Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
"Le livre ""Satire sotadique sur les arcanes de l'Amour et de Vénus en sept dialogues"" de Nicolas Chorier est un ouvrage unique en son genre. Publié pour la première fois en 1659, il est considéré comme l'un des textes les plus controversés de la littérature française.
Ce livre est une satire érotique qui explore les mystères de l'amour et de la sexualité à travers sept dialogues entre différents personnages. Chorier y aborde des sujets tabous tels que l'homosexualité, la prostitution, l'adultère et la masturbation, avec un ton humoristique et provocateur.
Le livre est également connu pour son style d'écriture particulier, appelé ""sotadique"", qui consiste en une alternance de prose et de vers, ainsi que pour ses illustrations érotiques.
Malgré sa réputation sulfureuse, ""Satire sotadique sur les arcanes de l'Amour et de Vénus en sept dialogues"" est un livre fascinant qui offre un aperçu unique de la vie sexuelle au XVIIe siècle. Il est également considéré comme un témoignage important de l'histoire de la littérature érotique française.
En somme, ce livre est un incontournable pour les amateurs de littérature érotique et pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la sexualité. Il est à la fois provocateur, drôle et instructif, et ne manquera pas de susciter des réactions chez ses lecteurs.
Extrait : ""Tullia. — Je suis enchantée, ma chère petite cousine, que ton mariage avec Caviceo soit enfin décidé ; car la nuit où il te rendra femme par ses embrassements, cette nuit-là, sois-en bien sûre, te fera goûter le suprême plaisir, si du moins Vénus t'est aussi favorable que le mérite ta céleste beauté."""
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 343
Veröffentlichungsjahr: 2015
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Au seuil de cette courte étude, il nous paraît curieux de consigner une constatation, déconcertante sans doute pour les champions de la morale publique, pour ceux qui s’ingénient à classer les esprits et pour lesquels le mot seul d’érotique est prétexte à nausées. Nous n’avons cependant pas, de parti pris, la prétention de scandaliser ces esprits méthodiquement pudiques, non plus que celle de fronder de respectables convictions. Mais n’est-il pas permis de se féliciter, sans arrière-pensée, que deux des œuvres littéraires, les plus franchement érotiques, aient été composées, l’une, la Satyre sotadique d’Aloisia Sigea, par un savant jurisconsulte, Nicolas Chorier ; l’autre, le De figuris Veneris, par un philosophe érudit, Friedrich Karl Forberg, conservateur, en 1807, de la bibliothèque antique de Cobourg.
Ce dernier ouvrage, dont Isidore Liseux a pu présenter la traduction sous le titre de Manuel d’érotologie classique, est l’étude la plus complète des formes physiques et antiphysiques de la volupté charnelle à travers les textes classiques anciens et modernes. Écrit pour ceux qui se refusent à l’ignorance ténébreuse aussi bien qu’à l’étalage impudique, pour ceux qui pensent qu’en matière d’érotisme le mieux est encore de savoir beaucoup et de savoir juste, le De figuris Veneris sera toujours consulté avec fruit par les lettrés et les philosophes curieux de documents précis.
Quant à la Satyre d’Aloisia Sigea, dont nous rééditons la traduction, c’est une œuvre d’imagination, mais pleine de documents sur les mœurs intimes des anciens et des modernes et aussi, nous le verrons et nous y insisterons, empreinte d’une philosophie sexuelle très clairvoyante et très pratique, émaillée de maximes d’une morale sage, non point sans doute à la façon des graves stoïciens, mais telles que le bon La Fontaine ne les eût pas toutes désavouées.
L’auteur, authentifié depuis longtemps en dépit de toutes les protestations, Nicolas Chorier, naquit à Vienne, dans le Dauphiné, en 1609. Fils d’un procureur au bailliage de Vienne, il fut élevé par les jésuites, qui, on le sait, se sont acquis une solide réputation dans les études classiques. Chorier fut un élève remarquable : il était parvenu à une rare maîtrise dans les langues anciennes, et particulièrement en latin. Ses humanités terminées, il va suivre les cours de droit à l’Université de Valence, est reçu docteur en droit en 1639 et se fait inscrire sur le tableau de l’ordre des avocats à la Cour des aides de Vienne. Ses débuts au barreau furent brillants, mais le goût des belles-lettres l’emportait chez lui sur la passion de la chicane, et le latiniste de marque brûlait d’essayer ses forces. En 1640, il publiait en latin un Éloge des quatre archevêques de Vienne du nom de Villars ; six ans plus tard, en latin encore, le Portrait du magistrat et de l’avocat, et en 1648 la Philosophie de l’honnête homme. Mais tous ces opuscules ne valurent à leur auteur aucune renommée.
Nicolas Chorier trouve bientôt sa voie en se livrant tout entier à l’étude des annales du Dauphiné, pour lesquelles il rassemblait consciencieusement ses matériaux dans les archives publiques et particulières. En 1654, il lance le prospectus de son Histoire du Dauphiné, et en 1658 il prélude à la publication de ce grand ouvrage en donnant ses Recherches sur les antiquités de la ville de Vienne, recueil très précieux aujourd’hui encore en ce qu’il conserve le souvenir de monuments disparus.
En 1661 paraît le premier volume de l’Histoire du Dauphiné, accueilli par d’enthousiastes éloges : le P. Gratte, jésuite, le P. Trillard lui dédièrent des odes, des sonnets d’une poésie quelque peu fade ou même ridicule, mais qui témoigne de la faveur dont jouit l’ouvrage dans le monde des savants. Au reste, les États du Dauphiné votèrent à Chorier, lors de la publication de l’Histoire, un don de cinq cents louis, que le Parlement, il est vrai, refusa d’ordonnancer, mais qui n’en reste pas moins comme un nouveau témoignage d’estime.
Quelque temps après, Chorier reçoit la charge d’avocat de la ville de Grenoble, car il avait dû quitter Vienne en 1658, la Cour des aides ayant été supprimée. Son nouveau titre lui valut le désagrément d’être impliqué dans un procès en concussion intenté aux consuls de Grenoble et dont il sortit victorieux après cinq longues années de lutte.
En 1666, Chorier fut nommé procureur du roi près la commission établie en Dauphiné pour la recherche des usurpateurs de titres de noblesse. Ses études spéciales le désignaient tout particulièrement pour des fonctions aussi délicates et qui exigeaient, avec une certaine indépendance d’esprit, des connaissances généalogiques très approfondies.
Le second volume de l’Histoire du Dauphiné ne fut publié que onze ans après le premier, en 1672. Dans l’intervalle, Chorier avait livré au public l’Histoire généalogique de la Maison de Sassenage, sans grand intérêt, et l’État politique de la province du Dauphiné, ouvrage dans lequel se trouvent des recherches curieuses sur les origines des évêchés, des établissements publics et des institutions de la province.
La nomenclature des publications historiques, juridiques ou généalogiques de Chorier n’ajouterait pas grand-chose à notre étude et sortirait d’ailleurs de notre cadre, Chorier nous est connu d’ores et déjà comme historien, comme juriste ; nous savons qu’il fut, à ces divers titres, très apprécié de ses contemporains et que ses œuvres sont restées pour la postérité comme une source de documents unique.
Mais ce n’est pas là tout Chorier : il ne fut pas absorbé par ces arides et ingrates études au point de laisser étouffer en lui toute imagination. Ce n’est pas impunément qu’on nourrit son esprit des littératures anciennes : l’empreinte en est ineffaçable.
« L’amour des lettres, dit Chorier lui-même dans ses Mémoires, ne cessa de m’inonder et de me baigner de sa volupté céleste… Je vouai mon plus fervent amour et mon attention la plus diligente aux muses latines et françaises. » Et parmi les auteurs anciens, Chorier déclare apprécier particulièrement et lire fréquemment à ses amis Perse, « ce poète si obscur, dans les Satires duquel, comme au fond d’une ténébreuse caverne, on découvrira, sans regretter sa peine, des perles de sagesse et de doctrine du plus haut prix. » (Mémoires, III, 2.)
À fréquenter intellectuellement de pareils esprits, Chorier devait éprouver le désir de les imiter. Son inspiration fut discrète, ou du moins se manifesta tardivement en public. Ce n’est, en effet, qu’en 1680 qu’il publia le recueil de ses poésies latines, sous le titre Nicolai Choreiri Viennensis Carminum liber unus, Gratianopoli, 1680. Mais ce recueil, d’apparence modeste, fut une révélation pour un grand nombre de sceptiques. Il contenait deux poèmes : Poemation de laudibus Aloisiae, et Tuberonis Genethliacon, dont nous publions plus loin la traduction, et qui se trouvaient également dans un livre imprimé clandestinement deux ans auparavant sous le titre Aloysiae Sigeae Toletanae Satyra sotadica de arcanis amoris et Veneris. Aloisia hispanice scripsit. Latinitate donavit Joannes Meursius.
Cet ouvrage avait été imprimé pour la première fois, vers 1659, à Lyon sans doute, sous le même titre, mais sans l’adjonction des deux poèmes dont nous venons de parler. Il avait fait sensation. En un latin « d’une élégance soignée et précise sans pédantisme », ainsi que dit Forberg, l’auteur dressait un tableau complet des inventions et des secrets de l’amour physique, quelques-uns aussi de l’amour antiphysique, sans épargner aucun détail, sans reculer devant les termes propres qui d’ailleurs, dans la langue de Juvénal, bravent l’honnêteté.
Le dix-septième siècle, malgré toute sa façade brillante, sa morgue hautaine connut bien, vers la même époque, un roman obscène, le Rut et la Pudeur éteinte, de Corneille Blessebois ; mais c’est là de l’érotisme sans prétention et sans valeur littéraires, présenté dans une langue heurtée, brutale ou quintessenciée, faisant servir l’obscénité à une besogne de rancune, de vengeance personnelle, dont nous connaissons mal les motifs.
La Satyre sotadique, au contraire, était une œuvre de maître, n’hésitons pas à dire, après d’autres plus autorisés, un chef-d’œuvre. « J’estime, a écrit Octave Uzanne, que ces admirables Dialogues de Luisa Sigea n’ont rien de ce que le sens du mot pornographique, interprété à la moderne, semble désigner. Tous les vrais lettrés seront de mon avis, j’en ai l’assurance, car on ne trouverait ni au dix-neuvième siècle ni à cette époque une œuvre de si hautaine allure et de si mâle style que celle de Chorier. »
Dès l’apparition du livre, présenté comme l’ouvrage de l’Espagnole Luisa Sigea traduit en latin par Jean Meursius, les curieux s’informent.
Luisa Sigea, née à Tolède vers 1530, était fille de Jacques Sigée, Français d’origine, homme très lettré, d’après les témoignages contemporains. De bonne heure, Luisa fit de rapides progrès dans les lettres et les langues anciennes : elle savait le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque, l’arabe, le castillan, le français et l’italien. À l’appel de Jean III, roi de Portugal, qui avait entendu parler de Jacques Sigée et de ses filles (Angela, la sœur de Luisa, était savante et artiste), la famille partit pour Lisbonne. Le père fut nommé précepteur du duc de Bragance et de ses frères ; Luisa, à peine âgée de treize ans, fut chargée d’élever et d’instruire la sœur du roi, l’infante Marie, fille du feu roi don Manuel et d’Éléonore d’Autriche, sœur de Charles-Quint.
Après un séjour de treize ans à la cour de Lisbonne, Sigée se retira avec sa famille à Torres Novas, où Luisa épousa, en 1557, Francisco de Cuevas, d’une famille noble mais pauvre de Burgos. Dans cette dernière ville, Luisa vit la reine de Hongrie, sœur de Charles-Quint, qui habitait alors Valladolid. Celle-ci la mit au nombre des dames de la maison et donna à Francisco de Cuevas la charge de secrétaire de ses commandements. Mais la reine mourait la même année, ne laissant au jeune ménage qu’une modique pension.
Luisa mourut elle-même à Burgos, à l’âge de trente ans. Juan de Merlo, écrivant ses louanges, mettait en titre :
LOISIAE SIGAEAE, TOLETANAE, SAECULI SUI MINERVAE.
De son vivant, Luisa Sigea avait été en correspondance littéraire avec les hommes les plus érudits. Elle avait écrit un Dialogus de differentia vitae rusticae eturbanae qui n’a jamais été publié. Le seul écrit d’elle qui ait été conservé est une description, en vers latins, des jardins de Syntra, palais des rois de Portugal, situé près de Lisbonne : il parut en 1566. En 1546, elle avait adressé au pape Paul III une épître en cinq langues : hébreu, syriaque, grec, latin, arabe. Paul III lui répondit, le 5 janvier 1547, en louant sa vertu et sa piété non moins que son savoir.
Quant à Meursius (Jean II), fils de Jean 1er, célèbre antiquaire hollandais, il fut, lui aussi, un érudit précoce. Né à Leyde en 1613, il mourut à quarante ans, c’est-à-dire en 1653, quelques années avant l’apparition de la Satyre sotadique. On a de lui des dissertations d’ordres différents : Majestas veneta ; De tibiis veterum, que Gronovius a inséré dans le tome VIII du Thésaurus antiquitatum graecarum ; Observationes politico-miscellaneae ; Arboretum sacrum, sive de arborum consecratione réimprimé à la suite du poème des Jardins, de Rapin ; De Coronis liber singularis.
Ni l’un ni l’autre de ces modestes érudits n’avait pu composer un pareil livre que la Satyre sotadique, un pareil « monument d’impudicité », disaient en substance de graves personnages. L’un et l’autre étaient, en effet, complètement étrangers à cette composition. La personnalité véritable de l’auteur ne tarda pas à être soupçonnée, et les soupçons s’étaient confirmés pour beaucoup, même avant la publication des poésies de Chorier.
L’avocat gratianopolitain ne pouvait pas ne pas prévoir les conséquences de cette publication. Il ne pouvait pas davantage s’avouer ouvertement l’auteur de cette satire, on en comprend aisément les motifs ; et cependant il devait lui sembler pénible de renoncer à la paternité d’une œuvre qu’il savait remarquable. Il a tout fait, en somme, pour que sa paternité fût évidente ; mais, pour satisfaire aux exigences de sa situation sociale et mondaine, il a fait le geste de la protestation.
Dans l’épître dédicatoire de ses poésies latines, il manie, à ce sujet, l’ironie de main de maître :
« Je composai, dit-il, le Tuberonis Genethliacon alors que j’étais à Paris, irrité, exaspéré contre certain fourbe, du nombre des personnages les plus haut placés. L’horrible perfidie de cet hypocrite stimulait mon indignation ; je me laissai donc aller un peu trop librement, par la licence des expressions, à une satire violente et insultante, ce qui, d’ailleurs, convient le mieux à la satire. Sur la prière d’un ami, d’après le témoignage de De Thou, je louai une jeune fille, à l’occasion d’une satire écrite par elle et qui, certes, à cette époque, ne m’était pas encore venue entre les mains. J’eus confiance en l’ami qui me l’avait recommandée, moi qui tiens pour certain qu’on ne doit rien refuser à l’amitié, si cette amitié est véritable. J’ai appris qu’il y a deux ans l’un et l’autre de ces deux poèmes avaient été publiés : j’eusse mieux aimé les condamner à une nuit éternelle. Que pouvait-il, en effet, m’arriver de plus désagréable que de voir l’un d’eux appelé à la défense d’une cause que je ne voudrais pas défendre, si je ne tiens compte de l’honnêteté, et je la priserai toujours par-dessus tout ? Quant à l’autre, j’ai honte, tout libre qu’il est, qu’on le lise en cet endroit, où les gens modestes et graves refuseront, par pudeur, de l’absoudre, non autrement que s’ils étaient invités et appelés aux Jeux Floraux. C’est pourquoi mon intention était de renier et d’anéantir, si je le pouvais, ces malheureux fruits de ma muse ; malheureux, non par ma faute, mais par celle d’autrui. Je considérerais comme un profit cette perte, que je voudrais avoir faite. L’amour paternel fut plus fort. Je préférai laisser à ces innocents la vie que je leur avais donnée. Mais j’ai châtié, expurgé le Genethliacon, de façon qu’il n’ait plus rien d’offensant et qu’il ne puisse me susciter aucune haine. »
Quelque vingt ans plus tôt, au moment de la première édition de la Satyre, Chorier avait déjà dû se disculper en haut lieu. Il conte lui-même sa démarche, non sans constater, avec un légitime orgueil, que cette accusation reposait sur sa connaissance approfondie de la langue latine. Un de ses amis, l’abbé de Saint-Firmin, était accusé d’avoir chanté des couplets assez gaillards, entre deux vins ; Chorier se fit son défenseur officieux. Il écrit, à ce propos, dans ses Mémoires, à la date de 1680 :
« Je m’attirai la haine de Le Camus (l’évêque de Grenoble, Etienne Le Camus). Vingt ans auparavant, la satire de Luisa Sigea, écrite en latin, d’un style élégant et fleuri, avait vu le jour. Lorsque tout d’abord elle tomba entre les mains des hommes, comme nul n’ignorait que je fusse savant en latin, je ne sais quels lettrés me soupçonnèrent perfidement et injurieusement d’être l’auteur de cette satire. Aux yeux de Le Camus, qui veut du mal à tout le monde, sans aucun égard pour les mérites, un soupçon qui n’a pas la moindre importance tient d’ordinaire lieu de preuve complète. Il s’étonnait, disait-il, qu’un pareil livre eût pu être publié impunément ; il me désignait tout haut, afin d’exciter contre moi la malveillance. Pour persuader à d’Herbigny cette imposture, aussi éloignée de la vérité que les ténèbres le sont de la lumière, il remuait ciel et terre. Je fus trouver d’Herbigny, non pour m’excuser, mais pour repousser l’accusation. Tandis que je lui parle avec la liberté d’un honnête homme et d’un innocent, il m’échappe de dire que ceux qui m’accusaient avec autant de fausseté en avaient menti impudemment ; je ne croyais pas le choquer en m’exprimant de la sorte. Mais, indigné de ce que je ne tiens pas compte de son rang, il s’emporte et ne se contente pas de vociférer, il se met en rage contre moi avec d’autant plus de fureur que je m’efforçais plus soigneusement d’expliquer le mot. Que faire ? Je me retirai de sa présence. Georges Maleton, de Vienne, supérieur des capucins de Grenoble, me rapporta du caractère de ces deux personnages beaucoup de traits qui adoucirent mon chagrin. Je me consolai par le témoignage de ma conscience ; ne me sentant coupable d’aucune faute, je n’avais à pâlir d’aucune. »
La préface de la première édition de la Satyre sotadique avertissait prudemment – à moins que ce ne fût humoristiquement – le lecteur que l’original de Luisa Sigea était perdu et que seul le commentaire de Meursius subsistait. Cette édition comprenait six dialogues. Le bruit fait autour de ce livre, les malédictions stupéfaites des gens de bien n’effrayèrent cependant pas l’auteur outre mesure ; car en 1678 paraissait une deuxième édition « emendacior et auctior », à laquelle s’ajoutait un septième dialogue, Fescennini, dont le manuscrit, affirmait le titre, venait d’être retrouvé. Mais pour déconcerter davantage encore les devineurs d’énigmes, l’éminent latiniste transportait la scène d’Italie en Espagne, sans aucune explication.
Dans les six premiers dialogues, deux jeunes Italiennes, Tullia et Octavia, content et exécutent les mille et une variations classiques des voluptés charnelles ; mariées à deux Italiens, Caviceo et Callias, elles s’initient mutuellement aux douleurs légères et aux joies intenses du lit conjugal. Dans le septième dialogue, Caviceo et Callias sont Espagnols ; Octavia parle des lubricités de Gonzalve de Cordoue, comme d’un compatriote ; les expériences voluptueuses s’exécutent sous le ciel espagnol. Évidemment, l’auteur présumé, Luisa Sigea, Espagnole elle-même, pouvait parler en meilleure connaissance de cause de l’Espagne ; mais alors pourquoi les précédents dialogues n’étaient-ils pas modifiés ? Pourquoi même cette pensée de situer l’action en Espagne n’était-elle pas venue à l’auteur avant la publication de la première édition ? Et encore pourquoi ce septième dialogue est-il présenté avec de nombreuses lacunes ? Est-ce calcul, manque de temps ou surprise ? Mystère ! Mais, à bien considérer, il semble que chaque manœuvre soit, à dessein, maladroitement exécutée, comme pour infirmer l’attribution de la Satyre à Luisa Sigea, pour confirmer en même temps la paternité de Chorier.
Cette question d’attribution avait été suffisamment obscurcie par Chorier lui-même pour susciter un débat sans fin. Ainsi en fut-il. La Monnoye, Lancelot, de l’Académie des Belles-Lettres, l’abbé d’Artigny, discutèrent à perte de vue sur des probabilités, des possibilités. Au cours de leur débat, un nom fut prononcé, celui de Jean Westrène, jurisconsulte hollandais, présenté comme l’auteur de la Satyre. La conclusion de leurs critiques bibliographiques semble être que Nicolas Chorier est l’auteur de cet ouvrage, que Nicolas, libraire de Grenoble, donna la première édition, et que la seconde parut à Genève, avec addition d’un septième dialogue. Cette édition était surchargée de fautes d’impression, parce qu’elle n’avait pas été faite sous les yeux de l’auteur. La traduction française fut l’œuvre de Nicolas, fils du libraire. Un monsieur M. (Du Mey), avocat général au Parlement de Grenoble, avait fait les frais de ces éditions, la situation financière de Chorier ne lui permettant pas d’y faire face.
Le débat fut repris plus tard par Charles Nodier. Ayant à rédiger, en 1839, le catalogue de la bibliothèque Pixérécourt, dans lequel l’Aloisia est attribué à Chorier, il écrit qu’il ne croit pas à la paternité de l’avocat dauphinois, dans les écrits duquel on ne trouverait, à son avis, ni verve, ni élégance, qualités distinctives de la latinité néologique et maniérée du faux Meursius. Il attribue l’Aloisia « à un militaire hollandais, fort habile philologue et fort mauvais sujet » : c’est Jean Westrène qu’il traite aussi légèrement.
Un autre bibliophile de marque, Octave Delepierre, attribuait la Satyre sotadique à l’Orléanais Philippe Garnier, sous le prétexte que l’édition princeps portait le titre de Philippi Garneri gemmulae gallicae linguae latine, italice, germanice adornatae. Sans doute, Delepierre avait eu dans les mains un exemplaire dont la page de titre avait été changée, afin de permettre au possesseur d’en faire la lecture sans danger, même en public. Ainsi le régent Philippe d’Orléans avait fait relier les œuvres de Rabelais sous la couverture d’un livre d’heures.
Enfin, Isidore Liseux, l’érudit chercheur, affirme, dans l’Avertissement de son édition latine-française de 1882, que la première édition fut imprimée à Lyon, non à Grenoble, en 1657-1659. Chorier était encore à Vienne ; il ne vint à Grenoble qu’à la fin de 1659. D’autre part, Du Mey n’entra en relations avec Chorier qu’à Grenoble, en 1660 : il ne fut nommé avocat général au Parlement de Grenoble qu’en 1677.
Quant à l’argument qui présente les ressources de Chorier comme insuffisantes, il nous suffit, pour y répondre, de nous reporter à la partie de ses Mémoires qui a trait à la fin de 1659 : « Je gagnais chaque année, dit-il, à peu près neuf cents louis d’or (cinquante ou soixante mille francs de notre monnaie) d’honoraires, moi qui n’avais ni la voix ni la plume vénales. »
Jusqu’à preuves nouvelles du contraire, le débat se trouve clos par les affirmations de Liseux.
Au reste, de son aveu même, Chorier a fait des excursions hors de la littérature pudique : il a écrit des œuvres licencieuses en prose latine, entre autres « deux satires, l’une Ménippée, l’autre Sotadique » (Mémoires, I, 2), dont il ne reparlera plus au cours de son carnet de notes. Il semble qu’il ait invité les chercheurs, les esprits vraiment curieux et capables d’efforts, à lire entre les lignes de ses œuvres, pour deviner en lui l’auteur de l’Aloisia.
Il déclare aussi, comme en passant, qu’il a écrit la biographie de quatre-vingt-quinze personnages, tant hommes que femmes, d’une certaine célébrité. « J’ai exposé sincèrement leurs origines, leurs mœurs, leurs actions, leurs écrits ; je n’ai rien ajouté à la vérité, je n’en ai rien retranché ; j’ai rapporté franchement les choses telles qu’elles étaient. Cet ouvrage porte le titre d’Anecdotes. Je ne le ferai pas imprimer, je ne le mettrai pas non plus en circulation ; je ne veux même pas le communiquer, de mon vivant, à mes plus intimes amis. » (Mémoires, III, I).
Pourquoi nous ferait-il cette confidence s’il ne nous invitait pas à en déduire des conséquences ? En réalité, Chorier a fait, dans la Satyre sotadique, une galerie de tableaux vivants, animés du souffle de son inspiration philosophique. Cette hypothèse a trouvé un affirmateur.
« M. Rochas, écrit Desnoireterres, nous a dit avoir eu entre les mains un exemplaires de l’Aloysia où se trouvait une clef de tous les acteurs de ces licencieux dialogues, d’une main visiblement contemporaine. D’après cette clef, Mlle Serment serait l’héroïne de l’aventure racontée par Octavie dans le septième dialogue. C’est une aventure où un jouvenceau appelé Robert est présenté sous des habits de jeune fille. »
Cette demoiselle Serment, Anastasie de son prénom, était une jolie Dauphinoise, femme d’esprit, fort libre dans ses manières, qui à Paris eut pour admirateurs Corneille, Quinault, Maucroix, etc. Elle écrivait élégamment en latin et avait fait un voyage en Italie, d’où elle avait rapporté les goûts que Tullia manifeste à Octavia dans le dialogue intitulé Tribadicon. De retour en son pays, elle vint évidemment à résipiscence, car ce fut pour cacher une grossesse clandestine qu’elle s’enfuit à Paris. Un huitain acrostiche latin, conservé dans un des recueils manuscrits de la Bibliothèque de Grenoble, nous édifie assez bien à ce sujet ; elle y est appelée Nazis, abréviation d’Anastasie, et l’acrostiche reproduit A. Serment :
« Que n’as-tu conservé, Phébéenne Anastasie, les pratiques lesbiennes que t’avait apprises Parthénope ? Hélas ! le jouteur t’a percée de son rigide javelot, ta fente bâille, un fardeau croissant gonfle ton ventre ! Rassasié d’elles, tu quittes les filles éplorées de l’Isère ! Tu fuis à Lutèce, pour y accoucher bientôt. Souviens-toi de nous, fille chérie des Muses ; Lucine te protège, la puissante déesse des couches ! »
On a sans doute exagéré. Il est peu probable qu’Octavia soit précisément Mlle Serment, non plus que Tullia, Rangoni, Callias, Caviceo soient modelés sur des personnages contemporains de Chorier. Mais, comme tout véritable écrivain, l’auteur de la Satyre a rassemblé des faits dont il a été témoin, des conversations libres auxquelles il a pris part, des tableaux qu’on lui a dépeints ; et prenant ici et là des traits distincts, il les a fondus en une œuvre qui est bien sienne, tout en étant un tableau de mœurs pris sur le vif.
Nous sommes dans le champ des hypothèses ; mais combien vraisemblable est celle que nous émettons et qui expliquerait mieux encore l’indignation scandalisée des « honnêtes gens », dont peut-être quelques-uns se reconnaissaient en scène !
Car l’indignation fut grande, si grande que, longtemps après sa mort, un biographe de Chorier, documenté dans le Dauphiné même, constate que la Satyre d’Aloisia Sigea lui valut l’exécration de tous les gens de bien, et qu’il vécut une vieillesse triste, dans l’amertume de la déconsidération publique.
C’est là, par bonheur, une légende que cherchèrent à accréditer les gens dits de bien. Nous sommes loin de la vérité. La Satyre a été publiée pour la première fois vers 1659 ; Chorier ne mourut qu’en 1692, âgé de quatre-vingt-trois ans. Or, pendant ces trente-deux années, loin d’avoir été tenu à l’écart, Chorier fut honoré de l’amitié et de l’estime des hommes les plus considérables de sa province, voire même de la France : Du Gué de Bagnols, intendant de Lyon ; François de La Chaise, qui devint confesseur du roi ; Louis Moreri, l’auteur du Dictionnaire historique, qui prenait ses conseils et le priait de faire en quelques vers une inscription destinée à être gravée autour de son portrait ! Joseph Gallien, préfet des Jésuites de la province de Lyon ; Salvaing de Boissieu, premier président de la Chambre des comptes du Dauphiné. Ce fut sans doute grâce au patronage de ce magistrat, qui avait rempli plusieurs missions diplomatiques en Italie, que Chorier obtint, en 1678, le titre de comte Palatin de l’Église romaine.
Il suffit de lire les Mémoires de Chorier pour se convaincre qu’il fut en relations avec tous les écrivains du grand siècle, et on en trouverait difficilement un seul, des plus humbles aux plus célèbres, dont il ne fasse mention, avec lequel il n’ait été personnellement en rapport.
En 1672, Nicolas Chorier est appelé à Paris pour solliciter l’évocation devant d’autres juges de l’accusation intentée aux consuls de Grenoble et à lui-même par Gallien de Chabons, procureur du roi au parlement de Grenoble, pour malversation. À cette occasion, il eut commerce avec des personnages élevés en dignités ou illustres par leurs écrits. Le cardinal de Bouillon lui fit une très flatteuse réception et lui offrit aide et assistance, si besoin était, dans ses affaires personnelles.
On étudiait à ce moment le projet de rendre à certains hospices et hôpitaux, auxquels il avait été donné une autre destination, l’ancienne destination pieuse dont ils s’étaient écartés. Les religieuses de Saint-Antoine, dont la maison mère était en Dauphiné, et qui s’éloignaient beaucoup de la règle primitive, étaient surtout visées. Antoine Ferrier, un des confesseurs du roi, voulut en conférer avec Chorier et approuva son avis.
Chorier fut aussi invité par Lamoignon, premier président du parlement, à assister à une réunion d’hommes instruits qui se tenait dans sa maison, et qu’on appelait l’Académie. Il y entendit Boileau dire quelques mots touchant l’origine de la poésie.
Chorier reçut aussi le meilleur accueil de Charles de Sainte Maure, duc de Montausier, employé à Saint-Germain en qualité de modérateur et d’arbitre pour former et gouverner la jeunesse du Dauphin. Il assiste même à une leçon donnée au Dauphin par Bossuet, évêque de Condom. Chorier entretenait aussi commerce avec Antoine Vion d’Héronval, François Bouchet et Jean Le Laboureur, éminents généalogistes. Chez l’un d’eux il rencontra l’abbé Michel de Marolles, qu’il eut ensuite pour grand ami. Il connut aussi Charles Dufresne du Cange, latiniste et helléniste érudit ; il n’eut qu’à se louer de l’affabilité, de la courtoisie, de la politesse de Fouquet, et il mettait au premier rang de ses amis Ménestrier et Joseph Charonier, tous deux de la Société de Jésus.
En 1674, Chorier écrit un abrégé de son Histoire du Dauphiné et le fait offrir au Dauphin par Antoine Brunei de Saint-Maurice. « Ce prince accepta le présent avec bienveillance, car je le lui avais dédié ; Montausier et Bossuet, évêque de Condom, me remercièrent au nom du prince. »
En 1678, les académiciens d’Arles élisent Chorier membre de leur compagnie ; et à partir de 1681, l’auteur de l’Histoire du Dauphiné est admis dans la familiarité du premier président Nicolas Prunier de Saint-André. Or la deuxième édition de la Satyre avait paru vers 1678, avec un grand scandale, à cause de la publication des deux poèmes de Chorier.
Non, Chorier ne fut pas honni des gens d’esprit pour avoir écrit la Satyre d’Aloisia Sigea. Tous y admirèrent d’abord, comme Forberg le fit, en 1824, dans les Apophoreta de son édition de l’Hermaphroditus de Panormita, « la finesse et la grâce des plaisanteries, les étincelles d’érudition latine jetant çà et là des feux éclatants, l’abondance et la facilité du discours où reluisent, comme des perles, des expressions et des pensées originales et brillantes, exhalant une bonne odeur d’archaïsme, enfin cet art suprême de varier merveilleusement un sujet limité ».
Ils se délectaient aussi, comme nous-même, des maximes de philosophie pratique dont l’ouvrage est assaisonné avec un sens parfait de la mesure et un bon sens remarquable. Lisez bien attentivement ces pages, non pas comme un écolier en maraude, mais comme un esprit prévenu doit le faire : à chaque pas vous trouverez des perles de sagesse, la plupart du temps dans la bouche de cette dévergondée de Tullia. « Tout le bonheur d’une femme mariée, dit-elle, dépend de son mari. » Et encore : « Chaque mari est le législateur de sa femme ; à chacun ses habitudes et ses caprices. Celle-là se crée une existence heureuse qui met son plus grand soin à adopter pour elle-même les habitudes de son mari. L’honnête femme est celle qui cherche son plaisir dans le plaisir de son mari. »
Et aussi : « Le mariage est, pour notre sexe, le souverain bien, car tout amour est funeste et honteux si l’hymen ne le sanctifie, et en dehors de l’amour il n’est point de vie heureuse. Mais nous sommes toutes, nous les femmes mariées, les ouvrières de notre bonheur. »
Et cependant ce n’est pas la morale des yeux fermés, de l’aveugle foi : les personnages de Chorier savent ce que vaut l’aune de l’amour. La mère d’Octavia dit à sa fille : « Dans peu de jours, tu dois être unie à Caviceo, ma fille ; mais tiens-toi pour assurée que si auparavant il veut prendre de toi une jouissance complète, ou bien il s’en ira pour toujours, ou bien, s’il préfère être félicité de sa constance, il te tiendra en profond mépris. »
Et Tullia confirme son amie de cette pensée : « L’homme à qui il arrive de jouir pleinement du corps désiré, la chose une fois faite, hait le plus souvent celle qui auparavant le faisait se consumer d’un fol amour. » Et elle insiste sur cette idée qui, plus que toute autre, doit retenir les jeunes filles dans la vertu : « Avant d’avoir joui de nous, les hommes nous aiment pour notre beauté, nos agréments, notre jeunesse ; plus tard, après que par la vue, le toucher, la libre possession de notre corps, ils ont assouvi leur passion, ils ne nous aiment que s’ils nous estiment. »
Finement clairvoyante, Tullia connaît bien les hommes. Elle instruit son amie des brutalités nécessaires du premier contact conjugal, et Octavia se promet de supporter toutes les souffrances sans une larme, sans un cri, d’un cœur ferme. « Garde-t’en bien, lui répond Tullia. Ton mari regarderait cela d’un mauvais œil, si tu montrais tant d’insensibilité : ton silence tournerait à ta honte. C’est pour le mari un complément de satisfaction, et pas le plus médiocre, que la vierge crie et pleure, lorsqu’il la force. » L’héroïsme est parfois une vertu dangereuse.
Elle sait aussi, cette philosophe dévergondée, que la façade, les apparences sont la sauvegarde la plus sûre ; que tout être habile et prudent peut se livrer aux plaisirs sous les dehors de la vertu ; elle connaît la comédie de la vie : « Le monde entier joue la comédie. Au spectacle, nous louons, nous condamnons, tant que se joue la pièce, ce que les acteurs font devant nous, ce qu’ils disent au jour de la rampe ; mais, de ce qui se fait ou de ce qui se dit derrière la scène, le rideau baissé, nous ne soufflons mot. Dans le commerce de la vie ordinaire, on expose de même à la critique ce qui se fait sous les yeux de tout le monde, mais non ce qui se trame et se pratique sous le voile. Oh ! si nous voyions à l’œil nu, alors qu’ils sont livrés à eux-mêmes et aux passions dont les a doués la Nature, ces grands de la terre et ces je ne sais quels orgueilleux qui simulent l’abattement et, par une feinte sévérité des mœurs, veulent se frayer le chemin du ciel. Oh ! si nous les voyions ! »
Mais elle aime la vie avec ardeur : elle en aime toutes les manifestations, les douleurs comme les joies. « Nous vivons, dit-elle, pour aimer et pour être aimées ; celle qui ne veut ni être aimée ni aimer est déjà ensevelie dans la tombe, déjà elle sent mauvais, en proie à l’infection et à la pourriture. » Et, dédaigneusement, elle ajoute : « Les stoïciens boivent, mangent, font l’amour, et ils nient être du nombre des vivants. »
Mais ne déflorons pas davantage une œuvre que les lecteurs savoureront beaucoup mieux dans son ensemble.
Cette œuvre, nous la présentons aussi complète que possible. Nous avons dû résumer ou supprimer quelques tableaux par trop vifs, aux couleurs trop crues. Le lecteur y suppléera aisément par un minime effort d’imagination… ou de mémoire, si tel est son bon plaisir. Au reste, avouons-le, ils ont beaucoup plus de saveur en latin que dans notre malheureuse langue déformée, émasculée par la pudeur formaliste d’une morale sottement continente.
B. DE V.
ALOISIAE SIGEAE TOLETANAE SATYRA SOTADICA DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS : ALOISIA HISPANICE SCRIPSIT ; LATINITATE DONAVIT JOANNES MEURSIUS.V.C. sine nota, pet. in-12 de 6 feuillets préliminaires, 245 pages ; errata, 6 pages non chiffrées. Pars altéra, 3 feuillets préliminaires, 111 pages.
D’après Isidore Liseux (Note de l’édition complète francolatine, pages LXXI et suiv.), la première édition originale porte le titre exact ci-dessus ; elle fut donnée par Chorier, vers 1659. Liseux, qui en possédait un exemplaire, affirme que l’édition est d’origine française et croit qu’elle fut imprimée à Lyon. Les caractères typographiques sont identiquement les mêmes que ceux des Recherches du sieur Chorier sur les antiquités de la ville de Vienne… À Lyon, et se vendent à Vienne, chez Claude Baudrant, 1558, pet. in-12.
ALOISIAE SIGEAE TOLETANAE SATYRA SOTADICA DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS : ALOISIA HISPANICE SCRIPSIT ; LATININATE DONAVIT JOANNES MEURSIUS.V.C.S.I.n. d., 3 part, en 1 vol. in-12.
(Bibl. Nation. Enfer, 257). Sur la page de titre de cet exemplaire, il est écrit à la main : « Estienne Royer, éditeur. Nicolas Chorier est auteur de ce livre. Il est mort en 1692, âgé de quatre-vingt-trois ans. C’est luy qui a aussy composé l’Histoire du Dauphiné, etc. La première édition de cette satyre fut imprimée in-8, à Paris, dans l’hôtel de Condé ; presque tous les exemplaires furent saisis et brûlés. » Le Catalogue de la Bibliothèque du roi, classe des belles-lettres, t. II, p. 71, attribue en effet la première édition à Etienne Roger. (Voir Colomb de Batines, ouvrage cité.)
ALOISIAE SIGEAE TOLETANAE SATYRA SOTADICA DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS.Editio nova, emendacior et auctior. Accessit colloquium antehac non editum, FESCENNINI.Ex Ms. recens reperto. Amstelodami, 1678, 3 part, en 1 vol. in-12.
Cette édition comprend le Poemation de laudibus Aloisiae, Tuberonis Genethliacon, et une longue épître, Summo viro Aloisia ex Elysiis hortis (Bibl. Nation. Enfer, 258).
JOANNIS MEURSII (SEU POTIUS NIC. CHORERII VIENNENSIS) ELEGANTIAE LATINI SERMONIS.S.I.n. d., 2 part, en 1 vol. in-12.
(Bibl. Nation. Enfer, 259). Publiée en Hollande, vers 1680. Le titre est, dès lors, modifié, sans doute pour détourner l’attention. Cette édition et les suivantes vont s’augmenter de morceaux n’ayant aucun rapport avec le sujet : Remedium medendi ardorem libidinis mulierum ; La Pultana errante ; le Pornodidascalus ; Oratio Heliogabali ad meretrices.
JOANNIS MEURSII ELEGANTIAE LATINI SERMONIS, SEU ALOISIA SIGAEA TOLETANA, DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS, adjunctis fragmentis quibusdam eroticis. Lugd. Batavorum, ex typis Elzevirianis (Paris, Grangé), 1767, 2 tomes en 1 vol. in-8, fig.
(Bibl. Nation. Enfer, 268). C’est l’édition de Pierre Moet, alors attaché au duc de la Vrillière, depuis bibliothécaire particulier de Louis XV, mort à Versailles en 1806. Cette édition parut plus vraisemblablement en 1757. L’avertissement de cette édition disait : « Ces dialogues ont un goût de terroir gaulois : par maintes fissures, ils exhalent l’esprit gaulois, la sensualité des régions qu’arrose la Seine. »
JOANNIS MEURSII ELEGANTIAE LATINI SERMONIS, SEU ALOISIA SIGAEA TOLETANA, DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS, adjunctis fragmentis quisbudam eroticis. Editio accuratior, mendis innumeris purgata. Birminghamiae, ex typis nonnullius, 1770, 2 vol. in-12, fig.
(Bibl. Nation. Enfer, 265-266.)
JOANNIS MEURSII ELEGANTIAE LATINI SERMONIS, SEU ALOISIA SIGAEA TOLETANA, DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS, adjunctis fragmentis quibusdam eroticis. Lugd. Batavorum, ex typis Elzevirianis, 1774, 2 part, en 1 vol. in-8, fig.
(Bibl. Nation. Enfer, 269.) C’est l’édition donnée par Meunier de Querlon. Il est dit, dans l’avertissement, que onze éditions ont paru avant celle-ci. Meunier de Querlon ajoute que ce livre fut réimprimé plus tard sous les auspices d’un prince français, « père des lettres et élève de Mars », mais que, pour des raisons sur lesquelles il ne s’explique pas, et aussi par la volonté du prince, l’édition fut détruite avant de voir le jour. Il s’agit sans doute de Louis-François, prince de Conti, qui mourut en 1776.
ALOISIAE SIGEAE TOLETANAE SATYRA SOTADICA DE ARCANIS AMORIS ET VENERIS : Aloisia hispanice scripsit ; latinitate donavit Joannes Meursius. Révéra auctore Nicolao Chorier. Parisiis, cura et studio Isidori Liseux, éditons, rue Bonaparte, n° 25 1885, in-8.
C’est l’édition donnée par Liseux, conforme à l’original de la première édition, dont l’éditeur possédait un exemplaire. Elle comprend en outre une Notice sur Nicolas Chorier, un Monitum lectori ; De Aloisia Sigaea Toletana Joannis Vasaei Testimonium ; Summo Viro Aloisia ex Elysiis hortis. S.D., et en appendice, les deux poèmes de Chorier.
L’ACADÉMIE DES DAMES (trad. du latin de Nicolas Chorier, par Nicolas). Venise, P. Arretin (Grenoble, 1680 ?) in-8, fig. libres.
(Bibl. Nation. Enfer, 277.) De cette édition, comme de la suivante, l’abbé Langlet-Dufresnoy a écrit : « C’est dommage que l’on n’ait point exprimé avec toute la délicatesse du latin tous les mystères secrets de l’amour qui sont répandus dans cet ouvrage. » (Bibliothèque des romans, Amst., 1734, t. II, p 319.) Langlet-Dufresnoy ajoute qu’il a vu des éditions où il y avait des figures au nombre de trente-six « qui sont un peu sages pour les imaginations déréglées ; car pour les autres cela ne leur fait aucune impression. »
L’ACADÉMIE DES DAMES OU LES SEPT ENTRETIENS GALANTS D’ALOISIA.À Cologne, chez Ignace Le Bas, 1691, in-12.
(Bibl. Nation. Enfer, 271.)
LE MEURSIUS FRANÇOIS OU ENTRETIENS GALANTS D’ALOYSIA.Orné, de figures. À Cythère 1782. 2 vol. in-18, fig. libres.
(Bibl. Nation. Enfer, 280-281.)
NOUVELLE TRADUCTION DU MEURSIUS, CONNU SOUS LE NOM D’ALOISIA OU DE L’ACADÉMIE DE DAMES, revue, corrigée et augmentée de près de moitié, par la restitution de tout ce qui en avoit été tronqué dans toutes les éditionsqui ont paru jusqu’à présent ; et aussi délicatement rendue qu’elle l’avoit mal été dans toutes les précédentes ; purgée des termes obscènes dont elles fourmilloient, sans cependant avoir énervé en rien la force des pensées. Le tout orné de quantité de jolies figures en taille-douce sur des desseins (sic) nouveaux. À Cythère, dans l’imprimerie de la Volupté, 1775. 2 vol. in-12, fig.
(Bibl. Nation. Enfer, 272-273.)
LE MEURSIUS FRANÇOIS OU L’ACADÉMIE DES DAMES.Orné de figures. À Cythère, 1882 (pour 1782). 3 part, en 1 vol. in-16.
(Bibl. Nation. Enfer, 278.)
Le même. À Londres, 1830, 3 tomes en 1 vol. in-12, fig.
Tous ces ouvrages ne sont pas des traductions, mais des sortes d’adaptations remplies de platitudes. C’est, comme l’a si bien dit Liseux, « l’Aloisia mise à la portée des cuisinières ».
LES DIALOGUES DE LUISA SIGEA OU SATIRE SOTADIQUE DE NICOLAS CHORIER, prétendue écrite en espagnol par Luisa Sigea, et traduite en latin par Jean Meursius. Edition mixte franco-latine (par Alcide Bonneau). Paris, Isidore Liseux, 1881, 4 vol. in-16, frontisp. gravé.
(Bibl. Nation. Enfer, 28.) C’est la première traduction consciencieuse et savante de la Satyre sotadique. Les passages trop crus sont laissés en latin.
LES DIALOGUES DE LUISA SIGEA SUR LES ARCANES DE L’AMOUR ET DE VÉNUS OU SATIRE SOTADIQUE DE NICOLAS CHORIER,