Rester debout ! - Marie-Line Fradet - E-Book

Rester debout ! E-Book

Marie-Line Fradet

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Beschreibung

Très jeune, Marie-Line perd l’amour de sa vie de manière tragique. Elle se retrouve seule avec leur fils âgé de seulement 18 mois. Elle raconte son deuil, son parcours vers la reconstruction, et relate comment le cancer s’est insinué au milieu du chaos qu’est devenue sa vie. Cette existence bascule brusquement dans un tourbillon de larmes, de colère et d’injustice. Néanmoins, avec une touche d’humour, elle transmet aussi un message d’espoir, de joie et d’amour. Son histoire illustre comment " rester debout " face aux épreuves.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Bien qu’éloignée du monde littéraire de par son emploi, Marie-Line Fradet a longtemps nourri le désir d’écrire. La perte de son conjoint et sa lutte contre le cancer, amplifiant sa peur de la mort, l’incitent à consigner son histoire dans ce livre pour son fils. Elle offre par la même occasion son soutien à tous ceux qui traversent des moments difficiles.

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Marie-Line Fradet

Rester debout !

© Lys Bleu Éditions – Marie-Line Fradet

ISBN : 979-10-422-1952-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes proches

Préface

Un si beau livre à lire…

L’année de ta naissance, tes parents m’ont choisie pour être ta marraine, quelle fierté ! J’avais presque ton âge. Un engagement pour moi. Durant la cérémonie, lorsque le prêtre m’a demandé pourquoi j’acceptais ce rôle, quelle en était la signification pour moi, j’ai répondu que je souhaitais être là pour toi. Partager les bons comme les mauvais moments. Je me souviens avoir dit que je souhaitais pouvoir t’épauler lorsque tu en aurais besoin. Et je le pensais. Mais je n’imaginais pas que ces mots prononcés il y a 28 ans prendraient tous leurs sens, et à quel point. Quand vient le moment de remplir ce rôle, comment être sûre qu’on est dans le vrai ? Parce qu’on est démuni, parce qu’on est triste, parce qu’on n’est pas préparé à ça ! Parce qu’une jeune femme de 28 ans belle et pleine de vie comme toi a une famille, des amis. Alors, on essaie de trouver sa place, discrètement, être là…

Un jour, nous nous étions donné rendez-vous pour un déjeuner « entre filles » et la veille, tu m’as dit que tu avais quelqu’un à me présenter. Nous nous sommes retrouvées devant le restaurant, vous êtes arrivés à moto. Il t’a déposée et il est parti se garer plus loin. Et tu m’as dit : tu vas voir marraine, il est beau mais il est beau et il a des yeux, tellement beaux !!!! Et là… j’ai vu arriver un jeune homme aux yeux bleus à tomber par terre avec un sourire lumineux. C’était Vincent. Et oui ! Tout de suite, j’ai su qu’il était d’une gentillesse extraordinaire. Il avait cette façon de te regarder qui ne l’a jamais quitté. Vous avez été heureux, tellement, mais si peu de temps. La vie s’est acharnée sur vous, sur toi. Comment peut-on vivre autant de malheurs en si peu de temps ? Et tu te bats sans jamais baisser les bras. Tu forces l’admiration. Tu forces mon admiration. Je suis tellement fière de toi.

Tu as souhaité écrire, pour toi, pour lui, pour vous et aussi pour le futur. Au fur et à mesure des chapitres de ce livre, on voit à quel point tu évolues, ton écriture aussi est marquée par ce changement, tu grandis, tu mûris et tu choisis de prendre ta vie en main, car tu as décidé que tu n’avais pas d’autre choix que d’être, malgré tout heureuse, pour te sortir de ta douleur, pour te battre au mieux contre la maladie. Ton futur, c’est ton petit Gabin et aussi, je te le souhaite, plein de belles choses à venir, dans ta vie de femme, tu es jeune et belle et tu le mérites plus que n’importe qui. Cela n’effacera jamais ton passé, même si on effaçait bien Adolf, oh oui on voudrait bien l’écraser celui-là et ne plus jamais en entendre parler… Je crois qu’on ne refait pas sa vie, je déteste cette expression, on la continue, tout simplement, avec ce qu’elle a de beau, ou pas, à nous apporter, on ne choisit pas. Tu as quelques étoiles qui brillent dans le ciel pour toi. Alors, je leur demande de veiller sur toi.

Ta marraine,

Marie-Claire

La mort ne passe-t-elle pas

pour être aux maux le plus

efficace des remèdes ?

Euripide

Préambule

Marie a 26 ans, elle est infirmière depuis six ans et vit avec Vincent, leur petit Gabin et Bagheera, leur chat noir, dans un petit village situé à quarante kilomètres au nord de Clermont-Ferrand. Ils sont propriétaires d’une maison quasiment neuve.

Marie est une femme, tout ce qu’il y a de plus banal, châtain aux yeux bleus, un mètre soixante-cinq pour beaucoup trop de kilos. Toujours le sourire, une joie de vivre naturelle et un sens de l’humour parfois un peu douteux. Humour noir, 12e degré, absurde et ridicule. Elle aime pouvoir rire de tout et surtout faire rire. Une qualité pour laquelle elle pense être appréciée. Elle a très peu confiance en elle, se dévalorise beaucoup à avoir sans cesse l’impression de ne jamais en faire assez et de ne jamais être à la hauteur. Elle ne se préoccupe pas d’elle, seulement des autres. C’est ce qui l’anime dans son quotidien, autant familial que professionnel. Elle aime la vie, le monde, la foule, en fait elle aime les autres. Tellement que l’idée d’être seule est anxiogène et qu’elle préfèrerait être mal accompagnée plutôt que d’écouter le silence et de se surprendre à commenter à haute voix tout ce qu’elle fait, rien que pour ressentir la sensation d’une compagnie. Elle a un caractère bien trempé, elle est hyper active et a sans cesse besoin d’occuper ses dix doigts et surtout son cerveau.

Vincent lui a bientôt 28 ans, il est technicien de maintenance dans une grosse entreprise internationale, dont le siège se situe à Clermont-Ferrand. Il est brun aux yeux bleus, un mètre soixante-neuf (non pas soixante-dix, même s’il essaie toujours d’en prétendre le contraire) pour soixante-cinq kilos. L’humour fait aussi partie intégrante de son quotidien et lui aussi n’a aucune confiance en lui. Il est d’un caractère très calme (faux calme), extrêmement minutieux, méthodique, persévérant et donc par obligation, très buté. Quand il a une idée en tête, il ne l’a pas ailleurs mais va toujours au bout des choses.

On peut dire que le couple se complète bien, une complicité évidente et chacun sait trouver les mots pour redonner confiance à l’autre lorsque c’est nécessaire. Chouchoune et Doudoune (on ne fera pas de commentaire sur leurs surnoms respectifs) s’aiment depuis bientôt huit ans d’un amour fusionnel, passionnel, sincère, complice et haut en couleur. Un duo, qui au commencement ne présageait pas une telle histoire d’amour et qui, vous le découvrirez, ira bien au-delà d’une simple romance.

Ils sont pacsés et ont eu un petit Gabin né en 2020. Châtain aux yeux bleus, quatre-vingt-cinq centimètres d’énergie. Un caractère déjà bien marqué qui pour le coup est un joli mélange de celui de ses parents. À la fois, très carré, tout doit être à sa place et à la fois un besoin d’être en mouvement constant. Un sens de l’humour inévitable et un sourire pendu à ses lèvres presque toute la journée. Tout ce qui donnerait envie d’en avoir un deuxième, mais le couple est pragmatique et au vu de la conjoncture, ils s’arrêteront à un seul enfant. Ayant travail, maison et enfant, il est temps pour eux de penser économie, pour le plaisir, les voyages, les loisirs quelconques. Ils veulent profiter de la vie et assurer celle de leur progéniture.

Leur histoire commence en avril 2015, ils s’installent ensemble quasiment dès le début de leur relation. Ils vivent un coup chez la mère de lui, un coup chez les grands-parents d’elle jusqu’à la fin de leurs études. Une proposition de poste à Roanne sera faite à Vincent et il acceptera. L’aimant déjà éperdument et étant fraîchement diplômée aussi, elle le suit. Ce départ marque un tant soit peu une pause brutale dans leur vie, elle a 19 ans et lui 22. Terminées les soirées étudiantes et leur quotidien de jeunes amoureux clermontois. L’absence de la famille et des amis est difficile à vivre pour le couple, très proche des leurs.

Vincent très proche d’Éric, son papa, sur qui il peut toujours compter. Une passion commune les unit, le son. Bercé dedans depuis tout petit, c’est à celui qui aura le matériel le plus performant en faisant la meilleure affaire. Autant vous dire que son père le bat à chaque fois. Ils ont les mêmes goûts musicaux et Vincent essaie tant bien que mal de convertir sa bien-aimée à cette passion. Mais là où il voit la beauté des enceintes et la précision du son, Marie ne voit que des colonnes et des câbles qui encombrent son salon en ternissant et dérangeant sa décoration à laquelle elle prête beaucoup d’attention. Mais comme dans chaque couple, des compromis se font, les choses évoluent, changent, l’amour prime et vous verrez que Marie finira elle aussi par tomber dedans.

Vincent est moins proche de sa mère, Marie-Noëlle, un caractère très particulier, il passe son temps à arrondir les angles pour éviter les conflits, comme il dit souvent « c’est ma mère ». Il a une sœur, Manon, qu’il aime plus que tout et serait prêt à tout pour elle. À cette époque, elle est en pleine crise d’adolescence, n’a pas toujours les bonnes fréquentations, leur relation devient alors un peu compliquée et distante. Une chose est sûre, il ne cesse de répéter à Marie qu’elle va grandir et que leur relation évoluera positivement quand elle vivra plus chez sa mère.

Marie de son côté a une petite famille, pas très unie à ce moment-là. Un père aux abonnés absents depuis le divorce quelques années plus tôt. Grâce à Vincent, elle renouera avec lui quelques mois avant qu’il ne décède. Une relation avec sa maman, Angélique, très compliquée, elles ne se parlent plus depuis que Marie est partie vivre chez ses grands-parents maternels, mamie Martine et papy Coco, jusqu’à la fin de ses études, la cohabitation n’étant plus possible. Sa sœur Alex vivant toujours chez leur mère, elles ne se parlent plus non plus. C’est le décès de leur papa qui réunira le trio et une famille se reformera au fil du temps.

Au début de leur vie roannaise, ils reviennent les week-ends où Marie ne travaille pas, tellement leur Auvergne natale leur manque. Ils dorment souvent chez Marie-Noëlle, lieu le plus proche de chez eux et qui permet de profiter de sa sœur, d’aller voir son père et de participer aux fameux apéritifs du dimanche soir chez Annie, sa tante. Une tradition familiale à laquelle ils tenaient beaucoup et qui leur réchauffait le cœur avant de regagner les terres de la région Roannaise, toujours avec un goût amer. Ils iront de temps à autre dans la famille de Marie mais beaucoup moins souvent.

Ils finissent par espacer un peu leurs allers-retours, les week-ends Auvergnats devenant vite un marathon, comme s’il fallait voir tout le monde à chaque fois, pour ne vexer personne. Fatiguant pour le couple qui commence à se résoudre à vivre ici, puisque la mutation dans l’autre sens est impossible.

Mais de très belles rencontres finissent par se faire, notamment dans cet immeuble, devenu quasiment une collocation tellement tout le monde se voyait tous les jours et où il suffisait de crier « apéro » par la fenêtre pour que tout l’immeuble se déplace. Une bouffée d’air frais pour le couple. Il est sûr et certain qu’ils ne feront pas leur vie ici, mais ils retrouvent leur jeunesse et la joie des lendemains cuites.

En septembre 2018, ils se pacsent et déménagent dans une maison, de la location mais ils ont un terrain et de l’espace. Le quotidien devient plus léger, la famille et les amis viennent plus souvent et une réelle amitié s’est créée dans cet immeuble. Ce fameux immeuble où quelques mois avant le déménagement, alors qu’ils s’apprêtent à aller boire un énième apéro chez le voisin, Vincent demande à Marie d’arrêter sa contraception. Il ne voulait plus seulement qu’elle soit sa femme, il voulait qu’elle soit la mère de ses enfants. Ils enchaînent les tests de grossesse, toujours négatifs, et n’y parviennent pas. Ils regardaient l’immobilier aussi pour devenir propriétaires mais rien ne leur convenait. Ils comprennent très vite que rien ne fonctionnera tant qu’ils seront dans cette région. Ils doivent rentrer coûte que coûte. Miracle, la mutation à Clermont-Ferrand est enfin acceptée. On est en juin 2019 et les voilà de retour sur le sol de Vercingétorix.

Ils commencent leurs nouveaux boulots, Marie se cherche et enchaîne les petits contrats et Vincent ne fait pas ce qu’il souhaite mais le principal c’est d’être rentrés. Ils profitent de leurs amis et de leur famille. Le bonheur pour eux, le couple retrouve un équilibre, une liberté, à ce moment-là tout redevient possible. Marie trouve un poste stable dans un service de psychiatrie, ce qu’elle souhaitait plus que n’importe quel autre.

Au mois d’août 2019, ils décident de faire leur pendaison de crémaillère, entourés de leurs amis, une soirée mémorable pour tout le monde puisqu’une semaine après, lors d’une matinée ensoleillée, elle réveille Vincent, test de grossesse positif en main. Elle avait beaucoup trop bu pendant cette crémaillère mais trouvait qu’une gueule de bois qui dure une semaine commençait à faire un peu long. Elle avait vu juste puisque grandissait en elle la fusion de leur amour. Deux ans que le couple attendait ce moment. Ils sont si heureux, ce retour prend une tournure idyllique, tout était parfait, peut-être un peu trop.

Le 21 septembre 2019, c’est l’anniversaire de Marie, 24 ans cette année, papy coco est gravement malade, elle espère qu’il tiendra jusqu’à ce qu’il sache que Titou, surnom de Marie, est enceinte du premier petit-fils de la famille. Son espérance sera vaine puisqu’il s’éteindra alors même qu’elle soufflera ses bougies. Il décède le jour de son anniversaire. Elle prend cela comme un clin d’œil, comme s’il lui disait « prends le relais, Titou ». Elle occultera ce décès pendant de longues années, refusant d’en faire le deuil, malheureusement elle n’y échappera pas.

Quelque temps plus tard, ils organisent un repas pour annoncer à Gaëlle et Quentin qu’ils seraient les parrain et marraine de ce petit bout.

Gaëlle est la meilleure amie de Marie depuis leurs études, une réelle amitié entre ses deux femmes qui ne cesse de s’accroître au fil des années. Elles se sont connues à l’école d’infirmière et sont devenues deux sœurs que rien ne sépare. Elle joue un rôle crucial dans la vie de Marie et ne peut se passer d’elle. Son âme sœur au féminin. C’est aussi l’amie de Vincent depuis le collège, coïncidence ? Vous le découvrirez plus tard.

Quentin est le cousin de Vincent, inséparable depuis l’enfance, ils ont fait les 400 coups ensemble, comme des frères. Vincent voit en cette demande une façon de renouer ce lien entre les deux après un passif un peu abîmé par les épreuves du passé. Il veut retrouver son cousin, son frère. Une demande acceptée par les deux qui renforcera leurs liens à tous et bien au-delà.

On est le 10 mai 2020, Gabin est né et du haut de ses quarante-neuf centimètres et demi, un accouchement relativement rapide, dans la douleur à cause d’une péridurale qui ne fonctionnera qu’à moitié. Ce si petit bébé une fois dans leurs bras efface toute la douleur endurée et marque le top départ d’une vie à quatre (n’oublions pas le chat). Des parents comblés après deux ans d’attente, heureux, cernés et stressés.

Gabin est un bébé Covid (comme on les appelle), né la veille du déconfinement. Il est calme, toujours souriant, il a fait ses nuits tôt et comme la plupart des nouveau-nés, il a de gros soucis digestifs. Adieu, les petits déjeuners au lit, et bonjour les pyjamas pleins de traces de lait, de régurgitation, de café froid et de douches prises en plusieurs fois. Il se développe bien, marche à 11mois et à la totalité de ses dents avant ses 18 mois. Viendra ensuite la parole qui, une fois commencée, ne s’arrêtera plus, une vraie commère, comme sa mère. Une répartie rare, tout doit être toujours à sa place et une obstination dans tout ce qu’il entreprend. Une énergie débordante, un amour sans faille et sans limite.

Ils aiment leur vie de jeunes parents, même si Marie vit très mal les journées seules à la maison avec son tout petit, nous ne sommes pas loin de la dépression post-partum. Elle hâte de reprendre le travail pour avoir des conversations avec des adultes et ne pas obtenir que des « areuh » en guise de réponse même si ça ne l’empêche pas de continuer de lui raconter tout un tas de choses au quotidien.

Le duo est solide et leur parentalité née, ils n’en oublient pas leurs amis, leur famille et leur couple. Ils sortiront avec les copains dès qu’ils le pourront, feront des repas de famille et se dégageront du temps pour eux, afin de maintenir leur équilibre familial. Autant vous dire que le rythme de vie est plutôt sportif et que bizarrement les lendemains de cuite sont de moins en moins appréciés pour le coup.

En septembre de cette même année, Marie change de travail et n’en bougera plus, elle s’épanouit dans sa vie de femme, de maman et d’infirmière. Il est maintenant temps pour le couple de mettre sa famille à l’abri et de prendre le chemin de l’acquisition immobilière. Ils trouvent LA maison. Plein pied neuf avec peu de travaux et de surcroît dans leur budget. Tous les feux sont aux verts pour eux. Elle se trouve à la campagne, un peu éloignée du travail de Marie mais c’est un coup de cœur pour Chouchoune et Doudoune. Alors ils se lancent.

Juin 2021, ils s’installent après trois semaines de travaux intenses, ils sont heureux, ils ont réalisé leur rêve et vivent une vie paisible comme la plupart des foyers. Ils sont enfin propriétaires, parents et soulagés de savoir que quoiqu’il arrive leur petit Gabin serait à l’abri. Ils ne croyaient pas si bien faire…

Vous allez me dire que pour le moment c’est l’histoire d’une famille, tout ce qui a de plus commun mais je vais vous raconter la suite, comment Marie est tombée malade d’amour. Son histoire montre à quel point l’univers bouleverse nos vies, non pour y mettre une fin mais pour la faire évoluer, changer, parfois rencontrer, retrouver et emprunter de nouveaux chemins. Elle en est la preuve et je vous en fais son témoignage. Quand sa vie bascule en une fraction de seconde et qu’elle se retrouve condamnée à vivre.

Quand elle passe d’une femme comblée dans une vie bien rangée à celle d’une veuve et mère isolée du jour au lendemain, celle d’une infirmière qui quitte la blouse blanche pour la chemise d’hôpital et comment le cancer a pris sa place par perte de l’amour de sa vie. Vous découvrirez son combat au quotidien pour survivre et subsister pour tenter de ne pas succomber. Quand tout s’effondre et que l’on trouve des ressources qui semblaient insoupçonnées, voire inexistantes. Comment son fils, son entourage omniprésent, son travail, sa psychologue, son compte en banque et ses nuits seront vitaux pour elle ? « Rester debout ! » pour ne pas sombrer dans la douleur et se noyer dans l’ivresse de la tristesse.

Une histoire remplie d’émotions : tristesse, colère, haine, injustice, larmes, joie, humour, et amour qui, vous le verrez, seront pour Marie le fruit de l’espérance.

Chapitre 1

Nous sommes début mars 2022, et ce samedi a lieu le salon de la moto de Lyon. Première balade moto de l’année. À cette occasion, Vincent organise une sortie en groupe réunissant famille et amis. Il passe à peu près toutes ses soirées de cette semaine-là à préparer sa moto et celle de Quentin. Des soirées entières dans le garage à réparer d’un côté pour trouver des problèmes de l’autre. Des kilomètres parcourus pour aller chercher des pièces, tout devait être prêt pour le jour J. L’excitation se lisait dans ses yeux, il était fatigué mais tellement impatient, un enfant devant les portes de Disneyland.

Marie de son côté passe sa semaine à s’occuper de Gabin, de l’intendance de la maison, tout en jonglant avec son travail d’infirmière un tant soit peu épuisant. Le rythme est soutenu au travail, elle n’a pas pris de vacances depuis longtemps et vit un peu mal le fait de tout devoir gérer seule, pourtant elle adore ça habituellement. Mais elle voit peu Vincent et ça fait toute la différence pour elle. Il est un soutien, sa présence, son implication pour sa famille a un réel impact sur la jeune femme. Elle se rend compte à quel point elle l’aime. Alors oui, elle vit mal les premiers jours, elle se sent un peu surmenée et se sent oubliée par Vincent. Elle a plus l’habitude d’avoir moins d’attention et qu’il soit complètement pris par quelque chose d’autre. Mais son énergie débordante doit bien être quelque part, elle est juste un peu à cran et moins compréhensive que dans leur quotidien. Alors elle décide de se focaliser sur l’essentiel, son doudoune, qui en rêve jour et nuit de cette sortie. Parce que s’il y a bien une seule chose qui lui importe à elle, c’est de le voir heureux, tous les jours, de toutes les heures, de chaque minute, de chaque seconde. Alors qu’importe, elle peut bien se fatiguer pendant une semaine pour voir briller les yeux bleus perçants de son amour quand il se couche le soir.

Ils doivent recevoir un couple d’amis, Sarah et Théo, un soir de cette semaine-là. Des amis qu’ils ne voient pas souvent et elle est fatiguée, alors elle prépare un repas rapide, ce qui n’est absolument pas dans ses habitudes. Elle met toujours les petits plats dans les grands et met toujours un point d’honneur à ce que sa maison soit chaleureuse, rangée et accueillante. Ce qui avait parfois le don d’agacer Vincent, de voir Chouchoune en plein stress à chaque fois que quelqu’un venait et parfois de le faire rire tellement elle en devenait ridicule. Mais elle assumait et ne changeait pas. Ils aimaient tous les deux recevoir et là où Marie voyait cela comme la réception de la Reine d’Angleterre, maison rangée, poussière faite, verres à vin adaptés, sous tasse pour le café, multiples planches apéritives, tout devait être toujours parfait ! Vincent se serait contenté de bières à la bouteille et de chips dans leurs paquets. Mais il était inenvisageable pour elle d’ouvrir un paquet de gâteaux apéro sans les mettre dans un joli bol. Mais pour la première fois, elle fera une exception et recevra simplement, l’organisation de la semaine présalon de moto étant beaucoup trop intense.

De plus, ce week-end-là, Alex vient avec son conjoint Benoit, elle est enceinte de se son premier neveu qu’elle aime déjà énormément. Ils vivent dans le sud, à Agde, lui est propriétaire d’un restaurant, il est le cuisinier et elle la serveuse, ils font les saisons donc Alex et Marie se voient peu. Eux pouvant peu descendre entre mi-mars et fin octobre et Marie travaillant un week-end sur deux, il est compliqué de se voir alors elle hâte de voir sa sœur, sa mère viendra aussi. Une semaine intense, pour un week-end de bonheur donc elle décide d’arrêter de râler parce que finalement, elle aussi est pressée d’y être. Un week-end familial, placé sous le signe de l’amour et de la passion. Vincent remontant sur sa moto et Marie, profitant de sa petite famille, ressoudée plus que jamais.

Vendredi 4 mars soir, Alex et Benoit sont arrivés, Vincent et Quentin sont dans le garage en train de finaliser le départ encore et toujours. Marie aura entendu des « j’ai presque terminé », un bon nombre de fois cette semaine et cette fois-ci, elle rit, sachant très bien que c’était faux et que les cinq minutes seront sûrement encore des heures. Mais qu’importe, elle profitait d’Alex, en attendant que les deux mécaniciens du dimanche finissent de préparer leurs petits bijoux, pour le lendemain. Ils finissent par tous boire l’apéro et manger tous ensemble, réunis autour de cette grande table en bois, si chaleureuse, tout en écoutant de la musique. La musique est sacrée chez eux, pas un repas, une journée, une douche ou un trajet de voiture sans écouter des morceaux.

Gabin dort paisiblement depuis quelques heures dans son lit et la bonne humeur est au rendez-vous. Une soirée placée sous le signe de la légèreté, de rires et d’impatience tout de même. Vincent commence de se remplir un nouveau verre de whisky et au vu de l’heure Marie lui déconseille. Il est déjà tard et il se lève dans quelques heures pour reprendre la moto. Conseil plutôt surprenant venant d’elle. On ne va pas se mentir c’est celle des deux qui apprécie le plus l’alcool. Quand ils partent en soirée, c’est souvent lui le SAM. Alors sur ses bonnes paroles, Quentin regagne sa maison et tout le monde part se coucher, impatient que le jour se lève.

Marie se couche en premier et un sentiment étrange la traverse pourtant joyeuse et heureuse jusqu’à présent. L’angoisse et l’insécurité l’envahissent. C’est la première fois que ses sentiments lui traversent le corps, à en trembler. Mais elle décide de ne rien dire, ne voulant pas que Vincent change d’avis sur ses projets du lendemain, qu’une dispute éclate ou même pire, qu’elle lui communique ce sentiment si glacial et si terrifiant que quelque chose de terrible aller se produire. Puis ne comprenant pas, elle-même, ce qui se passait, comment pouvait-elle lui expliquer ?

Allongée sur le côté droit de leur lit, elle lui tourne le dos pour qu’il ne se doute de rien. Il sent qu’elle tremble et que les frissons sont présents. Pensant qu’elle a simplement froid, il la sert contre lui pour la réchauffer et lui déclare son amour tel un poète né. Ces doux mots résonnent encore à ses oreilles, l’expression de ses sentiments si sincères et si identiques aux siens. Une déclaration qui relèverait presque d’une demande en mariage. Les larmes coulent sur ses joues et pourtant ce n’est pas une émotive de caractère. Elle ne pleure jamais devant les films et la seule fois où c’est arrivé, c’est devant un film turc alors qu’elle était enceinte, une bonne occasion pour Vincent de rire un bon coup. Ils sont champions mondiaux de la taquinerie tous les deux. Il y a toujours une occasion pour se moquer de l’autre, une complicité éternelle et rare. L’humour c’est leur quotidien, leur bouffée d’air frais à eux, un des piliers de leur relation. Pour eux, il y en a cinq : la confiance, la communication, la complicité, l’argent et le sexe. Ces cinq piliers sont indispensables à l’équilibre de leur amour et ça fonctionne depuis le début, ou presque.

Mais ce jour-là, ce sentiment qu’une tempête va arriver ne fait que l’envahir, la transpercer, la bouleverser et en faisant sa déclaration d’amour, elle a l’impression que ses mots vont résonner longtemps en elle et qu’ils finiront par avoir un goût amer. Elle finit par se tourner de son côté, le regarde et lui dit qu’elle l’aime. L’enlace tendrement, sent son odeur comme s’il fallait qu’elle ne l’oublie jamais et ils finissent par s’embrasser langoureusement, se feront l’amour et s’endormiront l’un contre l’autre.