0,99 €
Extrait : "Ici-bas, au cinquième étage ! Une seule chambre pour nous deux et pas un sou pour payer le terme ! Si Éveline ne rapporte pas d'argent, je ne sais pas de quoi nous déjeunerons. Quelle heure est-il à ma pendule ? (Elle ouvre la fenêtre.) Neuf heures et demie ! Elle devrait être entrée. (Elle ferme la fenêtre.) Il fait froid aujourd'hui ; il faut que le poêle se soit éteint. (Elle va voir.) Rallumons-le : vite un peu de bois."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:
Seitenzahl: 36
ANTONIN : M. LANDROL.
RISETTE : Mme ROSA DIDIER.
ÉVELINA : Mme CHÉRI-LESUEUR.
S’adresser, pour la mise en scène exacte et détaillée, à M. HÉROLD, régisseur de la scène, et pour la musique à M. JUBIN, bibliothécaire copiste au Gymnase.
Chambre très modeste au fond, alcôve et lit ; à droite, au fond, placard ; à gauche, poêle ; 1er plan à droite, table et miroir, 2e plan à gauche, fenêtre et table de travail.
Elle est assise et travaille à un chapeau ; elle chante.
Elle se lève ; l’examinant. Très coquet, très coquet. Voyons comme il va. Elle le met sur sa tête, se place devant un petit miroir avec révérence. « Bonjour, ma toute belle. Bonjour, chère ! » Si l’on voulait, pourtant !… Mais, bah ! j’aime mieux mon petit bonnet de linge ! Chantant.
S’interrompant.
Ici-bas, au cinquième étage ! une seule chambre pour nous deux et pas un sou pour payer le terme ! Si Éveline ne rapporte pas d’argent, je ne sais pas de quoi nous déjeunerons. Quelle heure est-il à ma pendule ? Elle ouvre la fenêtre. Neuf heures et demie ! elle devrait être rentrée. Elle ferme la fenêtre. Il fait froid aujourd’hui ; il faut que le poêle se soit éteint. Elle va voir. Rallumons-le : vite un peu de bois. Elle ouvre le placard. Absent pour cause de congé définitif ! Qu’est-ce qu’on pourrait bien brûler ici ? Tiens, il y a encore de la chaise ! Elle met une chaise en morceaux et s’accroupit devant le poêle : elle reprend l’air du commencement en allumant le feu.
RISETTE, ÉVELINA. Elle entre vivement.
Je te conseille de chanter, la patronne du magasin n’a pas voulu m’avancer un sou ! je rapporte quatre francs. Elle les jette.
C’est toujours ça.
Et nous devons deux termes ! c’est aujourd’hui le huit ; il faut qu’à midi le déménagement soit fait.
Tu vois, je commence ; voilà une chaise à moitié déménagée.
Tu ris de tout !
Ce n’est pas pour rien qu’on m’appelle Risette. Les pleurs ne servent qu’à rendre les yeux rouges, et j’ai la faiblesse de tenir aux miens.
Pour ce que tu en fais !
Qu’entendez-vous par là, ma chère Évelina ?
Rien.
Soit, mettons que c’était une bêtise.
Je veux dire que si tu étais moins sauvage…
Moi ! je ris avec les gens tant qu’ils veulent.
C’est-à-dire que nous n’en serions pas où nous en sommes si tu avais écouté M. Gustave !
Il était trop beau.
Il t’aurait épousée.
Il était trop riche… Au choix j’aimerais encore mieux ton Jean Gigonet, bien qu’il soit un peu laid, un peu bête, et sergent au 135e de ligne.
Oui, voilà des amoureux qui rapportent gros !… ça n’a pas le sou, et il faut des dots pour les épouser.
Voilà quatre francs à compte sur la dot de M. Jean Gigonet.
Quatre francs ! cela nous fait la jambe belle !
Dis donc !… parle pour toi.
Nous en devons trente au propriétaire. Il va falloir faire notre paquet.
Heureusement ce ne sera pas long.
Et où irons-nous ?
À la grâce de Dieu, à la grâce de Dieu ! Tu vois toujours tout en noir.
C’est que la situation n’est pas rose. À midi nous serons à la porte.
Il n’est encore que dix heures ; nous avons deux heures devant nous.
Crois-tu qu’il va pleuvoir des pièces de cent sous ?