisansfaille.

LechîkhM’barekdisparutpendantquelquesmois, avantderéapparaîtredansunezaouïa­abandonnée. Ilrepritduserviceetacquitrapidementlaréputationdefertiliserlesfemmesstériles. Aprèsquelquesvisites, beaucoupdefemmess’étaient, commeparenchantement, retrouvéesenceintes. Unjour, unhommeamenasonépouse, lafitentrerdanslamasuremitoyenneàuneardoisière, d’oùémanaientdefortesodeursdeplantesbrûléesquiencensaientl’atmosphère. Ils’assitàterreetattendit. D’autrespersonnesarrivèrent, commeluiàlarecherched’uneprogéniture. Aprèsdelonguesminutes, alorsquelemariguettaitlasortiedesafemme, uncrimêléàdeséclatsdevoixs’élevadel’intérieur. Brusquement, lalourdeportedechênes’ouvrit, lafemmesortitàmoitiénueetcourutseréfugieraumilieudelapinèdetouteproche. Lemaricompritlestratagèmedudervicheguérisseur. Ilseprécipitaverslamasure, décidéàvengerdanslesangsonhonneurbafoué. Maislechîkhfutplusrapidequelui. Ilsebarricadadel’intérieuretfitlesourd. L’hommefurieuxusadetoutessesforcesafindedéfoncerlaporte. Sansrésultat. Leshommesprésentsluiprêtèrentmain-forte, jurantdebrûlervivantlefornicateur. ChîkhM’barek, voyantquelaporteallaitcéder, lespriad’arrêterlescoups.

— Jevaissortirdansquelquesinstants, dit-il. Maisavant, jevousdemandedemedonnerunetassed’eauafinquejepuissefairemesablutionsetaccomplirmaprière. Jereconnaismafaute, jevaisimplorerAllah, lesupplierdemepardonner.

Cequel’undesassaillantss’empressadefaire. Ilsattendirentavecpatience, convaincusquel’heuredelamortdufélonétaitinéluctable. Unsilencesépulcralenveloppalesanctuaire. Delonguesminutess’écoulèrent. Maislechîkhnemontraitaucunsignedecapitulation. Auncertainmoment, ilsvirentdel’eaucoulersouslaporte, uneeaunoire, crasseuse. Puis, plusrien. Ilsappelèrentlechîkh. Personnenerépondit. Alors, ilsusèrentdesgrandsmoyensetdémolirentunpand’unmurlatéral. Curieusement, lamasureétaitvide. Ilsjetèrentdesregardsdésemparéssurlebric-à-bracquis’entassaitsousletoitcouvertdetoilesd’araignées. Rien. Paslamoindretracedufécondateur. Ilsjetèrentdehorslesnattesd’alfaetderaphia, lestapisusés, lespeauxdemoutonsetdeboucs, lescageotsetlesjarrescontenantdesracinesterreusesetdesboutsdepapiersnoircisdegribouillis, lesrécipientsàdemi-pleinsdebreuvages. Toujoursrien. Lesassiégeants, d’aborddécidésaupire, furentsaisisd’uneappréhensionmétaphysiqueenconstatantlamystérieusedisparitionduderviche. Ilséchangèrentleursavisàdemi-mot. Lemarifuribondproposadebrûlerlamasure. L’hésitation, l’effroifigealeshommessurplace. Quelqu’unfitremarquerquel’eaunoireavaitdisparu. Ellen’avaitpaspus’évaporeraussirapidement. Etsic’étaitlechîkhlui-mêmequis’étaitmétamorphoséeneaupourquittersecrètementlesanctuaire ? Quelqueshommess’éclipsèrentsansmotdire, poussantdevanteuxleursfemmesterroriséesquicroisaientlespoignetsensignedesoumissionaupouvoirdesdjinns, murmurantla ­locution ­appropriée : « Soumisesetligotées ». Personnen’osapluss’approcherdelamasuremaudite. Lanouvellegagnaleshameauxàlavitesseduvent. Beaucoupd’hommesrépudièrentleursfemmeslejourmême. Labâtisserestaabandonnéeetleguérisseurintrouvable.

Personnenesutexactementcequ’iladvintdelui.

Al’indépendancedupays, quanddestribusenti­èresquittèrentleursmontagnespourvenirs’installeràAinKarma, certainsjurèrentqueletalebdeSidiElMekhfiressemblaitétrangementàceluidelazaouïamaudite. Maisl’euphoriedel’indépendanceetlesséductionsdelavillereléguèrentl’histoireduchîkhauxcalendesgrecques.

ChîkhM’barekavaituncaractèretaciturne. Ilneretrouvaitsafacondequ’endetrèslointainesoccasions. Etlàilpassaitdesheures, surtoutnocturnes, àdébitertoutessortesdefaitsrelatifsàsavieantérieure, inculquantàsonfilsquelquespréceptesquelavieluiavaitenseignés. Ilétaitd’untempéramentatrocementdubitatif. Ilparlaitsouventdevices, decoupsabjects, d’hypocrisie, decupidité, depleutreries, degloriolesdontleshommessontcapables.

Durantl’annéequiprécédasamort, chîkhM’barekfutprisd’uneterriblemaladiequil’empêtradansdesdélireshallucinants. Ilpassaitsesnuitsàtousseretàmaudirelemonde. Iléructaitdesobscénitéshaineuses, n’épargnantpersonne. D’abordsagrand-mère, puisselagéhennefaireboisdesonâme, ellequil’avaitinitiéausihr, àla ­sorcellerie. EnsuiteNeila, safemme, l’infidèlequil’avaittrahietavaittraînésonhonneurdanslagadoue, puisseAzraêl, l’angedelamort, lapendreparlesseins. Enfin, Allah, l’accusantLuiaussides’êtreacharnéànoircirsavie, àlepoussersansrépitdanslesbrasd’Ibliss, lemauditSatan.