Rue de la Grande Muette - Michel Benoit - E-Book

Rue de la Grande Muette E-Book

Michel Benoit

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Beschreibung

Ethon Blimiec, détective privé, se voit confier une nouvelle enquête qui l'embarque dans une drôle d'histoire...

Quand un militaire rechigne à se rendre en mission à Mayotte, il doit y avoir une bonne raison. Et c’est d’autant plus intrigant s’il écourte son séjour pour venir arpenter les allées du bois de Vincennes et fréquenter l’hôtel du Bois galant. Et encore plus curieux si, depuis son retour, toutes ses connaissances tombent comme des mouches… En acceptant cette nouvelle enquête, Ethon Blimiec se laisse embarquer dans une drôle d’histoire. La petite sirène qu’il a l’habitude d’entendre quand il se trouve en danger n’a cependant pas sonné une seule fois. Il aurait également dû se méfier de tant d’argent proposé pour si peu de travail… Mais voilà : quand on est un détective privé, avec une belle enseigne parisienne, on n’a pas d’autre choix que de turbiner, et rien ne se refuse. Fort du succès des enquêtes du commissaire Merle, Michel Benoit convie le public à un nouveau rendez-vous… avec un détective privé, Ethon Blimiec, un professionnel pittoresque, à une époque – pas si lointaine – où les policiers travaillaient sans Internet, sans téléphone portable et sans recours aux analyses ADN. Au fil des investigations, Ethon deviendra un intime du lecteur, une sorte d’ami de la famille, que l’on a autant plaisir que hâte à retrouver.

Découvrez le second tome de la nouvelle série policière de Michel Benoit, père du célèbre commissaire Merle, qui vous replongera dans les années 80 !

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Des histoires finement dialoguées et narrées." Le Marseillais


À PROPOS DE L'AUTEUR

Michel Benoit est un écrivain prolifique, tour à tour romancier, historien, essayiste, dramaturge. De tous les genres, c'est le polar qu'il préfère, "le roman par excellence" comme il aime le désigner. La vie n’est qu’un polar et dans un polar on y trouve tout ce qui compose une vie : l’amour, la fidélité, l’amitié mais aussi la jalousie, l’envie, les blessures, la haine et la mort. En 2010 il publie son premier roman policier : La Belle marinière où il donne naissance au commissaire Augustin Merle, une série qui connait un retentissant succès. En 2020, il publie la 13ième enquête du commissaire Merle. Michel Benoit aime donner des rendez-vous aux lecteurs. Ainsi le principe de la série le permet tout à fait. Il imagine donc aujourd'hui un nouveau personnage : Ethon Blimiec, détective privé que le lecteur va suivre mission après mission. Plus intime, plus dévoilé, le personnage devient en quelque sorte un ami de la famille qu'on a plaisir et hâte à retrouver.

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Contenu

Page de titre

Exergue

En ce début d’août…

Cette fois-ci…

Je n’avais sommeillé…

Quand on cherche…

Ah ! les roses, la vie, l’amour…

Chose promise, chose due !

L’inspecteur Lafond avait retrouvé…

Mes deux nouvelles connaissances…

À suivre

Le mot de l'éditeur

Bonus littéraire

Du même auteur

Dans la même collection

Copyright

« L’argent ne fait pas le bonheur, surtout si on en manque ! »
Alexandre Vialatte
En ce début d’août, le jour s’était levé sur un Paris déserté par une majeure partie de ses habitants. Ces derniers avaient préféré rejoindre le soleil du Midi, une valeur sûre pour prendre quelques couleurs et se ressourcer sur le sable en contemplant la grande bleue. La vie était ainsi faite, et chaque année, durant les deux principaux mois d’été, quitter la capitale pour rallier la Côte d’Azur était devenu un sport très parisien. Les homo citadins préparaient ce départ avec soin. Ils se retrouvaient systématiquement le long de la route des vacances, durant des heures, dans une file d’attente de plusieurs dizaines de kilomètres, sous la canicule, dans l’espoir de profiter au plus vite du bonheur de se faire griller la couenne, les uns contre les autres, sur une plage qui n’en avait plus que le nom.
Autant vous dire que, pour moi, pauvre détective privé devant l’Éternel, je prévoyais de passer, une fois de plus, un été misérable en attendant la rentrée afin que les affaires reprennent. À croire qu’ils s’étaient tous donné le mot pour se retrouver sur la route des vacances, qu’ils soient escrocs, victimes, voleurs, meurtriers, ou plus simplement amants d’un jour en passe d’être infidèles. Tout ceci n’arrangeait pas mes petites affaires. Mais, fort heureusement, parmi tous ces braves gens partis changer d’air, il y avait aussi les huissiers. Ces derniers m’accordaient ainsi un court répit pour me permettre d’acquitter les factures et de régler les menaces de procédures de saisie qui s’entassaient sur mon bureau.
Nathalie, ma fidèle secrétaire, s’arrachait les cheveux jour après jour devant l’amoncellement de mes impayés et osait à peine ouvrir la boîte aux lettres de l’agence Mogador, que j’avais créée quelques années plus tôt, de peur d’y découvrir quelque mauvaise nouvelle. Il est vrai que ça sonnait bien : Agence Mogador - Enquêtes - Investigations privées, industrielles et commerciales.
Une enseigne qui en jetait et qui redonnait ses lettres de noblesse à une profession raillée par beaucoup. Bon, je vous l’accorde, le nom était pompeux et rappelait le faste des années de grande prospérité économique… Mogador ! Ça rassurait les clients, comme l’aurait dit Samuel, mon grand-oncle ashkénaze, qui avait passé sa vie dans la confection et la fourrure. Mogador, ça faisait riche, et pour peu que l’on ait l’esprit rêveur et un brin d’imagination, on verrait presque dans cette enseigne l’Égypte, le soleil et les plus belles médinas. Mais si Mogador brillait pour l’homme lambda et appelait à la réussite, ce n’était pas vraiment le cas en ce qui me concernait. Cette fameuse réussite se faisait tirer l’oreille. J’en étais à me demander par moments s’il n’aurait pas mieux valu que je reste Ethon Blimiec, l’inspecteur de la PJ, au lieu de me lancer dans une aventure qui ne m’apportait finalement que des déboires financiers et des désœuvrements sentimentaux. Mais, vous le savez comme moi, on ne se refait pas. Ainsi va la vie, à chaque jour suffit sa peine. Et mes tourments commençaient à envahir le restant de matière grise que mes pauvres parents m’avaient léguée.
Comme tous les ans à la même époque, j’avais confié ma Daimler XJ40 au seul mécano de France et de Navarre en qui j’avais encore confiance, un ancien receleur de Saint-Ouen. Il s’était refait une santé, si je puis dire, après être sorti de quatre années de placard dans l’institut bien connu pour voyous repentants portant le même nom. Je me retrouvais donc avec une vieille Citroën Ami 8 pour traverser Paris de long en large et effectuer mes filatures avec plus de discrétion.
Il faut avouer que ma « petite Rolls » de collection en jetait un peu. La firme Coventry de chez Jaguar n’avait pas hésité à mettre les petits plats dans les grands pour équiper cette voiture de luxe fabriquée à l’origine pour les membres de la couronne britannique. La République en avait gros sur le cœur, et je me confondais souvent en excuses auprès d’elle pour faire oublier mon infidélité aux produits franco-français.
La chaleur était arrivée sur la capitale. Les touristes avaient remplacé les habitants de la ville, envahissant à présent les rues et avenues de Paris. Un grillon, ça craquette, ça crisse, ça grésille. Une grenouille, ça coasse, et une grive, ça babille. Mais un vacancier, ça crépite à la vitesse d’un flash ou en rafales. J’avais soudain l’impression de me retrouver dans une drôle de jungle, en regrettant presque le cri strident et monotone des cigales qui avaient pris d’assaut la place principale de Châteauneuf-du-Pape.
Mon ouïe et mes voies rétro-nasales m’informaient que j’étais loin des cépages bénis par les dieux en ce début d’après-midi d’été : bien que la circulation des véhicules soit limitée, une odeur de gasoil m’effleurait les narines et me donnait la nausée. Toutefois, il fallait payer les factures et le salaire de Nathalie, ma secrétaire, devenue indispensable au sein de ma petite entreprise. J’en étais réduit à me recentrer sur la partie la plus juteuse de mon nouveau métier, qui était également la plus bête et méchante de la profession : les filatures en tout genre avec présomption d’adultère. J’avais eu beau ouvrir les fenêtres de la Citroën, rien n’y faisait. Pas le moindre souffle de vent, pas la plus minuscule aération ne me parvenait. Quelle idée avais-je eue de me garer en plein soleil, face à l’Hôtel du Bois galant, un petit établissement donnant sur l’une des entrées du bois de Vincennes ! C’est ce que l’on appelle aussi les risques du métier !
— Quel est votre prix ? m’avait lancé Mme Menu en sortant avec fermeté de son sac à main un carnet de chèques.
Tout en scrutant l’entrée de l’hôtel, je me souvenais de mon étonnement face à cette proposition brutale et qui n’aurait supporté aucun refus de ma part. À bien y réfléchir, ou bien la femme qui s’était assise devant moi était déterminée à piéger son conjoint de mari volage, ou bien elle connaissait exactement l’état de mes finances et était alors persuadée que je n’aurais rien pu lui refuser. Tout compte fait, les deux solutions étaient probables, et je me serais bien gardé, à cet instant précis, de laisser échapper un geste qu’elle aurait pu traduire en désapprobation.
Mme Menu portait bien son nom. Elle était petite, frêle, et ressemblait à ces roseaux qui font des arbres centenaires. En la regardant de plus près, j’avais très vite compris qu’elle était de celles qui pliaient mais ne rompaient pas, et qui faisaient passer leurs propres intérêts avant ceux des autres à condition que le résultat soit juteux. Alors qu’elle m’exposait l’objet de sa visite, j’avais eu beau tenter de détecter la moindre émotion dans ses yeux gris-vert, aucun sentiment, aucun désarroi n’était venu troubler le récit qu’elle me livrait.
L’affaire était ce qu’il y avait de plus banal. Mme Menu était mariée depuis plus de vingt ans et le couple n’avait pas eu d’enfants. L’un et l’autre s’étaient plongés dans une vie professionnelle réparatrice, cherchant les honneurs et l’adrénaline pour continuer la route qui semblait filer sans qu’aucune courbe intempestive vienne perturber la petite vie bien réglée qu’ils s’étaient organisée.
Loïc Menu, enfant de l’Assistance publique, s’était engagé très jeune dans les commandos de marine, recherchant une famille qu’il n’avait jamais eue et additionnant les campagnes militaires. Ces dernières lui avaient valu des distinctions toujours plus glorieuses et il venait de recevoir ses galons de lieutenant. Après avoir fréquenté le désert tchadien, la brousse togolaise, et les frontières du Mali et de la Mauritanie, l’officier Menu avait été rapatrié dans l’Hexagone pour quelque temps, et la grande muette l’avait affecté très officiellement au 1er régiment du train, après la dissolution du 24e régiment d’infanterie de ligne stationné à Vincennes. Il devait s’installer dans les jours à venir avec ses hommes dans de nouveaux locaux, sur le site du fort de Noisy-le-Sec, à Romainville. Ses nombreuses expéditions lui avaient permis d’acheter un beau pavillon situé près de son lieu de travail. Mme Menu, quant à elle, n’avait aucun plan de carrière et se contentait de dépenser l’argent du ménage et d’effectuer de petits boulots pour s’occuper l’esprit et passer le temps lorsque son époux partait plusieurs mois en mission. Tout se déroulait pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce qu’un jupon vienne enrayer leur petite vie bien rangée. Depuis quelques années, les restructurations voulues par le ministère avaient permis à la gent féminine d’incorporer le régiment, et Gisèle Menu soupçonnait son lieutenant de mari de porter quelques coups de canif dans le contrat de mariage, mettant ainsi en péril un sérieux patrimoine immobilier acquis au cours des années.
C’était dans cet état d’esprit qu’elle s’était retrouvée face à moi, dans mon bureau de la rue de la Butte-aux-Cailles.
— Vous me rapporterez ses faits et gestes chaque jour, en me téléphonant à ce numéro, et nous nous reverrons au plus vite pour que vous me confiiez les éléments en votre possession…