Quand l’éducation rate ! - Dieudonné Lukundula Ramazani - E-Book

Quand l’éducation rate ! E-Book

Dieudonné Lukundula Ramazani

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Beschreibung

"Quand l’éducation rate !" explore les racines profondes de l’échec éducatif en Afrique, pris dans l’étau d’un héritage colonial figé et inadapté aux réalités locales. Dieudonné Lukundula Ramazani y dénonce une instruction qui forme des mémorisateurs sans autonomie ni utilité sociale. Il propose une refondation du système basée sur une pédagogie contextualisée, vivante et dialogique. L’éducation y est pensée comme un acte de libération, un vecteur d’humanité, et non comme une simple transmission verticale. L’auteur appelle à revaloriser la relation entre élève, enseignant et parent dans une dynamique d’harmonie et de co-construction. Un plaidoyer engagé pour une école africaine qui instruit sans aliéner et élève sans exclure.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dieudonné Lukundula Ramazani conjugue rigueur académique et passion éducative. Diplômé en Philosophie et en Éducation de la Catholic University of Eastern Africa, il poursuit aujourd’hui une double spécialisation en théologie à St Mary’s University de Twickenham et en langue arabe maghrébine à la SOAS de Londres. Son œuvre, à la fois analytique et poétique, interroge avec acuité les fractures éducatives, identitaires et culturelles du continent africain. Auteur prolifique, il fait de chaque ouvrage un acte de résistance intellectuelle et de reconstruction sociale. Chez lui, la plume est un outil d’éveil collectif, au service d’une Afrique qui pense et se pense autrement.

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Seitenzahl: 245

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

Dieudonné Lukundula Ramazani

Quand l’éducation rate !

Essai

Copyright

© Lys Bleu Éditions – Dieudonné Lukundula Ramazani

ISBN : 979-10-422-7495-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

1. Quelle pédagogie en Afrique pour nos écoles en postmodernité ?

– Date de publication : 30 novembre 2022 ;

– Lieu de publication : International Book Market Service Ltd ;

– Langue : Français ;

– ISBN : 978-62-034-4532-9.

Résumé : Cet ouvrage est une extension d’un projet de recherche mené au Collège Don Bosco de Philosophie et Éducation, affilié à l’Université Catholique d’Afrique de l’Est à Nairobi, Kenya. Il examine les facteurs influençant le succès de l’éducation formelle, avec des études de cas en Tanzanie et en Tunisie.

2. Au C(h)œur des IMMIGRÉS : Homocentrisme ou postmodernisme ?

– Date de publication : 29 mars 2024 ;

– Lieu de publication : Éditions Muse ;

– Langue : Français ;

– ISBN : 978-62-049-7412-5.

Résumé : Ce livre aborde les réalités des immigrés africains, en questionnant les approches centrées sur l’humain face aux défis du postmodernisme.

3. Le Tiers Monde aux controverses migratoires

– Date de publication : 30 mars 2023 ;

– Lieu de publication : Éditions Muse ;

– Langue : Français ;

– ISBN : 978-62-049-6440-9.

Résumé : Dans cet ouvrage, l’auteur analyse les débats contemporains sur les migrations en lien avec les pays du Tiers Monde.

4. Ubuntu : Réponse au conflit entre Maghreb et Afrique subsaharienne

– Date de publication : 31 mars 2024 ;

– Lieu de publication : Éditions Muse ;

– Langue : Français ;

– ISBN : 978-62-049-7411-8.

Résumé : Ce livre propose une réflexion sur la philosophie Ubuntu comme solution aux tensions entre différentes régions africaines.

5. Nel cuore degli immigrati? Homocentrismo o postmodernismo

– Date de publication : 2022 ;

– Éditeur : BookSprint Edizioni ;

– Langue : Italien ;

– ISBN : 978-88-249-8264-1.

À Angabu Marie-Jeanne, ma mère,

fontaine intarissable de tendresse et du courage non énuméré.

À ma province SDB/CNA, berceau de mes engagements.

Et tout particulièrement à Madame Emna Toumi Baidi,

pour la générosité de son accompagnement manifeste.

Puisse Allah la protéger et la récompenser au centuple.

Introduction

Tant que les institutions éducatives en Afrique hésiteront à accepter la révision maximale du système éducatif pour l’adapter aux réalités locales et à la fonctionnalité significativement sociale et politique de ses acteurs et bénéficiaires, les penseurs devront continuer de poser, en faveur de l’amélioration de ces derniers, des questions pratiquement éducatives incitant les Africains à prendre conscience de ce qu’ils veulent vraiment. Ces questions sur leurs existences sont posées dans ce livre. Qu’est-ce qu’on veut ? Pour qui et pourquoi étudions-nous si nos diplômes ne sont pas admis directement dans les pays africains eux-mêmes et dans les autres continents ? Étudier enfin pour devenir chômeur dans la société après 17 ans passés au bas de l’école ? Ces questions nous obligent à réactualiser les facteurs clés et essentiels de l’enseignement, trop souvent négligés par beaucoup, voire par tous. Cet ouvrage vise deux choses : la première chose, c’est la démonstration de facteurs d’enseignement en vigueur depuis la colonisation jusqu’ici. Et la deuxième chose, c’est l’examen de l’actuel état des bénéficiaires. Tout en s’efforçant de démontrer l’originalité et l’importance de « l’éducation assistée ou préventive, puis pragma-traditionnelle » par les acteurs physiques tentant de donner certaines réponses pouvant aider l’intéressé. L’intérêt de parler de la qualité de ces acteurs est alors nécessaire, de parler de leur conscience à la tradition pédagogique et de pédagogie pratique et vraie. Car ce qui est vrai aujourd’hui est ce qui joue la correspondance entre ce qui est enseigné et ce qui croise la soif d’emploi de l’élève dans sa société.

Bien que l’Afrique dispose d’une forme d’éducation formelle qui intègre certaines pratiques traditionnelles d’autres régions, il est regrettable que ces méthodes répondent souvent aux besoins d’autres pays au lieu de répondre aux défis auxquels sont confrontés les jeunes Africains en Afrique. Ici, sur le continent, dans de nombreuses zones rurales, le système éducatif est obsolète et inefficace, ce qui freine le développement d’agents sociaux.

Cet ouvrage examine curieusement l’état actuel de l’éducation en Afrique, ses caractéristiques uniques en besoin de les rendre au service des attentes locales, et propose un modèle mieux adapté pour le bien du continent. Cette quête va aussi jeter un œil sur la santé et l’avenir de l’infrastructure sur laquelle se déroule l’enseignement des Africains ; le tournant du complément dans l’enseignement ; et la nécessité de l’aumônerie dans la vie de l’école. Tout en gardant à l’esprit que la modernisation de ces éléments facilitera une éducation pratique productive répondant aux questions existentielles africaines. La rédaction de ce travail est faite sous forme de recherche sur laquelle l’auteur a envoyé les questionnaires aux répondants qui rendent cet ouvrage si riche et factuel. Les termes « auteur » et « chercheur » sont utilisés de manière interchangeable dans ce travail, dont l’objectif est de proposer l’adoption d’un autre système éducatif mieux adapté aux réalités et besoins des bénéficiaires africains.

État du problème

Après avoir visité quelques cultures vibrantes de l’Afrique du Nord, de l’Est, du Sud et du Centre, et ayant arpenté les rues historiques de quelques pays européens, j’ai eu la chance de m’intéresser aux espoirs et aux aspirations de leurs jeunes. On y perçoit un désir palpable de bonheur qui résonne profondément, juxtaposé aux réalités de leurs systèmes éducatifs.

Dans mes observations, je constate un contraste frappant : d’un côté, on trouve une dureté, une cruauté qui semble presque systémique, tandis que de l’autre côté, des lueurs de progrès transparaissent, signalant le potentiel de changement. Il me semble de plus en plus évident que les cadres éducatifs utilisés aujourd’hui, malgré des contextes sociaux riches et variés, partagent une similitude remarquable. Cette uniformité, je crois, n’est pas une coïncidence ; c’est un héritage des systèmes éducatifs introduits en Afrique par l’arrivée des colons. Les complexités de cette histoire continuent d’influencer le présent, façonnant les expériences des étudiants à travers le continent.

Ce système semble être mis à jour avec succès dans diverses régions, mais, une fois mis en œuvre, il fonctionne bien aux côtés de son concepteur, qui est européen. En revanche, ce système éducatif en Afrique rencontre des difficultés. Le contexte africain exige une approche différente ; certes, il ne peut pas adopter les mêmes méthodologies éducatives et les mêmes recommandations que celles mises en œuvre par le concepteur, qui comprend mieux le contexte européen qu’africain. Bien que ce système ait ses défauts en Europe, il est généralement respecté, car il est bien financé, ouvert à la critique locale et adaptable en période d’incertitude. Ce n’est pas le cas en Afrique.

Pour que ce système fonctionne efficacement en Afrique, il doit d’abord s’aligner sur l’intention du concepteur. Si les consommateurs africains le rejettent sans en créer un pour le remplacer, les conséquences peuvent être importantes. Ensuite, il doit être financé considérablement et sans équivoque, comme cela est visible en Europe. Sans financement approprié, son efficacité diminue. Enfin, si les critiques locales sont les bienvenues, car tout système, pour bien fonctionner, doit être critiqué, et si cela est le cas en Afrique, malheureusement, il manque des dirigeants autochtones courageux prêts à adapter le système au contexte local, en raison de la peur de l’étranger et du manque de financement.

Chaque nouveau système éducatif est établi soit pour améliorer le système existant, soit pour affirmer son identité distincte en tant qu’approche novatrice. En Europe, les systèmes éducatifs qui font l’objet d’une révision régulière sont réactifs aux défis existentiels auxquels sont confrontés les jeunes dans la société qui est la leur ; en particulier, l’enseignement reçu dans les écoles devra nécessairement être le reflet d’expériences quotidiennes. Les normes sociétales auront pour conséquence d’inciter les établissements d’enseignement à équiper les étudiants en fonction des besoins sociaux perçus. Lorsque les besoins fondamentaux d’un jeune sont satisfaits, ce même jeune aura tendance à rechercher d’autres besoins supplémentaires dans son environnement familial qui vont l’occuper scientifiquement et le rendre actif, et c’est ce qui pousse à la continuité de la curiosité scientifique. Cela est vécu en Europe, malheureusement. Le problème de l’enseignement en Afrique est primordialement dépendant de la docilité dans la conformité à cent pour cent de leur système éducatif à celui des Européens. À titre d’exemple, quand tu es en Afrique, les écoles te disent : « Ici, nous suivons le système francophone ou anglophone. » Ce qui ne va guère permettre aux Africains de réfléchir comme des scientifiques indépendants. Car tous leurs systèmes éducatifs leur apprennent à penser par les autres. Parce que tout système qui veut se conformer à un système de l’autre bord doit soit s’inscrire aux normes historiques de son concepteur pour ne plus être considéré comme un peuple indépendant, soit le système est du type indépendant, mais qui prend certains bons exemples didactiques chez autrui ; et cela va permettre à ce système de s’actualiser selon les aspirations des consommateurs. Ou alors on crée son système et on l’impose aussi aux annales des fabricants. C’est cela la vraie conformité : quand un système est le reflet de consommateurs, pas de concepteurs. Et quand les concepteurs se rencontrent dans le marché de la différentiation des articles, ils deviennent tous clients de tous.

Certains pays en Afrique postmoderne suivent à la loupe le vieux système éducatif du colon, que le colon lui-même n’a pas pu s’en garder chez lui. Ces écoles ont, jusqu’à aujourd’hui, le tableau noir, le maître à la figure d’intimidateur à la moustache, et ces dernières continuent d’importer les craies blanches, les doctrines d’ex cathedra et les vieux livres des colons. Le système est en innovation, chaque seconde qui passe, tant que le besoin de l’élève naît en seconde.

À titre illustratif, on peut observer la prévalence du tutorat en Europe financé et obligé par l’État pour les étudiants en Europe. Donc, chaque élève a un tuteur qui le suit de près. En outre, il convient de considérer combien de ces étudiants, une fois leur parcours éducatif terminé, ont déjà une compréhension des carrières qu’ils sont susceptibles de poursuivre. Il est important de noter que les jeunes apprenants sont souvent traités avec respect et sont considérés comme des adultes miniatures dès leur plus jeune âge.

Du point de vue de ceux qui s’occupent de l’éducation en Europe, il est pertinent de se demander si le programme d’études délivré aux étudiants européens englobe le contenu éducatif pertinent pour l’ensemble du contexte mondial qui est imposé à chaque élève. Je dirai tout de suite, non. Aucun élève en Europe ne perd son temps à devenir encyclopédique, leur système ne forme pas de mémorisateurs, mais par contre, de compétents pragmatistes. Inversement, il est essentiel de poser des questions similaires concernant le paysage éducatif en Afrique.

Les systèmes anciens (du colon) en vogue auprès de beaucoup d’étudiants africains façonnent ces derniers en encyclopédistes mémorisateurs de connaissances grâce à des enseignants aussi encyclopédiques. Ces élèves sont assis toute la journée dans la même salle de classe, avec la seule opportunité de la mobilité seulement lors de la récréation ou lors de l’heure d’EPS (Éducation Physique et Sportive). Si cette approche a ses mérites, elle peut détourner l’attention des réalités pratiques. Les étudiants s’investissent pleinement dans leurs études, mais les sociétés restent inconscientes des défis et des attentes du marché du travail qui attendent ces étudiants après l’obtention de leur diplôme. Ce décalage est particulièrement vécu dans beaucoup d’universités africaines, où la présence de tutorat est vue en dernière année d’études seulement, quand l’étudiant prépare son travail de fin de cycle (TFC).

En outre, le système éducatif dans son ensemble reflète souvent un modèle de copier-coller, manquant d’innovation et de réactivité aux demandes du monde réel. Ce problème systémique est aggravé par deux lacunes critiques : tout d’abord, le budget alloué au fonctionnement global et à l’amélioration des établissements et de l’enseignement est déplorable ; puis, moins sérieux, ensuite, le cadre existant ne parvient souvent pas à répondre aux besoins urgents d’une population en croissance et en difficulté d’être confidents dans la langue d’enseignement qui est tout aussi celle du colon, ce qui laisse de nombreux diplômés mal préparés à s’épanouir dans les domaines qu’ils ont choisis. En conséquence, le vieux système éducatif non seulement étouffe le potentiel, mais perpétue également les cycles de pauvreté et de sous-emploi chez les jeunes Africains.

La preuve est palpable, lorsque nous parlons de l’Afrique aujourd’hui partout ailleurs, qui omet de nous dire que c’est un continent qui n’a que pauvreté, tricherie, corruption, animalité, vol, crise économique, prostitution et qui débouche sur le trafic de gangs et qui conduit à l’afflux de migration clandestine.

Que faut-il revoir ?

L’éducation est l’une des ressources les plus précieuses que nous puissions imaginer. Elle a le pouvoir de façonner les individus et de répondre aux besoins des apprenants et de leurs communautés. Plusieurs éducateurs ont montré qu’une personne sans éducation a souvent du mal à trouver sa place dans la société. Cependant, dans quelle mesure cette perspective est-elle « vraie » ou « cohérente » lorsque nous considérons la réalité de la vie d’un étudiant ? Il est urgent de mettre en place un système rationnel capable d’assurer la stabilité sociale des étudiants africains une fois qu’ils ont terminé leurs études.

Cela nous permet d’approfondir les besoins de l’étudiant et de déterminer s’il a besoin d’éducation ou d’instruction directe. L’éducation peut parfois être insuffisante, et même ceux qui sont instruits peuvent avoir du mal à appliquer efficacement ce qu’ils ont appris. Bien avant d’avancer, distinguons ces deux termes, éducation et instruction.

Quelle est la différence entre éducation et instruction ? Le fait de tenir compte de cette distinction pourrait-il aider à résoudre les problèmes que les Hellènes africains et les dirigeants d’État semblent avoir négligés ? L’instruction est généralement plus ciblée et peut être utilisée à la fois dans le cadre éducatif et pour des problèmes spécifiques et ciblés.

Elle se déroule généralement dans un laps de temps court et se transmet principalement verticalement, de l’instructeur à l’instruit, laissant peu de place à la réciprocité. Cette approche n’est pas viable pour l’avenir de la société dite aujourd’hui ouverte ou cosmopolitaine. En d’autres termes, l’instructeur est constamment présent devant ses instruits et, par cette présence, il est considéré comme un adulte pour eux. Il n’a donc pas la possibilité de créer et de collaborer pour innover en réponse pratique conforme aux problèmes existentiels.

On peut affirmer que l’instruction hors de l’éducation utilise rien qu’une méthode plus oppressive que préventive. À première vue, cette approche interdit presque entièrement le dialogue, car elle repose davantage sur des ordres que sur la communication. De plus, elle ne tient pas compte de la créativité des élèves, car toutes les leçons sont prédéterminées. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les écoles ont tendance à stagner à répétition. Donc, il n’y a donc pas de nouveauté dans l’enseignement et ça dégoûte l’apprenant. C’est ce qui arrive lorsque l’enseignement se réduit à une simple instruction, dépourvue de véritable éducation.

De nombreux instructeurs ont été formés dans un domaine spécifique de manière systématique et logique. Malheureusement, ils bénéficient souvent d’un soutien social médiocre. Leur rôle auprès des élèves est resté largement inchangé : ils se concentrent sur la transmission d’informations exactement telles qu’elles sont, sans tenir compte des idées personnelles ou des connaissances alternatives qui pourraient être innovantes et constructives pour la société. Dans ce contexte, l’enseignant devient en quelque sorte l’esclave des méthodes et des manuels traditionnels.

L’éducation, si ça doit être le cas dans la plupart des écoles, devra par contre maintenir l’intention intégrationniste et coopérative. Ayant l’intention toutefois du façonnement de la « pédagogie » et du « système éducatif » fait pour chaque concept et circonstance sociale. Ce qui exclut l’imposition de quelconque système aux paysans ayant un contexte contraire aux autres. Le fait d’avoir réalisé que ces deux termes, néanmoins, sont contenus dans le façonnement humain, desquels l’instruction ne joue que la servante et l’éducation, son propriétaire. Voilà l’aubaine de parler résolument d’une nouvelle marque de l’éducation pour les peuples africains en postmodernité. La considération de ces procédés ouvre la voie à un processus sélectif et réfléchi, destiné à mieux répondre à la problématique de ce que signifie « être élève » et de le demeurer au sein de la société contemporaine.

Cette éducation voulue est le pion moteur du démarrage de l’émancipation humaine contre toute aliénation moderne. Mais hélas, comment, sur base de quoi et pourquoi éduquer dès à présent ? N’est-ce pas trop tard ? Pourtant, on ne peut parler d’éducation si l’on ne sait pas où elle nous amène. Ce qui montre assurément que la société reste consciente des aspirations de son peuple. L’éducation, pour celui qui s’en excite, conduit toujours vers une tangible preuve. Certes, car c’est elle qui pousse l’être à agir pour son devenir. Cette assertion semble alarmer l’homme sous-développé, où qu’il soit. N’est-ce pas qu’il s’éduque aussi pour s’appeler peuple développé ?

L’éducation, nous osons croire, est le cœur de l’humanité, la clé du développement formel et le chemin unique vers la modernité entière de l’homme. En dehors de sa considération étymologique, comme educare ou educere, qui renvoient à l’idée de faire grandir, d’élever, de faire sortir de soi et de tendre vers un vouloir-devenir… Utilisons ce même angle, mais dans le sens plus clair comme la seule clé manquante qui ouvre complètement la porte du trésor de tout un peuple. C’est-à-dire considérer l’éducation comme la volonté collective des êtres humains à s’élever au plus profond de l’humanité. Pour commencer la marche vers la reconnaissance de ladite volonté commune, il faut que l’homme soit rappelé, ce qui appelle à la réminiscence platonicienne. Ici, ça joue son rôle alors. Être interrogé par l’autre, s’adonner au dialogue avec lui qu’on ne prend pas comme seul modèle d’imitation, mais qui me facilite la chance de revoir mon actualité afin de reconstruire ce qui va me rendre au marché de coopérants gagnant-gagnant.

Rappeler à l’homme, à travers le dialogue, l’importance de rattraper le temps perdu en se tournant vers ce qui construit, au lieu de se laisser distraire par des débats progenre ou des concurrences aux relents de propagande paternaliste. L’acte de dialoguer est une partie considérable de l’éducation. Comment cela peut-il l’être ? Évidemment, le fait de tenir l’attention et l’intérêt de l’autre sur ce que veut sa société aujourd’hui nécessite une méthode d’approche. N’est-ce pas là une manière de transmettre une conviction ? Voilà comment est née notre conception sur l’éducation. Cette conviction de se poser la question « à quoi nous sert l’instruction ou même l’éducation » si la société rationnelle et humaine est la seule dépourvue de toute valeur humaine et de progrès !

Le contact direct et indirect, à long ou à court terme, du respect et de la solidarité des sociétés entre elles ou envers les individus dans leurs échanges culturels et axiologiques, ça s’appelle s’éduquer. L’éducation utilise un seul terrain, ce qui n’est d’abord ni la maison ni l’école, non pas un quelconque établissement, mais c’est le cœur de l’homme. Disait Don Bosco, le pédagogue italien, que l’éducation est une affaire du cœur. Bien dit.

Voilà où l’on doit commencer si on veut transformer l’humain en l’homme. Le sentir avant de le connaître. Puis travailler avec lui pour l’instruire. Aimer ce que mon cœur trouve digne, le valoir et le vouloir à tous dans la société. Mais cela ne signifie pas que l’éducation est quelque chose pour un groupe d’individus seulement dans la société des normaux. Non, s’il y a la chance d’aimer, c’est-à-dire de dialoguer, que cela soit fait pour tous. Comme on peut ne pas dialoguer avec tous, mais que la société permette que chacun dialogue avec qui il veut. L’instruction attachée à la parcelle de l’éducation est justement une cadence parmi les cadences présentes en éduquant. Par ricochet, nous n’aimerions pas utiliser une autre cadence que celle « d’instruire en dialoguant », ce qui signifie « éduquer ». Car personne n’est instructeur de personne, on s’instruit ensemble. Et on ne peut jamais parler d’élévation des élèves (peuples) au rang des éduqués s’il n’y a pas dialogue et amitié. Il n’y a de dialogue qu’entre amis. Ce qui va d’ores et déjà nous conduire à exclure la considération de l’éducation (instruction) devant un peuple comme une doctrine ex cathedra.

Dans ce sens, la société humaine dans laquelle existe un système éducatif stérile va prendre le devoir en main de se diriger sur une des perspectives de l’éducation, qui est sa modernisation. La modernisation du vieux système et du vétuste bâtiment du colon d’où vivent et se rencontrent jusqu’ici les agents de l’éducation, qui sont : l’école, la relation humaine, la maison interactionnelle et l’État africain.

Le souhait est d’offrir à l’Africain l’opportunité de s’élever et de se libérer des étiquettes de peuple non civilisé. Un second souhait serait que, après avoir compris – en tant que peuple – le type d’éducation qui nous redonne de la valeur sur la scène internationale, tel que proposé dans ce livre, et qui nous permet de gagner notre place à la table, le travail se concentre alors sur la standardisation de cette éducation. Et comment arriver alors à ce stade ? Ce n’est pas uniquement le devoir des détenteurs du pouvoir ; toutefois, il leur incombe d’entretenir et de clarifier les rôles des trois acteurs clés de l’éducation : l’enseignant (ou surveillant), l’élève et le parent. Qui sont-ils ? Que font-ils l’un à côté de l’autre ? Et où veulent-ils arriver ?

C’est à ce point que ce livre se dirige, c’est-à-dire d’analyser les qualités des relations existentielles entre ces trios afin de proposer le chemin sur lequel commencer la marche vers le développement des opprimés. Malgré que certains penseurs optent pour le fait que l’homme ne sera jamais égal à l’autre, tant mieux. Mais le plus essentiel est de savoir ce qui rend tel homme inégal à l’autre. Pauvre comparativement à l’autre. Alors qu’ils sont tous porteurs du même titre académique. Ils ont tous parachevé le même système éducatif.

La grande question à se poser – et qui pousse certaines sociétés à balbutier – est la suivante : « Pourquoi, après avoir suivi assidûment des études (l’éducation formelle), tant de personnes restent-elles pauvres, voire réduites à la mendicité, alors qu’on leur avait affirmé que seule l’éducation formelle était la clé du développement ? »

La modernisation équitable et la standardisation à partir de la relation humaine peuvent-elles apporter un nouvel air dans le jugement de « qui est l’autre » pour le monde ? Le continent d’Afrique, dans sa majorité, pour bien atterrir sur les preuves, retient l’attention ici. La majorité des écoles sur ce continent, malgré qu’elles participent assidûment à produire des élites chaque année, éprouvent le désir d’avoir une relation moderne et une standardisation du système éducatif utilisé localement, daté et imposé. Un nouveau système indépendant à utiliser au besoin qui permettra à un lettré africain de manger à sa faim, de mener une vie digne et paisible. À quoi ça sert, cette éducation, si elle ne parle pas le même langage que les besoins de l’homme et de sa société ? C’est bien longtemps que l’éducation formelle fut pour les colonies un apanage d’élévation. Maintenant, elle devra être pour ces colonisés en développement une opportunité de s’en réjouir. Certains parents, enseignants et quelques élèves de treize pays d’Afrique, comme l’indiquent les graphes ci-dessous, nous accompagnent à répondre à tous ces questionnements.

Pays ciblés

Source : auteur, 2023

Dans cette figure, le chercheur montre le nombre de pays ciblés, 13 sur 54 pays que compose le continent africain. Le choix de l’auteur sur ces pays est d’ordre linguistique et régional. Comme on peut le constater, les quatre points cardinaux sont bien représentés : les répondants viennent de la Tunisie à la République sud-africaine, du Togo à la Tanzanie, ainsi que d’autres pays africains inclus, bien que non explicitement cités. Leur diversité nourrit l’inspiration de cette réflexion. Ces pays ciblés, presque tous, sont les anciennes colonies anglaises, françaises, arabophones, allemandes, etc. Malheureusement, plus de 80 % des répondants proviennent de la République démocratique du Congo. Cela, bien que le pays en question soit celui d’origine de l’auteur, n’empêche pas ce travail de se concentrer sur les besoins du système éducatif dans l’Afrique postmoderne. Alors que la Tunisie, le Zimbabwe, la République sud-africaine et la Namibie ne se départagent pas moins de 5 % des répondants, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda et le Sud-Soudan de l’autre côté concourent avec 11 %. Cependant, les répondants du Nigeria, du Cameroun, du Togo et de Madagascar, malgré le fait qu’ils occupent le bas de l’échelle, contribuent avec 4 % de données à cette recherche.

Toutefois, il est à noter qu’ici, le terme « surveillant » utilisé est différemment mis en exergue en Afrique. Par exemple, dans certains pays africains, le surveillant est à distinguer de l’enseignant. Ce qui est contraire avec beaucoup d’autres pays au sein du continent. Un surveillant au Congo et en Tanzanie, par exemple, est enseignant au même moment. Et cela fonctionne depuis et déjà.

Source : auteur, 2023

Ce graphique ci-dessus montre le nombre de participants divisé en trois catégories : enseignants, parents et élèves. Le premier groupe est composé d’enseignants, de surveillants et d’enseignants-surveillants. Parmi les parents du deuxième groupe, le chercheur a ciblé les parents dont certains travaillent ou collaborent déjà dans ou avec des écoles, certains qui ont leurs enfants dans la même école où ils ont étudié et d’autres qui sont nouveaux dans le milieu scolaire et n’ont pas de liens directs avec des écoles à proximité. Le dernier groupe est celui des élèves qui sont ici les répondants par excellence. Bien que les répondants soient des élèves des différentes écoles ciblées et ceux qui viennent d’être interviewés, car ils possèdent toute la maturité recherchée par le chercheur, les écoles n’ont pas été affectées par les questionnaires. À la place de ce dernier, l’auteur a par contre utilisé l’observation. Cependant, chaque groupe a reçu 50 questionnaires de la part du chercheur. Un total de 46 réponses ont été retournées sur 50 questionnaires auprès des parents. C’est-à-dire que plus de 90 % des répondants ont accusé réception et ont renvoyé le feed-back. Suivi par 34 enseignants sur 50, ce qui montre que 60 % des enseignants ont répondu. Et 21 élèves sur 50 ont répondu. Ce qui représente 40 % des élèves ayant répondu.

Les élèves qui ont soumis leurs réponses sont classés dans le tableau ci-dessous selon leurs niveaux. Il s’agit principalement d’élèves de collèges, de lycées et d’universités. Pour les écoliers (élèves), le chercheur a utilisé l’observation comme méthode de collecte d’informations, car la majorité d’entre eux ont un niveau minimal de pensée critique.

Collège et lycées

Étudiants universitaires

13

8

Source : auteur, 2023

La collecte des données auprès des collégiens et des étudiants universitaires tombe dans le choix de l’auteur pour deux raisons : la première, pour les collégiens, est définie par la capacité de ces derniers à lire et à observer les faits. C’est l’âge qui permet aux répondants d’exprimer clairement leurs besoins pour leur amélioration. Et enfin, pour les étudiants universitaires, car ils ont peut-être vécu une réalité similaire (système éducatif), presque ou catégoriquement différente de celle actuelle. Ainsi, ils sont capables de retracer le problème et de proposer des solutions. Ils sont également intelligents pour présenter une volonté de continuation du système ou de sa fin. 13 répondants sur 25 des écoles secondaires, soit 50 %, ont renvoyé le feed-back. Et 8 des 25 questionnaires adressés aux étudiants universitaires ont été répondus, ce qui fait 28 % des étudiants.

Genre des participants

Source : auteur, 2023

Cette recherche a ciblé également l’espèce humaine, hommes et femmes confondus. Mais hélas, parmi ceux qui ont répondu, 70 % des répondants sont des hommes contre 30 % de femmes, qui sont tous ensemble préoccupés par le « comment faire » pour la modernisation et la standardisation du système éducatif en usage en Afrique.

Âge des répondants

Source : auteur 2023