Gustave Le Bon
Psychologie des foules
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table des matières
PRÉFACE
INTRODUCTION
LIVRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
LIVRE II
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
LIVRE III
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
PRÉFACE
Notre
précédent ouvrage a été consacré à décrire l'âme des races.
Nous allons étudier maintenant l'âme des foules.L'ensemble
de caractères communs que l'hérédité impose à tous les individus
d'une race constitue l'âme de cette race. Mais lorsqu'un certain
nombre de ces individus se trouvent réunis en foule pour agir,
l'observation démontre que, du fait même de leur rapprochement,
résultent certains caractères psychologiques nouveaux qui se
superposent aux caractères de race, et qui parfois en diffèrent
profondément.Les
foules organisées ont toujours joué un rôle considérable dans la
vie des peuples; mais ce rôle n'a jamais été aussi important
qu'aujourd'hui. L'action inconsciente des foules se substituant à
l'activité consciente des individus est une des principales
caractéristiques de l'âge actuel.J'ai
essayé d'aborder le difficile problème des foules avec des procédés
exclusivement scientifiques, c'est-à-dire en tâchant d'avoir une
méthode et en laissant de côté les opinions, les théories et les
doctrines. C'est là, je crois, le seul moyen d'arriver à découvrir
quelques parcelles de vérité, surtout quand il s'agit, comme ici,
d'une question passionnant vivement les esprits. Le savant, qui
cherche à constater un phénomène, n'a pas à s'occuper des
intérêts que ses constatations peuvent heurter. Dans une
publication récente, un éminent penseur, M. Goblet d'Alviela,
faisait observer que, n'appartenant à aucune des écoles
contemporaines, je me trouvais parfois en opposition avec certaines
conclusions de toutes ces écoles. Ce nouveau travail méritera, je
l'espère, la même observation. Appartenir à une école, c'est en
épouser nécessairement les préjugés et les partis pris.Je
dois cependant expliquer au lecteur pourquoi il me verra tirer de
mes
études des conclusions différentes de celles qu'au premier abord on
pourrait croire qu'elles comportent; constater par exemple
l'extrême
infériorité mentale des foules, y compris les assemblées d'élite,
et déclarer pourtant que, malgré cette infériorité, il serait
dangereux de toucher à leur organisation.C'est
que l'observation la plus attentive des faits de l'histoire m'a
toujours montré que les organismes sociaux étant aussi compliqués
que ceux de tous les êtres, il n'est pas du tout en notre pouvoir
de
leur faire subir brusquement des transformations profondes. La
nature
est radicale parfois, mais jamais comme nous l'entendons, et c'est
pourquoi la manie des grandes réformes est ce qu'il y a de plus
funeste pour un peuple, quelque excellentes que ces réformes
puissent théoriquement paraître. Elles ne seraient utiles que s'il
était possible de changer instantanément l'âme des nations. Or le
temps seul possède un tel pouvoir. Ce qui gouverne les hommes, ce
sont les idées, les sentiments et les mœurs, choses qui sont en
nous-mêmes. Les institutions et les lois sont la manifestation de
notre âme, l'expression de ses besoins. Procédant de cette âme,
institutions et lois ne sauraient la changer.L'étude
des phénomènes sociaux ne peut être séparée de celle des peuples
chez lesquels ils se sont produits. Philosophiquement, ces
phénomènes
peuvent avoir une valeur absolue; pratiquement ils n'ont qu'une
valeur relative.Il
faut donc, en étudiant un phénomène social, le considérer
successivement sous deux aspects très différents. On voit alors que
les enseignements de la raison pure sont bien souvent contraires à
ceux de la raison pratique. Il n'est guère de données, même
physiques, auxquelles cette distinction ne soit applicable. Au
point
de vue de la vérité absolue, un cube, un cercle, sont des figures
géométriques invariables, rigoureusement définies par certaines
formules. Au point de vue de notre œil, ces figures géométriques
peuvent revêtir des formes très variées. La perspective peut
transformer en effet le cube en pyramide ou en carré, le cercle en
ellipse ou en ligne droite; et ces formes fictives sont beaucoup
plus
importantes à considérer que les formes réelles, puisque ce sont
les seules que nous voyons et que la photographie ou la peinture
puissent reproduire. L'irréel est dans certains cas plus vrai que
le
réel. Figurer les objets avec leurs formes géométriques exactes
serait déformer la nature et la rendre méconnaissable. Si nous
supposons un monde dont les habitants ne puissent que copier ou
photographier les objets sans avoir la possibilité de les toucher,
ils n'arriveraient que très difficilement à se faire une idée
exacte de leur forme. La connaissance de cette forme, accessible
seulement à un petit nombre de savants, ne présenterait d'ailleurs
qu'un intérêt très faible.Le
philosophe qui étudie les phénomènes sociaux doit avoir présent à
l'esprit, qu'à côté de leur valeur théorique ils ont une valeur
pratique, et que, au point de vue de l'évolution des civilisations,
cette dernière est la seule possédant quelque importance. Une telle
constatation doit le rendre fort circonspect dans les conclusions
que
la logique semble d'abord lui imposer.D'autres
motifs encore contribuent à lui dicter cette réserve. La complexité
des faits sociaux est telle qu'il est impossible de les embrasser
dans leur ensemble, et de prévoir les effets de leur influence
réciproque. Il semble aussi que derrière les faits visibles se
cachent parfois des milliers de causes invisibles. Les phénomènes
sociaux visibles paraissent être la résultante d'un immense travail
inconscient, inaccessible le plus souvent à notre analyse. On peut
comparer les phénomènes perceptibles aux vagues qui viennent
traduire à la surface de l'océan les bouleversements souterrains
dont il est le siège, et que nous ne connaissons pas. Observées
dans la plupart de leurs actes, les foules font preuve le plus
souvent d'une mentalité singulièrement inférieure; mais il est
d'autres actes aussi où elles paraissent guidées par ces forces
mystérieuses que les anciens appelaient destin, nature, providence,
que nous appelons voix des morts, et dont nous ne saurions
méconnaître la puissance, bien que nous ignorions leur essence. Il
semblerait parfois que dans le sein des nations se trouvent des
forces latentes qui les guident. Qu'y a-t-il, par exemple, de plus
compliqué, de plus logique, de plus merveilleux qu'une langue? Et
d'où sort cependant cette chose si bien organisée et si subtile,
sinon de l'âme inconsciente des foules? Les académies les plus
savantes, les grammairiens les plus estimés ne font qu'enregistrer
péniblement les lois qui régissent ces langues, et seraient
totalement incapables de les créer. Même pour les idées de génie
des grands hommes, sommes-nous bien certains qu'elles soient
exclusivement leur œuvre? Sans doute elles sont toujours créées
par des esprits solitaires; mais les milliers de grains de
poussière
qui forment l'alluvion où ces idées ont germé, n'est-ce pas l'âme
des foules qui les a formés?Les
foules, sans doute, sont toujours inconscientes; mais cette
inconscience même est peut-être un des secrets de leur force. Dans
la nature, les êtres soumis exclusivement à l'instinct exécutent
des actes dont la complexité merveilleuse nous étonne. La raison
est chose trop neuve dans l'humanité, et trop imparfaite encore
pour
pouvoir nous révéler les lois de l'inconscient et surtout le
remplacer. Dans tous nos actes la part de l'inconscient est immense
et celle de la raison très petite. L'inconscient agit comme une
force encore inconnue.Si
donc nous voulons rester dans les limites étroites mais sûres des
choses que la science peut connaître, et ne pas errer dans le
domaine des conjectures vagues et des vaines hypothèses, il nous
faut constater simplement les phénomènes qui nous sont accessibles,
et nous borner à cette constatation. Toute conclusion tirée de nos
observations est le plus souvent prématurée, car, derrière les
phénomènes que nous voyons bien, il en est d'autres que nous voyons
mal, et peut-être même, derrière ces derniers, d'autres encore que
nous ne voyons pas.
INTRODUCTION
L'ÈRE
DES FOULESÉvolution
de l'âge actuel.—Les grands changements de civilisation sont la
conséquence de changements dans la pensée des peuples.—La
croyance moderne à la puissance des foules.—Elle transforme la
politique traditionnelle des États.—Comment se produit l'avènement
des classes populaires et comment s'exerce leur
puissance.—Conséquences nécessaires de la puissance des
foules.—Elles ne peuvent exercer qu'un rôle destructeur.—C'est
par elles que s'achève la dissolution des civilisations devenues
trop vieilles.—Ignorance générale de la psychologie des
foules.—Importance de l'étude des foules pour les législateurs et
les hommes d'État.
Les
grands bouleversements qui précèdent les changements de
civilisations, tels que la chute de l'Empire romain et la fondation
de l'Empire arabe par exemple semblent, au premier abord,
déterminés
surtout par des transformations politiques considérables: invasions
de peuples ou renversements de dynasties. Mais une étude plus
attentive de ces événements montre que, derrière leurs causes
apparentes, se trouve le plus souvent, comme cause réelle, une
modification profonde dans les idées des peuples. Les véritables
bouleversements historiques ne sont pas ceux qui nous étonnent par
leur grandeur et leur violence. Les seuls changements importants,
ceux d'où le renouvellement des civilisations découle, s'opèrent
dans les idées, les conceptions et les croyances. Les événements
mémorables de l'histoire sont les effets visibles des invisibles
changements de la pensée des hommes. Si ces grands événements se
manifestent si rarement c'est qu'il n'est rien d'aussi stable dans
une race que le fond héréditaire de ses pensées.
Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!
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