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Brandon est un jeune prodige de la musique qui rêve d’accomplir les exploits d’Elvis Presley. De bars en cabarets, son talent éclate, mais l’entraîne dans un monde pernicieux. Menaces, meurtres et filatures font planer un danger constant autour de lui. Un mystérieux manager lui propose alors un pacte : devenir le sosie officiel de son idole. Entre gloire, manipulations et passion secrète pour une professeure de violon, il vacille et oscille entre l’ambition et la liberté. Son destin se joue sur scène, au risque d’y perdre bien plus que son innocence.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Formateur à la poste internationale de Lyon, puis directeur des centres de tri postal à travers la France, l’écriture demeure un pilier essentiel dans la vie de Jean-Jacques Glotin. Après ses ouvrages "Du rififi chez les blouses blanches" et "(Presque) comme une lettre à la poste", parus respectivement en 2023 et 2024 aux éditions Le Lys Bleu, il propose "Sosie or not Sosie".
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Seitenzahl: 170
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jean-Jacques Glotin
Sosie or not Sosie
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Jacques Glotin
ISBN : 979-10-422-8203-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ressemblance avec des êtres existants ou ayant existé serait fortuite.
Fais de ta vie un rêve et d’un rêve, une réalité.
Antoine de Saint-Exupéry
Je pensais être un garçon, puis un homme comme les autres, mais le destin en a décidé autrement.
Quand je dis « le destin », je me dis que ce sont plutôt des femmes ou des hommes, en le voulant ou non, qui peuvent influencer notre vie.
De même, ce sont aussi les échecs qui forgent un caractère, qui construisent une expérience. L’échec est au cœur de nos vies, à l’origine de nos angoisses, parfois même de nos réussites. C’est le cas pour Brandon, jeune américain né dans le Mississippi des années 50, qui embrasse un destin singulier et peu banal.
Très tôt, il se passionne pour la musique et le chant. Ses parents l’inscrivent dans une chorale de Gospel pour répondre à son souhait. Il faut dire que chez Brandon, on écoute quotidiennement Elvis Presley. Mais l’expérience au sein de la chorale ne dure qu’une année. Pour cause, Brandon a quatorze ans, la voix qui mue, et de surcroît, il se trouve être le seul blanc de ce groupe de chant. La cheffe de chœur le réprimande, ne cesse d’être sur son dos, car il ne peut tenir une note sans changer d’octave : Brandon devient la risée de la chorale.
Quand il rentre chez lui, il s’enferme dans sa chambre, devient irritable, et un jour, il explose : il renverse les meubles, ses livres, ses vêtements, son lit, et… ses disques. Nancy, sa mère, frappe et frappe encore à la porte de la chambre, et enjoint à Brandon de l’ouvrir. Le garçon n’admet pas l’échec.
Lui, si brillant dans tous les domaines : au collège, dans toutes les disciplines, en sport, en musique où il excelle à la guitare et au piano.
Jusqu’à présent, il ne s’est jamais rebellé, mais là, c’en est trop. Il se sent rejeté. C’est son premier véritable échec.
Ce soir-là, il refuse de descendre dîner. Nancy est inquiète. Elle n’a pas réussi à le raisonner. Lorsque son mari John, le père de Brandon, rentre du conservatoire, Nancy lui dresse le tableau et lui fait part de ses craintes.
Très pragmatique, John lui conseille de temporiser, de ne pas intervenir, afin que le jeune garçon se rende compte qu’il commet une erreur, et que finalement, la « faim » fera sortir le loup du bois !
Nancy a beau lui dire que cela ne lui ressemble pas, John lui répond :
En effet, le lendemain matin, à l’heure du petit-déjeuner, Brandon arriva les yeux gonflés, mais tout fringant, douché, une tenue changée par rapport à celle de la veille, et apparemment très affamé.
Il s’avança et embrassa ses parents.
Ni l’un ni l’autre ne pipa mot. Nancy lui servit ses douceurs préférées du matin : corn-flakes, pain grillé avec de la marmelade d’orange et un grand bol de lait froid.
Son petit-déjeuner avalé, John regarde son fils et lui dit :
Brandon, toujours frustré et en colère, répond sans tarder :
Et John d’insister :
C’est à travers ce message que John réitérera à son fils pendant des semaines, des années, que ce dernier réussira avec talent et persévérance. Il cite à son fils le philosophe Charles Pépin : d’après lui, le mot « humilité » vient du latin « humilitas » dérivé de « humus » qui signifie « terre ».
Échouer, c’est souvent en effet redescendre sur terre, cesser de se prendre pour Dieu, ou pour un être supérieur. Il faut guérir de ce fantasme infantile de toute-puissance qui nous conduit si souvent dans le mur. Il faut reprendre pied, réapprendre à se voir comme on est, avec réalisme : ce qui peut être un solide atout dans la construction d’une existence réussie.
L’échec nous rend humbles, et cette humilité est souvent le début de la réussite.
Brandon est volontaire, et il suit alors les conseils de son père.
Il travaille d’arrache-pied la musique, les matières dans lesquelles il a davantage de difficultés, telles que l’américain, le français, l’histoire et la géographie.
Le jeune garçon modifie considérablement son attitude.
Jusqu’à présent, au collège, il se prenait un peu pour le caïd, le meilleur d’entre tous, sans trop d’efforts. Alors, il décida de se mettre réellement au travail et, d’un élève somme toute moyen, il devint en effet le premier de la classe. Il devait toutefois cette place surtout à la claque reçue lors de sa défaillance de voix, qui lui avait laissé un goût amer et, sur les conseils de son père, l’avait poussé à approfondir le solfège, à enrichir les accords afin de composer de merveilleuses partitions, à rédiger des poèmes et à trouver des paroles venues du plus profond de son être.
À la fête du collège, son professeur de musique, constatant sa dextérité à la guitare, lui proposa d’accompagner la chorale, et cette année-là, les plus belles mélodies d’Elvis Presley avaient été choisies et travaillées. Brandon connaissait par cœur les accords, même les plus difficiles : c’est ainsi que le petit groupe de copains se produisit au spectacle de fin d’année.
Le professeur entonna l’introduction au piano et fit signe à Brandon de continuer… succès. La chorale embraya, et le jeune guitariste, dispensé de chanter, continua en solo, son seul instrument en accompagnement. Toute l’assistance reprit, et Brandon poursuivit pendant de longues minutes, le déhanché d’Elvis en prime.
Ce fut une véritable prouesse et une réussite inattendue. Mais le jeune garçon se trouvait toujours frustré, car sa voix n’en finissait pas de muer.
La « middle school » achevée (les années collège en France), Brandon intégra la « high school » à Saint Andrew’s, et là, sa voix revint comme par magie. Il continua de travailler dur, notamment les matières artistiques, la musique surtout : domaine qu’il avait choisi.
Le week-end, pour se faire de l’argent de poche, il fit le tour des cabarets, et boîtes branchées. Chaque fois qu’il le peut, il y reprend évidemment les succès d’Elvis Presley, parmi lesquels « Can’t help falling in love ». Brandon adore le twist, les chansons yéyé.
Un soir, contre l’avis de ses parents, il décide de se métamorphoser en « Elvis » : même costume, même coiffure, et surtout, il s’entraîne pendant des mois à imiter la voix du King.
Quand il arrive dans le cabaret où il se produit d’habitude, le patron lui dit :
— Tu ne peux pas faire cela, tu vas te faire huer ! Je te préviens, si tu m’attires des ennuis, je te vire.
La réplique ne se fait pas attendre, et du haut de ses dix-sept ans :
Le gamin est sûr de lui : il a entendu et enregistré sur magnétophone à cassettes tous les concerts du King.
Ce soir du 22 novembre 1960, « le Regent » se trouve être archicomble, empli d’une population cosmopolite. La jeune femme qui vient de terminer son tour de chant s’est fait siffler par une partie des spectateurs les plus jeunes : elle avait choisi des reprises des classiques d’après-guerre.
Lorsque Brandon fait son apparition sur scène, dès les premières notes, un grand silence envahit la salle : le gamin est mort de trouille. Il termine la première chanson : un titre issu des blues, sous un tonnerre d’applaudissements, il continue, se déhanche à la manière du King, et aussitôt, les afro-américains présents poussent les tables et se mettent à danser et à chanter les tubes d’Elvis.
Brandon devait se produire pendant une heure… il tient quatre heures.
Le patron du « Regent » vient le féliciter et double son cachet.
Brandon, conscient d’avoir remporté la partie, lui répond :
Le vieux Joe lui tape dans la main :
Brandon est sur un petit nuage : il va pouvoir payer l’Université sans dépendre de ses parents.
Les premières semaines, tout se passe à merveille : le jeune rocker fait salle comble. Puis un soir, seuls trois types, grands, costauds, occupent le fond de la salle. Le vieux Joe est absent. Brandon s’inquiète.
Les trois balèzes s’approchent, et l’un d’eux, affichant un accent qu’il ne connaît pas, lui dit :
Brandon est terrorisé et répond timidement d’un signe de tête.
Il prend ses jambes à son cou et rentre chez lui.
Ses parents, habitués à ce qu’il rentre tard, le questionnent :
Le lendemain, dans la presse locale, en une du journal, il est relaté que Joe, le tenancier du « Regent » a été retrouvé mort dans son bureau, une balle dans la tête. Selon le quotidien, aucune piste n’est privilégiée. John, le père de Brandon, qui a l’habitude de lire la presse à la première heure, s’étonne de la nouvelle et se demande pourquoi son fils n’a pas été plus loquace la veille au soir.
Au petit-déjeuner, Brandon apparaît les traits tirés. Il n’a pas fermé l’œil de la nuit. Son père ne dit rien, mais connaît bien son fils et se doute qu’il a passé une mauvaise nuit. Il a volontairement laissé le quotidien en évidence, espérant que Brandon réagisse. Mais compte tenu de la trouille qu’il a eue, le rocker en herbe se tait. Mais avant même que chacun ait repris ses esprits, la sonnette de la porte d’entrée retentit. John va ouvrir et se présente à lui le shérif accompagné d’un autre policier.
Le shérif connaît bien John et lui dit :
Nous avons quelques questions à lui poser au sujet du patron du « Regent », le Club où il se produit depuis quelque temps.
John appelle son fils. Ce dernier arrive, et son père le prévient :
Brandon fait entrer les deux policiers dans le salon et les invite à s’asseoir. Les deux agents, très courtois, lui demandent comment se passent les récitals. Le jeune garçon répond, méfiant :
Le shérif aborde très vite le fond du sujet :
L’adjoint du shérif prenait en note toutes les réponses de Brandon.
Le jeune chanteur avait fouillé dans sa mémoire, et se sentait soulagé de s’être confié à la police, car il avait passé une très mauvaise nuit.
Pour finir, le shérif lui posa une dernière question :
Brandon répond aussitôt :
Les policiers remercièrent Brandon pour ces détails et prirent congé. Ils laissèrent derrière eux le jeune rocker, triste et tourmenté d’avoir appris la veille la disparition de celui qui lui avait fait confiance. Et surtout, il ignorait les raisons pour lesquelles ce vieux bonhomme avait été tué.
Ce mercredi, Brandon n’avait pas cours. Comme d’habitude, lorsque quelque chose ne tournait pas rond et qu’il était triste, il se réfugiait dans la musique.
Il passa alors toute la journée à parfaire de nouvelles mélodies d’Elvis, tantôt à la guitare, tantôt au piano. Le midi, il déjeuna en un quart d’heure, ce qui eut pour effet d’inquiéter sa mère. En effet, Nancy, partie très tôt le matin, n’avait pas eu connaissance de la visite de la police au domicile familial. Elle tenta de questionner son fils à propos de son isolement musical, car elle connaissait le comportement de Brandon lorsqu’il était contrarié ou en situation d’échec : il se fermait alors comme une huître.
Mais devant les déboires liés à la fermeture du « Regent », à la suite du meurtre du vieux Joe, Brandon ne se laisse pas abattre. Il sait que l’année prochaine, il peut intégrer l’université. Il obtient désormais des notes remarquables dans toutes les disciplines. Ses professeurs ne tarissent pas d’éloges à propos de cet élève brillant. Il sait aussi qu’Elvis est originaire de Memphis, et que dans cette ville, l’Université forme au Master de musique. Il n’a alors qu’une idée en tête : aller étudier à l’Université de Memphis et y rencontrer son idole. Cependant, il vient de perdre sa principale source de revenus : les récitals du « Regent ».
Bien décidé à s’en sortir, pendant les vacances d’été, il fait à nouveau le tour des cabarets, bars et autres salles de spectacle.
Un de ceux qui avaient refusé plusieurs mois auparavant, un gars sans âge, gris autant dans le teint que dans la chevelure, mal rasé, lui demande :
L’autre, un éclair dans les yeux :
Cet homme « gris de gris » partout lui montra, trônant dans un coin de la salle de restaurant, l’instrument en question.
Brandon s’installa, commença par du Chopin, puis du Mozart, continua avec du jazz, le tout avec une virtuosité à couper le souffle.
« Le gris », subjugué, lui demanda :
Brandon n’en croit pas ses oreilles et encore moins ses yeux.
Le contrat qui lui est présenté stipule :
Entre Benett, gérant de la Société Alabama, et Brandon Bexley, artiste de music-hall, pour assurer des vacations de trois heures chaque soir, sauf le dimanche, jour de relâche, soit six soirées par semaine, à compter du 30 juin 1968, moyennant une rétribution d’un montant de deux cents dollars par soirée.
Brandon signe tout de suite. Le cachet qui lui était attribué représente le double de ce qu’il avait obtenu de la main à la main de la part du vieux Joe, et surtout le jeune virtuose commence le soir même.
Benett, en véritable homme d’affaires, le rassure :
Benett « le Gris » rétorque :
À dix-heures du matin, l’absorption d’une coupe de champagne monta vite à la tête du futur pianiste, peu habitué à boire de l’alcool, surtout si tôt dans la journée.
Brandon rentra chez ses parents. Il se mit au piano, et commença à interpréter « Les quatre saisons » de Vivaldi, puis « La Lettre à Élise » de Beethoven, « Arabesque » de Debussy, enfin « La Polonaise héroïque » de Chopin.
Il le sait : il est au point pour cette première, ce soir. Cependant, assez clairvoyant, il décide de prendre sa guitare…
Et là : c’est l’intuition, le flaire, le talent, l’intelligence, appelons cela comme on voudra ! Car le soir de cette première, ce ne sont pas des connaisseurs et amateurs de musique classique qui dînent à « l’Alabama », mais des trentenaires en groupe de quinze à vingt personnes, qui ont envie de s’amuser. Après trois morceaux de classique, plus personne n’écoute, tous rient, s’esclaffent.
Alors, conscient que cela va mal finir, Brandon commence à jouer du jazz, du rock et décide d’abandonner le piano, pour jouer du Elvis, à la guitare. Il monte sur scène.
Benett, inquiet, n’en revient pas : les groupes de jeunes poussent les tables et se mettent à danser. Jamais le boss n’avait vu cela dans son établissement. Un quart d’heure auparavant, il était prêt à interrompre la prestation de Brandon, tellement il régnait dans la salle un brouhaha indescriptible, mais « Le Gris » se reprend : « ce gars-là, il a un talent fou, et il sait s’adapter à son public, je dois absolument le garder ».
Le spectacle et la durée du récital ne furent pas de trois heures, mais de six heures. Brandon enchaîna les succès de la guerre, puis ceux d’après-guerre, et enfin ceux du moment. Il les connaissait tous, ces iconiques d’Elvis, et surtout, il avait réussi à emballer le public avec ses propres compositions.
Benett, complètement sous le charme, le questionne de nouveau :
Et le gamin de répondre :
Le boss stupéfait :