Roulette-ruse au casino - Isaline Remy - E-Book

Roulette-ruse au casino E-Book

Isaline Remy

0,0

Beschreibung

La quiétude en apparence du village des Sables-d’Or-Les Pins est perturbée par une rencontre fortuite. Servane Le Du se retrouve au centre de cet événement imprévu. L’adjudant-chef Bonnenfant, quant à lui, confiant dans l’issue présumée de l’enquête, s’investit avec détermination dans cette affaire, espérant y gagner en reconnaissance…




À PROPOS DE L'AUTRICE

Écrivaine et journaliste indépendante, Isaline Remy est membre des Gens de Lettres, de la SACEM et de la SCAM. Fondatrice de l’Académie des Lettres à Saint-Quay-Portrieux, elle a été honorée du titre de docteur ès lettres Honoris Causa au Portugal. Récipiendaire de nombreux prix littéraires en France et à l’étranger, elle est également candidate à l’Académie française. Pour elle, l’écriture est une évidence et un mode de vie.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Isaline Remy

Roulette-ruse au casino

Roman

© Lys Bleu Éditions – Isaline Remy

ISBN : 979-10-422-2668-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

De la même auteure

Poésies

– Éphélides, 1990, Éditions du Trèfle à 5 Feuilles ;
– Cœurs Diplomatiques, 1992, Éditions du Trèfle à 5 Feuilles ;
– Couleurs Marines, 2000, Les Presses Littéraires ;
– En Vers le Monde, 2006, Éditions Publibook (Prix de l’Académie Internationale de Lutèce) ;
– 13 Figures libres, 2013, Édition du bout de la rue.

Recueil collectif de l’Académie des Lettres

Poésies et nouvelles

– Subt’Îles, 2023, Kinocé 1 Édition.

Récits biographiques

– Dans l’Ombre de mes Chansons, 1996, Éditions Les Chemins de l’Espérance ;
– Dalida – Entre Violon et Amour, 2016, Kinocé1 Édition ;
– Clint Eastwood Regard d’une femme française, 2017, Kinocé1 Édition.

Livret pour préludes

– D’heures en Heurts, 1999, Éditions Musicales Amsterdam.

Philosophies

– La Passion, une putain du diable, 2012, Édition du bout de la rue ;
– Entretien impromptu avec Jean Cocteau, 2022, Kinocé 1 Édition.

Essais

– Rock’n’roll – Résonances de Liberté, 2016, Kinocé 1 Édition ;
– Entretien impromptu avec Jean Cocteau, 2022, Kinocé 1 Édition.

Romans

– La Buvette du Père Maurice, 2010, Édition du bout de la rue ;
– Les Garçailles, enfants de Bretagne, 2011, Édition du bout de la rue ;
– Maurice et l’anonyme tirailleur sénégalais, 2012, Édition du bout de la rue ;
– Une Bretonne à Hollywood, 2015, Édition du bout de la rue ;
– Une blonde dans la casbah, 2017, Kinocé 1 Édition ;
– Aventure maritime d’une femme de Breizh, 2023, Le Lys Bleu Éditions.

Roman collectif de l’Académie des Lettres

– Noir algorithme en Goëlo, 2022, Kinocé 1 Édition.

***

Ce livre est un roman, toute ressemblance avec des personnes, des noms propres, des lieux privés, des noms de firmes, des situations existantes ou ayant existé, ne sauraient être que le fait du hasard.

Prologue

D’un coup, Servane prit son portable pour appeler son amie Mathilde. Quelque chose en elle venait de lui parler : Pourquoi n’irais-tu pas au casino ? Elle avait lu la brochure qui annonçait une soirée exceptionnelle. Une opportunité se présentait le soir de l’Épiphanie, le programme alléchant la fit basculer dans un désir jusqu’alors inassouvi. Le jeu serait-il une solution à ses problèmes existentiels ? L’appât du gain inconsciemment venait peut-être de s’emparer d’elle ?

Elle était loin d’imaginer ce que lui réservaient les jours à venir.

I

— Allô, Mathilde, je ne te dérange pas ?
— Salut Servane, non pas du tout, je viens de lancer une machine, ça tourne, j’ai du temps, tu voulais me dire quelque chose ?
— Oui, te proposer de sortir pour la fête de l’Épiphanie le 6 janvier, le casino organise une soirée sympa avec repas et animation, ça te dirait si tu es libre ?
— Pourquoi pas ? Erwan ne verra aucun inconvénient à ce que nous sortions « entre filles ». C’est la première fois que tu me le proposes ! On aurait pu le faire avant…
— Oui, c’est vrai, mais avec le boulot à la criée, je suis souvent H.S. le soir, mais là j’ai envie de décompresser, j’en ai vraiment marre, c’est pesant à la maison, Baptiste me laisse un désordre pas possible prétextant avec ses études qu’il n’a pas le temps de ranger et Bertrand ne sait plus où donner de la tête avec ses clients, je ne sais pas pourquoi, mais en ce moment ils veulent tous refaire la toiture de leur maison ! Bref, j’ai besoin de changer d’air, tu vois, c’est un peu tendu !
— Tu réserves ?
— D’accord, disons pour 18 h 30, rejoignons-nous directement à l’entrée du casino, le spectacle commence à 20 h, nous aurons le temps de dîner tranquillement et de pouvoir discuter un peu. Après on pourra se faire un petit jeu…
— OK. Salut, Mathilde, je te laisse à tes occupations ménagères…
— C’est noté ?
— Oui, ne me rappelle pas, on se retrouve là-bas !
— OK pour moi !

Servane, 50 ans, s’était mariée à Bertrand un peu tardivement, il y avait vingt ans. De cette union était né Baptiste aujourd’hui âgé de 18 ans, brillant étudiant en informatique. Issue d’une famille de garagistes, sa mère était souvent à la pompe, et n’avait pas eu la possibilité, quant à elle, de faire des études. Pourtant elle aurait été brillante, son intelligence se devinait à sa façon d’être. Ses cheveux bruns mi-longs et raides lui cachaient une partie du visage quand elle se penchait pour travailler à la maintenance sur le tapis où circulaient les coquillages. Elle n’avait jamais quitté son emploi à la criée, les années passaient et la fatigue commençait à s’installer, son dos lui faisait souvent très mal.

Dès 4 h, la criée s’agitait, le jour à peine levé, on entrevoyait une lueur à l’horizon. Les quais étaient encore déserts, mais à l’intérieur du hangar de la chambre de commerce et d’industrie, on ne dormait plus ! Une noria de bateaux côtiers arrivait, chaque jour, un ballet incessant, deux par deux, pour s’amarrer afin de décharger les douceurs de la mer. Chacun affairé à sa tâche, aucune voix, seul le bruit des manipulations qui s’égrènent dans l’espace maritime. C’est comme une partition et les pêcheurs ont hâte de retrouver leurs foyers, éreintés, surtout quand la mer est agitée par la force du vent de noroît. Les monte-charges grincent et transpercent la lumière blanche des projecteurs. C’est le signal pour les Fenwick qui enlèvent les bacs au fur et à mesure, dans un rythme infernal, depuis douze mètres plus bas, les marins-pêcheurs chargent les caisses pleines et lourdes ; poissons et crustacés ont pris l’ascenseur.

Les acheteurs locaux –, les poissonniers, les mareyeurs, les grandes surfaces – sont arrivés à 4 h 30, chacun repère la marchandise convoitée, sélectionnée par des regards aiguisés, c’est la chasse aux bonnes affaires ! Les produits sont arrivés de Saint-Brieuc ou de Roscoff par bateaux, mais d’autres aussi par la route. Tout est en ordre. Les voix se font discrètes, la machine à café ne s’arrête plus, l’ambiance grisante fait monter l’adrénaline, les clopes aux becs, le geste nerveux de l’attente.

Ils sont une douzaine dans l’amphithéâtre, et les enchères vont bientôt débuter. Pourtant, 80 % se font via internet en provenance de Saint-Malo, Paris, Concarneau ou Rennes. C’est le personnel compétent de la criée qui a évalué le prix de la marchandise, le crieur c’est l’œil de l’acheteur, la confiance est de mise.

Il faut faire très vite pour conserver la fraîcheur des soles, tourteaux, araignées, triés à la main parfois pour un meilleur calibrage.

Tout doit être préparé, aligné, présenté.

L’immense frigo dégage les piles de caisses qui glissent, tirées par des crochets, un ballet incessant, une danse qui brille du contenu ; parfois, des petits requins se glissent au milieu des autres poissons, ils sont vite repérés, car réservés aux Italiens et aux Espagnols qui en raffolent, alors direct pour eux !

Les bars, tourteaux, raies, lieus jaunes, lottes ou églefins s’alignent comme des soldats pour l’appel avant la levée du drapeau, la main dressée de l’acheteur, ou le clic sur l’ordinateur. Ce sont des connaisseurs, ils vont directement au produit phare : les pagres rouges, les turbots et les saint-pierre de premier choix que les restaurants chics à la mode ou étoilés s’arrachent comme des petits pains.

Quelques sèches sont laissées un peu de côté, mais elles ont marqué leur passage encré qu’il faudra vite nettoyer, elles ont leur succès culinaire elles aussi.

Dès 5 h 30, la vente a commencé pour les hauturiers. La criée « ne crie » plus depuis l’an 2000, l’ordinateur a évité les voix cassées, et les lots défilent, les chiffres s’alignent à grande vitesse sur deux écrans.

Le travail est difficile, il est de mise de contenter l’acheteur sans léser le pêcheur, il faut lancer l’enchère au plus près du prix du cours. Trois crieurs se succèdent, tout est à vendre pour 8 h dernière heure. Le stress est permanent. Tout sera à Rungis le lendemain à 1 h, transporté (par la route) dans les camions réfrigérés qui seront partis à 10 h. Le poisson a juste le temps de reposer, trop frais, il se déchire, le temps est donc bien géré pour le plaisir de la table.

Toutes ces tonnes de poissons sont passées dans les mains des employés, et la maintenance a été assurée, une coordination parfaite dans un temps record. La cadence ne cessera jamais !

Servane fait partie de ce personnel, ses gestes quotidiens automatiques ne lui offrent pas de répit, elle a l’impression d’être un robot en chair et en os. Les années passent, et la fatigue s’accentue. Elle aurait besoin même de changer de vie ! Et mériterait autre chose…

II

6 janvier, fête de l’épiphanie

Le casino était animé ce soir du 6 janvier, pour la fête de l’Épiphanie, le temps était resté très doux, au-dessus de zéro, ce qui avait facilité les sorties. Les grandes baies vitrées laissaient entrevoir le va-et-vient des vagues éclairées par la lumière intérieure des maisons plantées en bord de rivage, des peureux qui ne fermeraient pas encore leurs volets, des couche-tard, sans doute, qui laissaient une lanterne allumée toute la nuit. Chaque fenêtre était comme un calendrier de l’avent, on aurait pu y découvrir la vie de chacun, mais la curiosité avait quand même ses limites.

L’orchestre battait son plein et la joie se lisait sur les visages. Ce soir-là, Spécial chanteurs français des années 60 à nos jours, avec 1 an de privilège, rien d’autre n’était précisé, le jeu valait donc la chandelle.

Les deux amies avaient été accueillies par un magnifique coucher de soleil et la soirée s’annonçait plutôt bien. D’autant qu’à 19 h il y avait le tirage au sort de la reine du casino.

Servane et Mathilde se trouvèrent placées à une table à proximité de la petite scène, en première loge, le tirage au sort ne les avait pas sélectionnées, mais le spectacle qu’offrait la mer et celui donné par les artistes promettaient une belle soirée.

Un délicieux repas constitué d’un gratiné de coquilles Saint-Jacques et de crevettes, suivi d’un mignon de veau accompagné d’un écrasé de pommes de terre et girolles, puis de fromage, accompagnait la soirée avec la fameuse galette des rois. Celle ou celui qui aurait la fève bénéficierait d’un bon de valeur à utiliser au casino, la salle de jeux étant située de l’autre côté du restaurant. Il fallait montrer patte blanche, une tenue correcte et sa carte d’identité.

Après avoir terminé leur coupe de champagne, légèrement éméchées, du moins grisées, les deux amies se présentèrent au guichet pour le contrôle. Elles n’avaient pas eu la fève, peu importait, elles étaient venues pour se changer les idées, se distraire du train-train habituel.

En se levant, Servane vit au bar un homme qui consommait un café, leurs regards se croisèrent comme aimantés quelques secondes, car ils se reconnurent « Non ! c’est pas lui ? C’est pas Alain ! » L’homme, les deux avant-bras posés sur le comptoir comme pour soutenir son propre poids, l’avait regardée. Elle détourna la tête interloquée et se dirigea avec Mathilde du côté des jeux ; il lui emboîta le pas, sans le voir elle le sentit. Arrivée auprès des machines, elle n’osa se retourner.

— Tu prends laquelle ? demanda Mathilde à Servane.
— Une avec des cerises, facile à comprendre. Tiens, voilà, je m’assieds !
— Bon, moi aussi j’en ai repéré une qui va me convenir.
— À tout à l’heure, alors !
— Oui, on ne se perd pas de vue.

Dans le capharnaüm des bruits ambiants provoqués par les machines dont les sons et les flashs aveuglants fusaient de toutes parts, Alain Bareuil, puisque c’était bien lui, s’approcha de Servane et s’installa à la machine voisine. Il avait vieilli, mais avait toujours la même allure, il ressemblait à Richard Clayderman, le pianiste pour ceux qui s’en souviennent. Grand, mince silhouette, yeux bleus, perçants et attirants. Trente ans les avaient séparés.

— Bonsoir Servane !
— C’est bien toi, Alain ! Je me suis demandé si j’hallucinais ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu habites où ?
— Je suis toujours à Tréguier, je n’ai pas changé de ville, elle est si belle !
—